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Pourquoi parler de pizza peut vous attirer des ennuis en Thaïlande

samedi 25 octobre 2014 à 14:57
The Pizza Company hotline 1112 has become a code word to refer to Article 112 of the criminal code

La hotline 1112 de The Pizza Company est devenue un mot de code pour faire référence à l'article 112 du code pénal

Si vous êtes en Thaïlande et que vous avez une envie soudaine de pizza, il est fort probable qu'on vous réfèrera The Pizza Company, la plus grande chaine de restauration rapide dans le secteur de la pizza dans le pays. Et lorsque vous composez la  ligne directe “1112” de la compagnie, sachez qu'il y a des activistes en Thaïlande qui utilisent le mot pizza pour faire référence au tristement célèbre article 112 du code pénal.

Khaosod English, un site de nouvelles basé à Bangkok, a expliqué que le mot pizza a fini par être associé à l'article particulier de la loi pénale, tout simplement en raison du numéro de téléphone de The Pizza Company, presque identique au nom de la loi.

L'article 112 traite du crime de lèse-majesté ou loi sur l'insulte contre la monarchie,qui criminalise tout comportement jugé insultant pour la famille royale. Le roi de Thaïlande est le personnage public le plus vénéré du pays en plus d'être le plus long monarque régnant du monde. Des universitaires pensent que l'article 112 est le plus sévère au monde et devrait être amendé. Plusieurs personnes ont déjà été détenues pour avoir prétendument insulté le roi par SMS ou publication de commentaires en ligne.

Certains activistes ont accusé le gouvernement d'utiliser la loi pour décourager les critiques. Il y a eu plusieurs pétitions pour une réforme de l'article 112 mais les autorités ont rejeté ces propositions.

Activist Red Shirts used this sticker to refer to Article 112

Les activistes “Red Shirts” (chemises rouges) ont utilisé cet autocollant pour faire allusion à l'article 112

Pour éviter les poursuites en vertu de l'article 112, des Thaïlandais utilisent le mot pizza pour se référer à la loi “draconienne” au lieu de mentionner directement la mesure:

Si une discussion commence à dévier dangereusement vers une insulte à la monarchie, quelqu'un peut demander, en plaisantant, “Est-ce que vous nous commandez une pizza?” ou “J'espère qu'ils servent des pizzas en prison.”

Après que l'armée ait pris le pouvoir en mai dernier, le nouveau gouvernement a introduit plus d'une douzaine de cas de lèse-majesté. Un cas récent a impliqué un universitaire qui a été dénoncé par un officier de l'armée à la retraite pour avoir insulté un roi décédé.

Ceux qui sont reconnus coupables de lèse-majesté peuvent être gardés en détention pendant 15 ans.

Alors, la prochaine fois que vous composez le 1112 en Thaïlande, assurez-vous de bien faire référence à The Pizza Company. Sinon, vous pourrez manger une pizza dans une cellule de prison.

Cinq ans de prison pour Oscar Pistorius qui a tué sa fiancée : un verdict juste ou trop clément ?

vendredi 24 octobre 2014 à 22:54
Paralympic athlete Oscar Pistorius in court. May 5, 2014 by Ihsaan Haffejee. Demotix.

L'athlète paralympique Oscar Pistorius devant le tribunal, le 5 mai 2014. Photo: Ihsaan Haffejee. Copyright Demotix.

Oscar Pistorius, le coureur sud-africain amputé des deux jambes reconnu coupable d'homicide involontaire sur sa petite amie (abattue l'année dernière), a été condamné à cinq années de prison, ainsi qu'à une peine de trois années d'emprisonnement avec sursis pour infraction commise à l'aide d'une arme à feu. 

Oscar Pistorius aurait pris la victime, Reeva Steenkamp, pour un cambrioleur qui tentait de s'introduire chez lui en passant par la fenêtre des toilettes. L'État, selon la juge Thokozile Masipa, n'a pas réussi à prouver hors de tout doute raisonnable qu'il s'agissait d'un meurtre avec préméditation. 

Ce procès a été l'événement médiatique le plus important d'Afrique du Sud. Il a suscité un vif intérêt et fait l'objet d'une intense couverture médiatique. Le verdict rendu lors du procès d'Oscar Pistorius vient après la peine de 77 ans de prison infligée en juillet à un braconnier de rhinocéros, un scandale pour de nombreux usagers de Twitter.  

D'autres personnes ont estimé que la juge s'était montrée trop clémente. Les failles évidentes du système judiciaire national sont ainsi pointées du doigt par ces internautes :

Un verdict complètement lamentable. Une condamnation à moins d'années de prison pour meurtre que pour pour fraude, c'est vraiment se moquer de la vie humaine. Dégueulasse.

5 ans de prison ? Il pourra sortir dans 2 ans – CE N'EST PAS ASSEZ !!!

En vertu de la loi sud-africaine, Oscar Pistorius pourra être libéré au bout de huit mois.
Stéfanie Ship interroge :

Quel est donc ce monde où l'on peut tuer quelqu'un et écoper de seulement cinq ans d'emprisonnement ?! Une vie humaine ne vaut-elle que cinq ans ?!

5 ans de prison, ça signifie qu'il pourra être libéré au bout d'à peine 2 ans. Souvenez-vous-en.

Nous, les femmes, découvrons aujourd'hui que notre vie vaut peut-être moins qu'un logo sur une chaussure de sport !

Honte à vous Masipa IL N'Y A PAS DE JUSTICE POUR Reeva Steenkamps. C'est une parodie de justice, votre jugement est une insulte aux droits des femmes et aux victimes des violences familiales, qui ont été ici niés.

Je sais, il ne s'agissait pas de satisfaire l'opinion publique, mais moi, j'aurais aimé qu'il en prenne au moins pour dix ans !

Le procès d'Oscar Pistorius a duré plus de temps qu'il n'en passera en prison.

Sur Facebook, Thapelo Tips Seemise a comparé la durée de la peine de prison prononcée au temps qui s'est écoulé depuis que Reeva Steenkamp a été tuée :

Deux ans de procès, et, au final, un verdict de cinq ans d'emprisonnement !!! La justice est un mythe dans notre pays. ‪#‎OscarTrial‬

D'autres internautes, cependant, approuvent ce jugement :

Je suis d'accord. Mais une peine de 5 ans de prison, c'est quand même mieux que les travaux d'intérêt général, vers quoi semblait se diriger la juge.

Tant de gens se sont empressés de juger Oscar, comme s'ils étaient parfaits. Il a écopé d'une peine de prison, alors soyez contents et arrêtez de vous plaindre.

Quoi que l'on puisse en penser, la juge Masipa comprend vraiment le but d'un jugement: réconcilier et non pas condamner.

[La juge Masipa rend la justice avec clémence] Tout le monde ne sera pas satisfait du jugement, c'est évident. Mais la juge Masipa a présenté des arguments réfléchis.

Les gens, ici, n'ont pas à tirer de conclusions, ni à s'insulter, ni à manquer de respect envers la Loi de notre pays. Il y a l'appel, qui semble plus possible.

 Certaines internautes ont réagi avec humour :

J'attends la sortie d'une trilogie de livres: “Comment ne pas être condamné pour meurtre”

Alors… qui va acheter les droits cinématographiques ? Je pense personnellement qu'Universal n'est plus dans le coup

[La juge ne sait pas JUGER ! Oscar s'en tire avec 5 ans après avoir tué Reeva StenKamp - on voit qu'on s'en sort facilement d'un meurtre en Afrique du Sud].

Mdr, voilà pourquoi Dewani est venu ici pour tuer sa femme mec.

Shrien Dewani est un ressortissant britannique accusé d'avoir commandité le meurtre de son épouse Anni lors de leur lune de miel en Afrique du Sud, où son procès son déroule actuellement.

Memorial, le mouvement de défense des droits humains en Russie, visé par le ministère de la Justice

vendredi 24 octobre 2014 à 19:50
"Memorial" under pressure in Russia. Images edited by Kevin Rothrock.

“Memorial” sous pression en Russie. Montage d'images par Kevin Rothrock.

Memorial, une des organisations de défense des droits humains les plus anciennes et les plus respectées de Russie, est-il promis à la disparition ? Le 9 octobre 2014, le Ministère de la Justice a demandé à la Cour Suprême de la Fédération de Russie la liquidation partielle de Memorial, et les juges ont obligeamment fixé une audience au 13 novembre. Si, pour le moment, le Ministère de la Justice est resté discret sur ses griefs contre l'organisation de défense des droits, Memorial indique que la question de fond est que l'administration veut lui voir adopter une structure de fonctionnement plus centralisée.

Memorial a été enregistré en 1992 comme une coordination d'une soixantaine d'organismes distincts dans toute la Russie, dont beaucoup sont juridiquement indépendants les uns des autres. Le mouvement dans son ensemble s'active à la défense des droits humains pour les victimes de l'Etat russe, passées et présentes, avec une attention particulière à celles du goulag et du Nord-Caucase.

Le recours du Ministère de la Justice faisait suite à une émission spéciale de la télévision russe diffamant Memorial, accusé de complicité avec les “extrémistes et terroristes”.

Ecrivant sur Facebook, Pavel Andreev, directeur d'un bureau de Memorial dans la république des Komis, a écarté la possibilité que le Kremlin force son mouvement à mettre la clé sous la porte. Les accusations, veut-il croire, ne sont qu'une difficulté de plus dans le paysage juridique instable de la Russie. Au fur et à mesure des modifications législatives depuis la fondation de Memorial, l'organisation est seulement dans la nécessité de passer de nouveaux accords avec ses filiales pour être en pleine conformité avec la réglementation fédérale.

Так что моя оценка на данный момент: значение новости преувеличено. Речь о какой-либо травле не идет, это юридическая ситуация, выход из которой найден и реализуется. «Мемориал» безусловно продолжит свою работу.

Dans mon évaluation pour le moment, l'importance de la nouvelle est exagérée. Il ne s'agit d'aucune persécution, c'est une situation juridique, une solution sera trouvée et mise en oeuvre. Memorial continuera absolument son travail.

Le lendemain 11 octobre, Memorial publiait sa propre déclaration, à la tonalité légèrement plus inquiète :

Претензии Минюста совершенно беспочвенны – не случайно в ответ на наше недоумение мы так и не смогли получить никаких ссылок на нормы закона. Нам представляется недопустимой сама ситуация, когда Минюст противозаконно пытается ограничивать конституционное право граждан на объединение.

Les griefs du Ministère sont totalement infondés, et ce n'est par hasard qu'en réponse à notre perplexité nous n'avons pu obtenir aucune référence aux règles légales. Cela nous paraît un état de fait inadmissible que le Ministère de la Justice essaye illégalement de restreindre le droit constitutionnel d'association des citoyens.

En 2009, Ramzan Kadyrov, l'homme fort de la Tchétchénie, avait assigné Memorial devant les tribunaux, sur des accusations de diffamation, lorsque son président pour les droits humains Oleg Orlov avait évoqué la complicité de Kadyrov dans le meurtre de la militante de Memorial Natalia Estemirova. En 2011, l'organisation a été contrainte de cesser presque complètement ses activités à Naltchik, dans la république méridionale de Kabardino-Balkarie, après que deux de ses avocats travaillant dans la région ont reçu des menaces de mort.

Cette toute récente “menace de liquidation” n'est pas non plus la première rencontrée par Memorial. Une loi adoptée en 2012 impose au mouvement de s'enregistrer auprès du Ministère de la Justice comme “agent étranger” car il accepte des financements extérieurs. A l'instar des autres ONG russes actives dans le domaine des droits humains, Memorial a refusé l'enregistrement officiel et a préféré assigner l'Etat en justice pour renverser la loi. Memorial a également rejoint d'autres ONG dans un procès contre le gouvernement russe devant la Cour européenne des droits de l'homme.

Comme par le passé, Memorial peut très bien trouver une voie pour esquiver la destruction et survivre dans le futur. Il y a moins de deux semaines, le président du Conseil des Droits de l'Homme du Kremlin Valéri Fedotov a dit soutenir le travail de Memorial. Il a même proposé sa médiation dans les discussions entre le mouvement et le Ministère de la Justice :

А Минюст должен действовать по закону, если в уставе организации нарушения. Поэтому мы поможем им найти общий язык.

Le Ministère de la Justice doit agir selon la loi s'il y a violation des règles. C'est pourquoi nous les aiderons à trouver un langage commun.

Pas plus tard que cette semaine, le 21 octobre, le ministère russe de la Justice s'est déclaré disposé à retirer sa requête de démantèlement de Memorial, si l'organisation est en mesure de se restructurer à la satisfaction des autorités lors d'une conférence prévue prochainement. Si le mouvement parvient à apaiser le pouvoir, ce ne sera que le dernier épisode en date de la longue série d'adaptations politiques de Memorial.

Burundi: Surmonter le handicap du bégaiement

jeudi 23 octobre 2014 à 11:24

Le 22 octobre,  le monde a commémoré la 17ème Journée mondiale du bégaiement. C'est une  occasion  pour prendre conscience des problèmes de communication que rencontrent chaque jour plus de 70 millions de personnes à travers le monde. Des personnes souffrant de bégaiement ont réussi dans plusieurs domaines, comme Winston Churchill, Napoléon 1er, Albert Einstein, Tiger Woods ou Marylin Monroe. Cependant, cette pathologie peut souvent constituer un sérieux handicap dans la vie quotidienne de ceux qui en souffrent.

Le bégaiement peut être surmonté mais au prix de grands efforts. Armel-Gilbert Bukeyeneza, journaliste et blogueur burundais, décrit son expérience sur son site gbukeyeneza.mondoblog.org:

Que de douleurs, de frustrations, d’angoisse quand tu veux parler et que les mots se cassent au niveau de la gorge pour finalement sortir en syllabes isolées. Voilà la déconfiture que j’ai vécue pendant plus de 20 ans. Ça me prenait parfois 10 secondes, 30, voire 1 minute juste pour dire « Maman ».

Mmmmmmm…parfois je m’arrêtais par là. Je souffrais, je frappais le mur, me tournais, me retournais, pour forcer la dernière syllabe. Des fois ça marchait, d’autres fois pas.

Les camarades d’école étaient toujours là, n’arrangeant en rien les choses. Ils riaient, raillaient, me coupaient parfois la parole, fatigués de mes histoires jamais racontées jusqu’au bout. La frustration grandissait, et la peur de s’exprimer ne cessait d’enfler…..

Comme pour m’étouffer, bégayer fut un grand couvercle interne à mon épanouissement. Ironie du sort : de nature je suis un peu volubile. Un autre caractère aurait arrangé peut-être l’affaire. De surcroît, par passion et par conviction, à l’université je me suis retrouvé dans différents clubs d’échange et de réflexion. Il fallait parler, organiser des conférences, bref m’affronter et faire face à ma peur et à « mon » handicap. Le choix était clair : soit me dire  “Je suis bègue, c’est un sacré problème d’élocution et de communication qui me bloquera toute la vie” ou faire fi de ce bégaiement. J’ai opté pour la seconde option. Heureusement d’ailleurs. La peur s’est volatilisée. Les railleries de l’entourage, mes frustrations, ne pesaient plus, et ça n’a été qu’une question de jours pour m’en sortir une fois pour toutes.

São Paulo manque d'eau mais le rationnement est inutile selon les autorités

jeudi 23 octobre 2014 à 07:54
The Cantareira System, which supplies 7 million people with water, has reached record lows yesterday with 4,1% of its total capacity. Image by Flickr user Fernando Stankuns.

Le système Cantareira, qui fournit de l'eau à 7 millions de personnes, a atteint hier un niveau historiquement bas: il ne fonctionne plus qu'à 4,1% de sa capacité totale. Image de Fernando Stankuns sur Flickr. CC BY-NC-SA 2.0

L'Etat de São Paulo,  le plus peuplé du Brésil, traverse actuellement la pire crise de l'eau qu'il ait connue depuis des décennies. En 84 ans, les précipitations estivales n'ont jamais été aussi faibles. Cela a engendré une sécheresse qui a, jusqu'à présent, touché 70 grandes villes, affectant ainsi la vie de 13,8 millions de personnes.

38 de ces villes ont instauré un plan de rationnement de l'eau : il s'agit d'approvisionner les différents quartiers de façon alternative chaque semaine. Cependant, la capitale, São Paulo, qui est aussi la plus grande métropole d'Amérique latine, fait partie des villes connaissant une situation des plus préoccupantes. Le système Cantareira, un ensemble de réservoirs constitué de quatre lacs, fournit de l'eau à 45 % de la population de la région métropolitaine de São Paulo (soit environ 6,5 millions d'habitants) et d'autres grandes villes environnantes.  Maintenant, il ne fonctionne plus qu'à 4,1% de sa capacité totale. Un niveau historiquement bas.

Malgré cela, le gouvernement de l'État de São Paulo et Sabesp, l'entreprise publique qui gère le fonctionnement du système Cantareira, nient, depuis des mois, le risque d'une pénurie d'eau dans la capitale ainsi que la nécessité de promulguer un plan de rationnement, comme l'ont fait d'autres grandes villes. Mais, depuis le début de l'année, des habitants de plusieurs quartiers de São Paulo se plaignent de coupures d'eau hebdomadaires, voire quotidiennes. Cette semaine encore, 34 écoles publiques de la ville ont rencontré des difficultés d'approvisionnement.  Pour cette raison, des cours ont dû être annulés dans au moins l'une de ces écoles.

Certaines personnes pensent subir un rationnement officieux. Sur le site Faltou Água (On manquait d'eau), une carte indique les endroits où des coupures d'approvisionnement en eau ont été signalées par les usagers. 

Ci-dessous, quelques extraits de messages envoyés sur ce site en août et septembre: 

Corte de agua das 00:00 as 6:30 no jardim sao paulo zn de sp. Acontece a pelo menos 1 semana”

Coupure d'eau de minuit à 6 heures du matin dans le quartiers des Jardins de São Paulo (Zone Nord). Cela dure depuis au moins une semaine.

Aqui na Vl Monumento falta água toda noite, começou faltando à partir das 0h depois foi aumentando o período, hoje dá 21h e já não tem mais água.

Ici, dans le quartier de Vila Monumento, il y a des coupures d'eau toutes les nuits. Cela commence à minuit mais ces coupures se produisent également dans la journée, et de façon quotidienne. Aujourd'hui, cela a commencé à 21 heures. Il n'y a plus d'eau. 

Na v Madalena cortam todas as noites. Isso faz quase 2 meses

Dans le quartier Vila Madalena, l'eau est coupée toutes les nuits depuis deux mois.  

Toutefois, de nombreux autres habitants de São Paulo n'ont pas rencontré de problèmes d'approvisionnement en eau. Vinícius Duarte a développé une théorie intéressante, qu'il a publiée sur Facebook, pour expliquer cela:

Boa parte da população paulistana AINDA não sente a falta d'água (e acredita no governo, e continua gastando a rodo, e fazem piadinha com o tema) por uma razão simples: mora em prédio de apartamentos. Quando a Sabesp desliga o fornecimento (todo dia), o morador não vê a torneira seca e fica tranquilão. Afinal, ela continua a ser abastecida pela caixa d'água do edifício, que é coletiva. (…) Como algumas unidades consomem menos que outras, a coisa vai meio que se compensando. Mas isso só enquanto TEM água na caixa.

La plupart des habitants de São Paulo ne ressentent PAS ENCORE la pénurie d'eau (ils font aussi confiance au gouvernement, continuent de gaspiller de l'eau et de plaisanter à ce sujet) pour une raison bien simple : ils habitent dans des immeubles d'appartements. Lorsque l'alimentation est coupée par l'entreprise Sabesp (et cela se passe tous les jours), ces habitants peuvent toujours utiliser l'eau du robinet, en pensant que tout va bien. Mais cette eau provient de la tour d'eau de l'immeuble ; l'approvisionnement est collectif. Étant donné que les habitants de certains appartements utilisent moins d'eau que d'autres, les écarts de consommation se compensent mutuellement. Mais ce phénomène ne durera que s'il reste de l'eau dans le réservoir.  

Le système Cantareira sur le point de s'effondrer

Le parquet de l'État de São Paulo a fait savoir cette semaine que Sabesp était au courant, depuis 2012, que les réservoirs risquaient de manquer d'eau. À l'époque, cette société avait envoyé un rapport à ses investisseurs de New York – 25,4 % de ses actions ayant été introduites en Bourse – en les avertissant du risque d'une sécheresse, annoncée pour avril 2014, qui pourrait avoir un impact sur les finances. Cependant, elle s'est décidée à prendre des mesures il y a seulement environ huit mois ; une réduction de prix pour les usagers ayant économisé de l'eau était la stratégie la plus importante de lutte contre l'assèchement imminent du principal réservoir. 

Depuis mai, Sabesp utilise la première partie du “volume mort” (les restes d'eau se trouvant au fond du réseau de lacs). Les régulateurs lui ont interdit de récupérer de l'eau provenant de la seconde partie, de peur que les approvisionnements ne soient mal gérés. Mais cette décision a été annulée devant l'urgence de la situation : la première partie de ce volume ne sera utilisable que pendant les semaines à venir.  La seconde partie de ce volume contient 106 millions de litres et devrait être utilisable jusqu'en mars 2015, sans qu'un rationnement en eau ne soit nécessaire. Après, il ne restera plus rien (il n'existe pas de “troisième” partie dans le “volume mort” du système Cantareira), sauf l'espoir. L'espoir que les précipitations de la saison des pluies, laquelle atteint son pic de décembre à février, suffiront à fournir plus d'eau à la population de l'Etat de São Paulo pour le reste de l'année 2015.

La blogueuse Camilla Pavanelli a publié ce commentaire pour ses suiveurs (qui sont au moins 1600) sur Facebook

O plano do governo do estado é um só: captar até a última gota de volume morto e torcer para que chova. Não há plano B. Sendo assim, eu diria que já passou a hora de reconhecermos o seguinte: O tempo de pensar no uso racional e consciente de água já passou. O assunto, agora, é outro. O assunto não é “usar com parcimônia para que não acabe”. O assunto é que está acabando – ou, se considerarmos que a água do Sistema Cantareira que estamos consumindo é volume morto, já acabou.

Le gouvernement de l'État de São Paulo n'envisage qu'une seule chose: vider complètement les réservoirs et prier pour qu'il pleuve. Il n'existe pas de plan B. Cela étant dit, je pense qu'il est temps pour nous de reconnaître quelque chose: il est trop tard pour réfléchir à l'utilisation rationnelle et responsable de l'eau. Le navire a bien navigué. Maintenant, il s'agit principalement de ne pas “utiliser l'eau sagement, ou alors cela ne s'arrêtera pas”. Cela s'arrête cependant – ou bien c'est déjà fini, si nous considérons que nous avons consommé le “volume d'eau mort”. 

Selon les spécialistes, il faudra au moins quatre ans pour que le système Cantareira fonctionne à nouveau normalement, à condition toutefois que les pluies atteignent des records historiques. Les principaux plans de construction visant à capter l'eau d'autres rivières et réservoirs de l'État de São Paulo ne seront prêts qu'en 2016, d'après le calendrier établi par l'entreprise Sabesp.  

Et à la campagne ?

Le rationnement de l'eau est officiel dans 38 communes qui ne sont pas gérées par l'entreprise Sabesp ; ce sont plutôt de petites entreprises locales qui s'occupent de cet approvisionnement.

Le principal avantage du rationnement officiel de l'eau est le suivant : les gens peuvent savoir à quel moment et à quelle heure il y aura une coupure. Ainsi, ils peuvent prendre leurs précautions, sans être pris par surprise. 

Pour autant, les rassemblements et les révoltes existent bien. Depuis février dernier, un rationnement de l'eau a lieu à Itu, ville de 163 000 habitants. L'approvisionnement est couteux ; il faut acheter tous les jours 3 millions de litres d'eau à des villes avoisinantes. Dimanche dernier, les habitants se sont rassemblés pour la quatrième fois pour protester contre la pénurie d'eau. Ils ont bloqué une autoroute et incendié un bus.