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Benzène, ou comment l'industrie en minimise les effets toxiques depuis les années 40

samedi 6 décembre 2014 à 15:49
Benzène, ou comment l'industrie en minimise les effets toxiques depuis les années 40

 

Haro sur l'industrie pétrolière : le Center for Public Integrity, association américaine, a rendu publiques jeudi 4 décembre plus de 20.000 pages de documents montrant comment les industriels ont cherché à minimiser la toxicité du benzène depuis les années 1940. 

Voilà qui évoque la Legacy Tobacco Documents Library, gérée par l'université de Californie à San Francisco, qui révèle les manœuvres de l'industrie du tabac pour cacher un désastre sanitaire en cours. Au besoin, en finançant une recherche biaisée dans le sens qui l'arrange, processus connu sous le nom de « fabrique du doute ». 

Les 20.000 pages publiées jeudi par le Center for Public Integrity (rapports internes, mails, courriers, etc.) ont été dévoilées ces 10 dernières années lors de divers procès sur le benzène, généralement intentés par d'anciens salariés de l'industrie pétrolière ayant développé un cancer, dont grand nombre de leucémies. Ces documents montrent que, malgré ses dénégations rassurantes, l'industrie connaît pertinemment la toxicité du benzène, et ce depuis longtemps. 

En 1948, une revue de la littérature sur la toxicologie du benzène, réalisée pour le compte de l'American Petroleum Institute (API), révélait ainsi que « la seule concentration sûre pour le benzène était zéro ». Bien loin des assomptions selon lesquelles il n'existe aucun risque au niveau courant d'exposition de la population et des travailleurs, leitmotiv de l'industrie chimique. 

De « fortes informations scientifiques » 

Dans un document de 2000, la Benzene Task Force de l'API décrivait ainsi sa stratégie de recherche: « il s'agit de protéger les compagnies membres [de l'API] en développant de fortes informations scientifiques (...). Ces données serviront (...) aussi bien pour le plaidoyer, la gestion du risque, les litiges que pour la communication de crise ». 

« Il est attendu que les résultats de cette recherche établiront que : 1) l'exposition environnante au benzène ne pose pas de risque de leucémie ou d'autres maladies sanguines pour la population, 2) le respect des limites professionnelles actuelles n'engendre aucun risque inacceptable pour les salariés. Ces résultats amélioreront toute tentative de régulation, aussi bien dans les émissions à la source que dans la reformulation des carburants », poursuit la Benzene Task Force. 

A l'origine de cette mise au point, la préparation d'une étude sur des ouvriers de Shanghai, lancée en 2003 et financée par British Petroleum, Chevron, ExxonMobil, ConocoPhillips et Shell Chemical. Seul objectif, mettre à mal une autre étude menée au cours des années 1990 par le National Cancer Institute (NCI), portant également sur des ouvriers chinois. 

Sans aucune ambiguïté, cette étude publique, attaquée par des chercheurs rémunérés pour cela, révélait un risqué surélevé de plusieurs cancers sanguins (leucémie, syndrome myélodysplasique, lymphome non-hodgkinien) à la dose limite fixée par l'Occupational Safety and Health Administration (OSHA), de 1 partie par million (ppm) d'air. 

Les effets pervers d'une étude biaisée 

Achevée en 2009, la « Shanghai Study » industrielle n'a pas pu démontrer que le benzène était inoffensif. Mais ces effets n'en sont pas moins pernicieux: elle confirme bien que le benzène est lié à un risque accru de leucémie et de syndrome myélodysplasique, mais ne reconnaît ce lien que pour quelques-unes de leurs nombreuses formes. 

Chacun de ces cancers a en effet été subdivisé en différents sous-types, par exemple selon les aberrations chromosomiques au sein des cellules cancéreuses. Dès lors représentés par de faibles nombre de cas, la plupart de ces sous-types ne présentaient ainsi plus d'association statistiquement significative avec le benzène. Ce qui offre des arguments bien pratiques lors des procès. Pour l'avocat de Houston Robert Black, qui a défendu nombre d'anciens salariés et à qui le Center for Public Integrity doit 16.000 des pages publiées jeudi, « il existe une conspiration, qui implique de cacher la réalité du risque du benzène à faibles doses ». 

Aux Etats-Unis, 5 millions de riverains de raffineries 

Présent dans les carburants, utilisé dans la fabrication de plastiques, de pesticides et de colorants, le benzène constituerait un danger pour 5 millions d'Américains, ceux habitant à proximité d'une des 149 raffineries américaines, estimait en mai l'Agence américaine pour la protection de l'environnement (EPA). 

Rassemblés grâce à l'aide du Centre for the History and Ethics of Public Health(université de Columbia) et le Graduate center (université de New York), ces documents sont consultables sur 
le site du Center for Public Integrity, avec recherche par mots-clés. Pour l'association, ce n'est qu'un début : outre qu'elle pense compléter sa base de données avec d'autres documents sur le benzène, elle prévoir de publier « dans les prochains mois » « des centaines de milliers de pages » rendues publiques lors de procès sur le plomb, l'amiante, la silice, le chrome hexavalent et les PCB.

 

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Le viticulteur bio qui avait refusé de traiter ses vignes relaxé en appel

samedi 6 décembre 2014 à 10:46
Le viticulteur bio qui avait refusé de traiter ses vignes relaxé en appel
Emmanuel Giboulot, viticulteur bio-dynamique de Côte-d'Or, condamné en première instance à une amende pour avoir refusé de traiter ses vignes contre la flavescence dorée, a été relaxé ce jeudi par la cour d'appel de Dijon. En février dernier, l'Humanité avait rencontré le vigneron, chez lui en Bourgogne.

"C'est une victoire de la mobilisation citoyenne, c'est être lanceur d'alerte", a déclaré à l'issue du prononcé de l'arrêt de la cour, Emmanuel Giboulot, acclamé par son comité de soutien.

Emmanuel Giboulot qui pratique la biodynamie depuis les années 1970 sur ses parcelles, avait été condamné en avril par le tribunal correctionnel de Dijon à une amende de 1.000 euros, dont la moitié avec sursis, pour avoir refusé en 2013 d'appliquer les traitements imposés par arrêté préfectoral dans l'ensemble des vignobles de Côte-d'Or contre la flavescence dorée, une maladie mortelle de la vigne. "Il ne s'agit pas de ne rien faire mais d'avoir une action responsable avec la détection et l'arrachage des pieds malades et d'appliquer des traitements uniquement quand il y a véritablement danger, en cernant davantage les zones de traitement", a précisé le viticulteur. La profession, y compris la filière bio, s'était désolidarisée du vigneron.

Relaxe du viticulteur bio Emmanuel Giboulot : EELV se réjouit de cette décision de justice

  • Notre rencontre avec Emmanuel Giboulot, en février 2014 :

En quelques semaines, son histoire a fait le tour de France. C’était en novembre dernier. Emmanuel Giboulot, vigneron en Bourgogne, éleveur de côtes-de-beaune et de hautes-côtes-de-nuits, bio-dynamiste résolu et catéchumène d’une viticulture apurée de toute chimie, se faisait rappeler à l’ordre, juridiquement s’entend, pour avoir refusé de traiter ses parcelles contre la flavescence dorée alors qu’un plan de lutte préfectoral le lui ordonnait. Il est convoqué aujourd’hui, 24 février, au tribunal correctionnel de Dijon. Le procureur doit lui signifier si oui ou non il écopera d’une pénalité. L’affaire n’est pas légère – dans l’absolu, il encourt jusqu’à six mois de prison et 30 000 euros d’amende. Pas plus qu’elle n’est simple à trancher, quand elle confronte convictions personnelles et décisions collectives, grise l’opinion publique et fait bouillir la région des grands crus depuis cet automne qu’elle a pris du champ médiatique.

Mais s’il faut repartir du début, Emmanuel Giboulot fait remonter sa genèse à 2011. « Cette année-là, un foyer de flavescence dorée est identifié en Saône-et-Loire, sur la commune de Plottes, au niveau de Tournus », entame le viticulteur. Assis à une table de Formica bleu pâle sur laquelle traîne un calendrier lunaire, dans la sale dépouillée qui surplombe sa cave et sert de cuisine collective lors des vendanges, il raconte lentement, attaché aux détails comme à autant d’indices garants de sa raison. Pour saisir celui-ci, il faut avoir la carte de la Bourgogne en tête. Côté sud, la Saône-et-Loire, donc, qui enveloppe Plottes et le Mâconnais. Côté nord, la Côte-d’Or, laquelle enrobe Beaune et ses fameux vignobles, où sont plantés ceux d’Emmanuel Giboulot. Soixante kilomètres environ les séparent.

Tout en préparant le café, il poursuit. « Branle-le-bas de combat dans le département… » Dix-neuf communes sont placées dans le périmètre de lutte obligatoire. Insuffisante, l’opération est renouvelée en 2012 et met la région en alerte. La flavescence dorée n’a rien de bénin. Phytoplasme (1) véhiculé par un insecte portant le doux nom de cicadelle, elle peut vous réduire une vigne à néant en moins de trois années. Tout droit débarquée d’Amérique du Nord voilà une poignée de décennies, encore imparfaitement comprise, ses symptômes rappellent ceux du bois noir, autre fléau des vignes, qui en rouille pareillement les feuilles et en flétrit les grappes. Une solution est communément admise pour l’endiguer après qu’elle s’est infiltrée sur une terre : détruire les larves de cicadelles par traitement pesticide, arracher les pieds contaminés, voire détruire les parcelles, dès lors que celles-ci sont touchées à plus de 20 %. Des mesures, quoi qu’il en soit, collectives, prises par arrêté préfectoral, sur conseils et avis d’organismes publics et professionnels.

En 2013, les autorités réitèrent l’ordre de recourir à trois traitements en Saône-et-Loire, où douze hectares de vignes devront au final être détruits. Elle commande, en sus, un traitement à titre préventif sur la quasi-totalité de la Côte-d’Or. L’arrêté tombe le 7 juin. C’est lui qui cristallisera toute l’histoire, alors qu’aucune flavescence n’a, à ce moment-là, été repérée dans le département. « Cela nous paraissait complètement incongru », reprend Emmanuel Giboulot. Par nous, il entend lui et un nombre indéterminé d’exploitants, qui exprimeront leur scepticisme lors de réunions préalables à la décision. « Détruire une population de cicadelles non porteuse de la flavescence peut créer une sorte d’appel d’air susceptible de favoriser la circulation de cicadelles qui, elles, seront atteintes », avance-t-il pour argument. Surtout, « les pesticides utilisés détruisent des insectes auxiliaires, dérégulant l’équilibre auquel nous veillons dans nos sols ».

Certes, il en existe un, autorisé en agriculture biologique : le Pyrevert. Pas non plus une bonne solution : neurotoxique avéré, il n’est pas plus sélectif que les conventionnels. Pour Emmanuel Giboulot, la décision est prise, il ne traitera pas. Il ne sera pas le seul à faire ce choix, assure-t-il, estimant à vue de nez que 25 % de la population vigneronne, bio ou non, a suivi le même raisonnement. Il sera le seul, en revanche, à se faire épingler, lors d’un contrôle sur son exploitation, opéré le 30 juillet.

Alors qu’il est convoqué une première fois en novembre, son audience sera reportée en décembre, puis finalement à aujourd’hui. ONG, association ou personnalités… un large comité de soutien s’est développé autour de lui, et appelle à manifester ce matin devant le tribunal de Dijon.

Reste que l’affaire divise fermement les viticulteurs bourguignons, dont beaucoup ne comprennent toujours pas son refus patenté d’intégrer un dispositif de lutte admis, si ce n’est revendiqué, par une majorité d’entre eux. « Son choix nous met tous en danger », relève ainsi une exploitante voisine. « La décision de traiter s’est prise à la majorité, et impliquait que tout le monde la suive pour être efficace », note, dans la même veine, Jean-Marc Aubinel, président de la Confédération des appellations et des vignerons de Bourgogne (CAVB), laquelle avait donné son feu vert à la préfecture. « Elle s’est prise dans l’urgence, la méconnaissance et la transmission de la peur », rétorque Emmanuel Giboulot, estimant qu’elle « témoigne de l’incapacité à entendre des voix discordantes ».

Urgence ? Jean-Marc Aubinel, l’admet. « Nous n’avions pas de photographie précise de la situation en Côte-d’Or. Par précaution, nous avons décidé de frapper fort un grand coup, au risque de dégâts collatéraux. » Depuis, 100 % des parcelles ont été inspectées, qui ont révélé quelques cas isolés de flavescence, mais aucune « explosion », comme le stipulait l’arrêté préfectoral. La CAVB y voit la preuve que le traitement préventif a fonctionné, Emmanuel Giboulot celle qu’il n’était pas nécessaire. Avec un débouché positif à l’histoire : un collectif de vignerons s’est créé qui rassemble aujourd’hui une centaine de domaines de la région, bio ou pas, pour « comprendre et agir » communément contre la flavescence dorée.

 

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Décembre 2014: La Grèce sur un volcan

samedi 6 décembre 2014 à 10:20
Décembre 2014: La Grèce sur un volcan

Alors que les médias européens n’en parlent pas du tout, n’hésitez pas à faire circuler, merci de votre soutien. Yannis Youlountas 

Résumé : 
Les manifestations, émeutes et occupations se multiplient chaque jour à Athènes et ailleurs en Grèce, depuis fin novembre. Notamment à cause de la tyrannie du pouvoir à l’égard de Nikos Romanos, jeune prisonnier de 21 ans en grève de la faim, privé de la possibilité d’étudier et particulièrement maltraité. Nikos est, de surcroît, l’ami d’enfance d’Alexis Grigoropoulos, tué le 6 décembre 2008, à l’âge de 15 ans, par un policier dans le quartier d’Exarcheia à Athènes, ce qui avait provoqué un mois d’émeutes retentissantes dans toute la Grèce. Nikos est naturellement devenu le nouveau symbole de toutes les violences actuellement subies par la population, mais aussi du profond désir de lutter, quelle que soit la forme, et de refuser la torpeur et la résignation.

Photos 
envoyées par Yannis Youlountas depuis Athènes (Yannis est membre de l’assemblée de réoccupation de l’Ecole Polytechnique et tourne également, caméra au poing, au cœur des événements, avec l’appui des insurgés).

http://nevivonspluscommedesesclaves.net/spip.php?article54

ATHÈNES SUR UN VOLCAN

Six ans après le mois de décembre 2008, l’atmosphère est à nouveau insurrectionnelle à Athènes et ailleurs en Grèce. Tous les ingrédients sont réunis pour faire du mois de décembre 2014, peut-être, un grand moment historique. Jusqu’à quel point et à quelles conditions ?

Depuis la fin du mois de novembre, les manifestations, émeutes, actions ciblées et occupations se multiplient un peu partout en Grèce (dans le silence total des medias européens, plus que jamais des merdias à boycotter ou à bloquer et occuper). La cause principale est la situation du jeune prisonnier anarchiste de 21 ans, Nikos Romanos, qui est devenu un symbole de toutes les violences actuellement subies par la population, mais aussi du profond désir de lutter, quelle que soit la forme, et de refuser la torpeur et la résignation.

Nikos, l’ami d’Alexis Grigoropoulos, symbole des émeutes de 2008 

Nikos est l’ami d’enfance d’Alexis Grigoropoulos, assassiné à l’âge de 15 ans par un policier dans le quartier d’Exarcheia à Athènes. Un quartier réputé pour ses révoltes historiques et ses nombreuses initiatives autogestionnaires et solidaires. Un quartier dans lequel la liberté, l’égalité et la fraternité ne sont pas des mots jetés à l’abandon au frontispice de monuments publics glacés de marbre. Nikos a vu son ami mourir dans ses bras le soir du 6 décembre 2008. Profondément révolté, il s’est par la suite engagé dans l’anarchisme révolutionnaire et a dévalisé une banque pour financer son groupe qualifié de terroriste par le pouvoir. Après avoir été torturé, notamment au visage, lors de son arrestation, il a finalement réussi à obtenir son bac en prison, mais se voit aujourd’hui refuser la possibilité de poursuivre ses études. C’est pourquoi, depuis le 10 novembre dernier, Nikos est en grève de la faim. Son état s’est progressivement dégradé, notamment au niveau cardiaque, malgré ses 21 ans, et il a été transféré sous haute surveillance à l’hôpital Gennimatas d’Athènes devant lequel manifestent régulièrement des milliers de personnes qui parviennent parfois à dialoguer avec lui à travers les grilles de sa fenêtre (voir la première photo de l’article connexe, dans la même rubrique). En solidarité avec Nikos, un autre prisonnier politique, Yannis Michailidis, s’est mis en grève de la faim le 17 novembre au Pirée, suivi par deux autres, Andreas Dimitris Bourzoukos et Dimitris Politis, depuis le 1er décembre. Le gouvernement grec vient de confirmer son refus de permettre à Nikos de poursuivre ses études et préfère le laisser mourir, non sans faire preuve d’ironie. Des petites phrases assassines et provocatrices qui ne font qu’augmenter la colère populaire et les nombreuses protestations des organisations anarchistes et antiautoritaires jusqu’à celles de SYRIZA, principal parti de la gauche critique, qui est annoncé vainqueur des prochains élections en Grèce. Bref, le contexte politique est particulièrement tendu, à tous points de vue.

L’Ecole Polytechnique, symbole de la chute de la dictature des Colonels 

Dans cette ambiance de fin de règne, parmi d’autres initiatives solidaires, l’Ecole Polytechnique est à nouveau occupée depuis le premier décembre, 41 ans après avoir défié avec succès la Dictature des Colonels en novembre 1973, au cours d’une occupation similaire pour défendre une radio libre qui s’opposait au régime autoritaire. Les CRS suréquipés viennent d’échouer par deux fois dans leurs tentatives de nous déloger, notamment le 2 décembre au soir, à la fin d’une manifestation fleuve qui s’est terminé avec plusieurs banques dégradées ou brûlées. Parmi d’autres obstacles de circonstance, un bus a même été transformé en barricade incandescente sur l’avenue Stournari, à Exarcheia (voir les photos dans l’article connexe), et les affrontements ont duré une bonne partie de la nuit. Douze insurgés arrêtés ont été violemment frappés, au point que trois d’entre eux souffrent de fractures du crâne. L’occupation de l’Ecole Polytechnique n’a pas cédé, malgré le deversement de quantités énormes de gaz lacrymogène depuis l’extérieur, tel du napalm sur toute la zone devenue une zone à défendre. Une ZAD jumelée, ces dernières heures, avec d’autres ZAD dans le monde, notamment celles de NDDL et du Testet en France qui ont rapidement transmis leur soutien fraternel, ainsi que de nombreuses personnes et organisations de France et d’ailleurs (soutiens que j’ai tous affichés sur l’un de nos murs et annoncés en assemblée à tous les compagnons et camarades).

Ce soir-là, alors que la distribution solidaire de sérum, de mallox et de citrons battait son plein, j’ai remarqué plus de filles que jamais parmi les insurgés (voir la photo de « l’autre statue de la liberté » dans l’article connexe) et une diversité à tous les niveaux qui augure d’une ampleur et d’une radicalité sans précédent. J’ai vu et ressenti une détermination et une fraternité rarement rencontrées jusqu’ici, dans mes voyages en Grèce et ailleurs, là où l’humanité ne se résoud pas à vivre à genoux et tente, diversement, de se lever. J’ai vu la vie s’organiser autrement dès le lendemain et la chaleur des barricades se transformer en chaleur des cœurs parmi les occupants de l’Ecole Polytechnique et d’ailleurs.

Rien n’est fini, tout commence ! 

Car durant ces dernières heures, les lieux d’occupations se sont multipliés, rappelant le processus de décembre 2008 qui avait amené la Grèce à connaître les émeutes sans doute les plus puissantes en Europe depuis plusieurs dizaines d’années (sans toutefois parvenir à renverser un pouvoir qui s’était finalement maintenu de justesse, notamment en distillant la peur et la désinformation dans les médias). Des occupations de bâtiments publics et de groupes financiers, de chaînes de télévision et de radios, d’universités et de mairies, depuis Thessalonique jusqu’à Héraklion. Des occupations toujours plus nombreuses, ainsi commentées par Yannis Michailidis dans son dernier communiqué de gréviste de la faim, très relayé sur Internet : « c’est ce qui brise la solitude de ma cellule et me fait sourire, parce que la nuit de mardi [2 décembre], je n’étais pas prisonnier, j’étais parmi vous et je sentais la chaleur des barricades brûlantes ». Avant de conclure avec une phrase rappelant le titre du dernier livre de Raoul Vaneigem : « Rien n’est fini, tout commence ! »

Une émotion immense 

Parmi les événements qui m’ont également marqué ces jours-ci, certaines assemblées de collectifs ont montré à quel point la tension est à son comble. Notamment celle de l’occupation de l’Ecole Polytechnique dans la soirée puis toute la nuit du 3 au 4 décembre. Une assemblée qui a duré plus de 9 heures, jusqu’à 5h30 du matin. Certes, quelques divergences ont justifié cette durée jusqu’au consensus finalement trouvé au petit matin et je ne rentrerai évidemment pas dans les détails de ce qui s’est dit, notamment pour ce qui est des projets en cours. Mais je peux témoigner d’une atmosphère électrique ponctuée de longs silences qui en disent long. Je peux vous dire également que le grand amphi de l’Ecole Polytechnique était, une fois de plus, plein à craquer, avec des compagnons et des camarades debout et assis un peu partout, devant des murs fraichement repeints de graffitis. Je peux vous dire que la présence du papa de Nikos Romanos, assis au milieu de la salle, avec sa chevelure longue et grise et son regard profond et digne, ne pouvait que contribuer à une émotion déjà immense, alors que son fils se rapproche chaque jour d’une mort certaine.

« Agir comme si notre propre vie était en jeu… » 

Le stress et la nervosité, la gravité du moment, l’importance des enjeux, faisaient fumer presque tout le monde beaucoup plus qu’à l’habitude, au point que j’en étais presque à regretter l’irritation causée par les gazs lacrymogènes dans les rues alentours. Parmi les paroles qui ont résoné : « ce n’est plus l’heure de mettre la pression, mais de rentrer en insurrection » ou encore des appels à « agir comme si notre propre vie était en jeu, car en vérité, c’est bien le cas pour nous tous qui vivons comme damnés, comme des esclaves, comme des lâches » ; « il faut retrouver pleinement confiance en nous-mêmes pour parvenir à redonner partout confiance aux gens et, en particulier, pour rassembler les laissés pour compte qui devraient être les premiers à descendre dans la rue, au lieu d’attendre que la libération vienne du ciel ». J’ai aussi parfois entendu des paroles jusqu’au boutistes que je ne préciserai pas ici, mais qui témoignent bien du ras-le-bol immense qui traverse une grande partie de la population et la conduit à tout envisager pour se libérer des tyrans du XXIème siècle.

Des tags à la mémoire de Rémi Fraisse 

J’ai vu un ancien de 1973 avoir les larmes aux yeux et songer que nous vivons peut-être un autre moment historique. J’ai lu d’innombrables tags en soutien à la grève de la faim de Nikos Romanos, mais aussi à la mémoire de Rémi Fraisse, tué par le bras armé du pouvoir sur la ZAD du Testet.

Cette nuit encore, à la veille du 6 décembre très attendu, avec une grande inquiétude par les uns et avec un profond désir par les autres, le quartier d’Exarcheia est encerclé par les camions de CRS (MAT) et les voltigeurs (Delta, Dias). Plusieurs rues sont barrées. On ne peut entrer et sortir d’Exarcheia que par certaines avenues, plutôt larges et très surveillées. La situation prend des allures de guerre civile et rappelle certaines régions du monde. A l’intérieur du quartier, comme dans beaucoup d’autres coins d’Athènes, la musique résonne dans le soir qui tombe : du rock, du punk, du rap, du reggae, des vieux chants de lutte. Dans l’Ecole Polytechnique, on a même installé deux immenses enceintes du côté de l’avenue Patission et on balance ces musiques pour le plus grand bonheur des passants qui nous soutiennent et lèvent parfois le poing ou le V de la victoire tant désirée. D’autres baissent la tête et ne veulent pas y croire, ne veulent pas voir, ne veulent pas savoir, murés dans la prison d’une existence absurde et pauvre à mourir d’ennui, si ce n’est de faim.

Le spectacle d’un monde à réinventer 

Ici, ça dépave, ça débat, ça écrit sur les murs et sur les corps, ça chante, ça s’organise. La fête a déjà commencé ! Certes, elle est encore modeste et incertaine, mais une nouvelle page de l’histoire des luttes est peut-être en train de s’écrire à Athènes et au-delà. Une nouvelle page qui ne pourra s’écrire qu’en sortant de chez soi, par-delà les écrans, les « j’aime » des réseaux sociaux et le spectacle d’un monde tout entier à réinventer. Une nouvelle page qui ne pourra s’écrire qu’ensemble, en se débarrassant de la peur, du pessimisme et de la résignation.

Rester assis, c’est se mettre à genoux.

Yannis Youlountas
membre de l’assemblée d’occupation de l’Ecole Polytechnique à Athènes

 

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F. Hollande chez le dictateur Kazakh devient bête

samedi 6 décembre 2014 à 09:55
Pauvre animal

Pauvre animal

En visite officielle au Kazakhstan, le président français s'est vu offrir une pelisse et une chapka en fourrure. La photo, prise par le photographe officiel du président kazakh et diffusée sur Internet à l'insu du chef de l'Etat français, a fait le tour des réseaux sociaux. 

C'est une photo dont l'Elysée se serait bien passé : le chef de l'Etat français en pelisse et toque de fourrure ornées de broderies, aux côtés d'un président kazakh plus sobre dans son costume bleu marine. En visite officielle de deux jours au Kazakhstan, le président français s'est vu offrir au terme de son entretien avec le chef de l'état, vendredi, un habit traditionnel kazakh, composé d'une pelisse et d'une toque en fourrure. Un usage commun lors de rencontres au sommet : le président français a offert en retour à son homologue Noursoultan Nazarbaiev une boîte en bois précieux de fabrication française. Le protocole kazakh avait d'ailleurs demandé, avant la visite, la taille et le tour de tête de François Hollande.

L'Élysée, prenant ses précautions, en avait profité pour demander qu'il n'y ait ni essayage, ni photo. Le photographe officiel de Noursoultan Nazarbaïev a cependant immortalisé la scène à fin de l'entretien en tête à tête entre les deux Présidents. Un moment privé, sans presse ni conseiller pour faire objection. La photo, rapidement diffusée sur le compte instagram du service de presse kazakh, a fait le tour des réseaux sociaux. L'Elysée a déclaré que le président "n'avait pu se soustraire à la photo". Depuis, la photo a été supprimée du compte du service de presse kazakh.

 

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Hollande a cumulé 32 ans de droits à la retraite à la Cour des Comptes et n'y a travaillé que 3 ans !

samedi 6 décembre 2014 à 09:47
Hollande a cumulé 32 ans de droits à la retraite à la Cour des Comptes et n'y a travaillé que 3 ans !

Nicolas Sarkozy moquait, selon Le Point, l'avenir de François Hollande. "Lui, quand il ne sera plus à l'Élysée, personne ne donnera 10 euros pour l'écouter", a estimé le nouveau président de l'UMP, cité par l'hebdomadaire.

Mais François Hollande n'aura peut-être pas besoin de donner des conférences à 100.000 euros de par le monde. Comment ? C'est tout simple : selon Marianne de ce vendredi 5 novembre,  François Hollande, ancien magistrat à la Cour des comptes, est en "détachement" de la fonction publique – et non en disponibilité comme cela est imposé aux membres du gouvernement depuis la loi sur la transparence de la vie publique. Du coup, le président voit ses points de retraite se cumuler avec son avancement de carrière.

Comme le rappelle l'hebdomadaire, Fleur Pellerin, également magistrate à la Cour des comptes, et Emmanuel Macron, ancien de l'Inspection des finances, ont dû, eux, se mettre en disponibilité. Mais pas François Hollande. Son cas "n’est expressément prévu par aucun texte. C’est donc le droit commun qui s’applique", explique la Cour des comptes à Marianne.

Selon les calculs de Marianne, le président a déjà cumulé 32 ans de droits (pour  un peu plus de 3 ans de carrière effective) à la Cour des comptes. Il bénéficiera donc d'une retraite de 5.000 euros brut par mois assurée. À cette somme s'ajouteront les autres retraites dont bénéficiera François Hollande pour ses mandats locaux (6.000 euros), de parlementaire (6.800 euros), de président de la République (6.000 euros) et, ce n'est pas négligeable, les 12.000 euros par mois que lui conféreront son statut de membre de droit du Conseil constitutionnel.

L'actuel chef de l'État devrait toucher une jolie retraite de 35.700 euros par mois. C'est près du triple de ce que gagne François Hollande aujourd'hui en tant que président (12.696 euros net).

 

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