PROJET AUTOBLOG


Planet-Libre

source: Planet-Libre

⇐ retour index

Stéphane Laborde : Bitcoin valeur libre, monnaie non-libre

jeudi 21 novembre 2013 à 19:40

Depuis ce premier post de 2010 sur l’émergence du bitcoin, la structure de ponzi de cette valeur numérique continue son développement. Stanislas Jourdan a depuis brillamment résumé une analyse parfaitement compatible avec la Théorie de la Monnaie relativement à la problématique de la définition d’une monnaie libre.

Avec désormais 7 milliards de dollars de capitalisation apparente (fondée sur la mesure des quelques échanges instantanés bitcoin – $), la valeur numérique démontre sa capacité à manifester l’existence d’autres fondements économiques inconcevables par les hommes attachés aux seules valeurs existantes, une manifestation des ğvaleurs.

Bitcoin Charts 2013

Bitcoin Charts 2013

Un tenant de la TRM ne disqualifie donc pas le bitcoin comme valeur économique. Du fait du principe de relativité, le champ de valeur économique n’existe pas en effet en dehors de l’individu(t) qui l’estime librement, et donc le bitcoin constitue bien une valeur économique libre, comme peut l’être toute autre valeur, du moment que des individus(x,y,t) l’estiment ainsi de leur propre côté.

Alors en quoi consiste donc l’analyse relativiste ici ? Elle consiste en le fait de disqualifier une valeur spécifique comme monnaie libre, dans la mesure où cette valeur spécifique n’est pas une valeur produite par l’ensemble des hommes(t) et des hommes(t+dt) voulant adopter une monnaie libre.

Une monnaie libre n’est pas une valeur comme les autres. C’est justement parce qu’elle est produite par tous de façon symétrique, et pas par quelques uns qu’elle peut légitimement jouer le rôle de compensation d’échange universelle, dans l’espace et dans le temps. Un temps où les individus n’existent pas, mais sont remplacés dans le flux(t) par des individus(t+dt) qui ne sont pas les individus(t), ce qui au bout d’une espérance de vie « ev » conduit à ce que l’ensemble des individus(t) est remplacé par de tout autres individus(t+ev) déconnectés par une distance temporelle à la fois finie (80 ans) et infinie (ces hommes ne se rencontreront pas).

Espace-Temps humain (espace de vie(t) des âges de 0 à ev en vert)

Espace-Temps humain (espace de vie(t) des âges de 0 à ev en vert)

Ainsi, afin d’être cohérent avec les 4 libertés économiques, le principe de relativité, et la compréhension que l’individu n’existe que dans le temps et pas de façon absolue, une monnaie libre n’existe que si dans l’espace(t) aucun individu(t) ne produit plus de monnaie que les autres, et que dans le temps chaque individu aura produit pendant une 1/2 durée de vie la même proportion relative de monnaie que tout autre individu pendant cette même durée.

En conséquence de quoi une valeur économique quelconque qui n’est pas créée sur la base d’un dividende universel proportionnel à la masse monétaire ne peut être candidat au titre de monnaie libre selon la TRM. Un tenant de la TRM la nommera donc valeur économique libre, ou encore monnaie non-libre, ayant ainsi parfaitement déterminé ce qu’est ou n’est pas une monnaie libre, une monnaie où aucun utilisateur n’est privilégié devant la création monétaire, ni dans l’espace, ni dans le temps, se référant à la symétrie temporelle.

Tout autre type de création monétaire constitue donc une violation de la liberté des autres individus(t1 ou t2), devant la création monétaire, une violation du principe de relativité qui conduit les utilisateurs créateurs asymétriques d’une telle monnaie non-libre, de privilégier leurs propres valeurs au détriment des autres utilisateurs. Ce qui de fait, ne peut constituer, pour ces derniers entrants, une valeur de référence à laquelle ils participeraient de la même façon que les autres utilisateurs et dans laquelle ils appliqueraient librement la 4ème liberté économique constituant pour eux-mêmes en  la mesure, la comptabilité, l’affichage des prix, de toute valeur économique. Ils seraient soumis aux densités et variations arbitraires de création monétaire qui ont été effectuées ou s’effectueront ici où là dans l’espace-temps.

De la même façon un logiciel non-libre ne se modifie, n’évolue, ne se déploie, qu’en fonction des seuls créateurs ou possédants ultérieurs de ce logiciel, tandis qu’un logiciel libre donne les mêmes possibilités de modification et de déploiement, à tout utilisateur présent ou futur sans privilège aucun, même du créateur.

Ceci étant compris on peut apprécier l’excellent post de Pierre Noizat, tenant du bitcoin  » peut-on s’affranchir de l’argent par les nouvelles monnaies ?  » en ce qu’il analyse les codes des différentes monnaies officielles ou locales, ou autres, pour montrer ce qu’Olivier Auber a appelé fort efficacement la  » perspective numérique « . En cela ce post serait une excellente introduction à la seule liberté 0 de la TRM : le choix par l’individu du système monétaire, référent fondamental de l’économie qui en dépendra. Pierre Noizat qui était invité de Monnaie Libre n°41 pour nous parler du bitcoin.


Tout comme le choix d’utiliser des logiciels libres ne conduira pas aux mêmes espaces informatiques que le choix de s’assujettir à des logiciels non-libres.

Ayant parfaitement compris ce point, un tenant de la TRM participe au développement, adopte, utilise, un logiciel libre développant un protocole monétaire libre tel que OpenUDC, sans pour autant dénigrer les autres valeurs économiques, mais en les qualifiant correctement selon leurs caractéristiques libres ou non-libres, tout en étant en mesure d’expliquer pourquoi et comment il s’en tient à une telle référence sans aucune incohérence devant les valeurs économiques.

Logo OpenUDC

OpenUDC

(Visited 194 times, 1 visits today)

Gravatar de Stéphane Laborde
Original post of Stéphane Laborde.Votez pour ce billet sur Planet Libre.

Framablog : The Open Access Button : cartographions les entraves au Libre Accès

jeudi 21 novembre 2013 à 15:36

Il est souvent question de libre accès sur le Framablog. Par exemple avec ce manifeste du regretté Aaron Swartz ou cette limpide explication vidéo de Jean-Claude Guédon.

Avec Internet et la numérisation, il est désormais possible de consulter l’ensemble des ressources scientifiques et académiques. En théorie oui mais il peut en aller tout autrement dans la pratique, ce qui n’est pas sans poser de nombreux problèmes. Deux étudiants proposent ici de signaler tout péage rencontré pour accéder à ces ressources et de le mentionner sur un site commun.

On notera au passage que c’est OpenStreetMap qui fournit la carte.

Open Access Button

Des étudiants lancent le « Bouton » pour mettre en lumière l’accès refusé aux articles scientifiques

Students Launch “Button” to Put Denied Access to Research on the Map

18 novembre 2013 - Open Acess Button
(Traduction : Penguin, Gilles, r0u, sinma, Paul)



Traquer et cartographier l’impact des péages, un clic à la fois.



Aujourd’hui, lors d’un congrès international d’étudiants défendant un accès plus important aux publications universitaires, deux étudiants anglais de premier cycle ont annoncé le lancement fortement attendu du bouton Open Access (NdT : Accès libre), un outil adossé au navigateur qui permet de cartographier l’épidémie de refus d’accès aux articles de la recherche universitaire et qui aide les utilisateurs à trouver les recherches dont ils ont besoin.



Les étudiants David Carroll et Joseph McArthur ont créé le bouton Open Access en réaction au sentiment de frustration que leur causait l’impossibilité d’accéder aux travaux de la recherche universitaire.



« J’ai réalisé qu’il y avait un problème à force de continuellement me heurter à des obstacles pour accéder à des articles pertinents pour mes recherches », explique Carroll, étudiant en médecine à l’université Queen’s de Belfast. « Mon université peut s’offrir un abonnement à de nombreuses publications et, pourtant, je ne peux pas accéder à tout ce dont j’ai besoin. Cela m’a amené à me demander combien d’autres que moi rencontraient le même problème et comment cela affectait les gens partout dans le monde ».



Chaque jour, des personnes essaient d’accéder à des articles de la recherche universitaire - des médecins cherchant de nouveaux traitements, des scientifiques travaillant à la mise au point de nouvelles technologies, des étudiants essayant de parfaire leur formation. Or au lieu d’avoir immédiatement accès aux informations essentielles qu’ils cherchent, ces personnes se retrouvent trop souvent confrontées à un système de péage qui subordonne leur accès à l’information leur demandant un paiement en échange de l’accès, parfois jusqu’à 40$ par article. Ces péages existent parce qu’une grande partie des ressources académiques est publiée dans des journaux onéreux, basés sur des abonnements dont les augmentations de prix ont largement dépassé l’inflation depuis plusieurs décennies.



« Vu la capacité actuelle de partager la connaissance sur le Web, il est absurde que la majorité de la population dans le monde se voit barrer l’accès à de si nombreux travaux » indique McArthur, étudiant en pharmacologie au University College de Londres. « Jusqu’à maintenant, ce déni d’accès était invisible car chacun le vivait de son côté. Nous avons créé le bouton Open Access pour rassembler toutes ces expériences séparées et mettre en lumière l’ampleur mondiale du problème ».

Open Access Button



Le bouton Open Access est un outil adossé au navigateur qui permet aux utilisateurs de garder la trace d’un refus d’accès à une publication, puis de chercher des moyens alternatifs d’accéder à ladite publication. Chaque fois qu’un utilisateur se heurte à un péage, il clique simplement sur le bouton dans sa barre de favoris, remplit ,s’il le souhaite, une boîte de dialogue optionnelle, et son expérience vient s’ajouter à celle des autres utilisateurs sur une carte. Il reçoit ensuite un lien pour rechercher un accès libre et gratuit à l’article en utilisant par exemple des ressources comme Google Scholar. L’initiative Open Access Button espère créer une carte mondiale montrant l’impact du refus d’accès aux publications scientifiques.



Le bouton Open Access tire son nom du mouvement mondial pour le libre accès (NdT : Open Access en anglais) : la disponibilité gratuite et immédiate en ligne d’articles de recherche, accompagnés du droit intégral d’utilisation de ces articles dans l’espace numérique.



« Le mouvement pour l’Open Access est une solution puissante contre les barrières auxquelles se heurtent les chercheurs des pays en développement ou en phase de transition économique dans leurs tentatives d’accéder et de partager des recherches cruciales pour l’amélioration de la vie », déclare Iryna Kuchma, responsable du programme Open Acces à l’EIFL (Electronic Information for Libraries ou Information électronique pour bibliothèques), une organisation qui travaille avec des bibliothèques à travers le monde pour permettre l’accès des populations des pays en voie de développement ou en phase de transition économique aux informations numériques. « L’accès aux dernières publications scientifiques ne doit pas être confiné à la sphère universitaire, mais ouvert à tout personne intéressée : médecins et patients, agriculteurs* et entrepreneurs, formateurs et étudiants ».



Pour Jack Andraka, étudiant américain de 16 ans, récompensé par l’Intel Science Fair pour avoir inventé un test révolutionnaire de diagnostic du cancer du pancréas, « Le bouton Open Access aide à démocratiser la connaissance ». Andraka a raconté comment il s’était lui-même heurté aux les refus d’accès aux publications scientifiques quand il développait son test. « La connaissance ne doit pas être une marchandise. Elle doit être librement accessible pour permettre aux patients et familles d’être pleinement parties prenantes. »



David Carroll et Joseph McArthur ont annoncé le lancement du bouton Open Access aujourd’hui devant un parterre de plus de 80 personnes réunies à l’occasion de la Berlin 11 Student and Early Stage Researcher Satellite Conference, une rencontre internationale pour les étudiants intéressés par la promotion de l’Open Access. Cette rencontre précède la conférence Open Access de Berlin, une convention de leaders d’opinion à travers le monde sur la question de l’Open Access, qui a débuté mardi.

« Ne perdons jamais de vue que nous tenons trop souvent pour immuable ce qui n’est qu’un état de fait, mais les développeurs du bouton Open Access nous rappellent qu’en tant qu’individus, nous avons réellement le pouvoir de changer les choses », déclare Heither Joseph, directeur exécutif de la coalition SPARC (Scholarly Publishing and Academic Resources Coalition), un regroupement international de bibliothèques universitaires et de recherche) et leader de renommée internationale au sein du mouvement Open Access. « C’est une idée simple, mais incroyablement créative, qui devrait nous aider à montrer combien l’accès libre répond à un véritable besoin ».

Plus d’informations à propos du bouton Open Access ainsi que des instructions pour son installation sont disponibles sur le site www.OpenAccessButton.org.



Suivez la conversation sur Twitter à @OA_Button avec le hashtag #aobuttonlaunch.

Gravatar de Framablog
Original post of Framablog.Votez pour ce billet sur Planet Libre.

Jeyg : Gérer ses règles iptables. Proprement.

jeudi 21 novembre 2013 à 15:26

Base Debian

Je vois régulièrement des administrateurs sauvegarder leurs règles iptables dans un script init. Bien que cela fonctionne, ce n'est pas la manière la plus élégante. Je préfère pour ma part sauvegarder les règles existantes à l'aide de la commande iptables-save. Cette commande renvoie le résultat sur la sortie standard, redirigeons donc la sortie vers un fichier.

# iptables-save > /etc/iptables

Une option intéressante : le -c, qui permet d'afficher combien de fois la règle a été appliquée (en bytes et en paquets).

Pour charger les règles, il suffit d'utiliser la commande iptables-restore en fournissant le fichier de sauvegarde en entrée.

# iptables-restore < /etc/iptables

Ajoutez le -c pour prendre en compte les compteurs (s'ils ont été sauvegardés, of course). Si jamais des règles sont déjà chargées, vous n'avez même pas besoin de flusher, la commande le fait pour vous par défaut (-n pour les garder).

Pour restaurer automatiquement les règles au démarrage, on pourrait créer un petit script init. Je préfère directement lancer le restore avant que l'interface ne soit up. Cela permet d'éviter tout oubli lorsque vous flushez vos règles puis "uppez" vos interfaces. De plus, vous gagnez ainsi la possibilité de créer des règles personnalisées pour chaque interface. Si vos règles sont indépendantes des interfaces, vous pouvez toujours lancer le restore en pre-up de la boucle locale.

/etc/network/interfaces

iface eth0 inet static
        pre-up iptables-restore < /etc/iptables
        address 543.454.233.42
        netmask 255.255.255.0
        gateway 543.454.233.254
auto eth0

Pour ceux qui ont remarqué : oui, j'ai inventé une nouvelle classe d'adresses IP.

Base Red Hat

Le principe est identique, la manière légèrement différente. Pour sauvegarder les règles, vous pouvez passer par le service iptables:

# service iptables save

Les règles sont sauvegardées dans le fichier /etc/sysconfig/iptables par défaut. Le fichier est lu au démarrage du service iptables.

Éviter de s'enfermer dehors (Debian uniquement)

Soyons honnêtes. Qui ne s'est jamais enfermé dehors en modifiant les règles ou une policy du firewall à distance. Je dois avouer l'avoir vécu. L'échec dans toute sa splendeur.

Afin d'éviter cela, il existe pourtant un outil tout simple: iptables-apply. Cette commande va appliquer le fichier de règles fourni en paramètre, puis demander la confirmation de l'utilisateur. Dans le cas où l'utilisateur ne répond pas avant le timeout, iptables-apply fait machine arrière.

# iptables-apply /etc/iptables
[ ok ] Stopping authentication failure monitor: fail2ban.
Applying new ruleset... done.
Can you establish NEW connections to the machine? (y/N) apparently not...
Timeout. Something happened (or did not). Better play it safe...
Reverting to old ruleset... done.

Pratique, n'est-ce pas ?

Si vous connaissez d'autres bonnes pratiques pour gérer les règles iptables, n'hésitez à les partager dans les commentaires.

Gravatar de Jeyg
Original post of Jeyg.Votez pour ce billet sur Planet Libre.

Full Circle Magazine FR : Sortie du numéro 73

jeudi 21 novembre 2013 à 15:00

Bonjour à toutes et à tous !

L'équipe du FCM-fr est très heureuse de pouvoir vous présenter le numéro 73 en français. Oui, c'est celui de mai 2013, mais mieux vaut tard que jamais. Il est disponible __ICI__ ou tout simplement en cliquant sur l'image ci-dessous.

issue73.png

Voici un petit aperçu de ce numéro :

Autrement dit, presque tout le monde devra y trouver son bonheur.

Alors, bonne lecture et à bientôt...

Toute l'équipe du FCM-fr dont Bab, notre scribeur, BriceP, FredPhil91, Ekel et moi, pour les traductions, Bab, Ekel, Tiboo, Wees et moi, pour la relecture des traductions. Et Ekel, Tiboo et moi-même, Auntie pour la relecture des PDF (au pluriel). Celui qui est publié est le septième du nom !

N.B. Malgré les apparences, nous ne sommes que CINQ qui travaillent avec assiduité sur la version française du FCM. Ce n'est facile pour aucun de nous, surtout que nous tenons à produire une revue de qualité. Et VOUS ? Ce serait chouette de vous accueillir sur le wiki et le forum. Alors n'hésitez pas ! Vous pourriez vraiment nous aider.

Gravatar de Full Circle Magazine FR
Original post of Full Circle Magazine FR.Votez pour ce billet sur Planet Libre.

Articles similaires

Framablog : No Es Una Crisis : un documentaire à la fois déjà libre et bientôt libre !

jeudi 21 novembre 2013 à 14:32

Sorti en octobre 2013, No Es Una Crisis est un passionnant documentaire de Fabien Benoit et Julien Malassigné traitant de la situation politique et économique en Espagne dans le sillage du mouvement des Indignés.

Sa particularité : c’est, à notre connaissance, le premier web-documentaire professionnel créé et diffusé sous licence Creative Commons BY-SA[1] . Les images, les sons, les sous-titres, sont donc en effet réutilisables librement (à condition de citer les auteurs et de conserver les œuvres dérivées sous la même licence). Ce qui fait plus de 3h de média de qualité professionnelle accessibles pour tous.

Mais, ami-e libriste, ne te jette pas à clic perdu sur ce lien, ou ta déception risque d’être grande ! En effet, la diffusion se fait dans un format fermé (Flash), ce qui empêche sa visualisation sur de nombreux supports : smartphones, tablettes, GNU/Linux et même Windows XP (dont le support des dernières version de Flash était incomplet jusqu’à il y a peu).

Or, il se trouve que Framasoft partage le même bureau[2] que l’équipe de production de ce web-documentaire ! Nous leur avons donc proposé notre aide à deux niveaux. 

D’abord, nous avons hébergé les fichiers vidéos du web-documentaire, particulièrement sollicités lors de l’annonce sur différents sites de la presse nationale et espagnole. Grâce à l’aide précieuse de Rézopole (pour la mise à disposition de serveurs et surtout de bande passante) et de Fabien Bourgeois (notre autre voisin de bureau, pour l’aide à la configuration de ces serveurs), le webdoc a pu dépasser sans encombre les 60 000 visualisations, avec des pics à 2x200Mbps et plus de 6To transmis sur quelques jours.

Mais surtout, nous avons proposé aux auteurs de les aider à « libérer » totalement leur oeuvre en organisant mi-décembre un week-end de « conversion » de leur documentaire en Flash dans une technologie libre et ouverte (HTML5). Un « liberathon », en quelque sorte !

Vous en apprendrez plus à la fin de cette entrevue avec Jean-Baptiste Fribourg, producteur du documentaire à la Société de Apaches.


Bonjour Jean-Baptiste. Avant tout peux-tu te présenter et présenter La Société des Apaches ? 

La Société des Apaches est une jeune structure de production audiovisuelle, elle a tout juste un an. Elle s’est montée autour du projet de Julien et Fabien, ce web-documentaire NO ES UNA CRISIS. Au-delà de cette première réalisation, son objectif est de faire travailler de jeunes auteurs et réalisateurs de documentaires, pour qui il peut être parfois compliqué d’avoir une écoute auprès de sociétés de production déjà dans la place. Notre ligne éditoriale, pour la résumer en quelques mots, consiste à témoigner de notre époque comme un moment charnière, entre les soubresauts d’une époque révolue et les prémices d’un monde en train de se réinventer. Je m’occupe du suivi administratif des projets développés par La Société des Apaches, du travail de production en somme. Par ailleurs je suis preneur de son pour le cinéma documentaire, et réalisateur de documentaires radiophoniques.

Donc, vous avez produit le web-documentaire No Es Una Crisis. Peux-tu nous dire quelques mots sur la génèse de ce webdoc ? 

Fabien et Julien sont partis à Madrid à l’été 2011, intrigués par le mouvement indigné qui avait secoué l’Espagne à partir du 15 mai 2011 (d’ailleurs là-bas, ce mouvement s’appelle le 15M, en référence à cette date fondatrice). Frappés par ce mouvement social nouvelle génération, ils sont revenus en France avec la conviction qu’il y avait là une histoire à raconter, qu’il était essentiel même de transmettre cette expérience en France, où le traitement médiatique du 15M avait été au mieux léger, au pire caricatural. 

Au cours du travail d’écriture, il leur est apparu que pour parler du mouvement 15M, il fallait aussi parler de son contexte, à savoir la crise économique qui a déstabilisé l’Espagne suite à l’explosion de la bulle immobilière, et la sévère politique de rigueur qui a été l’unique réponse des gouvernants, de gauche comme de droite, face à cette crise. Ainsi, peu à peu, le propos de Julien et Fabien s’est élargi, pour parler de l’Espagne comme un double laboratoire : celui d’un système économique à bout de souffle qui cherche à se renouveler dans l’austérité, et celui de nouvelles pratiques sociales et politiques dans le sillage du mouvement du 15M. Quant au choix du format web-documentaire, il nous a semblé qu’il était tout à fait adapté pour traiter d’un mouvement social qui a su utiliser toute la puissance d’internet et des réseaux sociaux. Nous avons aussi pensé qu’il faciliterait une diffusion hors de France, ce qui s’est avéré avec un nombre de visites plus important en Espagne qu’en France.

Pour en savoir plus, voir http://blog.noesunacrisis.com/le-projet/

Comment avez-vous financé ce travail ? 

Ça a été un long processus, où nous avons sollicité différents guichets. D’abord, en tant qu’auteurs du projet, Fabien et Julien ont sollicité, et obtenu, une aide à l’écriture du CNC, dédiée aux projets dits « nouveaux médias ». C’était au printemps 2012, et forts de ce qui constituait en somme une « validation » de l’intérêt de leur projet, ils ont alors lancé une campagne de financement participatif, sur KissKissBankBank. L’idée était de pouvoir se payer un tournage en Espagne : 10 000€ sont alors levés. Parallèlement, un dossier de mécénat déposé à la Fondation Un Monde Par Tous nous permet d’obtenir 15 000€ supplémentaires. Avec toutes ces bonnes nouvelles, nous nous disons alors qu’il est temps de se doter de notre propre outil de travail, pour sortir un peu de l’esprit Do It Yourself qui avait prévalu jusque-là : La Société des Apaches est créée. Avec elle, nous serons en mesure de solliciter à nouveau le CNC, pour une aide à la production cette fois-ci, puis la Région Rhône-Alpes. Parallèlement nous avons développé des partenariats pour l’hébergement des vidéos, la conception du blog qui accompagne le webdoc, la communication autour du lancement, etc.

Vous avez choisi la licence Creative Commons BY-SA pour votre webdoc. Peux-tu nous expliquer les raisons de ce choix ? 

En fait ça nous a semblé une évidence dès le départ. Nous avons eu du mal à imaginer plaquer le modèle classique du droit d’auteur, qui doit concerner 99% de la production audiovisuelle, sur un format dédié au web. Il y avait pour nous quelque chose d’incongru d’apposer sur le web-doc la mention habituelle « tous droits réservés, toute duplication interdite, toute projection interdite, etc. ». Non ! Justement, le choix du webdoc était principalement motivé par la facilité de circulation du projet que ce format suppose. 

On trouvait aussi le principe du CC tout à fait en accord avec le financement participatif qu’on avait sollicité. Quant au choix de la licence, on était d’abord parti sur quelque chose de plus restrictif, à savoir NC[3] . Et puis on s’est dit qu’on ne prenait pas grand risque à l’ouvrir complètement, que le NC était restrictif sans raison : pour le dire autrement, une chaîne de TV privée ou une agence de pub va-t-elle réutiliser nos images ? On peut sérieusement en douter, d’où le choix au final évident du BY-SA. L’aboutissement de cette démarche a été de proposer en téléchargement toutes les séquences vidéo qui constituent le webdoc, avec leurs fichiers de sous-titrage. Ainsi chacun peut s’approprier notre matériel.

Avez-vous rencontré des difficultés, des réticences, lors du choix de cette licence ? 

Alors d’abord je dois dire qu’on n’est absolument pas des spécialistes du CC ! Personnellement j’avais découvert ces licences en 2006, quand j’ai commencé à réaliser des documentaires radiophoniques pour ARTE Radio.com, la webradio d’Arte, qui diffuse toutes ses productions en CC-BY-SA-NC. A l’époque d’ailleurs, il me semble qu’ils étaient un peu des pionniers du CC. Mais à part ça, on a quand même beaucoup défriché tout ça tout seuls ! Ce qui nous a conduit à faire des erreurs, comme avec certaines musiques d’illustration, qui ont une licence BY-SA attribuée à NO ES UNA CRISIS, donc qui ne devraient pas être amenées à pouvoir circuler librement avec le reste du webdoc. Ca fait que NO ES UNA CRISIS est libre à 99% en vérité : on va dire que c’est cohérent avec le slogan « We are the 99% » cher aux mouvements Occupy et 15M ! Plus sérieusement, on constate que les cadres de production, même pour les webdocs, sont très inspirés des cadres classiques de la production audiovisuelle. Par exemple, pour prouver à un financeur public (CNC ou collectivité locale) que le producteur et l’auteur sont engagés l’un envers l’autre, le contrat qui les lie doit être accompagné d’un versement de droits d’auteur. Et pas de dossier de demande de subvention valable sans les justificatifs AGESSA correspondant ! (l’AGESSA est la Sécurité Sociale des auteurs). Je trouve ça curieux.

Quelques jours avant la diffusion du webdoc, vous avez eu un souci avec Dailymotion, que s’est-il passé ?

Nous avions convenu d’un partenariat avec Dailymotion, à propos de l’hébergement des vidéos du webdoc. Nous étions très heureux de ça, pensant avoir accès au nouveau service de Dailymotion, DM Cloud, qui nous permettait de développer notre propre player, de faire gérer les différentes versions linguistiques par Flash, etc; Sauf que, tout contents de ça, nous n’avions alors pas pris la peine de préciser les modalités de ce partenariat. Erreur de débutant de notre part, c’est clair… Du coup ça a été un peu terrible pour nous quand le malentendu est devenu flagrant, à savoir quand notre web-développeur a voulu récupérer les codes d’accès au service DM Cloud, et qu’on lui a répondu que c’était Dailymotion Premium qui était prévu ! Le hic, c’est que ça ne pouvait pas du tout fonctionner avec l’interface développée ! Nos contacts chez DM étaient conscients de la situation dans laquelle nous nous trouvions, aussi ils nous ont fait une proposition commerciale allégée pour l’accès à leur service Cloud. Mais ça restait très problématique pour nous, puisque la facture finale dépendant du débit utilisé : pour le dire autrement, plus NO ES UNA CRISIS serait vu, plus on paierait. Voire, s’il devait cartonner, nous mettrions la clé sous la porte ! On a donc eu quelques heures de sueurs froides, et c’est là que la magie de la mutualisation a opéré, et que nous voyant dans le pétrin, tu nous as dit peut-être pouvoir faire quelque chose…

Lorsque tu échanges avec d’autres équipes de réalisation de webdoc, tu leur parles de votre choix de licence ? Ça leur parle ? En d’autres termes, et si c’était à refaire, vous feriez le même choix ? 

Sans hésiter, nous referions le même choix, qui est cohérent par rapport au propos de NO ES UNA CRISIS et qui est en parfaite adéquation avec le format web-documentaire. En plus, de façon tout à fait pragmatique, ça nous donne un angle supplémentaire de communication pour parler du projet. Je suis toujours un peu étonné de voir que peu de webdocs sont diffusés en CC. Après il ne faut pas se leurrer, pour des projets futurs qui seraient amenés à être diffusés en télévision, l’enjeu économique ferait que le choix serait plus cornélien : vue la fragilité économique des auteurs dans le documentaire (ils peuvent parfois être les moins bien rémunérés dans une équipe de production), les droits d’auteurs leur sont indispensables. 

Il y a même une perversion du système, où le producteur va négocier à la baisse le salaire de l’auteur, en lui faisant miroiter les futurs droits d’auteur qu’il percevra de la SCAM après la diffusion télé. Personnellement, je ne suis pas contre le droit d’auteur par principe. Je suis même sociétaire de la SCAM pour mon activité radiophonique ! Mais j’estime que la licence libre a un immense intérêt pour permettre une meilleure diffusion des œuvres, et finalement, plus que les droits des auteurs, c’est les droits des producteurs qu’elle conteste, ces droits qui peuvent parfois être une rente. Je trouve dommage que des institutions comme la SCAM soit un peu obtue sur cette question du libre, elle gagnerait à mettre ses compétences au service des réflexions qui entourent ces nouveaux modes de diffusion, et les auteurs aussi y seraient gagnants.

Venons-en à la question qui fâche (au moins les libristes ;-) ) : pourquoi le choix de Flash comme technologie pour diffuser votre web documentaire, empêchant sa visualisation pour de nombreux internautes ?

Le choix de Flash est une très bonne illustration de ce que je disais tout à l’heure sur les licences CC : ce n’était pas notre univers, on s’y est mis peu à peu, on a voulu bien faire… et on s’est planté ! On a choisi Flash sans aucune idée des implications que ça pourrait avoir sur l’accessibilité du webdoc, un comble ! Le choix s’est principalement fait pour des raisons de budget. Notre web-développeur nous avait indiqué que Flash serait moins coûteux que HTML5, et comme à l’époque, on avait accepté son devis sans avoir encore bouclé le financement du projet, le choix de Flash nous permettait de réduire le risque financier. En plus, si on savait bien qu’avec Flash nous n’aurions pas accès aux tablettes, on s’était dit que l’audience des webdocs y étant encore assez confidentielle, on pouvait s’en passer. Par contre on ne savait pas que ça allait coincer sous Linux ! Donc Flash, c’est une erreur de débutant, mais dans un contexte budgétaire contraint.

D’où l’idée de monter ce « liberathon » avec Framasoft, donc. Peux-tu nous en dire plus ?

Effectivement, on invite tous ceux qui seraient prêts à nous aider sur ce challenge de basculer NO ES UNA CRISIS en HTML5 à nous rejoindre à Lyon les 14 et 15 décembre. Ça se passera à Locaux Motiv’ où nous avons nos bureaux, La Société des Apaches et Framasoft. Nous pourrons accueillir 15 personnes max (il faut donc se préinscrire). Venez avec vos machines, nous on s’occupe des conditions d’accueil (café à gogo, repas le midi, apéro). Puisque NO ES UNA CRISIS est captif de Flash, il s’agira de le libérer ! L’objectif est d’avoir, le dimanche soir, un webdoc aussi proche que possible de la version originale sous Flash.

Merci Jean-Baptiste, un petit mot pour la fin ? 

En me heurtant aux problèmes techniques qu’a connus NO ES UNA CRISIS (hébergement des vidéos, Flash…), et en étant aidé sur ces questions par Framasoft et Fabien Bourgeois, j’ai découvert que l’informatique était un monde de solutions.

Notes :

[1] Il existe plusieurs documentaires sous licence Creative Commons avec clause non commerciale, comme « Collaborative Cities », ou l’excellent « RIP! A remix Manifesto », mais si vous avez connaissance d’autres web-documentaires sous licence CC BY ou CC BY-SA, n’hésitez pas à nous le signaler en commentaire

[2] Pour rappel, le siège social de Framasoft est désormais situé à Lyon, à Locaux Motiv’, un espace mutualisé ouvert aux structures formelles ou informelles et qui entend favoriser l’implication de chacun, qu’il soit bénévole, salarié ou usager des lieux, en suscitant la coopération et l’échange.

[3] « Non Commercial », imposant une entente préalable avec les auteurs pour une utilisation dans un cadre commercial

Crédits images : La Société des Apaches, licence Creative Commons BY-SA

Gravatar de Framablog
Original post of Framablog.Votez pour ce billet sur Planet Libre.

I'm richer than you! infinity loop