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JO 2024 : le prétexte sécuritaire #1

jeudi 11 avril 2024 à 10:51

Une occasion idéale pour répondre aux différents besoins de l’État

Issu d'une étroite collaboration entre la filière industrielle sécuritaire et le ministère de l'Intérieur, un programme en vue des JO 2024 a permis de tester en dehors de tout contrôle démocratique une centaine de dispositifs. Que contient ce programme, quelles innovations ont été testées, et par quelles stratégies l'industrie de sécurité s'organise-t-elle pour déployer ses produits dans notre quotidien ? Réponses dans cette série d'articles.

À Milipol, l'État fait la démonstration de son savoir-faire - © Reflets

L’artiste auteur de l’affiche officielle des JO 2024 dévoilée le 4 mars semble avoir voulu intégrer dans son œuvre tous les symboles possibles de cette 33ème olympiade. Dans un décor joyeux et haut en couleur — censé représenter tous les lieux des sites de compétitions olympiques —, les citoyens et sportifs sont mélangés et disséminés dans de somptueux gradins, amphithéâtres et terrains de jeux animés, où s’entremêlent des ponts et des édifices majestueux entourés de quelques luxuriants jardins à la française. L’eau, représentée à la fois par la Seine et l’océan, occupe presque un quart de l’illustration, exprimant un sentiment de douceur et d’apaisement. L’univers artistique est indiscutablement féérique, presque poétique. Mais il subsiste une ombre importante au tableau. On ne trouve pas la moindre trace des 35.000 policiers, 18.000 agents de sécurité privée, ou des 10.000 soldats de l’opération Sentinelle qui seront déployés chaque jour de compétition. Aucun périmètre de sécurité antiterroriste comme le prévoit la Loi SILT, d’escadrons de CRS en action, d’équipes du GIGN, de la BRI ou du RAID n’apparaissent. Ni caméras de vidéosurveillance ou hélicoptères, ni tireurs d'élite en stationnaire, ni drones, ni même le moindre petit centre de commande n'ont été représentés.

En se portant candidat et en remportant l’organisation de ces jeux, l’État français s’est lui-même créé un défi sécuritaire titanesque : 15 millions de visiteurs attendus dont 1 à 2 millions d’...

Reflets wants you !

mercredi 10 avril 2024 à 11:17

Dessous Choc #18

Pour que nous puissions continuer à vous informer de manière libre et indépendante, soutenez le financement de nos nouveaux outils d’aide à l’investigation. Dans ce numéro de Dessous Choc, Antoine Champagne, le rédacteur en chef de Reflets nous explique, dans le détail, le sens de cette campagne exceptionnelle d’appel aux dons.

Très concrètement, nous avons besoin d’investir dans un nouveau serveur, beaucoup plus puissant ; de salarier quelqu’un pour assurer sa maintenance, sans parler des autres frais (hébergement ou juridique). Au total, cela représente un budget de plus de 60 000 euros dont 20.000 ont déjà été prélevés sur les fonds propres de Reflets… Il nous reste donc 40.000 euros à trouver.

Ce nouveau matériel nous permettra non seulement d’engranger encore plus de données sensibles sur ce serveur, de les indexer grâce à nos logiciels pour pouvoir faire de la corrélation. Mais aussi, pourquoi pas, de mettre en commun ces documents avec d’autres médias d’investigation comme nous l'avons fait avec StreetPress et Blast pour les DeahiLeaks. Sans nos outils les DrahiLeaks n'auraient pas donné lieu à une telle série d'enquêtes.

Pour qu’une information libre et indépendante, portant sur des sujets d’intérêt général, ne soit pas écrasée par les artifices de la communication, vous avez les cartes en mains ! Aidez-nous à la mesure de vos moyens. Chaque don compte !

Participez à notre cagnotte sur J’aime l’Info

Méandres ou la rivière inventée

lundi 8 avril 2024 à 10:59

Interview de Marie Lusson, sociologue des sciences et autrice de documentaire

S'appuyant sur le travail de thèse de Marie Lusson, notre précédant article questionnait les pratiques de restauration écologique des écosystèmes endommagés. En 2023 et dans la suite de son travail, elle a publié un documentaire qui continue d'explorer notre rapport à la nature qui nous entoure. Entretien.

L'Hérault, grand acteur du documentaire, à la tombée de la nuit. - © Marie Lusson

Notre article, « Au chevet des rivières », faisait le constat d'une nature fracassée, de mondes disparus et de l'illusion du retour en arrière. Il montrait les tâtonnements des écologues et des entrepreneurs de restauration, d'une science de la restauration « en train de se faire », d'une prise de conscience politique encore loin des enjeux.

Depuis l'obtention de sa thèse en 2021, Marie Lusson n'a pas lâché son sujet d'étude et y a donné une nouvelle impulsion. En 2023, elle publie un documentaire intitulé « Méandres ou la rivière inventée ». Un documentaire qui embarque le spectateur sur un radeau lancé à la descente du fleuve Hérault. Un film onirique, ouvrant une fenêtre sur de nouveaux univers en s'appuyant sur le travail des scientifiques de terrains, véritables explorateurs de cette nouvelle science dont nous avons tant besoin.

Pour continuer à creuser ces questions, nous sommes allés à sa rencontre. Interview.

Se laisser embarquer dans un voyage, plus proche et plus en connexion avec nos écosystèmes. - Marie Lusson
Se laisser embarquer dans un voyage, plus proche et plus en connexion avec nos écosystèmes. - Marie Lusson

Reflets : Depuis l'obtention de ta thèse en 2021, tu n'as pas chômé. En 2023, tu publies un documentaire: «Méandres ou la rivière imaginée ». Ce n'est pas une chose courante qu'une doctorante prolonge ses recherches par la publication d'un documentaire. Tu nous en dis un peu plus sur tes intentions derrière ce projet ?

Marie Lusson : Pour être reconnu par ses pairs, un...

Citoyens, c’est la guerre !

mercredi 3 avril 2024 à 19:10

Mais pas celle que vous croyez

Les princes qui nous gouvernent enchaînent les échecs économiques. Mais leur égo étant ce qu’il est, impossible pour eux de se remettre en question. Un ministre qui a plus de facilités à filer la métaphore sur les anus – le fameux renflement brun- qu’à mettre en œuvre des politiques macro-économiques a donc annoncé une guerre contre les plus faibles. C’est un choix de société qui devrait inquiéter tout le monde, y compris les classes les plus élevées de la population.

Le ministre de l'Économie n'est pas très au point en macro-économie

Ceux parmi vous qui ont suivi nos enquêtes sur les DrahiLeaks le savent, « la fin de l’insouciance, la fin de l’abondance » annoncées par Emmanuel Macron en août 2022 c’est pour les autres. Pas question pour le président de se l’appliquer à lui-même ou mieux, de demander à ses amis milliardaires ou chefs d’entreprises de prendre en compte ce nouveau paradigme. De fait, un peu moins de deux ans plus tard, le président a validé l’idée que deux de ses costumes voyagent sur un siège dédié, en première classe, pour aller l’attendre au Brésil. Alors que ses costumes volaient à 10.000 mètres d’altitude dans un confort de première classe, son gouvernement officialisait une guerre initiée il y a plusieurs millénaires contre les plus démunis, contre les plus faibles. L’abondance, l’insouciance, ce ne peut pas être pour tout le monde. Pour que certains puissent continuer à en profiter, il faut que d’autres se serrent la ceinture. Les classes les plus privilégiées, le « système » (lire également ici) est en guerre contre les autres. Pour la mener, le « système » a un besoin impérieux des politiques, quel que soit leur bord. Démonstration par l’exemple…

Le monde dans lequel nous évoluons a brutalement changé au mitan des années 70. En privilégiant un certain nombre de postulats (comme le fait que les marchés financiers seraient efficients ou que l’économie devrait être « dérégulée », les pays développés ont lâché la bride et mis en place un environnement juridique permettant...

Le projet secret de Patrick Drahi pour rentabiliser ses investissements dans Sotheby’s

lundi 25 mars 2024 à 16:00

Comment rembourser les 3,7 milliards dépensés

En s’offrant pour 3,7 milliards d’euros la maison de ventes aux enchères Sotheby’s, Patrick Drahi s’offre une stature internationale. Mais l’homme d'affaires a aussi un plan pour rentabiliser son investissement.

La maison de ventes aux enchères a ouvert de nouveaux horizons au milliardaire - © Caroline Varon

17 juin 2019, coup de tonnerre dans le milieu feutré de l’art : Patrick Drahi rachète la maison de ventes aux enchères Sotheby’s. Pour 3,7 milliards de dollars, le milliardaire s’ouvre une porte sur un monde très fermé. Déjà collectionneur, Patrick Drahi devient l’égal de François Pinault, propriétaire de Christie’s. En surpayant Sotheby's (qui ne dégage alors qu’un chiffre d’affaires de 1,04 milliard de dollars et un bénéfice net de 109 millions), il s’offre surtout un carnet d’adresse et une stature internationale. Mais même si l'achat est très largement affaire de prestige, l'homme d'affaire prépare en coulisse un plan pour rentabiliser, à terme, l'investissement.

Sotheby's à Londres - Zeisterre - Wikipedia
Sotheby's à Londres - Zeisterre - Wikipedia

Comme toujours, avec Patrick Drahi, le montage financier pour racheter Sotheby’s est assez complexe. Pour la galerie, une présentation simplifiée à été livrée aux médias. Le milliardaire explique investir « aux côtés de sa famille ». Il offre aux actionnaires une prime de 61 % sur le cours de l’action (par rapport à son plus haut de l’année 2019) en les achetant 57 dollars. Le financement repose sur de la dette (principalement BNP Paribas) et 400 millions en fonds propres qu'il récupère en cédant avant fin 2019 environ 2,5 % d’Altice USA.

En réalité, pour racheter Sotheby’s, Patrick Drahi et ses conseils habituels vont mettre en place un plan d’ingénierie financière complexe. Un document du cabinet d'avocats et de fiscalistes Mayer...