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La guerre, ça fait des vrais morts

mardi 3 septembre 2013 à 15:19

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Bombarder ou ne pas bombarder la Syrie, la question est sur toutes les lèvres des politiques et au bout de tous les stylos des journalistes. Tous les arguments sont sur la table et pourtant, il n’y a aucune réponse satisfaisante. Mais comment trouver une réponse satisfaisante dans un contexte de guerre ? Ceux qui en sont revenus le disent depuis la nuit des temps. La guerre est quelque chose de terrible, sale et profondément (in)humain. Désolé, il n’y a pas et n’y aura pas de bonne réponse à cette question.

Dans un conflit, les belligérants utilisent des armes dévastatrices selon leurs besoins. Plus on est dans une situation difficile, moins les considérations morales ont du poids dans les décisions qui sont prises. Il n’y a pas de gentil et de méchant dans un conflit armé. Tout le monde est méchant. Sauf les civils. L’Histoire est là pour le prouver à ceux qui en douteraient encore.

Les forces de Bachar el Assad ont plus que probablement utilisé des armes chimiques. Les rebelles aussi, peut-être. Dans une bien moindre mesure évidemment, ne disposant pas des missiles, hélicoptères et autres avions que l’armée de Bachar el Assad possède en nombre, tout comme les stocks desdits gaz. La possibilité que les rebelles aient pu utiliser des gaz a été évoquée par une experte de l’ONU, ancienne procureure du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) et du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), mandatée en avril dernier lors de la première utilisation d’armes chimiques en Syrie : Carla Del Ponte

Ce que pense lui, aussi Alain Chouet, un ancien chef du service de renseignement de la DGSE, ancien secrétaire à l’ambassade de France à Damas dans les années 70 :

« Ce dont je suis persuadé, parce que je connais bien la Syrie, depuis maintenant presque 50 ans, c’est que les deux parties sont tout à fait capables de mener ce genre d’action, aussi bien le régime que les rebelles. Moi, pour l’instant je n’ai pas d’éléments probants pour pointer le doigt sur l’une ou l’autre des deux parties. Un certain nombre de responsables politiques français et étrangers disent qu’ils ont la « preuve que », la « conviction que », mais je ne vois pas la preuve, ni ce qui étaye la conviction, alors que moi j’ai des éléments qui me font douter de tout ça, et je n’ai pas la preuve que ce soit l’une des deux parties plus que l’autre. »

Dans un conflit comme celui de la Syrie, l’information validée, précise, est la denrée la plus rare. Chaque camp accuse l’autre des pires turpitudes « preuves à l’appui ». Pour les rebelles, c’est Bachar el Assad et ses troupes qui utilisent des armes chimiques. Pour l’autre camp, ce sont les rebelles.

Bien malin celui qui pourra les départager. Quoi qu’en disent les « documents » publiés par l’Armée française hier.

Depuis quelques mois, les politiques, Barack Obama en tête, ont annoncé que l’usage d’armes chimiques contre la population constituerait une « ligne rouge » qui déclencherait des représailles.

On objectera que selon les décomptes les plus pessimistes, les armes chimiques ont fait environ 2000 morts en Syrie sur un total de 110.000. Voilà une ligne rouge qui est étrangement justifiée. Les armes conventionnelles font également des morts et en masse. Mais là, pas de ligne rouge ? A partir de combien de morts dans un conflit qui touche principalement des civils doit-on dessiner une ligne rouge ? Il est toujours trop tard.

Décideur politique, dis-moi quelle est ta ligne rouge et je te dirais quelle est la part d’intérêt pour les populations locales qui guident tes décisions guerrières…

Montrez-nous le méchant

Depuis quelques décennies, les opinions publiques des pays les plus développés sont habituées à devoir prendre parti pour ou contre des interventions militaires à vocation « humanitaires » (notez l’oxymore), et déclenchées par leurs gouvernements. C’est bien ça qui est décrit… Et l’habitude a été prise d’accepter ça.

Le devoir d’ingérence, théorisé par le professeur de Droit Mario Bettati et médiatisé par Bernard Kouchner, puis brandi en permanence par Bernard Henri-Levy est désormais une nouvelle forme de solution (géo)politique : les pays les plus riches, en paix, doivent aider les plus faibles et résoudre leurs conflits. Même si la souveraineté des dits pays en conflits doit en pâtir, ou les conséquences de l’intervention créer un remodelage politique, économique et social pire que le précédent.

Les gendarmes du monde montrent le méchant, expliquent à leurs populations l’obligation morale d’attaquer le « méchant », de le tuer, de sauver les « gentils », et s’octroient des prix nobel de la paix entre eux. Jusqu’à la seconde guerre d’Irak, ce fonctionnement datant de la fin des années 80 a été plutôt bien accepté : les populations des pays membres du G7 d’alors y trouvaient une forme de reconnaissance de leur statut privilégié potentiellement mal vécu du fait de l’histoire coloniale. « Nous avons fait beaucoup de mal à ces populations, aujourd’hui, nous les sauvons de leurs propres dictateurs« . Jusqu’à l’invasion « démocratique » de l’Irak par les forces « alliées »…

La fable du garçon qui criait « au  loup ! »

Les plus âgés connaissent ce conte du garçon qui criait au loup : ce jeune berger qui garde des moutons, et qui, pour se moquer des gens du village, s’amuse à les alerter en criant « au loup ! ». Les villageois descendent jusqu’au pré du jeune berger, armés de fourches, inquiets, et trouvent celui-ci mort de rire : ‘je vous ai bien eus’. Le jeune berger s’amuse une nouvelle fois à crier au loup, le village une nouvelle fois se précipite à son secours, et là encore, le berger se moque. La troisième fois où le jeune berger appelle au loup, un loup arrive véritablement et le village, qui n’a plus envie de se déplacer pour se faire railler, ne fait rien. Le loup dévore les brebis et le jeune villageois.

La morale de l’histoire est assez claire : à force de mentir pour arriver à leurs fins, les Etats se décrédibilisent, au point que plus personne dans la population ne peut adhérer à leurs décisions. Surtout quand elles sont reliées à un devoir d’ingérence militaire dans des pays, dont les dirigeants déclarés « dictateurs à abattre », étaient des partenaires très fréquentables peu de temps auparavant.

La perte de crédibilité des politiques sur leur terrain national est donc patente depuis des années. Internet n’y est d’ailleurs peut-être pas pour rien. Cette perte de crédibilité alimente largement toutes les thèses conspirationnistes.

Cette situation est préjudiciable pour la Démocratie (notez le D majuscule), mais s’il fallait trouver un coupable, ce sont les politiques qu’il faudrait désigner en premier, avant de se tourner vers les électeurs qui les élisent et les ré-élisent…

Les services de renseignement, qui ont tendance, dans l’inconscient général à représenter l’Etat dans toute sa « splendeur », se sont également décrédibilisés à un point qui laisse pantois.

On se souvient du secrétaire d’Etat américain, Collin Powell brandissant une fiole remplie d’une poudre blanche à l’ONU pour justifier l’attaque de l’Irak.

On se souvient des tonnes de « preuves » des services de renseignement américains sur la détention par l’Irak d’armes de destruction massive (ADM) pour justifier une intervention. On se souvient surtout de la suite : après des mois de recherches effrénées par les GI dans le pays, il a été impossible de trouver la queue d’une ADM en Irak.

Ces actions douteuses des services de renseignement ne datent pas d’hier ni de la guerre en Irak. C’est dans l’ADN de ces services de tromper l’ennemi et parfois ses propres patrons.

Le garçon qui criait « au loup ! »… Nous revoici partis à l’assaut d’un méchant dictateur Syrien que toutes les démocraties invitaient en grande pompes (Nicolas Sarkozy en tête) il y a peu, que tous les magazines féminins approchaient pour interviewer sa si charmante femme…

Il faut aujourd’hui d’urgence contrôler son arsenal d’armes de destruction massive.

Quid de la France, de la Grande-Bretagne, des Etats-Unis, de la Russie ? Tous ces pays sont chargés à bloc d’ADMs. Ah, oui, ce n’est pas la même chose…

Démocratie tout de suite !

La région est truffée de dictateurs, d’oligarques, de profiteurs. Les ressources naturelles de l’Afrique sont pillées par les occidentaux et les dictateurs locaux. Tout va bien.

Jusqu’au jour où les peuples n’en peuvent plus, tant on leur ne laisse que des miettes.

Le printemps arabe a fait naître des espoirs. Des dictateurs ont été renversés.

Et des peuples ont ensuite encore une fois été trahis. La révolution égyptienne a été volée au peuple, la révolution tunisienne n’a pas encore porté les fruits escomptés… une constituante interminable.

Et toutes ces révolutions que nous n’avons pas reconnu, que nous n’avons pas médiatisées, qui ont été écrasées, comme Yémen ou au Bahrein… et que dire de ce qu’a produit l’intervention unilatérale française en Libye ?

Les opinions publiques occidentales attendaient de voir s’installer une vraie démocratie, une démocratie bien comme la leur, une démocratie bien occidentalisée. Tout de suite, pas demain. Tout de suite.

Ce n’est pas arrivé. Des barbus se sont installés au pouvoir. Ils étaient un tantinet « rigides ». Assez loin de la démocratie façon occidentale.

En Egypte, l’Armée a montré son vrai visage que les spécialistes du pays connaissaient bien. Elle a renversé un pouvoir légitimement élu.

On s’est encore éloigné de la démocratie à l’occidentale.

Mais… Oh, wait, la démocratie à l’occidentale, elle s’est installée du jour au lendemain ?

La paix dans cette région du monde, l’occident, ou plus largement, le « Nord de la planète », ne date que de la fin de la deuxième guerre mondiale.

Avant cela, on a connu la Terreur post révolutionnaire, Napoléon et ses campagnes ravageuses en termes de vies humaines, Hitler et sa folie meurtrière à l’encontre des Juifs, son délire expansionniste qui a précipité dans l’horreur des troufions du monde entier.

Il y eut aussi la dictature stalinienne, avec ses camps, sa propagande. L’ex-union soviétique qui est aujourd’hui une étrange démocratie avec des élections fumeuses, où un seul homme, Poutine, un ancien des services secrets soviétiques tient d’une main de fer (toutes) les affaires du pays.

La Russie de Poutine est membre du conseil de sécurité de l’ONU, comme le sont les USA, où le « bon Barak Obama », président de « la plus grande démocratie de la planète », prix Nobel de la Paix 2009, réunit ses conseillers militaires chaque semaine pour décider d’assasinats ciblés par drones dans des pays lointains.

Se permettre de vouloir défendre la veuve et l’orphelin, sauver les peuples des méchants quand on est soi-même dans cette position, pour des dirigeants occidentaux, est un message qui devient de plus en plus difficile à faire passer aux citoyens. Citoyens de plus en plus éclairés et de moins en moins dupes…

In fine, les seuls véritables perdants, dans toutes ces histoires, ce sont les peuples, ceux qui dans la rue, perdent la vie pour une cause : la liberté et la Démocratie. Mais aussi, les millions de civils, pris entre deux feux.

Et du côté des pays riches, en paix, vouloir se placer d’un coté ou d’un autre, demander une intervention armée, ou une aide militaire, devient alors un périlleux exercice à la limite de l’indécence : la Syrie n’est pas une téléréalité ou un Medal of Honor avec lequel il serait possible de jouer. La Syrie est surtout un peuple épuisé par deux années de guerre civile qui n’aspire qu’à une chose, la paix.

Nos puissances occidentales ont bombardé un peu partout dans le monde depuis des décennies. Force est de constater que ceci n’a jamais vraiment fonctionné. Et si on essayait de leur bombarder un peu de paix maintenant ? Avec autre chose que des canons et des missiles ?

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#Syrie : Utilisation d’armes chimiques le ministère de la défense a publié ses documents

lundi 2 septembre 2013 à 23:09

Capture d’écran 2013-09-02 à 22.58.02Le site du ministère de la Défense est actuellement inaccessible. Cette interruption de service gêne probablement la consultation des pièces déclassifiées par le ministère. Comme il est probable que le site soit la cible d’attaques par déni de service pour ralentir leur propagation, nous vous les proposons ici en téléchargement (en dehors des vidéos).

A l’heure où nous réclamions tous des preuves pouvant justifier une intervention militaire, nous trouvons important que ces dernières soient accessibles au plus grand nombre. Nous vous invitons donc à les répliquer et à les redistribuer afin que les personnes qui le désirent puissent se faire leur propre opinion.

Les 2 documents  présentés sont au format PDF :

pdf  Syrie – Synthèse nationale de renseignement déclassifié – 02 09 2013 – présentation (1.1Mo)

pdf  Syrie – Synthèse nationale de renseignement déclassifié – 02 09 2013 (81Ko)

 

 

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La Syrie, Reflets, et tes impôts…

dimanche 1 septembre 2013 à 11:09

ohoh

Il ne faudrait quand même pas, qu’avec la Syrie, nous ne devenions tous un peu fous. Le « nous » correspond à nous autres, riches occidentaux de pays en léger déclin socio-économique. Nous qui suivons des guerres en 16/9 ou en X pouces.

Le travail de Reflets n’est pas, pour rappel, de relayer quoi que ce soit, ni de savoir qui a tort ou raison, qui sont les gentils et qui sont les méchants. Par contre, tenter de mieux comprendre ce qu’il se passe, autant que faire se peut, désintoxiquer certaines informations bien répandues dans les média, là, oui…

Quand Bluetouff déglingue le mythe de l’Armée électronique syrienne c’est un travail de journaliste de » terrain ». « Electronique », le « terrain ». Un travail salvateur. D’information. Ce que ne font pas les média qui agitent le chiffon rouge des actions de l’AES, sans donner aucune information concrète. Un conflit aussi sanglant, long et complexe que le conflit syrien ne peut pas être simplement décrit en recopiant des dépêches AFP. Ni être orienté sur la croyance du bien et du mal, de l’engagement politique ou de croyances quelles qu’elles soient. D’où plusieurs approche chez Reflets.

L’une tente d’analyser une part de géostratégie et de compréhension des enjeux internes : confessionnels, politiques, stratégiques, historiques. L’autre de vérifier, décrypter, surveiller les actions des acteurs du conflit qui s’agitent en ligne. Les mails de Britam ? C’est une partie des éléments qui trainent sur le réseau et peuvent apporter des preuves contraires à celles avancées par les voies officielles. Il se trouve que ces mails sont certainement des hoax. Parce que dans l’archive il y a aussi un mail à propos de l’Iran, et que son header est le jumeau de celui sur la Syrie, à l’exception de la date :

Mail sur la Syrie, du 24 décembre 2012 16:57:16 HNEC :

(qmail 14074 invoked from network); 24 Dec 2012 23:57:29 +0800

Received: from titanium.netdns.net (123.100.248.206) by neon.netdns.net with SMTP; 24 Dec 2012 23:57:29 +0800

Received: from localhost (unknown [127.0.0.1]) by titanium.netdns.net (Postfix) with ESMTP id 82BB4523A84 for <pdoughty@britamdefence.com>; Mon,  24 Dec 2012 15:57:18 +0000 (UTC)

Received: from titanium.netdns.net ([127.0.0.1]) by localhost (titanium.netdns.net [127.0.0.1]) (amavisd-new, port 10024) with ESMTP id nWRHL2NRVdAP for <pdoughty@britamdefence.com>; Mon,  24 Dec 2012 23:57:18 +0800 (SGT)

Received: from smtp.clients.netdns.net (smtp.clients.netdns.net [202.157.148.149]) by titanium.netdns.net (Postfix) with ESMTP id 27D5F523A0E for <pdoughty@britamdefence.com>; Mon,  24 Dec 2012 23:57:18 +0800 (SGT)

Received: (qmail 18137 invoked from network); 24 Dec 2012 15:57:27 -0000

Received: from unknown (HELO Britam00323) (smtpbritam@britamdefence.com@81.156.163.12) by 0 with ESMTPA; 24 Dec 2012 15:57:27 -0000

Mail sur l’Iran, du 16 octobre 2012 17:57:16 HAEC :

Received: (qmail 14074 invoked from network); 16 Oct 2012 23:57:29 +0800

Received: from titanium.netdns.net (123.100.248.206) by neon.netdns.net with SMTP; 16 Oct 2012 23:57:29 +0800

Received: from localhost (unknown [127.0.0.1]) by titanium.netdns.net (Postfix) with ESMTP id 82BB4523A84 for <pdoughty@britamdefence.com>; Thu,  16 Oct 2012 15:57:18 +0000 (UTC)

Received: from titanium.netdns.net ([127.0.0.1]) by localhost (titanium.netdns.net [127.0.0.1]) (amavisd-new, port 10024) with ESMTP id nWRHL2NRVdAP for <pdoughty@britamdefence.com>; Thu,  16 Oct 2012 23:57:18 +0800 (SGT)

Received: from smtp.clients.netdns.net (smtp.clients.netdns.net [202.157.148.149]) by titanium.netdns.net (Postfix) with ESMTP id 27D5F523A0E for <pdoughty@britamdefence.com>; Thu,  16 Oct 2012 23:57:18 +0800 (SGT)

Received: (qmail 18137 invoked from network); 16 Oct 2012 15:57:27 -0000

Received: from unknown (HELO Britam00323) (smtpbritam@britamdefence.com@81.156.163.12) by 0 with ESMTPA; 16 Oct 2012 15:57:27

Deux mails envoyés à 3 mois d’écart, mais avec exactement le même horodateur, à la seconde près…le MX de Britam est bien discipliné… A savoir qu’au final cette affaire de mails n’est pas bouclée, que cette archive mérite d’être tracée, et bien d’autres choses encore. [Tout ça prend du temps. Le jour où ce temps sera payé par les lecteurs, il sera mis à contribution. Pour l'heure, le temps, il manque.]

Reflets n’a pas toutes les réponses, vous vous en doutez bien, mais malgré le peu de moyens et de temps que nous possédons, nous essayons de rapporter de l’information au sujet d’un pays en guerre, avec des millions de personnes prises en otages, dont certains ayant choisi un camp, d’autres non. Ce qui reste certain, c’est que nos impôts à tous ici, au pays des TGV, servent à financer une partie de ce qu’il se passe là-bas. Et que les 100 000 être humains qui sont morts  en Syrie, le sont aussi en partie par les actions et/ou inactions de nos gouvernements, élus par nos soins.

Tenter de chercher à éclairer (à notre échelle) cette affaire, désintoxiquer certaines informations, remettre la situation dans un contexte plus large et moins manichéen que ce qui est donné en pâture aux citoyens, c’est ce que tente de faire Reflets.

Avec toutes les difficultés inhérentes à ce types de sujets. Avec la possibilité de nous tromper, parfois. Mais sans autre vocation que de chercher à décrire la réalité la plus proche de ce qu’elle est, non pas de ce que certains aimeraient qu’elle soit.

 

 

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#OpSyria : Syrian Electronic Army was hacked and d0xed (WARNING : explicit content)

samedi 31 août 2013 à 14:01

Capture d’écran 2013-08-31 à 13.45.06

Après le coup d’éclat de la Syrian Electronic Army qui a consisté en une attaque par phishing pour prendre le contrôle de MelbourneIT, un registar dont des noms de domaines du NewYork Time, de Twitter ou du Huffington Post dépendaient, et donc après avoir rendu inaccessibles ces derniers… La SEA a naturellement cristallisé l’attention sur sa cause. La presse s’intéresse naturellement à ce groupe. Qui sont ils ? Quels sont leurs liens avec le pouvoir ? Sont ils aussi forts qu’ils le disent et que leurs cibles le laissent entendre ?

Reflets vous apporte quelques éléments de réponses pour que vous puissiez vous faire une idée assez précise des personnes qui composent le gros des troupes de cette armée d’opérette avec ses comptes Hotmail et Facebook.

Mythe numéro 1 : les SEA sont de talentueux hackers

Faux. Dans leur immense majorité, les SEA sont de très jeunes syriens, plutôt localisés sur Damas. Il est cependant probable qu’ils bénéficient de soutiens externes (diaspora et russes notamment). Comme beaucoup d’internautes moyens, ces derniers utilisent des outils parfaitement grand publics, ils se pensent anonymes derrière un pseudo, mais ne disposent pas des rudiments en matière d’anonymisation et de sécurité informatique. A l’image de cette lumière qui s’est inscrite sur le site des SEA et utilise le même mot de passe pour son compte dropbox.

Capture d’écran 2013-08-31 à 01.52.38

et qui y stocke aussi des photos de lui plus que suggestives… et oui les SEA, ce sont aussi et surtout des branleurs… (UPDATE : nous avons flouté la stouquette sur demande de nos lecteurs, sachez medames que vous ne ratez pas grand chose)

stouquette

Mythe numéro 2 : les SEA ne se sont jamais faits hacker

Au risque de décevoir nos amis pro Bachar Al Assad, les SEA se sont fait hacker… et pas qu’une fois, en fait il se sont fait  totalement exploser leur VPS. Mettons maintenant en perspective les déclarations des SEA faites à Mashable avec ce que nous savons de notre côté. Disons le clairement, leur serveur était une véritable autoroute et a probablement été fermé par l’hébergeur quand ce dernier s’est aperçu que non seulement le serveur des SEA était compromis, mais que c’était toute l’infrastructure de l’hébergeur qui était mise en péril tant les résidents ont eu le loisir de faire tout ce qu’ils voulaient. SEA a été rooté, et ça ce n’était que le début…

La Syrian Electronic Army déclare  à Mashable ne jamais s’être fait hacker :

Mashable : Some of these passwords are allegedly the same passwords that some of the hackers use for their Hotmail, MSN and Outlook accounts, according to Krebs, who also posted a screenshot of a portion of the database that the attacker got his or her hands on.

SEA : We can guarantee our website has never been hacked, those who claim to have hacked it should publish their evidence. Don’t hold your breath. In any case we do not have any sensitive or personal data on a public server. We are a distributed group, most of what we have and need is on our own machines and we collaborate on IRC.

Puisque la SEA veut des preuves… nous allons lui en donner. Il faut dire que nous en avons plusieurs gigaoctets.

On commence par les administrateurs de leur site, avec des privilèges admin (les premiers users de la base de données en fait… on retrouve évidemment  notre ami Th3Pr0 (user avec l’ID 3 dans la base de données :

3,’ThePro’,’33d5cbc6755c127cc7251932d0ec03d1′,’1′,’male’,’0000-00-00′,’Syria’,'admin@thepro.sy’, », »,’not_published’,'jpg’ 

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Evidemment, ceci n’est pas un fake, mais bien directement extrait du Dump SQL de 12,1 Mo de leur ancien VPS

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Et comme tous les petits rigolos, on gère son serveur avec un CPANEL

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Et hop le mail du propriétaire du VPS

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Et comme vous pouvez vous en douter, les SEA sont une telle équipe de bras cassés qu’il n’a pas été bien compliqué de trouver des montagnes d’informations en exploitant ces comptes. Voici un extrait de base utilisateurs avec des mots de passe fonctionnels :

Capture d’écran 2013-08-31 à 12.52.46

Voici encore des mots de passe de comptes Twitter (ils sont évidemment liés à leur messagerie Hotmail / Outlook et à leurs comptes Facebook ou skype nominatifs (là encore, nous en avons beaucoup… beaucoup plus :

Capture d’écran 2013-08-31 à 13.11.07

Il s’agit de comptes mails bien actifs dont certains ont même leur abonnement téléphonique Syriatel lié à ce mail… de sacrés hackers nos SEA :

Capture d’écran 2013-08-31 à 03.29.52Et voici la version traduite :

Capture d’écran 2013-08-31 à 03.26.19

Mais voilà, les SEA sont en grande majorité des gamins, pas tous pro régime, rien de plus, ils sont inintéressants au possible, ils mènent des attaques spectaculaires par leurs cibles, mais au bout du compte, il s’agit surtout d’exploitation de l’interface chaise/clavier, des attaques par phishing. Rien de transcendant, ce sont des jeunes tout ce qu’il y a de dramatiquement banal, d’un pays en guerre. Leur contribution supposée avec les autorités syriennes est une chose plus dérangeante car ils mettent en péril la vie d’autres jeunes, de leur âge.

Que les SEA jouent à la guéguerre sur Internet est une chose, mais il serait temps qu’eux et leurs sympathisants comprennent qu’à force de jouer avec le feu de cette manière, ils font bien plus de mal à leur pays qu’autre chose et ils se mettent en danger. Cela fait maintenant 5 mois que nous les observons, que nous lisons leurs mails. Si nous le faisons, vous vous doutez bien que nous sommes loin d’être les seuls. La presse le sait, il ne lui manquait plus que des éléments de preuves. Puisque les SEA les demandaient ces preuves, nous avons finit par leur donner.

Capture d’écran 2013-08-31 à 15.18.07

Chers SEA, nous sommes sur votre épaule à chaque mail que vous lisez, nous sommes sur votre épaule à chaque tweet, à chaque superpoke sur Facebook, à chaque chat sur Badoo avec vos petites amies… nous sommes là, vous ne nous voyez pas, mais nous sommes là, nous vous connaissons mieux que vos propres mères.

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With love from Paris…

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LiveBlog : Chroniques de la cyber guérilla syrienne

vendredi 30 août 2013 à 22:07

Alors qu’une intervention militaire semble se profiler, c’est un peu l’effervescence sur Internet. Anonymous, hackers isoles, cyber hacktivistes et Armée Electronique Syrienne se donnent le change. Nous vous proposons de tenter de suivre ici les diverses actions menées par les uns et les autres. Si l’Armée Electronique Syrienne aime à s’attaquer à de grosses cibles, des médias comme Al Jazeera, le New York Times, le Huffington Post pour ne citer qu’eux, ou encore les réseaux sociaux comme Twitter , Tango ou Viber… la partie adverse elle s’en prend à des sites officiels syriens.

Le site nerc.gov.sy défacé par DeusHacker (lien en cache)

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Des hackers turcs défacent agrobank.gov.sy

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Défacement d’un site pour la lutte contre la tuberculose du ministère syrien de la santé par AnonGhost, semble t-il d’origine palestienne

Capture d’écran 2013-08-30 à 21.20.26

Défacement par un hacker algérien, Ma3str0 du site Tartousindust.gov.sy

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Défacement par Mo. Bekafek du site damasreef-elec.gov.sy

Capture d’écran 2013-08-30 à 21.28.23

Défacement de Syreen.gov.sy par un hacker turc TurkisHattack

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Le site Aleppowater.gov.sy défacé par CrashBandicot

Capture d’écran 2013-08-30 à 21.38.59

Le site Raqqa-city.gov.sy défacé par Dr.SHA6H

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Un défacement un peu curieux du site Taminat.gov.sy, son auteur présumé, Th3Pr0 est connu pour être un des 3 leaders de l’armée électronique syrienne. Il est étonnant que ce soit réellement lui qui s’en prenne à un site gouvernemental syrien.

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Le site Syrianpost.gov.sy (lien sur le cache) défacé par les hackers de la révolution syrienne

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Le site edlib.gov.sy défacé par ArTin

Capture d’écran 2013-08-30 à 21.55.42

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