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Panique et terreur vont de pair en Guinée-Bissau

mardi 12 février 2013 à 12:34

[Liens en portugais, sauf mention contraire] L’attention du monde est actuellement tournée vers le Mali, mais ailleurs en Afrique de l'Ouest, des citoyens de la Guinée-Bissau luttent aussi pour attirer l’attention régionale et internationale sur l’aggravation de la situation des droits de l’homme dans leur pays.

La Ligue des Droits de l'Homme de Guinée-Bissau a publié un important rapport [pdf] sur la situation des droits de l’homme aujourd’hui, un sérieux avertissement pour ceux qui pensent que le silence signifie que tout va bien dans le pays :

[...] a Guiné-Bissau tornou-se num país isolado de um mundo cada vez mais globalizado, país onde o pânico e o terror caminham de braços dados. A população vive entrincheirada no seu próprio receio de um amanhecer de novas violências, de fugas sem destino, agravadas pelo facto de de se aperceber que a comunidade internacional não consegue unir-se, para garantir os interesses e aspirações.

[...] La Guinée-Bissau est devenue un pays isolé dans un monde de plus en plus globalisé, un pays où la panique et la terreur marchent main dans la main. La population vit enracinée dans sa propre crainte de réveiller de nouvelles violences, situation aggravée par le fait que la communauté internationale ne parvienne pas se rassembler pour assurer ses intérêts et ses aspirations.

Comme Global Voices l’avait écrit, un coup d’état a déstabilisé le pays en avril [en français] suivi d’une période de transition toujours en cours négociée par la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CDEAO) qui a été marquée par des intrigues et la répression de certaines voix politiques [en français].

Certaines des plus grandes organisations des droits de l’homme sont restées silencieuses sur la Guinée-Bissau pendant des mois, et notamment Human Rights Watch qui n’a pas inclus le pays dans son rapport en 2012, donnant d'autant plus d'importance à ce rapport de la Ligue des Droits de l'Homme de Guinée-Bissau.

Guinean Human Rights League Report on Human Rights. Click the image to download the pdf file.

La Ligue des Droits de l'Homme de Guinée-Bissau a publié un rapport sur les Droits de l'Homme. Cliquer sur l'image pour télécharger le PDF

La Ligue écrit au sujet de ce rapport :

…este trabalho difícil, sobretudo por se realizar num contexto de ameaças de toda a orden, só foi possível graças aos esforços dos membros e estruturas a todos os níveis desta or- ganização, assim como às pessoas singulares, radicalmente comprometidos com as causas nobres de direitos humanos e paz

…ce travail difficile, notamment parce qu’il a été mené dans un contexte de menaces en tout genre, n’a été possible que grâce aux efforts des membres et des structures à tous les niveaux de l’organisation, ainsi que des personnes, entièrement dévouées aux nobles causes des droits de l’Homme et de la paix.

Le rapport documente des violations des droits économiques et sociaux, ainsi que des droits des femmes et des enfants, mais les sections les plus pertinentes sont celles qui examinent l’impunité, le système judiciaire et les forces armées. Commençant avec le coup d’Etat d’avril, la Ligue écrit :

[...] os direitos e liberdades fundamentais nomeadamente, a liberdade de expressão, de manifestação e de reunião, foram e continuam a ser ilegalmente restringidas pelo Estado-Maior, detentor do poder real no país, em nome da garantia de uma paz e estabilidade inexistentes, numa clara violação da constituição da república e dos instrumentos jurídicos interna- cionais dos direitos humanos. A sociedade guineense vive hoje, independentemente da sua vontade, num clima de insegura e amargurada impotência e refém de uma classe política e castrense dividida, imprevisível e violenta.

[...] Les droits et libertés fondamentaux, à savoir la liberté d'expression, de manifestation et de réunion, ont été et continuent d'être illégalement restreints par l’appareil militaire, détenteur du pouvoir réel dans le pays, dans le but de garantir une paix et une stabilité inexistantes, en violation flagrante de la Constitution de la République et des instruments internationaux relatifs aux droits de l'homme. La société guinéenne vit aujourd'hui, contre son gré, dans un climat d'insécurité et d'impuissance amère et est otage d'une classe politique divisée, imprévisible et violente.

A quelle violences fait-on référence ici ? En octobre, après des violences sur une base aérienne et des allégations de complot, le chef présumé de l’opération a été kidnappé (voir l’article de Global Voices, en français) et sauvagement battu [avertissement : images violentes]. Ensuite, des témoignages sont apparus faisant état de l’assassinat de jeunes à Bolama, balayés par la répression militaire. En novembre, la Ligue des Droits de l'Homme de Guinée-Bissau a dénoncé l’enlèvement d’un homme ayant de nombreuses relations dont “le corps sans vie a été retrouvé plusieurs jours plus tard dans la morgue d’un des principaux hôpitaux du pays”. Le blogueur Pasmal a écrit en novembre :

Perante a inércia dos países democráticos e com a conivência activa da CEDEAO, que pinta este país como se a barbárie não tivesse assentado praça na Guiné-Bissau e tudo estivesse a correr da melhor forma, prossegue todos os dias a MATANÇA de pessoas em Bissau.

Já não são só por razões de perseguição política, embora esses casos sejam os mais numerosos, mas os militares e alguns civis ligados ao (des)governo, que fazem questão de estar presentes e participar não só nos espancamentos como nos assassinatos, aproveitam para ajustes de contas de ódios pessoais antigos e recalcados.

Face a l’inertie des démocraties et avec la connivence active d’ECOWAS, qui dépeint ce pays comme si la barbarie ne s’était jamais installée en Guinée-Bissau et comme si tout allait pour le mieux, le MASSACRE quotidien du peuple en Bissau se poursuit.

Désormais non seulement à des fins de répression politique – même si ce sont les cas les plus nombreux – mais des militaires et quelques civils, proches du (non)gouvernement, insistent pour être présents et participer non seulement aux passages à tabac, mais aux meurtres eux-mêmes, profitant de la la situation pour régler des comptes personnels nés de haines de longue date.

Espoirs pour l’avenir

Le Conseil de sécurité a entendu hier de ses propres hauts diplomates qu'il régnait une “atmosphère générale de peur” dans le pays, où l'envoyé de l'ONU et lauréat du prix Nobel de la paix José Ramos Horta doit séjourner dans les prochains jours.

Le blog Ação Cidadã cite le héros de la libération Amílcar Cabra dans son manifeste :

a luta do nosso povo é contra tudo quanto seja contrário à sua liberdade e independência, mas também contra tudo que seja contrário ao progresso e à sua felicidade

La lutte de notre peuple est contre tout ce qui est contraire à la liberté et l’indépendance, mais aussi contre tout ce qui va à l’encontre du progrès et du bonheur de la population.

Les derniers mois ont vu naître des initiatives citoyennes, comme Movicidadão qui est une alliance de particuliers et de groupes qui favorisent l'enregistrement et la délivrance de documents d'état civil aux nombreux citoyens qui n'en ont pas. Ação Cidadã montre également comment les jeunes se réapproprient l’espace public dans le village de Buba en nommant les rues et les places publiques avec des noms comme “L’allée des Voix Actives” et “Patio de la Justice”.

Pendant ce temps, des poètes et des artistes guinéens ont organisé une semaine d’activités culturelles au Portugal pour montrer au monde que “la Guinée-Bissau a bien plus que des militaires”.

Une parodie des ‘Misérables’… par l'Armée de l'air de Corée du Sud

mardi 12 février 2013 à 11:40

Une parodie en vidéo des “Misérables”, tournée par des soldats de l'Armée de l'air sud-coréenne, est devenue virale en une semaine, avec plus de 2,8 millions de visionnages. Dans la vidéo, on peut voir des soldats en corvée de déblaiement de neige sous les ordres d'un gradé irascible, qui empêche l'un des appelés de voir sa fiancée venue lui rendre visite : un cauchemar assez fréquent pour les hommes coréens, qui doivent faire deux ans de service militaire.

Chine : qui est ce mystérieux blogueur fan du Président Xi Jinping ?

mardi 12 février 2013 à 09:52

Un blogueur mystérieux a suscité la curiosité quant à son identité, suite à la publication de chroniques d’une incroyable sincérité sur les allées et venues du président chinois Xi Jinping, sur le célèbre site de micro-blogging  Sina Weibo .

Le fan de Xi, qui compte 480 000 abonnés, chiffre qui ne cesse de croître  poste des photos du président et publie presque en direct chacun de ses faits et gestes, le tout en faisant preuve d’une connaissance incroyable de l’itinéraire du dirigeant.

Cet expert de l’internet, dans une sorte de tentative de contournement de la censure sévère exercée sur Weibo, fait référence au président en utilisant des surnoms comme Boss Xi ou Xi Dada, qui, en dialecte du Shaanxi, signifient respectivement « Grand Xi » et « Oncle Xi » :

@学习粉丝团 习总上午去了菜市场和养老院,从煤炭局后的养老远出来, 车队顺天水路经过了金城宾馆,貌似回家吃饭去了

Boss Xi s’est rendu au marché puis dans une maison de retraite, il a ensuite quitté l’établissement pour se rendre au Bureau du Charbon, le cortège automobile est par la suite passé par le Jingcheng Hotel. On dirait qu’il se prépare à rentrer chez lui pour manger.

A screenshot of the homepage of Xi's fan called "Study Xi Fans Club"

Capture d'écran de la page d'accueil du site du fan de Xi, intitulé XuesiFensiTuan

La censure est chose commune sur Weibo, équivalent chinois de Twitter. Une recherche sur un dirigeant n’aboutit généralement à rien d’autre que sur des titres succincts paru dans la presse. Ainsi, il est impossible de se renseigner sur un fait d’actualité récent concernant Wen Jiabao, le Premier ministre sortant qui a, il y a peu de temps, fait l’objet d’examens approfondis suite à la publication d’un long article [en] par le New York Times concernant l’énorme fortune amassée par sa famille.

Il est ainsi rare que les commentaires personnels sur un membre du gouvernement d’une telle importance gagnent en ampleur au point d’être « tweetés », puis « retweetés » encore et encore.

Et dans un pays où le gouvernement place l’information concernant ses dirigeants sous un contrôle strict, il est d’autant plus remarquable que ce mystérieux utilisateur de Weibo ait pu être capable de relayer quasi-instantanément les diverses localisations de Xi, bien même avant la chaine nationale CCTV :

@央视新闻:神马情况?@学习粉丝团 比我们快,比我们近!

@CCTVNews: Que se passe-t-il? @XuexiFensiTuan est plus rapidement sur les lieux où est [ Xi] que nous!

 

Beaucoup s’interrogent sur la véritable identité de l’utilisateur. Son profil nous apprend qu’il/elle est diplômé(e) de l’université de Xidian, située dans une province du Nord-Ouest, le Shaanxi, d’où est originaire le président Xi. Voici le message que l’on peut lire en haut de la page Weibo [chinois, zh] « Ceci est une communauté où nous aimons exprimer notre soutien et notre appréciation pour Xi. A tous ceux qui ne cessent d’aimer Xi, bienvenue dans notre groupe. »

Afin d’apaiser la curiosité des médias et des internautes, l’utilisateur a, dans un  billet publié le 5 janvier [zh], nié être membre du Parti Communiste Chinois et a rejeté les allégations le disant particulièrement proche de Xi. L’utilisateur a ajouté que les photos de Xi provenaient de diverses sources en ligne ou qu'elles avaient été fournies par des fans locaux de Xi.

Le mot de la fin de l’utilisateur : “Merci à tous, les choses changent et demain sera meilleur.”

Le premier billet a été publié quelques jours après la clôture du 18ème Congrès National du Parti Communiste de Chine, fin 2012, lors duquel Xi a été nommé à la tête du Parti. Il peut se lire comme un message de bienvenue : « C’est la communauté où nous soutenons Boss Xi, vous êtes invités à rejoindre la grande famille des fans de Xi »

Le rédacteur en chef d’un journal chinois affirme que le mystère qui entoure l’utilisateur de Weibo est une preuve plutôt positive de l’intérêt que porte la population à la vie des membres éminents du Parti, qui ne cesse de croître.

@我是朝日:解开“学习粉丝团”身份谜底的人们,这时候一定不反对网络实名认证。至少对这个账号的实名不会反对。其实这个一口一个“习大大”的博主,人们探究她的真实身份,表面上看是网民对这个博主的好奇,其实是对中央最高领导层政治生活面貌的好奇。

Ceux qui veulent résoudre le mystère de Xuexi Fensi Tuan ne s’opposeront peut-être pas au fait qu’il faille être enregistré sous son vrai nom. Au moins, nous pouvons être sûr qu’ils ne s’opposeront pas au fait que l’utilisateur de ce compte doive s’enregistrer sous son vrai nom. En apparence, les gens sont curieux envers l’utilisateur qui écrit sur Xi Dada (en référence à Xi), mais en réalité, cette curiosité concerne plutôt la vie politique des principaux dirigeants.

Slovaquie : Le Premier Ministre veut les Jeux Olympiques d'hiver 2022, les Slovaques sont partagés

mardi 12 février 2013 à 09:20

Tandis que la Norvège [en anglais, en] et la Suisse [en] ont l'intention d'organiser un référendum avant de soumettre leur candidature pour les Jeux Olympiques d'hiver 2022, le devenir de la candidature conjointe de la Slovaquie et de la Pologne semble déjà avoir été arrêté, comme le laissent entendre les déclarations [en] du premier ministre slovaque Robert Fico.

Les dépenses engagées par la Slovaquie pour accueillir les Jeux olympiques étaient initialement estimées autour de 200 millions d'euros, mais par la suite, le ministre des Finances a parlé [en slovaque, sk] de 300 millions d'euros, tandis que d'autres évaluations atteignent presque 500 millions d'euros. Quelques ONG slovaques, parmi lesquelles l'Alliance Fair-Play, et des partis de l'opposition ont demandé la publication d'une analyse des coûts précise et d'une liste des fonds de financement.

L'économiste Richard Ďurana pense que “l’organisation des jeux olympiques est très coûteuse et serait une simple promotion de l’identité nationale à court terme, que seuls des pays riches et irresponsables sont en mesure de financer”.

Imrich Body, membre du groupe extra-parlementaire 99 Percent-Civic Voice [en] (“Voix Civiles à 99 pour cent”), voit dans les Jeux l'énième tentative de “nourrir le gorille” [en], faisant référence au scandale de corruption [en] qui a touché la Slovaquie il y a un an.

Le blogueur Matej Bórik émet les questions suivantes à l'intention du premier ministre :

Comment pouvons-nous nous assurer que nous n'assisterons pas au phénomène des hausses de prix qui s'est produit à Londres, Athènes, Sochi, Vancouver et d'autres grandes villes ? Quelles mesures seront prises si cela se produit ? Avez-vous suffisamment d'économies sur votre compte personnel ?

Samo Marec commente ainsi ce sujet :

Nous avons déjà concouru aux Jeux olympiques – par deux fois […]. Je pourrais être le seul à penser ainsi, mais je crois vraiment que le seul objectif de la candidature aux Jeux est de transférer de nouveau de l'argent public au privé. Comparé à ceux qui ont imaginé cette candidature, Jaromír Ruda [célèbre pour l'échec des Jeux dédiés aux malentendants] [en] paraît être un sordide amateur.

Au contraire, Karol Šebo se montre optimiste :

La Pologne, et non la Slovaquie, occupera un rôle majeur pour convaincre le Comité Olympique International. La Pologne est le pays organisateur d'une édition très réussie du Championnat de football européen ; la Pologne est forte d'un lobby composé de nombreuses organisations dans le monde entier. Sans parler de l'image de Cracovie dans l'imaginaire collectif international. Pour tout cela, je crois que la candidature commune peut gagner, et chaque réussite donne à la Slovaquie la possibilité d'augmenter sa propre visibilité, chose qui ne se produit pas très souvent.

Voici l'opinion de Tomáš Bosák :

Postuler pour accueillir les Jeux aujourd'hui, alors que nous sommes en train de nous serrer la ceinture [à cause des mesures imposées par l'austérité] ? A quoi nous servent les Jeux ? […] Je me demande souvent d'où les divers gouvernements tirent les fonds pour cette parade.

Je me rappelle bien le feuilleton auquel nous avons assisté quand a été construit le petit palais des glaces de Bratislava [it] et comment cela devenait de plus en plus coûteux. Mais désormais, construire un nouvel équipement ne serait pas suffisant. Je ne sais pas, tout ce dont je me souviens ce sont les préparatifs des festivités pour le premier mai. Aucun calcul chiffré, ni document, mais peu importe de toute façon, parce que les gens se divertiront. Et nous aurons l’opportunité de nous faire remarquer.

Enfin, Mikuláš Huba, écologiste récemment élu au parlement, écrit sur son blog :

Il existe une menace réelle pour l'environnement car les monts Tatras ne sont pas les Alpes.

Il n'y a pas d'argent pour les médecins et les enseignants mais il y en a pour les autorités, les politiciens et les sponsors ?

La candidature aux Jeux est une décision trop sérieuse, qui ne peut ni ne doit être prise par une seule personne en un seul jour ; cela requiert un débat long et nourri, pas uniquement au parlement, mais aussi dans la société, comme dans le cas de la Norvège.

Le premier ministre a déclaré ouvertement son sérieux par rapport à la consolidation des finances publiques mais il a aussi fait comprendre quelles sont ses priorités.

Bangladesh : le mouvement Shahbag en 140 caractères

mardi 12 février 2013 à 00:10

Au Bangladesh, à l'heure où le mouvement #Shahbag  [du nom de l'avenue depuis laquelle le mouvement de contestation a pris forme, voir Toutes les routes mènent à Shahbag - en français] prend de l'ampleur, de plus en plus de Bangladais recourent aux réseaux sociaux comme Twitter et Facebook pour organiser leur mouvement. Shopan Awalin livre sur son blog une analyse approfondie [en deux parties] des usages du mot-clé #Shahbag (ou #Shahbagh) sur Twitter à propos des gens, de ce dont ils parlent et ce qu'ils partagent.