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Comète : tmux: l'outil magique pour gérer vos terminaux (partie 1)

vendredi 2 novembre 2012 à 18:06

Si vous connaissez GNU Screen, tmux c'est pour faire la même chose mais EN MIEUX ! :)

tmux en action

Je vous explique: vous jonglez régulièrement avec plusieurs fenêtres de terminaux (urxvt, xterm...) pour effectuer différentes tâches comme se connecter via SSH à des machines distantes, éditer des fichiers avec vim, mettre à jour votre distribution (apt-get, pacman, urpmi...), vous aimez également de temps à autre dialoguer sur IRC (irssi, weechat...) ou consulter les manpages d'une commande. Autant de tâches qui nécessitent d'avoir x terminaux ouverts sur le bureau au milieu desquels vous vous mélangez un peu les pinceaux, non ?

Ou simplement vous êtes un inconditionnel de la console et vous n'utilisez jamais Xorg (oui ça existe :) ) mais vous aimeriez pouvoir utiliser plusieurs applications en même temps ?

Et bien vous allez adorer tmux. C'est un multiplexeur de terminaux, hein ? kesako ? Un outil qui va vous permettre de gérer plusieurs fenêtres dans une seule console, de splitter la console si vous le souhaitez, de fermer votre session sur votre serveur au boulot et de l'ouvrir de nouveau, chez vous, via SSH en retrouvant tout vos terminaux et les applications qui tournent dedans tels que vous les aviez laissés. Allez assez bavardé, lançons nous !

Installation et paramétrage:

Tout d'abord installons-le, sous Arch Linux ça se fait de cette manière:

pacman -S tmux

A noter qu'il est inclus également dans le système de base d'OpenBSD.

Bien que la config par défaut de tmux soit tout à fait utilisable, j'aime configurer quelques petites fonctions pour plus de confort. Pour ceci, créez un fichier nommé .tmux.conf dans votre répertoire utilisateur et copiez-y le contenu suivant:

# UTF-8
set-option -g status-utf8 on
set-window-option -g utf8 on

# Set 256-colour terminal
set -g default-terminal "screen-256color"

# Number of lines held in window history
set -g history-limit 1000

# Set status bar
set -g status-bg black
set -g status-fg white
set -g status-interval 60
set -g status-left-length 30
set -g status-left '#[fg=green](#S) #(whoami)@#H#[default]'

# Highlight active window
setw -g window-status-current-bg blue

# Set window notifications
setw -g monitor-activity on
set -g visual-activity on

# Automatically set window title
setw -g automatic-rename on

# Use mouse to select pane
set -g mouse-select-pane on

# Mode-keys style for copy mode
setw -g mode-keys vi

# Default session
new -d -s "MaSession"

Je vous renvoie vers la très complète page de manuel de tmux pour l'explication détaillée des options de configuration utilisées ci-dessus.

Utilisation:

une fois lancé:

tmux

tmux s'utilise avec le clavier. En effet chaque action se réalise à l'aide d'un code touche commençant par [Ctrl+b]. Pour info, GNU Screen, lui, utilisait [Ctrl+a] donc si vous êtes un habitué, il est possible de changer ce code touche pour le faire correspondre à vos souhaits.

Par exemple, pour ouvrir une nouvelle fenêtre:

[Ctrl+b]+c

Afficher la liste des codes touche et leur signification:

[Ctrl+b]+?

Passer à la fenêtre suivante:

[Ctrl+b]+n

Sélectionner la fenêtre n°2:

[Ctrl+b]+2

Choisir la fenêtre dans une liste:

[Ctrl+b]+w

Diviser la fenêtre verticalement:

[Ctrl+b]+%

Diviser la fenêtre horizontalement:

[Ctrl+b]+"

Casser la division:

[Ctrl+b]+!

Notez que tmux transformera alors vos divisions en fenêtres vous ne perdrez donc pas leur contenu, c'est beau non ?

Sélectionner une division (pane):

[Ctrl+b]+up (down, left or right)

Un peu de magie ?

Voici enfin sans doute la fonction la plus pratique de tmux: vous avez 5 ou 6 applications en cours dans votre tmux, lui-même tournant dans un xterm, mais voilà vous devez temporairement pour une raison quelconque fermer votre session X. Pas besoin de fermer vos applis, faites simplement:

[Ctrl+b]+d

Ceci détachera votre tmux et son contenu du terminal actif. Fermez maintenant votre session, puis ouvrez-la de nouveau, lancer votre terminal et tapez:

tmux attach

Et oh joie ! Oh miracle ! vous retrouvez tout dans l'état dans lequel vous l'aviez laissé, au caractère prêt ! Sachez de plus que la fonction "detach" est exécutée par défaut si vous fermez malencontreusement votre xterm sans avoir préalablement tapé [Ctrl+b]+d. Vous pourrez donc récupérer le tout avec la commande ci-dessus.

Voilà pour aujourd'hui, dans une deuxième partie, nous verrons comment scripter tmux pour faire des trucs sympa. En attendant, je vous conseille vivement de consulter la page de manuel qui vous fera écarquiller les yeux tellement cet outil est génial ;) A plusque !

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Comète : Téléchargez simplement les fonds d'écran du site National Geographic

vendredi 2 novembre 2012 à 18:05

Je suis tombé hier sur cet article de Romain Bochet dans lequel il met à disposition deux petits scripts écrits en BASH et plutôt bien pensés, permettant de télécharger facilement de superbes wallpapers du site National Geographic. Merci à lui, car cela m'a plutôt inspiré.

J'ai donc, pour le fun, réécrit ces scripts en Python (2.x) en les fusionnant en un seul programme téléchargeable ici, cette réécriture permettant aussi, du coup, d'utiliser le programme sous Windows à condition évidemment d'avoir un interpréteur python d'installé.

Le programme crée dans le répertoire courant un dossier "NGwallpapers" dans lequel il copie et renomme les fichiers téléchargés. Dans le cas ou un fichier existe déjà dans le dossier, il téléchargera le suivant.

Pour l'utiliser et télécharger les images d'un mois précis (AA=année et MM=mois):

./NGwallpapers.py AA MM

ou pour télécharger les images de toute une année:

./NGwallpapers.py AA

Petite précision, la résolution des photos est de 1600x1200, ce qui est plutôt sympa et d'autre part, vous ne pouvez récupérer les photos que depuis septembre 2009 à nos jours, car l'url et la résolution étaient différentes avant cette date.

Ce script est sous licence Creative Commons BY-NC-SA.

Maj du 22/08/2011: Comme l'a suggéré Chimrod dans les commentaires, voici le lien vers le dépôt Bitbucket dédié à ce script.

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Comète : tmux: l'outil magique pour gérer vos terminaux (partie 2)

vendredi 2 novembre 2012 à 18:03

Nous allons voir comment utiliser tmux sous votre gestionnaire de fenêtres préféré (j'ai choisi ici Openbox mais n'importe quel autre WM fera l'affaire) pour remplacer les onglets du terminal (ici rxvt-unicode) et lancer les applications en mode texte dans un seul et unique terminal.

Préparons le terrain:

Tout d'abord, nous allons écrire un petit script shell pour automatiser l'exécution de tmux dans un terminal. Le but de ce dernier étant d'ouvrir un terminal, d'y créer une session tmux si elle n'existe pas, ou bien de se rattacher à une session existante, et enfin de donner le focus au terminal. Pour cela, nous aurons besoin d'installer une petite application supplémentaire: wmctrl. Cet outil très pratique permet d’interagir en ligne de commandes avec tout gestionnaire de fenêtres compatible avec les spécifications EWMH.

Si vous êtes sous Archlinux:

pacman -S wmctrl

ou encore si vous êtes l'heureux utilisateur d'un système sous OpenBSD:

pkg_add -i wmctrl

A présent, si vous ne l'avez pas encore fait, référez-vous à l'article précédent et créez un fichier .tmux.conf à la racine de votre répertoire perso et contenant ceci:

# Default session
new -d -s "MaSession"

Ceci permettra de créer une session par défaut nommée MaSession.

Prenez maintenant votre fidèle compagnon, j'ai nommé l'éditeur de texte, et créez un nouveau fichier comme ceci:

#!/bin/sh
# Prend en paramètre le nom de la session tmux a créer ou à laquelle se rattacher.
# Puis ouvre un terminal ou en utilise un déjà existant et lui donne le focus.

WINDOW_NAME="Comete's TMUX Terminal"
TERM_EXIST=`wmctrl -l|grep "$WINDOW_NAME"`

if [ -z $1 ]; then
    echo "Merci de préciser le nom de la session tmux en paramètre."
    echo -e "\\nExemple: ./terminux.sh MaSession"
    exit 0
fi

# Si aucun terminal n'est ouvert, on le lance
# et on y attache la session tmux
if [ -z "$TERM_EXIST" ]; then
    urxvt -T "$WINDOW_NAME" -e tmux -2 attach -t "$1" &
    sleep 0.5
fi

# On donne le focus au terminal
wmctrl -a "$WINDOW_NAME"

Pour ma part, j'ai appelé ce script terminux.sh mais vous pouvez l'appeler comme bon vous semble.

Intégration au gestionnaire de fenêtres:

J'aime configurer quelques raccourcis clavier pour les applications que j'utilise le plus souvent comme le terminal. Nous allons donc éditer le fichier ~/.config/openbox/rc.xml et ajouter dans la section un nouveau raccourci:


      
        /home/comete/scripts/terminux.sh MaSession
      

Ainsi en appuyant sur [Alt]+F1, vous ouvrirez un terminal contenant un session tmux nommée MaSession ou basculerez vers ce terminal si vous l'aviez déjà ouvert. Le plus sympa c'est que si vous le fermez par erreur, faites de nouveau [Alt]+F1 et vous retrouverez votre terminal comme vous l'aviez laissé, avec toutes les "fenêtres" tmux à l'intérieur ! :)

Et le meilleur pour la fin...

Pour terminer, nous allons voir comment exécuter des applications en mode texte depuis le menu d'Openbox afin qu'elles s'ouvrent directement dans votre "terminux" flambant neuf.

Pour l'exemple, nous allons lancer le rippeur et encodeur de CDs ABCDE. Editez donc le fichier ~/.config/openbox/menu.xml et ajoutez ce qui suit dans la section

de votre choix:


    
        
            tmux -2 new-window -t MaSession -n 'abcde' abcde
        
    

Cette commande ajoute une nouvelle fenêtre (new-window) nommée 'abcde' (-n) à votre session 'MaSession' (-t) et y exécute la commande 'abcde'. L'option -2 permet de forcer le mode 256 couleurs si votre terminal le supporte.

Voilà ! vous n'avez maintenant plus qu'une seule fenêtre de terminal pour toutes vos applications texte, le tout rapidement accessible et souple à l'usage. ;)

Petite astuce: s'il vous arrive d'utiliser également tmux sur des serveurs distants le tout dans votre tmux local, vous remarquerez que c'est le local qui prend en priorité les combinaisons de touches [Ctrl+b]+... Pour contrôler le tmux distant, il vous suffit de doubler le [Ctrl+b], par exemple:

[Ctrl+b][Ctrl+b]+c

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Comète : Débarrassez-vous de DynDNS en utilisant l'API de Gandi

vendredi 2 novembre 2012 à 18:02

Amis auto-hébergés, cet article vous est principalement destiné et surtout si votre nom de domaine a été acheté chez Gandi. Pour les autres, l'information qui suit peut peut-être s'avérer intéressante, on ne sait jamais...

Si comme moi, votre FAI ne vous fourni malheureusement pas d'adresse IP fixe, la solution généralement utilisée afin de mettre à jour votre IP est de créer un compte chez un fournisseur tel que DynDNS ou encore No-IP qui vous propose alors de choisir un domaine dans une liste imposée (ex. : homelinux.org). Vous pourrez alors déclarer l'enregistrement d'un hôte (limité à un seul chez DynDNS) dans ce domaine et ainsi mettre à jour cet enregistrement via un outil tel que Ddclient. Vous devrez ensuite créer des alias (CNAME) sur votre propre domaine et les faire pointer vers votre enregistrement DynDNS nouvellement créé (ex. toto.homelinux.org).

Une autre solution, si vous avez la main sur les serveurs DNS qui hébergent votre domaine (il faut dans ce cas que ces serveurs aient, eux, une ip fixe), est d'utiliser cette méthode proposée par GuiguiAbloc. Je confirme que cela fonctionne très bien, je l'utilise en production au boulot.

Enfin, la solution que je vous propose maintenant ne fonctionne qu'avec les noms de domaines enregistrés et gérés chez Gandi puisqu'elle s'appuie sur leur nouvelle API. Cette API en XML RPC permet d'automatiser ce qu'il est possible de faire via l'interface d'administration grâce à des scripts. La doc officielle fourni des exemples pour les langages suivants: python, php, nodejs, perl, ruby et C.

J'ai écrit le script suivant en Python 2.x (si une version en Python 3.x vous intéresse, laissez-moi un commentaire.). Un simple interpréteur Python suffit à le faire fonctionner sur toutes les plateformes supportées par le langage. La mise en place est très simple, copiez-le où bon vous semble sur votre serveur, rendez-le exécutable et modifiez les constantes en entête de fichier pour les faire correspondre à vos besoins. Planifiez ensuite son exécution à intervalles réguliers à l'aide d'une tâche cron et c'est tout.

A noter que l'activation de l'API et la génération de la clé s'effectuent depuis l'interface Gandi la première fois, cette dernière permet de s'affranchir d'une authentification par mot de passe.

Voici donc le script commenté:

# -*- coding: UTF-8 -*-
import xmlrpclib, urllib2, time, re, sys

# API de Production
api = xmlrpclib.ServerProxy('https://rpc.gandi.net/xmlrpc/')

############ A Modifier #############

# URL de la page retournant l'ip publique
url_page = 'http://ifconfig.me/ip'

# Renseignez ici votre clef API générée depuis l'interface Gandi:
apikey = 'dshjhkqsdk566456dsjhgdj82k65hgdsuytzz'

# Domaine concerné
mydomain = 'mondomaineamoi.org'

# Enregistrement à modifier
myrecord = {'name': 'monserveur', 'type': 'A'}

# TTL
myttl = 300

# id de la zone concernée (à récupérer depuis l'interface Gandi) 
zone_id = xxxxxx

####################################

# Récupération de l'ancienne ip
oldip = api.domain.zone.record.list(apikey, zone_id, 0, myrecord)[0].get('value')

try:
    # Récupération de l'ip actuelle
    f = urllib2.urlopen(url_page, None, 10)
    data = f.read()
    f.close()
    pattern = re.compile('\\d+\\.\\d+\\.\\d+\\.\\d+')
    result = pattern.search(data, 0)
    if result == None:
        print("Pas d'ip dans cette page.")
        sys.exit() 
    else:
        currentip = result.group(0)

    # Comparaison et mise à jour si besoin
    if oldip != currentip:
        # On cree une nouvelle version de la zone
        version = api.domain.zone.version.new(apikey, zone_id)
        # Mise a jour (suppression puis création de l'enregistrement)
        api.domain.zone.record.delete(apikey, zone_id, version, myrecord)
        myrecord['value'] = currentip
        myrecord['ttl'] = myttl
        api.domain.zone.record.add(apikey, zone_id, version, myrecord)
        # On valide les modifications sur la zone
        api.domain.zone.version.set(apikey, zone_id, version)
        api.domain.zone.set(apikey, mydomain, zone_id)
        print("Modification de l'enregistrement effectuée avec l'ip: %s" % currentip)
except urllib2.HTTPError, xmlrpclib.ProtocolError:
    print("Site indisponible.")
finally:
    sys.exit()

Vous pouvez également le télécharger en cliquant sur ce lien.

MAJ du 19/03/2012: Plusieurs personnes m'ont demandé comment retrouver l'id de zone dans l'interface Gandi, il suffit de se positionner sur le domaine de son choix, puis de cliquer sur le lien "Voir" en face de "Fichier de zone" dans la colonne "Serveur de noms". Une fenêtre s'ouvre permettant de visualiser le fichier de zone, l'id se trouve dans l'url de cette fenêtre: https://www.gandi.net/admin/domain/zone/XXXXXX/see/ (représenté par des X ici)

MAJ du 03/10/2012: Charly Caulet a fait quelques modifs en se basant sur ce script et a packagé le tout. Vous pourrez trouver tout cela sur son dépôt.

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Framablog : Oppikirjamaraton ou comment écrire un manuel scolaire libre en un week-end !

vendredi 2 novembre 2012 à 16:35

Je suis professeur de mathématiques et à l’initiative de Framasoft. Un tel projet ne pouvait me faire plus plaisir. Vous verrez qu’un jour de plus en plus de manuels seront rédigés ainsi…

Imaginez un groupe d’enseignants qui se retrouvent le week-end pour rédiger ensemble et de A à Z un manuel scolaire sous licence libre ! (La licence libre est la Creative Commons By, d’où mention sur leur blog, d’où notre traduction ci-dessous).

Il n’ont pas tout à fait achevé l’entreprise dans le temps imparti puisque le livre se trouve aujourd’hui en version 0.92 (et en LaTeX) sur GitHub. Vous pouvez de suite vous rendre compte du résultat actuel en cliquant directement sur le PDF (dont les premières pages vous proposent de soutenir le projet via Flattr et Bitcoin !).

Au delà de son ô combien utile finalité ce fut également une belle et libre aventure humaine

Vapaa Matikka

Oppikirjamaraton : comment écrire un manuel scolaire libre en un week-end

Oppikirjamaraton: How to Write an Open Textbook in a Weekend

Elliot Harmon - 31 octobre 2012 - Creative Commons Blog
(Traduction : Cyrille L., Kodoque, Nyx, kamui57, Naar, pac)

Il y a quelques semaines de cela nous avons vu passer ce tweet surprenant :

@creativecommons You need to know: ~30 maths enthusiasts begin a CC-BY course book hackathon in five hours in Helsinki, Finland.

— Joonas Mäkinen (@JoonasD6) Septembre 28, 2012

Il nous fallait en savoir plus. J’ai donc contacté Joonas Mäkinen pour avoir davantage d’informations, et il m’expliqua qu’il a participé à monter une équipe pour écrire un manuel scolaire de mathématiques de cycle secondaire tout le long d’un week-end, lors d’un évènement appelé Oppikirjamaraton (marathon du livre scolaire). Le choix de la licence du livre s’est porté sur la Creative COmmons BY, pour que chacun puisse le réutiliser, le modifier et le traduire, en Finlande et dans le reste du monde.

Le texte, désormais en version 0.91 sur GitHub, s’intitule Vapaa Matikka. Le titre se traduit par « Mathématiques libres et gratuites », mais sachant que matikka signifie également lotte en finlandais, on peut aussi le lire comme du « Poisson libre ». Et son slogan, Matikka verkosta vapauteen, devient alors soit un cri de ralliement pour garder les ressources éducatives libres et gratuites, soit un mode d’emploi pour libérer un poisson d’un filet ! (d’où la forme suggérée du poisson sur la couverture du livre)

Mais au delà des jeux de mots mathématico-finlandais, je souhaitais comprendre comment la rédaction express de ce livre s’était déroulée, ce que l’équipe prévoyait de faire du manuel, et quels conseils ils pouvaient donner à d’autres personnes organisant un évènement similaire.

Oppikirjamaraton - Joonas Mäkinen - CC byQue couvre le livre comme concepts mathématiques ?

C’est un manuel pour le premier cours de mathématiques de niveau avancé du collège finlandais. Bien que les élèves débutant ce cursus viennent en général de finir l’école primaire obligatoire, nous avons décidé d’avoir une approche « pour les nuls » en essayant de minimiser les prérequis.

Nous introduisons l’arithmétique, les nombres rationnels, les nombres réels en général. Viennent ensuite les règles de priorité et les racines qui mènent aux bases de la résolution d’équation puis au concept de fonction. Puis leurs mises en application concernent la proportionnalité et le calcul de pourcentages. Nous nous devions de respecter le programme scolaire.

Dites-m’en plus sur les exigences du programme. Sont-elles les mêmes pour toute la Finlande ?

Il y a un programme national en Finlande et tout le monde le suit. Du coup tous les manuels se ressemblent même s’ils approchent les sujets dans un ordre légèrement différent les une des autres. Mais le seul test standardisé est l’examen de fin d’année et donc Il y a un peu de flexibilité, ce qui a facilité les choses.

Oppikirjamaraton - Vesa Linja-Aho - CC byQui a participé ? Étaient-ils tous des formateurs ? Les participants avaient-ils déjà écrit ou édité des manuels scolaires ?

Environ 20 personnes ont participé à l’écriture du manuel durant le week-end. Nous avions des professeurs ordinaires du secondaire, des étudiants à l’université (mathématiques et informatique), un professeur d’électronique pour automobile, mes propres étudiants et quelques professeurs d’université travaillant sur place ou à distance. Nous avions même notre propre petit cercle d‘intégristes de la grammaire et de l’orthographe pour nous aider à rédiger de meilleurs contenus formels que ceux que l’on peut habituellement trouver dans le devanture des grosses maisons d’édition. La diversité des participants s’est révélée être une très bonne chose pour produire une variété de problèmes et de perspectives.

Seules quelques personnes avaient l’expérience de l’écriture et publication d’un manuel classique, commercial et à l’ancienne, mais cela n’a pas été clivant quand nous avons commencé à travailler.

Comment vous êtes-vous organisés ? Les rôles des participants avaient-ils été déterminés en amont du week-end ?

Vesa Linja-aho, qui a eu l’idée de ce book sprint (ou livrathon) était de facto notre coordinateur et s’occupait de la logistique, de l’administratif et de la communication. Lauri Hellsten s’est engagé à prendre le rôle principal pour la maquette et la création de graphiques indispensables à l’ensemble. Mais eux mis à part, aucun auteur n’avait d’assignation prédéfinie. Quelques uns d’entre nous avaient bien leurs sujets de prédilection, mais dans l’ensemble le processus d’écriture fut très spontané et dynamique.

Video in English: youtu.be/ThbUiky4AKA RT @slashdot: Teachers Write an Open Textbook In a Weekend Hackathon bit.ly/Rr78RZ

— Joonas Mäkinen (@JoonasD6) Septembre 30, 2012

Y a-t-il eu beaucoup de préparation à l’avance ? Avez-vous commencé le week-end avec un plan du livre ? Un emploi du temps ?

Le projet était ambitieux. Nous avons attendu que nos amis et les amis de nos amis remplissent un sondage Doodle pour savoir quel week-end réserver (NdT : ils ne connaissaient pas Framadate). J’avais préparé une table des matières pour avoir un point de départ, mais elle a été passablement modifiée vendredi et samedi. Juhapekka Tolvanen nous avait concocté un modèle LaTeX, et on a aussi eu une réunion préalable pour planifier les choses, choisir les outils techniques (quel système de contrôle de versions utiliser, etc.), mais rien sur le contenu en tant que tel. Il s’agissait également de trouver d’éventuels sponsors, écrire un communiqué de presse, trouver un local, vérifier si nous avions assez d’ordinateurs…

Une anecdote sur le droit d’auteur : nous avions réuni plus ou moins tous les livres disponibles sur le sujet. Pour voir un peu comment les autres avaient expliqué ceci ou cela. mais aussi parce que, dans l’enseignement mathématique (et manifestement dans d’autres disciplines aussi), il y a beaucoup d’exemples et d’exercices pathologiques qu’il est bon de faire mais qui finissent par être excessivement récurrents. Et Vesa Linja-aho avait reçu une décision écrite du conseil local confirmant que les exercices ne sont pas des travaux soumis au droit d’auteur. Or un enseignant qui avait écrit un des livres que nous avions nous a laissé un commentaire sur Facebook pour nous rappeler que ce n’est pas bien de copier le travail des autres. Cela nous a bien fait rire :)

Oppikirjamaraton - Lauri Hellsten - CC byQue retirez-vous de cette expérience ? Qu’est ce qui a été plus difficile que prévu ? Quels conseils donneriez vous à d’autres envisageant un projet similaire ?

Le principal conseil est de bien mettre en place l’aspect technique avant de commencer. Cela évitera d’inutiles moments de tension pour vous consacrer pleinement et exclusivement à la rédaction du contenu. On a utilisé LaTeX pour le texte et sa mise en forme et GitHub pour gérer les versions, mais on a connu des soucis qui nous ont retardés. Tout le monde n’était pas forcément familiarisé avec ces outils et les ordinateurs pas toujours bien préparés et optimisés pour leurs usages. Ceci nous a malheureusement fait perdre du temps.

De plus certains étaient encore en train de discuter pour savoir si nous devions ajouter ceci ou cela le samedi voire le dimanche, et c’est quelque chose qu’il faut éviter. Dans un tel projet, c’est toujours mieux de simplement continuer à écrire davantage de contenu pour éventuellement le commenter ou le modifier plus tard. On a même connu quelques discussions houleuses, peut-être liées au manque de sommeil. Restez calmes et n’oubliez pas d’y prendre plaisir !

Oppikirjamaraton - Siiri Anttonen - CC byEt après ? Y a-t-il une période de relecture/modification prévue ? Des professeurs pensent-ils utiliser d’ores et déjà votre manuel ?

Le sentiment général, unanime et immédiat après avoir fini le marathon dimanche était l’euphorie. Tout le monde était d’accord pour organiser un autre book sprint. Les retards techniques et le manque de graphistes ont fait que le livre n’a pas atteint le niveau de finition que nous voulions pour l’envoyer à l’impression. Mais c’est vivant maintenant : les gens nous envoient des rapports de bug sur Github et les participants ont continué à apporter des améliorations : corriger les coquilles, ajouter des exercices, corriger les incohérences…

Notre livre existe maintenant en version 0.9, et nous allons attendre quelques semaines avant de décider s’il est prêt à être imprimé et traduit. Cependant, on nous a déjà rapporté que le livre avait été utilisé comme manuel par quelques professeurs en proposant notamment à leurs élèves des exercices du livre. Bien entendu, d’autres auteurs et moi-même l’avons aussi utilisé pour enseigner à nos propres élèves. Lorsque nous l’aurons un peu peaufiné, nous sommes confiants quant à sa diffusion.

Le projet était si sympa et son accueil si bien reçu que nous ferons un autre book sprint très bientôt !

Oppikirjamaraton

Crédit photos : Senja Opettaa (Creative Commons By)

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