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L'opposition russe veut tester la popularité de Poutine en mars

vendredi 6 février 2015 à 14:17
Images edited by Kevin Rothrock.

Illustration Kevin Rothrock.

L'opposition politique russe fait face ces derniers temps à une sorte de siège, sans cesse repoussée à la périphérie par la vague de patriotisme qui se répand à travers le pays.

Le président Vladimir Poutine, de son côté, surfe sur une popularité que n'importe qui peut lui envier – du moins, si l'on en croit un sondage du “Centre Levada”. Suite à sa décision d'annexer la Crimée, en mars 2014, la cote de popularité de Poutine s'est envolée jusqu'à flirter avec les 85% – et elle se maintient depuis à ces hauteurs.

Cependant, l'année qui commence pourrait bien apporter à Poutine plus de problèmes que ne le laisse croire cette cote astronomique.

La chute des prix du pétrole et les sanctions occidentales liées à la situation en Ukraine ont contribué à un ralentissement de l'économie russe. Le mois dernier, la Banque mondiale a corrigé les prévisions pour le PIB russe de 2015 à la baisse : – 2,9%. La rébellion largement liée au Kremlin qui couve à l'est de l'Ukraine s'est réveillée [en anglais] de nouveau au milieu de l'hiver, provoquant toujours plus de morts et de destruction.

Sans doute dans le dessein de tester la solidité du soutien à Poutine à la lumière des derniers événements, l'opposition russe a dévoilé son projet de lancer le 1er mars une marche “anticrise”.

Alexeï Navalny et sa femme Ioulia. 12 juin 2013. Photo P. L. Bogomolov, CC 3.0.

Le 27 janvier, le leader de l'opposition Alexeï Navalny a publié sur son site  un appel aux Russes à se joindre à lui pour manifester “sous le drapeau russe” le 1er mars. Il ajoute que toutes les démarches administratives indispensables seront remplies pour que cette marche représente un événement-sanction dans le centre de Moscou, pour lequel il prévoit 100 000 personnes.

Pour le moment, la marche est sponsorisée par les groupes d'opposition suivants : le propre parti de Navalny, le Parti du progrès, le RPR-Parnas (c'est sous cette étiquette que Navalny s'est présenté aux élections municipales à Moscou en 2013), le Parti du 5 décembre et Solidarnost.

Suivant les déclarations de Navalny, cette marche “anticrise” se fera en soutien à une série de mesures qui forment “une base pour une plateforme positive autour de laquelle nous pouvons tous nous réunir… [et] sans quoi la Russie ne pourra pas sortir de la crise”. La liste porte un certain nombre de revendications :

Revendications de la Marche anticrise de “Printemps” du 1er mars 2015

Le régime en place, nourri pendant des années par l'argent du pétrole, a mené le pays dans l'impasse et se trouve en faillite complète. Poutine et son gouvernement sont inaptes à sortir le pays de la crise et doivent s'en aller. Nous exigeons l'adoption de mesures anticrise qui soient soutenues par la population et par un large front de forces politiques.

Revendications politiques:

  • La libre inscription sur les listes électorales pour les partis et candidats d'opposition. Tenue d'élections équitables, formation de nouvelles commissions électorales représentatives de tous les participants.
  • La cessation immédiate de la guerre et de toutes formes d'agression envers l'Ukraine.
  • Les fonctionnaires notoirement corrompus tels les frères Rotenberg et Timchenko ou encore les Setchine, Serdioukov et Iakounine doivent être traduits en justice. Nous exigeons que soit pris un décret contre l'enrichissement illégal des fonctionnaires.
  • Arrêter la propagande hystérique dans les médias et supprimer la censure. Pour commencer, accorder à l'opposition une heure d'antenne par semaine sur l'une des chaînes principales de télévision
  • La libération immédiate de tous les prisonniers politiques.
  • La Russie a besoin d'une réforme de la justice qui garantisse une véritable indépendance des magistrats.
  • Le système de gestion de chaque ville et village depuis le Kremlin a montré son indigence. Le pays a besoin d'un pouvoir décentralisé. 

Revendications socio-économiques:

  • Réduire de moitié les pléthoriques revenus militaro-policiers (le tiers du budget fédéral) et affectation des moyens ainsi libérés au développement du capital humain — ils serviront à financer la santé et de l'éducation .
  • La suppression des inutiles “contre-sanctions” économiques, cause de la hausse des prix des denrées alimentaires.
  • La redistribution des moyens aux régions et aux collectivités locales pour financer les infrastructures sociales et communales.
  • L'arrêt de la perfusion de centaines de milliards aux compagnies pétrolières(Rosneft, VEB, VTB et autres Gasprombank).
  • L'annulation des décrets des saisies des fonds de pension.

Nous appelons chacun à se joindre à la Marche anticrise sous le drapeau national de la Russie.

Les personnalités d'autres partis de l'opposition qui sponsorisent cette marche en font elles aussi la promotion sur Internet.

Léonid Volkov, un des partenaires de Navalny, a créé une page Facebook pour l'événement. (6 000 personnes ont déjà annoncé leur participation). Des pages ont aussi été créées sur VKontactié pour  Moscou (320 abonnés) et  Saint-Pétersbourg (256 abonnés). Sur Facebook existe aussi une page pour la marche à Saint-Pétersbourg (215 participants).

Boris Nemtsov, leader de Solidarité et coprésident du RPR-Parnas, a écrit sur Facebook que la responsable de la crise en Russie n'est autre que la politique de Poutine, et présente la même liste de mesures “anticrises”, proclamant que “[ces] revendications ne pourront être ignorées” si au moins 100.000 à 150.000 personnes manifestent. L'appel de Nemtsov a aussi été publié sur son blog sur le site de la radio “Echo de Moscou”.

L'autre coprésident du RPR-Parnas et ancien Premier ministre russe Mikhaïl Kassianov a publié la liste des mesures “anticrises” sur son site et appelé à manifester le 1er mars dans son “Live Journal”,en ces termes:

Poutine n'a plus rien à proposer au peuple russe, hormis sa complaisance pour une soif de revanche post-soviétique, d'impérialisme, de nationalisme, de morgue et de haine contre le monde civilisé.

Le système Poutine est carbonisé, “la capitalisme de copinage” a fait faillite. Poutine doit s'en aller avec le système qu'il personnifie, et qui est devenu l'obstacle principal au développement du pays.

Mon plan est simple et clair. C'est un plan pour une sortie constitutionnelle de cette situation.

Ce plan propose un rôle clé à Poutine. Son équipe et lui doivent comprendre qu'il faut qu'ils s'en aillent, et ce de manière constitutionnelle. Ce qui veut dire via des élections. Les dates de ces élections sont fixées par la Constitution. Soit décembre 2016, élections fédérales à la Douma d'Etat, et mars 2018 – élection présidentielle. Ces points de rupture jalonnent un chemin réel pour un changement de situation. Quant au pouvoir actuel, il lui est possible de construire une stratégie de départ, de départ normal, et c'est maintenant, en 2015, qu'il doit absolument le faire.

 

Kassianov appelle également le Kremlin à cesser toute répression, à prendre des mesures pour renforcer la société civile et à faire moins de propagande hystérique à la télévision. Ces préliminaires, ajoute Kassianov, prépareront le pays à choisir un nouveau gouvernement lors des prochaines élections présidentielles.

Kassianov reconnaît que son plan ne va pas de soi, mais affirme que des manifestations massives peuvent obliger le pouvoir à s'y conformer et, en conséquence, peuvent être la “clé” d'un changement pacifique et constitutionnel de gouvernement en Russie. Kassianov termine son post en appelant tous “les gens sensés et responsables” à se joindre à lui dans la rue, le 1er mars.

Les manifestants en grand nombre que les leaders de l'opposition espèrent voir dans la rue le 1er mars ne s'y sont trouvés qu'une seule fois dans la Russie de Poutine, pendant les manifestations de l'hiver 2011-2012, et on ne voit guère comment la marche “anticrise” pourrait mobiliser autant de participants et d'organisateurs d'ici le mois prochain.

Cette manifestation sera cependant un bon moyen de quantifier le soutien de la population à ces mesures “anticrises” clairement définies par les leaders de l'opposition. De nombreux points s'inscrivent en net contraste avec la politique actuelle du Kremlin et semblent formulés dans le but d'exploiter une fissure potentielle dans la popularité de Poutine, à la lumière des récents développements de l'économie et de la politique internationale.

Fancy Galada de Capetown chante pour guérir et pour guérir les autres

vendredi 6 février 2015 à 06:11

Cet article ainsi qu'un reportage radio de Jeb de Sharp pour The World (Le monde) s'inscrit dans le cadre du projet Across Women's Lives (A travers la vie des femmes) paru à l'origine sur PRI.org le 14 Janvier 2015. Il est republié dans le cadre d'un accord de partage de contenus.

Si vous vous arrêtez à la Ferryman’s Tavern sur le front de mer au Cap en Afrique du Sud le samedi après-midi, il y a des chances que vous trouviez un groupe local de musiciens, jouant pour une foule débordante. Certaines des chansons sont originales, d'autres sont des reprises de vieilles chansons favorites. Mais elles sont toutes chantées avec une  énergie si contagieuse, pleine d'espoir qu’ il y a de fortes chances que vous ne soyez pas capable de continuer à marcher sans vous arrêter.

http://www.pri.org/node/71471/popout 

Le groupe mixte est appelé Masala, et sa chanteuse est Fancy Galada. Elle dit que chanter l'a guérie. “Je vais parfois sur scène avec des malaises, mais quand j'entonne les notes, je chante, je touche quelqu'un, et je guéris.”

La foule semble lui apporter ce pouvoir de guérison, et cela se vérifie dans un lieu où il a tant de blessures. Fancy a grandi dans un township appelé Langa, juste aux abords de Cape Town, au plus fort de la lutte contre l'apartheid. Elle se souvient des soldats faisant irruption dans sa maison en mettant un pistolet sur sa poitrine quand elle n'avait que 12 ans. Ils étaient à la recherche d'armes.

 ”Ils nous ont terrorisés”, dit-elle. ”Ce souvenir est toujours là dans mon cœur.”

La mère de Fancy travaillait comme femme de ménage et nounou pour des familles blanches et devait laisser ses propres enfants à la maison pendant ce temps. Leur père était absent et, étant la plus grande, Fancy devait assumer de nombreuses responsabilités familiales.

“J'ai appris à cuisiner mon premier [repas] à 10 ans, [ma mère] m'a appris, et elle avait créé un petit tabouret pour que je puisse atteindre la poêle et cuire,” dit-elle.

“Je suis une mère d'abord,” dit-elle. ”C'est ma première priorité, mes deux filles. Elles ont fait de moi la personne que je suis. Elles m'ont ramenée à la réalité, en me restituant ma sensibilité en tant que personne, en me faisant travailler plus dur. Elles me rappellent la façon dont ma mère m'a élevée “.

Posez des questions à Fancy sur les droits et le statut des femmes en Afrique du Sud aujourd'hui, et vous entendrez de belles.

“Nous avons encore cette bataille à mener, si nous voulons être entendues en tant que femmes,” dit-elle. ”Hier, j'ai vu ce gars battre une femme.”

Mais ce qu'elle dit ensuite me surprend.

“Je me sentais tellement désolée pour lui. Parfois, ils vont à un endroit où ils ne sont pas censés aller. Je me suis sentie désolée pour cette femme aussi. Nous avons grandi dans un endroit où la valeur d'une femme était très faible. Elles n'étaient pas été considérées comme des personnes. Nous ne pensions pas que les femmes avaient une valeur. Notre société est en train de changer, mais le combat continue. “

Comme il en va de la chanson de Fancy Galada.

Les reportages de Jeb depuis le Cap ont été réalisés en collaboration avec la journaliste sud-africaine Kim Cloete.

Après 29 ans au pouvoir, le président ougandais Museveni ne quittera pas son poste

vendredi 6 février 2015 à 05:51
Uganda's president Yoweri Museveni. Photo released under Creative Commons by Russell Watkins/Department for International Development UK).

Le président ougandais Yoweri Museveni. Photo publiée sous  licence Creative Commons par Russell Watkins/Département pour le développement international du Royaume-Uni).

Soixante-dix pour cent des Ougandais sont âgés de moins de 29 ans. Ce qui signifie qu'ils ont vu un seul président depuis leur naissance. Le 26 janvier 2015, le président ougandais Yoweri Museveni et son Mouvement National de Résistance (NRM) ont célébré 29 années au pouvoir. Cette journée a été constituée en ‘journée de libération’ pour marquer le jour où le NRM a pris le pouvoir après une lutte armée de cinq ans contre les gouvernements répressifs.

Le président Museveni vise déjà un sixième mandat présidentiel. Des panneaux d'affichage érigés par son parti qui soutient son intention de continuer à gouverner le pays sont partout dans la capitale Kampala. Pour recueillir le soutien de la population pour son intention de se présenter à nouveau, Museveni a été vu en train de distribuer des enveloppes brunes d'argent aux pauvres lors des rassemblements publics, chose qu'il a déjà faite dans le passé. Il a été raillé par les Ougandais, pour utiliser la trésorerie nationale comme son guichet automatique (GAB).

Pour de nombreux Ougandais, la célébration de la journée de libération était une occasion pour faire le bilan de gouvernance du NRM et de ses promesses, faites lorsqu'ils sont arrivés au pouvoir.

George Ayittey, un professeur d'économie ghanéen et président de Free Africa Foundation à Washington DC, a rappelé au reste du monde ce que Museveni a dit lorsqu'il est devenu président de l'Ouganda en 1986:

En 1986, le président Museveni nous a dit, “Aucun président africain ne devrait être au pouvoir pendant plus de 10 ans.” Il est lui-même toujours là 29 ans plus tard.

Le journaliste ougandais Benjamin Rukwenge est lassé des utilisateurs de Twitter qui se plaignent au lieu de faire quelque chose à propos de la situation:

Quels que soient vos opinions, vous ne pouvez pas discuter avec l'Histoire. Le #NRM a accumulé beaucoup de points positifs durant ses 29 ans. Ne vous plaignez pas, rectifiez les erreurs. #JourneeDeLiberation

 Edgar Mwine, un diplômé en économie au chômage, a cité l'avocat, analyste politique et entrepreneur Godber l'Tumushabe:

“C'est insultant pour l'intelligence des Ougandais de dire que 29 années du régime de Museveni sont un succès” @godbertumushabe #HotSeat

Museveni a déclaré dans un discours qu'il ne donnera jamais le pouvoir à l'opposition, qu'il appelle ‘les lloups', parce qu'il a le soutien de l'armée. Commentant un article sur ce discours sur le site du Daily Monitor, “Kabindist” a écrit:

So its official.There is no democracy in Uganda.Its about Museveni and his Army.So,all these years when he said he needed more time to professionalize the Army,he meant brain wash it to do his bidding.Term limits,age limits and all the above are but play things for Kaguta.He believes his day will not come.With his NRM wolves the country is already torn apart and like a greedy wolf he wont let go.Who is he lying to?

Donc, c'est officiel. Il n'y a pas de démocratie en Ouganda. Il s'agit de Museveni et de son Armée. Alors, toutes ces années, quand il a dit qu'il avait besoin de plus de temps pour professionnaliser l'Armée, il voulait dire laver son cerveau pour qu'elle se plie à toutes ses volontés. Les limitations de mandats, les limites d'âge et tout ce qui précède ne sont que des jeux pour Kaguta. Il croit que son jour n'arrivera pas. Avec ses loups du NRM le pays est déjà déchiré et comme un loup avide, il ne lâchera pas prise. A qui ment-il?

Commentant le même article, Bishanga Paul a averti Museveni:

Gadafi had a strong Army and was csupported by the people who later got disgusted and dragged him through the city to see him off the country of Libya forever.

Kadhafi possédait une armée puissante et était soutenu par le peuple qui a été, par la suite, dégouté et l'a trainé à travers la ville pour le voir quitter la Libye pour toujours.

Et pour enfoncer le clou, le Daily Monitor a publié une caricature :

CARICATURE: Aujourd'hui marque les 29 ans de la prise du pouvoir par le NRM @chrisatuk #NRM29

Dans ses critiques contre Museveni, Charles Onyango Obbo, rédacteur en chef du Mail & Guardian Africa, a comparé Museveni au chef de l'Armée de résistance du Seigneur, Joseph Kony:

To begin with, Kony and Museveni are the longest serving post-1986 leaders of their respective organisations. Counting from when he came to power, Museveni has been leader of NRM, president and commander-in-chief for 29 years. Kony effectively became leader of the LRA in 1988, after cobbling it together from the remnants and other dregs of Alice Lakwena’s defeated Holy Spirit Movement.
Kony has, therefore, led LRA for 26 years, the only rebel leader of the Museveni era who comes close to The Chief. When it comes to military and political survival, therefore, Museveni and Kony are in a class of their own. I think Museveni will outlast Kony, but strange things happen in our neck of the woods so I wouldn’t place a bet on it.

Pour commencer, Kony et Museveni sont les dirigeants après-1986 ayant exercé le plus long mandat de leurs organisations respectives. A compter de son arrivée au pouvoir, Museveni a été chef du NRM, président et commandant en chef pendant 29 ans. Kony est effectivement devenu chef de la LRA en 1988, après l'avoir bricolé les restes et autres lies du mouvement vaincu de l'Esprit Saint d'Alice Lakwena.
Kony a donc dirigé la LRA pendant 26 ans, le seul chef rebelle de l'époque Museveni qui est proche du Chef. Quand il s'agit de la survie militaire et politique, donc, Museveni et Kony font partie d'une classe à part. Je pense que Museveni survivra à Kony, mais des choses étranges se produisent dans notre coin de pays, alors, je ne miserai pas non plus la-dessus.

En décembre de l'année dernière, le Daily Monitor a cité Museveni disant que les Ougandais ne veulent pas qu'il parte. Il attribue son enracinement au pouvoir aux Ougandais eux-mêmes, qui continuent de le réélire.

Un incendie géant détruit les trésors inestimables d'une bibliothèque de Moscou

jeudi 5 février 2015 à 23:58
Screen capture from video of the fire at the Russian Academy of Sciences’ Institute of Scientific Information on Social Sciences library. January 30, 2015. YouTube.

Capture d'écran de la vidéo de l'incendie à la bibliothèque de l'Institut d'Information scientifique sur les sciences sociales de l'académie des Sciences de Russie, le 30 janvier  2015. YouTube.

L'incendie qui a fait rage pendant 27 heures le week-end dernier dans l'une des plus grandes bibliothèques de Moscou a détruit plus d'un million de livres. Le brasier a commencé dans la soirée du vendredi 30 janvier, et n'a été totalement éteint qu'à presque minuit le lendemain soir. Le lieu du sinistre est l'Institut d'Information scientifique sur les sciences sociales de l'Académie des Sciences de Russie, connu sous son acronyme “INION.”

Selon la radio Echo de Moscou, une grande partie de la collection de l'INION, avec des textes rares en slavon remontant au 16ème siècle, est partie en fumée.

Sur Twitter, certains ont plaisanté qu'un “autodafe” géant est dans l'air du temps politique, comparé par des détracteurs à celui des régimes totalitaires du 20ème siècle :

SYMBOLIQUE pour le pays qui se dit le plus grand “lecteur” au monde. La bibliothèque de l'Académie des Sciences en feu.

Une bibliothèque brûle à Mosco, pour ne pas mettre le feu aux livres en public, les fascistes du Kremlin ont décidé de simuler un incendie. 

Une autre plaisanterie en vogue comportait des allusions à la guerre en Ukraine de l'est, où les séparatistes pro-Russes sont largement suspectés de bénéficier de l'aide et assistance militaires dépêchées par Moscou :

Selon les données provisoires, la bibliothèque de Moscou a pris feu suite à un tir d'artillerie ukrainien.

D'autres usagers de Twitter ironisent que la destruction d'une telle quantité de matériel de lecture—considéré par beaucoup comme l'antidote à une surconsommation télévisuelle et son corollaire le lavage de cerveau—est susceptible d'accrocher encore plus de gens à leurs téléviseurs :

La bibliothèque de l'Académie des Sciences de Russie en feu à Moscou. 13,5 millions de livres. Ben ça veut dire qu'encore plus de gens regarderont la télé.

Les services d'urgence se sont aussi activés en ligne, partageant des photos de la catastrophe, alors même que les pompiers continuaient à combattre les flammes :

A l'intérieur du bâtiment de la bibliothèque de l'INION aujourd'hui. Photo des collaborateurs du Ministère des Situations d'Urgence.

Pour les nostalgiques de l'ère communiste, la perte potentielle d'archives historique est douloureuse :

Une version intéressante de l'incendie dans la bibliothèque. #Moscou #bibliothèque #incendie #SansFond :

  • Je suis un utilisateur de la bibliothèque. Hier encore j'étais inquiet de la sécurité des archives de la planification d'état soviétique [le GosPlan]. C'étaient des documents d'origine cataloguant la création du système économique soviétique : la période de Lénine (l’électrification et la Nouvelle Politique Economique, ou NEP), et celle de Staline (le premier Plan Quinquennal, l'organisation de l'économie pendant la 2e guerre mondiale et après), le développement économique sous Brejnev [sic].
  • Les travaux academiques et les données statistiques ne sont pas seulement utiles à la contre-propagande pendant l'actuelle catastrophe libérale, ils seront aussi essentiels quand le pays retrouvera la voie du développement, [selon le principe socialiste du] “de chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins“.
  • Je considère le seul fait que l'incendie se soit produit comme une tentative de plus du pouvoir de refuser à la société tout souvenir historique de la période soviétique.

Que l'incendie se soit produit le week-end n'a pas empêché que beaucoup restent scotchés aux médias sociaux, preuve probable de la grande importance sociale en Russie de la lecture en général et de cette bibliothèque en particulier.

Selon les dernières informations, le brasier aurait détruit 14,2 millions d'ouvrages—jusqu'à 20 % de la collection totale de l'INION. L'enquête devra déterminer les causes de l'incendie ; les premiers indices incriminent l'installation électrique défaillante du bâtiment.

La révolution de l'argent mobile transforme le Bangladesh

jeudi 5 février 2015 à 04:52
A mobile phone retailer in Bangladesh loads a customer’s mobile phone with credit. Image by Shafiqul Alam. Copyright Demotix (18/1/2013)

Un détaillant de téléphones portables au Bangladesh, remettant du crédit sur le portable d'un client. Image de Shafiqul Alam. Copyright Demotix (18/1/2013)

Tous les liens associés à ce billet renvoient à des pages en anglais, sauf mention particulière.

Les services bancaires mobiles sont un phénomène récent au Bangladesh, mais ils ont déjà créé un changement radical dans le système bancaire du pays. En moyenne, des transactions [bn] d'une valeur de 3.33 milliards de takas (environ 42 millions de dollars US) sont réalisées tous les jours par l'intermédiaire de systèmes bancaires mobiles. 

Il existe plus de 50 banques publiques et privées au Bangladesh, et pourtant une grande partie de la population, notamment dans les zones rurales et reculées, ne possède pas de compte bancaire. En 2010, la banque centrale de Bangladesh (Bangladesh Bank) a introduit les services bancaires mobiles pour faciliter les services auprès de la population sans compte bancaire. A ce jour, un total de 28 banques ont reçu la permission de la Bangladesh Bank pour des services bancaires mobiles; 19 banques ont déjà lancé leurs services. 

Selon les statistiques de la banque centrale, ces 19 banques avaient plus de 23.31 millions de clients enregistrés en Octobre 2014. Cela fait environ 15% de la population totale, ce qui est significatif car seulement 15% de la population de Bangladesh ont accès aux services financiers classiques. Il existe un grand potentiel pour l'argent mobile, vu que plus de 70% des Bangladais ont des téléphones portables. 

#Bangladesh - 120M de #téléphone portable et 42M d'utilisateurs #Internet. Potentiel pour la  #banque #mobile et l’#e-commerce sont sans fin http://t.co/9prE8Ih5Gj 

Using mobile technology for banking is the right way to achieve #financialinclusion in Bangladesh http://t.co/bAEqnmbrFT

— Obopay (@Obopay) December 24, 2014 

Utiliser la technologie mobile pour les services financiers est le bon moyen pour mettre en place #l'inclusion financière au Bangladesh. http://t.co/bAEqnmbrFT

— Obopay (@Obopay) 24 décembre 2014

Jhalmoori Blog remarque, dans une vue d'ensemble des services financiers mobiles au Bangladesh:

Les Banques Mobiles ne se sont pas limitées au service de transfert d'argent mais ont au contraire continuellement introduit des services pour leurs clients. Jusqu'à présent, les banques mobiles assurent l'achat de services de connexion sans fil, de services d'assurance, de services de paiement de factures, de services de déboursements d'argent, etc.  

La banque mobile n'est pas seulement la méthode la plus courante pour envoyer de l'argent au Bangladesh, elle a permis aussi de fluidifier l'économie du Bangladesh. Les Bengladais utilisent ces services mobiles de plus en plus souvent pour régler leurs factures d'électricité, de gaz et d'eau et pour envoyer des salaires et des sommes pour les dépenses quotidiennes aux membres de leur famille qui vivent au loin. Cela a créé de nouvelles activités commerciales et de nombreux nouveaux postes.

Il est incroyable de voir l'impact que la banque mobile a eu sur les personnes ordinaires de la classe ouvrière au Bangladesh! https://t.co/ldyetXtTzS

— Mansur (@sm_hashim) 12 décembre 2014

D'après le magazine The Economist du 20-26 septembre, la valeur totale de l'argent mobile au Bangladesh équivaut à 5.6% du Produit Intérieur Brut (PIB) du pays comme défini dans un communiqué d'actualités locales [bn].

Le magnat des affaires américain, philanthrope, et investisseur Bill Gates a loué le programme de services financiers bancaires. De plus, la Fondation Bill et Melinda Gates a aussi investi dans la banque mobile au Bangladesh. 

Les services bancaires mobiles ciblent la population rurale, mais 48% des utilisateurs d'argent mobile résident dans les zones urbaines, d'après une étude menée par PI Strategy Consulting en partenariat avec la CGAP (Groupe Consultatif pour Aider les Pauvres) de la Banque Mondiale. Une autre étude menée par la faculté d'administration publique de l'Université de Dacca, a trouvé [bn] que près de 76% des conducteurs de rickshaw de Dacca envoient de l'argent à leur village natal via la banque mobile en raison de sa sécurité et de ses coûts de transfert bas.

Rickshaws are the main means of transportation in Dhaka. Most of them send money to their rural home via mobile banking. Image by Mohammad Asad. Copyright Demotix (6/11/2013)

Les rickshaws constituent le moyen de transport principal à Dacca. La plupart d'entre eux envoie de l'argent vers leur village natal en utilisant la banque mobile. Image de Mohammad Asad. Copyright Demotix (6/11/2013)

70% des clients de la banque mobile qui envoient de l'argent au Bangladesh utilisent le service de transfert d'argent mobile Bkash, une filiale de la Brac Bank. La technologie de Bkash permet à 98% des utilisateurs de téléphones portables du pays d'accéder à son service avec des fonctionnalités de téléphone portable très simples. Ainsi, vous entendrez fréquemment la phrase “Bkash moi” au Bangladesh. Le CGAP a tweeté : 

“bKash me!” That's what #mobilemoney users are saying in #Bangladesh. Watch the video w/ Kamal Quadir of #Bkash: http://t.co/RRgjJMOqCM

— CGAP (@CGAP) August 4, 2014

“bKash moi'!” C'est ce que les utilisateur de l'argent mobile disent au Bangladesh. Regardez la vidéo avec Kamal Quadir de Bkash

D'après une étude menée par MicroSave avec le soutien financier de la Fondation Bill et Melinda Gates, la plupart des agents de paiement mobile au Bangladesh font du profit. La banque mobile a aussi augmenté le montant des versements en provenance des expatriés, éliminant les intermédiaires traditionnels ou les commerçants de hundi (permettant le transfert d'argent par l'intermédiaire de transporteurs). Aaron Oliver a tweeté:

L'Arabie Saoudite, les Emirats Arabes Unis, le Quatar, Oman, le Bahreïn sont les plus grands expéditeurs vers le #bangladesh Record de versements cette année. Impact de l’#argent mobilehttp://t.co/OhyDB7hMbc

— Aaron Oliver (@aaronHSL) 5 juillet 2013

 
bKash est l'une des plateforme d'argent mobile qui se développe le plus rapidement, atteignant plus de 10 millions d'utilisateurs bangladais, note Isabel Whisson.

L'argent mobile ne permet pas seulement d'envoyer de l'argent mais il crée aussi une opportunité de faire des transactions commerciales. Maria May a ainsi tweeté:

Acheter des tickets pour le match de cricket avec l’#argent mobile au #bangladesh! Que vont-ils inventer ensuite? #économies http://t.co/LuL9jqKebt

— Maria May (@MariaMayhem523) 22 janvier 2014

Un grand nombre de personnes bénéficie déjà des services bancaires mobiles au Bangladesh, mais seulement 3% y possède un compte. En conséquence, la transaction ne s'accompagne pas des informations complètes du client. Pial Islam, un chercheur de PI Strategy Consulting, a dit sur la chaîne BBC Bangla [bn] que si les informations complètes d'un client étaient disponibles, cela pouvait créer des risques pour la sécurité et paver le chemin pour des transactions frauduleuses, mettant en risque l'économie. Depuis l'étude de la PI Strategy Consulting en partenariat avec le CGAP, le  blog de Jhalmoori cite:

52% des transactions de la banque mobile sont des ‘Purs OTC', signifiant que ni l'expéditeur ni le destinataire n'ont de compte bancaire mobile, alors que seulement 3% des transactions sont des ‘Pure Wallet', ce qui signifie que l'expéditeur et le destinataire ont tous les deux un compte bancaire mobile. Cela augmente l'opportunité d'utiliser de mauvaise manière les données de la banque mobile.