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Haut Karabakh : le jardin noir du Caucase

mercredi 24 novembre 2021 à 16:50

Un an après la guerre du Karabakh, un "accrochage" fait 15 morts

A l’automne 2020 il avait suffi de six semaines pour que l’armée azerbaïdjanaise, suréquipée, écrase les forces arméniennes. A la fin des hostilités, les Russes ont installé checkpoints et force d’interposition. Aujourd’hui, les Arméniens reconstituent leur stocks d’armes, et les Azéris continuent de parader. Et d’un coté comme de l’autre, les déplacés, les « réfugiés de l’intérieur », continuent de payer l’habituel tribut des civils à la guerre. Reportage.

Safiqa Rustamova et son fils Arzu avec le portrait de l'ainé, disparu pendant la première guerre du Karabakh © Isabelle Souquet - © Reflets

Pour se rendre dans le Haut Karabakh, mieux vaut passer par l’Arménie. Venant de France, - terre d’accueil d’une grande partie de la diaspora - et en tant que journaliste, on y est plutôt bien accueilli. Coté azerbaïdjanais, l’hospitalité est sensiblement différente. Il faut accepter d’être pieds et poings liés, cornaqués en permanence par des agents du gouvernement. Mais parfois, pour pouvoir faire un reportage il faut accepter d’être « embedded » littéralement « au lit » avec la puissance invitante. Des confrères l’ont fait avec l’armée américaine en Irak, d’autres pour pouvoir aller passer une tête en Corée du Nord. L’Azerbaïdjan n’est pas inaccessible, mais il reste impossible d’y travailler ouvertement comme journaliste sans être dûment accrédité, et à Bakou, accréditation égale « embeddment ».

J’ai tenté l’expérience. Après tout, je suis une journaliste indépendante, je n’ai de compte à rendre à personne si je ne « ramène » rien comme reportage, j’en serai alors juste un peu de ma poche. Et puis, aller voir ce qui se passe – même sur invitation - permet de raconter éventuellement que l’on ne vous laisse rien voir, quand c’est le cas. Ou de dire que l’on n’est jamais forcé d’accepter la relecture d’un papier avant publication. Et, finalement, qu’il y a toujours quelque chose à sentir, quelque chose qui filtre, même en dictature.

La toute première image qui frappe en arrivant à l’aéroport Heydar Aliyev de Bakou – du nom de feu le président azerbaïdjanais - c’est la...

Greenfucking

mardi 23 novembre 2021 à 10:02

Après le bilan décevant de la Cop 26, il faut inventer un nouveau mot

Le cynisme politique atteint des sommets tels, que les mots existants ne suffisent plus pour le décrire

6 novembre 2021 - COP26 Global Day of Action - Photo Roo Pitt - Wikipedia - CC BY 2.0

Du «bla bla bla», c’est ainsi que Greta Thunberg qualifiait le bilan de la Cop 26. Clairement, la bouteille du «Pacte de Glasgow» adopté le 13 novembre est plus vide que pleine. Alok Sharma, le président britannique de la conférence mondiale pour le climat, avait les larmes aux yeux en commentant l’accord et il s’est dit «profondément désolé».

Limiter le réchauffement climatique à 1,5C prévu dans les accords de Paris: pas garanti.

Aider les pays pauvres déjà victimes du réchauffement climatique: refusé. Les pays riches s’étaient déjà engagés à soutenir les pays pauvres au travers d’une aide climat de 100 milliards par an à compter de 2020. Ils n’ont pas tenu leurs promesses et parlent désormais d’une aide à partir de 2023.

«Élimination progressive» du charbon: refusé. L’Inde a exigé que l’on parle d’une «réduction progressive». Il faut dire aussi que 503 lobbyistes du charbon, du pétrole ou du gaz hantaient les couloirs et représentaient en taille la première délégation internationale!

Relever les engagements de réductions des émissions de gaz à effet de serre plus régulièrement que prévu dans l'accord de Paris: oui, mais il peut y avoir des aménagements pour «circonstances nationales particulières». Autant dire que les États ne vont pas manquer d’inventivité pour ne pas remplir leurs obligations.

Le terme «greenwashing» a été inventé pour désigner cette technique abondamment utilisées par les entreprises et les gouvernements qui consiste à parler en utilisant...

Le géant de la biométrie Idemia tisse sa toile

samedi 20 novembre 2021 à 13:51

Son pourvoir augmente à mesure qu'il engrange vos données personnelles.

Si la pandémie a freiné l’économie, elle a révélé des opportunités dans le domaine de la biométrie. Au fil des contrats que l’entreprise Idemia décroche partout sur la planète, parfois de manière douteuse, son pouvoir se concentre inexorablement. Mais, au-delà de cette réussite commerciale, l'industrie du contrôle et de la surveillance pose la légitime question de la sécurité du dispositif, et donc de la protection des données personnelles collectées... au nom de la sécurité.

La biométrie est à la mode... - Image Pixabay

Une nouvelle société du tout-numérique se dessine chaque jour plus distinctement. Au sein du marché de la biométrie, le leader autoproclamé de « l'identité augmentée » Idemia, enchaîne les contrats parmi une multitude d’autres acteurs. Derniers en date: la carte eSIM nouvelle génération compatible avec les réseaux 5G pour l’automobile connectée; des cartes SIM 5G pour le principal opérateur de télécommunications de Singapour, M1 Limited, ou sa technologie de reconnaissance faciale MFACE pour contrôler l’identité des voyageurs en partance depuis l’aéroport d’Oakland en Californie. Mais ces récents contrats ne sont qu’une infime partie de l’œuvre tentaculaire du géant de la biométrie. D’après Mathieu Rigouste, chercheur indépendant auprès de la plateforme enquetecritique.org, «Idemia profite du développement continu du business des frontières, des catastrophes et des grands événements.» Son pouvoir se concentre à mesure qu’il tisse sa toile sur la planète et que ses baies de stockage engrangent vos données personnelles.

Les solutions numériques sont là pour nous protéger. Idemia ne cesse de le marteler. Son vice-président chargé de l’Afrique, Olivier Charlanes ne déclarait-il pas lors d’un entretien accordé à Jeune Afrique en 2018: «Notre société vend de la sécurité, donc de la confiance». Mathieu Rigouste rappelle qu’«Idemia était l'un des principaux sponsors du Milipol 2021, salon mondial des industries militaro-sécuritaires françaises organisé par le ministère de...

Olivier Doire se bat pour que le meurtre de son frère soit élucidé

jeudi 18 novembre 2021 à 11:55

Une émission de télévision pourrait relancer l’enquête sur cette affaire datant de 1995

À l'époque du meurtre l'enquête s'était complètement enlisée et finalement, personne n'avait été inquiété. De nouveaux éléments redonnent espoir au frère de la victime dont la vie a été totalement bouleversée.

Olivier Doire, dans le documentaire Cold Case, à la recherche du coupable.

Une émission de fait-divers contribuera-t-elle mettre fin à un énigme vieille de vingt-six ans? L’unique émission de Cold case, à la recherche du coupable diffusée sur C8 le 9 mars pourrait avoir fourni des éléments permettant d’élucider le meurtre de Christophe Doire, un jeune homme de 28 ans, marié et père de famille, sauvagement tué près de Vichy. Selon nos informations, les gendarmes sont venus saisir l’intégralité des images tournées pour l’émission. Contacté en juillet, Christophe Neveu, le procureur de Cusset, confirmait que «de nouvelles investigations sont en cours» et qu’il réservera ses premières déclarations à l’avocate de la famille Doire. Mais depuis, Olivier Doire, frère de la victime, n'a toujours pas eu la moindre nouvelle.

L’affaire remonte au 16 décembre 1995. Ce soir-là, Christophe est venu regarder un match de football chez son frère cadet, Olivier. Il repart chez lui vers 23H30 au volant de sa voiture. Personne ne le reverra vivant. L’enquête révélera qu’il est repassé chez lui.

Le 17 décembre au petit matin, Françoise, la mère de Christophe découvre son véhicule abandonné sur un parking de Cusset, à trois kilomètres de son appartement. La Renault 18 est ouverte. Mais aucune trace de son fils. Et puis, étrangement, la façade de son autoradio est présente alors que Christophe ne s’en sépare jamais de peur qu’il ne soit volé. On retrouve aussi son fusil de chasse dans l’habitacle. Prise d’un mauvais pressentiment, la famille signale sa disparition...

Souriez, vous êtes manipulés !

mercredi 10 novembre 2021 à 18:40

Un livre brosse le portrait de vingt « maîtres de la manipulation »

David Colon enseigne l’histoire de la propagande et des techniques de la communication persuasive à Sciences-Po Paris. Son dernier livre nous fait entrer dans le laboratoire de la « fabrique du consentement ». Il montre que plus la technicité des moyens de communication est grande, plus fort sera l’impact des messages délivrés.

Les maîtres de la manipulation, un siècle de persuasion de masse, Tallandier, 2021

Ils sont publicitaires, cinéastes, lobbyistes, ingénieurs, – américains pour la plupart d’entre eux, les États-Unis étant dans ce domaine, souligne David Colon, « l’atelier du monde » – , tous ont pour point commun d’avoir forgé ou utilisé des outils pour influencer l'opinion, voire même pour modifier ses décisions, en fonctions d’intérêts économiques ou politiques. Ces personnalités n’ont pas été choisies au hasard. Elles réunissent plusieurs – au moins trois – des quatre critères qui définissent selon l’auteur un maître de la manipulation : « L’intention de manipuler les masses dans un but précis », « La capacité de le faire à grande échelle, La volonté d'entreprendre une démarche de science appliquée », « produire un effet mesurable ». Pour que la persuasion puisse produire ses effets, il faut que ces critères puissent s’articuler les uns aux autres, sous l’action combinée des « principes tirés de la psychologie » et « des nouveaux médias ». Et quand s'invitent des événements historiques tels que deux guerres mondiales censées combattre différents périls, dont celui du spectre totalitaire, tous les moyens d'influence semblent alors permis.

Que s’agit-il de défendre ? Relevons, comme le fait remarquer avec pertinence David Colon dans chacun de ses portraits, que ce n’est pas la promotion des grands idéaux – démocratique en particulier – qui justifie dans l’histoire récente l’interventionnisme des magnats de la communication. Certes, c’est ce qui est bien...