PROJET AUTOBLOG


Reflets.info

source: Reflets.info

⇐ retour index

Mise à jour

Mise à jour de la base de données, veuillez patienter...

Fusion CSA-ARCEP-HADOPI : réponse à la tribune de Nathalie Sonnac et Pascal Wilhelm

samedi 29 septembre 2012 à 09:03

Pascal Wilhelm, avocat à la Cour, Wilhelm & Associés, chargé d’enseignement à Paris-Dauphine et Nathalie Sonnac professeure à Paris-2, directrice de l’IFP, Expert du Lab Hadopi « Économie numérique de la création », se sont cette semaine fendus d’un interessant billet d’humeur au sujet de la nécessité, selon eux, de fusionner au plus vite HADOPI, CSA et ARCEP. Une lecture assez divertissante que l’on pourra comparer au dernier opus de la série Scary Movie… une blague d’étudiant qui peut faire peur aux âmes sensibles, mais qui en touchera une sans faire bouger l’autre aux autres.

Il ne me viendrait pas à l’idée de remettre en question cette implacable logique, fruit de la réflexion commune d’

… qui permet d’aboutir à ce terrifiant constat :  #sapeupudurer, la France a un besoin impérieux d’une super giga haute autorité des intertubes.

L’argumentaire déroulé par les auteurs est pour le moins surprenant. Il tient d’ailleurs en un seul point :
« C’est comme ça que ça se passe ailleurs donc pourquoi on ne ferait pas pareil que tout le monde, regardez le Royaume-Uni et les USA ».

Ouais… un peu léger. C’est surtout faire preuve d’une grande méconnaissance du tissu numérique Britannique qui compte presque autant de fournisseurs d’accès Internet (environ 200) que la France ne compte de fromages, ou des USA qui en comptent presque 4000! … Là où la France en compte une dizaine de significatifs pour le grand public.

Si le nombre de FAI ne peut à lui seul pas expliquer qu’un pays décide de centraliser tous les pouvoirs, les plus paranoïaques d’entre nous se remémorent certaines institutions qui ont depuis fait marche arrière. C’est notamment le cas de l’Agence Tunisienne Internet qui aujourd’hui cherche plus à fragmenter ces pouvoirs qu’à les concentrer, suite aux dérives du régime Ben Ali en matière de surveillance massive des communications et de censure, dérives inhérentes à toutes structures de ce type.

Rentrons un peu dans le détail du texte, histoire de nous assurer que nos auteurs ont bien pris la mesure du monstre mutant pour lequel ils plaident.

« La France, qui s’illustre par un secteur audiovisuel et un secteur télécom très actifs, composés de très nombreuses entreprises, de toutes tailles, reste l’un des derniers pays à ne pas avoir unifié ses autorités de régulation. »

La première phrase pose le ton. On commence tout de suite par amalgamer deux industries, deux univers : l’industrie du divertissement et le réseau de tuyaux permettant la distribution et l’échange de données. Des données qui sont en majorité le fruit d’internautes et certainement pas le produit de l’industrie du divertissement. La suite de l’article est donc naturellement un plaidoyer sur l’art d’additionner des choux avec des carottes.

Tout de suite on notera le ton alarmiste « la France est le dernier pays »… Ah bon ? Première nouvelle ! Tous les pays sauf la France seraient dotés d’un organisme en charge de la régulation des contenus sur Internet. C’est un scoop ça. C’est surtout une erreur on ne peut plus factuelle que les auteurs tentent de nous faire naïvement gober. Continuons notre lecture…

« ARCEP pour les télécoms, CSA pour l’audiovisuel, deux autorités qui ont démontré depuis leur création une grande capacité à appréhender les enjeux et défis du secteur dont elles ont la charge. »

Cette phrase serait parfaite si elle n’omettait pas un mot :  »ARCEP pour les télécoms, CSA pour l’audiovisuel, deux autorités qui ont démontré depuis leur création une grande capacité à appréhender les enjeux et défis de leur secteur RESPECTIF. »

C’est après que les auteurs sombrent dans le pathétique, en mode supporter du PSG…

« Plus récemment la création de la Hadopi, largement vilipendé semble pourtant indispensable à la protection des œuvres et leur circulation sur la Toile. L’instance est d’ailleurs copiée chez nombreux de nos voisins. »

#HADOPISayBonMangezEn … Ben voyons. Il faut être animé d’une mauvaise foi à toute épreuve pour considérer HADOPI comme un succès quand on se penche quelques secondes sur son incroyable bilan.

Avec ça, il est évident que les pays du monde entier envient le notre. Comme quoi la réussite, ce n’est pas que faire n’importe quoi, il faut aussi et surtout le faire n’importe comment. Par exemple, en ouvrant des consultations une fois que le texte est adopté avec un paquet d’absurdités « étonnamment subtiles »… Les labs ils appellent ça.

Non contents de fonder leur raisonnement sur une absurdité dont les faits montrent le parfait contraire de ce que les auteurs tentent de démontrer, ces derniers poursuivent en introduisant dans leur raisonnement une énormité technique :

« Mais à l’heure où la convergence de l’audiovisuel et des télécoms est devenue une réalité, à l’heure de la prise unique pour le téléphone, la télévision et l’Internet, cette dichotomie entre les instances est-elle encore gage d’efficacité? »

Et c’est reparti pour un tour de convergence, un mot foutoir dans lequel on tente d’assimiler Internet à un média classique alors qu’il est la glue permettant la convergence d’autres médias. En confondant un fondement technologique disruptif indispensable (Internet) et ce qui en résulte (la convergence média), on tente de rabaisser le rôle d’Internet pour le cantonner à un média « classique ». Sauf que voilà, Internet c’est à peu près tout, SAUF ça..

C’est toujours compliqué de garder son calme quand on lit ce genre de choses. Disons pour faire simple que sans rien contester de l’expertise de Nathalie Sonnac en matière de produits culturels dématérialisables ou a Pascal Wilhelm en terme de monétisation matérialisable, la question ici posée, relative à la dichotomie des instances, est principalement liée à un fait : la télévision hertzienne et la radio sont deux médias centralisés où seuls quelques happyfews peuvent se targer d’avoir le droit de cité. Internet, lui, ne fonctionne pas spécialement de la même manière, encore une fois, ce sont les internautes qui créent et échangent des contenus et non un studio hollywoodien qui leur assène ses productions moyennant du temps de cerveau disponible. Réguler les contenus d’Internet, c’est réguler… LES INTERNAUTES. C’est réguler « le caractère fondamental du droit à la liberté d’expression et de communication » (considérant 11).

On passe maintenant aux comparaisons douteuses avec les instances anglo-saxonnes de régulation, l’OFCOM et la FCC.

« La France, parce qu’elle veut rester l’un des pays leaders des secteurs de l’audiovisuel et des réseaux en Europe, mais aussi dans le monde, a besoin d’une commission de régulation unique qui puisse discuter d’une seule voix notamment avec la puissante FCC Américaine, l’efficace OFCOM britannique, deux pays qui ont eux aussi des secteurs audiovisuels et télécoms dynamiques, de questions qui dépassent les frontières géographiques. »

Ni l’OFCOM, ni la FCC, ne comptent en leur sein un cancer comme l’HADOPI. Ni l’OFCOM, ni la FCC n’ont décidé de criminaliser les échanges non commerciaux de paire à paire. Petit détail qui tue, l’OFCOM et la FCC n’ont pas une dizaine de gus à gérer, il y en a 200 pour l’un et 4000 pour l’autre. Les auteurs tentent ici de nous faire passer HADOPI dans le lot, c’est quand même ça le plus hallucinant. Les compétences de l’OFCOM et de la FCC portent sur la régulation des contenus et des tuyaux, certes, mais ni l’une ni l’autre ne compte en ses rangs un bras armé chargé de surveiller les échanges sur le réseau Internet et de les réprimer. Aucune de ces institutions ne fait appel à une petite milice privée pour flashouiller les internautes, aucune d’entre elle ne s’est vue confier pour mission par un texte de loi de lutter contre les téléchargements considérés comme illégaux à la tête du premier octet dans un routeur.

Une fois que les auteurs ont fait le tour de leur argumentaire que l’on résume donc en deux points :

La conclusion, épique, tient en un lieu commun :

« L’union fait la force ».

S’en suit une affirmation qui a de quoi faire bondir quand on connait un tantinet les forces en présence et le lobbying sur-amphétaminé des moines copistes de DVD :

« seule une commission unifiée peut promouvoir la voix et la spécificité française aussi bien dans les domaines technologiques que de la création et de la protection des droits a l’heure de la TV connectée – point de rencontre parfait entre l’Internet et l’audiovisuel, qui pourrait représenter plus de 50 % des postes de télévision en 2014 et peut-être la totalité en 2016 – une régulation commune semble indispensable afin que les acteurs de la régulation des « tuyaux » prennent en considération les problématiques et les spécificités propres aux industries de contenus, et réciproquement ! »

Ne vous laissez pas endormir, le chiffre des 50%, c’est une diversion censée vous faire passer une énormité : l’amalgame de la régulation du contenu et du contenant.

Notre bordel bien français à nous, il se nomme « exception culturelle ». L’exception culturelle, c’est typiquement LE truc qui fait qu’en aucun cas, notre droit d’auteur, imprescriptible et inaliénable ne peut être comparé aux problématiques et aux protagonistes liés aux acteurs du copyright. Avec une ARCEP qui représente 10 fournisseurs d’accès… non allez, 5, et un CSA qui représente des milliers d’acteurs, on sent tout de suite une disproportion dans le rapport de force.

Mais lisons un peu mieux cette phrase, particulièrement ce passage :

« de la régulation des « tuyaux » prennent en considération les problématiques et les spécificités propres aux industries de contenus, et réciproquement ! »

Alors là, nous reconnaissons l’argumentaire dit Enrico, du nom d’Enrico Macias qui affirmait « c’est à Internet de s’adapter à nous les artistes et pas le contraire« . Les auteurs sont ils ici assez naifs pour penser qu’une technologie aussi discuptive qu’Internet, un bien commun fondé pour permettre aux personnes de communiquer, va volontairement entraver son développement au profit d’une caste d’imbéciles (celle ci s’adresse directement au monde de la musique) pleurnichards qui nous tanne depuis 15 ans. Si les auteurs pensent que c’est l’industrie de la culture qui apportera des modifications à Internet… comment dire… ils se fourrent allègrement le doit dans l’oeil. Nous sommes donc en droit de penser qu’il ne s’agit pas du tout de naiveté de la part de Nathalie Sonnac et Pascal Wilhelm. Ils ont probablement un autre intérêt à un tel plaidoyer… à moins que …

A moins que les auteurs ne regardent le doigt qui leur montre la lune :

« Dès lors qu’un seul écran réunit les fonctions du téléviseur, de l’ordinateur et de l’accès à internet, comment traiter séparément et avec des missions distinctes, des questions qui touchent ces secteurs, sans créer de cacophonie ? »

Ah ! Nous y sommes, voilà le ciment de l’argumentaire des auteurs : l’objet « écran ». C’est amusant car ils ne sont pas les seuls à penser écran = télévision = Internet… regardez bien, rien qu’à la lecture de ces mots, vous verrez qu’il y en a un seul qui porte une majuscule.

Définir l’écran comme vecteur commun, preuve irréfutable de l’impérieuse nécessité de créer une super méga giga haute autorité des Internets, n’a rien de technologique, il est principalement fiscal, nous avons largement débattu dans cet article que nos auteurs devraient d’ailleurs prendre soin de lire attentivement avant de nous resservir cette insipide marmelade de la « convergence ». Puis le festival continue, il faut à tout prix sauver le soldat HADOPI :

« La télévision est déjà sur Internet et Internet transporte déjà la télévision. Considérer que les questions de contenants n’affectent pas les questions de contenus est illusoire. La mission de l’ARCEP n’est pas celle du CSA et réciproquement et aucune de ces autorités ne traite les missions d’Hadopi ».

Comme l’ARCEP et le CSA ne sont pas fondés sur un truc aussi bancal qu’HADOPI, que diriez vous de défoncer un peu leurs fondations en y incluant une haute autorité fantoche basée sur un texte privateur de libertés fondamentales au profit d’une castes de cupides imbéciles qui appelle de tout son corps à  la mort de la neutralité du net, et au filtrage des contenus.

Ces propos ne seraient que pathétiques s’ils ne masquaient pas une dangereuse perspective esquissée juste ensuite par le biais d’un brillant exemple :

On l’a vu avec les élections présidentielles, le CSA ayant posé des règles strictes pour le déroulement de la campagne, mais ne couvrant pas Internet ces règles ont été largement bafouées et rendues inefficaces, le comble du ridicule ayant été les résultats des premiers et seconds tours, interdits d’antenne radio et télé avant 20 heures alors qu’ils circulaient largement sur les réseaux dès 18 heures ! Les JO de Londres ont offert un autre exemple d’inefficacité de régulation séparée, les médias traditionnels ne pouvant diffuser d’images sans les avoir acquises alors que les nouveaux médias en ont largement diffusé.

Nous y voilà ! Pascal, Nathalie ? Vous proposez quoi au juste ? Que le jour des élections présidentielles les fournisseurs d’accès ne soient tenus à l’obligation légale de bloquer les sites de presse belges et suisses  ? Sans être juriste, il me semble que ça risque de poser un ou deux problèmes légaux… vous en pensez quoi ?

CSA + HADOPI… le cocktail est détonnant. Avec, ça, les auteurs seront bien protégés face à ces fournisseurs d’accès Internet qui veulent leur mort :

« Émerge alors une concurrence déloyale entre les médias traditionnels et les opérateurs de l’Internet, avec des armes inégales pour les premiers. Seule une régulation unifiée, où les intérêts des uns et des autres devront être pris en compte à parts égales, permettrait de rendre aux médias traditionnels une plus grande équité. »

Une autorité ARCEP/CSA/HADOPI trouverait donc justification, il suffit de bien lire les auteurs de cet article, dans la défense des intérêts des créateurs face à ces voleurs de fournisseurs d’accès. Nathalie Sonnac et Pascal Wilhelm sont donc pour la paix dans les ménages, ils plaident pour l’unification dans le conflit. On sent tout de suite le truc qui peut échouer avec succès.

Unifions l’ARCEP, le CSA et l’HADOPI pour que le CSA et l’HADOPI fassent corps devant l’ARCEP et que tout ce petit monde s’entretue allègrement et foute la paix à Internet qui ne peut, techniquement, souffrir d’aucune régulation des contenus, sauf à centraliser dans un seul tuyaux tous les échanges, interdir le chiffrement, et déployer des trésors de connerie pour tenter de surveiller l’ensemble du trafic pour essayer d’arrêter l’océan avec les mains. Mais il y a aussi une petite subtilité escroquerie intellectuelle, que les auteurs de l’article publié sur le Cercle des Echos ne peuvent occulter. Ils le font cependant tout à fait volontairement. La poignée de fournisseurs d’accès Internet qui se partage le Net français ont une ENORME particularité face à leurs homologues anglais et américains pour poursuivre la pathétique comparaison faite par les auteurs. Nos FAI à nous, exception culturelle oblige, sont TOUS des producteurs de contenus :

Le reste de l’argumentaire des auteurs laisse subodorer le chaos si ce rapprochement ne se fait pas :

« comment s’assurer que la convergence des technologies ne rendra pas les missions de cette autorité totalement obsolètes ?  » (NDLR : du CSA)

Réponse courte : à l’heure d’Internet, la mission du CSA, est, PAR DEFINITION obsolète.

« Le CSA est le garant de libertés fondamentales.« 

Réponse courte : Le CSA est la seule autorité au monde qui est « le garant de libertés fondamentales » et qui appelle au filtrage des contenus sur Internet et à la mise à mort de la neutralité du Net, exception culturelle, qund tu nous tiens ! Nathalie, Pascal, sachez simplement que non, Reflets n’affichera JAMAIS aucun logo à la con imposé par le CSA ou l’HADOPI, que nous sommes loins d’être les seuls à nous opposer à toute tentative de régulation des contenus sur Internet.

Et c’est là qu’on sombre définitivement dans l’erreur confinant à la bêtise :

« Ensuite, parce que l’on ne trouve pas d’un côté des téléspectateurs et de l’autre des internautes, mais un ensemble de citoyens connectés en permanence, qui souhaitent accéder au plus grand nombre de contenus possibles, variés et de qualité, ce que permet Internet, devenue manufacture mondialisée de ces contenus »

Internautes, il semblerait que selon les auteurs tu n’ais pas encore compris qu’Internet est un média à flux bidirectionnel, que tu cherches à accéder à des contenus de qualité que SEULS des acteurs de l’industrie culturelle officiellement visés par le CSA et l’HADOPI et aux lien de consangunité avérés avec les FAI ne peuvent produire.

Toujours selon les auteurs, tout ceci ne serait qu’une question de proportionnalité :

« Faire la guerre au lance-pierre face à des fusils, construire des lignes Maginot, la France sait faire. Mais sur des secteurs aussi essentiels pour notre économie comme pour nos libertés individuelles, l’heure n’est plus à l’angélisme ».

Avec 2 HADOPIs, des amendes, des spams, des coupures de connexion Internet et un DELIT de CONTREFACON qui n’est JAMAIS sorti de la loi depuis HADOPI, ces pauvres producteurs de contenus commerciaux ne se sentent pas assez « armés ». Nathalie, Pascal ? Vous avez un programme nucléaire en cours ? On fait quoi ? On confie au CSA un gros bouton rouge et des routeurs de service DPI compliant pour traquer sur Internet tout ce qui n’est pas labellisé par le CSA ? Vers un Internet civilisé… la boucle est bouclée.

« la France doit parler d’une seule voix, aussi puissante que la FCC ou l’OFCOM.« 

Oui, mais la France, qui a inventé la commutation de paquets, a aussi et surtout le devoir de ne pas raconter n’importe quoi et d’être consciente qu’elle a avant tout besoin d’une réforme en profondeur du Droit d’auteur à l’ère d’Internet. Nier cet aspect de la problématique pour assoir un plaidoyer pour l’unification dans l’inutilité, c’est se rendre coupable de la petite mort de la culture française et du cloisonnement liberticide programmé par une telle fusion.

« Il faut aux secteurs réunis de l’audiovisuel et des télécoms un organe de régulation unique qui aura pour mission de protéger aussi bien le dynamisme économique du secteur des télécoms, que les droits attachés aux créations qui circulent sur internet, mais aussi les libertés fondamentales qui s’expriment grâce aux médias. »

Mais bon sang, qui et quand a décrété que l’industrie des telecoms et l’industrie de l’audiovisuel formaient une seule et même filière ? C’est cette conséquence technique qu’est la convergence d’un flux vers un tuyaux ? Ce raisonnement a autant de logique qu’assimiler la filière automobile à la filière goudron sous prétexte de l’existence des autoroutes !

« Cette fusion des autorités devrait être l’un des chantiers prioritaires du nouveau gouvernement »

Nathalie, Pascal ? Vous êtes sérieux là ? Vous ne pensez pas que notre pays a des chantiers un poil plus importants que de sauver la tête d’une autorité aussi risible HADOPI au risque d’en discréditer 2 qui ont fait leur preuves dans leur secteur RESPECTIF ?

Billets en relation :

flattr this!

Ecologie : si on arrêtait l’enfumage, deux minutes ?

vendredi 28 septembre 2012 à 17:25

(Ca devient très très agaçant les leçons d’écologies du XXIème siècle, leçons très décalées et souvent hors-sujet. Au fond, si l’on reprend un peu l’histoire et qu’on observe ce qu’il se passe aujourd’hui, est-il vraiment intelligent d’être « écologiste » ? Pas si certain…)

Au début des années 70 ils étaient pris pour des rétrogrades totalement abrutis : les hippies écologistes. Ils militaient contre le nucléaire, faisaient la promotion de l’agrobiologie (ainsi nommée à l’époque) et critiquaient la société de consommation. Les politiques, ainsi qu’une énorme majorité de la population se sont foutus de leur gueule jusqu’à que certain problèmes surviennent, mis en avant par des gens « sérieux » : les scientifiques. Problèmes que personne ne peut vérifier par lui-même, puisqu’à « l’échelle de la planète ».

Les problèmes en question étaient les gaz à effet de serre dans les années 90, puis le Co2 à partir des années 2006-2007 avec l’alerte émise par le GIEC et le film d’Al Gore « Une vérité qui dérange« . Là, d’un seul coup, le Français moyen qui sur-consommait de l’électricité, du fioul, achetait tout et n’importe quoi sans se soucier de l’origine des produits, de l’énergie consommé, des rejets polluants, s’est mis à vouloir « protéger la planète ». Les médias l’ont bien aidé : campagnes pour sauver la planète, grenelle de l’environnement pour sauver la planète, tee-shirt éthiques pour sauver la planète, préservatifs pour sauver la planète : enfin bref, la planète était en danger et le consommateur pouvait devenir « responsable ».

Whaaaaa, super : le développement durable et la consommation responsable. Des trucs géniaux, hyper bien pensés, qui permettent en réalité de vendre des concepts. Voyons voir ce qu’est l’écologie en 2012. Parce qu’entre environnementalisme, écologisme militant, mode de vie raisonné et enfumage à tous les étages, il y du grain OGM à moudre.

L’écologiste, ça trompe énormément (et plus encore)

Il y a des termes à bien connaître et à utiliser à outrance si vous voulez bien montrer votre implication dans le sauvetage de la planète, termes qui permettent votre propre mise en valeur, si possible, parce qu’être un sauveur c’est quand même toujours mieux qu’être un destructeur, n’est-ce pas ? Le premier est « énergie grise ». Ah, ça, c’est un truc tip-top : placez-le donc dans une discussion, vous verrez l’effet et la possibilité de donner la leçon à votre interlocuteur. Genre : « Oui, mais est-ce que tu as pris en compte l’énergie grise, hum…? » N’oubliez pas de faire une tête très concernée, avec les yeux un peu plissés, la bouche légèrement entrouverte. Ouais, si tu calcules pas l’énergie grise, t’es rien qu’un con. Mais c’est quoi ce truc au juste ? C’est wikipedia qui le dit :

« L’énergie grise est la quantité d’énergie nécessaire au cycle de vie d’un matériau ou d’un produit : la production, l’extraction, la transformation, la fabrication, le transport, la mise en œuvre, l’utilisation, l’entretien et à la fin le recyclage. Chacune de ces étapes nécessite de l’énergie, qu’elle soit humaine, animale, électrique, thermique ou autre. En cumulant l’ensemble des énergies consommées sur l’ensemble du cycle de vie, on peut prendre la mesure du besoin énergétique d’un matériau ou d’un produit. Cette connaissance peut guider ou renseigner les choix notamment en vue de réduire l’impact environnemental. »

Et c’est vrai, c’est ça.

Ce qui est génial avec cette invention de statisticien, c’est qu’à peu près plus rien n’est « écolo-compatible » tout « coûte » à l’ »environnement ». On crée plein d’énergie grise tout le temps. On tue la planète, en gros. C’est mal, très mal. Tu te fais une cabane en bois, et bien y’a de l’énergie grise : ta tronçonneuse, la fumée qu’elle dégage, ton mélange, le transport des rondins, la production de l’acier des clous, le transport des clous, la durée de vie de la cabane… C’est un truc dingue, parce qu’au final, on peut être plus écolo et moins dévoreur d’énergie grise en achetant un truc tout fait au supermarché du coin qu’en faisant soi-même. Avec à la clef une autre question : est-ce que l’urgence est vraiment avant tout celle de limiter les rejets de Co2 ou bien de conserver la biodiversité, participer à l’accueil des plantes, insectes exterminés par les pollutions chimiques ?

Il y aussi le terme « durable ». Tout doit être durable, comme le développement. Sauf que toute cette soupe écologiste de publicitaires qui renvoie chaque individu à un consommateur qui peut acheter pour le « bien de la planète » (acheter avant toute chose) n’est en aucune manière reliée à la réalité, à l’action concrète des individus sur le terrain, aux actes quotidiens respectueux de l’environnement, mais surtout qui permettent qu’un « environnement naturel « se maintienne dans un bon état et surtout perdure.

Paysan chasseur Vs Ecolo en ville

Les paysans, pas les gros industriels, mais les petits ou moyens, il en reste encore un peu, sont souvent chasseurs dans certaines régions. Ils vivent dans la « nature » et la jardinent. Certains mettent des pesticides dans leurs champs, des engrais chimiques, ce qui n’est pas très bon pour le vivant en général. D’autres ont choisi de se passer des produits chimiques ou de les réduire au strict minimum. Ces individus sont centraux à bien des égards, ils maintiennent l’écosystème, nourrissent la terre, les animaux d’élevage et la population humaine. Quant à la chasse, elle a deux vertus en général : nourrir les familles de chasseurs et réguler les espèces. Bien entendu, certains cercles de chasseurs sont de parfaits bouchers sans âmes qui comptent les points et sont de simples tueurs assermentés. Mais de nombreux autres sont de véritables amoureux de la nature qui exerce leur art avec éthique et jouent un rôle important. Les paysans ne revendiquent rien le plus souvent, ils vivent dans la nature, s’en servent, mais la protègent aussi puisqu’elle est leur garde-manger et leur outil professionnel. Ils connaissent très bien la nature. Très très bien.

De l’autre côté, il y a les écologistes. Difficile de les généraliser, mais pas mal de ses partisans le sont [écologistes] en ville, et se préoccupent « d’environnement ». L’écologiste moderne est « contre » plein de choses, mais pour autant, utilise la plupart du temps ces « choses ». Il est contre le nucléaire mais est électrifié chez lui à l’énergie nucléaire. Contre l’agriculture intensive, mais ne fait pas pousser de plantes. Il peut être pour sauver les abeilles, par exemple, mais n’a pas de ruches. La liste est longue, et la plupart du temps l’écologiste a pour vocation de donner la leçon : culpabilisation sur l’énergie grise, les produits bio, la défense de, l’interdiction de etc… Tout ça n’est pas sans intérêt, soyons bien clair, mais il manque quand même quelque chose, ce qu’on pourrait appeler une approche constructiviste, créative…et un accord entre parole et actes.

Un exemple pour mieux comprendre l’absurdité du système de pensée écologiste moderne : prenez une maison en campagne. Si elle est consommatrice d’énergie grise (à la construction par exemple), l’écologiste vous le reprochera. Mais que se passe-il si une maison parfaitement « écologique » (que l’écologiste applaudit) est plantée sur un terrain avec une pelouse bien tondue toute l’année pour seule activité ? Il se passera que cette maison ne créera rien en terme d’action bénéfique sur l’environnement, de biodiversité : elle n’aura servi qu’à contenter les statisticiens de l’écologie moderne. Si une maison moins « écologique « s’implante et que ses habitants se préoccupent de planter des espèces de plantes qui accentuent la bio-diversité, installent des ruches pour aider à la pollinisation, des vergers, etc… ?

On leur reprochera leur habitation peu « écologique » mais il n’y aura aucune préoccupation écologique établie pour le travail autour de la maison, qui lui est central. Et c’est là que se trouve la vraie préoccupation. Comme les paysans le font. Ce paradoxe est terriblement destructeur.

Les bons moyens de ne rien faire et se donner bonne conscience

Pendant qu’on mélange bien les choses au point de tout confondre en termes de discours sur l’écologie, (la consommation d’énergie n’est pas la première des préoccupations à avoir si l’on est un tant soit peu perspicace sur le terrain des problèmes écologiques) la réalité, elle, ne se gène pas pour venir nous rappeler qu’elle se moque des belles paroles. Les abeilles sont en train de crever en France, et leur rôle est central dans la pollinisation, donc la reproduction d’un maximum de plantes. Interdire le Gaucho, très bien. Mais il reste d’autres pesticides, sans compter des champs OGM qui peuvent aussi jouer un rôle destructeurs dans les essaims. La seule chose à faire aujourd’hui est d’adopter quelques ruches avec leurs essaims. En gros, faire. Les abeilles se portent très bien en ville, les citadins pourraient en installer sur leurs balcons. De la même manière, planter des variétés d’arbres, et autres semences anciennes a cent fois plus d’intérêt que de calculer ses rejets de Co2 et acheter une nouvelle voiture dite « verte ».

De nombreux discours viennent servir la cause de l’immobilisme : ceux des parleurs qui n’agissent pas, et ceux des consommateurs d’écologie qui se donnent bonne conscience mais n’amènent rien en termes d’actions concrètes dans « l’environnement naturel ». Et comme d’habitude, ce n’est pas en attendant que « le photovoltaïque soit plus performant », ou « que le gouvernement décide de faire quelque chose », ou que « de nouvelle techniques apparaissent » que les choses avanceront pour se déconnecter des centrales nucléaires, acquérir son autonomie énergétique. Pour ceux qui n’ont pas envie de participer au « grand n’importe quoi » moderne, qui peuvent aussi avoir envie de mettre, ne serait-ce qu’un peu d’accord entre les idées et les actes, il reste donc la solution d’agir. A sa petite échelle, sans aller calculer des taux de rendements et des coûts de matières premières à l’échelle planétaire.

Parce qu’il n’y a rien de plus facile que de rester immobile en prétextant que la solution individuelle ne peut s’appliquer à l’ensemble : c’est ainsi que rien ne change, que chacun attend que l’ensemble soit façonné pour l’individuel, et au final, que rien ne se fait.

Mais parler, théoriser est plus facile que d’agir concrètement.

Ce que l’écologie moderne a fortement tendance à faire. D’où sa crédibilité fortement mise en doute. Et son action, de plus en plus aberrante. Les mouvements de hacking au sens large, les hackeristes, ont un rôles à jouer dans cette invention d’une écologie concrète et constructive, c’est une certitude. Mais au delà de se fabriquer un sauna en faisant brûler du bois sous une baignoire de récupération :-)

Bonus, grâce au lecteur-contributeur Didier : ce clip excellentissime du rappeur Duval Mc…

 


Billets en relation :

flattr this!

CDO : Cupidité Dramatique Organisée

vendredi 28 septembre 2012 à 11:44

Comme promis, voici la suite de l’article sur les CDS. Le CDO (Collateralised Debt Obligation) a eu un rôle très important dans la crise dans la mesure où il a permis de revendre des CDS pourris en masquant leur contenu. Ça, c’est pour les effets qu’il a eu et que tout le monde lui reproche. Mais ce n’est pas son but premier ; reprenons donc depuis le début pour voir comment est créé un CDO.

Le but premier du CDO

Comme la plupart des produits financiers, le CDO a été créé pour répondre à un besoin (des acteurs financiers, hein :) ). Pour bien comprendre, il faut savoir qu’un des principaux aspects de la finance est d’assurer le risque à la place des autres (et de se faire rémunérer pour ça). Or pour assurer un risque, il faut aussi pouvoir le maîtriser. Et c’est précisément ici qu’entre en jeu le CDO. Son rôle principal est de transformer le risque pour le revendre de manière plus spécifique et ciblée à des investisseurs. Il est alors possible de revendre de manière séparée les parties les plus risquées (et très rémunératrices) à des fonds spéculatifs (Hedge fund par exemple) et les moins risquées à des investisseurs institutionnels (fond de pension par exemple).

La face technique du CDO

Transformer le risque d’un produit financier pour le rendre soit plus important soit moins important en fonction de la demande n’est pas une mince affaire… Comment s’y prendre? Supposons que je possède 100 CDS identiques mais indépendants (hypothèse simplificatrice). Ces CDS comportent un certain risque (qui dépend de la probabilité de déclenchement, du montant de la prime et du coût du dédommagement). Pour échelonner les risques, il est possible de simplement regrouper tous les CDS au sein d’un même panier et les revendre par « ordre de défaut ». Ainsi le premier sera le first-to-default. L’acquéreur de ce first-to-default sera en charge d’assurer le risque pour le premier CDS du panier qui fera défaut (peu importe lequel). Autant dire que le risque est alors très élevé puisque si un seul des CDS (sur 100) se déclenche, il en assurera pleinement les conséquences. Vient ensuite le second-to-default et ainsi de suite jusqu’à la fin de notre panier de CDS. Avec ce mécanisme, nous venons de créer, à partir d’un ensemble de CDS identiques, un échelonnement de risques avec des produits extrêmement risqués (first-to-default) et d’autres très peu risqués (last-to-default). Habituellement, on distingue trois tranches dans un CDO en fonction de leur risque : la tranche equity (les 3% du début) qui est la plus risquée, la tranche mezzanine (les 7% suivant) qui vient ensuite puis les tranches senior (les 20% d’après) et super-senior (le reste) qui sont les moins risquées.

Pour se donner une idée de l’échelonnement du risque, avec un CDO composé de 100 CDS ayant une probabilité p = 1% de se déclencher, le first-to-default aura une probabilité de se déclencher de 1 – ((1-p)^100) = 63,4% alors que le last-to-default aura lui une probabilité de p^100 = 10^-200 = 0.000…00001% (198 zéros à la suite) (si la probabilité qu’un CDS se déclenche était de 95% le last-to-default aurait une probabilité de 0.6% de se déclencher). On comprend donc facilement que les tranches hautes soient peu risquées même si le produit initial est très risqué. C’est ce qui leur a permis, entre autre (voir plus bas), d’obtenir la meilleure notation financière : le AAA.

construction d'un CDO

Construction d’un CDO

Un CDO, c’est pas si compliqué alors!

Effectivement, le principe de répartition de risque est facilement compréhensible. Ce qui est extrêmement complexe c’est d’une part de pricer (déterminer le prix) chaque tranche de CDO et d’autre part d’évaluer le risque d’exposition lorsque l’on achète une partie d’un CDO en fonction de la rémunération qu’il rapporte. Dans notre exemple, tous les produits étaient identiques et indépendants, le calcul est donc très simple. Mais si chaque produit est différent, le calcul devient très complexe. Ainsi, le risque de n’importe quelle tranche du CDO dépend directement de tous les produits contenus dans le CDO. De plus, il faut tenir compte des effets de corrélation entre les produits. La corrélation entre deux produits est la probabilité que si le premier se déclenche, le deuxième se déclenche aussi. S’ils sont identiques les deux se déclencheront d’un coup. Il peut, en outre, y avoir des liens plus ou moins évidents (si ce sont deux assurances sur des entreprises françaises, une crise française peut les affecter tous les deux). Il est extrêmement difficile de déterminer les corrélations entre produits financiers. Dans la pratique chaque banque établit de manière empirique un tableau de corrélation entre les grandes institutions, les multinationales et des évènements pour en tirer des indices de corrélation (étude historique et économique des acteurs et de leurs réactions vis à vis évènements).

Le problème des CDO

Contrairement aux CDS, il est assez aisé de voir le problème que posent les CDO : il est impossible de savoir précisément ce que l’on achète ou ce que l’on vend. Il n’est pas toujours aisé de savoir ce que contient un produit financier, comment il se comporte et quels sont les risques qui lui sont liés, alors imaginez si ce produit financier se retrouve parmi toute une gamme d’autres produits aussi complexes et différents… C’est tout simplement impossible -que ce soit pour le vendeur ou pour l’acheteur ! Le seul repère que possèdent les acteurs financiers pour avoir une idée du risque qu’ils prennent est la note attribuée par les agences de notation. Leur rôle est donc majeur dans cette affaire. Mais comme l’explique très bien Jean de Maillard dans son livre, l’Arnaque, elles ne sont pas d’une objectivité à toute épreuve. Extrait p214 et suivantes :

Or, la structuration des produits dérivés dépend entièrement de la façon dont ces produits sont notés. A tel point que les banques sollicitent les agences de notation comme « conseils » lors de la structuration de leurs titres, juste avant que les mêmes agences, qui ont participé à leur élaboration, ne leur attribuent une note. Autrement dit, le conflit d’intérêts est patent alors que, par ailleurs, il est souvent reproché aux agences de ne pas disposer de la capacité technique d’évaluer correctement les produits financiers forts complexes qui leur sont soumis. Mais le conflit d’intérêt est rarement puni. La seule forme sous laquelle on en retrouve une interdiction dans l’ensemble des pays est celle du « délit d’initié », mais il n’existe que dans les marchés boursiers. Dans les autres domaines, et notamment celui de la notation, il n’est qu’une indélicatesse ô combien répandue dans les milieux financiers.

Comme le dit le très prudent, très consensuel et très financièrement correct « Rapport sur la crise financière » remis par René Ricol au président de la République en septembre 2008 : « Les principales erreurs reconnues par les agences elles-mêmes font ressortir un défaut de prise en compte de l’environnement dans les modèles de notation, une insuffisante adaptation de la notation des produits en fonction de leur évolution et une évolution des canaux de distribution des prêts où les particuliers n’étaient plus protégés par les banques centrales. » Qu’en termes élégants ces choses-là sont dites ! En termes plus crus on se contentera de traduire que les particuliers sont abandonnés à tous les requins de la finance, derrière la mascarade des notations. De simples erreurs d’appréciation ? En tous cas, le rédacteur du rapport n’y a pas vu la malice bien qu’il relève lui-même juste après ce constat que « les commissions payées pour la notation initiale sont calculées comme un pourcentage du montant émis et liées à la complexité de la transaction. Les commissions pour les produits financiers structurés sont donc conçues pour augmenter avec le montant des opérations ainsi qu’avec la fréquence des émissions. Ces commissions s’apparentent à des « success fees » car elles ne sont payées que si l’opération est réalisée. » Faut-il le dire plus clairement ? Les agences de notation, dont dépendent entièrement l’émission et le volume des produits financiers dérivés, sont payées à la commission pour valider par charretées entières ces produits toxiques qui ont envahi toute la planète et auxquels elles ne comprennent elles-mêmes pas grand-chose. Plus ils sont compliqués, moins elles comprennent, mais mieux elles sont payées.

Que dire de plus ? Tout est fait pour que les plus toxiques des produits soient notés avec la meilleure note et que cette note soit le seul et unique repère. D’autant plus que pour les spéculateurs, qui achètent et revendent à tour de bras, peu importe ce qu’ils achètent, du moment que les prix suivent leurs prévisions (ils achèteront le sac de merde à 1 millions d’euros s’ils pensent pouvoir le revendre avec une marge !).

Dans la pratique

On peut faire des CDO un peu tout et n’importe quoi et pour des objectifs très variés. Mais l’imagination des financiers ne s’arrête pas là ! Puisqu’il s’agit avant tout de spéculer, il faut simplement trouver quelque chose, lui attribuer un prix, puis parier si celui-ci va monter ou descendre. Peu importe si cet objet a un sens ou pas. Par exemple, pour les CDO synthétiques : des CDO de CDO. L’incompréhension de ce qu’on achète est alors totale, mais qu’importe, seule compte la spéculation.

Billets en relation :

flattr this!

Ta mère en string sur Facebook : tu l’as vue ma contradiction ?

mercredi 26 septembre 2012 à 14:14

C’est marrant tous ces commentaires à propos du « réseau social » de Mark Zukerberg et des théories diverses et variées qui fleurissent pour la défense ou non de ce « truc » ayant capturé presque un milliards d’abrutis qui passent un temps infini à tenter d’exposer leur misérable personne un peu plus chaque jour.

Restons sérieux : Facebook est au départ un machin d’adolescent, fait pour permetter à des étudiants de s’échanger des blagues potaches et des photos de soirées arrosées. Le potentiel commercial de la bestiole s’est révélé un peu par hasard avec l’arrivée massive d’entreprises ou de stars qui y ont vu une aubaine. Mais l’objectif de de ce modeste article n’est pas de faire ou défaire l’histoire de Facebook : non, il serait plutôt de remettre les pendules à l’heure. Parce qu’à force de balancer des déclarations binaires pour défendre le réseau social de Mark Zukerberg à tout crin, on en vient à vraiment raconter n’importe quoi.

Facebook est un portail captif

Le monopole, là est toute la substance moelle de ce type d’outils du net : si vous estimez qu’un réseau mondial, enrichi (pour beaucoup bénévolement) par des millions de contributeurs depuis des décennies peut se retrouver capté sans problème par une seule entreprise qui organise la vie numérique en ligne de ses milliards d’adhérents en faisant absolument tout pour qu’ils ne sortent plus ailleurs sur la toile et restent consommateurs de leur outil (celui de l’entreprise en question), alors vous êtes simplement contre la diversité. Et ce qui fait un écosystème viable c’est justement la diversité.

Que l’outil soit « formidable », « extraordinaire », ait « une puissance inégalée en termes de communication » n’est pas la question : iriez-vous défendre une chaîne de télévision tellement « captivante » qu’elle aurait une audience de 70 ou 80% de téléspectateurs qui se mettraient à la regarder deux fois plus de temps qu’auparavant ? Si elle était publique, la majorité viendrait crier à la propagande d’Etat, au stalinisme audio-visuel.  Facebook est un portail captif, ce qu’avaient rêvé de créer Microsoft ou AOL à la fin des années 90. Et comme l’entreprise Facebook ne vend rien en tant que tel, la question de sa viabilité financière se pose, et avec elle, l’utilisation de son unique produit : les données personnelles des adhérents.

Facebook : l’aboutissement de la dictature du marketing

La démarche n’est pas très compliquée, il suffit d’ouvrir un peu les yeux et d’accepter ce que l’on croit être une « bonne chose » ou une « mauvaise chose ». Si vous estimez que les grandes multinationales sont une bonne chose pour l’humanité, que leurs profits démesurés et distribués (en premier lieu) à leurs actionnaires est une évolution positive, si vous pensez que le marketing en ligne, le ciblage publicitaire des internautes par l’utilisation de toutes les données qu’ils laissent au cœur d’un système, est normal, alors vous avez totalement le droit de défendre Facebook.

Mais dans le même temps, vous ne pouvez pas crier au scandale des licenciements boursiers, des délocalisations et autres casses sociales organisées par les entreprises mondiales et mondialisées. Si vous défendez Facebook, vous défendez la mondialisation néo-libérale, la lutte pour les profits maximums, les méthodes les plus agressives du marketing, et au final ce qui est appelé la dictature du marketing. Que l’on peut aussi nommer « dictature de l’argent ».

La règle qui prédomine est donc celle du « cerveau disponible » que TF1 avait inventée en son heure, et dans le cadre de Facebook, celle des « cerveaux et des données disponibles« . Tout ceci est donc une histoire de choix personnel des individus au sein de la société dans laquelle ils évoluent.

Apprécier la publicité, la compétition capitaliste sans limite est quelque chose de partagé depuis des décennies, cela a même été la règle jusqu’à il y a peu. Mais des « petites choses « un peu embrassantes sont apparues dans cette voie, et pouvoir la critiquer est même devenu possible sans se faire traiter de « sale communiste ». Dingue.

Ta mère en string, ton père à poil, et toi ?

On peut refuser de se poser des questions, comme avec tout sujet. Décider qu’il n’y a pas de problème, que tout est normal. Mais dans le cas de Facebook, la prison numérique sur laquelle nous proposons, à Reflets , que ceux qui y sont, puissent faire connaître nos publications (nous n’allons quand même pas priver les prisonniers de Facebook de lire Reflets sous prétexte que nous ne sommes pas nous même dans la prison) il y a quand même des questions très dérangeantes. La première est l’aspect autoritaire de l’outil : comment peut-on accepter que des médias, comme Lemonde.fr, par exemple,  demandent à leurs lecteurs de continuer des articles sur Facebook via leur compte ? Ne pas posséder de compte Facebook serait donc un handicap pour s’informer ?

Facebook propose de partager des données de manière « publique » ou « privée » et utilise ces données à des fins commerciales : refuser d’être pisté n’est pas possible ? Mettre sa vie sociale en ligne est dangereux, c’est une évidence, et pourtant des millions d’individus le font. Et ils ont l’air contents de le faire. Si tu vois ta mère en string sur Facebook via un faux compte d’ami que ta mère n’a pas vérifié, tu vas faire la gueule. Mais toi, pourquoi es-tu sur Facebook, au juste ? Pour rester en relation avec les autres ? Ah oui, c’est ça : tu es seul, et tes amis sur Facebook te donnent l’impression d’être en relation. Il n’y a pas d’autre issue. Ou bien tu as peur que professionnellement tu puisses être un peu « has been », ne pas être assez au courant des derniers trucs si tu ne suis pas les dernières infos sur les murs de ceux qu’il faut avoir comme « ami ». Bon. Bien. Et si tu contactais tes amis, tes vrais amis, pour discuter autrement, via un forum ou un  blog ? Trop nul, trop has been ?

Et bien pas grave, reste sur Facebook : assume ta contradiction, continue à cautionner le système monopolistique qui gave les actionnaires rentiers et affame les 99% de la population. Mais un truc quand même : en dehors de Facebook, ne viens pas revendiquer pour le respect des libertés ou la neutralité du net. Ca vaut mieux…

Billets en relation :

flattr this!

Facebook : une palanquée d’abrutis

mardi 25 septembre 2012 à 14:43

Alors…? Bug, pas bug ? Les messages privés se sont-ils affichés sur les murs publics d’utilisateurs ? Franchement… La réponse a-t-elle la moindre importance ?

Il y a maintenant un bout de temps, j’expliquais chez nos amis d’OWNI que Facebook était très largement surévalué par des investisseurs toujours aussi stupides, prêts à refaire les mêmes erreurs que par le passé (la bulle Internet). Je ne me trompais pas puisque l’introduction en bourse du réseau a été une des pires de l’histoire. Les gogos qui ont cru aux chants des sirènes (Forrester et autres Gartner ou banques conseil), en sont aujourd’hui pour leurs frais.

Passé l’engouement pré-introduction, les financiers qui semblaient tout d’un coup avoir une vision claire, expliquaient doctement que l’entreprise n’avait pas les moyens d’engendrer les profits espérés. Et de donner toutes sortes d’exemples pertinents.

Au delà des chiffres, une bonne connaissance du monde Internet suffisait pour le dire. Ce réseau est, en vrac :

Internet est un outil sans pareil pour la diffusion des savoirs, la mise en réseau de l’humanité. Un moyen pour cette dernière de s’élever et de se transformer. Facebook est probablement le plus gros frein posé sur ce chemin depuis l’apparition du Web avec, peut-être, les Skyblogs.

Vous avez entre les mains un outil sans pareil. Appropriez-vous cet outil, publiez. Ne laissez pas une société commerciale s’approprier votre production. Sans quoi, votre création est entre ses mains. Le jour où l’entreprise disparaît (et cela arrivera, tout est cyclique, rond, dans l’univers), votre production disparaitra avec elle.

Créez votre propre maison sur Internet, maîtrise-en les portes, les fenêtres, les murs, le toit, les fondations. Cela ne coûte pratiquement rien financièrement et cerise sur le gâteau, vous maitriserez votre déco et vos contenus…

Ceux qui viennent se plaindre aujourd’hui d’avoir vu des messages privés s’afficher dans une partie « publique » (s’ils existent) ne subissent que ce qu’ils ont créé eux-mêmes. Donner ses petits secrets à une entreprise commerciale est une démarche aussi stupide que de les inscrire sur un mur dans une rue, en signant en bas (ne pas oublier d’inscrire son numéro de téléphone et son mail en bas).

Fermez vos comptes Facebook et décentralisez !

 

Billets en relation :

flattr this!