PROJET AUTOBLOG


Global Voices (fr)

Archivé

source: Global Voices (fr)

⇐ retour index

Queer Pakistan bloqué : Arme à double tranchant de la couverture médiatique ?

vendredi 27 septembre 2013 à 19:29

[Les liens mènent à des pages en anglais.]

Queer Pakistan - Block page

Interdit ! Queer Pakistan – Page bloquée du 24 septembre 2013

Le site web nouvellement lancé Queer Pakistan a été bloqué hier, fortuitement le jour même où Global Voices a publié un article présentant le site. L'homosexualité est condamnée par la religion et par la loi au Pakistan, et l'objectif de ce site était de fournir un espace sûr pour les jeunes lesbiennes, gays et transsexuels pakistanais afin qu'ils puissent discuter de leur sexualité anonymement. Dans sa brève existence de deux mois, le site a attiré à la fois des acclamations et des huées en ligne pour oser discuter de sujets tabou. Les actualités télévisées sur Al-Jazeera et sur Deutsche Presse-Agentur (DPA) ont aidé à augmenter la fréquentation du site à 10 000 visiteurs uniques le mois dernier, avec une moyenne de temps de visite de 7 minutes. Les deux articles ont souligné le fait que les censeurs du web pakistanais sont typiquement hostiles à ce genre de contenu, mais le journaliste pakistanais écrivant pour DPA est allé jusqu'à demander une déclaration de la part de l'Autorité pakistanaise des télécommunications (PTA) à propos du site à la fin du mois d'août. Questionné, un porte-parole du PTA a dit que le gouvernement était “déjà en train d'examiner le contenu du site web” et le bloquerait s'il trouvait du contenu blasphématoire ou pornographique. Outre les citations de sympathisants de Queer Pakistan, le journaliste a aussi interviewé un chef religieux qui a dit que “ces pratiques sont totalement contraires à l'Islam. C'est le devoir des autorités de les contrôler”. Se peut-il que cette recherche naïve d'un équilibre journalistique ait sonné le glas pour une initiative courageuse ?

Gay Pride

Fête de la Gay pride. Photo de lewishamdreamer, via Flickr (CC BY-NC 2.0)

Il est commun pour les “guerriers du clavier” au Pakistan d'alerter les autorités quand ils voient du contenu qu'ils considèrent moralement ou religieusement répréhensible donc il n'est pas étonnant que le site soit finalement bloqué. Mais alerter les autorités directement et leur demander un commentaire public n'a pas pu aider. Quand vient le temps de communiquer avec les médias, les activistes numériques devraient se rappeler que les journalistes ne sont pas toujours dignes de confiance avec des informations sensibles. Trop de couverture médiatique peut avoir un effect négatif, en particulier quand des articles ne mettent pas en lumière les angles qui sont les plus favorables à la cause. Les journalistes devraient être libres pour couvrir des histoires comme ils veulent — mais les activistes ont besoin d'être conscients des risques que cela entraîne. Plus d'une fois par le passé, j'ai aussi vu des reporters utiliser imprudemment leur vrai nom au lieu de pseudonymes, ce pourquoi je conseille souvent aux activistes anonymes de garder deux faux noms plutôt qu'un seul (le second peut être présenté comme nom “réel” à qui le demande, mais n'a pas vraiment besoin de savoir). Pour Queer Pakistan, un site web bloqué est seulement un incident de parcours — le groupe comprend évidemment qu'il repousse les limites de ce qui est normalement considéré comme admissible au Pakistan. Le jeune fondateur anonyme du site l'installe en miroir sous un domaine différent et affirme ne pas être découragé, déclarant “Nous ne laisserons pas le PTA s'en tirer comme ça sans lutter !”

C'est officiel ! QueerPK est interdit de visionnage au Pakistan depuis hier ! Nous installons le site web en miroir sous un nouveau domaine ! Restez à l'écoute

L'Amérique latine se souvient de ses disparus

vendredi 27 septembre 2013 à 19:08
Manifestación convocada por la Agrupación de Familiares de Detenidos Desaparecidos. 2009, Santiago, Chile. Foto de antitezo en Flickr (CC BY-NC-SA 2.0)

Manifestation organisée par l'Association des Parents de Détenus Disparus. 2009, Santiago, Chili. Photo avec l'autorisation de antitezo sur Flickr (CC BY-NC-SA 2.0).

La Fédération latino-américaine des associations des familles de détenus et disparus et l'Organisation des Nations Unies ont proclamé le 30 août Journée internationale de commémoration des victimes de disparitions forcées pour rappeler aux gouvernements du monde entier que les proches de ceux qui ont disparu ne les oublient pas.

Pendant ce temps, de nombreux mouvements et organisations ont utilisé Internet comme un espace permettant de raconter leurs histoires et pour réfléchir ensemble sur le terrorisme d'Etat commun aux dictatures.

Selon Wikipedia :

El crimen de desaparición forzada, definido en textos internacionales y la legislación penal de varios países, está caracterizado por la privación de la libertad de una persona por parte de agentes del Estado o grupos o individuos que actúan con su apoyo, seguida de la negativa a reconocer dicha privación o su suerte, con el fin de sustraerla de la protección de la ley. El asesinato de la persona víctima de desaparición forzada, frecuentemente tras un cautiverio con torturas en un paradero oculto, pretende favorecer deliberadamente la impunidad de los responsables, que actúan con el fin de intimidar o aterrorizar a la comunidad o colectivo social al que pertenece la persona.

Le crime de disparition forcée, défini par des textes internationaux et la législation pénale dans différents pays, se caractérise par la privation de liberté d'une personne de la part d'agents de l'Etat ou de groupes ou individus agissant avec leur soutien, suivie du refus de reconnaître ladite privation ou son équivalent, dans le but d'éliminer toute protection juridique. L'assassinat d'une victime de disparition forcée, souvent par le biais de la captivité et la torture dans un endroit caché, favorise délibérément l'impunité des responsables, qui agissent dans le but d'intimider ou de terroriser la communauté ou l'environnement social de la victime.

Ces disparitions ont laissé une empreinte profonde sur les villes d'Amérique latine, des lieux où des cas similaires existent aujourd'hui. Présenter un nombre représentatif de manifestations et d'activités à partir des informations qu'on peut trouver sur Internet serait impossible en un seul billet. En outre, il est important de souligner que les cas de disparitions diffèrent de pays à pays et de région à région, selon la nature des conflits particuliers.

Espérant approcher les différents mouvements observés sur le web pour comprendre le contexte de ces crimes, nous présentons ici ce qui ne peut être qu'un petit échantillon des histoires racontées en ligne, et les organisations qui relient ceux qui se souviennent des disparus à travers Internet, et qui cherchent, en même temps, à ce que justice soit faite et que la mémoire demeure.

Le musée et parc Grimaldi [espagnol] au Chili propose des activités et fournit une archive orale des histoires de certains des proches de victimes de disparitions forcées pendant la dictature d'Augusto Pinochet. Dans la vidéo suivante, certains participants expliquent l'importance de rassembler les souvenirs et témoignages :

Sur le blog The Clinic, Héctor Salazar souligne [espagnol] l'importance d'un dialogue continu sur les faits entourant les disparitions et les changements violents de pouvoir à l'occasion de l'anniversaire du coup d'Etat contre Salvador Allende. Pour Salazar, certains éléments méritent d'être soulignés :

Muchos se preguntan el por qué vamos recurrentemente a nuestro pasado reciente […] pareciera que existe en nosotros una tendencia inevitable por seguir escarbando en ese pasado como si en ello se nos fuera la vida. […] Las causas del golpe militar son materia de debate y nos cuesta mucho concordar los múltiples factores que incidieron en dicho desenlace en razón de que el camino recorrido para ir aceptando las responsabilidades propias ha sido escatimado buscando cargar las tintas en el adversario… [Así] la mentira se instaló oficialmente ese mismo once de septiembre en el país y los que la instalaron fueron las propias fuerzas armadas.

Todo ello corrompió el alma nacional hasta tal punto que hoy la incredulidad es el estado natural de nuestra sociedad.

Beaucoup de gens se demandent pourquoi nous continuons à regarder en arrière, vers notre récent passé [...] C'est comme s'il existait en nous une tendance inévitable à continuer à creuser ce passé comme s'il était vivant. [...]. Les causes du coup d'Etat militaire sont matière à débat et il nous en coûte de nous mettre d'accord sur les multiples facteurs qui ont abouti à ce résultat parce que le chemin emprunté pour accepter les vraies responsabilités a été écarté pour rejeter le blâme sur l'adversaire … C'est ainsi que le mensonge s'est officiellement installé ce même 11 septembre et ceux qui l'ont installé sont les forces armées de ce pays elles-mêmes.

Tout cela a corrompu l'esprit national à un tel point qu'aujourd'hui que l'incrédulité est un état naturel de notre société.

Felipe Henríquez a écrit le site El Quinto Poder [espagnol] au cours des célébrations de la Fête des Mères, à propos d'​​une approche pour comprendre la douleur des mères de disparus et adressé ses paroles” à ces mères de ce Chili sans leurs fils et filles qu'on ne peut célébrer aujourd'hui, mais plutôt commémorer” :

A esas madres que se ven a sí mismas frente al espejo, sesenta años después de haberlos parido, pariéndolos una y otra vez todas las mañanas. Treinta y ocho años sin sus hij@s, en una vida eterna.

Pour les mères qui se regardent au miroir, soixante ans après leur avoir donné naissance, leur donnant naissance encore et encore chaque matin. Trente-huit ans sans leurs fils et leurs filles, c'est une éternité.

En Colombie, le conseil municipal de Medellín [espagnol] publie des informations concernant les disparitions forcées en Antioquia, qui, selon le blog est le département colombien comptant le taux le plus élevé de disparitions forcées :

Medellín presenta este año dos mil desaparecidos, de los cuales 199 casos son por desaparición forzada.

Medellín a enregistré cette année deux mille personnes disparues, dont 199 cas de disparitions forcées.

Également en Colombie, où les disparitions forcées sont liées à des groupes paramilitaires, Pablo Romero recueille un des nombreux témoignages que les mères des disparus peuvent donner:

En l'Argentine, Rubén Reveco [espagnol] explique quelques-unes des caractéristiques des disparitions forcées.

La desaparición forzada se ha usado a menudo como estrategia para infundir el terror en los ciudadanos. La sensación de inseguridad que esa práctica genera no se limita a los parientes próximos del desaparecido, sino que afecta a su comunidad y al conjunto de la sociedad.

La disparition forcée est souvent utilisée comme une stratégie visant à semer la terreur parmi les citoyens. Le sentiment d'insécurité que cette action génère n'est pas limité aux proches des disparus. Au contraire, il affecte la communauté et la société dans son ensemble.

De la même manière, Reveco note la présence de ces crimes au niveau international et souligne que de nombreuses victimes proviendraient de groupes de défense des droits humains qui peuvent également subir des dommages physiques importants qui rendent leur situation encore plus terrible.

Las desapariciones forzadas, que en su día fueron principalmente el producto de las dictaduras militares, pueden perpetrarse hoy día en situaciones complejas de conflicto interno, especialmente como método de represión política de los oponentes.

Es motivo de especial preocupación:

-el acoso de los defensores de los derechos humanos, los parientes de las víctimas, los testigos y los abogados que se ocupan de los casos de desaparición forzada;

-el uso por los Estados de la lucha contra el terrorismo como excusa para el incumplimiento de sus obligaciones; y la todavía generalizada impunidad por la práctica de la desaparición forzada.

Debe prestarse también especial atención a los grupos de personas especialmente vulnerables, como los niños y las personas con discapacidad.

Les disparitions forcées, qui, autrefois, étaient principalement le fait de dictatures militaires, peuvent être perpétrées, aujourd'hui, dans des situations complexes lors de conflits internes, en particulier comme méthode de répression politique des opposants.

Les questions d'intérêt spécial sont les suivantes:

-La violence sur les militants des droits humains, les proches des victimes, les témoins et les avocats qui s'occupent des cas de disparition forcée;

-L'utilisation de la part des Etats de la lutte contre le terrorisme comme prétexte pour ne pas remplir leurs obligations, et l'impunité généralisée pour la pratique de la disparition forcée.

Une attention spéciale devrait également être accordée aux groupes particulièrement vulnérables de la population, comme les enfants et les personnes handicapées.

Sur Tumblr, sous la balise # detenidos-desaparecidos [espagnol] (détenus disparus), de nombreux hommages, des photos et des textes sont affichés en permanence. En particulier, la page publie des citations, des photos et des slogans qui visent à contribuer à la lutte pour garder la mémoire vivante par ce média social.

On peut voir sur le blog Daniel Acosta [espagnol] une autre exemple de la lutte pour garder la mémoire vivante et un moyen de nous aider à comprendre la douleur des proches d'une personne disparue. Ce blog est un espace où les membres de la famille de Daniel Acosta publient des photos, entrent en contact avec les institutions et pour écrivent lors des anniversaires importants pour essayer d'arrêter le temps au moment où Daniel a été contraint à disparaître, le 14 septembre 1979. Voici l'introduction de ce blog :

Pese a los años que han pasado de tu desaparición, tu ausencia se siente como si fuera ayer. Esos ojos azules como el cielo que aun vemos, ese corazón noble y luchador con que te recuerdan. No nos devolverán tu hermosa mirada, es cierto,ni ese gran corazón, pero tu lucha no fue en vano Dani…

Malgré les années qui se sont écoulées depuis ta disparition, ton absence se fait sentir comme si c'était hier. Tes yeux bleus comme le ciel que nous voyons encore, ce coeur noble et combatif qui reste dans notre souvenir. On ne nous rendra jamais ton beau regard, c'est certain, et ce grand cœur, non plus, mais ton combat n'a pas été vain Dani …

Divers artistes se sont également unis pour la sauvegarde de la mémoire. Parmi eux, Rubén Blades a écrit une chanson intitulée “Desapariciones”, composée et enregistrée en l'honneur des victimes de disparitions forcées. L'utilisateur de Youtube “daspork” a publié la vidéo d'un musicien interprétant la chanson dans le métro.

Marcelo Bulgarelli a utilisé la version de Maná de la chanson pour créer une vidéo qui combine des images, des vidéos et des témoignages amers de quelques-unes des mères de disparus.

Rassembler ces expériences est un travail difficile mais insuffisant. Les réseaux virtuels dans la région débordent de photos, de chansons, d'hommages, de blogs et de débats. En vue de recueillir un peu plus de ce qui peut être trouvé sur l'Internet à propos de ce sujet, une deuxième partie de cet article s'efforcera de rassembler plus d'histoires provenant d'autres pays de la région.

Dorothée Danedjo Fouba sur le journalisme numérique en Afrique

vendredi 27 septembre 2013 à 15:24

Le journalisme numérique est en plein essor sur le continent africain. Dorothée Danedjo Fouba (dite DorothyDaf), blogueuse camerounaise et journaliste multimédia nous fait un état des lieux de ce secteur et des qualités requises pour y exceller. Elle est la lauréate du « Best African ICT Blog, Telkom-Highway Africa New Media Awards 2013» (Prix du meilleur Blog des Tic en Afrique).

Propos recueillis par Dibussi Tande (@dibussi)

Dorothee Danedjo, à la remise du Best ICT Blog 2013 Award - photo avec la permission de l'auteur

Dorothee Danedjo, à la remise du Best ICT Blog 2013 Award – photo avec la permission de l'auteur

Dibussi Tande: Félicitations d’avoir remportée le « Best African ICT Blog, Telkom-Highway Africa New Media Awards 2013. » Que-ce que cela représente pour vous ?

Dorothée Danedjo Fouba : Ce prix représente pour moi une grande reconnaissance pour mon travail journalistique, particulièrement en journalisme multimédia, pourquoi pas une consécration du travail bien fait.
Votre blog a été primé deux fois de suite par Highway Africa. Qu’est-ce qui fait la particularité dorotheedanedjo.com ?
Mon blog est orienté vers web et nouvelles technologies pour les journalistes et communicateurs. Concrètement il donne des astuces et outils didactiques en podcast audio et vidéo. Je pense que sa démarcation d’avec les autres c’est qu’il s’efforce de traiter l’information en français et en anglais dans une démarche éducative.
En plus de votre blogging, vous animez une chronique sur le multimédia a la CRTV et vous venez d’obtenir un Master professionnel en ingénierie de l’éducation aux médias en ligne de l'Université Sorbonne Nouvelle. Qu’est-ce qui explique votre passion pour les TIC et pour le journalisme numérique particulièrement?
Disons tout simplement que tout ce qui est technique m’a toujours attirée depuis mon enfance. Je suis peut être une bonne manieuse des lettres mais une scientifique dans l’âme. Tout ce qui peut être démontré de manière technique m’intéresse voilà pourquoi je me suis tournée au fil du temps vers le journalisme numérique en voulant toujours voir comment s’approprier les outils technologiques pour l’exercice de la profession.
Qu’est-ce qui vous a poussé vers le blogging ? Le désir de combler un déficit professionnel, une passion pour la chose écrite, etc. ?
Comme je le disais je suis une hybride, produit des lettres et de l’amour de la technique. En me tournant vers le blogging, non seulement ça m’a aidé à combler un déficit professionnel justifié par le fait qu’il n’est toujours pas aisé de traiter de tout type de sujet dans une rédaction ordinaire à cause de la ligne éditoriale mais également à extérioriser ce que je pense des méthodes et approches que l’on pourrait adopter pour l’arrimage des médias aux technologies nouvelles.

Dorothee Danedjo à la remise du  Best ICT Blog 2012 Runner-up Award- avec permission de l'auteur

Dorothee Danedjo à la remise du Best ICT Blog 2012 Runner-up Award- avec permission de l'auteur

Selon vous, qu’est-ce qui explique le manque criard des blogs camerounais et même africains qui focalisent sur les TIC ?
Je crois que ce manque se justifie par le fait que s’investir dans un blog essentiellement focalisé sur les TIC demande beaucoup de temps. Or dans sa définition première le blog est un journal personnel et de ce fait, il est géré par un individu. Ce qui n’est pas aisé. Autre chose, cela demande une certaine culture numérique, un investissement personnel afin de pouvoir collecter l’information. On préfère généralement écrire des brulots de propagandiste politique, des essais sur la culture et de « faire pitié » du point de vue politique face à certaines cibles. Parfois c’est tout simplement de la paresse.
La plupart des medias camerounais tardent à adopter les nouvelles technologies, ont une présence en ligne très timide et n’exploitent pas suffisamment les réseaux sociaux. Qu’est-ce qui explique ce phénomène ? Le manque des moyens financiers, une infrastructure numérique peu fiable ou un manque d’information tout court?

J’incriminerai plutôt l’inculture et la peur de l’inconnu. On a peur de tout ce qui est nouveau et qui peut amener un changement d’habitudes et de pratiques.

Selon vous quelles sont les principales caractéristiques d’un bon journaliste numérique ou blogueur ?
Un bon journaliste numérique ou un bon blogueur doit déjà posséder des caractéristiques intrinsèques à tout bon journaliste, c'est-à-dire : rechercher, collecter et diffuser des informations véridiques et avérées de manière claire, précise et concise et dans le respect de l’éthique et de la déontologie en matière de publication d’informations. En outre il doit être un bon curieux et avoir une bonne connaissance de la mise en ligne de contenu et des outils numériques.
Il y’a quelques années vous avez avancée l’idée selon laquelle les nouveaux medias peuvent sauver la littérature africaine. De quoi s’agissait-il concrètement ?
Cette idée date de 2011 si mes souvenirs sont bons. Celle-ci consistait à voir comment mettre en place un réseau en ligne de distribution du livre africain. Mon concept à réaliser sous forme de portail spécialisé s’appuie sur la transformation des livres ordinaires en e-book. Une solution qui pourrait se baser stratégiquement sur le bulk sms.
En 2011, vous avez tracée les contours d’un projet de librairie numérique basé sur deux portails littéraires dénommés Kamerbooks et Afrobooks. Qu’en est-il avec ce projet ?
Effectivement, ce projet numérique est la résultante de mon idée sur les nouveaux médias pour la littérature africaine. Il y a deux ans lorsque je cherchais les voies et moyens de le mettre en place, j’ai failli me faire berner un soi-disant entrepreneur web Camerounais. Aujourd’hui je nourris le projet de le réaliser dans les plus brefs délais et je ne suis pas fermée aux propositions de potentiels partenaires pour ce projet.
En mars 2012, vous avez remporté un autre prix panafricain, l’African FOSS Reporter Award (prix de reportage africain sur les logiciels libres et open source) du FOSSFA. Comment est-ce que les logiciels libres peuvent êtres les catalyseurs du développement socio-économique pour les pays Africains ?
En réalité le caractère moins coûteux de ce type de logiciel, la liberté que l’on a de les modifier de les distribuer et la protection anti-virale qui en découlent font en sorte qu’ils se présentent irrémédiablement comme des catalyseurs de développement. Imaginer un seul instant que l’administration camerounaise se les approprie, premièrement l’on réduirait de 0 les frais d’importations en anti-virus, deuxièmement les coûts d’achat de logiciels à licence s’amoindriraient d’au moins de moitié. Ce qui représente incontestablement un gain énorme qui permettrait d’employer quelques chômeurs quand on sait qu’ils sont si nombreux dans les pays en voie de développement.
Est-ce qu’il y’a une différence entre DorothyDaf la bloggeuse et Dorothée Danedjo Fouba la journaliste chevronnée qui travaille au Ministère de la Communication?
Ha, pas vraiment. DorothyDaf c’est bien le diminutif de Dorothée Danedjo Fouba. Les actes que je pose en tant que Dorothydaf sur la toile sont entièrement assumés par Dorothée Danedjo Fouba , cadre à l’inspection générale du Ministère de la Communication du Cameroun. Les deux tâches impliquent ma liberté et ma responsabilité de journaliste en tout point.
Une dernière question : Vous avez 30 ans à peine mais vous avez déjà une armoire plein de trophées et des distinctions, et un Master tout nouveau entre autres. Comment voyez-vous la suite de votre carrière ?
La suite de ma carrière professionnelle se profile à l’horizon avec la réalisation d’une plateforme didactique multimédia d’éducation aux médias en ligne que j’ai commencé à mettre en place pendant mon année de Master avec Ingenieris Cameroun : Matic.edu (Médias Assistés par les TIC). J’espère avoir la grâce et la santé que seul Christ donne afin de pouvoir le voir se concrétiser.
Merci des encouragements et de l’intérêt que vous m’accordez.

Avec la Coupe du Monde, le Brésil devient un marché prioritaire de la surveillance

vendredi 27 septembre 2013 à 11:06
"Gigantes do setor de vigilância obtêm contratos em diversas cidades para monitorar brasileiros durante os jogos de 2014 - desde  escanners de segurança até softwares de rastreamento remoto." Foto: Agência Pública

“Les géants du secteur de la surveillance obtiennent des contrats dans diverses villes pour enregistrer les brésiliens pendant les J.O. de 2014 – des scanners de sécurité aux logiciels de suivi à distance.” Photo: Agência Pública

[Tous les liens renvoient à des pages en portugais]

Cet article, écrit par Bruno Fonseca, Jessica Mota, Luiza Bodenmüller et Natalia Viana, a été publié à l'origine le 6 septembre 2013 par Agência Pública, en couverture spéciale #SpyFiles3.

Peu après avoir été informée de l'affaire d'espionnage par la N.S.A. américaine, la présidente Dilma Rousseff a demandé aux ministres Paulo Bernardo (Communications) et José Eduardo Cardozo (Justice) d'inclure dans le Marco Civil da Internet [une charte des droits des internautes brésiliens] un dispositif permettant de suspendre les opérations des entreprises qui coopéreraient avec les systèmes d'espionnage internationaux. “Ce peut être une banque, une entreprise de téléphonie”, a dit le ministre des Communications.

Mais garantir la sécurité des données sensibles peut passer aussi par les entreprises multinationales de la surveillance, une bonne partie de la demande croissante de surveillance pour la Coupe du Monde étant comblée par les géants du secteur – les mêmes entreprises qui fournissent les équipements et logiciels aux polices du monde entier, y compris le gouvernement américain et la N.S.A..

Une grande partie de ces entreprises sont mentionnées dans le récente publication, sur Wikileaks, du projet Spy File 3, une compilation de 249 documents de 92 entreprises, dont des brochures, contrats et métadonnées afférentes à quelques-unes des principales entreprises du secteur. Ils montrent que, dans la perspective des “Grands Evénements”, le Brésil devient une priorité pour l'industrie mondiale de la surveillance.

Le Secrétariat Extraordinaire de Sécurité pour les Grands Evénements (SESGE) investit dans diverses technologies de sécurité publique. Déjà 200 millions de reais [soit 87 millions de dollars américains ou 66 millions d'euros] ont été dépensés en contrats sur le plan national. Et l'industrie des équipements de surveillance s'est assurée de profiter de cette opportunité. Ces dernières années, divers salons commerciaux ont eu lieu dans le pays.

Quand les spécialistes de la surveillance s'unissent

En juillet, à Brasilia, ce fut le tour du ISS World, qui réunit polices, agences de sécurité et analystes des renseignements pour une formation en interception légale, investigation électronique de haute technologie et équipements d'intelligence des réseaux. Financée par les plus importants du secteur, tels que Gamma Group, Hackingteam, Cobhan Surveillance, Hidden Technology, GlimmerGlass et l'entreprise brésilienne Suntech, ce sont leurs directeurs qui ont animés les ateliers.

Quelques cours expliquaient, par exemple, comment utiliser les réseaux sociaux pour les renseignements sur les sources publiques en investigations criminelles, ou comment mieux utiliser Facebook : depuis la sécurité sur Facebook à la rétention de données et à l'interaction avec les forces de sécurité. Une autre formation, dispensée par l'entreprise Group 2000 Netherlands, abordait le fonctionnement de l'interception de données au niveau national, combinée au LBS (Location-based service) – un service de programmation d'ordinateurs qui permet d'inclure la localisation et l'horaire dans un système utilisé. L'entreprise IPS avait pris pour thème les médias sociaux et les messageries web : l'architecture de Big Data pour l'interception massive, en plus d'un cours sur “l'intrusion futée” de réseaux sociaux et messageries web. L'entreprise brésilienne Suntech, qui fait maintenant partie du groupe américain Verint, a financé une journée complète de formation, spécialement focalisée sur l'interception de télécommunications.

En plus de l'ISS, la LAAD, Latin American Aerospace & Defence, le principal salon commercial de sécurité et de défense d'Amérique Latine est organisé au Brésil depuis 1995, avec l'appui des Ministères de la Défense et de la Justice. Ces dernières années, les Grands Evénements sont devenus le principal sujet de ce salon, base pour les grandes affaires du secteur.

En 2011, par exemple, le Ministère de la Défense a annoncé le projet pour un Système Intégré de Surveillance des Frontières (SISFRON), basé sur un réseau de capteurs interconnectés à des systèmes de commande et de contrôle. Les militaires souhaitaient accélérer la construction du système pour la Coupe du Monde et les Jeux Olympiques. Le coût estimé, de 6 à 7 milliards de reais [entre 2,7 et 3,1 milliards de dollars américains ou entre 2 et 2,3 milliards d'euros], a stimulé le marché international. A juste titre : même si la construction du système est remis à une filiale de Embraer, le groupe Saab, de Suède, a divulgué que sa filiale allemande MEDAV va fournir, en tant que sous-traitant, des stations de capteurs stationnaires et mobiles pour le programme, avec la capacité d'enregistrer et d'identifier la direction des fréquences HF, VHF et UHF.

Cette année, plus de 30 000 visiteurs se sont présentés au LAAD, qui a abrité 720 exposants de 65 pays, dont les représentants des ministères de la défense d'Ukraine, du Royaume-Uni, de l'Argentine et de l'Afrique du Sud. En 2014, année de la Coupe du Monde, une version plus réduite, mais tout de même sur la sécurité, est prévue du 8 au 10 avril 2014 au [centre d'exposition] Riocentro.

[Lisez la seconde partie du reportage [en portugais] : IBM au Brésil, la surveillance dans les rues : commandement et contrôle]

A l'assaut des mythes sur le Kazakhstan

vendredi 27 septembre 2013 à 10:56

Le Kazakhstan ne fait pas partie du Moyen-Orient ; les Kazakhs n'ont pas de sang chinois dans les veines ; et tout n'est pas mauvais au Kazakhstan. Un blogueur part à l'assaut (partie 1, partie 2) [en russe] des mythes souvent associés à cette nation d'Asie Centrale riche en pétrole.