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Visitez l'histoire de Madagascar grâce à des photos d'époque

jeudi 30 juillet 2015 à 18:19
Online Photo Museum of Madagascar with their Permission

Photos du Musée de la photo de  Madagascar, reproduites avec autorisation

L'accès aux photos d'archive des anciennes colonies françaises en Afrique est d'habitude une recherche compliquée, car la consultation des archives historiques est souvent restreinte. Helihanta RAJAONARISON et Tsiry Fy-Tia SOLOFOMIHANTA à Madagascar ont travaillé pour résoudre ce problème et rendre l'histoire de Madagascar plus accessible au commun des internautes en créant un Musée virtuel de Madagascar à travers une collection de photos anciennes .

Le site a été lancé le 27 juillet 2015 et propose un aperçu de la vie quotidienne à Madagascar entre 1850 et 1960. La collection est classée en quatre grandes périodes : pré-coloniale, coloniale, constructions et bâtiments majeurs, vie quotidienne et indépendance.

Voyager en train au Japon grâce aux vidéos des Japonais passionnés de trains

jeudi 30 juillet 2015 à 17:47
Nagasaki Streetcar Dejima

De l'intérieur d'un tram  à Nagasaki. Photo de Nevin Thompson.

Il existe au Japon une communauté de “vloggers” (vidéo-blogueurs) passionnés par le tenbo shaso (展望車窓), qui peut se traduire approximativement en “Vidéo par la fenêtre d'un train”.

Typiquement, ce vlogger est celui qui, sur un train, installe une camera vidéo pour filmer au travers des vitres (車窓, ou shaso, quelquefois transcrit syaso) et enregistre tout le voyage.

Il y a deux sous-types de vidéos tenbo shaso : “Vue de devant” (前面展望, senmen tenbo) c'est-à dire prises depuis l'avant du traint, et “vue de fenêtre” (車窓, shaso / syaso) qui enregistre le paysage défilant devant une fenêtre latérale .

Ces vidéos téléchargées sur YouTube durent habituellement au moins deux heures et sont quelquefois découpées en playlists pour contenir les heures de tournage.

Le spectateur de ce type de vidéo peut par exemple faire une ballade à l'avant d'un train à l'ombre du monde Mont Fuji en partant de la gare de Shizouka jusqu'à celle de Tokyo .

Ce voyage a été enregistré en 2007 sur le vieux Tokai (東海) express, peu de temps avant l'interruption de son service, quelques mois plus tard.

S'il existe un train ou une ligne de tram au Japon, vous allez trouver une “shaso vidéo” de la ligne entière sur YouTube. Pour exemple, cette  playlist de 40 vidéos où se trouve enregistré le voyage entier d'un train de Osaka à Sapporo, capitale de l'ile d'Hokkaido dans le nord:

Il a été enregistré sur le Twilight Express, un train de nuit de luxe qui, jusqu'à sa supression en mars 2015, faisait le trajet d'Osaka à Hokkaido sur la côte accidentée longeant la mer du Japon.

L'ouverture de lignes de train à grande vitesse, le transport aérien bon marché, et le succès croissant des bus longue distance ont provoqué la suppression des lignes de trains express longue distance.

Les vidéos de voyages en train sont donc une fenêtre sur l'histoire, elles alimentent la nostalgie des passionnés de trains.

RailKingJP, un blogger japonais très populaire, a réalisé des douzaines de vidéos de voyages en train-, souvent alors qu'il était en voyages d'affaires un peu partout au Japon.

Ci-dessous, il montre une vidéo “vue de devant” du mythique Odakyu Express en service entre Shinjuku dans l'ouest de Tokyo et la ville touristique de Hakone, sur les pentes du mont Fuji:

Si vous voulez savoir à quoi ressemble le centre de Tokyo, on trouve beaucoup de vidéos prises depuis la ligne circulaire Yamanote qui fait le tour de la ville:

Ce type de vidéos est aussi un bon moyen pour observer la façon de réagir au Japon après le tremblement de terre suivi d'un tsunami en 2011 qui a dévasté une bonne partie de la côte qui s'étire au nord-est de Tokyo.

Ci-dessous, borojins, un autre vlogger de train prolifique sur YouTube, a publié un enregistrement fait sur la ligne du Sanriku Railway récemment réouverte.

Beaucoup de sections de cette ligne ont été détruites par le tsunami de mars 2011, et on pouvait se poser des questions sur sa remise en service. Pourtant, elle a été reconstruite, ramenant les touristes dans la région.

Comme on peut trouver, sur YouTube, des milliers de vidéos qui vous permettent de découvrir presque tous les coins du Japon en train, mais depuis votre ordinateur personnel, il peut être précieux de savoir où vous ‘allez’ si vous ne lisez pas le Japonais.

Un bon moyen pour commencer est la liste des lignes de train au Japon sur Wkipedia. Choississez une ligne et trouvez la page correspondante en langue japonaise pour savoir quel est son nom au Japon.

Copiez et collez le nom japonais de la ligne de train dans votre fenêtre de recherche YouTube, en faisant bien attention d'ajouter 展望車窓:

Ici nous avons réussi de cette façon à trouver une video prise à partir du monorail Chiba.

Playlists par régions au Japon

YouTube vlogger borojins a aussi réalisé un montage vidéo pour proposer une playlists par région, avec titres en anglais.

Syaso.com a posté lui aussi des douzaines de playlists sur YouTube pour des lignes de chemin de fer dans toutes les régions du Japon mais s'il n'y a presque pas d'indications en anglais.

Cuba Oui, Google Non : les autorités cubaines auraient rejeté l'offre de wifi gratuit de Google

jeudi 30 juillet 2015 à 06:54
A WiFi symbol in Old Havana, Cuba. Photo by Nano Anderson, taken from Flickr under a CC License BY 2.0.

Symbole du wifi dans le quartier de la Vieille Havane, à Cuba. Photo de Nano Anderson, prise sur Flickr sous licence CC BY 2.0.

De hauts fonctionnaires cubains auraient rejeté une offre de Google visant à mettre à la disposition de l'île le wifi public gratuit.

Bien que ni la firme ni le gouvernement cubain n'aient fait de commentaires explicites sur le sujet, diverses sources d'informations semblent avoir tiré cette conclusion d'un entretien paru dans Juventud Rebelde (“Jeunesse Rebelle”), le journal historique de la jeunesse sur l'île. Celui qui est présenté dans l'entretien, Jose Ramon Machado, un contemporain des frères Castro, semble après quarante ans à la barre de l'Union des jeunes communistes cubains déterminé comme jamais à instiller dans la jeunesse cubaine les valeurs et l'éthique de la marque singulière du marxisme cubain.

Quand le journaliste demande à Machado ce qu'il pense de l'intérêt d'Internet pour la jeunesse cubaine, sa réponse est claire:

Esto supone una gran oportunidad, a la vez que un gran reto, porque las nuevas tecnologías resultan novedosas y vitales, no solo para la comunicación entre las personas, sino además para el desarrollo. Todo el mundo sabe por qué en Cuba no hay más Internet, porque ello tiene un alto costo. 

Existen algunos que nos la quieren dar gratis, pero no lo hacen con el fin de que el pueblo cubano se comunique, sino con el propósito de penetrarnos y hacer trabajo ideológico para lograr una nueva conquista. Tenemos que poseer Internet, pero a nuestra forma, sabiendo que es una intención del imperialismo manejarla como una vía más de destruir a la Revolución.

L'accès à Internet est à la fois une grande opportunité et un formidable défi, car les nouvelles technologies sont novatrices et essentielles tant pour la communication entre les personnes que pour le développement. Tout le monde sait pourquoi Internet n'est pas plus présent à Cuba, c'est à cause de son coût élevé.

Certains voudraient nous donner accès à Internet gratuitement, mais ils ne le font pas pour que le peuple cubain puisse communiquer, mais dans l'intention de nous infiltrer sur le terrain idéologique afin de parvenir à une nouvelle conquête. Nous devons obtenir Internet, mais à notre façon, en sachant que l'intention impérialiste est de l'utiliser comme une manière de plus de détruire la Révolution.

La prise de pouvoir impérialiste dystopique que Machado imagine peut paraître tirée par les cheveux, mais il ne faudrait pas considérer le sens profond de sa remarque comme une absurdité ou une folie. Remplacez «conquête» par «profit» et la réponse semblera plus raisonnable. Selon les mots du journaliste uruguayen Fernando Ravsberg, qui réside à La Havane depuis le début des années 1990, «ils disent que lorsque les dons sont trop importants, même les pauvres deviennent méfiants».

En effet, Google représente de manière éclatante l'essence des valeurs capitalistes de l'économie de marché que des formations comme l'Union des jeunes communistes et le Parti communiste cubain dans son ensemble cherchent à déconstruire et à contester depuis les années 1960.

Ce que Machado ne mentionne pas dans l'entretien est le fait quasiment avéré que le gouvernement cubain soit allé jusqu'à rencontrer des responsables de Google, y compris le directeur général Eric Schmidt, au moins à une occasion depuis que les deux pays ont décidé de renouer des relations diplomatiques en décembre dernier. Les médias états-uniens qui abordent les nouvelles technologies se sont pris de passion pour cette affaire (voir les gros titres de Newsweek et du Havana Times) en dépit du fait qu'aucun accord formel n'ait jamais été conclu. Mais c'est important que les responsables politiques cubains se soient montrés désireux d'en envisager la possibilité.

On peut supposer qu'un débat intense est à l’œuvre au sein du parti et du gouvernement concernant ces questions et que tout le monde n'est pas du même avis que Machado. Ces dernières années, il est devenu beaucoup plus facile pour les Cubains de posséder et d'utiliser des produits et services de haute technologie, ainsi que d'échanger des fichiers multimédia via les technologies de stockage de données et Bluetooth sans crainte de sanctions. Les réseaux wifi ne sont désormais plus chose inédite, même s'ils restent pratiquement inexistants hors de La Havane.

L'interview de Machado ne constitue peut-être pas le fin mot de l'histoire, ou de la question plus large de l'installation d'entreprises états-uniennes de haute technologie à Cuba. Mais elle suggère en revanche que le débat autour de l'accès à la technologie et sa signification politique à la fois dans le pays et en-dehors continue de faire rage au sein des instances dirigeantes cubaines.

Les Etats ont-ils l'obligation légale de protéger leurs citoyens du changement climatique?

mardi 28 juillet 2015 à 15:11
Urgenda lawyer Roger Cox (at left in black robe) after winning the historic Dutch climate case. Photo by Urgenda / Chantal Bekker and republished with permission.

L'avocat d'Urgenda Roger Cox (à gauche en robe noire) après avoir gagné le procès historique sur le climat aux Pays-Bas. Photo d'Urgenda / Chantal Bekker, reproduction autorisée.

Cet article de Sophia V. Schweitzer a été initialement publié sur Ensia.com, un magazine qui présente des solutions environnementales concrètes au niveau international. Il est reproduit ici dans le cadre d'un accord de partage de contenus.

Le 24 juin 2015, une cour de La Haye a ordonné au gouvernement néerlandais d'agir plus rapidement pour remplir sa mission de protection de ses citoyens contre les effets du changement climatique. C'est la première fois que la question est légalement déclarée obligation d'Etat, en dépit des arguments selon lesquels la solution au problème climatique global ne dépend pas des efforts isolés d'un pays. La décision s'est appuyée sur différentes branches du droit, et plus particulièrement des droits humains. En effet, cela rend le gouvernement néerlandais responsable des émissions de gaz à effet de serre sur son propre territoire, un dénouement dont les autres pays devraient aussi tenir compte.

Selon la cour, le gouvernement doit s'assurer que les émissions néerlandaises seront en 2020 au moins 25 pour cent plus basses que celles de 1990 — le chiffre qui, si l'on se réfère au Cinquième Rapport d'Evaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat [en français], s'impose dans les pays industrialisés pour que le réchauffement planétaire ne dépasse pas 2 degrés Celsius et pour éviter les pires conséquences du changement climatique. Les responsables politiques néerlandais ont prévu de réduire leurs émissions jusqu'à 17 pour cent dans les cinq prochaines années.

«Notre exemple montre aux dirigeants politiques qu'ils ne peuvent laisser le changement climatique se produire. Ils ont le devoir d'agir, que ce soit légalement ou moralement», affirme Dennis van Berkel, conseiller juridique à la fondation Urgenda, qui, avec le soutien d'environ 900 coplaignants, a engagé une action en justice.

Les Néerlandais, dont le pays se situe largement en-dessous du niveau de la mer, ont des raisons de s'inquiéter du changement climatique. Mais ils vivent dans un pays qui dispose des ressources pour s'adapter. Les habitants des pays pauvres, qui ont moins contribué au changement climatique et sont souvent également moins bien préparés à y répondre, devraient le plus en souffrir. Selon van Berkel, c'est pour eux que la victoire néerlandaise est cruciale. «Les droits de nos coplaignants sont fondamentaux, mais les gens qui vivent en-dehors des Pays-Bas seront encore plus touchés par le changement climatique», dit-il. «La décision rendue encouragera d'autres personnes à se référer aux droits humains en ce qui concerne les dangers du changement climatique.» Ce qui amène la question: la décision de la cour néerlandaise marque-t-elle un tournant dans le monde entier?

Des droits humains aux politiques

En 2008, le Conseil international pour l'étude des droits humains à Genève, en Suisse, a écrit dans un rapport sur le changement climatique et les droits humains: «Sur le plan légal, les droits humains des individus doivent être vus en termes d'obligations d'Etat.» Mais le monde est depuis longtemps aux prises avec les traités internationaux concernant de telles obligations; du Protocole de Kyoto en 1997 à la Conférence récurrente des parties en passant par les réunions de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP), des efforts considérables ont été entrepris pour faire avancer les choses, notamment parce que les décisions politiques n'ont pas suivi le rythme des promesses faites.

Conscients de ce fossé, des citoyens ont tenté de mener des actions en justice contre des responsables politiques, mais cela n'a rien donné jusqu'au procès Urgenda (un mot-valise pour «agenda urgent»). En 2005, par exemple, le Conseil circumpolaire inuit a déposé une requête auprès de la Commission interaméricaine des droits humains, basée à Washington DC, affirmant que le réchauffement climatique causé par les émissions de gaz à effet de serre aux Etats-Unis violait le droit des peuples inuit à maintenir leur mode de vie traditionnel en raison de la destruction de l'environnement arctique. Mais la commission a rejeté la plainte pour absence de preuves suffisantes.

D'après Wim Voermans, professeur de droit constitutionnel à l'Université de Leiden aux Pays-Bas, «les obligations sont claires.» «Mais quand elles ne sont pas respectées, les citoyens ont-ils alors la possibilité de déposer une réclamation au motif que c'est l'inaction d'un pays qui les met en danger? Voilà tout le défi. … Il est difficile d'établir des causes directes dans les poursuites au civil.»

Facing coastal erosion, the village of Kivalina, Alaska, sued several large energy companies, claiming that global warming had resulted in its forced relocation. Flickr: Photo by ShoreZone (Flickr/Creative Commons)

Confronté à l'érosion des côtes, le village de Kivalina, en Alaska, a assigné en justice plusieurs grandes entreprises du secteur de l'énergie, dénonçant le fait que le réchauffement climatique avait entraîné son déplacement forcé. Flickr: Photo de ShoreZone (Flickr/Creative Commons)

En 2008, le village de Kivalina, en Alaska, a intenté un procès à plusieurs grandes entreprises du secteur de l'énergie, faisant valoir que le réchauffement climatique avait entraîné la réduction de la formation de glace en mer, ce qui avait forcé le village à être déplacé. L'affaire a été classée sans suite en raison du règlement judiciaire selon lequel ce sont les pouvoirs exécutif et législatif, et non les tribunaux, qui doivent prendre les décisions portant sur les niveaux tolérés d'émissions de gaz à effet de serre.

«Le véritable problème est, qui détient ce pouvoir?» s'interroge Michael Gerrard, directeur du Centre Sabin pour une législation sur les changements climatiques à la faculté de droit de l'Université de Columbia. «Qui est en charge de l'élaboration des politiques climatiques? Pour faire simple, tous les juges ont répondu, pas moi. Avant le procès Urgenda, aucune cour n'avait vraiment endossé ce rôle.»

Les tribunaux n'ont cependant pas toujours été peu disposés à prendre leurs responsabilités. En 2006-2007, le Massachusetts a intenté une action en justice contre l'Agence pour la protection de l'environnement des Etats-Unis (APE), qui avait refusé d'intégrer le dioxyde de carbone comme polluant dans la loi sur l'air pur (Clean Air Act) de 1970. L'agence a prétendu que toute tentative de régulation des gaz à effet de serre pourrait être un frein aux stratégies potentielles de la Maison Blanche. La Cour Suprême en a jugé autrement. S'il s'agissait d'une décision importante, «la cour n'a pas défini de politique,» explique Gerrard. «Elle a juste dit, c'est le travail de l'APE.»

Parallèlement, les tribunaux de différents pays ont des visions divergentes quant à leur marge de manœuvre. Dans le cas des politiques environnementales, les juridictions choisissent parfois de se prononcer en faveur de la population. En 2001, par exemple, la Cour suprême indienne a décrété que tous les bus de Delhi devaient passer du diesel au gaz naturel, ce qui a eu un impact profond sur la qualité de l'air. C'était une décision importante, mais il n'y a pas eu de débat sur le changement climatique.»

Face à cette impasse entre des gouvernements qui cherchent à échapper à leurs responsabilités et des tribunaux qui préfèrent ne pas intervenir, des universitaires et avocats du monde entier ainsi que des juges éprouvent un malaise grandissant. Certains d'entre eux se sont finalement réunis pour déterminer si le changement climatique est réellement un objet de litige dans le droit actuel, en particulier dans le droit international et portant sur les droits humains, les législations nationales sur l'environnement et, dans une moindre mesure, dans le droit de la responsabilité civile. Ils en ont conclu que la réponse était oui. «Des principes pérennes relatifs aux droits de la personne et à la protection de l'environnement sont menacés par le changement climatique,» observe Gerrard. «De notre point de vue, le droit devrait pouvoir être en mesure de faire face à cette grave menace.»

Les discussions au sein du groupe, qui ont duré plusieurs années, ont mené le 1er mars 2015 au lancement des principes d'Oslo sur les obligations en matière de changements climatiques globaux. Fondés sur les lois en vigueur et sur les conclusions du GIEC concernant le seuil de 2 degrés Celsius, et élaborés par des spécialistes issus de juridictions nationales et internationales, d'universités et d'organisations de toutes les régions du monde, les principes cherchent à mesurer l'étendue des obligations légales relatives au changement climatique. «Nous instruisons actuellement des juges du monde entier sur l'existence de ces principes,» précise Gerrard, qui les a coécrits. «Nous espérons que des juges de différents pays auront recours aux grandes lignes de ces principes et que les tribunaux s'y référeront.»

Roger Cox, the author of the book Revolution Justified and one of the lawyers representing Urgenda, was overwhelmed after the Dutch court ruling. Photo by Urgenda / Chantal Bekker

Roger Cox, auteur du livre Revolution Justified et l'un des avocats qui représentaient Urgenda, a été submergé par l'émotion à l'annonce du verdict de la cour néerlandaise. Photo de Urgenda / Chantal Bekker

L'affaire Urgenda a débuté avant que les principes ne soient établis, et a été influencée par un livre intitulé Revolution Justified [Révolution justifiée]. Cet ouvrage écrit par Roger Cox, l'un des avocats qui représentaient Urgenda, étudie la manière dont les tribunaux peuvent jouer un rôle dans la résolution des questions énergétiques. Cependant, au fur et à mesure que le procès avançait, il s'est appuyé en partie sur les principes d'Oslo, en mettant en relation différentes branches du droit et l'expertise du GIEC. D'après Gerrard, le verdict Urgenda a été «la première décision jamais rendue dans le monde par une cour de justice ordonnant à des Etats de limiter leurs émissions de gaz à effet de serre pour des raisons autres que [celles liées à] leur mandat tel qu'il est prévu dans la loi».

Monter en puissance

Pendant ce temps, de nouvelles découvertes scientifiques continuent d'affluer. La revue Nature a révélé en février que les émissions de carbone issues de la fonte du permafrost allaient accélérer le changement climatique, une information qui n'est pas développée dans les rapports actuels du GIEC. Avec chaque découverte de ce type, l'objectif de ne pas dépasser une hausse de 2 degrés Celsius devient plus difficile. «Nos résultats ajoutent une pression supplémentaire à la nécessité d'agir», déclare Kevin Schaefer, scientifique au Centre national de données sur la neige et la glace de l'Université du Colorado, qui a contribué à l'article de Nature. «Il existe un sentiment d'urgence. Les répercutions des émissions de carbone sont un processus irréversible, un véritable point de non-retour.»

Mais ce n'est pas le manque de preuves scientifiques qui a constitué la pierre d'achoppement de l'action en faveur du climat dans les décennies qui ont suivi l'identification du problème par les scientifiques. La décision d'Urgenda pourrait permettre de s'engager dans une nouvelle voie car elle fait jurisprudence en établissant que des réductions concrètes ne peuvent attendre. Si la sentence n'est pas contraignante pour les autres pays, elle montre l'exemple et, à ce titre, est un événement majeur dans le monde.

«Nous espérons que la dynamique créée est suffisamment importante pour que de nombreux pays se sentent responsables», lance Gerrard.

La voie de l'engagement

Cela ajoute une nouvelle pièce au puzzle alors que les Etats s'apprêtent à se réunir à Paris lors de la COP 21 en novembre prochain — une pièce dont ils devront probablement s'occuper avant car des avocats du monde entier sont poussés à porter des affaires similaires en justice. «Personne ne s'attend à ce que les engagements pris lors de la COP 21 soient suffisants pour éviter les dangers du changement climatique», relève van Berkel. «Mais, après la COP 21, il faudra absolument que les pays maintiennent leur engagement à faire le nécessaire. Les procédures judiciaires semblables à la nôtre vont jouer un rôle déterminant en cela.» Aucun événement n'a encore été programmé à Paris pour débattre des principes d'Oslo, mais Urgenda organise une marche d'Utrecht à Paris à partir du 1er novembre pour attirer davantage l'attention sur la nécessité d'une action de lutte contre le changement climatique.

Un procès citoyen semblable à celui d'Urgenda se déroule actuellement en Belgique [en français], et un autre doit bientôt se tenir en Norvège. La décision d'Urgenda peut encore faire l'objet d'un appel, et les futurs procès pourraient se conclure par une victoire ou un échec. Quoi qu'il en soit, chacun contribuera à modifier l'air du temps pour créer le sentiment que le changement climatique et les droits humains ne vont pas l'un sans l'autre, affirme Bill McKibben, fondateur de la campagne pour le climat 350.org, qui, entre autres initiatives, a mené la campagne de désinvestissement des énergies fossiles dans les universités et autres institutions. «Ils diffuseront en permanence le message de Desmond Tutu: le changement climatique est la crise des droits humains de notre temps.»

Basée sur l'île d'Hawaï, Sophia V. Schweitzer est une écrivaine scientifique indépendante qui traite du changement climatique et de l'environnement. Son travail est apparu dans de nombreuses publications dont Pacific StandardWired.com, American Forests, et Buddhadharma. Elle est l'auteure de Big Island Journey et de plusieurs autres ouvrages.

En Grèce, la crise pousse des personnes d'origine grecque à regagner leur terre natale sur une île turque

lundi 27 juillet 2015 à 16:46

Le portail d'informations Greek Reporter et Anastassios Adamopoulos ont récemment republié une histoire initialement parue dans l'édition digitale du Turkish Hurriet Daily News, et qui s'intéresse à une tendance. De nombreuses familles grecques fuient la crise économique qui s'accentue en Grèce pour regagner leur terre natale sur l'île turque de Gökçeada dans la province de Çanakkale, connue des Grecs sous le nom d'Imbros [en français].

Dans le reportage, le maire local, Ünal Çetin, félicite les Grecs de venir stimuler l'économie locale sur l'île, plusieurs familles rapatriées ont d'ailleurs ouvert de petits hôtels de charme pour gagner leur vie. Dans le même temps, des utilisateurs turcs et grecs de médias sociaux se sont rassemblés sous les hashtags #Imvros et #Gokceada pour célébrer la beauté de l'île.

De nombreuses familles grecques, principalement des descendants de personnes d'origine grecque nées et élevées sur l'île depuis l'Antiquité jusqu'au milieu du 20ème siècle, passent toujours leurs étés à Imbros. Ces familles ont par la suite émigré en Grèce en raison de la campagne de discrimination menée par la Turquie. Le fait qu'elles y retournent malgré la relation tout sauf parfaite entre Ankara et Athènes en dit long sur l'étendue de la catastrophe qui s'est abattue sur la Grèce, ainsi que sur les liens forts qui les unissent à l'île.

En outre, alors que les mauvaises nouvelles économiques continuent de filtrer du pays qu'elles ont laissé derrière, le thème de leur retour à Gökçeada est celui de la régénération progressive et du retour au pays:

[Ecole primaire privée grecque de Gökçeada] L'école a rouvert après 49 ans. Seulement deux élèves #imvros #shcool #students