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#BooksForRasul : De quoi un défenseur des droits humains emprisonné a le plus besoin ? De livres.

dimanche 10 août 2014 à 22:30
Cover image of the #BooksForRasul Facebook page.

Image de couverture de la page Facebook #BooksForRasul “Rasul Jafarov – a travaillé en faveur des prisonniers politiques, est devenu prisonnier politique à son tour. Il fêtera son trentième anniversaire en prison. Envoyez-lui un livre – un présent pour le soutenir ! 17 août 2014″.

[Sauf mention contraire, tous les liens de ce billet renvoient vers des pages web en anglais.]

Le défenseur des droits humains azerbaïdjanais Rasul Jafarov [az, en] a subi des interrogatoires plusieurs jours d'affilée fin juillet 2014, suivis de son arrestation à Bakou le 2 août. Le tribunal de district de Nasimi en Azerbaïdjan a ordonné une détention provisoire de trois mois pour Rasul Jafarov, en attendant les suites de l'enquête sur les charges criminelles controversées qui lui sont intentées. Le jeune activiste fêtera sont trentième anniversaire, le 17 août, derrière les barreaux.

Rasul Jafarov est un défenseur azerbaïdjanais des droits humains réputé qui « a travaillé pour les prisonniers politiques avant d'en devenir un. » Il est le fondateur et le président du Club des Droits Humains (CDH), une ONG qu'il a créée en 2010 et dont les objectifs principaux ont été de trouver des informations sur les prisonniers politiques en Azerbaïdjan. Grâce à son travail avec le CDH, l'étendue de la répression politique en Azerbaïdjan a été dévoilée plusieurs semaines avant les élections de 2013. Rasul Jafarov a aussi participé activement à « Sing for Democracy » (maintenant, « Art for Democracy », l'Art pour la Démocratie), une campagne qui traque les atteintes à la liberté d'expression et travaille avec des artistes dissidents sanctionnés pour leur message politique.

Plusieurs organisations internationales se sont exprimées contre l'arrestation et la détention de Rasul Jafarov, ainsi que contre la répression gouvernementale en cours à l'encontre des défenseurs des droits humains du pays. Le site d'information arménien Panorama a expliqué certains éléments troublants dans la répression azerbaïdajaise :

L'arrestation de Rasul Jafarov, fondateur du Club pour les Droits Humains (CDH), et coordinateur de la campagne des droits humains durant l'Eurovision 2012 dont l'Azerbaïjdan était l'hôte, était une vengeance contre son travail en tant que défenseur des droits humains. C'est parce qu'il a tenté d'exercer ses droits d'expression et d'association que Rasul Jafarov a été privé de sa liberté, affirme Amnesty International dans sa déclaration.

Elle mentionne aussi que les organisations indépendantes pro-démocratie et pour les droits humains ont longtemps dû faire face à un harcèlement et des restrictions en Azerbaïdjan. Leur refus de devenir une ONG oblige ces leaders à opérer hors des systèmes légaux, faits dont profitent les autorités comme prétexte pour leurs poursuites pénales. Rasul Jafarov est la cinquième personne à être poursuivie sur ces bases depuis les quatre derniers mois.

Un événement Facebook s'est lancé le 7 août, invitant à lui envoyer des livres comme cadeaux d'anniversaire :

Nous avons (avions) tous une idée et des plans sur la façon dont nous voulons (voulions) fêter notre trentième anniversaire. Aucune d'entre nous ne veut célébrer ses 30 ans en tant que prisonnier politique.

Emin Mili, un écrivain, blogueur et activiste de langue azérie, qui a lui aussi été prisonnier politique de 2009 à 2010, a suggéré l'idée d'envoyer des livres à Rasul [...] “Les livres en prison font de la prison un paradis pour la lecture,” explique t-il.

Vous pouvez aussi suivre la page Facebook ‘Free Rasul Jafarov!’ (Libérez Rasul Jafarov!) pour connaître l'avancement de l'affaire [az, en].

Indonésie : Global Forest, une application pour détecter les incendies de forêt et réduire la pollution de l'air

dimanche 10 août 2014 à 22:23

Page d'accueil du logiciel Global Forest, pour détecter les feux illégaux

Le brouillard annuel dans la région du Sud-Est asiatique est principalement causé par les incendies des forêts et aux plantations de palmiers à huile dans l'ouest de l'Indonésie. La pollution atmosphérique a également affecté Singapour et la Malaisie [fr] qui se trouvent à proximité de la province indonésienne de Riau, le point de départ des incendies de forêt.

Afin de permettre aux pompiers de répondre rapidement au déclenchement des incendies des forêts et aux incidents provoqués par le feu, un outil pour le suivi en ligne des feux a été développé en utilisant des informations en temps réel.

Le logiciel pour la détection des feux de forêts, Global Forest Watch-Fires (GFW-Fires), utilise ”des données fournies en temps réel par le système de satellites de la NASA, une imagerie satellitaire à haute résolution, des cartes détaillées de la couverture des terres et des concessions pour productions industrielles importantes tels que l'huile de palme et de la pâte de bois, les conditions de la météo et des données sur la qualité de l'air pour détecter les incendies en cours.”

Le logiciel peut permettre aux gens de mieux lutter contre les feux nuisibles avant qu'ils ne deviennent hors de contrôle et exiger qu'on ne demande des comptes à ceux qui auraient pu les avoir allumés illégalement.

L'outil a été développé par le World Resources Institute [Institut des Ressources Mondialesfr] DigitalGlobe [fr], le gouvernement indonésien, Google, et  Esri (Environmental systems research institute) [fr].

Capture d'écran de la carte en ligne montrant des foyers d'incendie de forêt en Asie du Sud-Est

Capture d'écran de la carte en ligne montrant des foyers d'incendies de forêts en Asie du Sud-Est

Dans une interview avec FutureGov, Andika Putraditama du World Resources Institute a expliqué la spécificité et l'importance de la plate-forme GFW-Fires :

Bien qu'il y ait eu d'autres outils de surveillance des incendies dans le passé, le système GFW-Fires est unique parce qu'il combine sur une plate-forme unique des données, tels que les points chauds, la direction du vent, la forme et les caractéristiques des terres ainsi que des concessions [licences forestières].

Le logiciel GFW-Fires devrait réduire le temps qu'il faut aux pompiers pour répondre aux foyers de feu de vingt heures en moyenne à deux à quatre heures.

Satellite image showing a burning palm oil plantation.

Image satellite d'une plantation de palmiers à huile en feu

Nigel Sizer, James Anderson et Josh Winer ont débattu de l'utilisation de l'imagerie Digital Globe dans l'identification de la cause des feux de forêt et de la terre:

L'accès à  Digital Globe, avec ses images à très haute résolution fournies par satellite nous donne un aperçu rare de la localisation et de l'ampleur des incendies. … Vous pouvez même voir la taille des arbres individuellement et identifier leurs espèces … Même les flammes des feux actifs peuvent être clairement vues avec leurs panaches de fumée et le brouillard qui en résulte.

Espérons que cet outil qui est maintenant opérationnel et disponible sous forme d'open data, permette de réduire considérablement la propagation des incendies de forêt et la pollution des brouillards de feux qui ont déjà causé beaucoup de dégâts à l'environnement, l'économie et la santé de millions d'habitants de la région.

Sommet Afrique – Etats-Unis: Que peut le Président Barack Obama contre les dictateurs africains?

dimanche 10 août 2014 à 15:27
 Le Président Barack Obama reçoit à Washington une quarantaine de dirigeants africains - via carrapide - Domaine public

Le Président Barack Obama reçoit à Washington une quarantaine de dirigeants africains – via carrapide – Domaine public

Bien avant l'ouverture du premier Sommet réunissant le Président Barack Obama et ses homologues africains à Washington du 4 au 6 aout 2014, les internautes du continent noir se posent de nombreuses questions sur l'utilité d'une telle rencontre et les limites de l'action de l'administration américaine.

Le blogueur Senior Mbary du Tchad a apporté sa contribution dans le débat en écrivant un article, repris par de nombreux sites de son pays, intitulé Gouvernance démocratique : jusqu’où ira le président Obama avec les dictateurs africains ?. On peut le lire sur le Blog de Makaila Nguela, un autre blogueur qui est persécuté par les autorités Tchadiennes à cause des menaces qui pesaient sur lui dues à ses écrits sur la mauvaise gouvernance du gouvernement Idriss Déby. Il a pu s'expatrier grâce à la mobilisation des internautes africains et l'action coordonnée des ONG internationales des défenseurs des droits humains. Senior Mbary écrit :

 Quoi qu’on dise, la démocratie présente un aspect universel : un candidat est élu sur la base de son programme (en théorie). Si au prochain mandat, il n’a pas donné satisfaction, sa propre famille politique hésitera à voter à nouveau pour lui si les jeux démocratiques sont respectés, c’est-à-dire si les gens votent réellement selon leurs convictions.

Le constat est que si les citoyens d’un pays se sentent en sécurité, c’est le cœur qui parle lors des votes et non le ventre ou l’appartenance ethnique ou religieuse dès lors que les règles de jeux démocratiques sont respectées.

Le président Obama a donné un avant-goût de l’espoir quant aux résultats du prochain sommet afro-américain  lors de sa rencontre avec les jeunes africains. Mais la question fondamentale que l’on est en droit de se poser est la suivante : Quelles mesures le président américain sera en mesure de prendre pour faire changer les choses ? Cette interrogation est née pour les raisons suivantes :

-    Lors de sa première tournée africaine lors de son premier mandat, le président Obama avait déclaré au Ghana que l’Afrique n’a pas besoin des hommes forts mais d’institutions fortes, ce qui revient à dire que l’Afrique a besoin d’un ancrage démocratique fort, nécessaire à son développement. Plus de cinq ans après cette déclaration, rien n’a changé. Bien au contraire, la liste des présidents qui ont changé leur constitution ou qui sont sur le point de le faire pour se maintenir au pouvoir ne fait que s’allonger,  même si la plus part de ces dirigeants ont déjà  plus de dix ans au pouvoir;

-    Les intérêts mafieux dans le pré carré français. Quel est la capacité réelle du président Obama à influencer le président Hollande qui soutient aveuglement les dictateurs comme Idriss Deby du Tchad, sachant que celui-ci a des soutiens très solides au sein de l’armée française, le vrai patron de la politique africaine de la France;

-    Au Togo et au Congo-Brazzaville, ces mêmes milieux mafieux sont prêts à tout pour convaincre Hollande de supporter ces présidents dictateurs en place au nom de la stabilité et de la sécurité comme si sans ces gens, les pays allaient disparaitre. Quelle est la stratégie de Mr Obama pour contrer et neutraliser ces milieux ?

Que des interrogations sans réponse pour le moment.

Pour plus d'informations sur les activités de Makaila Nguebla,Interview du journaliste tchadien Makaila Nguebla, expulsé du Sénégal vers la Guinée par Anna Gueye.

Pas un mot sur les candidats d'opposition à la présidentielle dans les médias “pingouins” de Turquie

samedi 9 août 2014 à 23:46

Depuis les manifestations de Gezi, les médias traditionnels turcs ont gagné le sobriquet de “médias pingouins” pour leur relais des messages officiels et leur portrait déformé des contestataires.

A depiction of Turkey's media as a penguin. Shared via a Gezi Park Pinterest account.

Les médias de Turquie décrits comme un pingouin. Shared via un compte Pinterest de Gezi Park.

Quand le premier ministre turc Recep Tayyip Erdoğan s'est déclaré candidat à l'élection présidentielle de 2014, qui aura lieu le 10 août, beaucoup se sont attendus à une deuxième vague de manipulation médiatique. Le début de la course électorale leur a donné raison.

La majorité des médias généraux professionnels en Turquie semble se refuser à publier des articles sur les autres candidats. Les rassemblements en faveur des deux candidats d'opposition Ekmeleddin İhsanoğlu et Selahattin Demirtaş, que personne n'imagine menacer Erdoğan, attirent généralement une poignée de journalistes, à comparer avec les hordes qui assistent aux réunions publiques d'Erdoğan ou accompagnent ses visites de travail à travers le pays.

Ce sont les meetings d'Erdoğan qui font les grands titres, guère différents d'un organe de presse à l'autre :

La couverture de neuf “différents” organes de presse en Turquie. Titres émotionnels, cucul sur le meeting d'Erdogan à Istanbul. MT

Le biais est encore plus éclatant sur la Télévision d'Etat turque (TRT).

Le tableau ci-dessous montre que TRT et ses chaînes-soeurs consacrent six fois plus de temps à Erdoğan qu'à l'un de ses deux opposants, Selahattin Demirtaş. Demirtaş a réservé ses reproches au responsable de TRT İbrahim Şahin, l'avertissant : “Quand je serai président, je vous mettrai à la porte.” Şahin de répliquer : ”Si vous continuer à parler ainsi, je cesserai de vous diffuser.”

Si la réaction de Şahin a provoqué un débat politique sur l'absence d'objectivité dans les médias, le vice-premier ministre Bülent Arınç a volé à son secours : “Bien sûr que TRT va se concentrer sur Erdoğan [au lieu des autres candidats]. Il est le premier ministre. [Et eux,] qui sont-ils ?”

This is a screenshot from one week report on TRT Haber (TRT News) channels broadcasts on presidental candidates.

Capture d'écran d'un relevé d'une semaine des chaînes TRT Haber (TRT Info) pour les émissions relatives aux trois candidats à la présidentelle.

Ces dernières années, un nombre croissant de journalistes a accusé Erdoğan et les sympathisants de son parti AKP (de la Justice) de diaboliser les médias indépendants :

Le Premier Ministre Erdogan dit que la correspondante en Turquie de The Economist @amberinzanam est “une militante qui se prétend journaliste”. Tout le monde la hue.

Les critiques d'Erdoğan disent que le premier ministre turc lui-même ignore de plus en plus les invitations à s'exprimer devant les télévisions indépendantes, et préfère rayonner dans le traitement amical et les séances de questions-réponses toutes faites que lui organisent les chaînes alignées sur lui.

Le tweet suivant moque la confortable proximité entre le présentateur du journal télévisé de NTV Oğuz Haksever et M. Erdoğan :

Oğuz Haksever a trouvé un signet à la bonne page du livre d'Erdoğan avec sa question.

Dans ce climat médiatique rebutant, des organes satiriques à large audience en ligne comme Zaytung ont élargi leur lectorat. Ici Zaytung tweete :

Les téléspectateurs de TRT ont été choqués de découvrir qu'il y a trois candidats à l'élection.

M. Erdoğan ne trouve pas grâce dans les médias internationaux. Ainsi, le dernier numéro du podcast de la semaine de l'Economist donne la parole à la correspondante du magazine en Turquie Amberin Zaman et à ses inquiétudes sur l'autoritarisme rampant dans le pays. Le journaliste russe Leonid Berchidsky, pendant ce temps, écrit qu'Erdoğan “se poutinise” de plus en plus :

Comme Poutine, Erdogan se méfie des réseaux sociaux, est convaincu que ses opposants sont des traites et invoque les menaces extérieures pour renforcer sa popularité à domicile.

Essayez d'être une femme journaliste au Kirghizistan. Vos sources masculines vous draguent. Tout le temps.

samedi 9 août 2014 à 22:39
BFC6

Le collectif féministe de Bishkek SQ, titulaire d'une bourse Rising Voices, est une des organisation de la société civile qui travaille sur les questions du genre au Kirghizistan. Photo prise par le collectif féministe de Bishkek SQ. On peut lire sur l'affiche : « J'ai besoin du féminisme parce que les gens devraient respecter mon espace personnel. Je n'ai besoin des conseils ou des instructions de personne. »

La lutte pour l'égalité des genres continue à jouer un rôle central dans la politique et la société kirghizes. Alors que des femmes occupent des positions majeures dans la vie publique, bien plus que dans les pays avoisinnants, la pression constante des stéréotypes et du harcèlement affecte la façon dont beaucoup d'entre elles arrivent à travailler.

L'extrait qui suit vient d'un article de blog passionnant, écrit par la journaliste kirghize Asel Kalybekova pour le blog Inside the Cocoon de EurasiaNet.org sous le titre Journal de Bishkek : je veux une interview, pas un rendez-vous :

Quand je frappe à la porte de chaque nouveau politicien, fonctionnaire ou homme d'affaires kirghize, j'ai avec moi beaucoup de questions. C'est mon travail en tant que journaliste. Mais la question la plus éprouvante pour mes nerfs n'est pas dans mes carnets : va t-il me draguer ?

La première fois que j'ai interviewé un responsable à Bishkek, il a tenté de me tenir la main quand on s'est retrouvé seuls dans son bureau. Je suis partie, humiliée, en pensant que cela ne se reproduirait jamais. J'avais tort.

L'idée que les femmes ne sont rien de plus qu'un bout de viande est profondément ancrée ici. En effet, jusqu'à récemment, la loi kirghize considérait le vol de mouton comme un crime plus grave que le mariage par enlèvement.

On apprend aux femmes qu'elles doivent s'en prendre à elles-mêmes. Une étude auprès de 8000 femmes kirghizes en janvier montre que 6 % pensent qu'une femmes mérite d'être battue si elle brûle le dîner, 23 %, si elle quitte la maison sans prévenir son mari. L'été dernier, une députée a fait du lobbying afin d'interdire les voyages à l'étranger pour les filles en dessous de 22 ans. Elle a expliqué vouloir « préserver le patrimoine génétique. »

Au début, je pensais que ces avances étaient de ma faute, que je m'étais habillée ou que j'avais agi de façon inappropriée. J'ai changé mon maquillage et commencé à porter des lunettes pour avoir l'air plus âgée. Mais ça ne s'est jamais arrêté. Des hommes m'appelaient régulièrement après les interviews, proposant un café pour « qu'on apprenne à mieux se connaître. » Professionnellement, c'est un défi de d'expliquer à un député ou à un ministre que je ne suis pas intéressée tout en sécurisant la possibilité d'interviews dans le futur.

Kalybekova fait écho à une plainte commune parmi les jeunes femmes du Kirghizistan : des hommes mariés les harcèlent via des plateformes de média sociaux telles que facebook :

Le flirt n'est pas limité aux coups de téléphone ou aux avances derrière les portes closes. J'ai rencontré récemment un homme politique important, qui a étudié à l'Ouest. Ce qui a commencé par une proposition de me raccompagner chez moi a continué en une série de textos et de messages sur facebook pour me dire qu'il pensait à moi et qu'il voulait me voir. Je connais bien sa fille ; elle a un an de moins que moi. Je le lui ai dit, mais il n'a pas arrêté.

Je pensais être la seule. Mais des amies ont vécu des choses similaires. L'une d'entre elle qui a maintenant 28 ans, travaillait comme secrétaire dans une agence gouvernementale, où elle dit avoir souvent reçu des propositions sexuelles. Elle n'a jamais osé aller adresser sa colère à ses supérieurs. « Personne ne m'aurait prise au sérieux. Je suis une femme, et ça veut dire que je suis celle qui doit porter le blâme. » Elle a démissionné. Cette situation l'a découragée de poursuivre une carrière. Elle est maintenant mère au foyer.

Une amie de la famille, Aizhan, 48 ans, qui est une brillante chef comptable dans une grande compagnie privée de Bishkek, m'a dit s'être battue contre le harcèlement sexuel durant toute sa carrière. « On m'a dit que si je voulais réussir, je devais être “amicale” avec mes patrons et mes associés. Évidemment, une amitié est la dernière chose qu'ils veulent, » m'a raconté Aizhan.

Ce qui est le plus épouvantable est que ces hommes sordides s'attendent à ce qu'on apprécie ce traitement. Pour quelle autre raison je viendrais dans leur bureau ? Jeune, célibataire, qu'est-ce que je peux vouloir d'autre ? Selon les standards kirghize, parce que je suis dans la vingtaine et non mariée, je dois être facile.

Quand je marche dans des haut-lieux du pouvoir au Kirghizistan, je suis une cible. Je veux que mes sources me voient comme une journaliste, une professionnelle, pas comme un objet sexuel. Je veux qu'ils me parlent d'affaires et de politique, pas qu'ils me disent à quel point je suis jolie. Parce que cela affecte la façon dont je me perçois. Après chaque proposition, je me répète que ce n'est pas de ma faute. Mais plus je vis ça, moins je crois en moi et moins j'ai d'assurance dans mon travail.

Le blog de Kalybekova reflète beaucoup d'autres expériences similaires subies par des femmes à travers la région. Dena Sholk, qui a fait des recherches au Kazakhstan a écrit :

Je m'identifie complètement à cet article de @EurasiaNet. J'ai vécu beaucoup d'expériences similaires en faisant des recherches au KZ

Les récents articles de Global Voices se sont concentrés sur les luttes du genre au Kirghizistan. On y trouve ce texte écrit par Aliaskar Adylov, racontant un incident où une foule a attaqué un groupe d'activistes pour les droits des femmes, les prenant par erreur pour des missionnaires chrétiens ; ainsi que celui-ci, écrit par Mahina Shodizoda, concernant une jeune femme qui relate dans ses tweets ses fiançailles par enlèvement.