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C'est la dernière fois que ce patron de café cherche des ennuis à la soeur autiste d'un top-model

vendredi 21 août 2015 à 21:29
Natalia Vodianova et sa soeur Oksana. Photographie largement partagée sur Facebook.

Natalia Vodianova et sa soeur Oksana. Photographie largement partagée sur Facebook.

Une juste indignation s'est propagée la semaine dernière quand les internautes russes ont eu vent d'une nouvelle histoire de cruauté dans les provinces du pays. Cette fois-ci, le gérant d'un café appelé “Flamingo” et situé à Nizhny Novgorod a renvoyé de son établissement une cliente de 27 ans prénommée Oksana, souffrant d'autisme et de paralysie cérébrale depuis sa naissance. Il lui a dit qu'elle effrayait les clients potentiels.

L'incident a gagné une attention médiatique non négligeable, et cela en grande partie parce que Oksana est la soeur de la top-model russe mondialement célèbre Natalia Vodianova.

Natalia Vodianova a profité de sa célébrité pour mobiliser du soutien pour sa soeur. Sur Facebook, elle a décrit le désagréable incident dans le café avec sa soeur dans un post qui a maintenant été partagé plus de 44 000 fois et qui a été “liké” plus de 106 000 fois. Selon Natalia Vodianova, sa soeur passe une grande partie de ses journées à marcher dans le quartier autour de sa maison. Quand sa soeur est fatiguée, sa soignante l'amène dans le café le plus proche. La semaine dernière, alors qu'elles cherchaient à s'asseoir et à se reposer, le gérant a demandé à ce qu'elles partent, disant à la responsable d'Oksana “de se soigner elle et sa fille avant de se montrer en public”.

Les personnes qui sont dans la situation d'Oksana, toutefois, ne peuvent pas être persuadées de faire quoi que ce soit par force ou intimidation, et sa soignante a demandé au gérant du café un peu plus de temps pour la convaincre. Au lieu d'attendre, le responsable a appelé la sécurité. Quand la mère d'Oksana et sa soeur arrivèrent enfin, le gérant a menacé d'appeler la police. Finalement, les deux parties ont porté plainte auprès des forces locales de police.

Natalia Vodianova souligne que ce qui est arrivé à sa soeur n'était pas un incident isolé, mais la réalité de la vie quotidienne pour les personnes qui ont des besoins particuliers et leurs familles.

“Aidons les organisations et les oeuvres caritatives qui oeuvrent chaque jour à la construction d'une société inclusive en Russie – aidons-les avec notre désir de devenir cette société”, écrit Natalia Vodianova. La top-model elle-même est à la tête de Naked Heart Foundation, qui depuis 2004 cherche à changer la perception qu'a la société des personnes souffrant de handicaps. En 2011, encouragée par son expérience du handicap dans sa propre famille, elle a lancé le programme “Every Child Deserves a Family”.

Depuis qu'il s'est attiré une mauvaise réputation comme ennemi des personnes handicapées, le café de Nizhny Novgorod a rapidement fermé ses portes, et son propriétaire risque à présent cinq ans de prison pour avoir “atteint à la dignité humaine”. Natalia Vodianova, cependant, a appelé au calme, demandant de “ne pas échanger une tolérance zéro contre une autre”.

Les services de police locaux n'ont toutefois pas laissé le café s'en tirer. Les responsables du Rospotrebnadzor (l'agence russe de droits des consommateurs et du bien-être humain) a récemment mené des contrôles au café “Flamingo” et infligé des amendes (d'un montant d'environ 3 millions de roubles, soit 40 000 euros) pour une série de manquements à la règlementation, incluant l'absence de certains dispositifs anti-incendie et d'une rampe d'accès pour les handicapés.

Interrogée à propos de la sévère amende, Natalia Vodianova a affirmé qu'elle préférait le voir condamné à des travaux d'utilité publique. “Je suggère de remplacer l'amende par du bénévolat dans un de nos camps de jeunesse péri-scolaires”, a-t-elle expliqué. “Je suis peut-être idéaliste, mais je pense que cela leur serait très profitable”.

Istanbul : Explosion et coups de feu au palais de Dolmabahçe

jeudi 20 août 2015 à 20:28
The peaceful exterior of the Dolmabahçe Palace. Photo by Jack Hennessy.

La façade paisible du palais de Dolmabahçe. Photo Jack Hennessy.

Cet article écrit par Jack Hennessy et initialement publié par Global Student Square est reproduit avec autorisation dans le cadre d'un accord de partnerariat

Deux tireurs présumés ont été appréhendés après l'explosion et la fusillade survenues hier aux abords du palais de Dolmabahçe à Istanbul, célèbre lieu touristique qui abrite les bureaux du premier ministre turc Ahmet Davutoglu.

Prises de panique, les nombreuses personnes présentes ont fui par les issues et se sont répandues dans les rues lorsque deux assaillants ont lâché une grenade assourdissante et plusieurs rafales d'armes automatiques, visant apparamment les policiers qui montent la garde sur ce site de l'époque ottomane. La police a immédiatement bloqué les accès des lieux.

L'agence Associated Press a rapporté qu'un policier a été légèrement blessé.

Si aucune organisation n'a revendiqué l'attentat, selon Associated Press l'agence de presse officielle Anadolu a indiqué que les assaillants étaient des membres du Parti-Front révolutionnaire de libération du peuple, ou DHKP-C. Le Guardian a lui aussi rapporté que les agences de presse turque citaient des sources policières faisant état d'un attentat mené par le DHKP-C.

Le palais de Dolmabahçe est un des grands monuments restant de l'empire ottoman à Istanbul. Mustafa Kemal Atatürk, le fondateur de la Turquie moderne, y est mort en 1938. Des expositions y sont proposées aux touristes, et des ailes abritent des administrations publiques, parmi lesquelles les bureaux du Premier Ministre.

L'incident survient au moment d'une montée des tensions en Turquie, avec les nouvelles offensives lancées par le Président Reccip Tayyip Erdogan et son parti Justice et Développement (AKP) contre les milices kurdes dans le Nord de l'Irak et contre l'Etat islamique en Syrie.

Image: Google maps

Image: Google maps

Mercedi également, huits militaires ont péri dans l'explosion d'une bombe au bord d'une route à Siirt, dans la région sud-est de la Turquie bordant la Syrie et l'Irak. Un attentat attribué au PKK d'après la BBC.

“La Turquie est en état d'alerte avancée”, dit Eyup Kabogan, 27 ans, un barman de l'Hôtel Pierre Loti à Sultanahmet, à cinq kilomètres du palais, dans le centre d'Istanbul. “Même moi je dois maintenant prendre garde où je vais quand je marche dans la rue”.

“A propos, je suis kurde”, remarque Kabogan, ajoutant “mais je sais qu'il y a d'autres manières de changer les choses (politiquememnt)”.

Les touristes doivent éviter les lieux fréquentés et les commissariats de police, avertit Kabogan, qui précise toutefois que les groupuscules terroristes “ne visent pas les touristes, mais les agents de sécurité”.

Le paysage politique turc est volatil depuis que les tentatives de M. Davutoglu de monter un gouvernement de coalition ont échoué la semaine dernière. Mardi, il a donné mandat à M. Erdogan de former un nouveau gouvernement en vue d'élections attendues pour novembre.

“Je ne sais vraiment que penser (de l'attentat de mercredi)”, a dit Berk Çoker, 21, un étudiant à l'université Stanford.

Etudiant en informatique, il projetait de rentrer dans son pays après un stage d'ingénierie en programmation dans la Bay Area de San Francisco cet été.

“Les attentats et l'impossibilité d'une coalition témoignent du climat politique très tendu, qui fait de la Turquie un pays où il est risqué de se rendre”, dit Coker.

En réaction à la montée des violences, écrit The Telegraph, l'administration Erdogan a mis en détention plus de 2.500 membres suspectés de l'EI, du PKK et du DHKP-C.

‘Las Patronas’ redonnent un peu d'humanité au ‘train de la mort’ mexicain

mercredi 19 août 2015 à 23:04
Central American migrants hop a freight train in Ciudad Ixtepec, Mexico on July 15, 2008. The trains are nicknamed "La Bestia" - the Beast - and will take them on a perilous journey 1,500 miles north to the U.S.-Mexican border. Canada's SAWP program flies workers in on a plane. Photo by Peter Haden.

Les migrants d'Amérique Centrale attendent pour monter dans le train de marchandises à Ixtepec, au Mexique. Le train, surnommé La Bête, les emmènera jusqu'à la frontière avec les Etats-Unis. Photo du compte Flickr de Peter Haden, sous licence Creative Commons.

La Bête. Connu aussi comme le “train de la mort“, il traverse le Mexique du sud au nord. Sur ce train de marchandises voyagent les migrants d’Amérique Centrale qui cherchent à rejoindre les États-Unis en quête d'un futur meilleur. A bord, beaucoup sont victimes de vols, d’enlèvements, de viols ou de tortures. A leurs côtés se trouvent aussi ‘Las Patronas’.

Las Patronas sont constituées de Norma Romero et d'un groupe de mères de famille qui, chaque jour, cuisinent dans d'énormes casseroles du riz et des haricots qui seront distribués avec du pain et de l'eau aux migrants qui se trouvent à bord du train pour les États-Unis lorsqu'il passe à La Patrona. La Patrona est un quartier de Acatlán de los Reyes, dans l'Etat de Veracruz au Mexique. Le travail du groupe est décrit dans la pétition [es] de Change.org.

Cette pétition citoyenne a été crée pour faire reconnaitre le travail de ce groupe depuis plus de 20 ans et pour demander sa candidature au Prix Princesse des Asturies, ce qu'elle a réussi à obtenir.

Las patronas sont candidates au prix Princesse des Asturies.

En 2013, Romero, la fondatrice de Las Patronas, a reçu le prix des Droits de l'Homme de la Commission National des Droits de l'Homme Mexicaine. Ce prix reconnaît son travail dans la promotion et la défense des droits des migrants.

Ce n'est par pour rien qu'il est surnommé le “train de la mort”:

Julian Cormona a écrit à propos de ‘La Bête’ sur ZonaJ [es]:

“Se llama Mario. Dice que tiene 28 años, que es de Guatemala, que él y su novia, Elsa Marlen, de 19 años, embarazada de gemelos, apenas habían iniciado su viaje hacia Estados Unidos cuando en el municipio de Huixtla, en el Estado de Chiapas, Elsa Marlen desapareció.

Dice que él la buscó durante semanas y que, buscándola, desanduvo sus pasos y regresó a Guatemala. Que fue allí donde meses después, y a través de fotografías que le mandó la cancillería de su país, reconoció el cadáver de su novia. Tenía las manos cortadas. La habían enterrado en una fosa común.

Il s'appelle Mario. Il dit avoir 28 ans, venir du Guatemala et que lui et sa copine, Elas Marlen, 19 ans, enceinte de jumeaux, commençaient à peine leur voyage pour les États-Unis quand dans le village de Huixtla, dans l'état du Chiapas, Elsa Marlen a disparu.

Il dit l'avoir cherchée pendant des semaines et, dans sa recherche, il est revenu sur ses pas et est retourné au Guatemala. C'est là-bas que des mois plus tard, et à travers de photographies que lui a envoyées la chancellerie de son pays, il a reconnu le cadavre de sa copine. Elle avait les mains coupées. Ils l'avaient enterrée dans une fosse commune.

José Luis Pinilla Martin a écrit un article sur son blog [es] dédié à ce groupe, dans lequel il note qu'à ses débuts, lorsque aider des migrants sans papiers était considéré comme un délit, le groupe a pris d'immenses risques.

Como ellas mismas lo saben, los premios son plataformas para visibilizar las luchas que cada organismo o grupo humano  realiza. Y por lo tanto, convertir a las Patronas en Princesas – como si fueran las cenicientas del siglo XXI – es poner en valor la realidad de un grupo  que canaliza una labor organizadamente,  blanco sobre negro, desvelando la cruda  realidad de las y los migrantes en su paso por México (y por todos los caminos del mundo) . Y que descubre– y esto no es un cuento – sus  dolores y tragedias no solo en sus viajes de  tránsito, sino en sus países de origen y en los de su destino. Es más: Un acción individual que empezó con la Señora Norma,  se ha transformado – también paradigmáticamente –  en la acción de todo un pueblo

Comme elles le savent elles-mêmes, les prix sont des vitrines qui mettent en valeur les luttes menées par chaque association ou groupe de personnes. C'est pourquoi, transformer Las Patronas en Princesses – comme si elles étaient des Cendrillons du 21ème siècle – est mettre en avant la réalité de ce groupe de femmes qui dirige un service bien organisé et attire l'attention sur la dure réalité des migrants, hommes et femmes, dans leur voyage à travers le Mexique (et par tous les chemins du monde). Vous découvrirez, – et ceci n'est pas un conte de fées – leurs souffrances et leurs tragédies, pas seulement lors du voyage, mais aussi dans leur pays d'origine et à leur destination finale. De plus, c'est une action individuelle qui a commencé avec Madame Norma, et qui s'est transformée dans l'action de tout un village.

D'après le portail Sin Embargo [es], la procédure de candidature ne fut pas simple.

La nomination au prix doit être faite directement par la représentation diplomatique de chaque pays présente à Madrid, mais l'ambassade du Mexique a tardé à le faire, ou plutôt, ne l'a pas fait avant que l'ONG Change ne les ait quasiment obligés avec une initiative permettant aux citoyens de montrer leur soutien aux candidates grâce à leur signature électronique.

Même le Sénat et la Chambre des députés sont intervenus avec un rappel à l'ordre au Secrétariat des Relations Extérieures. Il fallait 7 500 signatures, et ils en ont reçu près de 50 000.
Plus d'information sur l'histoire de Las Patronas :

Le prix Princesse des Asturies de la Paix 2015 sera annoncé le 2 septembre prochain.

Éthiopie: Retour devant les juges des blogueurs de Zone9, après 15 mois derrière les barreaux

mercredi 19 août 2015 à 22:44
Transfèrement à la cour par la police de Natnael Feleke (centre droit) et de son collègue blogueur Atnaf Berahane (centre gauche) . Crédit photo Trial Tracker Blog.

Transfèrement à la cour par la police de Natnael Feleke (centre à droite) et de son collègue blogueur Atnaf Berahane (centre à gauche) . Crédit photo Trial Tracker Blog.

Cinq membres du blog collectif éthiopien Zone9 [fr] attendent de connaître leur sort ce mercredi 19 août lorsqu'une commission de trois juges réunie à la haute cour Lideta d'Addis-Abeba décidera si les accusés peuvent être libérés ou s'ils devront faire face à une autre série de procès.

Comme le procès bâclé initié il y a 15 mois arrive à un stade critique à peine quelques jours avant que la Haute Cour fédérale n'aille en vacances d'été, nous vous proposons un bref résumé de l'affaire, ainsi que les procédures et les résultats possibles de ce qui ressemble à un procès sans fin.

L'affaire Zone9

Les blogueurs de Zone9 [fr] traitaient des questions sociales et politiques en Éthiopie en cherchant à promouvoir les droits humains et la bonne gouvernance. Connus pour leur position critique sur les politiques et les pratiques du gouvernement, ils ont fait face à diverses menaces avant d'être arrêtés en avril 2014, sur la base d'accusations d'incitation à l'agitation sociale par l'usage de moyens virtuels. Après avoir passé plusieurs semaines en détention provisoire au centre Maekalawi, une prison d'Addis-Abeba, célèbre pour ses conditions difficiles, ils ont été inculpés [fr] en vertu de la loi antiterroriste du pays.

Ils pourraient être reconnus coupables aujourd'hui de terrorisme et de charges liées à la trahison pour l'utilisation des outils de cryptage pour leurs communications en ligne et leurs blogs. L’acte d'accusation de 21 pages contre les blogueurs de Zone9 précise les lois que les blogueurs auraient enfreintes depuis mai 2012. Lire la suite ici et ici.

Cinq des neuf membres du groupe arrêtés à l'origine (dont un est jugé par contumace) ont été libérés le 8 et 9 juillet 2015, quelques semaines avant la visite historique de Barack Obama dans le pays. Les autorités ont abandonné toutes les charges contre eux, sans fournir aucune explication officielle. Aucun changement n'a été apporté aux accusations portées contre les quatre blogueurs Zone9 restés en prison.

Les observateurs pensent que la libération partielle des blogueurs de Zone9 était une tentative du gouvernement éthiopien de détourner les critiques sur son lourd bilan en matière des droits de l'homme à l'approche de la visite du Président Obama.

Un procès ajourné 33 fois

Le procès des blogueurs de Zone9 a été reporté 33 fois. Les juges ont ajourné l'affaire continuellement  invoquant une panoplie de raisons, allant du banal à l'insolite. Lors d'une récente audience, les procureurs ont plaidé pour un renvoi de l'affaire en raison de ce qu'ils ont décrit comme un “manque de temps”. Les juges ont accepté cela comme une raison valable, en dépit du fait que les blogueurs aient passé plus d'un an en prison.

Plusieurs fois les procédures ont été ajournées au moment où les accusés entraient dans la salle d'audience. À certaines occasions, les accusés n'ont même pas eu la possibilité d'écouter ce que leurs conseils disaient dans la salle d'audience.

Lorsque le gouvernement a décidé d'interrompre brusquement l'affaire contre cinq des blogueurs et de les libérer, les juges ne l'ignoraient. Les représentants de l'Etat ont affirmé que les cinq blogueurs avaient été libérés en application de la loi du pays, et que ceux qui sont maintenant libres avaient eu une participation minimale dans le soit-disant crime. Mais cette mesure soudaine a soulevé plus de questions que de réponses parmi les observateurs. Pourquoi le gouvernement libère seulement cinq personnes tout en maintenant les autres en prison, alors qu'ils avaient tous été initialement accusés du même crime ? La libération d'une partie des blogueurs aura-t-elle un impact sur le cours du procès des autres?

Quelle pourrait être la suite? 

Un procès équitable est tout simplement impossible dans le cadre du système judiciaire éthiopien, qui est généralement décrit comme un appareil de contrôle de la dissidence à l'égard du régime. Bien que la libération de cinq accusés ait créé un optimisme de courte durée en juillet, différents scénarios sont possibles le mercredi. Cela pourrait inclure une décision confirmant le verdict de culpabilité, une autre série d'ajournements à long terme, voire un acquittement.

Après la libération partielle des blogueurs en juillet, les responsables gouvernementaux ont justifié leur décision de garder les autres derrière les barreaux, en publiant des déclarations contenant un large éventail d'arguments erronés. Ces déclarations pourraient fournir un premier aperçu clair de la façon dont le procès est susceptible de se dérouler mercredi, et pas seulement en termes de décisions immédiates des juges – verdicts de culpabilité ou acquittements – mais aussi en termes de comment le gouvernement a précisément l'intention de libérer les blogueurs.

Dans un entretien suite à la visite de M. Obama et retransmis sur l'unique réseau de télévision du pays, le célèbre journaliste Tefera Gedamu a demandé à M. Redwan Hussein, Ministre chargé de la communication du gouvernement, “Pourquoi n'avez-vous pas libéré certains d'entre eux comme un geste de bonne volonté … cela n'était il pas possible ? Je sais que vous dites qu'il y a un processus juridique en cours… “

M. Redwan a répondu que le gouvernement allait leur accorder sa clémence et les libérer sous condition s'il y a une raison de le faire. Il a également défendu la libération d'une partie des blogueurs, répétant que les blogueurs restants ne seraient pas libérés, que les accusations contre eux n'auraient pas été abandonnées, et que le risque de retourner en prison pendait sur leur tête ainsi que sur celle de ceux qui avaient été libérés. Il a continué:

La gravité de leur crime devait être examinée … ceux qui ont une implication mineure par rapport aux autres, bien que chacune et chacun d'entre eux pouvait être déclaré coupable … si leur comportement et leur libération menaçait l'intérêt public … qui sert l'intérêt public plutôt que leur séjour derrière les barreaux, alors ils seront libérés.

M. Tedros Adhanom Ministre éthiopien des Affaires étrangères a également a parlé dans le même sens que M. Redwan, dans une interview au service en amharique de la VOA.

Ces déclarations sont des indications que la haute cour fera probablement respecter les déclarations publiques faites par ces fonctionnaires du gouvernement. Cependant, leurs déclarations peuvent également être lues comme une indication que le gouvernement a l'intention de libérer les blogueurs après leur condamnation en leur accordant la clémence. Quel que soit le résultat, un débat intense en ligne va continuer pour dire # FreeZone9Bloggers jusqu'à ce qu'ils soient tous libérés.

La censure russe falsifie des preuves contre un journal pour faire respecter la “dépolitisation” de l'information

mercredi 19 août 2015 à 16:22
Olkhon Island par Marco Fieber, 25 février 2013, publié par Kevin Rothrock. CC 2.0.

Ile d'Olkhon par Marco Fieber, 25 février 2013, photo-montage de Kevin Rothrock. CC 2.0.

Il y a presque un an jour pour jour, le 17 août 2014, l'agence de surveillance des médias du Kremlin, Roskomnadzor, a mis en garde plusieurs organes de presse, leur interdisant de publier des articles sur une manifestation qui se tenait alors en Sibérie. Le week-end dernier, dans le procès en appel d'un journal contre le gouvernement, les censeurs gouvernementaux ont révélé précisément pourquoi ils avaient interdit plusieurs reportages l'année dernière sur le rassemblement en Sibérie. Selon certaines sources, Roskomnadzor est même allé jusqu'à falsifier certaines preuves contre un des journaux, bien que, de toutes façons, la Cour ait tranché en sa faveur.

La manifestation de l'année passée avait été appelée “Marche pour la fédéralisation de la Sibérie”, et était le fait d'un petit groupe d'anciens activistes national-bolcheviques, qui avaient rejoint ce mouvement après le “tournant vers la face obscure” d'Edouard Limonov sur la question ukrainienne. (Limonov a soutenu l'intervention de la Russie). La marche de la “fédéralisation” militait en faveur de plus d'autonomie, souhaitait que la Sibérie garde plus de recettes fiscales pour son gouvernement local et promouvait “une politique régionale indépendante de celle de Moscou”.

Selon le site Ovdinfo.org, qui dit surveiller la “violence étatique”, le procès en appel du week-end dernier est une première pour Roskomnadzor qui a enfin expliqué — même si ce n'est qu'en termes vagues — ce qu'il considérait illégal dans les reportages sur la manifestation sibérienne. Le journal qui avait défié l'interdiction mise en place par Roskomndazor est le The New Times, un journal libéral dirigé par Yevgenia Albats. (Le journal a perdu son premier procès en janvier 2015, quand un tribunal de Tver a contourné la décision gouvernementale de censurer un article publié le 15 août 2014 et intitulé “La parade des souverainetés 2.0.”)

Dans ce premier procès qui s'est déroulé début 2015, Roskomnadzor n'a pas donné de précisions sur les raisons pour lesquelles il interdisait la couverture de la manifestation faite par The New Times, bien que le public ait appris que le procureur général russe n'était pas directement responsable de la répression contre le journal. Alors que le procureur général est chargé de combattre l'extrémisme et “les appels à des rassemblements non autorisés”, il se trouve que Roskomnadzor a repéré seul la “Parade des souverainetés 2.0″, et a agi sur les conseils de nombreux procureurs d'interdire tout contenu médiatique sur les “rassemblements en faveur de la fédéralisation”.

Dans le procès d'appel, Roskomnadzor a finalement clarifié sa position. Ovdinfo.org rapporte :

По мнению Роскомнадзора, фразы о том, что в Новосибирске призывали к несогласованным акциям и о том, что марш за федерализацию хотели провести по «традиционному для Новосибирска маршруту демонстраций» являются призывами к участию в несогласованных акциях.

Selon Roskomnadzor, les propos appelant les gens à Novossibirsk à participer à une manifestation non autorisée, et le fait que [les organisateurs] souhaitaient que la marche pour la fédéralisation se déroule “sur le trajet habituellement emprunté pour les manifestations dans la ville” constituaient un appel [illégal] à participer à une manifestation non autorisée.

Ovdinfo.org rapporte également que Roskomnadzor “a falsifié les citations de l'article du [The New Times],” offrant au tribunal, en guise de preuves contre le journal, des “propos qui n'apparaissaient pas dans le texte” du reportage.

Bien que Roskomnadzor ait mené une campagne vigilante contre les reportages sur la manifestation sibérienne de l'année dernière, de plus petits sites web ont montré que la censure du gouvernement est moins sévère quant il s'agit de la mise en application des sanctions. L'article interdit du New Times (que le journal a supprimé de son site internet après avoir reçu un avertissement de Roskomnadzor) est toujours accessible par les internautes russes, puisque immédiatement republié sur un site appelé Free Zone. L'été dernier, le gouvernement a aussi envoyé un avertissement à Free Zone, mais le site a refusé de supprimer son contenu. Par ailleurs, il est toujours accessible sur Russia today.