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L'Ukraine prohibe les ‘symboles communistes’ et ça énerve le Kremlin

vendredi 8 mai 2015 à 22:40
Ukrainian government tries to abandon its Soviet legacy by banning the symbols of the communist regime. Images mixed by Anna Poludenko-Young.

Le gouvernement ukrainien veut se débarrasser de son héritage soviétique en interdisant les symboles du régime communiste. Montage d'images par Anna Poludenko-Young.

Les autorités ukrainiennes veulent restreindre l'apologie et les symboles du communisme et du nazisme pour tenter de couper le pays de son passé  communiste. Des hommes politiques russes pensent que cette démarche est une grave erreur.

La législation a été adoptée par le parlement ukrainien le 9 avril à une majorité de 56 %, et la loi dite de “dé-communisation, déjà signée par le président de la Rada Volodymyr Groysman, attend maintenant son approbation finale par le Président Petro Porochenko.

Qu'est-ce qui sera interdit ?
La loi prohibe l'apologie du communisme et du nazisme, ainsi que l'usage de leurs symboles où que ce soit, des noms de rues aux drapeaux, des monuments aux plaques commémoratives. Mais plus précisément, ce sera seulement le régime communiste soviétique de 1917-1991 (ainsi que le régime nazi hitlérien) qui tombera sous l'interdiction. L'actuel parti Communiste d'Ukraine, de même que les portraits et mentions des fondateurs de l'idéologie communiste, Marx et Engels, ne seront pas prohibés.

La loi de “dé-communisation” déclare aussi le gouvernement communiste qui a dirigé l'Ukraine à l'ère soviétique un régime criminel qui “a mis en oeuvre une politique de terreur d'Etat.” Néanmoins, malgré quelques rumeurs, elle n'appelle pas à la destruction de monuments aux victimes de la deuxième guerre mondiale. Le gouvernement ukrainien s'engage à continuer à garder la responsabilité et la protection des monuments, des cimetières militaires et des sites historiques qui honorent la mémoire des soldats. L'usage des symboles communistes est aussi autorisé dans les livres d'histoire et les articles scientifiques.

Premières réactions
Les officiels russes ont qualifié cette loi d'affront à l'histoire et d'instrument dans la “lutte contre le passé héroïque du peuple d'Ukraine.” En même temps, les défenseurs du texte soulignent qu'il est un élément des réformes orientées vers l'Occident et qu'il ne contrevient pas aux normes internationales.

Un avis qui ne fait pas l'unanimité. Les opposants à la nouvelle loi, un collectif de quelque 50 universitaires occidentaux, ainsi que quelques Ukrainiens et un Russe, ont publié une lettre ouverte au Président Porochenko lui demandant d'y mettre son veto. Leur argument : la lettre et l'esprit de cette loi contreviennent à la liberté d'expression.

Ces 15 dernières années, la Russie de Vladimir Poutine a investi d'énormes ressources dans la politisation de l'histoire. Il serait ruineux pour l'Ukraine de suivre la même pente, même partiellement ou temporairement. Toute distortion juridique ou ‘administrative’ de l'histoire est une attaque contre l'objectif le plus élémentaire de la recherche savante : la poursuite de la vérité.

Entre autres dispositions, la nouvelle loi prévoit également l'ouverture des archives jusque là secrètes du KGB conservées en Ukraine. Markian Lubkivsky, conseiller au Service de Sécurité d'Ukraine (SBU), a indiqué que le SBU se tient prêt à donner près d'un million de documents du régime communiste à l'Institut ukrainien de la Mémoire nationale, une institution de recherches historiques à financement public, pour les recherches aux termes de la nouvelle politique de libre accès.

Служба безпеки України не буде хранителем таємниць комуністичного режиму або будь-якого іншого режиму. Згідно із законом, який був прийнятий, СБУ передасть близько мільйона документів репресивних органів комуністичного режиму […] для того, щоб інститут досліджував, обробив і надав відкритий доступ до цих документів всім, хто бажає ознайомитися з цими документами.

Le Service de Sécurité d'Ukraine ne sera pas le conservateur des secrets du régime communiste ou de tout autre régime. Conformément à la nouvelle loi, le SBU transmettra environ un million de documents créés par les organes répressifs du régime communiste […] de sorte que l'Institut puisse les étudier, traiter et rendre publiquement disponibles à quiconque voudra prendre connaissance desdits documents.

Réaction ukrainienne
Certains internautes ukrainiens ont vu dans l'information sur la nouvelle législation une invitation à agir. Ils ont commencé à créer sur Facebook et Vkontakte des groupes de surveillance de la dé-communisation pour leurs régions. Ils y encouragent les gens à signaler les noms de rues et d'agglomérations en rapport avec les anciens responsables soviétiques ou communistes, qui, aux termes de la nouvelle loi, devraient être changés.

Rejoignant la discussion en ligne sur la dé-communisation, l'homme politique et ancien ministre de l'Intérieur Yuriy Lutsenko a publié sur Facebook une photo ancienne d'une jeune femme ôtant une plaque “rue Adolf Hitler”.
Lutsenko about de-communization

Cette photo a été prise en 1944—je la dédie à tous les opposants de la nouvelle loi de dé-communisation. […] La vieille rengaine de la réécriture de l'histoire est un instrument de prédilection de ceux qui ont violé cette histoire. Stalino est devenue Donetsk, Jdanov a été renommé Marioupol, Vorochilovograd Louhansk. Ces villes ont été renommées et ce n'a pas été la fin du monde. […]

Opinions de Russes et pro-Russes
En Russie, les médias contrôlés par l'Etat et les personnalités politiques dépeignent souvent le passé communiste soviétique comme une ère de stabilité économique, de bien-être social et de puissance militaire. Sans surprise, la réaction du Kremlin au projet de loi ukrainien de “dé-communisation” a été virulente.

Sergueï Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères, a prévenu que la loi aurait un effet fortement négatif sur les négociations de maintien de la paix en Ukraine orientale, et a laissé entendre que la poursuite de “la glorification des Nazis et de la dépréciation des véritables héros de la Grande Guerre Patriotique” risquait de ruiner les accords de paix de Minsk.

M. Lavrov se référait probablement à la partie de la loi qui accorde la “reconnaissance publique” à tous ceux qui ont lutté pour l'indépendance ukrainienne au 20ème siècle, ce qui inclurait les anciens combattants de l’Organisation des nationalistes ukrainiens et l’Armée insurrectionnelle ukrainienne, deux armées de partisans qui à différents moments ont combattu l'exploitation nazie et soviétique. Le projet de loi étend la qualité d'ancien combattant reconnu à quiconque a combattu les forces nazies durant la 2e guerre mondiale. Les membres de la vieille Armée ukrainienne de partisans seront donc honorés au même titre que les vétérans de l'Armée rouge soviétique.

Il n'a pas fallu longtemps aux chefs pro-Russes de la partie orientale de l'Ukraine contrôlée par les séparatistes pour éreinter la nouvelle loi. Alexander Zakhartchenko, le président de la république populaire de Donetsk, non reconnue, a traité le projet de loi de “dé-communisation” de farce susceptible de “mettre en branle un processus irréversible pouvant mener à l'effondrement complet du pays”.

Un chemin vers l'avenir ?
Un des amendements du projet de loi de “dé-communisation” renomme la Grande Guerre Patriotique (l'appellation d'usage dans l'espace soviétique et post soviétique depuis 70 ans) en Deuxième Guerre Mondiale (l'appellation courante en Occident). Alors que l'Ukraine essaie de démêler son histoire de pays souverain, la nouvelle loi est un pas de plus du gouvernement ukrainien d'après-Maïdan pour rompre avec l'héritage soviétique qui, croit-il, fait obstacle à l'avenir européen de son pays.

Cuba : La danse dans la Règle de Ocha-Ifá, culte afro-cubain

vendredi 8 mai 2015 à 16:48
Oshun y Yemaya, las dueñas de las aguas. Obra de Annie Gonzaga Lorde. Reproducida con su autorización.

Oshún et Yemayá, les maîtres des eaux. Oeuvre d'Annie Gonzaga Lorde, reproduite avec autorisation.

Cet article est le premier d'une série sur les expressions musicales et chorégraphiques cubaines, il fait également partie d'une autre série sur l'héritage africain de l'Amérique latine. 

Un des principaux legs de Cuba à la culture universelle a été sa musique et par voie de conséquence, la danse. Nous commencerons cette série avec les expressions musicales et chorégraphiques qui ont permis le développement dans le cadre de la Règle de Ocha-Ifá, ou Santería, d'un culte afro cubain non seulement spirituel, mais aussi porteur de traditions et de coutumes marquantes pour l'identité nationale.

Nous prendrons comme point de départ des documents audiovisuels partagés sur les réseaux sociaux qui montrent la richesse des cultures afro-cubaines. A partir de la, nous aborderons quelques  divinités, que les ballets représentent, ainsi que la cosmologie qui en est le socle.

A notre connaissance, il n'existe pas à Cuba d'étude précisant le nombre de personnes qui pratiquent ces religions d'origine africaine, néanmoins, on peut affirmer que les connaissances associées sont  publiques et transmises de génération en génération car il n'est pas nécessaire des les pratiquer pour les légitimer

De façon plus spécifique, la provenance principale de ce qu'aujourd'hui on appelle la Règle de Ocha-Ifá est, comme pour les autres régions du continent sud américain, une transmission par les personnes réduites en esclavage, issues de l’ethnie yoruba, et arrivant surtout du Nigeria actuel. Les conditions de vie en esclavage donnèrent une impulsion à la création d'un syncrétisme comme stratégie de résistance, de manière à ce que, dans ce système, puisse cohabiter les croyances du catholicisme et celles des yoruba.

Il faut dire également que ce qui existe aujourd'hui à Cuba, a cessé d'être une religion africaine pour se transformer en autre chose, spécifiquement cubain, comme les autres dans le continent, comme la brésilienne de même origine, qui, sans aucun doute, ont enrichis le noyau yoruba de départ.

. C'est ce qu'explique Lázara Menéndez dans son travail Kinkamaché to gbogbo oricha:

La “santería” offre à l'individu l'occasion d'un dialogue constant et flexible en interaction avec le sacré ; ceci individuellement ou dans le cercle limité d'une famille rituelle. La Règle de Ocha-Ifá lui permet d'être en étroite relation avec la re-création et la re-construction d'un leg assumé comme traditionnel. Il est au contact d'héritages culturels dissemblables qui coexistent et entrent en confluence, favorisant la volonté d'assumer un changement de façon prémédité.

Une partie importante de la Santeria consiste dans le culte des Orishas au travers d'offrandes de nourriture, de musiques et de danses, etc. La danse est, sans doute, ce qui donne la meilleure visibilité de cette religion, les personnes non praticantes étant intéressées par un spectacle.

Nous vous proposons pour entrer dans le vif du sujet, une vidéo dans laquelle sont exposés les éléments caractéristiques de quelques unes de ces divinités en terme de vêtements, d'ornements, de musique et de danse et permettant de leur rendre hommage. .

La danseuse classique cubaine Yusimí Moya Rodríguez, appartenant à l'ensemble folklorique national, a téléchargé une chorégraphie remarquable sur son canal de YouTube qui présente les divinités les plus connues du Pantéon Yoruba: Eleggua, Oggún, Oshosi, Yemayá, Oshún, Oyá, Shangó y Obatalá.

Profitez- en bien! ¡Ashé!

La nation Wayuu en Colombie et au Venezuela refuse de mourir de soif

vendredi 8 mai 2015 à 10:53
Captura de pantalla del documental "El río que se robaron" que expone la situación de la comunidad Wayúu y su necesidad de agua.

“La rivière qu'ils ont dérobée”. Capture d'écran du documentaire qui présentait la situation de la communauté Wayuu et leur manque d'accès à l'eau.

[Les liens sont en espagnol, sauf mention contraire.]

Après plusieurs années d'exclusion et de pauvreté, la communauté Wayuu de Colombie et du Venezuela se bat pour se faire entendre.

Les membres de cette communauté, située dans la péninsule désertique de La Guajira à la pointe nord de la Colombie et du territoire partagé avec le Venezuela, est confrontée à la faim, la malnutrition et la soif. La raison majeure ? La rivière qui traverse la région a été endiguée et l'eau privatisée pour exploiter le charbon en surface et l'agriculture intensive.

Les enfants sont particulièrement vulnérable à cette situation terrible. La communauté a déposé une plainte auprès de la commission inter-américaine des droits de l'Homme [Organisation des Etats américains] afin d'obliger le gouvernement colombien  à dégager l'écoulement de l'eau. Leur pétition attire une nouvelle fois les projecteurs sur un sujet qui est apparu périodiquement dans les informations depuis mi-2014. Les défenseurs de la communauté ont lancé plusieurs appels pour bénéficier de programmes d'assistance humanitaire, aides financières et projets pour aider ces peuples indigènes mais peu de ces appels ont trouvé de réponse.

Les Wayuu sont le groupe indigène le plus important du Venezuela et de la Colombie (lien Wikipedia en français). Ils représentent environ 8 % de la population de l'Etat vénézuélien Zulia et près de 45 % du département de La Guajira.

Ecrivant pour le site Canarias-Semanal.org, Juan Andrés Pérez Rodríguez accusait les principaux médias de ne pas avoir prêtés suffisamment attention aux questions pressantes de cette communauté :

Como los medios de comunicación corporativos tienen sus prioridades informativas bien definidas y orientadas, especialmente contra Cuba, Venezuela u otros países que no se subordinan a Occidente; usted no sabrá que la nación indígena Wayúu, la mayor de Colombia, se muere de hambre y sed porque el río madre de la región donde radican fue represado y su agua privatizada para el servicio de la industria agrícola y la explotación de la mina de carbón -a cielo abierto- más grande del mundo. Por esa misma razón, ignorará, seguramente, la denuncia que esta comunidad ha presentado ante la Comisión Interamericana de Derechos Humanos -CIDH-, de la OEA, con sede en Washington, por la violación de sus derechos vitales fundamentales

Puisque les grands médias ont une hiérarchie de l'information bien définie et ciblée (notamment à l'encontre de Cuba, du Venezuela et d'autres pays qui ne sont pas dans le giron de l'Occident), vous ne saurez pas que la nation indigène Wayuu, la plus importante de Colombie, meurt peu à peu de faim et de soif parce que la source alimentant la rivière de la région a été obstruée par un barrage et son eau privatisée au profit de l'agriculture industrielle et de l'exploitation de la mine de charbon Cielo Abierto, la plus importante au monde. Pour la même raison, vous ignorerez sûrement que cette communauté a saisi la commission inter-américaine des droits de l'Homme de l'Organisation des Etats américains, dont le siège est à Washington, pour la violation de ses droits existentiels fondamentaux.

Sa publication se termine par l'extrait d'un documentaire produit par le journaliste colombien Gonzalo Guillén, intitulé La rivière qu'ils ont dérobée. Le film, que la communauté indigène a présenté comme une preuve juridique dans sa plainte, dépeint une image préoccupante de la situation dans la région en montrant des témoignages à la fois des victimes et des auteurs desdits faits.

Quelques médias se sont récemment emparés du sujet tel que El Tiempo qui a publié un texte écrit par María del Pilar Camargo expliquant la situation inquiétante à laquelle sont confrontés les enfants vivant à La Guajira. L'éditorialiste a souligné quelque chose d'encore plus grave : tous les enfants ne sont pas recensés, ce qui signifie que les chiffres peuvent être plus importants :

En el 2012, fallecieron 43 niños indígenas por cada 100.000 niños menores de 5 años en el país. Esta cifra podría ser mucho mayor, así lo constatan la guajira, Unicef Colombia y el líder wayúu.

“Aquí hay muchos niños que mueren, pero en el monte. Los entierran y no los reportan al hospital”, dice la mujer.

El problema del subregistro también lo señala la experta de Unicef Colombia. “El porcentaje de la población indígena está en 5,4 %, no representa mucho, pero es el que suma la mayoría de las muertes de los niños en este país. Y eso que hay muchas muertes infantiles que no se registran. Estoy casi segura de que en La Guajira hay muchas más muertes de las que están registradas en las estadísticas y eso lo digo por la experiencia que hemos tenido con un proyecto, en el que, para el indígena wayúu, el niño no tiene valor hasta cuando cumple cierta edad, porque ese niño tiene la posibilidad de morirse, entonces en sus valores sociales hay que esperar a que crezca y una vez crezca empieza a hacer parte de la familia”.

“In 2012, 43 enfants indigènes sur 100 000 âgés de moins de 5 ans sont morts dans le pays. Ce chiffre pourrait être beaucoup plus élevé”, d'après le responsable Wayúu d'Unicef Colombie à La Guajira.

“Il y a beaucoup d'enfants qui meurt mais en zone montagnarde. Ils sont enterrés et ne sont pas signalés à l'hôpital”, a-t-elle ajouté.

Le problème de sous-évaluation est un signal, dit-elle. “La population indigène est de 5,4 %, ce qui n'est pas beaucoup, mais cela s'ajoute au nombre de la plupart des morts d'enfants dans ce pays. Et il y a beaucoup de mort d'enfants qui demeurent non enregistrées. Je suis quasiment certain qu'à La Gaujira il y a beaucoup plus de morts que ceux recensés dans les statistiques et je me base sur l'expérience que nous avons eue sur un projet, où, concernant les indigènes Wayuu, l'enfant n'est rien jusqu'à ce qu'il atteigne un certain âge parce qu'il aurait une propension à mourir ; ainsi, d'après leurs valeurs sociales, ils doivent attendre que les enfants grandissent et lorsqu'ils grandissent ils font partie intégrante de la famille.”

Dans le journal en ligne alternatif Las 2 Orillas, Diana López Zuleta explicitait plus en détails la plainte déposée par la communauté :

De acuerdo con el escrito judicial, además de pedir la apertura inmediata de las compuertas de la represa para que el agua llegue cuanto antes a los indígenas, se pide que se ordene suspender de manera inmediata las tomas de agua de La Guajira que (la mina) Cerrejón obtiene de otras fuentes públicas distintas al río, principalmente subterráneas, hasta cuando una evaluación técnica idónea e imparcial determine si después de abastecer satisfactoriamente a los seres humanos en la región, quedan excedentes de agua para destinarlos a la agricultura a gran escala y la explotación de las minas de Cerrejón.

D'après     the judicial writing, s'ajoutant à la demande d'ouverture immédiate des vannes du barrage afin que l'eau puisse atteindre dès que possible la communauté indigène, ils demandent une décision de suspension immédiate de la retenue d'eau provenant de La Guajira, que (la mine) Cerrejón soit alimentée par des sources publiques autres que la rivière, principalement du sous-sol, jusqu'à ce qu'une étude technique appropriée et impartiale puisse déterminer si, après avoir fourni suffisamment d'eau aux habitants de la région, il y a un surplus d'eau pouvant être alloué à l'agriculture intensive et à l'exploitation des mines de Cerrejón.

Sur Twitter, les utilisateurs ont montré leur soutien à la campagne #SOSLaGuajira lancée par Colombia Digna, (@colodigna). L'UNICEF a aussi lancé une campagne #DeseoQueAyuda (je veux aider) afin de lever des fonds pour cette cause :

Saviez-vous qu'à Guajira 3 enfants Wayuu par jour et pour quelle raison ? A cause de la malnutrition. Ils ont besoin d'aide CESSONS L'INDIFFERENCE soutenons #SOSLaGuajira

 

Nous avons reçu beaucoup de soutien à #SOSLaGuajira  donc nous allons continuer jusqu'à demain 19h. Nous comptons sur votre soutien constant

 

L'arrogant ministre de la santé de Colombie (qui n'est qu'un clown) ne sait pas ce qu'est ni où se trouve La Guajira #SOSLaGuajira

 

Il en va de la responsabilité de tous les Colombiens [de soutenir la cause] #SOSLaGuajira

 

Faites partie de ceux qui clament #DeseoQueAyuda et sont dévoués à la Jeunesse Guajira sur desoqueayuda.com

En décembre 2014, l’UNICEF a lancé la campagne #DeseoQueAyuda (je veux aider) pour collecter des fonds pour cette cause.

Colombie : sauver de l'extinction, mot après mot, la langue Muisca

jeudi 7 mai 2015 à 17:08

La langue Muisca est officiellement éteinte. Elle fait partie de la famille des langues chibchenses, parlée par les Muiscas vivant sur l'altiplano du centre de la Colombie, et dans la zone qui entoure aujourd'hui l'actuelle Bogota. Une grande partie de l'histoire de cette langue est connue par des textes et documents datant du XVIe et XVIIe siècle retrouvés dans des archives où ils avaient été oubliés. L'extinction de cette langue a été le fait du roi Charles III d'Espagne qui en a interdit l'usage pour pouvoir mieux contrôler la population indigène. Cette interdiction a persisté jusqu'à l'approbation des langues minoritaires par la constitution colombienne de 1991.

Bien qu'elle ne se parle plus, elle reste vivante dans beaucoup de mots hérités de la langue muisca que les Colombiens utilisent quotidiennement. Ce sont les mots que l'on utilise pour nommer les animaux, les plantes, les fruits autochtones, ils sont appelés des “muisquismos“, et les habitants de Bogotá et de sa région les utilisent sans se douter de leurs origines.

Logo of the Muysccubun project.

Le logo du projet Muysccubun.

L'importance historique de cette langue morte a éveillé l'intéret d'un groupe d'étudiants en linguistique et anthropologie de plusieurs universités de Colombie. Ils travaillent à faire revivre la langue. A l'aide d'outils informatiques et des réseaux sociaux, le projet  “Muysccubun” veut documenter et partager cette langue sur Internet.

Parmi les activités du groupe on trouve : transcriptions de sources originales muiscas, actualisation d'un wiki, création d'un dictionnaire espagnol-muisca en ligne, également disponible sur une application Androïd gratuite 

Ces documents peuvent être aussi partagés sur la page Facebook du groupe, où vous trouverez le “mot muisca du jour”, avec le lien vers la documentation sur Wikipédia:

 Exemple:

Le mot du jour:

iaia

Fon. Gonz. */iaia/
Fon. Cons. */iaia/

1. filet de pêche.
2. dépeigné.

Cette expérience d'utilisation d'outils technologiques pour la langue muisca a poussé le groupe qui s'occupe du projet Muysccubun à se lancer dans d'autre initiatives comme la création avec l'Institut Caro y Cuervo d'un dictionnaire sáliba-español en ligne, qui dispose également d'une application pour Android. Le groupe a également entamé une collaboration avec Mozilla Colombia pour promouvoir la traduction du navigateur Firefox vers les langues natives de Colombie.

De nombreuses autres initiatives récentes visent à enseigner le muisca dans certaines écoles rurales, plusieurs  formations sont organisées à Bogota. Le groupe espère contribuer par son travail à augmenter la documentation sur cette langue et favoriser sa renaissance.

Réactions après l'exécution par l'Indonésie de ressortissants étrangers condamnés pour trafic de drogue

jeudi 7 mai 2015 à 16:24
A banner Soekarno-Hatta Airport in Jakarta. Picture by Wikimedia.org

Une banderole à l'aéroport de Soekarno-Hatta à Jakarta promet la peine de mort aux trafiquants de drogue. Photo de Wikimedia.org

En dépit des appels de la communauté internationale et des critiques en Indonésie même, l'Indonésie a exécuté huit personnes condamnées pour trafic de drogue la semaine dernière. Mais le débat n'est pas clos concernant la loi sur la peine de mort, la “guerre contre la drogue” et la possibilité que certains des condamnés aient été innocents.

Parmi les individus mis à mort,quatre étaient Nigérians, deux Australiens, un Brésilien et un Indonésien. Une condamnée philippine a obtenu un sursis de dernière minute après que la cour a appris qu'elle pourrait être la victime d'un trafic d'êtres humains et que sa recruteuse présumée s'est livrée à la police aux Philippines.

Le lendemain de l'exécution, des informations ont filtré qui suggèrent que le condamné indonésien abattu, Zainal Abidin, pourrait avoir été victime d'une “erreur administrative” suite à la révélation que le Tribunal de district de Palembang avait égaré le dossier de sa demande de grâce. Inculpé pour possession de marijuana, il a d'abord été condamné à 18 ans de prison avant de se voir appliquer la peine capitale en raison d'un dossier d'appel égaré.

Au même moment, le public apprenait que le Brésilien Rodrigo Gularte souffrait de trouble bipolaire et de schizophrénie. Pourtant, la Cour Suprême Indonésienne a rejeté son appel. Il n'a pris conscience de sa mort imminente que quelques minutes avant de faire face au peloton d'exécution. Sa famille mène actuellement une campagne pour sa réhabilitation posthume.

Le pourcentage d'Indonésiens qui jugent préférable la réclusion à perpétuité à la peine de mort dans des affaires de trafic de drogue a augmenté ces dernières années. Cependant, d'après une enquête de l'Indo Barometer Survey Agency une majorité d'Indonésiens (84,1 pour cent), ont approuvé la décision du gouvernement de procéder à l'exécution des huit condamnés.

Deux grandes organisations islamiques du pays, Nadhlatul Ulama et Muhammadiyah, s'accordent sur le fait que les trafiquants de drogue devraient recevoir la peine capitale. La plupart des Indonésiens sont des musulmans sunnites.

Diverses réactions sont apparues sur Twitter et certains ont même repris le hashtag #BoycottIndonesia pour exprimer leur réprobation.

Mais d'autres ont incité les critiques à prendre conscience de la situation en Indonésie, un pays qui doit démanteler les opérations de cartels internationaux de la drogue.

Matt Hart, guitariste du groupe Arkana, fait partie de ceux qui ont visité l'Indonésie et ont constaté l'ampleur de la menace que représente la drogue:

The reason Indonesia evoke the death sentence penalty for drug smuggling is due to the sheer extent of a rapidly growing problem that is already out of hand.

Instead of neighboring countries attacking and placing judgment upon Indonesia for their stance and policies surrounding the enforcement of drugs they should be offering their council, assistance and support to tackle the real problem head on.

La raison pour laquelle l'Indonésie parle de la peine de mort pour le trafic de drogue est due à l'immensité d'un problème qui croît rapidement et qui est déjà hors de contrôle.

Plutôt que d'attaquer l'Indonésie et d'émettre des jugements sur son attitude et ses politiques concernant la répression anti-drogue, les pays voisins devraient lui offrir conseil, assistance et soutien pour s'attaquer au vrai problème.

Gustika Jusuf Hatta, petite-fille de Mohamad Hatta, l'un des pères fondateurs de l'Indonésie, est partagée quant à l'exécution:

As an Indonesian, I am deeply ashamed that such a primitive and barbaric practice still exists within our law. However, I feel extremely proud of the fact that we managed to exercise our sovereign right without conforming to foreign pressure.

En tant qu'Indonésienne, je suis profondément honteuse qu'une pratique aussi barbare et primitive continue d'exister dans notre droit. En revanche, je suis extrêmement fière que nous réussissions à exercer notre souveraineté sans plier devant les pressions étrangères.

Il y a également parmi les utilisateurs de Facebook en Indonésie des gens comme Andreas Arianto Yanuar qui pensent que la peine de mort n'est pas une solution efficace face au problème de la drogue:

Tadi ada sedikit pembicaraan dgn tmn2 soal putusan hukuman mati utk pelanggaran hukum yg berkaitan dgn pengedaran narkoba. Semoga pemikiran berikut bisa berguna buat tmn2 juga.

Memberantas pengedaran narkoba dgn memberantas nyawa pengedarnya gak akan banyak membantu dlm menyelesaikan masalahnya. Namanya jg pengedar, distributor, di rantai industri letaknya hanya di tengah2, di antara produsen dan konsumen. Distributor gak bisa hidup klo gak ada produsen dan konsumennya. Jd utk mengatasi narkoba, kita mesti ngulik dulu gmn industrinya berputar. Dan krn minat org gak pernah hilang thd zat adiktif apapun (tmsk rokok dan alkohol), maka yg lbh efektif dan efisien dilakukan adalah meregulasi, membatasi dan memonitor peredaran dan penggunaannya dlm masyarakat supaya gak memakan korban jiwa. Kalo hanya mengkriminalisasi, masalahnya ga akan selesai sampe kapan pun, gue yakin bgt krn itu yg terus terjadi sampe sekarang

Tenter d'éliminer la drogue en éliminant les trafiquants ne résoudra pas le nœud du problème. Les trafiquants et les distributeurs sont les intermédiaires dans cette affaire, ils se situent entre les producteurs et les consommateurs. La survie d'un distributeur dépend des producteurs et des consommateurs. Pour limiter le trafic de drogue, nous devons comprendre comment cette industrie (fonctionne). Les gens peuvent difficilement surmonter leur addiction à la drogue et autres substances (y compris les cigarettes et l'alcool), ce qui signifie qu'il est plus logique de réguler, limiter et superviser la distribution et l'usage (de drogues) dans la société; et ce afin qu'il n'y ait pas davantage de victimes. Se contenter de criminaliser le trafic de drogue ne mettra pas fin au problème.

Des législateurs indonésiens débattent actuellement d'un projet de loi visant à faire de la peine de mort pour des crimes liés à la drogue une peine de substitution plutôt que la sanction principale. Cela implique que, sous certaines conditions, les condamnés à mort verraient leur peine commuée en réclusion à perpétuité ou bénéficieraient d'une réduction de peine.