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Les jeux vidéos enrôlés dans la guerre russe de l'information

mercredi 15 novembre 2017 à 13:02

Collage d'images par Christopher Moldes. Utilisation autorisée.

Le 14 novembre 2017, le dernier cri en matière de guerre de l'information est apparu sur Twitter, quand le Ministère russe de la Défense a publié les “preuves irréfutables” de la coopération entre les USA et Daech. Le tweet prétendait montrer des images de drone de convois de l'EI circulant sous protection américaine. Un seul hic : aucune n'était réelle.

Comme l'ont relevé le réseau d'enquête Bellingcat et la Conflict Intelligence Team (Equipe de renseignement sur les conflits), quatre images sur les cinq provenaient de séquences de l'armée irakienne, et la cinquième… du jeu vidéo “AC-130 Gunship Simulator: Special Ops Squadron” (Simulateur de l'hélicoptère de combat AC-130 : Escadron d'opérations spéciales)

Le Ministère russe de la Défense utilise des images d'un jeu vidéo comme preuve que les États-Unis collaborent avec l'EI

Le Ministère russe de la Défense a promptement supprimé les tweets, mais les internautes russes avaient eu le temps de présenter leurs propres preuves moqueuses des méfaits américains en Syrie :

Le Ministère de la Défense de la Fédération de Russie a présenté des preuves irréfutables de soldats américains minant les zones résidentielles d'Alep. [capture d'écran : Bomberman]

L'aspirant-président Alexeï Navalny y est allé de son grain de sel :

Excusez-moi, je vais aussi faire un mème.
Le Ministère de la Défense de la Fédération de Russie a présenté des preuves irréfutables d'Américains utilisant un virus spécial qui change l'orientation sexuelle des militaires. [L'image est deTrevor Philips de Grand Theft Auto V]

D'autres ont volé au secours du Ministère de la Défense en louant l'action des forces russes dans la zone :

Le Ministère de la Défense a publié des photos exclusives des opérations secrètes des [unités d’]Opérations spéciales russes en Syrie [l'image est extraite de la mission controversée “No Russian” (pas de Russe) dans Call of Duty: Modern Warfare 2]

Le compte Twitter mentionné ci-dessus, TV Jihad, est une personnalité Twitter connue satirisant la télévision indépendante libérale TV Dozhd. Dans son ton impertinent habituel, il annonce le scoop que Daech a revendiqué la responsabilité du message du Ministère de la Défense :

[Image ; Avec l'aide d'Allah, le frère Vanka Erokhin, aussi appelé Abou Al-Kukhul Ar-Russi, a posté des captures d'écran de jeu vidéo sur le compte Twitter du Ministère de la Défense, afin flétrir les mécréants et fracasser leur réputation. Toute gloire à Allah !]
Tweet : L’État Islamique a finalement revendiqué la responsabilité des fakes du Ministère de la Défense

Malgré la suppression des tweets originels, beaucoup ont continué à se demander comment une chose pareille avait seulement pu recevoir le feu vert du ministère russe :

Le général : Qu'est-ce que vous faites, soldat, vous jouez à un jeu vidéo !?
Le caporal : Non, mon général, c'est, euh, des images des Américains protégeant l'EI !
Le général : Excellent ! Transmettez ça immédiatement au service médias !

Même les blogueurs pro-Kremlin ont été scandalisés. L'un d'eux a écrit :

Le Ministère de la Défense a fait passer des captures d'écran de jeux vidéo pour des “preuves irréfutables” de coopération des États-Unis avec l'EI. Les lauriers de Zakharova [Maria Zakharova, porte-parole du Ministère russe des Affaires étrangères, connu pour ses gaffes et bourdes] n'épargnent personne. Ceci illustre la récente controverse sur l’ “erreur de bonne foi” de Zakharova. Voilà ce qui arrive quand les “erreurs de bonne foi” sont pardonnées. Ça vous plaît ? Pour une raison quelconque, les bots sont silencieux, franchement étonnant.

D'autres y ont vu un nouveau coup dans la partie ininterrompue d'échecs à onze dimensions de la guerre de l'information menée par la Russie contre l'Occident :

Formidables commentateurs de Bellingcat. Le Ministère russe de la Défense publie une photo d'un jeu vidéo en disant que c'est l'aide des USA à l'EI, et nos formidables commentateurs disent…

Le tollé contre les photos bidonnées n'a pas retenu Rossiya 24, une télévision appartenant à l'Etat russe, de diffuser une information sur la “preuve irréfutable” :

La télévision d'Etat russe a régurgité la “preuve” basée sur un jeu vidéo que l'Amérique collabore avec l'EI.

“Nous commençons avec un message du Ministère russe de la Défense : la coalition internationale menée par les USA soutient les terroristes de l'EI et collabore avec eux. Ceci est confirmé par des photos prises le 9 novembre par des drones russes pendant la libération d'Abu Kamel. Les images montrent des formations armées de l'EI fuyant les frappes aériennes russes en convois de plusieurs kilomètres qui se dirigent vers la frontière syro-irakienne. Pour assurer la sécurité des combattants en retraite, les forces aériennes de la coalition ont essayé d'interférer avec l'aviation russe dans la zone. Des faits qui sont la confirmation irréfutable que les USA apportent une couverture aux unités de l'EI et les utilisent pour promouvoir les intérêts américains au Moyen-Orient”.

Le Ministère de la Défense a ultérieurement émis une déclaration :

Минобороны России проводит проверку в отношении гражданского сотрудника одного из подразделений, ошибочно прикрепившего фотоматериалы к заявлению военного ведомства о взаимодействии возглавляемой США международной коалиции и боевиков ИГИЛ* в районе аль-Букемаля (Сирия)

Le Ministère de la Défense de la Russie mène une vérification en relation avec un employé civil d'une subdivision, qui a attaché par erreur des matériaux photographiques à la déclaration de l'administration militaire sur la coopération entre la coalition internationale dirigée par les USA et les combattants de l'EI dans la région d'Abu Kamel en Syrie.

Le Ministère de la Défense a persisté à dire que le refus américain de mener des frappes aériennes sur le convoi et les interférences contre l'aviation russe étaient des faits avérés par les retranscriptions officielles. Ce ne sont pas les premières tensions apparues entre forces américaines et russes sur l'attaque ou non de convois.  Au mois de septembre, lors d'une impasse de plusieurs semaines à propos d'un convoi transportant non seulement des combattants de l'EI, mais aussi des civils en fuite, les responsables russes avaient réclamé que leurs homologues américains reculent leurs moyens aériens, procédure apparemment standard pour que les avions russes puissent effectuer des frappes. Soit le mécanisme de déconfliction à l’œuvre, permettant autant aux États-Unis qu'à la Russie de s'assurer que leurs forces ne se tireraient pas dessus dans le combat contre l'EI. Les drones et avions de combat américains ont harcelé le convoi dès son départ, mais à mesure que la confrontation avançait, les Américains ont fini par acquiescer et ont reculé leurs unités de reconnaissance aérienne. Comme ce convoi particulier se rendait en territoire irakien depuis le Liban, un marché semble avoir été passé entre le gouvernement Assad et les autres gouvernements respectifs. Alliés d'Assad, les Russes ont peut-être voulu utiliser le mécanisme de déconfliction pour faciliter les mouvements du convoi. Il n'y a eu aucune frappe aérienne russe. En reculant leurs moyens, les Américains ont donc laissé le convoi arriver à destination. Ce n'est pas le premier accord de ce genre à être conclu : la BBC a signé un reportage sur un accord secret avec les forces de la coalition qui a permis à un autre convoi similaire de quitter Rakka avec des milliers de combattants de l'EI et leurs familles.

Pour revenir au dernier tweet russe, le Ministère russe de la Défense en a finalement publié un nouveau avec les images “véritables”. Des commentateurs continuent cependant à douter de leur valeur :

Les drones russes en Syrie peuvent prendre des photos de bien meilleure qualité et horodatées, mais la “preuve irréfutable” 2.0 reste un arrêt sur image de vidéo, et on ne sait pas quand elle a été prise (on a coupé l'horodatage).

Les utilisateurs de médias sociaux ont pu y trouver de quoi s'amuser, mais d'autres s'interrogent : est-ce là la sorte de renseignement que le commandant en chef lui-même, Vladimir Poutine, reçoit de ses services ? Parce qu'il y a assurément des raisons de croire que ce serait le cas.

La lutte d'une mère en quête de justice pour les disparus au Cachemire 

mercredi 15 novembre 2017 à 10:11

Parveena Ahangar. Image tirée d'une vidéo publiée par VideoVolunteers sur YouTube.

Cet article de Madhura Chakraborty a initialement été publié sur Video Volunteers, une organisation internationale primée, centrée sur les médias communautaires et basée en Inde. Une version éditée est publiée ci-dessous dans le cadre d'un accord de partage de contenu.

Perdre un enfant est une épreuve en soi. Mais imaginez n'avoir aucune idée de l'endroit où il se trouve et l'attendre durant 27 ans. Une nuit, en 1990, le fils de Parveena Ahangar, alors âgé de 17 ans, a été capturé par un groupe paramilitaire dans le quartier de Batamaloo à Srinagar, capitale de l’État indien du Jammu-et-Cachemire, simplement car il était été suspecté d'être un militant.

Depuis, Parveena attend toujours de connaître le sort de son fils. Et elle n'est pas la seule. Des estimations non officielles de groupes de défense des droits humains situent le nombre de « personnes disparues » à plus de 8 000. A cela s'ajoute la présence incontestable de fosses communes au Cachemire qui abriteraient les corps de plus de 7 000 personnes.

Le Cachemire, à majorité musulmane, est divisé géographiquement entre l'Inde et le Pakistan, qui en revendiquent tous deux l'appartenance. Douze millions de personnes vivent au Cachemire indien, et nombreux sont ceux qui réclament l'indépendance. Depuis 1989, plus de 68 000 personnes ont été tuées lors de révoltes sporadiques et des répressions par l'armée indienne leur faisant suite. Aujourd'hui, il s'agit de la zone la plus densément militarisée au monde, avec plus d'un demi million de soldats présents sur le territoire.

La travailleuse sociale et correspondante de Video Volunteers Nadiya Shafi s'est intéressée à la résistance des parents des disparus, menée de front par Parveena :

En 1994, la détermination et la ténacité de Parveena dans sa quête de justice mène à la création de l'Association des Parents de personnes disparues (Association of Parents of Disappeared Persons – APDP). Pour l'association, Parveena est amenée à se déplacer dans les zones les plus reculées du Cachemire afin de rendre visite aux familles de personnes ayant été enlevées, pour la plupart par l'armée indienne et les forces paramilitaires, sans plus jamais réapparaître. Elle commente :

I had to give up the burqa. I had to appear in courts, visit military interrogation centres. It was not possible to do all that in a burqa. I did it for my son.

J'ai du abandonner ma burqa. Il fallait que je me présente dans des tribunaux, que je visite des centres d'interrogatoire militaires. Il m'était impossible de faire tout cela en burqa. Je l'ai fait pour mon fils.

Les disparitions forcées ne sont qu'un exemple de la longue liste des violations des droits humains que sont accusés d'avoir commises l’État indien et les forces armées au Cachemire. Pourtant, aucun de ces cas n'a jamais fait l'objet d'une enquête indépendante, empêchant ainsi la justice de suivre son cours.

Depuis 1993, le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la torture se voit refuser l'accès à la vallée. La législation indienne sur les pouvoirs exceptionnels accordés aux forces armées (Armed Forces Special Powers Act – AFSPA) et sur la sécurité publique (Public Safety Act – PSA) accorde une impunité complète au personnel militaire stationné au Cachemire, au nom de la lutte contre les insurgés. Ces lois draconiennes donnent aux troupes le droit de tirer à vue, d'arrêter des suspects dès l'âge de 12 ans en usant de force et sans mandat, d'entrer et de perquisitionner n'importe quel bâtiment et de stopper et de fouiller n'importe quel véhicule, d'occuper ou de détruire des habitations dans le cadre des opérations de contre-insurrection, et de détenir des Cachemiris jusqu'à deux ans sans aucune charge. Aucune poursuite, procès ou quelconque procédure judiciaire ne peuvent être engagés contre quiconque agissant dans le cadre de ces lois.

Dans les cas de violations de droits humains, qu'il s'agisse de torture en détention, de meurtre, de disparitions ou de viols, les accusés n'ont jamais été jugés par des tribunaux civils. Au cours d'une affaire récente ayant fait grand bruit, une cour martiale a suspendu les condamnations à vie de cinq officiers du régiment des fusiliers de Rajputana, accusés d'avoir piégé des villageois cachemiris en leur promettant un emploi avant de les massacrer et d'avoir fait en sorte que la scène ressemble à une tentative d'infiltration ratée de la part de militants.

Malgré l'échec du système judiciaire à traiter des violations commises au nom de la lutte contre le terrorisme, Parveena a persévéré, voyageant du Cachemire à Delhi et jusqu'à Genève afin de venir plaider sa cause auprès des mécanismes internationaux de défense des droits.

Il n'a pas été simple de rassembler les parents, épouses, et enfants des personnes disparues à travers la vallée du Cachemire. La plupart des familles concernées sont pauvres et vivent dans des zones rurales, et ont du mal à accéder à des avocats et défenseurs des droits humains. Parveena explique :

They were often threatened to not file First Information Reports (FIRs) and the police would also not register cases. I assured them that nothing will happen to them, that I will always be in front of them and that I needed them at my back. We have even traveled to Delhi and protested and held hunger strikes at Jantar Mantar monument.

Ils ont souvent été menacés de ne pas soumettre de First Information Reports [procédure similaire à un dépôt de plainte], et il arrive que la police refuse d'enregistrer leurs dépositions. Je leur ai assuré que rien ne leur arriverait et que je les protégerais toujours, mais que j'avais besoin d'eux derrière moi. Nous sommes même allés jusqu'à Delhi pour y organiser des manifestations et des grèves de la faim devant le Jantar Mantar.

Son activisme pacifique lui a valu d'être nommée pour le Prix Nobel de la Paix en 2005. Parveena poursuit sa quête sans relâche :

Is the law only for the military, the [Border Security Force], the Special Tasks Force? They offer us compensation of 100,000 Indian rupees [1,540 US dollars]. We don’t want their money. We want our children back.

La loi est-elle faite seulement pour les militaires, les [forces de sécurité frontalière], les forces spéciales ? Ils nous offrent une compensation de 100 000 roupies indiennes [environ 1 540 dollars]. Nous ne voulons pas de leur argent. Nous voulons nos enfants.

L'Inde a signé la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées, mais ne l'a jamais ratifiée. A travers son activisme indéfectible, Parveena espère créer assez de pression internationale pour que l'Inde traite enfin les disparitions forcées comme l'acte criminel qu'elles sont.

Video Volunteers dirige le seul réseau d'informations avec l'objectif exclusif de couvrir des sujets sur les territoires les plus pauvres et les plus occultés par la grande presse indienne.

Aller-retour chez les dieux : la jeune déesse vivante du Népal redevient écolière

mardi 14 novembre 2017 à 21:23

La Kumari, “déesse vivante”. Photographie Green Peace Co-ed School, utilisée avec autorisation.

La jeune Matina Shakya a été la Kumari, la déesse vivante de la capitale du Népal Kathmandou, pendant neuf ans. Aujourd'hui, elle est retournée à l'école où elle allait avant son intronisation et doit maintenant vivre la vie d'une jeune écolière comme les autres.

L'institution népalaise de Kumari Devi est ancrée dans la culture de la vallée de Kathmandou. Même un coup d’œil de sa part, dit-on, porte chance.

Matina a été sélectionnée en 2008, à l'age de trois ans, dans le clan bouddhiste des Shakya pour incarner la déesse hindoue Taleju. La sélection est un processus rigoureux dirigé par des prêtres et des astrologues depuis des siècles. Matina a ensuite été vénérée comme la Kumari, ou déesse vivante [fr], jusqu’à ses premières règles, quand la croyance veut que la déesse quitte le corps de la jeune fille.

D’après une légende népalaise, le dernier roi Malla de Kathmandou (dynastie au pouvoir du XIIe au XVIIe siècle), Jaya Prakash Malla, avait l'habitude de jouer aux dés avec la déesse Taleju. Un jour, l'épouse du roi le suivit et vit la déesse, qui avait empêché le roi de parler de leurs rencontres à quiconque. Taleju se mit en colère et avertit le roi que s'il voulait la voir à nouveau ou assurer la protection de son royaume, il devrait chercher son incarnation en petite fille au sein du clan Shakya. Dans l'espoir d'apaiser la déesse, le roi partit à la recherche d'une fillette possédant les qualités de Taleju, et cette pratique continue jusqu’à aujourd'hui.

Parmi les nombreuses Kumaris nommées dans les différentes villes népalaises pour les protéger du mal, les trois Kumaris de la vallée de Kathmandou (dans les villes de Kathmandou, Patan et Bhaktapur) sont les plus adorées et respectées. La Kumari de Kathmandou, choisi au sein du clan Newar Shakya, est la plus influente de toutes.

L'ancienne Kumari va à l'école. Photographie via Green Peace Co-ed School, utilisée avec autorisation.

Pour être nommée Kumari royale, une petite fille doit posséder les “trente-deux attributs de la perfection”, écrivent Pramod Bhattarai et Bijay Shrestha :

The list of requirements is elaborate: she must have perfect health without any history of serious illness, unblemished skin, black hair, gorgeous expressive eyes, a sonorous voice, long slender arms, delicate and soft hands and feet, straight hair curled toward the right side, no bad body smells, and must not have shed any blood. The most important requirement is that the girl has never menstruated… Her family’s reputation for piety is taken into consideration by the selection committee, which also looks for calmness and fearlessness in the girl. To ensure the girl’s compatibility with the King of Nepal, her horoscope is compared and must match with his, as the Kumari has an important role in relation to the King, including the traditional power to confirm the King’s rule.

La liste des critères est détaillée : elle doit être en parfaite santé sans histoire de maladie grave, avoir une peau parfaite, des cheveux noirs, de superbes yeux expressifs, une voix sonore, de longs bras fins, des mains et des pieds délicats et à la peau douce, des cheveux raides qui se courbent du coté droit, pas de mauvaise odeur corporelle, et elle ne doit jamais avoir perdu de sang. Le critère le plus important est que la jeune fille n'ait jamais eu ses règles… La réputation de piété de la famille est prise en compte par le comité de sélection, qui recherche aussi une fille calme et sans peur. Pour s'assurer de sa compatibilité avec le roi du Népal, leurs horoscopes sont comparés et doivent concorder, car la Kumari a un rôle important vis-à-vis du roi, dont le pouvoir traditionnel de confirmer son régime.

De petite fille à déesse, mais à quel prix ?

La transformation soudaine d'une petite fille en déesse révérée a un prix. Elle doit demeurer isolée, loin de sa famille et de ses amis, rester calme à tout instant et se retenir d'exprimer une émotion quelconque. La déesse vivante est portée pour que ses pieds sacrés ne touchent pas le sol ; elle porte toujours du rouge, ses cheveux sont attachés en chignon et un “œil de feu” est peint sur son front pour symboliser ses pouvoirs de clairvoyance. Bien qu'elle n'ait pas à obéir à des ordres, elle doit exécuter des fonctions cérémoniales et sa présence remplit tous ceux qui lui vouent un culte d'émerveillement et de révérence.

Le retour à une vie sociale “normale” est difficile. La société continue de craindre ou d'adorer la jeune fille malgré son “retour” à une forme humaine. Elle doit aussi vivre avec la superstition que quiconque épouse une Kumari mourra six mois après les noces.

L'ancienne Kumari Rashmila Shakya, auteure de l'autobiographie “From Goddess to Mortal: the True Life Story of a Former Royal Kumari” [De déesse à mortelle : la vraie vie d'une ancienne Kumari royale, NdT], a essayé de changer la perception du public et de le sensibiliser à la réalité de la vie en tant que déesse. R. Shakya souligne le manque d'éducation des Kumari et décrit les difficultés du retour à l'école sans les connaissances nécessaires pour y réussir.

L'ancienne Kumari dans sa classe. Photographie via Green Peace Co-ed School, utilisée avec autorisation.

De déesse à écolière

Matina Shakya, la plus récente ancienne Kumari, a reçu une éducation privée à Kumari Ghar, la demeure de la déesse vivante, jusqu’à son retour à l'école Green Peace Co-Ed School en tant qu’élève normale. La directrice de la section des seniors Surendra Sthapit explique :

Deu Mata (Kumari) used to get private tuition at Kumari Ghar. One of our teachers used to visit her abode and teach all the subjects.

Devi Mata (Kumari) recevait des cours particuliers à Kumari Ghar. L'un de nos instituteurs se rendait dans sa demeure et lui enseignait toutes les matières.

Le photojournaliste Sunil Sharma écrit ::

मतिना अचेल गणबहालको ग्रिनपिस को–एड स्कुलमा कक्षा ७ पढ्न थालेकी छिन् । कुमारी हुंदा केवल खट (पालकी) र रथमा यात्रा गर्ने उनी आजकल आफनो बुबा प्रताप शाक्यसंग स्कुटरमा स्कुल जाने गर्छिन् । सामान्य जीवनमा फर्केपछि समाजमा घुलमिल गर्न गाह्रो हुन्छ कि भन्ने सबैको जिज्ञासालाई विद्यालय जान शुरु गरेको एक हप्ता वित्न नपाउदैं उनले गलत साबित गरिदिएकी छिन् ।

Maintenant Matina étudie en classe de cinquième à l'école Green Peace Co-Ed School de Ganabahal. Alors qu'elle ne se déplaçait qu'en palanquin et en char pendant ses années de Kumari, elle se rend à l'école avec son père Pratap Shakya en scooter. Tous ont pensé qu'il lui serait difficile de s'adapter à la société après son retour à une vie normale. Néanmoins, elle a prouvé qu'ils avaient tort moins d'une semaine après son retour à l'école.

Kumari. The living goddess in Nepal, a little girl in 3-year-old, the newest chosen Kumari, is living here, the Kumari Ghar. She is a cute little girl and would show up through these windows in the afternoon, 4, 5 & 6pm, according to the guide said. Grab your chance to have a look of the living goddess, and her royal believer. #travelbyfoot #travelaroundtheworld #travelanimal #travelislife #travelholic #nepal #kathmandu #durbarsquare #kumarighar #kumari #livinggoddess #unesco #worldheritage #hindu #buddism #travelphotography #photography #travelphoto #architecture #sonyimages #sonya7 #sel28f20 #sel075uwc #sonyhongkong #lp #hongkonger #hongkongtraveller #backpacker #wanderlust #solotravel

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D’après Sthapit, Matina Shakya est une jeune fille intelligente qui s'est très bien adaptée, compte tenu des circonstances.

Alors que Matina Shakya s'habitue à redevenir une écoliere “comme les autres” et à vivre à nouveau chez elle, la petite Trishna Shakya vient, à trois ans, d'être nommée nouvelle Kumari de Kathmandou.

La nouvelle déesse vivante #Kumari de Kathmandou Trishna Shakya, trois ans, a été emmenée au Kumari ghar aujourd'hui. Elle succède à Matina Shakya, douze ans, Kumari depuis 2008.

Brouillard toxique de pollution à New Delhi : les habitants toussent et réclament des actions

mardi 14 novembre 2017 à 18:40

Matin de brouillard à Dhaula Kuan, Delhi. Image via Flickr de Oatsy40. CC BY 2.0

[Article d'origine publié le 11 novembre] Ces derniers jours, la capitale politique de l'Inde, New Delhi, est engloutie dans un brouillard toxique, sous la menace d'une éruption d'affections respiratoires.

Le gouvernement a réagi en fermant les écoles et en déclarant un état d'urgence sanitaire, mais les critiques s'accumulent contre l'insuffisante action des autorités pour contrôler la situation.

Ces dernières années, les cas se sont multipliés en Inde de brouillards de pollution, ou smog, enveloppant de nombreuses parties de l'Inde du Nord à l'entrée de l'hiver. 2017 a cependant marqué une aggravation spectaculaire du problème. Les photos ci-dessous, mises en ligne par l'utilisateur de Twitter @gandabherunda, illustratent l'épaisseur du smog à la fin d'octobre.

Ça c'est Delhi vu du dessus juste avant d'atterrir. Je me demande comment les gens arrivent à respirer, vivre et survivre ici au quotidien !

Selon le système de suivi de la pollution de l'air de l'ambassade américaine à Nex Delhi, les niveaux de PM2,5 (particules fines) ont atteint 703 le 7 novembre 2017, loin au-dessus de 300, la cote à laquelle l'air est considéré dangereux. L’Organisation Mondiale de la Santé indique qu'une exposition prolongée à des niveaux élevés de PM 2,5 peut causer des maladies respiratoires, une inflammation des poumons, et même des problèmes cardiaques.

En comparaison, le smog de New Delhi surpasse la tristement célèbre pollution de Pékin, selon les articles de presse, car il y a dix fois plus de polluants cancérogènes dans l'air de la métropole indienne que dans celui de la capitale chinoise.

‘Delhi est devenu une chambre à gaz’

Le Ministre-en-chef de la capitale, Arvind Kejriwal, est allé sur les médias sociaux pour appeler la méga-cité de 20 millions d'habitants une “chambre à gaz” et blâmer pour la pandémie les brûlis après récoltes dans les États indiens avoisinants :

Delhi est devenu une chambre à gaz. Ceci arrive chaque année au même moment. Il faut trouver une solution [pour faire cesser] les brûlis après récolte dans les États adjacents

Les incinérations d'ordures et les émissions des usines contribueraient également au problème. Favorisé par la faible vitesse des vents et les basses températures, le phénomène a un effet négatif sur la santé des habitants.

Selon le quotidien britannique The Guardian, les médecins de New Delhi prétendent que la moitié de leurs patients souffrant de cancers des poumons sont non-fumeurs. Arvind Kumar, un chirurgien pneumologue hospitalier a déclaré au Guardian :

Ces deux dernières années, la moitié de mes patients ayant un cancer du poumon sont des non-fumeurs. Je constate un pic de personnes dans la quarantaine, et même des trentenaires. Nos cancers apparaissent plus précocement, plus chez les non-fumeurs, et plus chez les femmes”.

Pendant ce temps, l'Organisation Mondiale de la Santé a désigné Delhi mégapole la plus polluée du monde, avant Le Caire, Mumbai (Bombay) et Kolkata (Calcutta). Et selon la revue médicale internationale The Lancet, la pollution atmosphérique a tué au moins 2,5 millions d'Indiens en 2015.

De nombreux internautes sont allés sur Twitter faire part de leur mauvaise humeur. Le mot-dièse #SmogInDelhi a été en tête de tendance pendant un temps. La journaliste Annie Gowen a écrit :

Est-ce que “mauvais temps” est une sorte d'euphémisme pour “Les paysans du Penjab et de l'Haryana brûlent des hectares de chaumes de riz et mettent en danger des millions de gens dans tout le nord de l'Inde et jusqu'à Lahore au Pakistan” ?

Le journaliste Aman Sharma s'inquiète de l'inaction perçue pour résoudre le problème :

Je me sens complètement malade avec cette fumée et ce brouillard même si je n'étais pas beaucoup dehors. Personne ne fait quoi que ce soit à ce sujet. Uttar-Pradesh, Penjab et Haryana s'en fichent. Le Ministre en chef de Delhi essaie mais seul ne peut pas grand chose. ‘Ça aussi ça passera’ paraît la solution de tous à cela !

Beaucoup se sont plaints du silence du Premier Ministre indien Narendra Modi et de son gouvernement sur la question du smog :

Jusqu'à présent on a vu zéro sens de l'urgence du gouvernement central s'agissant de la pollution mortifère de la capitale. Des réunions d'urgence devraient être convoquées pour se mettre sur le pied de guerre. Le Ministre de l'Environnement le Dr. Harsh Vardan doit annuler sa visite en Allemagne et rentrer au plus vite en Inde

Le blogueur Shivam Vij a écrit dans Quartz :

Les grands titres jusque dans la presse internationale disent depuis des années que l'Inde a la pire qualité de l'air au monde. Les villes les plus polluées de la planète sont concentrées dans ce pays. On pourrait croire que le premier ministre Narendra Modi voudrait au minimum être vu en train de faire quelque chose à ce sujet, à défaut de vraiment faire quelque chose. Il n'a pas dit un mot.

Dernièrement, la Cour Suprême de l'Inde a interdit d'allumer des feux d'artifice pendant les festivités de Diwali à New Delhi à cause de la pollution qu'ils provoquent. Rafiul Rehman a observé sur Facebook :

Je n'arrive pas à croire que près d'un mois a passé depuis Diwali et Delhi est toujours aussi pollué ! Le smog est partout. J'ai l'impression soudaine d'être sur une autre planète. Je veux retourner en Assam maintenant ! Soupir.

La décision de la Cour a été qualifiée de “communautaire” par les groupes d'extrême-droite, qui ont riposté en distribuant des pétards. Une internaute les a interpellés sur leur comportement :

Vous comptez aussi distribuer des masques pour les enfants des bidonvilles ?

‘Personne ne fait quoi que ce soit’

Le journaliste Mayank Austen Soofi, a chroniqué sur son photo-blog le brouillard de pollution catastrophique de Delhi. Le blog se trouve ici. Un commentaire témoigne :

Je tousse depuis plus d'un mois, et iI y a seulement une semaine à peu près que j'ai réalisé que c'est à cause de la pollution. Elle est effrayante. On pourrait la faire baisser, mais personne ne fait rien pour ça.

Tandis que Anuradha Sengupta en appelait sur Facebook aux gens en mesure de prendre des habitudes de consommation individuelle plus responsables :

Vous ne comprenez pas ça, multitudes incapables ? Renoncez à la voiture (ou n'en achetez pas de multiples), arrêtez de consommer autant, fermez les usines… Mais la plupart des gens ne veulent rien changer à leur style de vie. Les gens au bas de l'échelle, qui sont obligés de vivre (et travailler) à l'extérieur dans les rues – ce sont eux qui souffrent le plus. Et évidemment, les créatures qui ne sont pas des humains – et meurent probablement en masse sans qu'on les compte.

Pour certains, comme les journaliers et conducteurs de rickshaws, le smog est un problème quotidien affectant leur santé :

Même les conducteurs de rickshaws portent des masques à New Delhi en ce moment, mais ça ne suffit évidemment pas à les protéger de l’ #airpocalypse

D'autres recourent à l'humour noir pour décrire le smog :

Pour résumer le trajet matinal à Delhi

Les malades de la tuberculose ne sont pas en sécurité à Delhi, note ce journaliste :

Les patients souffrant de maladies respiratoires font la queue en plein air devant les consultations externes de l'Institut indien des sciences médicales. Il y en a 150 qui suffoquent de l'air toxique, alors que l'index de qualité de l'air s'est détérioré à 1000 – #Droità respirer #SmogDelhi

Les gens tentent de quitter Delhi mais les prix des billets d'avion atteignent des sommets :

Le smog enveloppe Delhi. Le prix d'un billet d'avion pour aller à Mumbai a bondi à 1.500 dollars.

Enfin, Atishi Marlena a souligné que le problème du smog va au-delà de New Delhi :

Ceux qui croient que le smog est seulement un problème de Delhi, regardez cette carte du Nord de l'Inde !

Le gouvernement de Delhi a décidé de réinstaurer la circulation alternée des plaques à numéro pair et impair de 8 h à 20 h dans la capitale nationale du 13 au 17 novembre. Selon cette réglementation, les véhicules privés sont autorisés à circuler en fonction du dernier chiffre de leur plaque d'immatriculation. Le système a été appliqué pour la première fois à Pékin en 2008 juste avant les Jeux Olympiques d'été, et a été essayé en 2015 et 2016 à Delhi.

Selon Shivam VJ, ce n'est peut-être pas la solution, car “la cause principale de la pollution, c'est la poussière des rues et les feux agricoles, mais même à l’intérieur de la pollution par la circulation, ce sont les camions et les deux-roues”.

Le réchauffement du Moyen-Orient accroît l'urgence des discussions de l'ONU sur le changement climatique

lundi 13 novembre 2017 à 23:25

Sécheresse et températures élevées menacent le Moyen-Orient. Source image : Wikimedia / Creative Commons.

Tandis que la 23ème conférence annuelle des parties (COP23) à la Convention Cadre de l'ONU sur le Changement Climatique (UNFCCC) rassemble à Bonn, en Allemagne, les pays de la planète, 2017 est bien parti pour être une des années les plus chaudes enregistrées.

Logo de la COP 23. Source: site web de la COP 23.

Les chercheurs de l'Institut Max Planck de Chimie et de l'Institut chypriote à Nicosie prédisent un sombre destin à la région Moyen-Orient et Afrique du Nord. La Jordanie connaît en ce moment une des sécheresses les plus graves jamais enregistrées. En l'absence d'une politique climatique mondiale, le pays pourrait recevoir 30 % de précipitations en moins d'ici 2100 et la moyenne annuelle des températures pourrait monter de 4,5 degrés Celsius.

L’Accord fondateur de Paris à la COP 21 en 2015 a fourni le premier texte véritablement mondial s'attaquant au changement climatique. La réunion de 2017 à Bonn sera d'une importance capitale pour bâtir les règles d'application de l'accord de Paris et renforcer les actions nationales afin de maintenir l'augmentation de la température mondiale en-dessous de 2 degrés Celsius.

Le Moyen-Orient face à des vagues de chaleur massives

En octobre 2015, la revue Nature Climate Change prédisait que les vagues de chaleur dans certaines parties du Golfe Persique pourraient menacer la survie humaine à la fin du siècle. La durée des vagues de chaleur dans la région Moyen-Orient – Afrique du Nord se prolongera de façon spectaculaire, de 80 jours au milieu du siècle à 118 jours à sa fin, à comparer à la moyenne actuelle de 16 jours, et ce même si les émissions de gaz à effet de serre se remettent à baisser après 2040.

Capture d'écran de Google Earth du Golfe Persique et des pays avoisinants.

La demande immodérée d'eau pour l'agriculture dans la région a conduit à la surexploitation des nappes souterraines, au déclin de la qualité de l'eau et à la dégradation des terres par la salinisation (l'augmentation de la teneur en sel des sols).
Le changement climatique ne pourra qu’aggraver ces tendances et le secteur de l'agriculture sera le plus durement touché. Les vagues de chaleur plus fréquentes et plus intenses, ainsi que la baisse des précipitations réduira les périodes de pousse. Moins de pluies, ce sera moins d'humidité des sols, moins de ruissellement et moins de recharge des aquifères. La montée de l'incertitude affectera la productivité, et rendra plus difficile la planification agricole.

Comme l'a déclaré Safa’ Al-Jayoussi de ‘Climate Action Network – International‘ (Réseau Climat-Action international) au journal Al-Ayam :

«المنطقة العربية تعاني من الجفاف حاليا الذي ما هو الا بداية تبِعات التغير المناخي ولذلك يجب على المناقشات أن تراعي المجتمعات المحلية الاكثر تأثرا بالأضرار من جهة والتعويض عن الخسائر الناتجة عن تلك الظاهرة من جهة أخرى.”

Le monde arabe souffre actuellement de sécheresse, et c'est seulement le début des conséquences du changement climatique. C'est pourquoi les discussions doivent prendre en compte les communautés les plus touchées par les dégâts d'une part, et l'indemnisation des pertes résultant de ce phénomène, d'autre part.

La Jordanie, par exemple, tire 160 pour cent plus d'eau du sol que la nature ne reconstitue, et pourtant il y a peu d'incitations à économiser cette précieuse ressource.

L'utilisation de l'eau pour l'irrigation reste publiquement subventionnée pour des montants considérables et de façon non viable, avec le gaspillage pour principal problème. Plus de la moitié de l'eau de la Jordanie est utilisée pour une agriculture qui ne produit qu'une faible partie de l'offre alimentaire locale. On estime à 50 pour cent de la fourniture d'eau les pertes dues aux mauvais usages ou aux vols.

L'Egypte est confrontée à des problèmes similaires :

[Sur l'image : Les paysans égyptiens paient un lourd tribut au changement climatique] Le changement climatique engendre la faim, et frappe le plus durement les plus vulnérables. Les paysans égyptiens luttent pour s'adapter, le Programme Alimentaire Mondial est là pour aider.

Exploiter l'énergie solaire et éolienne

Les pays du Moyen-Orient paient au prix fort leur dépendance aux combustibles fossiles, sous forme de pollution de l'air et d'eau contaminée. La désertification qui gagned est préjudiciable à l'activité agricole. La pêche souffre de la qualité détériorée des eaux côtières et des effets négatifs du changement des températures marines sur les prises.

Pourtant les combustibles fossiles continuent à jouir d'énormes subventions, et leurs prix sont tellement sous-évalués que les énergies renouvelables n'arrivent pas à percer. Elles sont considérées comme non compétitives en coûts à cause des subventions parfois cachées offertes aux combustibles fossiles.

La part des capacités en énergies renouvelables dans le monde arabe, en Turquie et en Iran (2016)

Seuls quelques pays de la région se sont enrichis en exploitant les combustibles fossiles, et leur majorité obtient moins d'un pour cent de leur électricité à partir de sources renouvelables. Alors que tous les pays du Moyen-Orient sont ensoleillés, et que la région a un énorme potentiel d'énergie solaire et éolienne, l'investissement dans les énergies renouvelables est parmi les plus faibles du monde. Le Moyen-Orient est distancé par des pays à revenu comparable dans ce domaine, et même par beaucoup de pays plus pauvres.

Les pays du monde arabe sont volontaristes pour des objectifs d'un certain pourcentage d'énergie renouvelable dans leur capacité totale de production d'électricité.

Le Moyen-Orient se prépare un avenir d'extrêmes

Selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), le changement climatique anthropique est déjà en train d'accroître significativement la probabilité d'événements météorologiques extrêmes comme les vagues de chaleur, les inondations, et les incendies de forêt. L'impact de ces catastrophes naturelles pourrait être irréversible, profond et étendu pour des milliards d'individus si rien n'est fait pour réduire drastiquement les émissions mondiales de carbone.

Dans la dernière décennie, divers pays ont annoncé des plans de développement à moyen et long terme d'installations alternatives aux ressources en énergies fossiles.

Ainsi, le Maroc et la Jordanie ont été amenés à diversifier leurs sources d'énergie pour remédier à une plus grande dépendance et demande de combustibles importés, dont le prix ne fait qu'augmenter.Le gouvernement marocain est sur le point de réaliser son objectif de produire 2 Gigawatts d'électricité solaire et 2 GW d'électricité éolienne d'ici 2020, alors que sa capacité éolienne actuelle dépasse 750 Mégawats. Le gouvernement jordanien prévoit d'augmenter son objectif initial de 600 Megawatts d'électricité solaire à 1 GW d'ici 2020.

Les promesses actuelles de réduction de carbone des pays de la planète se traduisent par au moins 3 degrés Celsius de réchauffement mondial et des dégâts importants, mettent en garde les experts. Sans sérieuse préparation pour bâtir la confiance et le consensus, les accords prendront du retard, comme l'a montré l'échec de la COP de 2009 à Copenhague.

Alors que l'Accord de Paris incluait un mécanisme de réexamen et de cliquet pour ces promesses, les règles n'ont pas été fixées, augmentant la pression sur la réunion de Bonn pour qu'elle termine ce travail vital avant 2018.