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Okki : GUADEC 2015

dimanche 23 août 2015 à 22:08
Crédit : Garrett LeSage

Après Strasbourg l’an passé, GUADEC 2015, la conférence européenne annuelle des utilisateurs et développeurs GNOME, s’est tenue cette année du 7 au 12 août dans la ville suédoise de Göteborg.

L’occasion pour les différents développeurs, traducteurs, designers… présents aux quatre coins du monde, de se rencontrer, d’assister à des conférences et des hackathons, ou plus simplement de discuter de l’avenir du projet.

Niveau conférences, on peut citer celles concernant l’ordinateur, une espèce en danger en tant que machine universelle, les dernières avancées de PulseAudio et GStreamer, l’adaptation de GNOME pour une utilisation dans les pays en développement, le défi pour GNOME 3 que représente une utilisation en entreprise, la création des vidéos qui accompagnent les sorties de GNOME, le rendu côté client des cartes avec MapCSS, l’intégration de LibreOffice avec Gnome Documents, la migration de LibreOffice vers GTK+ 3, la belle relation entre GNOME et ownCloud, l’utilisation d’applications dans des sandbox, une introduction à Tracker, l’internationalisation et la régionalisation de GNOME… et bien plus encore.

Les différentes conférences ayant été filmées, vous pouvez retrouver les vidéos, en anglais et sans sous-titres, sur le site officiel. Une page du wiki référence également quelques albums photos.

Quant aux réunions informelles (BoF) et autres hackathons, les principaux sujets furent Boxes, Builder, Coala, GTK+, les extensions GNOME Shell, PulseAudio, Wayland, Rust/GI, la documentation et les traductions, ainsi que GNOME.Asia .

De nombreux participants ont également blogué sur le sujet :

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Angristan : Compiler et installer Nginx avec le module PageSpeed pour Debian

dimanche 23 août 2015 à 18:54

nginx_pagespeed

Contrairement au célèbre Apache, Nginx ne supporte pas l'ajout de modules à chaud, ni même l'activation ou la désactivation de ces derniers. Si comme moi vous utilisez le module PageSpeed de Google, ce tutoriel est fait pour vous. En effet, avec Apache il suffit d'installer le module, de l'activer, de redémarrer Apache et le tour est joué. Sous Nginx, ce n'est pas possible. Il faut installer une version de Nginx contenant le module. Autrement-dit, il faut compiler Nginx à la main. :) Dans ce tutoriel, nous allons ajouter les dépôts officiels de Nginx pour Debian Jessie, télécharger les sources de PageSpeed et de Nginx, et compiler le tout dans un paquet .deb adapté à notre distribution (il contient quelques fichiers de conf et le script d'init). C'est parti ! Je vous conseille de vous connecter en tant que root (sudo su) dès maintenant, sinon vous aurez à ajouter "sudo" au début de chaque commande... ;) Aussi, veuillez faire en sorte de ne pas avoir Nginx déjà installé et de stopper tout serveur web déjà présent.

Ajout des dépots

Nous allons ajouter les dépots de Nginx pour Debian. Ils contiennent la dernière version stable pré-compilée (la 1.8.0 à ce jour, contre la 1.6.2 dans les dépôts Debian), ainsi que les sources pour cette version. Cela va nous permettre de récupérer les sources spécifiques pour Debian, et cela nous facilitera également la mise à jour.
echo "deb http://nginx.org/packages/debian/ jessie nginx
deb-src http://nginx.org/packages/debian/ jessie nginx" >> /etc/apt/sources.list
On ajoute la clé qui permet de signer les paquets :
wget http://nginx.org/keys/nginx_signing.key
apt-key add nginx_signing.key
On rafraichis la liste des paquets :
apt-get update

Installation des dépendances

Voici les liste des dépendances requises pour la compilation :
apt-get install build-essential zlib1g-dev libpcre3 libpcre3-dev unzip
Et pour Nginx:
apt-get build-dep nginx

Téléchargement des sources

À l'heure actuelle, la dernière version est là 1.9.32.6. Vous pouvez vérifier cette information ici, et si la version est différente, modifiez la variable NPS_VERSION.
cd
 NPS_VERSION=1.9.32.6
 wget https://github.com/pagespeed/ngx_pagespeed/archive/release-${NPS_VERSION}-beta.zip
 unzip release-${NPS_VERSION}-beta.zip
 cd ngx_pagespeed-release-${NPS_VERSION}-beta/
 wget https://dl.google.com/dl/page-speed/psol/${NPS_VERSION}.tar.gz
 tar -xzvf ${NPS_VERSION}.tar.gz
On télécharge les sources Nginx :
cd
apt-get source nginx
Vous vous retrouvez avec le dossier nginx-1.8.0.

Ajout du module

Nous allons ajouter une ligne dans le fichier rules afin de compiler Nginx avec le module.
cd nginx-1.8.0
nano debian/rules
Cherchez la section "override_dh_auto_build" À la fin vous aurez quelque chose de ce genre :
[...]
                --with-cc-opt="$(CFLAGS)" \\
                --with-ld-opt="$(LDFLAGS)" \\
                --with-ipv6 \\
[...]
C'est la liste des modules à compiler. Vous devez rajouter un "\\" à la fin de la dernière ligne, puis ceci :
--add-module=/root/ngx_pagespeed-release-1.9.32.6-beta
Attention ! "--add-module=/root/ngx_pagespeed-release-1.9.32.6-beta" est le chemin vers le dossier de PageSpeed. Si vous n'êtes pas dans /root, et si vous utilisez une autre version, vous devez modifier ceci !

Vous devriez avoir ça :

[...]
                --with-cc-opt="$(CFLAGS)" \\
                --with-ld-opt="$(LDFLAGS)" \\
                --with-ipv6 \\
                --add-module=/root/ngx_pagespeed-release-1.9.32.6-beta
[...]

Compilation

Tout est prêt. Mettez-vous dans le dossier Nginx, et lancez la compilation :

dpkg-buildpackage -b
Cela peut prendre de quelques secondes à quelques minutes suivant la puissance de la machine.

Si vous avez des erreurs de dépendances, installez les paquets demandés.

Installation

Un fois que c'est fini retournez dans le dossier au dessus :

cd ../

Vous devriez avoir plusieurs fichiers, dans mon cas, 1 fichier .changes et 3 fichiers .deb.

Capture du 2015-08-22 12-41-00

Installez le fichier sans "dbg" ni "debug" :

dpkg -i nginx_1.8.0-1~jessie_amd64.deb

Et voilà !

Vérifiez que toutes les dépendances sont là :

apt-get install -f

Et pour être sur que le module est bien présent :

Nginx -V

Capture du 2015-08-23 17-52-30

On remarque que l'on a bien "--add-module=/root/ngx_pagespeed-release-1.9.32.6-beta" à la fin, comme nous l'avions ajouté dans le fichier rules.

Configuration

Pour activer PageSpeed, vous pouvez rajouter ceci dans votre server block :

pagespeed on;
# Needs to exist and be writable by nginx.  Use tmpfs for best performance.
pagespeed FileCachePath /var/ngx_pagespeed_cache;
# Ensure requests for pagespeed optimized resources go to the pagespeed handler
# and no extraneous headers get set.
location ~ "\\.pagespeed\\.([a-z]\\.)?[a-z]{2}\\.[^.]{10}\\.[^.]+" {
  add_header "" "";
}
location ~ "^/pagespeed_static/" { }
location ~ "^/ngx_pagespeed_beacon$" { }
# Ajoutez vos filtres ici :
#pagespeed EnableFilters filtre1;
#pagespeed EnableFilters filtre2;

Mise à jour

Pour mettre à jour, il vous suffit de re-télécharger les sources, de recompiler et de réinstaller le paquet.

Les mises à jour ne se font pas via APT, essayez donc d'être au courant des mises à jour de Nginx ou de PageSpeed !

Conclusion

PageSpeed est un module qui peut s'avérer utile. Cependant, faites attention, car plus vous utilisez de filtres, plus PageSpeed consomme du CPU ! Dans mon cas, cela a accéléré l'affichage du site, mais diminué le nombre de requêtes par secondes que peut accepter le serveur (nombre qui reste assez énorme ceci dis, je ne me fais pas de soucis pour lui :) ) Je vous conseille donc d'utiliser le moins de filtres possible, et de n'utilisez PageSpeed que lorsque c'est nécessaire. C'est utile pour un site "public" ayant du trafic comme un blog, un site commercial, etc, mais pas pour vos sites personnels comme un webmail, un lecteur RSS, ou encore Piwik (PageSpeed n'est d'ailleurs pas compatible avec Piwik) Bonne configuration ! :)   Sources :

L'article Compiler et installer Nginx avec le module PageSpeed pour Debian a été publié sur Angristan

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Influence PC : Des sauvegardes automatiques au montage d’un périphérique sous Linux

dimanche 23 août 2015 à 00:19

Je vous propose de créer un « aspirateur à données », vous protégeant des pannes matérielles et des erreurs logicielles. Les risques incendie, inondation et vol ne sont en revanche évitables qu’en louant un serveur, ce que le logiciel présenté supporte.

Back In Time simplifie la création de sauvegardes (de type incrémentielles, basées sur des liens hardware), qui peuvent être chiffrées. Commencez par l’installer depuis votre logithèque, ou installez les paquets backintime-common et backintime-gnome.

1- Identifier les données à sauvegarder

Sur ordinateur, le meilleur moyen de ne jamais rien oublier est d’avoir organisé vos données dans un seul dossier, ensuite compartimenté comme il vous plait. Chez moi, ce dossier est toujours séparé du système d’exploitation par sécurité.

Notez que vous pouvez créer un /home séparé à l’installation de n’importe quelle distribution, conservant ainsi tous vos profils logiciels. Lors d’une réinstallation, je vous conseille d’avoir mémorisé (ou scripté) tous vos logiciels !

2- Découverte de l’interface

En ouvrant Back In Time, la fenêtre suivante apparaît :
Capture du 2015-08-16 01:52:48
Cliquer sur l’icône en forme d’outils.

3- Configuration : onglet Général

Dans ce premier onglet, vous pouvez personnaliser :
– le mode, c’est à dire la destination des sauvegardes (local ou SSH)
– le dossier pour les sauvegardes (votre support de destination)
– l’automatisation des sauvegardes (à chaque démarrage, un laps de temps, une période ou à la détection du périphérique)
Capture du 2015-08-16 01:54:32

4- Configuration : onglet Inclure

Ajoutez ici tous les dossiers ou fichiers que vous souhaitez sécuriser. S’il ne s’agit pas de votre /home, n’oubliez pas clés SSH, profils de navigateurs ou encore boites mails. L’onglet Exclure fonctionne sur le principe opposé.
Capture du 2015-08-16 01:54:47

5- Configuration : onglet Purge auto

En fonction de la capacité de votre support de stockage, choisissez les options de suppression automatique de vos anciennes sauvegardes : ne soyez pas trop sévère !
Capture du 2015-08-16 01:55:58

Ce tuto est déjà fini, nous n’avons pas utilisé la moindre ligne de commande et nous avons obtenu un système robuste, semblable à la Time Machine de Mac OSX. C’est en effet le gros point fort de ce logiciel qui permet de récupérer individuellement tout fichier, sauvegarde après sauvegarde. Son point faible est le support de l’unique protocole SSH.

N’oubliez pas que stocker vos données sur un serveur ou sur un support de stockage chiffré met une barrière entre vous et le libre accès à vos données : perdre cet accès reviendrait à perdre définitivement vos données.

N’oubliez pas non plus de dissimuler correctement votre support de sauvegarde après chaque utilisation. Il est tout à fait possible d’utiliser deux supports alternativement pour limiter la possibilité de défaillance en cas de restauration.

Illustration sous CC BY 2.0 réalisée par GotCredit.

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Framablog : Framasoft fait son « Ray’s day » avec 8 nouvelles Libres

samedi 22 août 2015 à 10:01

Depuis sa création, Framasoft s’est donné pour mission de diffuser la culture libre et d’en emprunter la voie — libre elle aussi. Aujourd’hui, c’est le « Ray’s day », l’occasion de fêter l’acte de lecture en célébrant l’anniversaire de feu Ray Bradbury.

L’événement, initié l’année dernière par l’auteur Neil Jomunsi se veut « comme une grande fête d’anniversaire dans le jardin avec ballons et tartes aux myrtilles ». Pas une fête pour « vendre de la culture », juste une grande envie de partager nos lectures.

8 nouvelles Libres

Alors, à Framasoft, comme on aime beaucoup les tartes aux myrtilles, on s’est dit qu’on allait participer. Le temps de cette belle journée, différents membres de l’association ont donc pris la casquette d’écrivain pour vous présenter un livre électronique inédit contenant 8 histoires différentes :

Cliquez sur l'image pour télécharger le livre numérique.

Cliquez sur l’image pour télécharger le livre numérique.

Cet ebook, au format .epub (le format ouvert du livre numérique) est téléchargeable à cette adresse et est bien évidemment libre.

Lisez, partagez, adaptez ou modifiez-les, ces histoires vous appartiennent désormais ! Et si l’envie vous en prend, diffusez le mot sur les réseaux sociaux avec le hashtag #RaysDay… l’occasion aussi de découvrir d’autres initiatives à travers la toile.

Mais ce n’est pas tout…

En effet, suite à un harcèlement textuel et potache sur les réseaux sociaux, Gee et Pouhiou ont repris leur casquettes de Connards Professionnels pour un nouvel épisode de « Bastards, inc. – Le Guide du Connard Professionnel ». L’occasion de relire et/ou télécharger les épisodes précédents, et de lire cet épisode inédit en attendant qu’ils reprennent (dès le 2 septembre) leur rythme de croisière de ce roman/BD/MOOC de connardise.

Cliquez sur l'image pour aller lire ce nouvel épisode

Cliquez sur l’image pour aller lire ce nouvel épisode

Enfin, le groupe Framalang vient d’achever la traduction d’une nouvelle futuriste sur le copyright et ses dérives : Stop the Music de Charles Duan (initialement publiée sur BoingBoing, un site tenu, entre autres, par Cory Doctorow). La traduction n’a pu être prête à temps pour rejoindre l’epub de cet article, c’est pour cela que vous en retrouverez la première partie dès aujourd’hui ici sur le Framablog !

Partagez vos lectures !

On vous souhaite donc à tous un bon Ray’s day 2015 et une bonne journée de lecture. N’oubliez pas d’aller voir sur le site officiel du Ray’s Day toutes les initiatives de partage qui sont proposées aujourd’hui, ainsi que de télécharger les ebooks sur leur bibliothèque en ligne / catalogue OPDS !

En espérant vous retrouver l’année prochaine,

L’équipe de Framasoft.

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Framablog : RaysDay : Stop the Music, une nouvelle sur les libertés. 1/2

samedi 22 août 2015 à 09:09

À l’occasion du RaysDay 2015, l’équipe de traduction Framalang a choisi de traduire la nouvelle Stop the Music, de Charles Duan, publiée originellement sur Boing Boing. Cette histoire futuriste explore les dérives possibles des lois sur le copyright.

Voici donc la première partie de cette traduction (la seconde et dernière partie sera publiée sur le Framablog la semaine prochaine). Exceptionnellement, nous avons choisi de ne pas traduire le titre (libre à vous de le faire !)

Comme son œuvre originelle, cette traduction est sous licence CC-BY-SA-NC.

Traduit par : Piup, egilli, Sphinx, Omegax, ac, audionuma (et les anonymes)

Stop the Music (image : Boing Boing

Stop the Music (image : Boing Boing)

Stop the music

I.

À la Cour fédérale du district central de Californie

Eugene L. Whitman contre Alfred Vail Enterprises, Inc.

Plainte pour violation du droit d’auteur

Le 18 février 2044

 

Le plaignant, Eugene L. Whitman, représenté par ses avocats, porte plainte contre Alfred Vail Enterprises, Inc. suite aux faits suivants :

1. Le plaignant, M. Whitman, compositeur de son état, a écrit la chanson populaire Taking It Back

2. Le 14 janvier 2044, le défendeur Vail Enterprises a distribué la chanson Straight Focus qui remporte aujourd’hui un grand succès.

3. Straight Focus inclut un fragment de huit notes, extraites de Taking It Back. Par conséquent et au vu de cette œuvre dérivée non autorisée, Vail Enterprises a manqué au droit d’auteur de M. Whitman.

En tout état de cause, M. Whitman requiert que Vail Enterprises :

A. Reçoive une injonction lui interdisant la poursuite de cette infraction au droit d’auteur de M. Whitman ;

B. Détruise l’intégralité des exemplaires de Straight Focus en possession de Vail Enterprises ;

C. Soit ordonnée de supprimer la chanson Straight Focus de la mémoire de l’ensemble des personnes résidant aux États-Unis.

 

II.

À la Cour fédérale du district central de Californie

Eugene L. Whitman contre Alfred Vail Enterprises, Inc.

Réponse de Alfred Vail Enterprises, Inc.

Le 25 février 2044

 

Le défendeur, Alfred Vail Enterprises, Inc., répond à la plainte du plaignant, Eugene L. Whitman, en les termes suivants :

1. Vail Enterprises est une société basée dans l’État du Delaware dont le siège se situe à Los Angeles en Californie et qui est intégralement détenue par M. Alfred Vail.

2. À la suite d’une carrière longue et réussie au sein de l’industrie de la neurobio-ingénierie, M. Vail fit le choix d’entrer dans le monde de la musique. Sa première composition Straight Focus est une œuvre musicale unique et innovante, jugée par les critiques comme « digne d’un nouveau siècle technologique » ou comme « une clef de voûte entre l’art et les neurosciences ».

3. En plus d’être un succès massif, la portée de Straight Focus fut internationale. Cette chanson fut vue plus de 350 millions de fois sur les sites de partage de vidéos. Outre cela, le meilleur révélateur de la popularité de cette œuvre reste : les vidéos d’appréciation, les remixes et adaptations diverses réalisées par les amateurs de ce morceau.

4. M. Vail a écrit Straight Focus à la mémoire de sa fille Sarah Vail, décédée l’année dernière en pleine adolescence suite aux complications de sa leucémie. Le morceau est composé de fragments des cinquante œuvres musicales préférées de Mlle. Vail, arrangés par lui-même grâce à sa créativité et à son expérience en neurosciences afin de produire un tour de force émotionnel musical inattendu. L’une de ces œuvres correspond au morceau du plaignant Taking It Back.

5. Le fragment de Taking It Back utilisé dans Straight Focus est minime et n’a pas altéré la valeur de ce morceau. En effet, la popularité de la composition de M. Vail a entraîné un intérêt significatif et une augmentation des ventes pour l’ensemble des œuvres sur lesquelles il s’est basé. Par conséquent, l’utilisation de ce fragment de Taking It Back par M. Vail ne constitue pas une infraction au droit d’auteur ou, a minima, constitue un usage raisonnable au titre de l’article 17 U.S.C. § 107.

6. En outre, la requête du plaignant, M. Whitman, exigeant la suppression de tout souvenir de Straight Focus des pensées des auditeurs, constitue un précédent absurde. Jamais un tribunal n’a ordonné ou autorisé de suppression de mémoire totale, visant l’ensemble du public pour une affaire liée au droit d’auteur. Cet ordre ou cette autorisation ne devrait pas être soumis à la compétence de cette cour.

 

III.

À la Cour fédérale du district central de Californie

Eugene L. Whitman contre Alfred Vail Enterprises, Inc.

Avis et ordre quant à l’effacement de la mémoire

20 juin 2044
Avis de M. Benson, juge fédéral.

Le jury du tribunal a considéré que l’accusé Vail Enterprises n’a pas respecté le droit d’auteur du plaignant M. Whitman. Le plaignant demande donc à cette cour d’émettre un arrêt obligeant Vail Enterprises à effacer tout souvenir du morceau délictueux Straight Focus des pensées de toutes les personnes résidant aux États-Unis, grâce au système EffaceMem National.

La requête de M. Whitman est une forme de réparation extrêmement inhabituelle et sans précédent. Il est donc nécessaire de procéder à quelques explications concernant le système.

Le système EffaceMem National a été développé à partir de la technologie EffaceMem, inventée par Alfred Vail en 2028. Des avancées antérieures en neurosciences ont révélé que les souvenirs humains pouvaient être modifiés ou effacés en agitant les cellules cérébrales, mais cette procédure était intrusive et risquée, et, de fait, utilisée uniquement dans des cas particulièrement inhabituels de troubles psychiques, comme les troubles de stress post-traumatiques.

M. Vail a découvert que certaines ondes sonores basses fréquences à fluctuation rapide pouvaient être utilisées pour agiter les cellules cérébrales de la même manière, permettant ainsi un effacement de la mémoire sans risque et sans intrusion, avec une excellente précision concernant la date et l’objet des souvenirs. Cette technologie, qu’il appela EffaceMem, fut offerte comme service au consommateur, le plus souvent pour effacer le souvenir d’événements embarrassants, d’ex-amants, et de situations traumatisantes.

De manière inattendue, le service au consommateur devint un élément de sécurité nationale au moment des attaques terroristes contre les États-Unis d’août 2039. L’Agence centrale de renseignement (CIA) avait intercepté une communication chiffrée contenant les détails de la planification de plusieurs bombardements simultanés sur plusieurs grandes villes. La CIA savait que l’attaque aurait lieu durant la semaine suivante, mais ne pouvait pas déchiffrer le reste du message pour identifier les détails du complot. Le temps venant à manquer, la CIA, dans une ultime tentative, se procura des milliers d’énormes haut-parleurs haute-fidélité, les répartit dans les villes, et diffusa à plein volume des enregistrements d’EffaceMem conçus pour effacer les souvenirs de toutes les conversations ayant eu lieu au moment de la diffusion des messages interceptés.

Les résultats furent saisissants : San Francisco et la ville Washington., où EffaceMem était déployé, ne subirent aucun bombardement, alors que la ville de New York, où EffaceMem n’avait pas pu être déployé à temps, fut dévastée.

À la suite de ces attaques, le pays entreprit rapidement de déployer EffaceMem sur l’ensemble du territoire. Le réseau ainsi formé, connu sous le nom de « système EffaceMem National », couvre chaque centimètre carré et chaque habitant des États-Unis, et permet d’assurer la suppression totale d’une idée dans l’esprit de la population. Le système n’a pas été utilisé de manière fréquente, mais plutôt occasionnellement, et sous supervision judiciaire stricte, pour déjouer les complots terroristes et prévenir des crimes, avec d’excellents résultats. La CIA et l’armée ont également étudié d’autres applications.

Mais le système EffaceMem National n’a jamais été utilisé pour servir des intérêts privés. Jusqu’à présent, il a été utilisé uniquement pour effacer des idées de crimes ou des dangers pour le public. Ainsi, la requête de M. Whitman d’utiliser le système pour effacer le souvenir d’un morceau de musique est parfaitement inattendue. Cette cour n’a absolument aucune décision similaire ni aucun précédent sur lequel se baser.

Au premier abord, l’injonction faite à une partie d’utiliser le système EffaceMem National semble inappropriée dans presque tous les cas, car cette cour ne peut obliger une partie à faire quelque chose que si cette partie peut faire cette chose, et utiliser EffaceMem National n’est pas possible pour la plupart des gens. Mais ici, l’accusé est une exception inhabituelle, car Vail Enterprises est propriétaire du système. M. Alfred Vail, inventeur d’EffaceMem, a plus tard fondé Vail Enterprises, qui a financé et construit le système EffaceMem National, et en est toujours propriétaire. Par conséquent, une injonction d’utiliser le système pourrait être émise à son encontre.

M. Whitman soutient que l’article 17 U.S.C. § 503(b) autorise cette cour à ordonner à Vail Enterprises de réaliser une suppression des souvenirs du morceau. Cette loi indique que cette cour « peut ordonner la destruction […] de toutes les copies ou les enregistrements audio faits ou utilisés en violation des droits exclusifs du propriétaire des droits d’auteur ». Comme les neurones qui ont enregistré les souvenirs du morceau sont des « copies ou des enregistrements audio », M. Whitman prétend que cette cour a le pouvoir d’ordonner à Vail Enterprises de procéder à la « destruction » de ces copies en effaçant les souvenirs.
Je comprends la position de M. Whitman. M. Whitman est manifestement très soucieux de protéger ses œuvres musicales, et refuse à quiconque d’en créer des œuvres dérivées ou de les altérer, en accord avec son désir de garantir que sa musique reste « pure ». Cela lui est permis, en tant que propriétaire des droits d’auteur. J’ai déjà ordonné à Vail Enterprises de supprimer toutes les copies physiques du morceau contrefait.
Mais en ce qui me concerne, je ne suis pas certain que l’injonction d’effacer des souvenirs soit raisonnable. Peut-être l’est-elle, peut-être pas ; aucune autre autorité judiciaire ne fournit de conseil sur cette question. Si la Cour d’appel ou la Cour suprême décident que ce type d’injonction est autorisé, alors je l’émettrai. Mais sans le support d’une de ces cours, il me semble nécessaire de rester prudent et de ne pas ordonner à Vail Enterprises d’effacer les souvenirs du morceau contrefait.

Demande rejetée.

 

IV.

The Washington Post

Audition à la Cour suprême à propos de l’affaire sur l’effacement de mémoire.

Le 12 février 2046

Ce matin, la Cour suprême entendra les plaidoiries dans une affaire très suivie concernant la possibilité pour un auteur de chansons d’utiliser son droit d’auteur pour effacer de la mémoire de tous les Américains une chanson supposée contrevenir au droit d’auteur.

Cette affaire, Whitman contre Vail Enterprises, voit s’affronter le chanteur Gene Whitman et le neurobiologiste (devenu artiste du remix) Alfred Vail, à propos de la chanson à succès Straight Focus. En 2044, un jury a décidé que la chanson de M. Vail violait le droit d’auteur de M. Whitman. Immédiatement, l’Association Américaine de l’Industrie du Disque a diligenté une requête auprès du système fédéral de gestion des droits numériques, déclenchant ainsi un effacement automatique de la chanson de tous les sites internet et des équipements personnels. Straight Focus n’a plus été entendue aux États-Unis depuis plus d’un an maintenant.

Mais M. Whitman considère que la suppression de Straight Focus de tous les équipements personnels n’est pas suffisante. Extrêmement protecteur de ses œuvres, M. Whitman a cherché à obtenir un arrêt de la Cour imposant l’effacement de la chanson Straight Focus de la conscience de tout le monde en utilisant le système EffaceMem National, système qui est la propriété de M. Vail.

La Cour a récusé la requête de M. Whitman, indiquant qu’elle n’ordonnerait pas l’utilisation du système EffaceMem National sans l’avis de la Cour suprême.

M. Whitmann n’a pas souhaité s’exprimer sur cette affaire. M. Vail, lors d’une interview, a exprimé son « exaspération » que cette affaire aille jusqu’à la Cour suprême.

« Ma chanson Straight Focus signifie beaucoup pour de nombreuses personnes », dit-il. « Pour moi, c’est un souvenir de ma fille que j’ai perdue il y a trois ans. Et les amateurs de cette chanson ont créé leurs propres sens et souvenirs à partir d’elle. Cela dépasse l’imagination que Gene Whitman puisse effacer toutes ces pensées en clamant une sorte de possession du droit d’auteur. »

C’est la deuxième affaire au sujet du système EffaceMem National qui est portée devant la Cour suprême. L’affaire précédente, United States contre Neilson, portait sur la constitutionnalité du système, utilisé pour supprimer l’activité criminelle à la suite des attaques du 7 août 2039. Le système a été jugé constitutionnel par une majorité divisée de 5 voix pour et 4 voix contre.

Au nom de cette majorité, la présidente de la Cour suprême, Mme Diehr, a rejeté les recours basés sur les premier, cinquième et quatorzième amendements, déclarant que le système EffaceMem National est « un outil nécessaire à la société technologique pour la prévention des méfaits et des délits à l’encontre du du public ». Vétéran de l’armée de l’air et également ancienne procureure générale, la présidente s’est vraisemblablement basée sur son expérience au sein de l’armée des États-Unis lorsqu’elle a conclu : « le nombre grandissant de menaces envers notre nation ne peut être contrecarré qu’avec un arsenal défensif renforcé. »Elle écrit par ailleurs « qu’il s’agit d’un devoir de citoyen que d’abandonner ses pensées personnelles si cela protège le plus grand bien, de la même façon qu’il était un devoir, en temps de guerre, que d’abandonner sa liberté ou ses propriétés, pour le bien de la nation ».

Dans un argumentaire vivement opposé, le juge Diamond rejeta l’idée que « la pensée humaine est le jouet du gouvernement fédéral ». Rappelant son passé d’avocat des droits civils et se basant sur la Constitution et la Déclaration des droits, le juge a déduit que celles-ci contenaient, dans une certaine mesure, des garanties sur la vie privée et la liberté de pensée. Selon son point de vue, ces textes entrent en conflit avec un effacement de mémoire sans consentement. Il a fait référence à l’affaire Americans for Digitals Rights contre Gottschalk qui décida que la collecte de données représentait une fouille illégale d’après le quatrième amendement. Il y a 25 ans, le juge Diamond était l’avocat qui représentait ADR lors de cette affaire qui brisa la jurisprudence pré-Internet, jurisprudence qui avait été sérieusement remise en question par le juge Sotomayor en 2012.

Le juge Flook, dans un avis séparé, indiqua qu’il était « indécis » en raison des « conséquences inquiétantes » d’un effacement de mémoire généralisé. Malgré cela, pour lui, les bénéfices de ce système compensent ces inconvénients. C’est probablement son vote qui décidera du sort de cette affaire, tous les yeux seront rivés sur lui lors des débats.

Le juge est un ancien professeur de droit, dont les intérêts et les publications portent sur les lois concernant l’environnement et les ressources naturelles. Au regard de ses prouesses universitaires et de sa passion environnementale, l’opinion du juge dans l’affaire Neilson est, comme pour beaucoup de ses confrères, brillante sur le plan analytique et partagée sur le plan émotionnel. Il a déclaré : « Je crains sincèrement un monde où mes souvenirs et les souvenirs d’innombrables personnes peuvent être effacés en appuyant sur un bouton. Mais je crains autant les attaques terroristes. Dès lors que je peux être sûr que cet effacement de mémoire est limité aux seules situations nécessaires, ma première crainte sera suffisamment restreinte. ».

L’audience débutera à 10 h et portera sur l’affaire n°45-405 : Whitman contre Alfred Vail Enterprises.

 

Rendez-vous la semaine prochaine pour la suite et conclusion de cette nouvelle !

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