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Un sondage affirme que 15% des Français ont une 'opinion positive' de l'Etat islamique !

lundi 22 septembre 2014 à 13:50
Un sondage affirme que 15% des Français ont une 'opinion positive' de l'Etat islamique !

Cela sent les actes isolés...

Un sondage affirme que 15% des Français ont une 'opinion positive' de l'Etat islamique !

 

Russia Today, le site de la chaîne de télévision russe « censée contrer l’image négative de la Russie à l’étranger », selon Wikipedia, a rapporté les résultats déconcertants d’un sondage réalisé par ICM Research pour le compte de l’agence de presse russe Rossiya Segodnya, qui indique que 15% des Français affirment avoir une « opinion positive » à l’égard de l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), qui s’est récemment rebaptisé Etat islamique (EI).

L'EIIL est une organisation terroriste qui a pris le contrôle de grandes parties de la Syrie et de l’Irak. Elle s’est dissociée d’Al-Qaida au début de cette année, et est désormais connue pour sa violence. Les dernières semaines, elle s’est livrée à des exécutions massives sur différentes communautés religieuses de la région, et elle a introduit immédiatement une forme médiévale de la charia dans les territoires conquis.

Par comparaison, « seulement » 7% de Britanniques et 2% d’Allemands auraient une bonne opinion de l’EIIL.

Le sondage visait à évaluer la notoriété de l’EIIL auprès des publics du Royaume-Uni, de la France et de l’Allemagne. Il a été effectué par téléphone sur un échantillon de 1000 Britanniques, 1006 Français et 1001 Allemands. Il conclut qu’au global, 2% des sondés affirment qu’ils sont « très favorables » à l’EIIL, et 7% « plutôt favorables » à l’EIIL, et que 26% d’entre eux se disent « plutôt défavorables », et même 43% « très défavorables » à l’égard de l’EIIL.

Ce sont surtout les jeunes Français qui expriment une opinion favorable au groupe terroriste. Parmi les jeunes sondés français âgés d’entre 18 à 24 ans, 27% ont une attitude positive à l’égard de l’EIIL. Ceux qui ont entre 25 et 34 ans sont encore 22% à partager cette opinion favorable, et le chiffre tombe à 20% pour les 35-44 ans.

Des 3 pays sondés, la France est aussi celle qui a la plus grande communauté musulmane. 7,5% de la population française sont musulmans, contre 5% de la population britannique et 4,6% de la population allemande, selon une étude menée par Pew Research en janvier 2011.

«Ce n’est pas le résultat d’une adhésion d’un grand nombre de Français à cette organisation terroriste extrémiste. C’est simplement une démonstration du rejet potentiel accumulé du système existant dans son ensemble. Il s’agit d’une forme de rejet des élites, d’une forme de protestation », affirme cependant Yury Rubinsky, Président du centre d’étude du Français à l’Université des sciences de Russie.

Le magazine l’Express précise que 3% des Français sondés se sont dits « très favorables », tandis que 13% se sont dits « assez favorables », et c’est l’addition de ces deux pourcentages qui a abouti aux 15% « d’opinion positive » à l’égard de l’EIIL. Mais selon Denis Pingaud, président de Balises et ex-vice président d'Opinionway, que l’Express a consulté, cette addition pourrait produire un amalgame, et aboutir à une généralisation trompeuse. « Répondre qu'on est 'assez favorable' sur un sujet comme celui-ci, que plus de la moitié des Français ignore, c'est assez mou. Franchement, ça ne veut pas dire grand-chose », dit-il.

L’Express indique également que la question posée aux sondés était la suivante : « De ce que vous connaissez, dites-nous si vous avez une opinion très favorable, assez favorable, assez défavorable ou très défavorable de l'Etat Islamique en Irak et au Levant, aussi connu sous le nom d'Isis ». Mais cette question soulève peut-être le problème du niveau d’information des sondés. En France, les médias traditionnels ont tendance à présenter le groupe sous le sigle « EIIL », ou « EI », et non pas avec l’acronyme anglo-saxon « ISIS ».

 

express.be

Qui compose l’« Émirat islamique » ?

lundi 22 septembre 2014 à 11:11
Qui compose l’« Émirat islamique » ?

Les principaux officiers de Daesh ne sont déjà plus des arabes, mais des Géorgiens et des Chinois

Qui compose l’« Émirat islamique » ?

Alors que l’opinion publique occidentale est abreuvée d’informations sur la constitution d’une prétendue coalition internationale pour lutter contre l’« Émirat islamique », celui-ci change discrètement de forme. Ses principaux officiers ne sont déjà plus des arabes, mais des Géorgiens et des Chinois. Pour Thierry Meyssan, cette mutation montre qu’à terme l’Otan entend utiliser l’« Émirat islamique » en Russie et en Chine. Dès lors, ces deux pays doivent intervenir maintenant contre les jihadistes, avant qu’ils ne retournent semer le chaos dans leur pays d’origine.

"L'Emirat islamique" a d’abord affiché son origine arabe. Cette organisation est issue d’« Al-Qaïda en Irak » qui combattait non pas les envahisseurs états-uniens, mais les chiites irakiens. Elle est devenue « Émirat islamique en Irak », puis « Émirat islamique en Irak et au Levant ». En octobre 2007, l’armée de terre US saisit à Sinjar près 606 fiches des membres étrangers de cette organisation. Elles furent dépouillées et étudiées par des experts de l’Académie militaire de West Point.

Pourtant, quelques jours après cette saisie, l’émir al-Baghdadi déclara que son organisation ne comprenait que 200 combattants et qu’ils étaient tous Irakiens. Ce mensonge est comparable à celui des autres organisations terroristes en Syrie qui déclarent ne compter qu’incidemment des étrangers, alors que l’Armée arabe syrienne estime à au moins 250 000 le nombre de jihadistes étrangers ayant combattu en Syrie au cours des trois dernières années. Au demeurant, le calife Ibrahim (nouveau nom de l’émir al-Baghdadi) prétend désormais que son organisation est composée largement d’étrangers, que le territoire syrien n’est plus pour les Syriens et le territoire irakien n’est plus pour les Irakiens, mais ils sont pour ses djihadistes.

Selon les fiches saisies à Sinjar, 41 % des terroristes étrangers membres de l’« Émirat islamique en Irak » étaient de nationalité saoudienne, 18,8 % étaient Libyens, et 8,2 % seulement étaient Syriens. Si l’on rapporte ces chiffres à la population de chacun des pays concernés, la population libyenne a fourni proportionnellement 2 fois plus de combattants que celle d’Arabie saoudite et 5 fois plus que celle de Syrie.

Concernant les jihadistes syriens, leur origine était dispersée dans le pays, mais 34, 3 % venaient de la ville de Deir ez-Zor qui, depuis le retrait de l’« Émirat islamique » de Raqqa, est devenue la capitale du Califat.

En Syrie, Deir ez-Zor a la particularité d’être peuplée majoritairement d’arabes sunnites organisés en tribus, et de minorités kurde et arménienne. Or, jusqu’à présent, les États-Unis n’ont été capables de détruire les États qu’en Afghanistan, en Irak, et en Libye, c’est-à-dire des pays où la population est organisée en tribus. Ils ont par contre échoué partout ailleurs. De ce point de vue, Deir ez-Zor en particulier et le Nord-Est de la Syrie en général peuvent donc être potentiellement conquis, mais pas le reste du pays, comme on le voit depuis trois ans.

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Tarkhan Batirashvili, sergent du renseignement militaire géorgien, est devenu l’un des principaux chefs de l’« Émirat islamique » sous le nom d’Abou Omar al-Shishani.

Depuis deux semaines, une purge affecte les officiers maghrébins. Ainsi, les Tunisiens qui ont pris l’aéroport militaire de Raqqa, le 25 août, ont-ils été arrêtés pour désobéissance, jugés et exécutés par leurs supérieurs. L’« Émirat islamique » entend remettre à leur place ses combattants arabes et promouvoir des officiers tchétchènes aimablement fournis par les services secrets géorgiens.

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Abou Anisah al-Khazakhi, premier jihadiste chinois de l’« Émirat islamique » mort au combat (au centre de la photo) n’était pas Ouïghour, mais Kazakh.

Une autre catégorie de jihadiste fait son apparition : les Chinois. Depuis juin, les États-Unis et la Turquie ont transporté des centaines de combattants chinois et leurs familles au Nord-Est de la Syrie. Certains d’entre eux deviennent immédiatement des officiers. Ce sont principalement des Ouïghours, des Chinois de Chine populaire, mais musulmans sunnites et turcophones.

Dès lors, il est évident que, à terme, l’« Émirat islamique » étendra ses activités en Russie et en Chine, que ces deux pays sont ses cibles finales.

Nous allons certainement assister à une nouvelle opération de communication de l’Otan : son aviation repoussera les jihadistes hors d’Irak et les laissera s’installer à Deir ez-Zor. La CIA fournira de l’argent, des armes, des munitions et des renseignements aux « révolutionnaires syriens modérés » (sic) de l’ASL, qui changeront alors de casquette et les utiliseront sous le drapeau de l’« Émirat islamique », comme c’est le cas depuis mai 2013.

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John McCain et l’état-major de l’Armée syrienne libre. Au premier plan à gauche, Ibrahim al-Badri, avec lequel le sénateur est en train de discuter. Juste après, le brigadier général Salim Idriss (avec des lunettes).

À l’époque, le sénateur John McCain était venu illégalement en Syrie rencontrer l’état-major de l’ASL. Selon la photographie diffusée alors pour attester de la rencontre, cet état-major comprenait un certain Abou Youssef, officiellement recherché par le département d’État US sous le nom d’Abou Du’a, en réalité l’actuel calife Ibrahim. Ainsi, le même homme était —à la fois et en même temps— un chef modéré au sein de l’ASL et un chef extrémiste au sein de l’« Émirat islamique ».

Muni de cette information, on appréciera à sa juste valeur le document présenté au Conseil de sécurité, le 14 juillet, par l’ambassadeur syrien Bachar al-Jaafari. Il s’agit d’une lettre du commandant-en-chef de l’ASL, Salim Idriss, datée du 17 janvier 2014. On y lit : « Je vous informe par la présente que les munitions envoyées par l’état-major aux dirigeants des conseils militaires révolutionnaires de la région Est doivent être distribuées, conformément à ce qui a été convenu, pour deux tiers aux chefs de guerre du Front el-Nosra, le tiers restant devant être réparti entre les militaires et les éléments révolutionnaires pour la lutte contre les bandes de l’ÉIIL. Nous vous remercions de nous envoyer les justificatifs de livraison de l’ensemble des munitions, en précisant les quantités et qualités, dûment signés par les dirigeants et chefs de guerre en personne, afin que nous puissions les transmettre aux partenaires turcs et français ». En d’autres termes, deux puissances de l’Otan (la Turquie et la France) ont acheminé des munitions pour deux tiers au Front Al-Nosra (classé comme membre d’Al-Qaïda par le Conseil de sécurité) et pour un tiers à ASL afin qu’il lutte contre l’« Émirat islamique », dont le chef est un de ses officiers supérieurs. En réalité, l’ASL a disparue sur le terrain et les munitions étaient donc destinées pour deux tiers à Al-Qaïda et pour un tiers à l’« Émirat islamique ».

Grâce à ce dispositif à double casquette, l’Otan pourra continuer à lancer ses hordes de jihadistes contre la Syrie tout en prétendant les combattre.

Cependant, lorsque l’Otan aura installé le chaos partout dans le monde arabe, y compris chez son allié saoudien, il retournera l’« Émirat islamique » contre les deux grandes puissances en développement, la Russie et la Chine. C’est pourquoi ces deux puissances devraient intervenir dès à présent et tuer dans l’œuf l’armée privée que l’Otan est en train de constituer et d’entraîner dans le monde arabe. Faute de quoi, Moscou et Pékin devront l’affronter bientôt sur leur propre sol.

Thierry Meyssan
 
RVoltaire
 
Nous saluons le travail excepionnel de notre ami Thierry qui lutte avec acharnement pour la vérité

L'EI appelle à tuer «les méchants et sales Français»...

lundi 22 septembre 2014 à 10:16
L'EI appelle à tuer «les méchants et sales Français»...

Cela devait arriver

L'EI appelle à tuer «les méchants et sales Français»...

 

L'organisation Etat islamique a lancé lundi un appel à ses partisans à tuer des citoyens, notamment américains et français, des pays formant la coalition internationale mise en place pour combattre le groupe jihadiste en Irak et en Syrie.

« Si vous pouvez tuer un incroyant américain ou européen - en particulier les méchants et sales Français - ou un Australien ou un Canadien, ou tout (...) citoyen des pays qui sont entrés dans une coalition contre l'État islamique, alors comptez sur Allah et tuez-le de n'importe quelle manière », a déclaré Abou Mohammed al-Adnani, le porte-parole de l'EI, dans un message publié en plusieurs langues.

Les Etats-Unis et la France sont les deux pays qui ont jusqu'à présent mené des frappes aériennes en Irak sur des positions de l'EI, un groupe qui a déclaré en juillet un « califat » à cheval sur la Syrie et l'Irak, dont ils contrôlent de larges secteurs.

Source

 

Le communiqué de l'EI à lire ici (page 10 en ce qui concerne les français) - Texte en anglais

 

Un jeune Tibétain s'immole, 130 immolations au total en 5 ans

lundi 22 septembre 2014 à 09:58
Un jeune Tibétain s'immole, 130 immolations au total en 5 ans

Après 5 mois sans immolation...

Un jeune Tibétain s'immole, 130 immolations au total en 5 ans

 

Un jeune Tibétain s'est donné la mort en s'immolant par le feu la semaine dernière dans la province du Gansu (nord-ouest de la Chine), le premier depuis cinq mois, ont rapporté lundi la radio américaine Radio Free Asia (RFA) et l'ONG Free Tibet.

Âgé de 22 ans, Lhamo Tashi, s'est immolé en plein jour mercredi dernier devant le poste de police Hezuo (Tsoe en tibétain), une bourgade du Gansu où il poursuivait ses études, selon RFA et l'ONG. 

"Il l'a fait pour la liberté du Tibet", a dit à RFA un Tibétain de Hezuo sous couvert de l'anonymat. La dépouille du jeune homme a été saisie par la police et incinérée. Ses cendres ont été remises à sa famille le surlendemain, selon ces sources. 

La vague d'immolations de Tibétains en Chine, qui a fait environ 130 morts - moines, nonnes ou laïcs - depuis les premières recensées en 2009, s'était arrêtée le 15 avril dernier, jour où un Tibétain de 32 ans, Thinley Namgal, s'était donné la mort au Sichuan (sud-ouest), dans la préfecture autonome tibétaine de Kardze. 

Ces gestes de désespoir sont considérés comme des gestes de protestation contre la mainmise des autorités communistes chinoises sur la culture et les ressources du Tibet. Principale autorité religieuse tibétaine, le dalai lama, en exil depuis 1959, est resté prudent sur la question des immolations, contraires selon lui à la non-violence du bouddhisme si elles sont motivées par la colère, mais respectables si elles sont inspirées par la compassion. 

La Région autonome du Tibet est fermée à la presse étrangère basée à Pékin et d'accès restreint et très contrôlé pour les autres visiteurs depuis les émeutes antichinoises de Lhassa de mars 2008. 

 

7s7

Chimie moderne, un empoisonnement universel

lundi 22 septembre 2014 à 09:26
Chimie moderne, un empoisonnement universel

© CC BASF (Une) / Daniela Hartmann

Chimie moderne, un empoisonnement universel

 

 

90 millions de substances : tel est l'héritage, non définitif, que nous lègue l'industrie chimique depuis son inexorable essor, lors de la Première guerre mondiale. Parmi elles, combien de substances toxiques - DDT, phtalates, bisphénol A, cancérogènes et autres perturbateurs endocriniens... ? Pourquoi un tel silence, une telle absence de contrôle ? Dans son livre « Un empoisonnement universel », le journaliste Fabrice Nicolino raconte l'histoire de cette industrie et comment elle a, impunément et littéralement, inondé nos vie de molécules. Une situation dont nous prenons conscience seulement aujourd'hui en constatant ses terribles conséquences, de l'explosion des cancers à celle la maladie d'Alzheimer en passant par le diabète. Entretien. 


Basta ! : Votre nouveau livre traite de l'impact sanitaire des substances chimiques, omniprésentes dans notre vie quotidienne. Il constitue à la fois une histoire de la chimie de synthèse et un véritable réquisitoire contre l'industrie chimique. Quelle est l'origine de ce projet ? 

Fabrice Nicolino : [1] Cela fait très longtemps que je m'intéresse aux questions de contamination chimique. En 2007, j'ai notamment publié, avec François Veillerette, un livre intitulé Pesticides. Révélations sur un scandale français. Il y a une douzaine d'années, j'ai été profondément marqué par une étude publiée par une ONG américaine appelée EWG. Ils avaient fait une expérience absolument incroyable, controversée à l'époque mais confirmée depuis : ayant testé des volontaires dans neuf États américains, résidant loin de toute usine chimique, ils avaient montré que tous sans exception avaient dans le sang des douzaines et des douzaines de molécules toxiques. Cela a été un tournant dans ma réflexion. C'est à partir de ce moment que j'ai commencé à utiliser l'expression qui constitue aujourd'hui le titre de mon nouveau livre, celle d'« empoisonnement universel ». Tous les milieux de la vie, où que ce soit sur Terre, sont affectés par cette contamination chimique. Je suis parti de ce constat et - pourrait-on presque dire - de cette angoisse pour écrire ce livre. C'est un projet que je mûris depuis longtemps et qui a nécessité beaucoup de temps et de recherches. Chemin faisant, j'ai découvert toute la dimension historique de ces problèmes. L'histoire permet de donner sens à des événements qui sinon resteraient incompréhensibles : comment des sociétés démocratiques ont-elles pu en arriver à un tel drame ? 

Vous montrez en particulier que la plupart des grands groupes chimiques d'aujourd'hui ont été créés au XIXe siècle. La Première guerre mondiale a-t-elle représentée un tournant historique pour cette industrie ? 

Auparavant, il y a la Guerre de Sécession américaine qui fait la fortune de la firme chimiqueDuPont. Mais la Première Guerre mondiale constitue effectivement le tournant majeur. C'est ce qu'illustre le parcours d'un personnage comme Fritz Haber. Il est le premier, au début du XXe siècle, à réussir la synthèse de l'ammoniac, qui a permis la production de toutes sortes d'engrais agricoles à grande échelle. S'il en était resté là, on s'en souviendrait peut-être comme d'un bienfaiteur de l'humanité. Mais c'était aussi quelqu'un d'horriblement raciste et chauvin. Lorsque la Guerre se déclenche, il se met au service de l'état-major allemand (lire aussi 
notre article sur le sujet, ndlr). Son invention va alors servir non seulement à fabriquer des engrais, mais aussi des munitions et des explosifs. En outre, il propose - nouveauté radicale - de se servir de gaz mortels comme armes de destruction massive. Ce sera la fameuse guerre des gaz, qui commence en avril 1915 à Ypres, sur le front belge, et qui fera au total plusieurs dizaines de milliers de morts de part et d'autre. Après la guerre, Haber, qui s'était brièvement enfui en Suisse, par crainte de représailles, reçoit le prix Nobel de Chimie... pour la synthèse de l'ammoniac. 

 

 


Fabrice Nicolino
S'il y a un maître mot de toute l'histoire que je raconte dans ce livre, c'est bien celui d'impunité. Bayer et BASF, aujourd'hui les deux plus importantes firmes chimiques au monde, ont elles aussi contribué activement à l'invention et à l'utilisation des armes chimiques. Dans les années qui suivent, Haber continuera son travail, et c'est dans son laboratoire que sera inventé le Zyklon B, utilisé dans les chambres à gaz nazies. Au final, la Première Guerre mondiale marque le moment où la chimie se couche devant l'État, la guerre et l'industrie. Ensuite, le monstre est lâché. L'industrie chimique avait des produits et des capacités de production, il lui fallait des débouchés... 

Dès les débuts de l'industrie chimique « civile », on retrouve des problématiques assez similaires à celles, très actuelles, de nouvelles technologies comme les OGM ou les nanotechnologies. Comment l'industrie arrive-t-elle à imposer des produits qui ne répondent pas forcément à un besoin social existant, et que l'on lâche dans le commerce sans se préoccuper réellement de leurs impacts ? 

Tout cela est consubstantiel au règne de la publicité. Au moment de lancer le nylon dans les années 1930, DuPont organise une énorme campagne publicitaire pour faire saliver les consommatrices, en prétendant que c'est un produit fabuleux, indéchirable. En réalité, à cette époque, le nylon est à la fois plus cher et moins solide que la soie naturelle, son concurrent direct. Les entreprises créent un désir qui devient un besoin. C'est la matrice même de notre société de l'obsolescence programmée et du consumérisme alimenté par la publicité. 

Vous montrez qu'on ne sait pas combien exactement il existe aujourd'hui de produits chimiques commercialisés, mais qu'ils se chiffrent certainement en dizaines de millions. Pourquoi une telle fuite en avant ? 

Il existe un site internet appelé CAS, tenu par la Société chimique américaine, qui est une sorte de répertoire mondial des produits chimiques « publiquement dévoilés ». Chaque nouvelle substance se voit assigner un numéro CAS. À ce jour, on en est presque à 90 millions de substances répertoriées ! Or l'industrie chimique américaine ne reconnaît officiellement l'existence que de 50 000 produits chimiques, ce qui est déjà colossal. Sur les autres, on ne sait quasiment rien, et le peu que l'on sait est extrêmement angoissant. Ce n'est pas une question de manipulation consciente, ni de la part des chimistes ni même des industriels, mais simplement de règne de l'irresponsabilité. Les industriels ont toujours besoin de nouveaux produits, c'est la logique même du capitalisme. Il faut sans cesse de nouvelles envies, de nouveaux besoins, de nouvelles couleurs, de nouvelles propriétés. 

En quoi le programme européen REACH est-il insuffisant pour contrôler ces substances ? 

Vu de loin, le programme REACH pourrait sembler une tentative honorable des pouvoirs publics européens pour contrôler la prolifération des produits chimiques, mais il n'en est rien. Tout d'abord, REACH ne concerne qu'une partie infime des substances chimiques existantes - 30 000 sur des dizaines de millions. Ensuite, le programme est - comme la plupart des dispositifs de sécurité sanitaire de l'Union européenne et des États membres - sous le contrôle de l'industrie elle-même. J'en donne des exemples dans le livre. Avec l'Autorité européenne de sécurité des aliments (AESA ou EFSA en anglais), on voit par exemple la facilité avec laquelle certaines personnes peuvent passer des industries aux agences chargées de les superviser, et vice-versa. 

Le cœur de votre ouvrage porte sur les conséquences sanitaires de cette exposition universelle aux produits chimiques. Que sait-on exactement ? 

Prenons l'exemple des perturbateurs endocriniens. Il y a 25 ans, cette expression n'existait pas. Elle a été forgée par une biologiste américaine, Theo Colborn, qui s'est rendue compte, en étudiant la faune sauvage des Grands Lacs nord-américains, que les problèmes de reproduction et de fécondité se multipliaient. Avec des collègues, Theo Colborn a découvert que certains produits chimiques, à des doses infinitésimales, « imitaient » les hormones naturelles, pénétraient ainsi dans le système endocrinien (responsable de la sécrétion des hormones) et le désorganisaient en profondeur. C'était en 1991. Depuis lors, on ne cesse de découvrir de nouvelles substances chimiques ayant des propriétés de perturbateurs endocriniens. C'est le cas des phtalates, du bisphénol A, de la plupart des retardateurs de flamme... Il faudrait des programmes de recherche massifs pour mieux comprendre les perturbateurs endocriniens et leurs effets. Mais ces programmes n'existent pas. En France, le programme national sur les perturbateurs endocriniens est ridiculement peu financé - alors même qu'il a été créé en partenariat avec l'industrie. Au final, même si les connaissances s'accumulent sur l'impact sanitaire de ces produits, on ne fait rien, parce que cela remettrait en cause l'édifice entier. 

Quel sont les liens entre les produits chimiques et l'explosion de pathologies comme le cancer, le diabète ou Alzheimer ? 

On assiste dans les pays développés à une explosion de nature épidémique de plusieurs maladies très graves. Regardez le cancer : 111% d'augmentation de l'incidence des cancers depuis 25 ans en France. Mais aussi l'obésité et le diabète : 5 millions de diabétiques en France d'ici 2020 ! Et 2 millions de cas d'Alzheimer à la même date (lire aussi cet entretien, ndlr). Je ne pense pas que notre système de santé sera en mesure de soutenir le choc. L'exposition aux produits chimiques n'est peut-être pas la cause unique de ces phénomènes, mais des études de plus en plus nombreuses et de plus en plus convaincantes indiquent qu'il y a des liens entre une partie de ces maladies et certains produits chimiques. Les Américains commencent ainsi à parler de produits chimiques « obésogènes » et « diabétogènes ». 

 

 

© Inconnu
La pollution de l'air intérieur est aussi une grande source d'inquiétude. Un organisme de l'OMS a classé l'air extérieur comme cancérigène, à cause de la pollution. Mais l'air intérieur, dans lequel nous passons la plus grande partie de la journée, est lui aussi contaminé par de nombreuses substances chimiques, libérées à des doses très petites par le mobilier, les peintures, les matériaux vieillissants. Tous les experts sont inquiets, mais on ne fait absolument rien, car tout le monde est tétanisé. Parler publiquement de ce problème impliquerait de revoir tous les process industriels. 

Cela signifie-t-il qu'il faudrait faire payer l'industrie chimique pour financer notre système d'assurance maladie, un peu comme on l'a fait avec le tabac ? 

L'exemple du tabac est inquiétant. L'industrie du tabac est toujours debout malgré ses crimes et malgré les amendes pharaoniques qu'elle a dû payer. En ce qui concerne l'industrie chimique, même si cela peut paraître un peu excessif de le formuler ainsi, j'en suis venu à la conclusion qu'il n'y a pas de compromis possible. Il faut abattre l'industrie chimique. L'industrie transnationale de la chimie sera toujours à la recherche de nouvelles molécules, sans se soucier des conséquences, dans la mesure où l'histoire prouve que personne ne leur demande jamais de comptes. Tous les chimistes qui ont inventé des gaz mortels, tous ceux qui ont travaillé pour les nazis sont morts dans leur lit - et certains sont encore considérés comme des héros aujourd'hui par des firmes comme Bayer. La seule chose à faire aujourd'hui est d'arrêter la contamination. Lorsque quelque chose est aussi grave et aussi nocif que la contamination chimique, la seule chose à faire est de fermer le robinet. Je rêve du moment où les sociétés du monde auront suffisamment de pouvoir pour démanteler l'industrie chimique, comme on a démantelé IG Farben après la Seconde guerre mondiale. 

Alors, pour vous, il n'y a pas de bonne chimie ? N'a-t-elle pas apporté certains bienfaits à la société ? Et ne peut-on pas imaginer une chimie sous contrôle, bien régulée, où chaque nouveau produit serait sérieusement testé avant d'être commercialisé ? 

Il est indéniable que la chimie a rendu des services aux hommes et continuera à en rendre. Je n'ai absolument rien contre la chimie en tant que science. Mais il faut se réapproprier l'intérêt que peut avoir la chimie pour l'humanité - ce qui implique de se débarrasser de l'industrie chimique. À quoi donc ressemblerait une chimie sous contrôle ? Le problème - et on touche là à un problème aussi crucial que terrible - est que, dans l'état actuel des connaissances humaines et de nos moyens de contrôle et d'analyse, il reste quelque chose de fondamentalement inconnu dans les impacts sanitaires et environnementaux de la prolifération de produits chimiques. Nous ne sommes pas outillés pour évaluer les impacts cumulés de l'exposition à plusieurs produits chimiques différents, de leurs rencontres aléatoires. C'est l'image même de la boîte de Pandore. 

Derrière l'industrie chimique telle qu'elle existe aujourd'hui, il y a une pulsion fondamentale de notre monde moderne : celle de la vitesse. Faut-il aller si vite, se précipiter sur la moindre nouvelle substance au motif qu'elle présente tel ou tel intérêt ponctuel immédiat ? Ou bien faut-il instiller de la sagesse, et donc une certaine lenteur ? La lenteur me semble consubstantielle à la démocratie. Pas de démocratie à l'heure de la vitesse électronique. La condition fondamentale pour une chimie qui soit véritablement au service de l'humanité, c'est de renoncer à la précipitation, et d'accepter d'attendre de voir les effets à long terme des substances. 

Lorsque l'on découvre les propriétés insecticides du DDT en 1938, celui-ci apparaît comme un produit miracle. Aussitôt, il est utilisé partout, sans protection. Il est même utilisé pour sauver in extremis du typhus certains rescapés des camps de la mort. Ce n'est que plus tard, avec le livre de Rachel Carson Printemps silencieux, que le grand public prend conscience des effets mortifères du DDT sur un grand nombre d'organismes vivants. L'industrie chimique - Monsanto en tête - monte alors une opération planétaire pour défendre son produit phare. Cet exemple montre combien il peut être compliqué de ne pas se précipiter. Mais aujourd'hui, avec le recul d'un siècle de chimie de synthèse, on sait très bien les désastres que peuvent occasionner certaines substances. On ne devrait plus répéter les mêmes erreurs. 

 

 

© Inconnu
 
Source: Basta