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Un réfugié nord-coréen dessinateur de BD représente la vie quotidienne de ceux qui ont fui

jeudi 27 juillet 2017 à 23:16

A gauche, un réfugié demande, “Vous êtes sûr qu'on peut vraiment manger autant qu'on veut?” A droite, l'autre femme transfuge déclare, “Toute la nourriture est pourrie dans ce restaurant.” Les Sud-Coréens utilise le mot anglais “buffet,” qui se prononce comme le mot coréen pour “pourri”. Apprendre tous ces mots d'origine étrangère, qui font maintenant partie de la langue vernaculaire du sud, represente une difficulté pour beaucoup de transfuges nord-coréens. Crédit : Choi Seong-guk

Ce récit de Jason Strother est paru initialement sur PRI.org le 6 juillet 2017. Il est republié ici dans le cadre d'un partenariat entre PRI et Global Voices.

La fuite de près de 30 000 transfuges nord-coréens vers la Corée du Sud ne semble pas être un scénario qui porte à rire. Mais une série de bande dessinée en ligne créée par un réfugié nord-coréen qui vit maintenant à Séoul, tente d'apporter une note d'humour à ce qui est bien souvent un voyage éprouvant et une relocalisation difficile.

Après sa propre fuite vers la Corée du Sud en 2010, Choi Seong-guk, 37 ans, s'est rendu compte que les deux Corées ne sont plus le même pays : de nombreuses différences culturelles et linguistiques sont apparues durant plus de 70 ans de division.

Une des premières choses qui a marqué Choi, qui par le passé a travaillé pour SEK, le meilleur studio d'animation de Pyongyang, c'est que les dessins animés du sud n'ont rien en commun avec ceux du nord.

«Quand j'ai vu les dessins animés sud-coréens pour la première fois, je n'y ai rien compris,» dit-il. «Il n'y avait aucune histoire sur le patriotisme, la guerre ou la poursuite d'espions. Ils me semblaient dénués d'intérêt.»

Choi a montré un talent particulier pour le dessin depuis l'enfance ; à l'époque, ses professeurs le félicitaient pour ses croquis de soldats américains malfaisants qu'il se souvient avoir représentés «les plus laids et violents possible.»

Ceci est une re-création d'un dessin réalisé par Choi quand il était écolier. Il représente un soldat américain donnant un coup de pied à un soldat sud-coréen alors qu'ils se préparent à franchir la frontière avec la Coree du Nord. La légende indique: “Invasion par le sud.” Crédit : Choi Seong-guk

En 2016, Choi est retourné au dessin et a lancé une série de bande dessinée en ligne intitulée «Rodong Shimmun», qui signifie «interrogation des travailleurs» — c'est un jeu de mots avec   «Rodong Sinmun», le nom du journal des travailleurs de la Corée du Nord.

La série satirique suit un groupe de réfugiés nouvellement arrivés qui passent leurs premiers mois en Corée du Sud dans un centre d'intégration géré par l'Etat. Choi se moque de leur ignorance de nouveaux venus, comme par exemple leur choc à la vue de tant de nourriture dans un restaurant-buffet.

Il raconte aussi l'histoire d'un transfuge en mal d'amour, qu'il dit être inspirée d'un embarrassant malentendu culturel tiré de sa propre expérience.

Le transfuge rencontre une Sud-Coreenne, qui lui dit: “c'est intéressant. Je n'ai jamais rencontré de Nord-Coréen avant. Est-ce-que je peux avoir votre numéro de téléphone ?” Crédit : Choi Seong-guk

Il se souvient : «Une fois, j'ai rencontré une Sud-Coréenne qui m'a demandé mon numéro de téléphone et m'a dit qu'elle aimerait que l'on devienne amis». «Bizarrement, j'ai compris cela comme voulant dire qu'elle voulait m'épouser !»

La femme emploie ensuite un terme d'affection utilisé couramment en Corée du Sud. Dans une autre bulle, Choi explique à ses lecteurs comment cela créa un malentendu.

En Corée du Nord, seules les personnes en couple utiseraient ce terme entre eux. Entre amis, on s'appelle juste «camarade.»

Tous les dessins de Choi ne sont pas humoristiques, cependant. Certains dépeignent des scènes en Corée du Nord où les gens meurent de faim dans les rues.

Tout au long de la série de bandes dessinees de Choi il y a des aperçus de la vie en Corée du Nord. Dans ce dessin, la personne dit : “hé, tu pourrais mourir. On devrait manger cette herbe.” Credit: Choi Seong-guk

D'autres illustrent comment des transfuges se sont échappés sous les tirs des gardes-frontières.

Choi dit qu'il espère que sa série de bande dessinée contribuera à changer l'état d'esprit des Sud-Coréens, qui en général témoignent peu d'intérêt aux réfugiés nord-coréens.

La légende au-dessus du dessin indique : “s'enfuir de la Corée du Nord n'est qu'une question de survie. Même si un des membres de votre famille est touché par une balle et tombe, vous devez continuer à courir.” Crédit: Choi Seong-guk

Et c'est ce qui a l'air de se passer.

“Rodong Shimmun” reçoit maintenant des dizaines de milliers de visites et certains lecteurs laissent des commentaires pour dire que ça les a aidé à mieux comprendre les différences culturelles entre la Corée du Nord et celle du Sud. D'autres déclarent se sentir plus empathiques à l'égard des transfuges.

En Chine, les habitants du Xinjiang forcés d'installer des logiciels espions sur leurs téléphones portables

jeudi 27 juillet 2017 à 20:16

Un point de contrôle d'appareils personnels au Xinjiang, image de l'utilisateur de Twitter 即时中国大陆映像

Les habitants du Xinjiang, une région de minorité ethnique de la Chine occidentale, se voient forcés d'installer un logiciel espion sur leurs téléphones cellulaires.

En juillet 2010, les utilisateurs de téléphonie mobile dans le district de Tianshan de la ville d'Urumqi ont reçu du gouvernement un message sur leur téléphone mobile leur ordonnant d'installer un logiciel de surveillance dénommé Jingwang (ou “Nettoyage de réseau”). Le message disait que l'objet de l'application était de “[les] prémunir contre l'accès à des informations terroristes.”

Mais il se peut que les autorités utilisent l'application à d'autres fins que celles de contrer le terrorisme. Selon un reportage exclusif de Radio Free Asia, 10 femmes Kazakh de la Préfecture Autonome de Ili Kazakh ont été arrétés pour avoir envoyé des messages sur un groupe de discussion privé quelque temps aprés avoir installé l'application.

Le message de la police disait que l'application localiserait et suivrait les sources et le mode de diffusion des terroristes, de même que ” les activités religieuses illégales” et “les informations préjudiciables” à savoir les vidéos, les images, les livres électroniques et les documents.

Le site de Jingwang décrit l'application ainsi :

净网卫士是江苏电信面向家庭宽带用户推出的家长、小孩上网分级防护服务,主要提供色情网站拦截;网络诈骗、病毒木马、钓鱼网站阻断;上网时间控制提醒;手机远程管理等安全防护服务。为未成年人筑起一道网络安全屏障,为孩子的健康成长保驾护航。

Jingwang est un service de protection avec un système de filtre adulte-enfant introduit par Jiangsu Telecom. La principale fonction est le blocage des sites pornographiques, des fraudes subtiles, des chevaux de troie, et des sites d'hameçonnage ; elle avertit les usagers sur leur temps de connexion, et permet le contrôle à distance de leur réseau à domicile. L'outil doit aider les enfants à développer un mode de vie sain en mettant en place un filtre en ligne pour les mineurs.

Bien sûr, tout outil doté de ces possibilités pourrait être utlisé de différentes façons. Par exemple, la fonction “télécommande” de l'application pourrait permettre aux fonctionnaires ou même aux pirates de manipuler ou subtiliser le réseau à domicile d'un individu.

La décision est conforme aux autres mesures de contrôle sur les activités numériques dans la région. Alors que les descriptions de la censure numérique en Chine mettent souvent l'accent sur les expériences des utilisateurs des grandes villes de l'est et du sud, la réalité est souvent plus grâve pour ceux qui vivent dans les lointaines régions des minorités ethniques, telles le Xinjiang et le Tibet. Cherchant à contenir les agitations et le mécontentement dans les zones de conflit, les autorités imposent souvent de fortes mesures de censure et de surveillance et ont régulièrment recours à la coupure d'internet.

Une source d'information axée sur Twitter, “Images de la Chine continentale” (即时中国大陆映像), et couvrant les nouvelles censurées en Chine, ont posté des photos prises d'un poste de contrôle où les agents de police choisissent au hasard des habitants pour vérifier s'ils ont installé l'application de surveillance :

Les autorités du Xinjiang font des contrôles pour s'assurer que les gens utilisent l'application officielle de Jingwang. Un SMS a demandé aux gens d'installer l'application dans les 10 jours. Si l'on découvre lors d'un contrôle que les téléphones cellulaires des individus ne sont pas dotés de l'application, ils peuvent être emprisonnés pendant 10 jours. Ceci est un recul dans le développement de la technologie. Ils ont obligé les gens à utiliser les appareils conçus pour les personnes âgèes. C'est une forme de réclusion à travers la surveillance technologique. Nous sommes retournés à la Chine de Mao.

“Images de la chine continentale” (即时中国大陆映像) a aussi publié une description du produit de Jingwang, expliquant que l'outil pourrait permettre de se passer de la nécessité d'un mot de passe pour un système opérant sous Windows et d'accéder au disque dur de l'ordinateur sans restrictions.

Une fois installé avec Jingwang, les ordinateurs et les téléphones cellulaires à Xinjiang, deviendraient des menottes électroniques.

L'imposition de Jingwang peut être la réponse à l'instruction du comité du parti de la ville de réprimer la distribution de contenu illégal. Tous les services publics et institutions affiliées à l'administration et au parti, y compris les universités et les organismes de recherche, sont obligés d'appliquer les mesures du Bureau de la Cybersécurité dans la gestion de leurs ordinateurs et de leurs réseaux de communication.

Un rapport récent de Freedom House, une organisation des droits humains établie aux Etats Unis, a aussi abordé le sujet des pratiques de surveillance:

Au Xinjiang, les autorités d'un district de la capitale régionale Urumqi ont envoyé une note le 27 juin ordonnant à tous les résidents et propriétaires d'entreprises d'apporter leurs cartes d'identité personnelles, téléphone cellulaires, lecteurs de disque externes, disques durs d'ordinateurs portables, ordinateurs portables et cartes mémoires supports de stockage” au poste de police local pour “enregistrement et scannage” d'ici le 1er août.

[…]

L'objectif prétendu est d'identifier et de purger “toutes les vidéos terroristes,” mais l'action est une violation de la vie privée des trois millions d'habitants d’ Urumqi et les expose à des sanctions pour d'autres infractions possibles, relevant potentiellement de la libre expression religieuse et politique.

Porto Rico : une vidéo satirique explique la dérangeante vérité de l'occupation américaine

mercredi 26 juillet 2017 à 10:44
Screenshot taken from video.

Arrêt sur image de la vidéo.

Quand presque toute la presse traditionnelle est fermement axée sur les malheurs économiques et fiscaux de Porto Rico, le déluge de gros titres négatifs sur les médias sociaux est écrasant.

C'est justement dans ces moments-là que la satire peut intervenir et aider à rire des informations, ou du moins, de la façon dont elles sont souvent présentées.

L'équipe de The Juice Media, un site spécialisé dans la satire, a créé une vidéo sur ce qu'elle croit être l'origine de tous les maux de Porto Rico : le colonialisme américain.

Ses créateurs se sentirent encouragés à produire ce clip après le succès d'une autre vidéo de leur série “Les publicités vraies-de-vraies du gouvernement” sur la situation de Hawai'i.

La vidéo résume l'exploitation historique de Porto Rico par le gouvernement des États-Unis, de son utilisation comme secteur de bombardement d'exercice pendant des décennies à la stérilisation forcée du tiers des Portoricaines à leur insu au milieu du XXe siècle.

La pétulante présentatrice commence ainsi le clip :

Fortunately, however, few know about the real Puerto Rico, a Territory of the United States since 1898 when we seized it from the Spanish […] who in turn stole it from the Taino […] Which makes Puerto Ricans US citizens—well second-class citizens… [because] despite fighting in every one of our wars they still can’t vote for President and have no representation in Congress. In other words, US citizens who have f*-all say in the laws the US Government makes for them…

Heureusement, peu connaissent le véritable Porto Rico, ce Territoire des États-Unis depuis 1898, quand nous l'avons pris aux Espagnols […] qui, eux, l'avaient pris aux Tainos [..] Ce qui fait des Portoricains des citoyens américains, enfin, des citoyens de seconde classe… [car] malgré leur participation à toutes nos guerres, ils ne peuvent toujours pas voter aux élections présidentielles et n'ont pas de représentant au Congrès. En d'autres termes, des citoyens qui peuvent dire que dalle sur les lois que le gouvernement des USA leur prépare…

Regardez la vidéo en entier ci-dessous :

En une seule journée, la Douma russe vote plusieurs lois qui durcissent la censure

mercredi 26 juillet 2017 à 10:26

Le Kremlin s'attaque à l'anonymat sur internet. Ce n'est pas la première fois. Collage de Tatiana Lokot.

Sauf mention contraire, les liens sont en russe.

La chambre basse du parlement russe a approuvé le 21 juillet une série de lois sur la censure après avoir voté en première lecture plusieurs projets de loi qui interdisent aux messageries de laisser les utilisateurs échanger anonymement, rendent illégale l'utilisation de réseaux virtuels privés (VPN), proxys et autres anonymiseurs, et obligent les moteurs de recherche à masquer les liens vers des sites bloqués.

Dans la dernière semaine avant ses vacances d'été, la Douma d'Etat a adopté un nombre invraisemblable de projets de loi — 69 en trois jours seulement. Les projets de loi du 21 juillet, qui se veulent une importante contribution à la sécurité intérieure russe, sont la dernière tentative du gouvernement pour s'assurer le contrôle de l'activité en ligne. De nombreux éléments de ces projets de loi sont liés à « la stratégie présidentielle de développement d'une société informationnelle » et peuvent annoncer des mesures plus répressives.

Le projet de loi sur les messageries exige de l'opérateur qu'il établisse l'identité de l'utilisateur au moyen de son numéro de téléphone. Les messageries les plus utilisées comme Telegram, Viber et Whatsapp devront refuser l'accès aux utilisateurs qui ne fourniront pas les informations permettant de les identifier.

En outre, la loi exige des entreprises qu'elles empêchent la diffusion de contenu illégal sur leurs plateformes, ce qui est pratiquement impossible compte tenu du volume d'échanges qui y transite chaque jour. Le projet de loi contient une disposition qui permet aux juges d'ordonner aux messageries de bloquer la correspondance d'utilisateurs individuels.

La loi exige aussi que les entreprises autorisent les pouvoirs publics à utiliser leur réseau pour des campagnes massives de mailing vers leur base d'utilisateurs russes.

Les compagnies qui ne respecteront pas la loi pourront se voir bloquées par le Roskomnadzor [l'organe de la censure russe].

La Douma a approuvé un autre projet de loi qui oblige les anonymiseurs internet comme VPN à restreindre l'accès à certains contenus, sous peine de se voir bloqués. C'est le ministère de l'Intérieur (MVD) et le Bureau fédéral de la sécurité (FSB) qui seront en charge de l'application de cette loi. Elle prévoit aussi que les moteurs de recherche doivent empêcher les liens vers les sites bloqués de s'afficher dans les résultats de recherche.

Ces deux projets de loi font déjà l'objet de critiques pour leur manque de précision, qui laisse la porte ouverte à une utilisation abusive de la part du gouvernement.

Il faut savoir que la loi sur VPN et celle sur les messageries sont toutes deux très vagues quant à leurs mécanismes d'application. Comme toujours, elles laissent la porte ouverte aux interprétations évasives ou abusives.

Le même jour, la Douma a adopté encore un autre projet de loi, qui oblige à présenter un passeport valide pour l'achat d'une carte SIM, de façon à ce que les fournisseurs puissent vérifier l'identité de leurs clients.

Ces projets de loi doivent désormais être approuvés par le Conseil de la Fédération, avant d'être ratifiés par Vladimir Poutine.

Certaines messageries indiquent d'ores et déjà qu'elles mettront leur activité en conformité avec la législation, qui entrera en vigueur le 1er janvier 2018. Le patron de la messagerie Viber, l'une des premières à se plier à la loi de 2015 qui oblige les sociétés internet à stocker les données des utilisateurs russes sur le sol russe, a déclaré que sa compagnie appliquerait les lois russes en totalité.

Telegram s'est récemment incliné sous la pression [en] des autorités russes. La compagnie a accepté de s'enregistrer, mais refuse de stocker les données de ses utilisateurs sur le territoire russe et de les transmettre aux autorités.

Selon toute vraisemblance, la Douma adoptera d'autres lois plus contraignantes au retour de vacances des députés, en septembre: le 20 juillet, lors de la conférence numérique NextM à Moscou, Léonid Lévine, le président du Comité de la Douma d'Etat sur la politique de l'information, les technologies de l'information et la communication, a déclaré que dans un futur proche le gouvernement n'aurait d'autre choix que de voter davantage de lois sur le big data, l'internet des objets, le blockchain ou « chaîne de blocs », et d'autres nouvelles technologies.

Carton rouge aux maires de Dacca pour leur échec à endiguer le chikungunya

mardi 25 juillet 2017 à 13:50

Les citoyens de Dacca donnent un carton rouge aux maires pour leur incapacité à résoudre le problème endémique des moustiques. Photographie de Gazi Manjurul Alam Zuboraz. Reproduite avec autorisation.

Sauf mention contraire, les liens de cet article renvoient vers des pages en bengali.

Samedi 15 juillet à Dacca, la capitale du Bangladesh, des habitants en colère ont manifesté devant le Musée national au carrefour Shahbagh, arborant des cartons rouges [en] à l'intention des maires des municipalités de Dacca Nord et Sud pour leur incapacité à contenir l'épidémie de chikungunya [fr] dans la ville.

Sur Facebook, un événement fut créé pour appeler les “écrivains, artistes, étudiants, enseignants, journalistes et citoyens”, auquel quelques milliers de personnes répondirent. D'après le porte-parole de l'événement, un habitant sur dix risque de contracter le chikungunya et la maladie se répand comme une épidémie [en]. La récente mousson a soudainement accru le nombre de moustiques et les deux municipalités de Dacca ont échoué à prendre des mesures d'éradication. Si la population de moustiques ne peut être contrôlée, la ville courra également le risque de subir une épidémie de dengue.

Capture d'écran de l'événement Facebook montrant les citoyens de Dacca et leur carton rouge. Photographie de Sangita Ghosh. (Cliquez sur le lien pour voir la gallerie)

Le chikungunya [fr] est une infection virale transmise par deux espèces de moustiques : les aedes albopictus et les aedes aegypti. Les symptômes incluent une forte fièvre, des maux de tête, des nausées, de la fatigue, des éruptions cutanées et de fortes douleurs musculaires et articulaires. Pire encore, des douleurs musculosquelettiques peuvent persister pendant des mois après la rémission. Malgré un taux de mortalité d'environ 1 pour 1.000, la maladie est pour ainsi dire impossible à supporter pour les plus jeunes et pour les personnes âgées, sujettes à des complications.

Harry Faisal a contracté le chikungunya et rend compte de son calvaire sur Facebook :

এই মুহূর্তে শুধু ডানহাত ১০০% চালু। বাম গোড়ালি আর বাম কব্জি ফুলে আছে এবং হাটার জন্য পা ফেললেও ব্যাথার চোটে মাথা ঝিমঝিম করে উঠে।

বন্ধু, সিনিয়র -জুনিয়র, অফিস কলিগ – সবার কাছে দোয়া প্রার্থী।

En ce moment seule ma main droite fonctionne. Mon poignet gauche et ma cheville gauche ont enflé. Je ne peux pas marcher car la douleur est insupportable et remonte jusqu'à ma tête.

Amis, collègues et proches, priez pour moi.

Les moustiques sont un éternel problème [fr] à Dacca. Les plans d'eau insalubres, dont des égouts inadéquats, sont mis en cause [en] dans l'augmentation de la population de moustiques et des maladies qu'ils véhiculent. Pourtant, les maires des municipalités de Dacca Nord et Dacca Sud avaient remporté les élections en promettant déradiquer les moustiques de la mégapole.

Moustique aedes aegypti. Photographie de CDC Global sur Flickr. CC BY 2.0

La maladie s'est répandue dans d'autres régions du pays et les experts sanitaires ont publiquement recommandé que les maisons et leurs alentours soient propres pour éradiquer les moustiques porteurs.

Le maire de Dacca Nord, Annisul Haque, a récemment fait la une lorsqu'il a affirmé qu'il ne pouvait pas se rendre dans chaque maison y tuer les moustiques et qu'en conséquence, les gens devraient prendre des mesures pour se mettre à l'abri. L'écrivain et éditeur Robin Ahsan lui répondit sur Facebook :

না মেয়র, আপনাকে কেউ ঘরে এসে মশারি টাঙাতে বলেনি। আমাদের যাতে মশারি না টাঙাতে হয় সেই দায়িত্ব আপনাকে দেওয়া হয়েছিল। আপনিও আর দশটা রাজনীতিবিদের মতোই চটকদার কথা বলে দায়িত্ব এড়ালেন।

Non, M. le Maire, personne ne vous a appelé pour attacher des moustiquaires chez les gens. Votre responsabilité est de tuer les moustiques pour que les gens n'aient pas besoin de moustiquaire. Vous venez juste de transférer votre responsabilité comme les autres politiciens rusés.

Le journaliste Kabir Ahmed demande :

মেয়র আনিসুল হকের প্রতি প্রশ্ন, নগরের নাগরিক জীবন নির্বিঘ্ন করা যদি আপনাদের কাজ না হয়, তাহলে কী কাজ আপনাদের?

Ma question au maire Annisul Haque : si vous ne pouvez pas améliorer la vie des citoyens en résolvant les problèmes qui peuvent l'être, quel est votre travail exactement ?

Éruption cutanée d'un patient atteint de chikungunya. Photographie de Pan American Health Organization sur Flickr. CC BY-ND 2.0

Le Ministre de la santé, lui, blâme les municipalités pour leur incapacité à contrôler les maladies transmises par les moustiques. La mairie de Dacca Nord [en] compte seulement 279 employés pour 36 circonscriptions, celle de Dacca Sud [en] possède 284 employés pour 56 circonscriptions. L'an dernier, le budget affecté à la prévention anti-moustique de Dacca Nord s'élevait à seulement 232,5 millions de takas (environ 2,53 millions d'euros) et celui de Dacca Sud à 115 millions de takas (environ 1,25 millions d'euros), des sommes clairement insuffisantes pour une métropole [fr]  de 19 millions d'habitants.

En réponse à l'indignation publique, les municipalités ont intensifié leur programme de contrôle [en] des moustiques par des campagnes de brumisation de larvicide et d'insecticides dans différents quartiers. Wahiduzzaman Khan, banquier, commente :

মশা-জলাবদ্ধতা-পাব্লিক ট্রান্সপোর্টের অভাব এগুলোর সাথে থাকতে থাকতে আমরা অভ্যস্ত হয়ে গেছি। আর এই অভ্যস্ততার সুযোগ নিচ্ছে পাব্লিক অফিস হোল্ডাররা। আমাদের উচ্চকন্ঠে অসন্তোস প্রকাশ তাদের টনক নড়িয়ে দিবেই।

Les gens sont habitués aux problèmes municipaux comme la circulation, les moustiques, le manque de transports en commun, etc. Ces membres de l'exécutif de l'administration en prennent leur parti et ne bougent pas le petit doigt. Nous devons nous indigner bruyamment pour les remettre au travail.

Les manifestants de samedi 15 juillet ont formé une chaîne humaine sous la bannière “Écrivains, chanteur, étudiants, enseignants, journalistes et citoyens” et ont promis de montrer leur carton rouge à nouveau aux deux maires si les municipalités ne prennent pas de mesures adéquates.