PROJET AUTOBLOG


Reflets.info

source: Reflets.info

⇐ retour index

Temps de vie de l’annonce de Mario Draghi ? Une journée…

mercredi 12 septembre 2012 à 09:59

La semaine dernière, Mario Draghi annonçait un rachat « illimité » de dette à court terme de l’Italie et de l’Espagne pour faire baisser les taux de ces titres. Euphorie généralisée. D’ailleurs, les taux baissaient drastiquement. Jusque pas loin de 5% pour l’Espagne. Tout le monde saluait, Le Monde en tête, le courage de Super Mario. Las… le temps de vie de l’annonce semble avoir été très court.

Annoncé vendredi 7 septembre, le plan Draghi semblait, dès lundi, battre de l’aile. Les taux de la dette espagnole à court terme remontaient et les CDS sur cette dette repartaient en flèche.

En conditionnant l’aide de la BCE à l’acceptation par ces pays d’une plus grande austérité, Mario Draghi pensait « rassurer » les marchés sur la pérennité des effets de son plan. Les pays en question deviendraient miraculeusement vertueux.

Patatras… Aide « illimitée » et « sous conditions » sont deux choses qui ne vont pas bien ensemble en termes d’effets sur les marchés. Il leur fallait juste le temps d’intégrer cela. C’est fait.

Car l’Italie et l’Espagne ont dès le début de la semaine expliqué que finalement, elles n’allaient peut-être pas demander l’aide en question, qui déclenche plus d’austérité. De fait, avec des taux en baisse, les politiques des deux pays ont cru pouvoir s’en passer (de l’aide, et donc, de l’austérité, si mauvaise pour leur business : les élections).

Les marchés n’apprécient pas et comme ils ne sont toujours pas désarmés, ils le font savoir.

Mariano Rajoy va donc continuer à tergiverser jusqu’à ce que les taux de sa dette à court terme reviennent aux alentours de 7%, ce qui ne devrait, en toute logique, pas tarder.

 

 

 

Billets en relation :

flattr this!

L’homme qui donnait plus, et moins (le mercredi c’est soufi)

mercredi 12 septembre 2012 à 08:57

Inqilabi a dit :
« Je suis allé voir de nombreux maîtres. Tous étaient vénérés de leurs disciples, tous je les ai vénérés.

Puis j’ai trouvé un maître différent. Il me dit tant de choses que je n’ai jamais imaginées qu’il me parut surpasser tous les autres en générosité.

Quand j’atteignis, avec son aide, à l’entière connaissance du secret, je me rendis compte que tous les autres avaient été bien plus généreux : ils m’avaient dit tout ce qu’ils savaient. Mais cela avait été utile en apparence, non en réalité.

Générosité sans substance est grandeur d’âme, pas subsistance.

Pourquoi ne me donnait-il pas encore plus de ce qu’il avait ?

J’aurais pu l’accuser de parcimonie, si je n’avais compris à la fin qu’il m’avait guidé correctement, en me donnant peu par rapport à ce qu’il y avait : comme un on instruit un enfant. Il m’avait donné le nécessaire, non le remarquable. »

(Récits des Sages d’Orient – Idries Shah – Collection soufisme vivant – Editions le courrier du livre)

 


Billets en relation :

flattr this!

Hackers, hacktivistes : de simples agents du chaos

mardi 11 septembre 2012 à 21:54

Samedi, Reflets est allé parler d’hacktivisme avec Frédéric Bardeau de l’agence Limite, de leur devenir et surtout de ce qu’ils devraient, selon lui, être. Cette émission de radio sur France Culture rebondissait sur une interview de Frédéric Bardeau dans les colonnes de Reflets. Yovan Menkevick, auteur de l’interview vous entretient souvent du soufisme.  Profitons de l’occasion pour parler de chinoiseries…

Pour Frédéric Bardeau, les hacktivistes manquent de culture politique, ont des égos surdimensionnés et rechignent à partager leur savoir, supposément hors du commun, de manière intelligible, avec « les gens ».

Les hacktivistes ne sont qu’un « groupe » dans un ensemble. Ce groupe, composé d’une foule d’individus ne sont que le reflet de la société dans laquelle ils s’insèrent. De fait, ce groupe est composé d’éléments qui peuvent être membres d’autres groupes (un jardinier qui devient hacktiviste le soir en rentrant par exemple) et qui font nécessairement partie de l’ensemble global. On trouvera donc assez logiquement, en proportion, autant de cons dans le groupe « hacktivistes », d’égos surdimensionnés, d’ignares politiques, que dans d’autres groupes (cafetiers, secteur de la communication, politiques, plombiers,…) ou que dans l’ensemble global. L’inverse étant vrai également. On trouvera dans un groupe autant de personnes avec une forte culture politique, un ego normal, etc. que dans le groupe global…

L’existence d’un groupe qui ne comprendrait que des sheng ren  (homme sage) chers à Lao Tseu est donc fort improbable.

Passons maintenant au fait que les hacktivistes n’auraient pas réussi à mettre en place une organisation leur permettant de s’exprimer d’une seule voix.

L’hacktivisme n’a pas d’autre choix que de changer de posture et de s’aligner sur les modèles récents qui ont, eux, démontré leur succès d’ailleurs complémentaire : Anonymous et Wikileaks d’une part, et les indignés et Occupy de l’autre. Assange et la bannière constituée par Anonymous, les mouvements Occupy et Indignés via Internet et parfois avec l’aide d’Anonymous et des hackers, ont eux réellement réussi à prouver leur puissance à transformer le paysage politique et médiatique au niveau international, à réellement changer les choses. Parce qu’ils ont touché le grand public et les médias mainstream, parce qu’ils ont créé de nouvelles conditions de possibilités : plus rien ne sera comme avant.

Vraiment ? Des groupes de ce genre, il y en a eu. Moins visibles, c’est certain. Des guerres entre groupes avec des dox,, tout ça c’est du déjà vu. Occupy ? C’est une très bonne chose. Ont-ils changé la politique ultra-libérale façon explosion à la dynamite

Prenons à nouveau appui sur Lao Tseu :

Avec la droiture, on gouverne le royaume ; avec la ruse, on fait la guerre ; avec le non-agir, on devient le maître de l’empire47.
Comment sais-je qu’il en est ainsi de l’empire ? Par ceci.
Plus le roi multiplie les prohibitions et les défenses, et plus le peuple s’appauvrit ;
Plus le peuple a d’instruments de lucre, et plus le royaume se trouble ;
Plus le peuple a d’adresse et d’habileté, et plus l’on voit fabriquer d’objets bizarres ;
Plus les lois se manifestent, et plus les voleurs s’accroissent.
C’est pourquoi le Saint dit : Je pratique le non-agir, et le peuple se convertit de lui-même.
J’aime la quiétude, et le peuple se rectifie de lui-même.
Je m’abstiens de toute occupation, et le peuple s’enrichit de lui-même.
Je me dégage de tous désirs, et le peuple revient de lui-même à la simplicité.

« Wu wei » (non agir), plutôt que de parader dans la presse via une quelconque « organisation », même Lao Tseu est pour. Or, dans le genre communiquant de première bourre, Lao Tseu se pose là. On parle encore de lui alors qu’il n’a peut-être même pas existé. Aaahh… la mystification façon chinoiseries… Les arts martiaux chinois en sont truffés. Mais revenons à nos hacktivistes, nos hackers et leur « groupe » :

Dire « les hackers » ou, « les activistes », en globalisant, cela n’a pas de sens. Il est difficile de tenter de définir la scène des hackers/hacktivitses. C’est un groupe mouvant, avec ses fausses (et vraies) valeurs, des gens avec des egos énormes, #oupas. Elle est internationale. Historiquement (je suis un vieux con, ce qui me permet de replacer les choses dans une échelle temporelle longue) il y a ceux qui parlent (comme L0pht, cDc, le CCC, etc.) et ceux qui ne parlent pas (ADM).

En juillet 2002, Kitetoa.com dissertait sur le concept de « scène des hackers » (un terme largement utilisé par la presse) en expliquant qu’elle n’existait pas.

Aujourd’hui, dix ans après, les mêmes questions sont reposées (dans l’interview de Frédéric Bardeau) avec les mêmes visions globalisantes et partant, simplistes.

Chaque membre de l’ensemble, et donc, du groupe « hakers » et / ou « hacktiviste » est un agent du chaos. Ce chaos global qui nous sert de décor. Un groupe en soi ne fera pas bouger le système. C’est chaque action ou non-action de chaque agent qui fait évoluer l’ensemble.  Et qui peut savoir dans quelle direction ? Peu importe d’ailleurs. Les choses se mettent en place d’elles-mêmes.

Ce qui manque à l’hacktivisme c’est une coalition, une coordination, une méta-structure qui permettrait de dépasser les égos et les « orgas » pour parler d’une voix plus puissante, plus représentative

Vraiment ? La structuration d’agents du chaos aussi différents les uns des autres ne peut aboutir qu’à une perversion de la structure ainsi crée. Les sociétés dites démocratiques ne sont généralement in fine que des oligarchies. Celle-ci ferait exception ? Par quel miracle ?

A-t-on envie d’avoir quelques personnes qui parlent pour les autres ? Qu’obtiendra-t-on ? La société au sens large s’en portera-t-elle mieux ? Rien n’est moins sûr. D’autre part, les « hackers » ou les « hacktivistes » ont-ils vocation à sauver le monde de tous les maux qui l’accablent ? Plus que les politiques ? Plus que les médecins ? Plus que les chauffeurs de taxi ? Plus que les bouchers-charcutiers ?

Le datalove me paraît une gigantesque fumisterie car là encore cela refuse toute politique, toute polarisation : les datas ne sont pas neutres, elles ne peuvent pas être libérées en soi sans penser aux conséquences. Derrière ce vocable pseudo-hippie il n’y rien de construit, rien d’autre qu’un cri de ralliement pour bobos ou irresponsables : libérons les données privées aussi, libérons les données stratégiques et les lieux des infrastructures SCADA, libérons… Il est interdit d’interdire la libération des données ?

Les leaks et le datalove sont deux choses différentes. Mais passons sur ce détail. Le leak massif est-il quelque chose de mal en soi ? Oui, il peut faire des dégâts, le sujet à été évoqué à propos de Wikileaks et d’Antisec ces derniers temps. Mais il n’est en fait qu’un un serpent de mer existant depuis l’apparition du Net avec les pro « full disclosure » (Bugtraq) et les pro « obscurité » (vous noterez le nom de ce groupe qui s’était constitué contre le full disclosure…).

Rien de neuf sous le soleil.

En portant à la connaissance du public de manière abrupte et violente le fait que leurs données ne sont pas protégées -et que cela peut être « dangereux », certains « hackers / hacktivistes » participent à une forme d’éducation du public. Est-ce si dommageable ?

Billets en relation :

flattr this!

OpStayinAlive S01E04 : en attendant Godot

mardi 11 septembre 2012 à 21:28

Précédemment dans OpStayinAlive : Gandi envoie un mail au webmaster de Kitetoa.com pour lui signaler qu’Abuse a été saisi en raison de données supposément erronées dans la base Whois. Dans les épisodes précédent, nous apprenions qu’une avocate, voulant transmettre un  document, avait mis en péril l’existence des noms de domaines gérés par le webmaster de Kitetoa.com. Selon elle, Kitetoa.com hébergerait des « contenus illicites ».

Des mois ont passé. La boite aux lettres suisse reste vide de tout courrier provenant de Merav Griguer. De même que celle de mon domicile. Est-elle mon Godot ?

J’avoue être plongé dans un abîme de perplexité.

Gandi a rangé dans un tiroir son mail à Abuse. Kitetoa.com est toujours en vie sur le Web. Mais pour ce qui est de l’ « acte juridique » promis… C’est le désert des Tartares.

Soyons clairs, je préfère cela. Un procès est toujours quelque chose de fastidieux, de coûteux et son résultat peut être aléatoire.

Bien entendu, dans le cas précis, mes chances de gagner (pour une pseudo publication de contenus illégaux) sont proches de 100%. Je fais toujours très attention à ce que je publie et dans quelles conditions je le fais. Mais tout de même. La curiosité est là, quel contenu était visé ? Qui, caché derrière Merav Griguer voulait faire disparaître des contenus de mon site ? Cela reste un mystère et visiblement, à moins que Merav Griguer soit très lente (ce dont je doute), nous ne le saurons probablement jamais.

Je te vois venir ami lecteur : « Eh, Oh, Kitetoa, tu as bien une idée quand même, alllleez, lâche le morceau ».

Et bien non. Désolé. Le nombre d’article qui pourraient mettre en colère une personne ou une entreprise, et même un gouvernement, publiés sur Kitetoa.com est tel (de 1997 à 2011 tout de même), qu’il est impossible de  dire précisément qui pourrait vouloir faire retirer des contenus.

Bien entendu, il y a quelques personnes qui ont déjà exprimé publiquement le souhait que des pages disparaissent. Mais de là à qualifier leur contenu d’illégal, on en vient presque, dans leur cas, à regretter un procès … dont l’issue aurait pu être dramatique pour la partie adverse.

L’OpStayinAlive est donc un succès, pour l’instant, puisque Kitetoa.com est toujours en ligne, ainsi que tous ses contenus que je vous invite à relire. Avec le décalage temporel, il y a quelques histoires assez amusantes et instructives.

L’équipe de la série tient à remercier Merav Griguer sans qui le suspens n’aurait pas été ce qu’il a été, son ou sa client(e) mystère qui a permis quelques tranches de rire pour les lecteurs et  surtout, Roger Harth pour les décors.

Mention spéciale aux Bee Gees pour la bande son et à John Travolta pour le style, la gomina, le peigne et le déhanchement.


Billets en relation :

flattr this!

L’écran de fumée de Mario Draghi

mardi 11 septembre 2012 à 21:22

C’est touffu, long et généralement bien écrit et assez pertinent, « Things That Make You Go Hmm » est une lettre publiée par Grant Williams, un analyste.

Sa dernière livraison revient sur l’annonce de Mario Draghi. Point intéressant, il souligne que depuis des mois, les décideurs européens s’efforcent de concentrer notre attention sur des points de détail qui nous évitent de voir ou de réfléchir à l’ensemble de la problématique. La dernière annonce ne déroge pas à cette règle, selon Grant Williams. Et sa conclusion est assez pessimiste :

The simple reality is this: The Eurozone is absolutely unworkable in its present form and, if those in charge of it don’t decide on their own that it needs to be reworked, then markets will make that decision for them. If and when they do, it will be anything but ‘manageable’.

Ce qui est gênant dans ces quelques lignes, ce n’est pas que l’Europe ne s’en sortira pas sans modification profonde de sa façon de fonctionner, c’est ce qui est dit ensuite : « … alors les marchés prendront la décision pour eux. S’ils le font, alors elle sera tout, sauf gérable« .

C’est désormais à peu près clair dans la tête de tout le monde, les politiques et Mario Draghi gagnent du temps. Ils tentent de sauver un système (pas la zone euro, mais bien un système) qui ne peut l’être. Le surendettement, l’ingénierie financière ont creusé la tombe du système. Lorsque l’on « gagne du temps », on ne s’attaque pas aux racines du problème. Dire que si les politiques ne font rien, les marchés le leur feront payer, c’est valider l’idée que l’on ne considère même pas l’éventualité de s’attaquer aux racines du problème.

Car si l’on désarmait les marchés, ils n’auraient pas la possibilité d’imposer quoi que ce soit.

Spain will need a bailout that will dwarf those given to Ireland and Greece, the Greeks will have to be cut loose and forced to return to the Drachma and governments will fall right across the continent before this is settled, bringing the kind of political instability and strength amongst extreme parties that hasn’t been seen since the dark days of the 1930s—a return to which the Eurozone was ironically designed to specifically prevent.

Tiens, on dirait que des analystes tout ce qu’il y a de plus sérieux sont aussi pessimistes que le Professeur Philippulus. C’est inquiétant. Non ? Il en pense quoi Super Mario ?


Billets en relation :

flattr this!