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Le chanteur Akon soutient le développement en Afrique sans campagnes caritatives

vendredi 12 décembre 2014 à 20:45
Akon in West Africa for his electrify project with permission

Akon en Afrique de l'ouest pour son projet d'électrification – Photo utilisée avec autorisation

Depuis la première initiative Live Aid organisée par Bob Geldof et une bande d'amis célèbres au milieu des années 80, l'Afrique a connu beaucoup de célébrités mondiales désireuses d'aider le continent. La plupart de ces initiatives, cependant, sont bien loin d'atteindre leurs objectifs déclarés.

Pour beaucoup de gens en Afrique, l'épidémie Ebola a clairement mis à jour l'écart existant entre les campagnes de sensibilisation des célébrités et les réalités de terrain ; terrain sur lequel les “initiatives parachutées” par les stars occidentales échouent après de courts communiqués dans l'actualité internationale. Jusqu'à présent, les limites du travail humanitaire de telles célébrités— le travail humanitaire des occidentaux en général—ont été bien documentées.

Le remake du tube de “Band Aid 30″, “Do They Know It's Christmas [est-ce qu'ils savent que c'est Noël],” par exemple, fait peu pour faire connaître — ni même reconnaître— le rôle des Africains dans la lutte contre Ebola.

Comparée à la chanson “Africa, Stop Ebola,” créée par des artistes africains, notamment Tiken Jah Fakoly, Amadou et Mariam ainsi que Salif Keita, il est difficile de nier la différence de ton. 

En dépit des bonnes intentions de Band Aid 30, les africains ont longtemps été offensés par le ton paternaliste de l'adaptation de la chanson “Do They Know It's Christmas” [est-ce qu'ils savent que c'est Noël]. (La version réactualisée de la chanson inclut des paroles comme, “Là où un baiser donné avec amour peut vous tuer et là où la mort se trouve dans chaque larme,” “Eh bien ce soir, à notre tour, nous nous tournons vers vous et nous vous touchons” et ainsi de suite.) D'autre part, les paroles de la chanson Africa Stop Ebola mettent l'accent sur ce que les habitants dans la région affectée peuvent faire pour stopper la propagation d’ Ebola. La chanson est interprétée en français et dans les langues vernaculaires (Haoussa, Peul, etc.) largement parlées à travers la région pour s'assurer que le message est compris par la majorité de la population de la région affectée.

Au milieu de la campagne de Band Aid 30 et de ses critiques à rebrousse-poil en Afrique, une initiative bien moins connue fait son chemin : un projet du chanteur américain Akon, qui a des attaches familiales au Sénégal, pour aider l'électrification en Afrique de l'ouest.

Akon, dont le nom complet est Alioune Damala Bouga Time Bongo Puru Nacka Lu Lu Lu Badara Akon Thiam, a passé la plus grande partie de son enfance au Sénégal et a été classé cinquième personnalité la plus influente en Afrique en 2011 (sur une liste de 40 noms). Dans une vidéo sur Vimeo, Akon explique son projet d'électrification :

Il ajoute :

Le manque d'électricité est actuellement un problème majeur en Afrique. Un nombre conséquent de foyers en zones rurales et même urbaines n'a pas accès à l'électricité. C'est un réel obstacle au développement durable de l'Afrique.

Dans cette perspective et dans le cadre d'un partenariat public-privé, une alliance a été signée entre des sociétés privés et les gouvernements de plusieurs pays africains pour soutenir l'initiative. Le projet consistera à installer des équipements solaires dans les foyers et à favoriser l'autonomie énergétique, ce qui permettra aussi à des millions d'enfants d'avoir accès à l'électricité et d'améliorer leur éducation en rallongeant les heures consacrées à l'étude.  

Le projet d'Akon est planifié pour du long terme, ce qui le distingue des soutiens ponctuels réalisés en Afrique qui, habituellement, nécessitent de grandes campagnes de publicité. Le travail d'Akon n'est pas orienté vers un public occidental et ce n'est pas une campagne de sensibilisation. Il effectue actuellement un long voyage à travers l'Afrique de l'ouest, où il rencontre des entrepreneurs locaux et des décideurs politiques. Il visitera neuf pays différents : le Sénégal, le Mali, la Guinée Conakry, la Gambie, le Burkina Faso, la Guinée équatoriale, le Gabon, le Congo et la Côte d'Ivoire.

En Guinée, Akon a rencontré des étudiants à l'université Gamal Abdel Nasser à Conakry et a indiqué:

Je suis aussi un homme d'affaires mais je veux faire des affaires qui profitent à l'Afrique [..] toutes les ressources nécessaires au développement de l'Afrique sont à la disposition du continent, et tout ce que les africains doivent faire c'est de prendre les commandes. 

A Cotonou, au Bénin, Arnaud Dounhmanmoun écrit:

Au Bénin, une phase expérimentale a déjà eu lieu et c’est le village Avlo à Grand Popo qui a été retenu.L’artiste procèdera à la réception des matériels, Il s’agit des kits solaires pour les ménages ainsi que les lampadaires solaires pour l’éclairage public.

Au Mali, Modibo Fofana, dans le Journal du Mali, indique qu'Akon contribue également au changement de l'image de l'Afrique auprès des investisseurs, malgré la crise Ebola :

Après une visite en Guinée, Akon est arrivé au moment où le Mali a connu le premier cas. Selon Akon, la médiatisation à outrance de cette maladie en Afrique contribue à ternir son image. “C’est à nous de changer l’image de l’Afrique. Quand les gens voient que je suis au Mali malgré l’annonce d’Ebola, cela va rassurer les autres.”

Bien qu'il soit trop tôt pour dire si l'approche d'Akon portera plus de fruits que la surenchère de l'initiative Band Aid, au moins il s'est focalisé sur le potentiel de l'Afrique pour assurer son développement de manière autonome plutôt que d'attendre les hypothétiques sauveurs occidentaux.

La chute de la monnaie géorgienne en images photoshoppées : Il faut sauver le soldat Lari

vendredi 12 décembre 2014 à 00:01
The Georgian lari has seen better days. Wikimedia.

Le lari géorgien a connu des jours meilleurs. Wikimedia.

La dépréciation spectaculaire de la monnaie nationale de la Géorgie, le lari, fait douter de la santé de l'économie du pays, et les consommateurs craignent les hausses de prix sur les produits de base. Le lari a chuté de 2,86 % par rapport au dollar américain le 5 décembre, pour tomber à approximativement deux laris pour un dollar, son taux de change le plus bas depuis plus d'une décennie.

Les Géorgiens, aussi inquiets soient-ils de la glissade de leur monnaie, ont fait preuve sur Internet de leur humour noir caractéristique en s'appropriant un rappeur américain, un tableau national emblématique et une superproduction hollywoodienne pour illustrer les mésaventures du lari.

Le directeur de la banque centrale de Géorgie, Giorgi Kadagidze, a prononcé le 5 décembre un discours télévisé dans lequel il a attribué la dégringolade monétaire à des facteurs à la fois “extérieurs et intérieurs”. Au premier semestre 2014, les investissements étrangers directs ont baissé de 9,6 % par rapport à la même période de l'année précédente. En même temps, les versements de Géorgiens de l'étranger, qui font une bonne partie des recettes de la balance des paiements, ont décru ces derniers mois par rapport à 2013. La plus grande diminution provient de Russie, dont le rouble se déprécie lui aussi rapidement.

Le directeur régional pour le Sud-Caucase de la Banque Mondiale, Henry Kerali, postule que la dépréciation peut être attribuée en partie à la demande saisonnière accrue pour le dollar américain, aussi bien qu'aux événements en Ukraine. Les exportations géorgiennes vers l'Ukraine ont faibli ces derniers temps, même si le nombre de touristes est en hausse.

Une dépréciation similaire l'an dernier avait provoqué une hausse des prix alimentaires en Géorgie, importatrice nette pour sa nourriture. De plus, le dollar est fréquemment privilégié pour des transactions comme le paiement des loyers ou la vente de voitures d'occasion.

Quand le lari a entamé sa descente vendredi, les utilisateurs de médias sociaux ont posté une image retouchée du désormais obsolète billet de un lari, sur lequel ils avaient remplacé l'image du peintre géorgien Niko Pirosmani par le visage du ministre des Finances Nodar Khaduri. L'inscription ‘un lari’ a été aussi changée, en ‘choilari’ – une injure locale qu'on peut traduire approximativement par ‘gogo’ ou ‘chiffe molle'.

One Lari Note Featuring Finance Minister Khaduri's Face

Khaduri et le lari. Image virale partagée sur Facebook.

Dès qu'on a su que le dollar était monté à deux laris, à la figure de M. Khaduri s'est substitué le rappeur étatsunien 50 Cent, reflétant la nouvelle valeur de la monnaie géorgienne.

50 Cent on the One Lari Note Reflects its Real Value

Curtis Jackson, alias 50 Cent, est devenu l'emblème de la glissade du lari géorgien. Image largement diffusée.

Sur cette image du billet de deux-cents laris, le commandant anti-bolchévique géorgien Kakutsa Cholokashvili verse une larme sur la dépréciation monétaire actuelle.

Kakutsa Cholokashvili Weeps at the Recent Currency Dip

Cholokashvili éploré. Image virale partagée sur Facebook.

Une autre image du billet de 10 laris, représentant la figure emblématique de la Mère d'Imereti de la peinture de Davit Kakabadze, la montre sortie du billet avec l'inscription : ‘le lari n'a plus de mère’, que l'on peut aussi traduire par ‘le lari est dans un triste état'. 

The Lari 'No Longer has a Mother'

Le tableau de Kakabadze est un joyau du patrimoine de la Géorgie. Image virale partagée sur Facebook.

D'autres images ont émergé, qui s'amusent de la crise du lari. Celle-ci part d'une affiche célèbre de film d'Hollywood avec pour titre ‘Il faut sauver le sodat Lari, un film de Nodar Khaduri’.

'Saving Private Lari'

Qui sauvera le lari ? Image virale partagée sur Facebook.

Une autre, parodiant une scène du film Il était une fois en Amérique, montre une pièce de un lari écroulée, disant ‘Pardonne-moi Nodar [Khaduri] …. j'ai glissé…’

Le lari a ‘glissé’ dans cette scène fameuse de ‘Il était une fois en Amérique'. Viral image shared on Facebook.

Simultanément, le dram de l'Arménie voisine a également baissé par rapport au dollar, reproduisant la récente dépréciation du rouble russe. En Géorgie, la banque centrale a appelé au calme, en assurant aux citoyens inquiets que les fondamentaux économiques du pays étaient assez solides pour survivre au crash monétaire sans augmentation dramatique de l'inflation. Le lari devrait se stabiliser la semaine prochaine, et l'inflation anuelle est attendue à 3,5 % environ. 

Rompons le silence: campagne en faveur des activistes des droits de l'homme emprisonnés

jeudi 11 décembre 2014 à 00:28
Campaign images by Kalie Taylor and Hugh D'Andrade.

Visuels de la campagne par Kalie Taylor et Hugh D'Andrade.

[Sauf indication contraire les liens dirigent vers des pages en anglais]

Le 10 décembre, journée internationale des droits de l'homme, c'est l'occasion pour tous de se souvenir de nos nombreux amis qui ont rompu le silence de l'oppression en s’exprimant, en posant des questions, et en ayant une pensée constructive et positive sur la manière de régler les problèmes qu'ils affrontaient.

Aujourd'hui nous nous souvenons en particulier de Alaa Abd El Fattah[fr] et de Bassel Khartabil[fr] (aka Bassel Safadi), deux amis qui purgent des peines de prison arbitraires, qui menacent leur avenir, pour avoir été des penseurs libres et innovants du monde arabe. Bassel est emprisonné en Syrie depuis mars 2012, et Alaa a été emprisonné plusieurs fois en Egypte depuis l'ère Mubarak.

Aujourd'hui, avec nous, rompez le silence en participant à une campagne globale en faveur de Alaa, de Bassel et de toutes les personnes emprisonnées injustement en raison de leur activisme.

Avec nous soutenez nos amis emprisonnés:

Bassel "Safadi" Khartabil. Photo by Joi Ito via Flickr (CC BY 2.0)

Bassel “Safadi” Khartabil. Photo de Joi Ito sur Flickr (CC BY 2.0)

A propos de Bassel

Bassel est né et a été élevé en Syrie où il est devenu un spécialiste du développement de logiciels open-source. Il est le co-fondateur de la société de recherche collaborative Aiki Labs, et a été directeur technique de Al-Aous, un institut d'édition et de recherche spécialisé en archéologie et en art en Syrie. Il a été chef de projet et responsable de Creative Commons[fr] en Syrie, et il a participé à Mozilla Firefox[fr], Wikipedia[fr], Openclipart[fr], et Fabricatorz. Parmi ses derniers travaux on peut noter la reconstitution en 3D de l'ancienne cité de Palmyre[fr] en Syrie.

En novembre 2012, Foreign Policy a nommé Bassel l'un des 100 meilleurs penseurs globaux du monde. Bassel est un expert en technologie informatique qui voulait aider son pays en mettant en place de nouvelles technologies sur internet pour les universités, le monde des affaires et la société civile. La journée des droits de l'homme est le 1000ème jour de Bassell passé en prison.

Alaa Abd El Fattah with his wife, Manal Hassan. Photo by Lilian Wagdy via Wikimedia Commons (CC BY 2.0)

Alaa et Manal. Photo de Lilian Wagdy sur Wikimedia Commons (CC BY 2.0)

A propos d'Alaa

Alaa Abd El Fattah est un activiste égyptien, blogueur, et défenseur des logiciels libres qui a passé une grande partie de ces trois dernières années en prison. Tout d'abord emprisonné en 2006 sous le régime de Mubarak, Alaa a régulièrement été emprisonné depuis 2011 sous de fausses accusions liées à son activisme influent de longue date. En décembre 2011, étant en détention [fr], il n'a pas pu assister à la naissance de son fils.

En juin 2014, il a été condamné par contumace à 15 ans de prison -bien que présent à l'extérieur de la salle d'audience.

Libéré sous caution pour une courte période en septembre, Alaa a de nouveau été arrêté le 21 octobre. Le 18 novembre il a une fois de plus fêté son anniversaire, ses 33 ans, à la prison Torah du Caire. Il a le droit de sortir de sa cellule une heure par jour et n'est pas régulièrement autorisé à sortir à l'air libre. Le 10 décembre il a entamé son 38ème jour de grève de la faim.

La soeur d'Alaa, Sanaa Seif, a été condamnée  à 3 ans de prison pour violation de la loi égyptienne contre les manifestations.

Signatures: (Signez la pétition!)

VIDEO : un projet de mega barrage au Laos inquiète le Cambodge

mercredi 10 décembre 2014 à 07:45

L'ONG EarthRights International a mis en ligne une vidéo expliquant les menaces que représente la construction d'un méga barrage au Laos pour les populations vivant en aval sur le Mékong au Cambodge, pays voisin du Laos.

VIDEO : une tribu amazonienne manifeste contre la construction d'un barrage hydroélectrique

mardi 9 décembre 2014 à 22:28

Les populations autochtones de l'ethnie Munduruku luttent contre la construction du barrage de São Luiz do Tapajós dans l'Etat de Pará au Brésil. Le barrage devrait provoquer l'inondation de 700.000 km² de leurs terres.

Le gouvernement fédéral brésilien prévoit de construire jusqu'à 5cinqbarrages sur la rivière Tapajós, où vivent des dizaines de communautés indigènes. Comme le barrage de São Luiz do Tapajós, la construction de celui de Jatobá devait débuter en 2015, mais face aux difficultés socio-environnementales le début des travaux pourrait être reporté au moins à 2020. Le coût de construction des deux barrages s'élève à 7 milliards de dollars US.

Les Munduruku font valoir qu'ils n'ont pas été consultés sur le projet. Depuis de nombreuses années, les Munduruku de la commune de Sawré Maybu, directement touchés par la construction du barrage de São Luiz do Tapajós, font pression sur le gouvernement fédéral pour borner leurs terres. Ce bornage créerait un obstacle légal à la poursuite du projet de barrage.

Le documentaire suivant est produit par le vidéaste Nayana Fernandez.