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Les Sud-Africains demandent que leur gouvernement ne touche pas à leur Internet

samedi 25 mars 2017 à 19:07

Un bidonville en Afrique du Sud. Les Sud-Africains veulent que leur gouvernement s'occupe de questions comme celle-ci, pour améliorer la vie de ses administrés. Source image source: http://tokolosstencils.tumblr.com/. Utilisée avec autorisation

Le ministre sud-africain de la Sécurité de l’État, David Mahlobo, a choqué et mis en colère les internautes du pays en disant que le gouvernement envisageait de réglementer les médias sociaux pour contrer la diffusion d'histoires infondées et de fausses nouvelles [fr].

Ironie du sort, il y a eu plusieurs scandales l'année dernière qui liaient le parti au pouvoir de M. Mahlobo, le Congrès national africain (ANC) à des sites diffusant de fausses nouvelles favorables au gouvernement, des botnets de propagande utilisés pour détourner l'attention des controverses le concernant et un “black ops” lors d'une campagne électorale locale visant à discréditer les campagnes du parti de l'opposition et favoriser un programme pro-ANC sur les médias sociaux.

Lors d'une conférence de presse le 5 mars 2017, le Ministre Mahlobo a ajouté que les médias sociaux étaient devenus un espace d'opinions négatives et de diffusion d'opinions “fausses” ajoutant que “même les meilleures démocraties” réglementaient les médias sociaux.

Les Sud-Africains ont immédiatement réagi à sa déclaration avec le hashtag #HandsOffSocialMedia (ne touchez pas aux médias sociaux) sur Twitter. Ils ont accusé le Ministre Mahlobo, le Président Zuma et le parti au pouvoir, le Congrès national africain (ANC) d'essayer de contrôler la liberté d'expression et de débats dans le pays.

Les fausses informations par les sociétés privées et la réglementation gouvernementale des médias sociaux ont le même objectif : contrôler les débats de société

Dans son rapport Freedom on the Net de 2016, Freedom House, une organisation américaine qui surveille les droits de l'homme et les questions liées à la démocratie dans le monde, a donné à l'Afrique du Sud un solide note “libre” pour son état de “liberté en ligne”, mais pour les médias seulement une note “partiellement libre“. L'ANC domine le paysage politique de l'Afrique du Sud depuis les premières élections ouvertes à toutes les races, après la fin de l'apartheid en 1994.

Nous avons des milliers de problèmes et les médias sociaux n'en sont pas un

Si cela dépendait de Zuma l'Afrique du Sud serait hors ligne maintenant …

Ils veulent nous dicter quoi penser. Ils veulent contrôler nos esprits en contrôlant les informations auxquelles nous avons accès.

Miss.V invitée de la radio sud-africaine et utilisatrice de Twitter a écrit:

Liberté d'expression … Vérifiez la Constitution si vous avez oublié …

La liberté d'expression est protégée par l'article 16 [fr] du chapitre II de la Constitution sud-africaine qui stipule que “toute personne a droit à la liberté d'expression, y compris la liberté de la presse et d'autres médias ; la liberté de recevoir ou de communiquer des informations ou des idées ; la liberté de création artistique ; et la liberté académique ainsi que la liberté de la recherche scientifique.”

L'utilisation des médias sociaux est en croissance rapide dans la population sud-africaine de 55 millions d'habitants. Selon le rapport du World Social Media Landscape 2016 du World Wide Worx, l'Afrique du Sud compte 13 millions d'utilisateurs de Facebook, 7,4 millions d'utilisateurs de Twitter, 8,28 millions d'utilisateurs de YouTube et 2,68 millions d'utilisateurs d'Instagram. En outre les plateformes de médias sociaux deviennent de plus en plus des outils populaires d'expression politique et de débats. Les hashtags, par exemple, sont devenus l'un des moyens les plus populaires d'organiser des manifestations, de construire des mouvements sociaux et d'exprimer de la colère sur les décisions politiques dans le pays.

Les médias sociaux sont un moyen pour les citoyens d'Afrique du Sud pour rendre le gouvernement responsable de ses actions. On ne peut pas la mettre sous le tapis

Monsieur Mahlobo. Jugulez la corruption et la criminalité d'abord avant même de penser à fourrer votre nez dans nos comptes de médias sociaux

En 2014, le Président Zuma a été condamné par un tribunal à rembourser 16 millions de dollars des contribuables dépensés pour sa résidence logement privée. Il a remboursé 542 000 dollars en 2016. Le scandale a entaché la présidence de M. Zuma et a déclenché plusieurs tentatives infructueuses de destitution de la part de l'opposition.

QUAND EST-CE QUE TOUT ÇA SERA RÉGLEMENTÉ ?

M. Zuma a nié prendre des pots de vin, et a fait appel de la décision. Tweet Guru, qui s'auto-définit influenceur des médias sociaux du Cap, a également partagé ce commentaire :

En un mot Touche Oas Aux Médias Sociaux

Thato Lephole a rappelé aux Sud-Africains :

Le public a aussi le pouvoir de contrôler le gouvernement, ça s'appelle voter.

Rue à double sens.

La prochaine élection est prévue pour 2019. L'ANC, qui a mené la lutte contre le régime de la minorité blanche, affrontera deux partis – l'Alliance démocratique et les Combattants pour la liberté économique. L'ANC a subi des pertes historiques face à eux eux lors des élections locales l'été dernier.

Il y a en Afrique une tendance croissante des gouvernements à restreindre la liberté d'information et d'expression en ligne, en particulier pendant les élections ou les troubles civils. Abdi Latif Dahir a fait remarquer que les gouvernements africains perturbent de plus en plus la communication sur Internet pour contrôler le flux d'informations et “pour mettre un frein à la colère sur le terrain”. L'article soutient que les pannes d'Internet imposées par les gouvernements sont devenues la règle plutôt que l'exception en 2016 sur le continent.

L'Ouganda, le Burundi, le Gabon, le Cameroun, la République démocratique du Congo, la Gambie, le Zimbabwe et l'Éthiopie sont les pays qui ont fermé l'internet pendant les élections ou les troubles civils en Afrique.

La ‘Zelionka’, l'antiseptique anti-Poutine

samedi 25 mars 2017 à 13:55

Le leader de l’opposition russe Alexeï Navalny. Source : Navalny.com

La “Zelionka”, un antiseptique cutané de couleur verte utilisé en Russie et d'autres pays d'Europe de l'Est, fait son retour à la une. Le 19 mars, le leader de l'opposition russe et candidat à la présidentielle a été aspergé de cet antiseptique devant sa permanence de campagne dans la ville sibérienne de Barnaoul, le laissant le visage enduit de “vert brillant”.

Navalny a rebondi sur l'incident pour rallier sa base à une marche anti-corruption nationale prévue dimanche [26 mars], et ses partisans ont commencé à se peindre le visage en vert en signe de solidarité. Le vert brillant devient ainsi la couleur officieuse du mouvement d'opposition en Russie.

Mais lundi n'était pas la première apparition de la zelionka, un diminutif du mot “vert”, en une : ces dernières années, l'antiseptique a pris une signification croissante dans la politique en Europe orientale.

Le Vert Brillant. Source : Wikimedia Commons, CC 1.0

Découverte au 19ème siècle par le chimiste anglais William Perkin, la zelionka reste communément utilisée dans de grandes parties de l'ex-Union Soviétique, et on en trouve un flacon dans pratiquement chaque armoire à pharmacie russe. C'est l'antiseptique dont les parents badigeonnent les égratignures et coupures de leurs enfants.

Mais c'est récemment devenu une arme pour ceux qui veulent attaquer l'opposition russe. Ça ne fait pas mal, ça n'est pas dangereux pour la santé. Ça pique un peu, mais le plus important, c'est que ça ne part pas facilement, Utilisé contre l'opposition, cela se veut un marqueur symbolique qui prend des jours à disparaître.

Et ces dernières années, il y a eu des dizaines d'exemples d'utilisation de zelionka pour marquer les leaders de l'opposition. Tout dernièrement, c'était au tour de Mikhaïl Kassianov, un politicien et homme d’État russe qui a été premier ministre de Russie de mai 2000 à février 2004, d'être aspergé en février 2017 de teinture verte lors d'une marche en mémoire du leader d'opposition assassiné Boris Nemtsov.

Un inconnu a projeté de la zelionka au visage de Mikhaïl Kassianov.

La romancière russe Lioudmila Oulitskaïa. Source : Wikimedia Commons, CC ASA 3.0

De même, Lioudmila Oulitskaïa, une écrivaine reconnue internationalement et vigoureuse opposante à l'Union Soviétique et au régime de Vladimir Poutine, a été victime d'une agression à l'antiseptique en 2016. Les activistes du Mouvement de Libération nationale (NOD), un groupe nationaliste ultraconservateur, l'ont arrosée de zelionka alors qu'elle tentait d'entrer dans une cérémonie de remise de prix d'un concours scolaire organisé par Mémorial,  l'organisation qui se propose de documenter les crimes commis pendant l'ère soviétique et empêcher leur retour dans la Russie contemporaine.

Maria Aliokhina et Nadejda Tolokonnikova, membres du groupe punk féministe Pussy Riot, ont aussi été agressées en 2014 : des activistes pro-Poutine les ont aspergées toutes deux de zelionka.

En Ukraine, la Zzlyonka est aussi une arme politique prisée. L'ex-premier ministre Arseniy Yatsenyuk et l'actuel Secrétaire du Conseil national de Sécurité et de Défense Oleksandr Turtchynov ont été arrosés de teinture verte à Kharkiv (dans l'est du pays) en 2014, et divers autres politiques, activistes et journalistes ukrainiens ont subi le même sort depuis.

Les attaques à la zelionka sont devenues si routinières en Russie et en Ukraine que les dirigeants d'opposition n'y voient plus vraiment une menace. Au contraire, ils commencent à se saisir de cette arme politique à leur profit : le vert devient rapidement la couleur de l'opposition. Après la toute récente agression contre Navalny, les usagers des médias sociaux ont lancé en ligne une flashmob avec le hashtag #NavalnyVert (#зеленыйНавальный) lors de laquelle les gens ont posté leurs photos le visage peint en vert. C'est l'opposition russe qui semble vouloir se servir des attaques à l'antiseptique contre ses chefs comme outil de mobilisation contre les dirigeants de leur pays.

“La musique ne connaît pas de frontières”, mais le consulat américain a refusé leurs visas à une chorale indonésienne

samedi 25 mars 2017 à 13:13

Performance de la chorale Vox Angelica lors d'un concours international. Capture d'écran d'une vidéo YouTube.

Le mois dernier, trois chorales indonésiennes étaient programmées pour le concours de chœurs Sing ‘n’ Joy à Princeton dans le New Jersey. Cependant, deux d'entre elles ne sont jamais arrivées au Garden State [le surnom du New-Jersey], puisque le consulat américain à Jakarta a refusé la demande de visa d'une douzaine de leurs membres.

Les deux chorales concernées étaient Vox Angelica de Manado, au nord de Sulawesi, et El-Shaddai du nord de Sumatra.

Les groupes et même certains membres du jury du concours ont flaissé entendre qu'il s'agit là d'une conséquence de la mesure répressive prise par l'administration Trump à l'encontre des voyageurs provenant de pays majoritairement musulmans. Pour compliquer encore davantage les choses, l'Indonésie possède la plus importante population musulmane au monde, bien que le pays ne fasse pas partie de ceux pris pour cibles par le Président Trump et ses décrets exécutifs polémiques concernant les réfugiés et l'immigration.

Après avoir entendu parler du refus de visas aux deux chorales indonésiennes, les jurys du concours ont posté une vidéo émouvante où ils font part de leurs regrets, tout en maintenant que “la musique ne connaît pas de frontières”.

Suite aux circonstances inattendues résultant des récentes décisions politiques du gouvernement américain, les chorales El Shaddai et Vox Angelica n'ont pas eu la possibilité de se rendre à notre festival, ce qui nous attriste particulièrement. Toutefois, en dépit des “frontières” imposées par la politique, il n'y a pas de limites à la musique, à l'unité à travers l'art, à l'humanité qui croît en chantant avec le cœur. La musique rassemble notre humanité, et nous vous invitons à en faire partie.

Sur les réseaux sociaux le chœur El-Shaddai s'est effectivement exprimé quant à sa participation avortée au festival de musique de Princeton :

Saudara/sahabat/kolega/rekan paduan saudara terkasih sekalian,
bersama ini kami Paduan Suara El-Shaddai ingin menyampaikan PERMOHONAN MAAF kami, berhubung kami batal berangkat ke Princeton-New Jersey, USA utk berkompetisi disana, diakibatkan ditolaknya permohonan visa kami oleh Kedubes USA di Jakarta. […]

Kami sudah mempersiapkan segala sesuatunya, dan sudah melakukan semuanya dengan semaksimal mungkin, bahkan usaha pengurusan/permohonan sudah kami lakukan sebanyak 2 (dua) kali. […]

kami meyakini hal ini juga diperkuat dengan kebijakan politik pemerintah AS yang ada saat ini, dimana dilakukan pengawasan yang lebih (sangat) ketat untuk pendatang ke negara tersebut. Saat ini kami masih berada di Jakarta untuk bersiap kembali ke Medan, dan kami juga langsung akan bersiap diri untuk kompetisi internasional lainnya dalam waktu dekat ini, semoga kami dapat mengambil hikmah dari apa yg baru terjadi, mohon doanya.[..]

TERIMAKASIH yang sebesarnya atas dukungan dan kepercayaannya kepada kami selama ini

Chers amis, familles et collègues, l'ensemble du choeur El-Shaddai souhaiterait vous présenter ses excuses concernant notre impossibilité à participer au concours de Princeton dans le New Jersey, aux États-Unis, pour cause de refus de visas à l'Ambassade américaine de Jakarta.
Nous avions réuni toutes les conditions et fait la demande deux fois.
Nous pensons également que cela s'est produit à cause de la politique stricte des États-Unis à l'encontre de leurs visiteurs. Nous nous trouvons actuellement à Jakarta, prêts à rentrer à Medan et à nous préparer pour un nouveau concours international. Nous espérons tirer des leçons de cette expérience. Continuez à nous envoyer vos prières.
Merci pour votre confiance et votre soutien durant cette épreuve.

(1/2) MAAF & TERIMAKASIH Salam sejahtera bagi kita semua. Saudara/sahabat/kolega/rekan paduan saudara terkasih sekalian, bersama ini kami Paduan Suara El-Shaddai ingin menyampaikan PERMOHONAN MAAF kami, berhubung kami batal berangkat ke Princeton-New Jersey, USA utk berkompetisi disana, diakibatkan ditolaknya permohonan visa kami oleh Kedubes USA di Jakarta. Maaf, karena hal ini tentu saja bukan hanya mengecewakan kami, tetapi juga saudara/sahabat/rekan paduan suara/keluarga yang telah mendukung dan mendoakan kami selama ini. Kami sudah mempersiapkan segala sesuatunya, dan sudah melakukan semuanya dengan semaksimal mungkin, bahkan usaha pengurusan/permohonan sudah kami lakukan sebanyak 2 (dua) kali), dengan dukungan dari pihak2 yang sudah sangat berkompeten dinegeri ini menurut kami, namun hasilnya tetap sama, ditolak, dengan catatan penolakan "tidak adanya keterikatan yang kuat dengan negara asal". Hal ini ditambah lagi dgn case record bahwa sudah sering terjadi tim/rombongan (tidak hanya paduan suara) dari Indonesia yang berangkat ke negara Paman Sam tsb, tidak menjaga komitmen kembali ke negara kita ini sesuai waktunya, bahkan ada yang belum kembali sampai sekarang, yang mana hal ini menjadi catatan negatif bagi kepercayaan pihak pemerintah AS/Kedubes utk tidak mudah memberikan visa, terlebih bagi yang pertama kali akan berkunjung, dan kami meyakini hal ini juga diperkuat dengan kebijakan politik pemerintah AS yang ada saat ini, dimana dilakukan pengawasan yang lebih (sangat) ketat untuk pendatang ke negara tersebut. Saat ini kami masih berada di Jakarta untuk bersiap kembali ke Medan, dan kami juga langsung akan bersiap diri untuk kompetisi internasional lainnya dalam waktu dekat ini, semoga kami dapat mengambil hikmah dari apa yg baru terjadi, mohon doanya.

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Global Voices a approché Edward Palit, directeur exécutif et porte-parole de Vox Angelica, qui a raconté la réaction des membres de la chorale dès qu'ils ont appris le rejet de leur demande de visa :

Nous sommes un ensemble de chœur mixte composé de 41 personnes (dont le directeur et le chef d'orchestre). Nous devions rejoindre Surabaya depuis Manado pour un entretien au consulat des États-Unis. Une douzaine de nos membres, y compris le chef de chœur, se sont vus refuser leurs demandes de visa. Les plus jeunes ont dit que leurs demandes avaient été rejetées car ils n'avaient jamais voyagé à l'étranger auparavant, cependant notre chef d'orchestre, qui voyage régulièrement en dehors du pays avec la chorale a également été interdit d'entrée sur le territoire américain pour une étrange raison, à savoir que que sa femme (qui est aussi une de nos chanteuses) et lui sont de jeunes parents.

Palit a ajouté que la procédure pour la demande de visa était difficile et décevante :

Nous avons répété assidument depuis que nous avons reçu l'invitation à concourir (à Princeton). Qui plus est, n'ayant pas de sponsor régulier, le voyage à Surabaya était déjà un projet important pour la chorale. Bien sûr, nous sommes déçus de ne pas pouvoir nous produire et montrer ce pourquoi nous avons travaillé dur, mais nous regardons vers l'avenir et les autres événements dans la région, notamment notre concert puis notre atelier afin de célébrer l'anniversaire de la chorale.

Manifestations en Angola contre le nouveau code pénal, qui interdirait l’avortement sans exception

samedi 25 mars 2017 à 12:14

Des femmes ont manifesté à Luanda samedi 18 mars contre la criminalisation de l’avortement. Photo: Ondjango Feminista/Facebook, publiée avec permission

Des centaines de femmes ont manifesté à Luanda, samedi le 18 mars, contre le nouveau code pénal, qui prévoit l’interdiction totale de l’avortement, même en cas de viol.

La manifestation a été organisée via les médias sociaux pendant la semaine suivant l’approbation par l’Assemble Nationale d’une version préliminaire d’un code pénal remplaçant la version en vigueur depuis 1886, héritée de l’administration portugaise.

L’ancienne loi prohibait déjà l'interruption volontaire de grossesse, mais permettait des exceptions dans les cas où la vie de la mère était en danger, de viol, ou de malformation du fœtus. Or la version actuelle du nouveau code pénal prohibe l’avortement complètement, et prévoit quatre à dix ans de prison pour les femmes qui se font avorter, en contraste avec les anciennes peines de deux à huit ans.

Le vote final était initialement fixé en séance plénière du parlement le 23 mars, mais certains députés, face aux réactions de la société angolaise, avait demandé un report. Après cela, le gouvernement a annoncé le 21 mars un report du vote, sans préciser la date, à cause d’un manque de consensus autour des exceptions qui pourraient être permises à l’interdiction de l’avortement.

Portant des pancartes avec des slogans comme “ni cercueil, ni prison : je suis libre ! » ou « la criminalisation tue », les manifestantes ont marché, au début de l’après-midi, depuis le cimetière Santana au Largo das Heroínas, dans le centre de Luanda, sans interférence policière.

L’organisation Ondjango Feminista a partagé sur Facebook plusieurs vidéos de la manifestation :

Plusieurs femmes ont aussi fait des discours à la fin de la marche :

Zenaida Machado, une chercheuse de Human Rights Watch pour l’Angola et le Mozambique, a commenté la manifestation :

Marche pour l’avortement en cours à Luanda. Aucun incident signalé. La police fait son travail de protéger la marche.

La version préliminaire est soutenue principalement par le parti au pouvoir, Movimento Popular de Libertação de Angola (MPLA), et ses représentants ont tous voté en sa faveur. Parmi l’opposition, il y a 36 abstentions et aucun vote contre. A l’extérieur du parlement, l’Eglise catholique est une des plus fortes partisanes de la nouvelle législation. Le porte-parole de la Conférence Episcopale de l’Angola et São Tomé (CEAST), José Manuel Imbamba, a affirmé que « la vie doit être préservée à toute étape ».

Si cette version du nouveau code est approuvée, l’Angola ferait partie de la poignée de pays qui interdisent l’avortement dans tous les cas. En revanche, en 2014 le Mozambique a révisé ses lois pour élargir l’accès à l’avortement afin de réduire la mortalité maternelle. Le Cap-Vert, l’Afrique du Sud, et la Tunisie sont les seuls pays en Afrique qui n’ont aucune restriction sur l’avortement.

Le sujet a suscité beaucoup de réactions sur les médias sociaux pendant la semaine, y compris celle d’Isabel dos Santos, fille du président angolais. Elle a partagé sur Instagram un message de l’avocate Ana Paula Godinho, une des organisatrices de la marche :

Queridas mulheres Angolanas, hoje é um dia de tristeza para mim. Peço-vos que vejam o que foi aprovado na Assembleia da República relativamente à matéria do aborto no novo código Penal. Antes de fazer qualquer comentário, faço um apelo a todas as deputadas, da situação e da oposição. Olhem com olhos de ver para o que foi aprovado. Lembrem-se que o Código Penal de 1886 era mais favorável à mulher, sobretudo nos casos de violação e de má formação do feto, (aborto eugénico). Agora vamos retroceder? Pensem bem, antes que as mulheres tenham que sair à rua, tal como aconteceu lá atrás, queimar os sutiens. Desta vez terão que colocar cintos de castidade.

Se uma mulher for violada e ficar grávida é obrigada a ter o filho ou se interromper a gravidez arrisca-se a, no mínimo ser condenada a cinco anos de prisão. Afinal é violada duas vezes: primeiro pelo violador e depois pela Lei. Mulheres, Deputadas, estamos a deitar por terra muitas conquistas. Retrocedemos 200 anos. Senti-me humilhada como mulher. Voltarei ao assunto, depois que me passar a estupefacção. Boa semana a todas. Beijinhos✊🏽💪🏽

Chères femmes angolaises, aujourd’hui est une journée de tristesse pour moi. Je vous demande de regarder ce qui a été approuvé par l’Assemblée de la République au sujet de l’avortement dans le nouveau code pénal. Avant de commenter, je lance un appel à tous les députés, dans le gouvernement et l’opposition. Utilisez vos yeux pour regarder ce qui a été approuvé. Rappelez-vous que le Code Pénal de 1886 a été plus favorable aux femmes, surtout dans les cas du viol et de la malformation du fœtus (avortement eugénique). Actuellement, nous allons régresser ? Réfléchissez bien, avant que les femmes soient poussées à aller dans les rues, comme cela s’est passé avant, brûlant leurs soutien-gorge. Cette fois, elles devront mettre des ceintures de chasteté.

Si une femme est violée et tombe enceinte, elle est obligée de donner naissance à l’enfant, ou si elle met fin à la grossesse elle risque, au minimum, une peine de cinq ans de prison. Au final, elle est violée deux fois : premièrement par le violeur et puis par la loi. Femmes, députés, nous détruisons beaucoup de réussites. Nous régressons de 200 ans. Je me sens humiliée en tant que femme. Je reviendrai sur ce sujet, après que la stupéfaction sera passée. Bonne semaine a toutes. Bisous

Aline Frazão, chanteuse, compositrice, productrice en Angola a lancé un appel contre les prétentions du nouveau code pénal, soulignant que l’État est laïc et que ses lois ne peuvent pas être fondées sur la base d’une religion :

Lembrete básico: o Estado é laico. As leis não se fazem de acordo com os princípios desta ou daquela religião. Da mesma forma que o Estado de Direito deve garantir a liberdade religiosa, também deve proteger as escolhas daqueles e daquelas que não são religiosos. Principalmente quando se trata dos direitos das mulheres, gera-se uma imensa confusão entre as leis da bíblia e as leis do Estado.

Pior ainda é quando tanto o Estado como a Igreja pensam que são proprietários dos nossos corpos. Espantem-se, pois, quando nos viram as costas. Está claro que se não marcharmos juntas nunca se conseguirá atingir a igualdade e a justiça. Se não levantarmos a voz, ninguém o fará por nós. É hora de gritar.
#pelodireitoaoabortolivreeseguro
#votoconsciente2017

Rappelez-vous l'essentiel : l’État est laïc. Les lois ne sont pas faites conformément aux principes de telle ou telle religion. De la même manière que l’État de Droit doit garantir la liberté religieuse, il doit également protéger les choix de ceux et celles qui ne sont pas religieux. Surtout quand il s’agit des droits des femmes, il y a une grande confusion entre les lois de la bible et les lois de l’État.

Pire encore est quand l’État comme l’Église pensent être les propriétaires de nos corps. Étonnez-vous alors qu'ils nous tournent le dos. Il est clair que si nous ne marchons pas ensemble nous n’atteindrons jamais l’égalité et la justice. Si nous n’élevons pas la voix, personne ne le fera pour nous. Il est temps de crier.
#pourledroitalavortementlibreetsûr
#voteconscient2017

Mauro Steinway, une jeune artiste mozambicaine, a considéré que le soutien de l’Église catholique représente une « guerre contre les femmes »:

Em Angola, a igreja católica fazendo o que sempre fez, usar sua influência nas mentes alienadas do 3o Mundo para promover sua agenda Cristã e maternidade aos pobres.
Uma autêntica guerra contra as mulheres foi legalizada. Homens dizendo o que mulheres devem fazer com seus corpos.

A igreja católica é a que mais promove maternidade compulsória aos pobres. As mulheres ricas vão sair do país ou subornar os serviços de saúde como forma de obter o aborto, enquanto que as pobres vão morrer tentando obter um.

En Angola, l’Église catholique fait ce qu’elle fait toujours, exercer son influence sur les esprits aliénés du Tiers Monde pour promouvoir chez les pauvres ses objectifs chrétiens et la maternité. Une authentique guerre contre les femmes a été légalisée. Des hommes qui disent ce que les femmes doivent faire avec leurs corps.

L’Église Catholique est la plus grande partisane de la maternité obligatoire pour les pauvres. Les femmes riches vont aller à l’étranger ou soudoyer le système de santé pour obtenir un avortement, alors que les pauvres vont mourir en essayant d’en obtenir un.

La FEMAFRO, une organisation portugaise gérée par des femmes pour défendre les droits des Africaines noires et femmes d’origine africaine, s’est solidarisée avec le mouvement :

Solidariedade com a luta das companheiras angolanas da Ondjango Feminista, neste momento difícil em que o seu governo aprovou a criminalização do aborto em quase todas as situações. Esta decisão é um atentado aos direitos humanos das mulheres e colocará a vida e a saúde de muitas em risco, sobretudo as mais pobres.

#PeloDireitoAoAbortoLivreESeguro

Solidarité avec la lutte de nos camarades angolaises d’Ondjango Feminista, à ce moment difficile où leur gouvernement approuve la criminalisation de l’avortement dans quasiment tous les cas. Cette décision est une attaque contre les droits humains des femmes et mettra en danger les vies et la santé de beaucoup, surtout les plus pauvres.

#PourLeDroitAL’AvortementLibreEtSure

Ara Malikian, cosmopolite et violoniste

samedi 25 mars 2017 à 10:15
Ara Malikian during his concert in Sofia, Bulgaria. Photo by BG Sound Stage, used with permission.

Ara Malikian en concert. Photo présentée par BG Sound Stage, utilisée avec autorisation.

On le dit violoniste de génie. Ara Malikian est un Arménien qui a grandi au Liban, a étudié la musique en Allemagne et en Angleterre, et vit actuellement en Espagne. Il est récemment devenu premier violon dans l'orchestre Symphonique Royal de Madrid. Malikian parcourt le monde pour se produire dans les salles de concert, en soliste et dans des orchestres symphoniques.

Fin février, Malikian a donné un concert à Sofia, en Bulgarie. Le mois d'après, c'était le tour d'Ankara, en Turquie. Ce second concert avait une signification particulière, à la lumière de la position de Malikian sur le génocide arménien, qu'il a commémoré en septembre 2015 avec des récitals à Saragosse et Madrid.

Malikian a aussi joué en solidarité avec les réfugiés au Liban. Dans la vie comme sur scène, il est devenu un symbole d'unité culturelle pour ses fans, fusionnant les traditions musicales d'Europe Centrale, Argentine, et Espagne, et les cultures arabes et juives.

Le père d'Ara Malikian, un violoniste amateur arménien, l'a fait entrer dans le monde musical à un âge précoce, en lui enseignant les traditions musicales libanaises. Le dernier album de Malikian, « L'incroyable histoire d'un violon », a été inspiré par son enfance. Il a donné son premier concert à l'âge de 12 ans. A 15, il perce en obtenant une bourse pour le conservatoire de Hannovre. Il a ensuite poursuivi sa formation à Londres.

Nevena Borisova de Global Voices a rencontré Malikian et s'est entretenue avec lui de sa vie et de sa musique.

Nevena Borisova (NB) : Vous avez une très riche biographie. C'est difficile de choisir par où commencer… Vous êtes un cosmopolite par l'âme, par la nationalité. Mais où vous sentez-vous le plus chez vous ?

Ara Malikian (AM) : Honnêtement, nulle part. Aujourd'hui je me sens chez moi en Bulgarie, parce que vous les Bulgares m'avez accueilli avec beaucoup d'amour. Et je me sens en pleine confiance ici. J'ai tellement voyagé dans toute ma vie que j'ai appris à me sentir chez moi partout avec tout le monde. Mais ce qui compte le plus pour moi dans un endroit, ce sont les gens. Quand je rencontre des gens que je sens proches de moi, je me sens chez moi.

NB : Quelle différence y a t-il entre vos deux derniers albums ?

AM : Avant tout, mon dernier album contient mes propres compositions. Jamais auparavant je n'avais été compositeur dans mes albums, mais dans ce dernier j'ai énormément travaillé les compositions et c'est pourquoi je suis heureux qu'il se soit fait. En outre, dans cet album j'ai des invités. J'ai eu beaucoup d'invités. Nous avons eu beaucoup d'enregistrements live. Ce dernier album est très spécial — il est très nouveau pour moi.

NB : Vous avez pratiqué de nombreux types de musiques : classique, argentine (tango), orientale, espagnole… Quelles sont les grandes sources de votre inspiration ? Quels sont les principaux types de musique qui vous ont influencé dans votre dernier album ?

AM : Je ne contrôle pas d'où vient l'inspiration. J'ai eu la chance de pouvoir jouer avec des musiciens de beaucoup d'endroits, de beaucoup de styles. Chacun d'eux m'a inspiré. Chacun d'eux m'a appris beaucoup de choses. Quand je fais de la musique, elle vient du subconscient, ce qui est en fait le plus précieux. Dans l'album, chaque morceau est complètement différent du précédent ou du suivant. Ils sont de styles très différents. Telle est la façon dont je perçois et fais la musique. C'est cela mon concept musical. Je m'ennuierais si je procédais toujours de la même façon.

NB : Vous avez été en relation avec de nombreuses cultures. Vous ressemblez à une preuve vivante qu'il existe de nombreux points de contact entre les cultures. Alors comment expliquez-vous tous ces conflits que nous voyons aujourd'hui dans le monde ?

AM : Il y a beaucoup de gens qui sont désespérés de vivre avec tous ces conflits. Réfugiés, guerres, terrorisme… C'est le côté très négatif du monde. Je crois que la seule voie pour passer à travers ces conflits est par l'art, la musique, la culture. Le monde peut changer par les contacts avec les autres cultures, sur la base du respect pour les autres opinions et modes de pensée. C'est par l'art que l'on peut le mieux comprendre que, bien que différents, nous avons tous quelque chose en commun. C'est pourquoi je crois que, tôt ou tard, la culture et l'art sauveront l'humanité… J'en suis sûr.

NB : En 1899, le poète bulgare Peyo Yavorov a dédié son poème « Arméniens » au destin du peuple arménien. Tout à l'heure, vous disiez croire que l'art peut changer le monde. Pensez-vous que les artistes contemporains pensent, et s'y engagent suffisamment, à un monde meilleur, aux problèmes d'aujourd'hui  ?

AM : Il y a beaucoup d'artistes qui s'engagent et s'efforcent d'améliorer le monde, mais bien sûr il y en a aussi qui pensent plus égoïstement et sont moins désintéressés en termes d'économie et de politique… Et évidemment ne s'intéressent pas trop à l'humanitaire. Il y a donc toujours un conflit entre ces deux manières de penser Mais le monde me paraît être meilleur aujourd'hui, même si nous pensons qu'il est pire. Tôt ou tard les gens comprendront qu'on ne peut survivre qu'avec le respect mutuel, celui de nos différences, opinions, destins et différents modes de vie.

NB : Vous avez vécu au Moyen-Orient, à Beyrouth. Dans un entretien, vous avez dit que la musique orientale est très calme, et peut être très douce et paisible. Alors pourquoi cette absence de paix dans la région ?

AM : La musique orientale peut être cela, elle peut aussi être très, très rythmique. Il y a deux styles de cette musique. Honnêtement, je ne sais pas pourquoi il y a tant de guerres… Peut-être parce qu'on a le sang chaud, que sais-je [il rit]… J'ai vécu de longues années au Liban et j'ai beaucoup d'amis qui sont arabes et juifs. Ils vivent foncièrement bien, mais quand il s'agit d'intérêts économiques, d'intérêts politiques, les choses changent. Je pense que si seulement les gens vivaient ensemble ils n'auraient pas de problèmes. Mais aussi longtemps que ces intérêts et dirigeants exercent leur influence, ils créent la haine, la rage, et voilà comment on en arrive à la guerre. Mais je crois que les gens normaux ne veulent pas avoir la guerre. Je me rappelle quand je vivais au Liban, nous ne voulions pas avoir la guerre, nous avions beau vivre en temps de guerre, nous ne le voulions pas…

NB : Il y a quelques années, vous avez donné au Liban un concert de soutien aux réfugiés. En quoi le Liban a-t-il changé depuis vos derniers souvenirs ?

AM : Le Liban n'est plus le même. Quand j'en suis parti, le pays était plongé dans la guerre absolue. A présent il y a une sorte de paix, les gens se respectent mutuellement et respectent leurs différences. Certes, il y a maintenant d'autres et nouveaux problèmes liés à la situation avec les réfugiés. Il faut voir maintenant comment améliorer la vie des réfugiés, pour qu'ils puissent avoir un avenir. Ceux qui ont perdu leur famille, leur foyer, et leur travail, ceux-là ne peuvent pas retourner dans leur pays… Évidemment, le meilleur moyen de résoudre le problème est d'avoir la paix dans leurs pays, pour qu'ils puissent rentrer et y trouver leur vie… Mais jusqu'à ce qu'ils rentrent, nous devons les aider.

Ara Malikian during his concert in Sofia, Bulgaria. Photo by BG Sound Stage, used with permission.

Ara Malikian en concert. Photo présentée par BG Sound Stage, utilisée avec autorisation.

NB : Vous avez donné un concert de solidarité avec les Arméniens et en défense de ce que les Arméniens appellent une injustice historique. Quels sont les plus gros défis pour les Arméniens aujourd'hui ?

AM : Mes racines sont arméniennes, je parle I'arménien, et je joue aussi de la musique arménienne, je connais ma culture… Nous Arméniens essayons de persuader le monde de reconnaître le génocide, qui est oublié aujourd'hui. Nous essayons qu'il soit reconnu officiellement, pour corriger sa trace historique. Voilà ce que nous essayons de faire. Ce que nous ne devons pas faire aujourd'hui, c'est créer la haine contre les Turcs. Je crois que les Turcs aujourd'hui ne sont pas nos ennemis. Certes, il faut qu'ils reconnaissent le génocide, tous les crimes qui ont été commis. Mais je crois que pour le bien de nos relations, nous ne devons pas les voir comme nos ennemis, et nous devons les respecter. Nous devons nous efforcer de leur parler par un dialogue pour tâcher de résoudre le problème.

NB : Votre talent a éclos très jeune quand vous étiez enfant, avec la guerre au Liban en arrière-plan. Comment décririez-vous votre enfance ?

AM : Bien que mon enfance se soit déroulée pendant la guerre, j'en ai vraiment de bons souvenirs. J'avais des amis, je profitais de ma famille, de ma mère et mon père. Le seul malheur a été que mon enfance est restée très brève, parce que je suis allé en Allemagne [comme boursier au conservatoire]. Mais tel était mon destin : avoir une enfance brève, mais la vivre pleinement.