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Des étudiants africains de Pékin organisent une veillée pour les victimes kényanes de Garissa

mardi 28 avril 2015 à 06:41
Participants wrote messages and sealed them in envelopes for the families of the Garissa victims.

Les participants ont écrit des messages mis ensuite sous enveloppe pour les familles des victimes de Garissa. Photo Filip Noubel

Un groupe d'étudiants, venant pour la plupart du Kenya, se sont réunis le 18 avril à l'occasion d'une veillée funèbre à la bougie organisée spontanément en hommage aux 147 personnes tuées à l'Université de Garissa le avril 2 avril au nord du Kenya.

Bien que les médias internationaux et chinois aient bien couvert l'actualité sur Garissa, l'intérêt pour cette information s'est rapidement estompé. Comme l'ont remarqué de nombreux observateurs, les réactions ont en général été plutôt tièdes dans le monde surtout si on compare avec des pertes en vies humaines récentes et d'importance similaire.

Ce double manque de visibilité dans le paysage médiatique a incité des étudiants kényans et africains vivant à Pékin à réagir malgré la distance qui les sépare de leurs pays d'origine. Ainsi, le 18 avril, une veillée funèbre a été organisée dans le parc de Chaoyang au centre de Pékin pour rendre hommage aux victimes et à leurs familles.

Une veillée dans une ville qui interdit toute manifestation

Pékin abrite un des plus grands groupes d'étudiants africains qui vivent souvent en dortoirs universitaires et créent des communautés très solidaires qui dépassent les clivages linguistiques ou des pays d'origine. L'idée d'organiser une veillée funèbre pour les victimes kényanes revient à Tebogo Lefifi, la représentante de Brand South Africa pour la Chine. Ce site est en charge de la promotion de l'image de l'Afrique du Sud dans le monde.

Lefifi explique à Global Voices qu'elle a été inspirée “par tous les gens qui sur WeChat [l'équivalent chinois de WhatsApp] se plaignent que le monde ne prend pas les 147 victimes au sérieux.”

De plus, dit-elle, un email d’Africa2.0 Branche Kenya, une fondation qui soutient des initiatives africaines, et qui commentait les évènements de Garissa, lui a rappelé qu'elle fait partie d'une génération tant attendue en Afrique dont la mission est d'instaurer un changement positif. Elle se déclare déçue par la campagne #147isnotjustanumber sur Twitter et dit que cela ne contribuera pas à créer un résultat positif. Par contre, mobiliser les communautés africaines pour exprimer leur soutien aux Kényans est bien plus important.

En fin de compte, la veillée a été organisée par Lefifi et trois autres étudiantes kényanes, dont Tina Kinuthia, qui explique comment l'idée du projet a pris forme:

Nous estimons que les vies des Kényans et des Africains comptent, ceci ne peut être jeté aux oubliettes, nous avons donc créé un groupe sur WeChat où très vite plus de 100 personnes ont aussi partagé le poster qu'on a fait pour la veillée dans leurs propres cercles d'amis. Certains se sont même servis du groupe WeChat pour envoyer des messages qui seront ensuite transcrits sur les cartes à envoyer aux familles des victimes. Mais on a aussi eu des gens dont le but était de saboter cette initiative, et qui disaient qu'on ne devrait rien organiser sans autorisation officielle préalable. On n'avait pas d'argent ou de sponsors et on a décidé de s'organiser de telle manière à ce que la cérémonie se termine en une heure pour éviter tout problème, et de passer à l'acte.

Organiser une veillée du souvenir peut sembler chose facile, mais dans le contexte chinois, toute manifestation publique, même de deuil, est rarement toléré sans une ribambelle d'autorisations officielles. Les étudiants ont donc décidé d'être inventifs et ont conçu l'évènement pour qu'ils puissent exprimer leurs émotions et leurs revendications sans créer d'ennuis aux participants.

Poster for Garissa vigil in Beijing.

Poster de la veillée pour Garissa à Pékin. Photo Filip Noubel

Les organisateurs ont donc annoncé l'évènement sur WeChat et à travers les réseaux traditionnels en demandant aux participants de se réunir en toute discrétion à une des entrées du parc de Chaoyang, un des plus grands parcs situés au coeur du quartier des affaires de Pékin.

En théorie, les rassemblements de moins de 500 personnes ne nécessitent pas l'obtention d'une autorisation dans le parc, alors qu'organiser une veillée même devant l'Ambassade du Kenya ou dans un lieu commercial exigerait de la paperasserie. Une des instructions données dans le groupe WeChat rappelle que:

Visuellement, il faut que ça ait l'air d'un pique-nique dans un parc. Munissez-vous de couvertures.

Un autre participant rappelle que:

D'habitude, autour de 50 personnes se réunissent dans le parc pour faire du yoga et ils n'ont pas besoin d'une autorisation.

Comme l'explique Tina Kinuthia:

On voulait organiser une rencontre en plein air, parce que les autres veillées organisées à Garissa et à Nairobi ont aussi eu lieu en plein air, et on voulait faire quelque chose de spontané.

La veillée a inclus une lecture de poésie composée à cette occasion, une cérémonie à la bougie suivie d'une minute de silence et la préparation de cartes qui seront ensuite envoyées aux familles des 147 victimes au Kenya.

L'impact de la veillée

Around 70 African students gather near an entrance of the park to join the vigil.

Près de 70 étudiants africains se réunissent à l'une des entrées du parc pour participer à la veillée. Photo Filip Noubel

Heureusement, le 18 avril, il faisait beau en fin d'après-midi au moment où les étudiants ont commencé à se réunir près de l'une des entrées du parc de Chaoyang pour rendre hommage aux victimes. Près de 70 personnes, y compris des étudiants africains et chinois, se sont assis dans un coin isolé du parc devant un autel de fortune composé de bougies. Très vite, des étudiants kényans ont prononcé de courts discours exprimant leur douleur mais aussi leurs soucis pour l'avenir de la société kényane. Plusieurs intervenants ont insisté en disant que le Kenya doit dépasser ses divisions et doit apprendre à vivre ensemble malgré ses différences culturelles, ethniques et religieuses.

Ensuite, des poèmes composés en anglais pour cette occasion ont été lus. L'un d'entre eux, écrit par Amina Jarso, une étudiante kényane qui vit à Pékin, dit:

 Son âme voulait s'exprimer,demander quel était son crime, elle voulait le ramener à la raison, si seulement il voulait bien lui octroyer un instant de plus.

Les yeux du garçon injectés de sang par sa colère, les yeux de la fille larmoyants de peur, il lutte pour faire taire sa conscience, elle lutte pour ne pas verser de larmes.

Ils s'arrêtent un instant et respirent ensemble, deux battements de coeur synchronisés, le fusil entre eux n'a aucun battement, un intrus dans leur première rencontre.

Ecoutons de plus près les silences entre les mots non-dits, et rendons aux 147 leurs noms, pour que leur souvenir ne s'efface pas.

Un autre poème lu dit ceci:

Je suis là, la tête baissée, impuissant     Des larmes tombent sur le sol désarmé  147 ce chiffre hante mon esprit me rappelant qu'ils ne seront plus parmi nous

Après cette partie chargée d'émotions, les participants ont été sollicités pour écrire des messages et les mettre sous enveloppe afin qu'ils soient envoyés aux familles des victimes pour porter de l'espoir et rappeler que le monde entier, même à Pékin, ne les oublie pas.

A ce moment, une agente de la sécurité du parc est venue pour annoncer qu'il fallait éteindre les bougies et évacuer cette partie du parc. Un étudiant a essayé de négocier et de gagner un peu de temps pour que la veillée puisse se terminer, mais l'agente est restée présente, et a informé ses supérieurs par walkie-talkie tout en demandant à tout le monde de quitter les lieux.

Regards chinois sur Garissa et sur la veillée 

Il y avait près de 10 participants chinois à la veillée, un mélange d'étudiants, de professeurs et d'amis du Kenya. Tina Kinuthia explique comment certains d'entre eux ont participé à l'évènement:

On a eu un soutien extraordinaire. Une personne qui dirige une agence de voyage a vu un message sur Jinru Feizhou, et s'est proposée à titre volontaire pour traduire le poster et le partager dans sa communauté. C'est comme ça qu'on a pu faire venir des Chinois.

Une des participantes est une ancienne étudiante de Nairobi qui se rappelle encore de certains mots en Swahili et qui dit qu'elle est venue car pour elle:

Nairobi fait partie de ma patrie, et tout ce qui touche au Kenya me concerne

Une autre participante chinoise explique que:

La plupart des gens autour de moi sont choqués, on en a même discuté en classe pour savoir comment empêcher que de telles choses se reproduisent, et quel devrait être le rôle du gouvernement; des universités et des étudiants.

Ainsi que le souligne une des organisatrices africaines:

Les Chinois semblent être bien informés mais sans une plateforme pour partager le deuil et le soutien à l'Afrique, il n'y a pas d'espace pour s'exprimer.

Le groupe WeChat est toujours actif, et cet évènement continue en dehors des discussions en ligne. Le bureau de la branche kényane d'Africa 2.0 va se charger de distribuer les cartes aux familles des victimes et a demandé d'envoyer le poster original utilisé pour l'autel de fortune pour l'accrocher dans leur bureau à Nairobi comme témoignage de la solidarité mondiale.

Une artiste américaine redonne au Népal ses sculptures volées, en peintures

lundi 27 avril 2015 à 16:56
Lakshmi-Narayana - 15th Century Stone, 34 inches. Stolen in 1984 from Narayan Temple, Patko Tol, Patan. Image by Joy Lynn Davis. Used with permission

Lakshmi-Narayana – pierre, 15ème siècle, 86,3 cm. Volé en 1984 du temple de Narayan, Patko Tol, Patan. Image par Joy Lynn Davis. Avec son autorisation.

Katmandou, la capitale du Népal, est un musée à ciel ouvert d'art et de culture. Avec ses innombrables temples, dont sept sites du patrimoine mondial sur la liste de l'UNESCO, la Vallée de Katmandou n'attire pas que les amateurs d'art et les pèlerins religieux, mais aussi les voleurs et trafiquants.

De nombreuses statues multi-séculaires ont été dérobées dans les temples après les années 1950, pas seulement par des trafiquants professionnels, aussi par des expatriés de haut rang et les élites puissantes. Une immense cache d'organes d'animaux sauvages et de sculptures de divinités très anciennes découverte par la police népalaise lors d'une perquisition en 2009 à la résidence de l'aventurier Ian Baker à Katmandou laisse entrevoir l'ampleur des vols et l'implication de grands noms.

Des actions ont été entreprises au cours des années pour documenter le pillage, citons “Lost Images of Nepal” ”Images perdues du Népal] par Lain Singh Bangdel, “Gods are leaving the country: Art theft from Nepal” [Les Dieux quittent le pays : le vol d'oeuvres d'art népalaises] par Jurgen Schick et “Gods in Exile” [Dieux en exil] par Kanak Mani Dixit. Inspirée par ces publications, l'artiste américaine Joy Lynn Davis a visité les sites des vols et enregistré les souvenirs racontés par les gens du cru. Rebondissant sur les travaux de Bangdel et Schick, elle s'est mise à peindre les lieux sacrés d'où les statues avaient été dérobées, et ainsi ‘rapatrié’, selon ses mots, les sculptures volées avec de l'or à 23 carats.

Selon Joy Lynn Davis, l'or symbolise la marchandisation des sculptures inestimables et les fait se démarquer visuellement par ses peintures d'un réalisme photographique – accentuant leur absence.

Joy Lynn Davis est une artiste et scientifique, et fait partie d'un mouvement montant pour la documentation et la restitution de la statuaire népalaise volée

“Souvenirs des sculptures perdues de la Vallée de Katmandou”, une exposition d'art ouverte en ce moment au Nepal Art Council de Katmandou, présente ce précieux travail.

Rappeler ce qui est perdu

Le mouvement de restauration des oeuvres d'art volées est relativement jeune. Dans les années 1980, l'artiste et universitaire Lain Singh Bangdel et l'amateur d'art allemand Jurgen Schick ont entrepris la tâche ardue de documenter les statues perdues. La Huntington Archive à l'Université d'Etat de l'Ohio montre les images photographiées par Lain Singh Bangdel dans son livre “Les images volées du Népal”.

Après avoir vu dans ce livre les photos avant et après de divinités volées, un collectionneur californien a restitué quatre statues en août 1999, et une autre a été rendue depuis Berlin, rapporte le Nepali Times.

Donna Yates, une archéologue qui étude le trafic d'antiquités et la criminalité autour des antiquités et de l'art, a tweeté une photo de cette archive :

Avant et après. Sculpture mutilée lors d'une tentative de pillage. Images perdues et volées : Népal

A l'exposition Davis de Katmandou, des panneaux d'information présentent des photographies historiques des sculptures volées et récentes des sites, ainsi que des renseignements sur les oeuvres dérobées avec des cartes des sites d'origine des vols. L'artiste a précédemment montré ses travaux dans l'exposition ‘Récits de foi et de mémoire : Souvenirs des sculptures perdues de Katmandou’ en 2013 au musée Patan à Lalitpur, au Népal.

Parmi les réalisations de Joy Lynn Davis, il y a une carte et une base de données interactives d'oeuvres volées. Selon le site internet du projet, le contenu en sera bientôt ajouté à la base de donnée d'Interpol d'art volé.

La base de données d'art népalais perdu & volé sera reliée à Interpol. Félicitations à Joy Lynn Davis pour son travail acharné !

Là où les divinités du Népal ont été volées, et où elles sont maintenant. Exposition de Joy Lynn Danvis jusqu'au 22 mai au Nepal Art Council

Davis détaille le projet dans une vidéo sur YouTube :

Grâce à la prise de conscience et à la coopération d'organisations gouvernementales et non-gouvernementales avec les collectivités locales, les objets d'art volés au Népal ont été inventoriés, et beaucoup d'oeuvres ont été restaurées. Plus important, de grandes campagnes ont été lancées pour préserver les temples, monastères, et palais historiques, et autres objets d'intérêt culturel.

L'exposition “Souvenirs des sculptures perdues de la Vallée de Katmandou” est ouverte jusqu'au 22 mai 2015.

Les réseaux sociaux sont la bouée de sauvetage pour les victimes du tremblement de terre au Népal

lundi 27 avril 2015 à 12:38
Rescuers trying to dig out people still suspected to be buried in the ruins of the Hari Shakher Temple in Patan. Photo taken by Kunda Dixit, editor of the Nepali Times. Use with permission.

Les sauveteurs essaient de dégager des victimes probablement ensevelies sous les décombres du temple Hari Shakher à Patan. Photo de Kunda Dixit, rédacteur du Nepali Times, utilisé avec sa permission.

Ta maison vient de s'écrouler. Les gens sont en train de hurler dans la rue. Tu ne peux pas joindre ton frère qui est à l'autre bout de la ville car les téléphones ne fonctionnent plus. Mais tu peux encore poster des messages sur Facebook et informer tes amis sur ta situation, qu'ils soient en Chine ou à New York. Tel est le quotidien à Katmandou depuis le 25 avril, quelques heures après un des pires tremblements de terre qui ait frappé le pays en 80 ans.

Le bilan des victimes ne cesse d'augmenter à chaque heure, dépassant déjà les 2.000, et les habitants essaient de surmonter de nombreux obstacles : de fortes répliques sismiques, des traumatismes, l'angoisse de ne pas avoir de nouvelles de ses proches, la pluie et un gouvernement peu préparé à ce genre de catastrophe. Par contraste, les réseaux sociaux se sont mobilisés très rapidement, et fournissent des informations vitales en dehors des réseaux traditionnels du téléphone et des médias.

Grâce aux bonds de la technologie, l'information est transmise par les rares personnes à Katmandou qui disposent encore d'un accès aux réseaux sociaux internationaux comme Twitter, Facebook et par ceux qui sont en dehors du Népal – les membres de la diaspora népalaise, les spécialistes en aide d'urgence et en réseaux sociaux, mais aussi de nombreux amoureux du Népal (anciens touristes, pèlerins) qui collectent les données pour apporter un appui essentiel aux populations et pour mobiliser les efforts de tout le monde.

Le grand écrivain népalais Prajwal Parajuly a dit à Global Voices via un message Facebook :

On a ressenti le tremblement de terre à Gangtok, au Sikkim, sur une longue période de temps. Ma mère a dit que ce n'était pas aussi long que celui de septembre 2011. On n’ a pu contacter aucun membre de la famille de ma mère à Katmandou, du coup je suis allé sur Twitter pour voir ce qui se passait. C'était affreux — les premières images étaient insoutenables.

Sur le terrain, les nouvelles de la situation au Népal sont aussi commentées par un autre écrivain, Manjushree Thapa, sur sa liste Twitter Népal. Kashish Das Shrestha, travailleur d'une ONG, a posté des photos de la situation dans la rue:

Tremblement de terre historique au Népal ; beaucoup de pertes et de deuils, autant à reconstruire. On espère que le pire est derrière nous. Restez vigilants et à l'abri.

Réactions des communautés de langue chinoise 

La Chine, le grand voisin au Nord du Népal, accorde une grande attention à la catastrophe par l'intermédiaire de ses réseaux sociaux comme Weibo (l'équivalent chinois de Twitter) et Weixin (l'équivalent de WhatsApp, aussi appelé WeChat en anglais) pour plusieurs raisons.

La Chine est sujette à des tremblements de terre majeurs – le dernier en date étant celui de 2008 qui a coûté la vie à près de 90.000 personnes – et celui qui vient de frapper le Népal a aussi causé des victimes au delà de la frontière en régions tibétaines. Les gens sont très sensibles à ce genre d'informations car ils se sentent directement concernés vu les fortes densités de population en Chine.

Ensuite, le Népal est un des rares pays à accorder un visa à l'arrivée pour les touristes chinois – ce qui fait que de nombreux touristes de Chine continentale – plus de 100.000 par an depuis 2013 – visitent le Népal comme touristes, alpinistes, pèlerins bouddhistes et ont noué des liens personnels avec des guides, chauffeurs, managers d'hôtel, propriétaires de magasins, traducteurs, moines et peintres de thangka  [peinture sacrée bouddhiste révérée par les bouddhistes en Chine et ailleurs].

Screen capture from a Chinese Buddhist community public account from WeChat.

Capture d'écran d'un compte public WeChat d'une communauté bouddhiste chinoise.

L'image spirituelle et romantique du Népal a été portée aux nues par un film chinois à grand succès, Up in the Wind [En attendant le vent] en 2013. Mais de nombreux bâtiments historiques et religieux montrés dans ce film ont été détruits.

Le Népal est une destination majeure pour les pèlerins bouddhistes et de nombreux sites bouddhistes et des comptes Weixin affichent des mises à jour et appellent à la prière.

De nombreux touristes se disent inquiets et expriment aussi leur solidarité sur les réseaux sociaux. Ruby, un Taïwanais vivant à Katmandou, maintient une page Facebook avec les dernières nouvelles, et aide les gens à retrouver leurs familles et leurs amis en visite au Népal.

Récemment, l'aéroport de Katmandou a fait la une de l'actualité en Chine lors d'un accident à l'atterrissage d'un vol de la Turkish Airlines qui a bloqué le trafic aérien pendant plus de trois jours, bouchant la seule piste d'atterrissage internationale du pays et bloquant ainsi des centaines de touristes chinois et d'autres pays.

Les réseaux sociaux internationaux réagissent et offrent des solutions 

Des informations sur le tremblement de terre et les répliques sismiques sont accessibles ici et sont rapportées par les habitants de Katmandou sur leurs comptes Twitter:

Cette avalanche de répliques sismiques autour de #Katmandou ces dernières 20 heures est alarmante.

Friend of the newly married couple was looking for them on Facebook.

Un ami de ce couple marié récemment demande de leurs nouvelles sur Facebook.

De façon plus pratique, plusieurs groupes ont été créés pour utiliser les réseaux sociaux et le crowd sourcing afin de retrouver les personnes portées disparues. Google a lancé son Person Finder [Localisateur de personnes] pour permettre aux utilisateurs de déposer un dossier de personnes portées disparues. Mais nombreux sont ceux qui utilisent les réseaux sociaux comme cette page Facebook, où des Népalais et des étrangers qui ont des amis ou de la famille au Népal postent des informations et demandent des nouvelles des personnes qu'ils n'arrivent pas à joindre :

Par exemple, quelqu'un demande des nouvelles d'un couple qui vient juste de se marier:

Et déjà, les gens posent des questions difficiles à affronter:

Plusieurs pays sont en train d'envoyer des troupes et de l'aide pour nous porter secours après le tremblement de terre. Mais qui va se charger de la coordination ??? Qui va décider de la marche à suivre ?? Est-ce que le gouvernement népalais a un plan pur localiser ces troupes ? A-t-il un plan pour la distribution de l'aide ? Il faut réfléchir à cette question.

L'avenir de l'audiovisuel francophone se trouve en Afrique

dimanche 26 avril 2015 à 11:55
“Ensemble, nous deviendrons une force” Capture d'écran de la bande-annonce de “Ady Gasy”, un documentaire les façons joindre les deux bouts à Madagascar, par Lova Nantenaina via YouTube

“Ensemble, nous deviendrons une force” Capture d'écran de la bande-annonce de “Ady Gasy”, un documentaire les façons joindre les deux bouts à Madagascar, par Lova Nantenaina via YouTube

L'audiovisuel francophone a récemment été sous les feux des projecteurs avec le succès du film Timbuktu et du documentaire malgache Ady Gasy. Le marché de l’audiovisuel français étant actuellement en baisse, certains voient en l’Afrique un moyen de relancer la croissance du secteur. Mais si le continent a des atouts pour être un marché d’avenir du développement audiovisuel il a également de nombreuses carences. L’Afrique: terre alternative prometteuse pour l’audiovisuel français ?

[Ce billet est une republication d'un article publié sur Economie Afrique avec la permission de l'auteur de l'article] 

Les prévisions sont unanimes : en 2050, 85% des francophones seront en Afrique. Une population qui y est très jeune et au vue de l’enthousiasme croissant des jeunes générations pour les écrans, les acteurs de l’audiovisuel français ont vite compris tout le potentiel et les promesses de succès de ce marche. Un secteur où tout reste à construire en matière de communication: ordre juridique pour orchestrer son développement, création du câble (quasiment inexistant), développement de l’ADSL…

Les Français ont été dans les premiers à s’installer et à développer le marché. Dès les années 2000, de nombreuses coopérations ont vu le jour, notamment avec les chaînes francophones TV5 ou CanalSat ou bien encore la création d’organe de contrôle comme le conseil supérieur de l’audiovisuel 1. Suivant le pas de ces pionnières, des chaînes françaises ont relevé le défi et tenté de tirer leur épingle du jeu. Ainsi la chaine musicale TraceTV a décidé d’y installer son réseau. Et elle a bien fait ! La croissance fut extrêmement rapide et aujourd’hui l’Afrique représente un tiers de son chiffre d’affaire. La chaîne a même vu bien plus grand en décidant d’étendre son réseau aux mobiles et à la radio.

Malgré ces succès et même si le développement du secteur semble idyllique et promis à une belle réussite pour les candidats, très peu d’entreprises françaises ont osé le pari et, aujourd’hui le secteur est finalement occupé principalement par des entreprises chinoises ou américaines surpris et heureux de trouver la place libre !

Un marché difficile à atteindre pour les français 

Pourquoi une telle hésitation des entrepreneurs français ? Instabilité politique, problèmes de corruption, pénétration économique très compliquée, infrastructures absentes…alors que les français étaient les premiers et historiquement et linguistiquement les mieux places, ils sont aujourd’hui peu nombreux et n’émettent rien d’autres que des signes d’hésitations.

Un problème qui interpelle même les politiques français ! Ainsi, le 11 septembre 2014, alors que l’assemblée nationale française débattait de la stratégie à appliquer pour réintroduire leur audiovisuel sur le marché africain, Bernard Chaussegros suggéra une réinvention du modèle économique : plutôt que de subventionner des organismes et entreprises, « pourquoi ne pas favoriser la coopération entre locaux et groupes français ? ». Cela permettrait, selon lui, une insertion plus rapide. Ainsi, les entreprises françaises apporteraient la structure et les entreprises locales l’action directe.

Mais il semble que les médias français se soient réveillés et ai dépassé leur préjugés. Ainsi, le groupe Lagardère a monté un bureau de production télévisuelle. Canal + a lancé, en octobre 2014, A+, une chaîne consacrée aux contenus africains avec l’ambition de devenir « la grande chaîne africaine ». Suivant son exemple, Euronews va proposer, en 2015, Africanews, une TV d’information multilingue panafricaine.

A l’heure où les économies européennes sont en stagnation l’Afrique semble être le continent où investir pour les compagnies de l’audiovisuel. Mais la croissance n’attend pas, surtout dans les NTIC et, déjà, les places sont chères ! Les Français risquent de regretter cet eldorado perdu et son manque de témérité. Tant pis pour eux !

Manifestation à Strasbourg pour un changement de la politique migratoire de l'Union Européenne

dimanche 26 avril 2015 à 10:53
Je suis un migrant

“Je suis un migrant” Poster lors de la manifestation pour un réforme de la politique migratoire en Europe – photo Suzanne Lehn

La multiplication récente en Méditerranée des naufrages de migrants où les noyades se sont comptées par centaines va-t-elle créer davantage qu'une émotion momentanée ? Un petit rassemblement s'est tenu cet après-midi sur la principale place de Strasbourg, à l’appel du Collectif pour une autre politique migratoire, sous forme de die-in : les participants étaient appelés, malgré une pluie insistante, à rester couchés dix minutes de part et d'autre d'une longue banderole énumérant les noms et circonstances de la mort de 17.306 migrants qui ont péri pendant leur traversée, entre 1993 et 2012. Frontex, l'agence européenne chargée de la sécurité et des frontières extérieures, symbolise la politique de fermeture de l'Europe aux migrants et aux demandeurs d'asile qui continuent malgré tous les obstacles et dangers à y chercher avenir ou simple survie.

Petit photo-reportage :

Liste Die-In

La liste de plus de 17.000 noyés en Méditerranée lors de leur tentative de traversée. Photo Suzanne Lehn

Non à Frontex

Les frêles esquifs des migrants disent “Non à Frontex”. “Die-In” de Strasbourg pour les migrants, 25 avril 2015. Photo Suzanne Lehn

bateaux et corps, naufrages

Petits bateaux et sacs de corps symbolisent les naufrages. Die-In de Strasbourg, 25 avril 2015. Photo Suzanne Lehn

 

Die-In

Die-In : Manifestants couchés 10 minutes à côté de la liste des victimes. Strasbourg 25 avril 2015. Photo Suzanne Lehn

Le collectif d'associations et d'ONG Migreurop a déploré dans un communiqué du 24 avril, annonçant de nouvelles actions :

En ce mauvais jour du 23 avril 2015, le Conseil européen qui devait enfin « agir » sur une situation « dramatique » en Méditerranée, s’est contenté de tenter de mettre l’Union européenne et ses États membres à l’abri des migrants en renforçant la protection de ses frontières.

A ces milliers d’êtres humains, femmes, hommes et enfants qui risquent la mort, et souvent la trouvent, en tentant de rejoindre des lieux pour se reconstruire et vivre, les chefs de gouvernement européens, réunis à grand bruit, n’ont eu qu’un seul message à leur envoyer : « Sécurité ! ». Ils n’ont pas cherché à sortir d’une concurrence entre les Etats membres, essayant chacun de prendre le moins possible des migrants après avoir rejeté tous les autres. Quant au mot « accueil », il ne fait pas partie du vocabulaire des chefs de gouvernement.

Le Sommet extraordinaire du Conseil Européen le 23 avril à Bruxelles, ne fait que refléter la réalité de l'absence de solidarité agissante entre les pays membres de l'Union Européenne dans le domaine des migrations : ils refusent de déléguer cette compétence aux institutions de l'Union et s'accrochent à leurs politiques nationales. Que pèsera le message de ces clandestins [anglais] manifestant à Bruxelles pour que soit donné priorité à l'humanitaire sur le sécuritaire ?