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Qui évaluera la pertinence des milliards des plans de relance ?

dimanche 27 décembre 2020 à 17:45

Spoiler : personne

Il y a une similarité entre la gestion des crises financières mondiales et celle du Covid-19 : personne ne tient le compte précis des milliards déployés pour éviter la catastrophe. Personne n'évalue la pertinence de leur attribution. Pas plus que leur efficacité.

Walibi Belgium - Loup Garou - Jérémy-Günther-Heinz Jähnick - Wikimedia Commons - CC-BY-SA 3.0

En matière de crise financière, on l'a vu avec les subprimes et la crise de la dette souveraine, lorsque le système menace de s'écrouler complètement, les États trouvent de l'argent magique. Alors que la veille, tous les dirigeants d'entreprises, tous les dirigeants de pays ne juraient que par "TINA" et l'austérité ou le chaos, les voilà qui, pour les uns réclamaient des milliards pour ne pas mourir, pour les autres, faisaient pleuvoir les milliards. Après la reproduction des pains, l'inattendue reproduction des dollars et des euros...

Ceux qui ne juraient que par le libéralisme et ses bienfaits, le libéralisme par opposition à l'interventionnisme de l'État dans l'économie, deviennent des chantres de l'injection massive d'argent public, bref, d'une nationalisation des marchés financiers, d'un rétablissement du communisme !

Les discours, la doxa économique et la réalité divergent désormais complètement. Les ultra-libéraux réclament une politique interventionniste de l'État. Il faut dire que sans les interventions massives des gouvernements et des banques centrales ces dernières années, le système aurait implosé depuis longtemps. L'économie mondiale n'a pas attendu le covid, elle est sous respirateur artificiel depuis 2008. Quelqu'un devra payer pour tout l'oxygène, mais c'est une autre histoire...

Avec la crise du covid, pour la première fois, une triple crise se présente : sanitaire,...

Mouvement climat : « la question de la violence n'est pas réglée »

mercredi 23 décembre 2020 à 18:05

Le politologue Maxime Gaborit analyse les mutations du mouvement climat

Maxime Gaborit est doctorant du Centre de recherche en science politique (Crespo) de l'Université Saint-Louis de Bruxelles où il rédige une thèse consacrée aux mouvements sociaux écologistes. Alors que le mouvement se massifie, il en décortique les tiraillements existentiels : rapport à la violence et rapports de classes, catastrophisme et Convention citoyenne.

Cérémonie d'Ouverture de la Rébellion Internationale d'Octobre 2019 d'Extinction Rebellion à Paris - Bastian Greshake Tzovaras / Flickr - CC BY-SA 2.0

La préoccupation climatique est aujourd'hui largement partagée au sein de la société, en témoignent les marches pour le climat de plus en plus suivies. Comment les organisations accueillent-elles cette arrivée massive de nouveaux partisans ?

Maxime Gaborit
Maxime Gaborit
En effet, le mouvement climat en France est marqué par une massification récente qui date de la rentrée 2018. A ce moment-là, une vague verte a déferlé dans les rues, galvanisée d'abord par la démission de Nicolas Hulot puis par l'importante médiatisation du cinquième rapport du GIEC. Aux côtés d'organisations déjà en place, ont alors émergé de nouvelles mouvances pas toujours stabilisées, identifiées par l'étiquette « citoyenne ». La dimension générationnelle est apparue ensuite avec les grèves pour le climat et la naissance de Youth for Climate en janvier 2019.

Assez rapidement, les organisations ont profité de cette nouvelle base sociale capable de faire masse pour organiser des actions de grande ampleur. Jusqu'à présent, des organisations comme Greenpeace s'appuyaient surtout sur du lobbyisme institutionnalisé et des actions spectaculaires menées par quelques activistes sur-entraînés. En avril 2019, ils ont pu compter, avec ANV-COP21 et les Amis de la Terre, sur plus de 2 000 citoyens pour bloquer « la République des pollueurs » dans le quartier de la Défense.

Le mouvement climat joue désormais sur un ensemble de tableaux extrêmement varié, allant de la désobéissance civile de masse aux...

Projet de loi contre le séparatisme : la petite musique de l'Elysée

dimanche 20 décembre 2020 à 09:50

Un briefing "off" pour les journalistes

Reflets publie le verbatin d'un briefing "off" du conseiller intérieur et sécurité du Président de la République à destination des journalistes sur le projet de loi "confortant les principes républicain".

Façade de l'Élysée - Remi Mathis - Wikipedia - CC BY-SA 3.0

C'est reparti pour un tour. Qui se souvient du nauséabond débat sur l'identité nationale de Nicolas Sarkozy ? Déjà, à l'époque les responsables politiques, sous couvert de créer un « rempart contre le communautarisme », chassaient sur les terres du Front National en quête d'électeurs. Aujourd'hui, Emmanuel Macron tente de siphonner le vote Rassemblement National en poussant un projet de loi sur les « principes républicains ». Cette fois, l'excuse est de lutter contre le « séparatisme ». Dans les deux cas, plus ou moins officieusement, ces projets visent à surfer sur le racisme latent visant les français musulmans. Ils contribuent à l'exacerber.

Dans son discours des Mureaux en octobre, le président de la République avait tracé les grandes lignes de son projet en la matière. Il avait expliqué à des journalistes qu'il visait le séparatisme islamiste. Aujourd'hui, l'exécutif slalome dans un champ de mines. Il tente de rassurer en expliquant qu'aucune religion n'est visée par ce texte tout en martelant que l'islamisme radical est un danger. Étrangement, le texte présenté ne fait pas mention de ce séparatisme islamiste qui serait la cible. Peut-être parce qu'il est compliqué de définir ce qu'est l'islamisme. Où se termine la foi et commence l'islamisme politique ? Difficile aussi de caractériser le « séparatisme ». Et comment faire la différence entre le « séparatisme » islamiste et celui de groupes comme...

L'adoption d'un nouveau code pour la justice pénale des mineurs

jeudi 17 décembre 2020 à 11:04

Punir vite et fort : le choix de la répression plutôt que de la protection

Réforme controversée, l’Assemblée nationale a pourtant voté la création d’un code de la justice pénale des mineurs. Si pour le gouvernement, il s’agit de clarifier l’ordonnance de 1945 et accélérer les procédures, pour les professionnels du secteur, ce texte fait le choix de la répression sur l’éducation.

Dossier du code de la justice pénale des mineurs sur le site de l'Assemblée Nationale

Ce projet est dans le carton du Ministère de la Justice depuis deux ans. Objectif ? «Une justice pénale des mineurs plus réactive pour une réponse éducative plus efficace» promet-on. Pour montrer l’exemple, la chancellerie a d’ailleurs choisi de légiférer par ordonnance avec une procédure d’urgence, et donc sans débats parlementaires. Ce nouveau code de la justice pénale des mineurs doit entrer en vigueur dès le 31 mars 2021. Mais la préparation s’est faite en concertation avec les professionnels du secteur de la justice des mineurs, se justifie-t-on du côté du Ministère. Sauf que l’ensemble des acteurs du secteur ont dénoncé le simulacre de consultation et un choix du timing bien étrange de la garde des Sceaux Nicole Belloubet. La réforme a en effet été annoncée en 2018 avant la fin d’une mission parlementaire d’information sur la justice des mineurs. «Une consultation dématérialisée d’à peine trois semaines est loin d’être une concertation» avait réagi l’UNIOPSS, une fédération d’associations de solidarité. Les résultats de cette concertation préalable ne sont d’ailleurs pas disponibles sur le site du Ministère… Rien que sur la forme et la façon de faire, la réforme ne passe pas chez les professionnels de l’enfance, associations et syndicats.

Punir vite

Et le contenu n’a rien pour les satisfaire. D'ailleurs, plus de 200 personnalités, professionnels de l’enfance, membres d'organisations syndicales de magistrats, travailleurs sociaux et avocats ont appelé «les...

Calédonie : affrontements autour de la vente d'une usine de nickel

vendredi 11 décembre 2020 à 18:23

Roche dite de la "poule couveuse", Hienghène, Zone côtière Nord et Est classée à l'UNESCO, Nouvelle-Calédonie - Kévin Thenaisie - CC BY-SA 4.0
Roche dite de la "poule couveuse", Hienghène, Zone côtière Nord et Est classée à l'UNESCO, Nouvelle-Calédonie - Kévin Thenaisie - CC BY-SA 4.0
De nombreux affrontements violents ont éclaté cette semaine en Nouvelle Calédonie. La vente de l'usine Vale, également appelée l'usine du Sud, à un consortium international comprenant la société de triste réputation Trafigura a mis le feu aux poudres. Alors que le dernier référendum sur l'indépendance de l'île a eu lieu il y a 2 mois, avec un vote contre, le FLNKS et les indépendantistes ont organisé des marches, des manifestations contre ce projet de vente par le groupe brésilien qui détenait l'usine. De violents affrontements ont eu lieu. Des manifestants ont mis en place des barrages, certains se sont introduits dans l'usine qui abrite des produits chimiques dangereux. Un incendie a été déclenché. Les gendarmes ont fini par prendre le contrôle de l'usine. Sur Facebook, des salariés expriment leur colère après les dégradations et craignaient une pollution. Du côté "loyaliste", des contre-barrages ont été dressés avec tous les risques de dérapage évidents. La situation était très tendue cette semaine sur l'île.