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Tentés par un film chilien ? Plus de 1.000 courts et longs métrages sont disponibles en ligne gratuitement

lundi 30 octobre 2017 à 10:42

Le cinéma “Metro” à Santiago du Chili, en 1937. Photographie issue du compte Flickr de SantiagoNostalgico, sous licence Creative Commons (CC BY-ND 2.0).

Le site web Cinechile a rassemblé une liste de 1.171 productions chiliennes : des longs et courts métrages, des documentaires, des fictions, des films d'animation, de genre variés et de différentes époques. Les films ont été mis à disposition sur le web par leurs producteurs, et archivés par des organisations chiliennes dédiées au développement des arts audiovisuels.

Le site explique :

En este lugar agrupamos 1171 largos de ficción, documentales y cortometrajes que han sido subidos para verse online de manera oficial, según los sitios que los han puesto a disposición. En este sentido, destacamos la gran labor de los sitios del Archivo Digital de la Cineteca NacionalCinetecavirtual.clCinépata.com y el Archivo Patrimonial de la Universidad de Santiago. Además, se suman los vínculos de numerosos realizadores que suben sus propios trabajos en la red.

Ici, nous avons rassemblé 1.171 longs métrages de fiction, des documentaires et des courts métrages qui ont été mis en ligne de manière officielle par certains sites. De ce point de vue, nous devons saluer le grand travail des sites Digital Archive of National Film Library, Cinetecavirtual.cl, Cinépata.com et University of Santiago's Patrimonial Archive. Nous avons aussi ajouté des films de beaucoup de réalisateurs qui avaient mis eux-mêmes leur travail en ligne.

Pourquoi les hippopotames meurent-ils en masse en Namibie

dimanche 29 octobre 2017 à 16:19

Capture d'écran d'hippopotames décédés en Namibie via BBC on YouTube

Le 10 octobre, le ministère de l’Environnement de la Namibie a annoncé la découverte d’une centaine de carcasses d’hippopotames dans le parc national de Bwabwata, dans le nord-est du pays. Cette hécatombe représente une perte de plus de 8 pour cent du parc national d'hippopotames. Hors, c'est sur sa biodiversité et son écosystème que le pays doit son attrait touristique. Selon les données disponibles, le tourisme contribue pour 16 % du PIB et emploie 17,7 % de l’emploi total.

L'annonce d'une telle hécatombe a donc attiré l'attention de plusieurs médias et des utilisateurs des réseaux sociaux. Joe Bauwens, qui a travaillé dans le tourisme axé sur la faune, l'exploration minérale, le développement, la conservation, l'éducation et la chimie environnementale a écrit sur son blog Sciency Thoughts:

Authorities in the Bwabwata National Park in northeast Namibia have reported a suspected outbreak of Anthrax that has killed over a hundred Hippopotamus in the last week. Tissue samples from the animals have been sent for testing, and the cause of the disease has yet to be confirmed, but no other disease is known to be able to rapidly kill large numbers of Hippos in this way. Concerns have also been raised that the disease may have affected other animals in the park, particularly Crocodiles that are likely to have fed on any dead animals in or close to a river.

Les autorités du Parc national de Bwabwata, dans le nord-est de la Namibie, ont signalé une flambée d'anthrax qui a tué plus d'une centaine d'hippopotames la semaine dernière. Des échantillons de tissus provenant des animaux ont été envoyés pour des tests, et la cause de la maladie n'a pas encore été confirmée, mais aucune autre maladie n'est connue pour être capable de tuer rapidement un grand nombre d'hippopotames de cette manière. Des inquiétudes ont également été soulevées que la maladie pourrait avoir infecté d'autres animaux dans le parc, en particulier les crocodiles qui sont susceptibles d'avoir nourri des animaux morts dans ou près d'une rivière.

Le site d'actualités Arc Info décrit comment les carcasses se présentaient:

Une centaine d'hippopotames ont été retrouvés morts dans une rivière d'un parc national en Namibie. Cette hécatombe aurait pu être causée par la maladie du charbon, a annoncé lundi le ministère de l'Environnement.

Sur des photos publiées dans la presse locale, des cadavres d'hippopotames gisent sur le dos ou la tête au-dessus de l'eau dans le parc de Bwabwata (nord-est). “Plus de cent hippopotames sont morts la semaine dernière. On ne connaît pas l'origine des décès mais on soupçonne qu'il s'agit de la maladie du charbon”, a déclaré le ministre namibien de l'Environnement, Pohamba Shifeta.

 La journaliste scientifique Stéphanie Schmidt du site trustmyscience.com pense que les conséquences pourraient être plus lourdes encore s'il s'agit de la maladie du charbon car plusieurs autres espèces animales sont exposées ainsi que les habitants de la zone du parc animalier:

S’il s’avère qu’il s’agit réellement de la maladie du charbon, qui aurait provoqué la mort de tous ces hippopotames (retrouvés couchés sur le flanc et dans les eaux fluviales), alors il se pourrait qu’ils ne soient pas les seuls à être les victimes de cette maladie. Un certain nombre de buffles d’eau morts auraient également été découverts. De plus, les crocodiles qui se nourrissent d’hippopotames morts pourraient également être infectés par la bactérie Bacillus anthracis.

Les habitants locaux et les autorités namibiennes soupçonnent les épidémies de fièvre charbonneuse comme étant responsables de la mort de 300 personnes en 2004 (après qu’elles aient bu de l’eau contaminée), ainsi qu’un autre incident moins grave, survenu en 2010. « Il s’agit d’une situation que nous avons déjà vue auparavant.Cela est déjà arrivé en Zambie, et cela se produit principalement lorsque le niveau de la rivière est bas », a expliqué Colgar Sikopo, directeur des parcs et de la gestion de la faune de la Namibie.

Stéphanie Schmidt ajoute:

Hormis les épidémies de fièvre charbonneuse, les scientifiques ont également, récemment, enquêté sur une autre souche mystérieuse et hybride de l’agent pathogène, liée à la mort de chimpanzés, de gorilles et d’éléphants.

Cette souche serait responsable de près de 40% des décès d’animaux du parc national de Taï, en Côte d’Ivoire, au cours de la période d’étude des scientifiques. Cependant, il n’y a aucune preuve que cette souche particulière soit à l’origine des décès des hippopotames. Les responsables du parc espèrent que l’éloignement de ce dernier, puisse empêcher la propagation de la bactérie à d’autres espèces sauvages de la région.

En plus de la faune sauvage, il y a environ 5500 personnes qui vivent dans la région du parc national de Bwabwata. Actuellement, les autorités les avertissent de se méfier de la zone touchée et surtout de ne pas consommer de la chair d’hippopotame. « Nous conseillons fortement de ne pas consommer cette viande. Nous faisons de notre mieux pour brûler chaque carcasse afin de prévenir la propagation de la maladie, mais aussi pour nous assurer qu’aucune personne n’atteigne ces animaux et n’exploite leur viande », a déclaré Sikopo New Era.

La maladie du charbon est provoquée par une bactérie, Bacillus anthracis, dont les spores peuvent résister plusieurs années, voire plusieurs décennies dans la nature, en attendant d'être ingérées par des hommes, d'autres mammifères et certains oiseaux.

Le site futura-sciences.com relève qu'elle sévit dans des zones du monde aussi différentes que l'Afrique sub-sahélienne, l'Asie, l”Europe du Sud, les Amériques et l'Australie.

Cuba : les victimes d'Irma dans la ville des tornades

dimanche 29 octobre 2017 à 12:09
Afectaciones en las viviendas por el tornado (Foto: Rogelio Serrano)

Dégâts causés par la tornade sur les habitations (Photographie : Rogelio Serrano)

Cet article est un extrait publié en exclusivité par Global Voices. Il est consultable dans sa version originale sur le blog Periodismo de Barrio, où l'on peut aussi lire d'autres articles de Rogelio Serrano Pérez.

Les yeux de Yainelis étaient sur le point de sortir de leurs orbites, mais la peur ne l'a pas paralysée. Son portable à la main, elle est sortie traquer la tornade.

Quelques années plus tôt, elle s'est trouvée à proximité de deux trombes marines, et en 2008, l'ouragan Ike l'a projetée, elle et sa famille, contre un mur de la salle à manger, alors qu'ils bataillaient pour sauver la porte de leur appartement. Pourtant, c'est la tornade du 29 août 2017 qui a été, selon elle, la plus impressionnante.

“Elle est arrivée de nulle part, il ne pleuvait même pas ! Je me suis décidée à aller chercher mon téléphone quand j'ai vu une nuée de pigeons qui voulait descendre, mais le vent l'en empêchait”, raconte Yainelis. “Quand je suis retournée dans la rue, les tuiles volaient comme des morceaux de papier”.

À quelques pâtés de maisons de la très affluente place San Juan de Dios, Georgina Vergel Aguilar a vu le vent emporter le toit entier d'une maison. “Heureusement qu'elle n'était pas habitée ! Les employés de l'entreprise d'électricité ont travaillé jusqu'au matin pour l'enlever des lignes électriques”.

Dans le centre historique, où la tornade a surpris tout le monde, l'ouragan Irma n'a pris personne au dépourvu. Sur l'île, les ouragans, on sait ce que c'est ; les tornades, pas tellement.

“La ville de Camagüey a la particularité d'être la grande ville la plus touchée par les tempêtes dans l'histoire de Cuba, sa périphérie ayant été frappée par six tornades ces douze dernières années”, peut-on lire dans l’Atlas de Camagüey, écrit en 1989 par Roger Rivero Vega, chercheur au Centre météorologique de Camagüey.

“À Cuba, on ne prévoit pas les tornades. Un spécialiste peut avoir la conviction que toutes les conditions sont réunies pour qu'il y ait une tornade un jour donné, mais on n'a pas suffisamment d'éléments pour déterminer où elle va avoir lieu”.

“Quand une tornade survient, on doit étudier son trajet, en analysant tous les types de dommages et en recueillant des informations auprès de tous ceux qui l'ont vue à l’œuvre. Là, on n'a pas pu le faire, et ça devient de plus en plus difficile”.

“On a certes amélioré nos systèmes de radars, mais aujourd'hui, l'Institut n'a pas de plan d'étude pour les tornades. Depuis 1995, je me consacre presque exclusivement au changement climatique, et j'étais le seul à faire des recherches sur les tornades à Camagüey”, assure Roger Rivero.

On ne fait campagne dans aucun média local afin de préparer les Camagüeyens à l'arrivée d'une tornade. “Avec les ouragans, c'est différent, on est prévenus, mais la tornade s'est formée en un instant”, raconte Idalia Andreu.

Pour elle, grâce à sa maison de maçonnerie traditionnelle, Irma n'a pas été une catastrophe, mais la force inhabituelle de la tornade a été, elle, une bien mauvaise nouvelle. Dans le couloir de sa propre maison, elle s'est retrouvée prisonnière de la violence du vent, qui a fini par emporter ses serviettes et ses vêtements et par briser trois fenêtres. “Si je ne m'étais pas bien accrochée aux barreaux, il m'emportait”.

José, un autre voisin, ne veut pas en parler. “Comme si ça changeait quelque chose…”

Chez eux, personne du gouvernement n'est alors venu s'enquérir des ravages de la tornade. Aujourd'hui, si José voulait remplacer les tuiles que la tornade a emportées, il pourrait le mettre sur le compte des assauts d'Irma.

Une vingtaine d'habitations et le Théâtre Guiñol tout juste rénové, c'est ce qu'a retenu des dégâts le reportage donné par Televisión Camagüey aux actualités nationales après le passage de la tornade. On ne pouvait pas faire plus court, au vu du drame que vivent les voisins du quartier périphérique Nuevo Venezuela, situé près de l'usine de conserves de légumes El Mambí, elle aussi oubliée dans le reportage audiovisuel.

Le quartier Nuevo Venezuela est récent et comporte des trottoirs, des rues pavées et des maisons de maçonnerie traditionnelle. Des limites de cet espace urbain jusqu'à pratiquement la voie ferrée centrale, plusieurs personnes se sont installées illégalement.

“Cette zone n'est pas sur la carte”. Pedro Luis Hernández Martínez n'y va pas par quatre chemins. Lui est nouveau ici, et dans l'illégalité, comme tout le monde. “Si je ne m'achète pas des tuiles on ne me donnera rien. J'ai perdu autour de 300 pesos en tuiles”.

“Mais il y en a qui ont perdu beaucoup plus”.

La tornade a déformé la maison de Rolando Carmenate Consuegra. “J'ai tout juste pu rassembler un peu mes affaires, et le cyclone est arrivé. Ce qui est criminel c'est qu'ici, ils ne sont même pas passés pour nous évacuer, avec la quantité d'enfants qu'il y a dans cet endroit”.

Irma a encore plus fait pencher sa maison, et a multiplié les trous dans le toit. Aujourd'hui, Rolando et son épouse se débrouillent avec des morceaux de nylon pour mettre leur fils de six mois à l'abri des gouttières.

Quant à Ramón Reynier Almanza Díaz, l'épisode de la tornade lui a suffi : il est allé chercher refuge chez des amis quand on les a prévenus de l'arrivée d'Irma.

Sa petite maison faite de planches et d'un toit de tuiles a été envahie par la panique le jour de la tornade. “Je l'ai vue faire des ravages dans le quartier El Mambí et je n'ai rien trouvé d'autre à dire à ma femme que ‘Cache-toi’. On a bien fermé la maison, on s'est assis au pied de la porte de l'armoire et on a mis nos filles à l'intérieur, en pleurant. La plus grande a trois ans, et la petite un an et demi. Maintenant, elles peuvent rester jouer dehors, dès qu'elles entendent un coup de tonnerre, elles arrivent en courant”.

Ramón est encore plein d'effroi : “Ma femme veut partir d'ici à tout prix, mais on n'a pas d'argent, on va aller où ?”.

Pour ceux qui l'ont vue à la télévision, la tornade était un événement triste, curieux, passager, lointain. Les informations ne sont pas allées trouver, alors, ceux qui constatent le traumatisme chez leurs enfants, comme Ramón.

Aujourd'hui, c'est la même chose : on n'arrête pas de parler dans les médias de l'impact de l'ouragan Irma, ainsi que des efforts du peuple et du gouvernement pour réparer les dégâts. On ne dit pas un mot de ceux qui ont été abandonnés à leur sort, comme Rolando et son bébé. Pour eux, Irma sera pour toujours le paroxysme de la période la plus troublée de leur vie, qui a commencé le 29 août dans la ville des tornades.

L'afghan Asharaf Barati, ancien réfugié sans-abri devenu entrepreneur à succès, rêve de reconstruire son pays

samedi 28 octobre 2017 à 20:39

Asharaf Barati à Venise avec son collègue et ami Yasin Tanin. Photographie de Basir Ahang, utilisée avec autorisation.

Sauf mention contraire, les liens de cet article renvoient vers des pages en anglais.

Lors d'une nuit d'automne en 1994, les talibans se préparaient à conquérir l'Afghanistan. Seulement deux ans auparavant, une terrible guerre civile avait éclaté entre les différentes factions moudjahidines qui avaient vaincu le gouvernement pro-soviétique de courte durée, transformant le pays en un désert de terreur et de désespoir.

A cette époque, dans un petit village de la province de Ghazni, dans le centre-est de l'Afghanistan, Asharaf Barati, un garçon de 13 ans appartenant à l'ethnie hazara, était en train de souper avec sa famille. Même si sa mère ne l'exprimait pas, elle savait qu'elle ne reverrait pas son fils avant longtemps, peut-être jamais. Le départ du garçon était prévu pour l'aube. Son oncle devait le prendre pour l'amener aux passeurs clandestins.

Ghazni, Afghanistan. Photo prise par le bureau des affaires publiques du siège de l'ISAF. Les membres de l'équipe de reconstruction provinciale de Ghazni ont visité la vieille ville de Ghazni le 18 avril 2010, située dans la province de Ghazni, en Afghanistan. (Caméra de combat interarmées en Afghanistan, photo prise par le sergent-technicien James May). CC-2.0

Ghazni, Afghanistan. Photographie prise par le Bureau des affaires publiques du siège de l'ISAF. Des membres de l'équipe de reconstruction provinciale de Ghazni ont visité la vieille ville de Ghazni le 18 avril 2010, située dans la province de Ghazni, en Afghanistan. (Caméra de combat interarmées en Afghanistan, photographie prise par le sergent-technicien James May). CC-2.0

Abdul Ali Mazari, le chef de la faction politique du Hezb-e-Wahdat, dominée par les Hazaras, venait d'être assassiné par les talibans, et de nombreux Hazaras se sentaient soudainement vulnérables. Les talibans, réputés pour leur haine des Hazaras, se rapprochaient. Ceux-ci quittaient le pays en masse, certains pour le Pakistan, d'autres pour l'Iran.

Quelques jours après sa fuite, Asharaf s'est retrouvé au Pakistan. Il a travaillé dans une mine de charbon pendant quelques années, un travail qui le rendait malade et épuisé. Après cela, il prit ses maigres revenus et se rendit en Iran, où il se retrouva une fois de plus dans un pays étranger parmi d'autres réfugiés, portant des sacs de mortier plus lourds que lui pour gagner sa vie. Comme aujourd'hui, le sort des réfugiés afghans en Iran était une situation d'exploitation difficile. 

“C'était une situation difficile”, se souvient Asharaf dans une interview accordée à Global Voices. “Nous, réfugiés afghans, vivions dans le chantier vide sur lequel nous travaillions, il n'y avait pas de services et pas de chauffage, nous mettions du nylon sur les fenêtres ouvertes pour essayer de ne pas mourir de froid pendant la nuit”.

Après quatre ans, Asharaf a quitté sa vie de sans papiers en Iran et s'est préparé à voyager en Europe. Après un périlleux voyage en mer, il s'est retrouvé naufragé sur une petite île grecque inhabitée. En 2002, après s'être vu refuser l'asile par les autorités grecques, Asharaf est finalement arrivé en Italie.

Asharaf a erré dans les rues de Rome pendant un certain temps, sans abri, dormant dans les parcs et prenant ses repas dans une église qui distribuait de la nourriture aux moins fortunés deux fois par jour. S'il est vrai que l'Italie est devenue une destination offrant une seconde chance aux demandeurs d'asile déboutés, en raison des taux d'approbation relativement élevés, il est également vrai que les conditions dans lesquelles les demandeurs d'asile sont accueillis sont désastreuses. Selon l'ONG Civil Liberties Union for Europe, “le système souffre d'un manque général de transparence. La grande majorité des demandeurs d'asile est hébergée dans plus de 3000 “centres d'accueil extraordinaires”, qui sont des structures improvisées entre les mains d'un personnel non qualifié et non préparé”.

Selon la loi italienne, les demandeurs d'asile ne peuvent accéder aux centres d'hébergement qu'après leur enregistrement officiel, un processus qui peut durer des mois après la présentation d'une demande d'asile. Pendant cette période, les personnes qui n'ont pas les moyens de se payer un logement doivent chercher à recourir à l'hospitalité de leurs amis ou bien dormir à la belle étoile. 

C'est le sort qu'a connu Asharaf.

Mais son esprit irrépressible l'a empêché de rester dans le bas de l'échelle pendant trop longtemps. Après des années de travail dans divers secteurs de la construction, Asharaf a investi ses économies dans l'ouverture d'une auberge à Venise. Ce fut un tel succès qu'après un certain temps, il en a ouvert une deuxième, ainsi qu'un restaurant de vente à emporter. 

L'histoire d'Asharaf Barati fait maintenant l'objet d'un documentaire intitulé “Derrière le luxe de Venise, un Hazara en Italie”, réalisé par Amin Wahidi. Le film a remporté le 24e Venice City Award en 2017.

Asharaf Barati devant "Casa Fiori", l'une des auberges qu'il possède à Venise. Photo par Basir Ahang. Utilisé avec permission.

Asharaf Barati devant “Casa Fiori”, l'une des auberges qu'il possède à Venise. Photographie par Basir Ahang. Utilisée avec autorisation.

En Italie, les entrepreneurs, en particulier ceux qui ne sont pas des ressortissants italiens, sont confrontés à une bataille difficile. La bureaucratie, les taxes élevées et l'accès au crédit sont parmi les principaux obstacles.

Selon une estimation non officielle, il y aurait environ 20.000 Afghans en Italie. Pour beaucoup de migrants, le pays est une escale sur leur route vers d’autres destinations européennes. Mais au cours des dernières années, un certain nombre d'entreprises gérées par les Afghans ont vu le jour, notamment des établissements de confection, des agences de voyage, des hôtels et des restaurants. Certains restaurants afghans ont reçu des critiques favorables de la part de la presse italienne pour leur excellente cuisine.

À Venise par exemple, dans le restaurant Orient Experience [it] de Hamed Ahmadi, les serveurs et le personnel de cuisine sont pour la plupart des réfugiés de différentes parties du monde. Ils racontent l'histoire de leur voyage en Italie à travers les plats afghans, irakiens, turcs et grecs du menu. L'entrepreneur afghan Ali Khan Qalandari a ouvert un nouveau restaurant à Padoue appelé Peace & Spice [it], et des Afghans sont également derrière la pizzeria Kabulogna à Bologne et un restaurant de sushi [it] à Rome.

Mais les ambitions d'Asharaf s'étendent bien au-delà des secteurs de l'hôtellerie et du commerce de détail en Italie, vers les terres qu'il a quittées sous la contrainte lorsqu'il était adolescent.

“Là où il y a un risque, il y a des opportunités”, dit Asharaf avec un sourire. “Je veux investir en Afghanistan, je n'ai jamais oublié mon pays et je ne peux pas vivre heureux en sachant que mon peuple souffre. J'ai l'intention de lancer un projet pour les agriculteurs des provinces les plus pauvres du pays, en particulier les femmes. Elles constituent la moitié de la société et doivent avoir les mêmes opportunités que les autres. “

Asharaf prévoit également d'ouvrir une usine à Kaboul où les gens pourront apprendre les techniques d'emballage et de conservation. “De cette façon,” dit-il, “ils seront en mesure de vendre leurs produits excédentaires sur le marché et d'améliorer leur situation financière.”

Le parcours de l'entrepreneur à succès suit une voie allant de l'insécurité et du doute à la stabilité et à la prospérité. Ayant fait ce voyage lui-même, Asharaf veut maintenant aider l'Afghanistan à le faire aussi.

La dernière menace pour les activistes environnementaux au Honduras vient de la loi

samedi 28 octobre 2017 à 20:04
Une manifestation à la mémoire de Berta Cáceres, assassinée en 2016. Photo: Comisión Interamericana de Derechos Humanos, utilisée sous licence Creative Commons (CC BY 2.0).

Une manifestation en mémoire de Berta Cáceres, assassinée en 2016. Photographie : Comisión Interamericana de Derechos Humanos, utilisée sous licence Creative Commons (CC BY 2.0).

Sauf mention contraire, les liens de cet article renvoient vers des pages en anglais.

Au Honduras, une loi récemment approuvée, qui interdit aux citoyens d'organiser des manifestations sans être considérés comme des criminels, voire des “terroristes [es]“, s'ajoute aux risques encourus par les militants écologistes dans le pays.

Selon la loi pénale, les organisateurs de manifestations pourraient être condamnés jusqu'à vingt ans de prison et les participants à quinze ans, quelle que soit l'objet de la manifestation.

Cette loi est un nouveau problème pour les citoyens du pays d'Amérique centrale où les manifestants sont confrontés à une violence régulière et parfois meurtrière, simplement pour avoir défendu leurs droits et leurs terres. Selon l'ONG Global Witness, plus de 120 activistes ont été assassinés par “la force publique, des gardes de sécurité ou des tueurs à gages” au cours des huit dernières années alors que d'autres ont été incarcérés.

L'activisme a été stigmatisé au Honduras depuis 1963, lorsque le pays a été soumis à un gouvernement militaire qui a duré plus de deux décennies. La crise constitutionnelle de 2009 n'a fait qu'exacerber l'oppression.

Une nouvelle loi au #Honduras menace davantage les activistes dans ce qui est déjà le pays le plus meurtrier sur Terre pour les défenseurs de l'environnement :

La collusion des riches avec les puissants

Selon Global Witness, les droits des activistes honduriens et, parfois, leur vie, sont écrasés par la conjonction entre de puissants intérêts politiques et commerciaux. Les exemples les plus flagrants de répression étatique visent ceux qui défendent leurs terres et les précieuses ressources naturelles qui s'y trouvent.

Les manifestants affirment que la politique pro-entreprise du gouvernement a conduit à des projets qui causent des dommages environnementaux aux communautés vivant dans les zones rurales. C'est pour cette raison que les communautés se défendent.

Les grands investissements, tels que les barrages hydroélectriques et les centres touristiques de luxe, ont mis en péril les moyens de subsistance des populations autochtones, qui ne sont généralement pas consultées avant le démarrage de ces projets.

Des militants qui ont manifesté leur opposition à de tels projets en ont payé le prix ultime. Berta Cáceres, assassinée [fr] après des années de campagne contre la construction d'un barrage hydroélectrique sur le territoire de sa communauté, en est un exemple frappant.

Cáceres soutenait que le barrage constituait une menace pour une source d'eau vitale et sacrée.

Sans surprise, il y a eu peu de progrès dans l'enquête sur sa mort. Selon une enquête du quotidien anglais The Guardian, le nom de Cáceres figurait sur une liste militaire avec les noms de plusieurs autres environnementalistes de premier plan. Ci-dessous, le tweet de COPINH, l'association fondée par Cáceres, montrant les hashtags ‘#19monthswithoutjustice, #justiceforberta and #desagetout’ qui sont devenus viraux. DESA est l'acronyme de la société d'énergie “Desarrollos Energéticos SA”.

#19monthswithoutjustice #justiceforberta #desagetout

Au moins sept militants de plus ont été tués depuis le meurtre de Cáceres et de nombreux autres sont en danger, y compris des militants sociaux et des étudiants. Les manifestations des étudiants, apparues il y a plus d'un an en opposition à une hausse des frais universitaires, ont été dispersées par la police à l'aide de véhicules blindés et de gaz lacrymogènes ces derniers temps.

Pour le moment cette année, trente étudiants ont été incarcérés pour avoir endommagé la propriété de l'Université nationale autonome du Honduras (UNAH) alors que d'autres se sont engagés dans des grèves de la faim.

Le 23 juin 2017, le père d'un étudiant qui avait été emprisonné a été assassiné [es] peu après avoir critiqué la répression menée par l'état. Moins de trois semaines plus tard, Luis Joel Rivera Perdomo, un leader du mouvement étudiant à l'UNAH, a été assassiné. La famille de Perdomo a dû déménager à cause des menaces continues.

Détentions d'étudiants au #Honduras : les poursuites contre les activistes sociaux doivent cesser ! RT pour exposer cont. #HumanRights abuse https://t.co/md882S3lrSpic.twitter.com/ubvOGIP9oX

Étouffés dans l'œuf ?

Le 19 septembre 2017, le congrès national du Honduras a voté une nouvelle loi limitant le droit de manifester au nom de la sécurité publique. Pour beaucoup, cette nouvelle loi assimilant une manifestation pacifique à un crime est la tentative de la classe politique pour étouffer l'activisme dans l'œuf et annuler le droit à la liberté d'association.

Dans un entretien avec Upside Down World Eugenio Sosa, auteur de “Dinámica de la protesta social en Honduras” [Dynamique de la protestation sociale au Honduras, NdT], a expliqué que les citoyens ont été particulièrement actifs dans les discussions sur les questions sociales et environnementales depuis le coup d'état de 2009. La nouvelle loi représente une tentative cynique pour écraser la société civile une fois pour toutes :

This [law] seeks to anticipate – to suffocate at times and above all anticipate – possible popular overflows … in the face of a general public that is very jaded by impunity, corruption, and very severe social inequality.

Cette loi cherche à anticiper – à étouffer parfois et surtout à anticiper – les débordements populaires possibles … face à un public général très blasé par l'impunité, la corruption et une très forte inégalité sociale.

Depuis que la loi a été votée, les Honduriens dénoncent sur les réseaux sociaux les privilèges dont jouissent l'élite corrompue et les graves risques encourus par les manifestants :

Justice au Honduras: Ils volent de l'argent à l'IHSS [l'Institut hondurien de sécurité sociale] et à d'autres institutions : 6 à 8 ans de prison. Les manifestants contre ce vol : 20 ans. Dans l'image : “Vous volez 7 milliards de la sécurité sociale, vous prenez 6 à 7 ans de prison, mais si vous manifestez contre le vol, vous prenez 20 ans.”

En 2009, le Honduras a traversé une crise constitutionnelle qui s'est terminée par ce que de nombreux gouvernements et organisations de défense des droits de l'homme considèrent comme un coup d'état militaire. L'armée hondurienne avait suivi les ordres de la Cour suprême du pays d'évincer le président Manuel Zelaya alors qu'il aspirait à convoquer une assemblée constituante pour réécrire la constitution. Par la suite, le gouvernement de facto dirigé par Roberto Micheletti a mis en place des couvre-feux et, selon Reuters, un “black-out médiatique”, car de nombreux médias ont été censurés. Le gouvernement d'aujourd'hui, dirigé par Juan Orlando Hernández, est souvent au premier plan dans les scandales impliquant la corruption et le détournement de fonds publics.