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Laborde, du PRG, voudrait bien censurer Twitter, parce que… ça fait peur

vendredi 26 juin 2015 à 17:46

C’est une interview d’une sénatrice du Parti Radical de gauche sur TV5Monde qui en dit long sur la compréhension d’Internet par les élus. Françoise Laborde, puisque c’est elle, vient expliquer que le groupe Etat islamique fait de la propagande sur Twitter, et qu’il faut réguler le réseau social, parce que… c’est pas bien. « 90 000 tweets par jour » s’exclame-t-elle, « on m’aurait dit 9000, déjà j’aurais trouvé que c’était beaucoup… mais les politiques ne se rendent pas compte, je crois, de ce qu’il se passe sur le réseau ». Oui, et elle la première, ça se sent très fortement. Les politiques découvrent « que même les partisans du djihad de Daesh tweetent ». Dingue.

Mais la liberté d’expression serait donc une liberté variable qui débuterait là où le politique le décide ? Au point qu’en fin d’interview, la sénatrice s’excuse un peu, « avec ses valeurs », d’avoir voté la loi sur le renseignement. « Mais quand même, il le fallait, n’es-ce pas ? » Surtout qu’elle fait « confiance au ministre de l’intérieur pour s’emparer de ces sujets ». Oui, et c’est bien le cas, soyons rassurés.

A voir et revoir. A faire voir.

Pour bien comprendre à quel point les décideurs politiques, les législateurs sont totalement déconnectés. Pas seulement de la vie des « français moyens », mais déconnectés tout court. Du réseau. Du monde moderne qui se développe autour d’eux. De cette technologie et de ses usages qui les fait totalement frémir. Ne dit-on pas que ce que l’on craint le plus est ce que l’on ne connaît pas ?

 

Wikileaks ternit le Lustre français

mercredi 24 juin 2015 à 00:49

wikileaksSurpriiiiiseeuuu… C’est Wikileaks… On n’attendait pas le site de Julian Assange sur ce terrain particulier, mais il a mis les pieds dans le plat sur un sujet très actuel. Celui de l’accord entre la France et les Etats-Unis pour le partage de données récoltées sur les câbles : l’accord Lustre. Voilà qui tombe au plus mal pour le gouvernement français qui survend depuis des mois son fantastique projet de loi sur le renseignement. Wikileaks a commencé à dévoiler le compte-rendu d’écoutes américaines à l’encontre de l’Elysée. Sous Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande. Et des quelques comptes rendus déjà dévoilés, apparait … une grosse claque.

Nicolas Sarkozy, roi du monde et best friend auto-proclamé des Etats-Unis est visiblement, en privé, beaucoup moins fier de la qualité de ses superbes relations avec l’Oncle Sam. Il ressemble plutôt à  « ouin-ouin« . Nicolas Sarkozy se plaint. Les Etats-Unis l’ont envoyé paitre alors qu’il avait proposé un accord de coopération bilatérale en matière d’espionnage. Pas grave, il va réitérer. Et pendant ce temps là… La NSA écoute son conseiller diplomatique. Une situation qui n’a pas changé au fil des ans puisque Wikileaks publie des compte-rendus d’écoutes de François Hollande. Les deux président qui ont livré aux Etats-Unis des tonnes de métadonnées dans le cadre de l’accord Lustre se sont visiblement fait rouler dans la farine par les Américains. Mais c’est un détail, évidemment.

Dernier point amusant : les méthodes de la NSA pour espionner la France. La mise sur écoute de téléphones portables (ou pas) et, semble-t-il, le piratage de satellites de communication.

Le 24 mars 2010, donc, Nicolas Sarkozy se plaint que sa proposition pour un accord de coopération bilatérale en matière de renseignement ait été rejeté par les Etats-Unis. Mais il veut le reproposer. Selon Le Monde, l’accord Lustre a été mis en place fin 2011:

Selon nos informations, recueillies auprès d’un haut responsable de la communauté du renseignement en France, la direction des services extérieurs français, la DGSE, a, en effet, établi, à partir de la fin 2011 et début 2012, un protocole d’échange de données avec les Etats-Unis.

Voici le compte-rendu des écoutes du conseiller diplomatique de Nicolas Sarkozy, Jean-David Levitte et de Pierre Vimont, ambassadeur français aux Etats-Unis :

Sensitive Issues on the Agenda When French, U.S. Presidents Meet Next Week in Washington (TS//SI//NF)

(TS//SI//NF) French President Sarkozy intends to raise a number of sensitive topics with the U.S. President when the two leaders meet in Washington on 31 March, according to an exchange last week between the French ambassador in Washington Pierre Vimont, and Sarkozy’s diplomatic advisor, Jean-David Levitte. Vimont conveyed that the French President will express his frustration that Washington has backed away from its proposed bilateral intelligence cooperation agreement and Sarkozy intends to continue to push for closure. As Vimont and Levitte understand it, the main sticking point is the U.S. desire to continue spying on France. On the topic of Afghanistan, Levitte noted that Sarkozy is ready to authorize more military trainers but wants clarification on how many are needed, given the conflicting figures from U.S. sources. Another proposed topic was efforts by the European Aeronautic, Defense, and Space Corporation (EADS) to win a tanker aircraft contract with the U.S. military. Vimont revealed cryptically that the deal is moving forward but did not provide any details. Levitte had not expected to put the labeling dispute with Pernod Ricard (the world’s second largest spirits group) on the agenda, but Sarkozy had just spoken to the company’s chairman who had asked the president to intercede on his behalf. (COMMENT: Patrick Ricard, chairman of the Pernod Ricard board of directors, is said to be one of Sarkozy’s wealthy backers.) Vimont characterized the issue as a very political matter in the U.S., and suggested that a direct appeal to the White House might be useful. While Sarkozy intends to broach the issue with the U.S. President, Levitte will talk to the U.S. President’s Economic Adviser and Deputy National Security Adviser. Finally, Levitte expected the two leaders to discuss other pressing subjects including Iran, the Middle East Peace Process, Afghanistan and Pakistan, Yemen, Somalia, the Sahel, Russia, China, Turkey, climate change, and the financial situation of several European countries; however, he provided no details on those topics.

Unconventional

French diplomatic

Z-3/OO/507179-10, 231635Z

Les révélations de Wikileaks vont se poursuivre dans un avenir proche annonce le site qui collabore sur ce sujet avec Mediapart (lire ce papier notamment) et Libération.

Reflets avait tenté de poser des questions sur Lustre à Alain Zabulon, alors coordonnateur national du renseignement français et à Jean-Jacques Urvoas. Le premier avait répondu que tout cela était couvert par le secret et le second, avait quitté la salle, sans doute pour éviter d’avoir à répondre. La bonne nouvelle dans tout cela, c’est que la loi sur le renseignement va donner une forme d’autonomie à la France. Elle n’aura plus à aller puiser sur la grande place de marché du renseignement pour savoir ce que ses propres ressortissants racontent. Et donc plus à livrer aux Etats-Unis des informations qui les intéressent.

Oh wait…

Le retour du bâillon

lundi 22 juin 2015 à 17:45

Soutien Iaata

 

C’est une histoire presque banale. Un procureur qui décide de lancer des poursuites pour « provocation publique à la commission d’un délit ou d’un crime » contre un individu lié à un site d’informations indépendant. Le tout au sujet d’un article qui a fortement déplu aux représentants de l’ordre. Ce site, c’est Iaata.info, actif à Toulouse et ses environs, qui fonctionne en mode autogéré selon la longue tradition des sites Indymedia, comme le font aujourd’hui Paris-luttes.info en Ile-de-France ou Rebellyon.info dans la région lyonnaise. Le texte incriminé – ici sa version originale [souvent inaccessible], et là une copie – donnait des conseils de riposte aux manifestants face aux stratégies policières (après un rassemblement à Toulouse le 21 février dernier, organisé suite à la mort de Rémi Fraisse sur le site du barrage de Sivens quelques semaines auparavant). Parmi ces conseils, la phrase:

« À plusieurs, on peut rapidement mettre une voiture en travers de la route, voir l’enflammer ».

Le fond de cet article n’est pas vraiment en question (lire PS plus bas). Il a servi de prétexte pour tenter de bailloner des organes d’informations qui menacent de plus en plus les pouvoirs locaux dans des régions où la presse est monopolistique et rarement offensive. Cet article n’est, en outre, pas signé, comme cela arrive souvent dans le cadre d’une publication collective, et les enquêteurs ont déployé toute la panoplie de la flicaille antiterroriste pour tenter de confondre un instigateur. C’est ainsi qu’une personne a été identifiée comme responsable éditorial – « directeur de la publication », selon le terme légal consacré – car il aurait réglé l’achat du nom de domaine (avec la collaboration remarquée du prestataire Gandi qui a fourni les traces numériques aux enquêteurs).

Critiquer la police et ses pratiques fait pourtant partie de la libre expression – même si c’est pour certains une position discutable, pas pour moi soyez-en sûrs. Ne pas signer un article n’est pas un délit, alors que certaines méthodes d’infiltration policières dans les manifs – voire de provocations d’agents en civil destinées à justifier des interpellations musclées – sont encore plus clairement discutables. Impossible pour moi de ne pas interpréter cette instruction – le procès est prévu à Toulouse le 29 juin – comme un nouvel épisode d’intimidation pour diviser la contestation entre les médias institutionnels et les modes d’expression alternatifs. Entre journalistes encartés et les autres. Les valeurs « républicaines » si vaillamment mis en exergue après les tueries du mois de janvier ne sont pourtant pas réservées à une caste particulière ni à une profession.

L’expression publique, d’où qu’elle vienne – d’un éditocrate mondain, d’un blogueur, d’un crieur public ou d’un lanceur d’alertes autoproclamé –, est protégée par la loi sur la liberté de la presse de 1881, elle n’est pas réservée aux représentants de la presse professionnelle. Il m’a été assez désagréable, par exemple, lors des débats sur la scélérate loi sur le renseignement, de voir des syndicats de journalistes tenter d’exclure des dispositifs de surveillance de masse les « journalistes de rédaction » (sic) pour les distinguer de la plèbe. Non, les libertés publiques sont celles de tous. Et les entraves à ces libertés, comme d’insérer dans le droit commun (donc de l’exclure de la loi de 1881) le délit d’apologie du terrorisme (merci M. Cazeneuve, cf la dernière loi antiterro de novembre 2014), doivent être combattues comme un tout.

Emory Douglas, 1969C’est pourquoi, dans le sillage de cette affaire Iaata, un collectif s’est constitué au lendemain de l’inculpation de Toulouse avec texte de soutien, ici sur le site de la revue Jef Klak, là une version PDF.

PS. – Mise à jour suite aux premiers commentaires.

Je suis un peu effaré des premiers commentaires. Je ne veux pas paraître donneur de leçons, chacun a sa conception de l’ordre et de l’expression publique, mais ces réactions ça me font penser à celui qui montre le doigt et qui oublie la lune. Évidemment que le texte incriminé est fébrile, parfois stupide, mal écrit, il est même maladroit et sans finesse, ne serait-ce que sur le but poursuivi, car il donne des tuyaux à la police plus qu’aux manifestants. Et il donne donc un prétexte pour frapper. Mais ce qui est visé, ce n’est ni l’auteur du compte-rendu, ni un éventuel « directeur de publication », c’est bien le site d’informations en lui-même, et tous les autres derrière.

Jamais la contre-information sociale n’a été autant en mesure de faire face à l’information officielle, c’est a dire la conjonction entre le pouvoir central, les notables locaux, et la presse locale. Combien de quotidien d’information dans votre région? Existe-t-il une ville ou il existe un réel pluralisme, avec plus d’un seul quotidien monopolistique? Et quand il y a 2 quotidiens – La Dépêche et Sud Ouest à Toulouse, Ouest France et Presse Océan à Nantes… –, ont-ils une réputation d’être indépendants face aux maires, aux patrons du coin, au préfet ou au procureur? Les sites de la Mutu, s’ils ne sont pas animés par des « journalistes » qui ont appris le bon style à l’école des médias mainstream, sont un relais nécessaire, je pense, à la communication à sens unique que la presse régionale contribue à perpétuer. A Toulouse, le proc et le préfet ne sont-ils pas sous pression depuis la mort d’un manifestant en octobre? Le premier depuis 1977 ? Ne pensez-vous pas qu’ils cherchent un prétexte pour taper dans la ruche et la faire éclater? C’est ça le fond de l’histoire, pas de savoir si de proposer de cramer une voiture ou de dire merde aux flics, c’est bien ou c’est pas bien.

Je sais bien que les lecteurs de Reflets ont une sympathie un peu plus prononcée pour les irrédentistes qui usent de leur clavier. L’affaire des Anonymous qui se sont fait pincer pour mettre du sable dans les rouages de l’industrie nucléaire est symptomatique. Le degré de sympathie est immédiat, sans qu’un seul lecteur ose affirmer, par crainte d’excommunication, qu’il est complètement débile d’imaginer que l’on va contraindre un secteur économique hyperpuissant en allant défacer un seul serveur informatique. Vous seriez surpris d’apprendre que les premiers militants qui ont contacté les 3 hackers prévenus (car il y en a un troisième…) pour les aider juridiquement dans cette affaire ne sont pas encartés à Greenpeace ou aux Verts, ce sont des groupes autogérés qui militent par ailleurs contre la répression policière, en manif et ailleurs.

 

 

Terres de Gandhaäl (2) – Livre 1 : « Fondations »

dimanche 21 juin 2015 à 17:39

shubda

Les tambours résonnaient sans cesse, toujours à la limite de couvrir les voix excitées des convives. Leur rythme lent et mécanique emplissait l’esprit et obligeait l’étranger inaccoutumé à ces sons graves et répétitifs, à se concentrer intensément afin de rester à l’écoute des discussions, ou bien même accomplir des gestes simples. Danda avait été convié par le Kendä Ziäd et son conseiller dans l’une des innombrables tavernes souterraines qui cernaient la tour d’ossements où avait eu lieu l’entretien. Une centaine de Golgiens et Golgiennes vêtus de manière ostentatoire — afin, se dit Danda, de marquer leur appartenance à la haute noblesse de la cité des prêtres noirs — buvaient et mangeaient bruyamment. Leurs yeux brillaient de la liqueur hallucinogène ingurgitée qui coulait à flot dans les coupes de cuivre. Les rires étaient appuyés et les gestes amples. Le diplomate d’Anglar, assis à l’extrémité de la longue table d’ébène lisse comme un miroir, n’avait pas encore osé toucher — ne serait-ce que du bout des lèvres — à sa coupe emplie de vin jaune. Il souriait légèrement, hochant la tête aux remarques de ses hôtes, plissant les yeux pour mieux démontrer son attention aux remarques qui étaient proférées, les mains croisées sur le ventre. Quelle était la raison précise de cette soudaine invitation ? Une coutume sympathique ou bien un piège de Ziäd ? Danda n’avait plus beaucoup de choix ; il jouait avec des dés truqués qu’il avait longuement préparés, ne lançant que ceux qui lui étaient nécessaires. Mais la partie était longue et truffée de revirement de règles. Il lui restait encore une passe à jouer, une passe gagnante ou perdante, un « quitte ou double ». Le seul problème était de savoir à quel instant le tenter…

Theleb s’était installé quelques places à gauche de celle du diplomate, son immense chapeau vissé sur le crâne, camouflant à demi ses traits dans l’ombre. Le sorcier ressemblait à une statue de craie. Ses longues mains grisâtres soigneusement posées à plat devant lui n’avaient, ne serait-ce que tressaillis une seule fois en un demi sablier. Le brouhaha général ne semblait pas l’incommoder, comme s’il n’était plus présent dans la salle souterraine. Peut-être s’était-il assoupi ?

A l’extrémité du banquet, une dizaine de fauteuils sur la gauche de Danda, le seigneur de Kaäl-Nezbeth trinquait avec emphase, distribuant compliments et répondant aux questions qui affluaient du groupe de nobles attablé prêt de lui. Danda se dit que le Golgien était une langue véritablement difficile à comprendre. Pas moins de vingt cercles de saisons lui avaient été nécessaires afin de la maîtriser, et aujourd’hui encore, certaines tournures de phrases lui échappaient à moitié. Les doubles sens, accentuations des consonnes nuançant les propos, voire les transformant, étaient la spécialité du langage des buveurs de sang. Particulièrement le haut Golgien, variante nobiliaire du dialecte populaire.

Ces tambours étaient décidément fatigants, leur sonorité excessivement grave endormait l’esprit, il fallait qu’il se détache de cette ambiance, prenne du recul. Il concentra son esprit sur la discussion engagée en face de lui par une jeune femme et trois de ses comparses mâles. Elle aurait pu être belle — pensa-t-il lorsqu’il la dévisagea. Mais une telle maigreur, cette peau cireuse et ces dents effilées…

C’était une discussion politique. Religieuse aussi, il allait de soi. La jeune femme ayant fini d’écouter l’argumentaire de l’un de ses trois interlocuteurs prit délicatement une coupe de vin, la porta à ses lèvres et dit en haussant les sourcils :

— Tu as peut-être raison Shaatïn. Les inspirations du maître de la nuit sont au dessus de tout ce que nous pouvons imaginer et c’est bien normal. Mais nous sommes tout de même en mesure de soupçonner l’orientation qu’il entend prendre en terme humains et politiques car nous sommes ses fils et ses filles. Il est nous, et nous sommes une parcelle de lui-même… La guerre que nous livrons contre Doriän et ses sbires n’est que l’une des facettes du plan divin que nos maîtres ont construit. Shubda sait manipuler les esprits mieux que quiconque. Ne montrer qu’une voie, alors qu’il en trace mille autres dans l’ombre. Ne croyons pas que l’ennemi soit radicalement identifié. Le monde est plus vaste et complexe que ce que nous voulons bien l’entendre, Shaatïn, beaucoup plus que ce que nous voulons bien l’entendre.

Danda avait écouté, captivé par l’emportement contenu dans la voix de la jeune Golgienne, cette espèce de conviction oratoire extraordinaire que peu d’êtres humains possédaient. Cette clarté d’esprit qui jaillissait à travers les mots et qui avait le don d’emporter l’adhésion d’un auditoire même peu enclin à s’accorder aux idées émises. La jeune femme glissa un regard amusé vers lui et l’interpella sans qu’il n’ait le temps de réfléchir plus avant.

— Qu’en pensez-vous diplomate ?

Danda, prit au dépourvu par son interlocutrice avala sa salive et déglutit le plus discrètement possible. Sa connaissance diplomatique n’était pas à même de démêler les intrigues divines… Il se racla la gorge et sans bien savoir où allait le mener sa réponse, lança :

— Vous savez, nous autres peuples du sud ne sommes pas très au fait des stratégies Kendaï…mais disons que d’un point de vue tout à fait neutre et…

Danda suspendit sa phrase comme sous l’effet d’un sortilège. Son visage avait pâli. Un frisson le saisit. Il se propagea du haut du crâne, puis ses chairs se figèrent et ses cheveux se dressèrent sur la tête. Son interlocutrice, un sourire au coin des lèvres se tourna dans la direction où le diplomate venait de clouer son regard. Une silhouette encapuchonnée était apparue au centre de la large porte voûtée qui menait à la salle de banquet. Les gargouilles aux faciès grimaçants qui décoraient son fronton prirent vie instantanément et s’agitèrent avec frénésie en une danse chaotique et vulgaire. La centaine de convives s’était levée, les conversations s’étaient tues. Des cris grotesques jaillirent des petites effigies de pierre qui commençaient à s’accoupler rageusement, toujours agrippées au fronton. La scène était surréaliste. Danda ne savait plus s’il devait s’enfuir, éclater de rire ou bien encore se mettre à genoux. Les membres de l’assemblée avaient levé leurs verres et souriaient tous sans exception. Le vieux diplomate fit de même, troublé. La silhouette fit deux pas en avant. Les tambours cessèrent de battre, la lumière déclina et un froid terrible envahit la pièce. Il n’y avait presque plus de lumière. Le diplomate grelottait, le bras toujours tendu en avant, brandissant sa coupe de vin. Seuls les râles de plaisirs des créatures de pierre emplissait l’espace, indécents. La silhouette fit encore quelques pas pour arriver jusqu’à l’extrémité de la longue table d’ébène. Une lueur pourpre se répandit sur son visage, puis sur l’ensemble de son corps, révélant son apparence. C’était une jeune femme. Splendide — pensa Danda — hypnotisé par les traits remarquables du visage de la créature debout à quelques foulées de lui. L’une des mains de la jeune beauté écarta la capuche puis défit le lacet qui maintenait le manteau de laine. Le vêtement tomba à terre libérant une cascade de cheveux ondulés aux reflets écarlates qui s’épanouirent sur une poitrine ferme et laiteuse, aux larges mamelons sombres. Les yeux de lave de la jeune femme fixaient le vieil homme. Celui-ci ne pouvait détacher son regard du ventre lisse, de la toison bouclée, rouge sang, qui encadrait les lèvres charnues du sexe, des longues jambes musclées, puis de nouveau, les seins d’albâtre. Le silence était pesant. Danda ne sut bientôt plus combien de temps s’était écoulé entre l’instant où la jeune femme était apparue et celui où il la regardait, empli d’un désir brûlant. Les convives étaient toujours debout, immobiles et souriant. La bouche de la jeune femme s’entrouvrit dévoilant deux rangées de dents pointues à la blancheur éclatante, ses lèvres s’animèrent et une voix suave aux accents rocailleux parvint jusqu’à Danda.

— Viens…

Le diplomate sentit son sexe se durcir et l’appel impérieux de la chair qui se propageait en lui. Il posa sa coupe, recula d’un pas, longea la cohorte de nobles et fut devant elle. Elle le dévorait du regard, ses yeux étaient deux puits de lave en fusion. Ses seins généreux, dressés devant lui, exerçaient un fantastique appel. Le vieil homme se mit à gémir. La voix de nouveau parvint à ses oreilles:

— Viens…

Danda s’approcha jusqu’à la toucher. Elle enserra sa taille, ses mains glissaient à travers les vêtements du diplomate comme deux serpents caressants. Ses habits tombèrent à terre sans qu’il ne sache comment ils avaient été retirés. La jeune beauté s’allongea sur la table, au milieu des reliefs du repas, sur le dos, sa chevelure flamboyante créant une mer ensanglantée sur la surface lisse de l’ébène. Ses longues jambes enserrèrent la taille du vieil homme qui, tremblant de désir, la pénétra dans un râle. Sa vision s’était brouillée, une chaleur indicible se propagea dans tout son corps. Sa verge était brûlante, comme prisonnière d’un étui de feu. Les gémissements rauques de la femme parvenaient jusqu’à lui accompagnés de clameurs d’encouragements. Une bourrasque de plaisir commençait à emporter l’émissaire d’Anglar. Il sentit l’orgasme monter en lui et se mit à hurler, des visages inhumains et grimaçants tournaient dans un ballet monstrueux, des flammes dansantes remplirent son esprit…puis un rire masculin recouvrit le tumulte, emplissant tout l’espace. Danda se jeta en arrière, tomba à la renverse. Son crâne heurta le sol dallé, une lumière aveuglante jaillit devant ses yeux. Le diplomate sentit qu’on le saisissait fermement, puis les ténèbres le recouvrirent…

Manuel Valls, l’art de la dichotomie permanente ?

jeudi 18 juin 2015 à 14:47

valls

Soit Manuel Valls ne comprend rien au numérique, soit il est fortement clivé. Il faut savoir que le clivage psychologique est une pathologie mentale : il y aurait dans ce cas deux Manuel dans Manuel, des Manuel qui ne communiqueraient pas l’un avec l’autre. Le premier — appelons le Manuel #1 défend la Loi renseignement, avec les boites noires qui capturent les communications Internet, et donc, abolissent toute protection des données personnelles des internautes français — et l’autre, Manuel #2 affirme l’inverse dans le cadre de son projet de loi numérique :

<script src="//platform.twitter.com/widgets.js" async="" charset="utf-8">Mais ce n’est pas fini. Manuel #1 défend un Internet sous surveillance administrative, avec du DPI dedans (sinon personne ne comprend comment il fait pour profiler des terroristes avec ses boites noires), un Internet avec suppression administrative de sites , cassant ainsi toute possibilité de neutralité du net, quand Manuel #2 défend… la neutralité du net :

C’est un homme de gauche, Manuel #2, mais qui applique des lois sécuritaires de droite en tant que Manuel #1. Manuel #2 veut une politique économique de gauche, mais Manuel #1 en applique une libérale, Manuel, qui es-tu Manuel ? Ah, un appel des urgences vient d’arriver : il paraît qu’il ont perdu l’un de leurs patients et qu’il serait caché à Matignon.

Allo ? Oui, oui, vous pouvez aller le récupérer, mais prenez garde quand même, il a tendance à pointer du doigt en roulant des yeux et on ne sait pas jusqu’où il est capable d’aller…

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