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Washington se révolte contre Obama

lundi 26 janvier 2015 à 18:29
Le cabinet de Barack Obama

Le cabinet de Barack Obama

La crise qui traverse l’appareil d’État états-unien menace directement la survie de l’Empire. Ce n’est désormais plus simplement l’avis de Thierry Meyssan, mais le sujet qui fait trembler la classe dirigeante à Washington au point que le président honoraire du Council on Foreign Relations réclame la démission des principaux conseillers du président Obama et la nomination d’une nouvelle équipe. Ce conflit n’a rien à voir avec l’opposition démocrates/républicains, ni même avec celle des colombes/faucons. Ce qui est en cause, c’est le leadership aux États-Unis et à l’Otan.

 

***

 

Depuis plusieurs mois, je souligne qu’il n’y a plus de politique étrangère à Washington, mais deux factions qui s’opposent en toutes choses et conduisent séparément des politiques contradictoires et incompatibles [1].

Le paroxysme de cette situation a été atteint en Syrie où la Maison-Blanche a d’abord organisé la mue de Daesh et l’a envoyé nettoyer ethniquement l’Irak, puis l’a combattu alors même que la CIA continue de le soutenir. Cette incohérence a progressivement gagné les Alliés. Ainsi, la France s’est-elle jointe à la coalition anti-Daesh alors que certains de ses légionnaires font partie de l’encadrement de Daesh [2].

Lorsque le secrétaire à la Défense, Chuck Hagel, a demandé une clarification écrite, non seulement il n’a pas reçu de réponse, mais il a été renvoyé [3].

Le désordre s’est bientôt étendu à l’Otan, une alliance créée pour combattre l’URSS et maintenue contre la Russie, lorsque le président turc, Recep Tayyip Erdoğan, a signé de gigantesques accords économiques avec Vladimir Poutine [4].

Sortant de son silence, le président honoraire du Council on Foreign Relations [5], Leslie H. Gelb, a tiré la sonnette d’alarme [6]. Selon lui, « l’équipe Obama n’a pas les instincts de base et le jugement nécessaires pour conduire la politique de sécurité nationale dans les deux prochaines années ». Et de poursuivre, au nom de la classe dirigeante états-unienne dans son ensemble : « Le président Obama doit remplacer son équipe par des personnalités fortes et des stratèges expérimentés. Il doit également placer de nouvelles personnes comme conseillers principaux des secrétaires à la Défense et d’État. Et il doit enfin mettre en place des consultations régulières avec Bob Corker, le président de la Commission des relations étrangères, et John McCain [7], le président de la Commission des Forces armées. »

Jamais depuis sa création, en 1921, le Council on Foreign Relations n’avait pris une telle position. C’est que les divisions au sein de l’appareil d’État conduisent directement les États-Unis à leur perte.

Énumérant les principaux conseillers qui, selon lui, doivent partir, M. Gelb cite quatre personnes très proches intellectuellement et affectivement du président : Susan Rice (conseillère de sécurité nationale), Dennis McDonough (directeur de cabinet de la Maison-Blanche), Benjamin Rhodes (chargé de communication) et Valérie Jarrett (conseillère de politique étrangère). La classe dirigeante à Washington leur reproche de ne jamais faire de propositions originales au président, et encore moins de le contredire, mais de toujours le conforter dans ses préjugés.

Seule personnalité à trouver grâce aux yeux du Council on Foreign Relations, Anthony Blinken, nouveau n°2 du secrétariat d’État, un « faucon libéral ».

Le Council on Foreign Relations étant un organe bipartisan, M. Gelb propose que le président Obama s’entoure de quatre démocrates et de quatre républicains correspondant au profil qu’il a décrit. D’abord les démocrates Thomas Pickering (ancien ambassadeur aux Nations unies), Winston Lord (ancien assistant d’Henry Kissinger), Frank Wisner (officieusement un des patrons de la CIA et accessoirement le beau-père de Nicolas Sarkozy) et Michèle Flournoy (la présidente du Center for a New American Security) [8]. Puis, les républicains Robert Zoellick (ancien patron de la Banque mondiale) [9], Richard Armitage (ancien assistant de Colin Powell) [10], Robert Kimmitt (probable prochain patron de la Banque mondiale), et Richard Burt (ancien négociateur sur la réduction des armes nucléaires).

Au secrétariat à la Défense, M. Gelb propose le rabbin Dov Zakheim pour gérer les réductions budgétaires [11], l’amiral Mike Mullen (ancien chef d’état-major interarmes) et le général Jack Keane (ancien chef d’état-major de l’Armée de Terre).

Enfin, M. Gelb propose que la stratégie de sécurité nationale soit élaborée en concertation avec quatre « sages » : Henry Kissinger [12], Brent Scowcroft, Zbigniew Brzezinski [13], et James Baker [14].

En examinant de plus près cette liste, on comprend que le Council on Foreign Relations n’a pas souhaité trancher entre les deux groupes qui s’opposent au sein de l’administration Obama, mais qu’il entend remettre de l’ordre dans le système par en haut. À ce sujet, il n’est pas indifférent dans un pays jusqu’ici dirigé par des WASPs (White Anglo-Saxon Protestant) de constater que deux des conseillers dont on exige le renvoi sont des femmes noires, tandis que quatorze des quinze noms entrants sont des mâles blancs, soit protestants, soit ashkénazes. La remise en ordre politique est donc aussi une reprise en main ethnique et religieuse.

Thierry Meyssan

[1] Lire par exemple : « Obama a-t-il encore une politique militaire ? », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 1er décembre 2014.

[2] « D’"anciens" militaires français parmi les jihadistes de Daesh », Réseau Voltaire, 21 janvier 2015.

[3] « Contre qui le Pentagone se bat-il en Syrie ? », Réseau Voltaire, 1er novembre 2014.

[4] « Comment Vladimir Poutine a renversé la stratégie de l’Otan », par Thierry Meyssan, Оdnako (Russie), Réseau Voltaire, 8 décembre 2014.

[5] « Comment le Conseil des relations étrangères détermine la diplomatie US », Réseau Voltaire, 25 juin 2004.

[6] « This Is Obama’s Last Foreign Policy Chance », Leslie Gelb, The Daily Beast, January 14, 2015.

[7] « John McCain, le chef d’orchestre du « printemps arabe », et le Calife », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 18 août 2014.

[8] « Le CNAS, version démocrate de l’impérialisme conquérant », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 6 janvier 2015.

[9] « Robert B. Zoellick, maître d’œuvre de la globalisation », Réseau Voltaire, 10 mars 2005.

[10] « Richard Armitage, le baroudeur qui rêvait d’être diplomate »,Réseau Voltaire, 8 octobre 2004.

[11] « Dov Zakheim, la caution du Pentagone », par Paul Labarique,Réseau Voltaire, 9 septembre 2004.

[12] « Le retour d’Henry Kissinger », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 28 novembre 2002.

[13] « La stratégie anti-russe de Zbigniew Brzezinski », par Arthur Lepic,Réseau Voltaire, 22 octobre 2004.

[14] « James A. Baker III, un ami fidèle », Réseau Voltaire, 16 décembre 2003.

 

Source RV

Un astéroïde de 500 mètres va passer à proximité de la Terre aujourd'hui

lundi 26 janvier 2015 à 14:39
Un astéroïde de 500 mètres va passer à proximité de la Terre aujourd'hui

 

Le soir du 26 janvier, l’astéroïde 2004 BL86 croisera l’orbite terrestre. Il passera à seulement 1,2 million de kilomètres de nos têtes sans pour autant nous menacer. Le géocroiseur, qui mesure entre 500 et 680 m, devrait être visible dans une paire de jumelles ou une lunette astronomique lors de sa traversée de la constellation du Lion, en direction de l’Est, non loin de Jupiter.

 

Les astéroïdes de relative petite taille sont nombreux à croiser l’orbite terrestre. Voici bientôt deux ans, le géocroiseur 2012 DA14 (environ 45 m) s’aventurait à seulement 27.700 km de la surface de notre Planète, sans pour autant nous menacer. Toutefois, ce même jour, le 15 février 2013, restera marqué par l’intrusion inopinée et l'explosion d'une météorite en Russie, au-dessus de la ville de Tcheliabinsk.

Sans qu’il n'y ait de relation directe entre les deux événements (qui se sont produits à plusieurs heures d’intervalle), ceux-ci nous rappellent notre vulnérabilité et notre intérêt à évaluer les risques des géocroiseurs. À cet égard, la Nasa montrait dans une étude publiée en novembre dernier que les visiteurs de ce type de plus d’un mètre, sont légions : au minimum une météorite toutes les deux semaines, partout à travers le globe terrestre.

Loin de trois fois la distance Terre-Lune

Le 26 janvier prochain, c’est 2004 BL86 qui viendra nous rendre visite sans danger, à 1,2 million de kilomètres, soit un peu plus de trois fois la distance Terre-Lune. Comme son nom l’indique, il a été découvert le 30 janvier 2004, par un télescope du programme Linear (Lincoln Near-Earth Asteroid Research). Avec une taille estimée entre 500 et 680 m, 2004 BL86 devrait être le plus grosastéroïde potentiellement dangereux (en anglais PHA, potentially haszardous asteroid) à se promener près de chez nous avant le passage de 1999 AN10 (entre 800 et 1.800 m) en 2027, à seulement 388.960 km.

Bien sûr, des spécialistes de la Nasa ne manqueront pas le rendez-vous pour mieux cerner et caractériser cet objet, notamment avec l’antenne Deep Space Network à Goldstone (Californie) et celle, immense, d’Arecibo à Porto Rico. « Actuellement, nous ne savons presque rien de cet astéroïde,déclare Lance Benner qui dirigera cette campagne d’observations, donc, il y aura forcément des surprises. »

Trajectoire de l’astéroïde 2004 BL86. Son périple de 1,86 ans le conduit à croiser l’orbite terrestre, le 26 janvier 2015. Ce jour-là, à 16 h 20 TU, le géocroiseur ne sera qu’à 1,2 million de kilomètres de la Terre, soit trois fois la distance moyenne Terre-Lune. © Nasa, JPL-Caltech 
Trajectoire de l’astéroïde 2004 BL86. Son périple de 1,86 ans le conduit à croiser l’orbite terrestre, le 26 janvier 2015. Ce jour-là, à 16 h 20 TU, le géocroiseur ne sera qu’à 1,2 million de kilomètres de la Terre, soit trois fois la distance moyenne Terre-Lune. © Nasa, JPL-Caltech 

Un géocroiseur visible avec des jumelles

Une fois n’est pas coutume, les professionnels ou les amateurs équipés de caméras et de grands télescopes ne seront pas les seuls à pouvoir suivre l'objet céleste. En effet, le géocroiseur devrait atteindre une magnitude 9 le 26 janvier et 13 les jours qui suivent et précédent son approche, ce qui signifie qu’il sera visible avec une simple lunette astronomique voire une paire de jumelles.

En Europe, deux heures et demie environ après le coucher du Soleil, les amateurs pourront observer l’objet traverser la constellation du Lion qui sera presque entièrement levée au-dessus de l’horizon Est, à la suite de Jupiter. Du fait de sa proximité — c’est à 16 h 20 TU, 17 h 20 en France métropolitaine, qu’il sera au plus proche —, 2004 BL86 sera une cible qui se déplace relativement rapidement dans le champ visuel de votre instrument, évoquant le passage d’un satellite artificiel, mais ralenti, progressant de quelque deux secondes d’arc par seconde, soit deux degrés (quatre fois la taille de la Pleine Lune) par heure.

Don Yeomans, qui vient de prendre sa retraite après avoir dirigé le Near Earth Object Program (Neo) de la Nasa durant 17 ans, — programme surnommé les gardiens de l’espace (Spaceguards) — assure qu’il va prendre ses « jumelles préférées » pour observer cet intrus. « Les astéroïdes ont quelque chose de particulier, rappelle-t-il. Pas seulement parce qu’ils ont (vraisemblablement) fourni à laTerre les molécules prébiotiques et la plupart de son eau, mais parce qu’à l’avenir, ils deviendront des gisements précieux de minerais et autres ressources vitales. Ils deviendront également les stations de ravitaillement pour l’humanité tandis que nous poursuivons notre exploration du Système solaire. Il y a quelque chose au sujet des astéroïdes qui me donnera toujours envie de les regarder. »

Avis aux curieux, placez-vous à l'abri de la pollution lumineuse et préparez-vous à guetter ce petit corps céleste qui croisera notre chemin orbital.

 

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Google a livré au FBI les e-mails privés de journalistes de Wikileaks

lundi 26 janvier 2015 à 10:39
Google a livré au FBI les e-mails privés de journalistes de Wikileaks

A la veille de Noël, Google a révélé à trois journalistes et collaborateurs de Wikileaks qu'il avait obéi au moins partiellement, deux ans et demi plus tôt, à une demande secrète du FBI de fournir l'ensemble de leurs e-mails et d'autres informations qu'il détenait.

 

C'est un cadeau très particulier. Le 23 décembre 2014, Google a écrit à trois journalistes de Wikileaks, Sarah Harrison, Kristinn Hrafnsson et Joseph Farrell, pour les informer que la firme de Mountain View avait fourni au FBI l'ensemble des e-mails et d'autres informations qu'elle détenait sur eux, en vertu d'un mandat de perquisition daté de mars 2012, resté secret jusque là.

"Nous sommes stupéfaits et troublés par le fait que Google ait attendu plus de deux ans et demi pour informer ses abonnés qu'un mandat de perquisition avait été délivré pour leurs enregistrements", s'élève leur avocat Michael Ratner, dans un courrier adressé ce lundi au président de Google, Eric Schdmit.

Selon les infomations du Guardian, l'ordre signé par le FBI et placé jusqu'à une date inconnue sous le sceau du secret imposait à Google de livrer l'ensemble des contenus des e-mails des trois personnes concernées, envoyés et reçus, l'ensemble des brouillons, et des e-mails effacés sur Gmail. L'ordonnance exigeait aussi la fourniture des adresses source et de destination de tous les courriels, leur horodatage, et les métadonnées sur leur volume et longueur. Le FBI a également demandé tous les renseignements détenus par Google sur les moyens utilisés par les suspects pour accéder à ses services, y compris les données bancaires. En clair, Google devait livrer tout ce qu'il avait en possession sur les trois individus. 

Google a indiqué avoir fourni des informations au FBI suite à cette demande, mais sans préciser s'il y avait donné totalement satisfaction, ou s'il a refusé de tout livrer. "Nous suivons la loi comme toute autre entreprise", s'est contenté d'expliquer Google au journal britannique.

"GOOGLE AIDE LE GOUVERNEMENT À VIOLER LA CONSTITUTION"

Dans sa missive, l'avocat demande au président de Google s'il a tout fait pour s'opposer à la requête du FBI, ou pour la rendre publique au plus tôt. Il rappelle que confronté à une situation similaire, Twitter s'était battu pour protéger les intérêts de l'eurodéputée Birgitta Jonsdottir, qui fut activiste et porte-parole pour Wikileaks.

Dans un livre publié à la rentrée dernière, Julian Assange avait dénoncé avec force les liens incestueux entre Google et le gouvernement américain, en particulier en matière d'affaires diplomatiques. "Les aspirations géopolitiques de Google sont fermement mêlées dans celles de l'agenda des affaires étrangères de la plus grande superpuissance mondiale. A mesure que le monopole de Google sur la recherche et les services Internet s'accroît (...), son influence sur les choix et les comportements sur la totalité des être humains se traduit en un véritable pouvoir d'influer sur le cours de l'histoire", avait-il écrit.

Interrogé par le Guardian, Julian Assage estime que cette nouvelle affaire montre que Google "se presse encore pour aider le gouvernement à violer la constitution, en délivrant les e-mails privés de journalistes en réponse à des réquisitions de type "donnez-nous tout ce que vous avez"".

La lettre de son avocat rappelle que lors d'un entretien avec Eric Schmidt le 19 avril 2011, un an avant l'ordre du FBI, Julian Assange avait demandé à Google qu'il adopte le même comportement de résistance que Twitter. Mais le patron du moteur de recherche s'était alors contenté de dire qu'il "ferait suivre" la demande au département juridique de Google, sans s'engager.

L'ordonnance du FBI s'était appuyée sur de prétendues violations des lois anti-espionnage des Etats-Unis, le vol de données appartenant à l'Etat, et la violation des lois contre les intrusions informatiques. Selon toutes vraisemblances, elle a été délivrée dans le cadre de l'enquête sur Bradley/Chelsea Manning, qui avait fourni à Wikileaks des centaines de milliers de documents confidentiels de la diplomatie américaine. 

En août 2013, Manning avait été condamné à 35 ans de prison.

 

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La loi Macron protège les entreprises contre les journalistes et les lanceurs d’alerte

lundi 26 janvier 2015 à 10:30
Macron-économie maxi-dégâts

Macron-économie maxi-dégâts

Deux décisions favorables aux grandes entreprises viennent d’être prises coup sur coup par les députés socialistes. L’une introduit le « secret des affaires » dans le droit français. L’autre repousse l’adoption d’un « devoir de vigilance des sociétés-mères » qui aurait permis de poursuivre les entreprises dont les sous-traitants à l’étranger portent atteinte aux droits fondamentaux.


Le projet de loi Macron n’en finit pas de révéler des mesures passées inaperçues. Au milieu du marathon parlementaire, un amendement du rapporteur socialiste du texte, Richard Ferrand, introduisant dans le droit français la notion de secret des affaires, a été adopté la semaine dernière en commission. Il permettrait de faire condamner les personnes divulguant des informations considérées comme secrètes. Il a toutes les chances d’être adopté cette semaine, alors que la loi Macron est discutée en séance plénière de l’Assemblée nationale.

Selon le texte, trois catégories d’information seraient protégées :

1) Celle qui « ne présente pas un caractère public », c’est-à-dire qui n’est pas« généralement connue ou aisément accessible à une personne agissant dans un secteur ou un domaine d’activité traitant habituellement de ce genre d’information ».

2) Celle qui constitue « un élément à part entière du potentiel scientifique et technique, des positions stratégiques, des intérêts commerciaux et financiers ou de la capacité concurrentielle de son détenteur et revêt en conséquence une valeur économique ».

3) Enfin celle qui « fait l’objet de mesures de protection raisonnables, compte tenu de sa valeur économique et des circonstances ».

L’atteinte au secret des affaires serait puni de trois ans d’emprisonnement et 375 000 € d’amende, voire « sept ans d’emprisonnement et 750 000 € d’amende lorsque l’infraction est de nature à porter atteinte à la souveraineté, à la sécurité ou aux intérêts économiques essentiels de la France ».

La volonté d’inscrire le secret des affaires dans la loi n’est pas nouvelle. En 2012, l’ancien député UMP Bernard Carayon, avait déposé une proposition de loi portant exclusivement sur ce sujet. Acceptée par l’assemblée nationale, celle-ci avait été rejetée in extremis au Sénat après le changement de majorité.

Mais depuis, certains députés socialistes ont changé de position. Dès octobre 2012, Pierre Moscovici organisait une réunion à Bercy pour remettre le projet sur la table. Puis en juillet 2014 une proposition de loi socialiste était rédigée, signée notamment par Bruno Le Roux et Jean-Jacques Urvoas. Aujourd’hui, c’est donc à travers le projet de loi Macron que le secret des affaires fait son retour, dans la section intitulée « Faciliter la vie de l’entreprise ».

Secret sur le gaz de schiste !

« Ils sont allés trop vite », affirme l’eurodéputée Michèle Rivasi. Une directive européenne est en préparation sur le sujet, impliquant le travail de plusieurs commissions, de la Commission et du Conseil européens. « Le secret des affaires est un nouveau concept au niveau européen, sauf que ce concept est très vague », explique-t-elle, craignant qu’il ne laisse « trop de marge de manœuvre aux multinationales ».

William Bourdon, avocat du lanceur d’alerte sur l’évasion fiscale Antoine Deltour et fondateur de l’association Sherpa considère lui aussi que le texte« laisse trop de place à la subjectivité des entreprises et à l’instrumentalisation ».

Pour Michèle Rivasi, « il faut exclure [du secret des affaires] les données qui concernent l’environnement et la santé », ce qui n’est pas la cas dans la proposition actuelle. Elle donne l’exemple de la fracturation hydraulique :

« Aujourd’hui, une entreprise européenne doit donner la liste des ingrédients qui entrent dans la composition de son cocktail pour la fracturation, tandis que les entreprises américaines sont protégées par le secret des affaires et ne sont pas obligées de donner ces ingrédients. »

Les lanceurs d’alerte fragilisés

Par ailleurs, le texte fragiliserait le droit des lanceurs d’alerte et des journalistes, comme l’explique le député écologiste Jean-Louis Roumégas qui a suivi le travail en commission : « Je ne suis pas contre le principe [du secret des affaires], mais je pense qu’il faut l’encadrer, notamment pour ne pas qu’on puisse l’opposer aux lanceurs d’alerte et pour éviter les procédures dissuasives cherchant à empêcher la presse de travailler ». Selon Transparency International« si le secret des affaires avait existé, Irène Frachon à l’origine du scandale du Mediator aurait pu être sanctionnée ».

L’amendement prévoit bien des exceptions au secret des affaires, notamment dans le cas où les faits sont « susceptibles de constituer des infractions aux lois et règlements en vigueur ». Mais cela ne suffit pas selon William Bourdon :« Cette disposition n’est pas satisfaisante car il peut y avoir atteinte à la santé sans infraction à la loi ni au règlement. » Pour lui, la disposition juridique adéquate consisterait à fonder les exceptions sur « le vrai critère moderne »qu’est « l’atteinte à l’intérêt général ».

Michèle Rivasi relève un autre aspect négatif du secret des affaires : « En permettant à une entreprise d’attaquer un ancien salarié qui divulguerait des informations auprès de son nouvel employeur, il peut empêcher la mobilité des travailleurs et freiner l’innovation. »

Il y a donc un débat à avoir sur la durée pendant laquelle un ancien employé est soumis à ce secret. Le texte actuel n’en fait aucune mention. « Les États sont portés par des industriels qui veulent garder leurs connaissances, or il faut permettre la circulation des connaissances », explique l’eurodéputée.

Le CCFD, Sherpa et Transparency International dénoncent aussi l’amendementdéposé par Bernadette Laclais et adopté en commission : il élargit les exceptions à l’obligation de publier les comptes à toutes les entreprises,« quelles que soient leur forme, leur activité et leur importance », alors que seule une minorité d’entre-elles pouvait auparavant en bénéficier. L’obligation n’existe donc plus pour aucune entreprise.

« Responsabiliser » les entreprises

Dans le même temps, une proposition de loi sur le devoir de vigilance des entreprises était étudiée, suscitant une forte attente chez des associations comme Sherpa, le Collectif Ethique sur l’étiquette, Indecosa CGT et Peuples Solidaires-ActionAid.

Selon l’exposé des motifs, son objectif était « d’instaurer une obligation de vigilance des sociétés mères et des entreprises donneuses d’ordre à l’égard de leurs filiales, sous-traitants et fournisseurs. Il s’agit de responsabiliser ainsi les sociétés transnationales afin d’empêcher la survenance de drames en France et à l’étranger et d’obtenir des réparations pour les victimes en cas de dommages portant atteinte aux droits humains et à l’environnement. »

Cette mesure constituerait un outil juridique important face à des entreprises dont les sous-traitants sont reconnus coupables de mauvais traitements envers leurs salariés. Il reviendrait alors à l’entreprise de montrer qu’elle a été vigilante sur les agissements du sous-traitant.

Les quatre associations mentionnées avaient notamment porté plainte contre Auchan suite à l’effondrement du Rana Plaza au Bangladesh et contre Samsung pour travail forcé d’enfants en Chine. Or les deux plaintes viennent d’être classées sans suite.


- L’effondrement du Rana Plaza au Bangladesh en 2013 -

« Face à cette mauvaise volonté manifeste de la justice de lutter contre ces atteintes graves de multinationales françaises aux droits humains fondamentaux, nos organisations pointent l’urgence de voter la loi sur le devoir de vigilance pour prévenir de futurs drames sociaux ou environnementaux »,annonce le collectif d’associations dans son communiqué de presse.

Entreprises 2 – Intérêt général 0

Mais la proposition de loi sur le devoir de vigilance a été rejetée mercredi 21 janvier en commission, le PS et l’UMP votant contre. « Les socialistes disent que ce texte n’est pas assez souple, qu’il faudrait attendre les directives européennes », déplore Danielle Auroi, députée écologiste et rapporteur du projet de loi. La proposition de loi sera tout de même présentée à l’Assemblée le 29 janvier, dans la niche parlementaire des écologistes.

Dominique Potier, député de Meurthe et Moselle, qui a été à l’initiative de la proposition de loi avec Danielle Auroi, détaille : « Il n’y a pas eu d’accord entre le parlement et le gouvernement. La proposition de loi avait deux faiblesses : un manque de sécurité par rapport à la constitution et la portée européenne. On s’emploie à trouver une solution d’ici jeudi [débat de la proposition de loi en séance publique, dans la niche écolo], afin d’amender la proposition ou en déposer une nouvelle. »

Quant aux associations, elles nous ont fait part de leur déception alors qu’un important travail avait été effectué sur le sujet, notamment à travers la plate-forme « Responsabilité sociétale des entreprises »« On avait senti venir le trouble, les équipes de Macron avaient lancé une contre-proposition très très faible, alors que c’est un projet sur lequel les socialistes ont beaucoup travaillé », explique Mathilde Dupré, chargée de plaidoyer au CCFD.

L’argument du risque d’inconstitutionnalité, utilisé pour rejeter le texte, ne la convainc pas du tout : « Nous craignons que ce soit un argument plus politique que technique. Il aurait été possible de clarifier ces points par amendement. »Pour elle, ce qui dérange Bercy (qui n’a pas donné suite à nos appels), « c’est l’objet même de la proposition de loi, c’est-à-dire la possibilité d’engager la responsabilité de la société-mère en cas de manquement d’une entreprise ».

« Des parlementaires ont annoncé une nouvelle version du texte, à examiner en mars, mais nous sommes très sceptiques parce que les retours que nous avons ne sont pas à la hauteur », ajoute-t-elle.

Même constat pour Marie-Laure Guislain, responsable du contentieux chez Sherpa : « Il s’agit d’un mouvement de surprotection des acteurs économiques. On se demande aujourd’hui qui fait la loi : le gouvernement s’est contenté de reprendre les termes proposés par le Medef et l’AFEP [Association française des entreprises privées] composée des entreprises du CAC 40. »

Deux propositions de loi, deux attitudes différentes de la part de la majorité socialiste. « On est en droit de se demander si ce n’est pas une déclaration d’amour trop précipitée envers les entreprises », conclut William Bourdon.


Lire aussi : Le préfet employé par un trust immobilier dicte la loi contre l’environnement


Source : Baptiste Giraud pour Reporterre

Photos : 
. Chapô : La loi, place du Palais Bourbon, Assemblée Nationale (
Wikipedia/kimdokhac/CC)
. RanaPlaza : 
Wikipedia (rijans/CC BY-SA 2.0)
. Wikileaks : 
Wikipedia (David Shankbone/CC)

 

Source

 

Preuve du retour de la S.A en Ukraine, le service d'ordre nazi

lundi 26 janvier 2015 à 09:37
Ernst Röhm, chef des S.A.. Il sera éliminé sur ordre d’Hitler, en 1934, au cours de la Nuit des longs couteaux (second plan)

Ernst Röhm, chef des S.A.. Il sera éliminé sur ordre d’Hitler, en 1934, au cours de la Nuit des longs couteaux (second plan)

 

Traduction/relecture : Toma/jj et Diane 


 

Les S.A. on été fondés en 1920 par Ernst Röhm. C'est alors un service d'ordre destiné à protéger les réunions du parti nazi de Hitler et à perturber les réunions communistes et socialistes. Ils portent un uniforme : les « chemises brunes » . C'est avec les S.A. que Hitler tente son putsch à Munich, en novembre 1923. 

Par la suite, la S.A. recrute parmi les chômeurs. Au début de 1933, au moment où Hitler arrive au pouvoir, ils sont 400 000 en Allemagne. Ils font régner à travers le pays une véritable terreur, intimidant les militants de la gauche allemande et des syndicats. Tout naturellement, ce sont eux qui sont utilisés dans la première campagne contre les Juifs, dès 1933. 

Scènes DE RUE ordinaires en Ukraine 

Des images sur l'Ukraine que vous ne verrez jamais sur ARD ou ZDF [Chaînes de télévision allemandes grand public, NdT] . 

Les nazis de Svoboda et du Secteur droit a Karkhiv, seconde ville du pays ont attaqué le représentant de l'administration de la ville le 21 janvier. Ensuite, ils ont marché dans la ville en faisant le salut hitlérien et en criant « Vive l'Ukraine » et « Gloire aux héros ».