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La fin de l’empathie : critique du monde connecté et de l’esprit du temps

dimanche 29 septembre 2013 à 11:49

Commuters use their smartphones as they ride in a bus leaving Manhattan through the Lincoln Tunnel in New York

 L’esprit du temps est un concept très difficile à décrire, et rempli de pièges. Comment définir une orientation générale des mentalités, une forme de pensée commune à une population, à un ensemble d’individus au sein, ne serait-ce que d’une nation ?

Le principe de « classes sociales » a pu faciliter la « prise de température » d’une société, en écoutant les préoccupations, désirs, problèmes ou revendications d’ensembles sociaux connus au périmètre bien déterminé. Aujourd’hui, rien n’est plus faux : il n’y a plus (ou presque) de classes sociales. Le principe des 99% développé par le mouvement Occupy en est une parfaite illustration.

Nous sommes donc une masse informe d’individus de ce que l’on nomme la classe moyenne. Chacun au sein de cette classe sociale globale ne peut plus (ou ne ressent plus le besoin de) se définir par une histoire particulière, un héritage de luttes au sein de l’ensemble des individus qui la composent. La classe moyenne est grise : elle ne défend rien, n’active aucun combat particulier, vote indifféremment à droite ou à gauche, voire alterne son vote, ne cherche rien d’autre qu’une seule chose, essentielle dans le système économique et politique : consommer. Si ce constat était déjà en partie effectif il y a 15 ans, la différence majeure entre l’état d’esprit de cette classe globale des 99% qui se joue aujourd’hui et hier, est la connexion : l’accès à une consommation de masse par le réseau mondial.

Connexion et désertion du réel

drive

Par commodité de sens, le réseau mondial Internet sera nommé le monde connecté, et tout ce qui ne passe pas par le réseau, le monde réel. Un chien, un chat qui jouent devant soi font partie du monde réel, comme réparer sa voiture, ou jardiner. Afficher une photo de chien ou de chat, regarder ou conduire une voiture avec un navigateur internet, acheter des légumes en ligne ne font pas partie du monde réel : il y a entre l’individu et « l’objet » (le chat, le chien, les légumes), une machine, qui traite une demande et l’affiche de façon déterministe. Le monde réel n’est pas ainsi : l’individu est directement raccordé aux « choses » qui l’entourent, et est en obligation de les « traiter » par lui-même : on ne  peut pas fermer par un clic de souris le berger allemand qui nous attaque.

Le monde connecté modifie le rapport que chacun entretient au monde réel. Aux autres individus. De façon importante. La communication entre humains passe désormais en majorité par le monde connecté. De moins en moins par le monde réel. Via des messages courts (sms, twitter), des pages Facebook, des mails, irc, ou liaison audio. Dans chacun de ces rapports entre humains dans le monde connecté, une chose est absente : le corps. La présence physique. La réalité de l’autre. Si chaque partie du monde réel est basculée dans le monde connecté, comme la tendance générale l’indique, cela signifie que de moins en moins d’interactions humaines surviennent. Les « supermarchés-drive » amorcent cette tendance (vous commandez en ligne, vous arrivez avec votre véhicule et vos courses sont chargées dans votre coffre), les achats en ligne livrés à domicile la confirment : une tomate devient un objet qui apparaît chez soi, comme un livre, une console de jeux, voire un être humain spécialisé dans les services sexuels.

 La grande ruée

90s

Une majorité d’individus du monde connecté plébiscite ces modes d’échanges, pousse à ce qu’ils se généralisent. Au delà des explications classiques et matérialistes pour expliquer cet engouement à l’égard du monde connecté, qui se résument à la facilité, la rapidité, l’économique ou la possibilité de consacrer du temps à autre chose que des actions de basse besogne (comme faire ses courses), d’autres schémas existent. Ils sont vastes et sont d’ordre sociaux, économiques, politiques et psychologiques. Un ouvrage n’y suffirait pas. Mais décrire un tant soi peu ces schémas n’est pas inutile si l’on veut tenter de  comprendre un peu mieux ce qu’il se joue dans cette deuxième décennie du XXIème siècle.

Le facteur social est important, puisque l’on a vu des millions de personnes s’équiper d’appareils jusque là réservés (par leur prix et leur utilité très circonscrite) à des catégories professionnelles particulières, plutôt élevées dans la société. L’usage des téléphones portables a été réservé plusieurs années durant à des hommes ou femmes d’affaires, des ingénieurs ou personnels spécifiques : le prix des appareils, leur utilité concrète n’attiraient pas le reste de la population. Comme les ordinateurs et Internet. Puis le marketing s’est décidé à vendre au plus grand nombre ces appareils et tout ce qui allait avec. La ruée s’est produite en un temps éclair : l’élévation sociale était au cœur de ce processus. Comme quelques décennies auparavant, l’automobile était devenue un objet d’ascension sociale, de démonstration de sa réussite, de sa modernité au sein de la société.

Ainsi la classe moyenne est-elle devenue technophile, plus particulièrement auprès des objets technologiques de communication. Ceux qui vous projettent dans le monde connecté, là où vous êtes un autre, ou tout du moins autant ou plus que les autres. Les aspects économiques et politiques sont évidents dans le schéma marketing classique, ils ne seront pas traités ici. Reste le facteur psychologique, dont l’importance est immense. Au point qu’il détermine de façon majeure les autres pans de la désertion du monde réel vers le monde connecté. Peut-être permet-elle aussi de mieux comprendre la situation actuelle  du monde réel ?

Je est au centre du monde connecté

final

La civilisation occidentale moderne et post-industrielle, dont le moteur est constitué par la maximisation des profits dans une économie financiarisée et globale a une unique préoccupation : le client final. Le marketing mondial a besoin que ce client soit partie-prenante du processus d’achat, qu’il défende les produits, les services qu’il achète. Le meilleur moyen pour y parvenir est de le mettre au centre de l’ensemble de la chaîne. Le monde connecté est idéal pour ce faire, puisque chaque individu qui y vit en est le centre. L’existence du connecté n’est plus conditionnée par des attributs physiques ou sociaux qui dans le monde réel pourraient le desservir, ses compétences, capacités réelles peuvent y être extrapolées. Je est au centre du monde connecté : sensation de maîtrise,  de puissance, exploration de la multiplicité des personnalités inhérentes à l’individualité humaine,  le Je a, dans le monde connecté une place unique dans l’histoire de l’humanité. Mais ce Je ne connaît plus l’empathie. Par force, puisque l’empathie n’existe que dans le monde réel.

C’est à partir de ces constats que l’esprit du temps peut s’analyser, tout du moins en partie. Avec les possibilités inouïes mais aussi ses limitations sévères. Lorsque la question du « pourquoi n’y a-t-il pas plus de réactions face à l’incurie politique et économique » se pose, observer les fonctionnements des 99% dans le monde connecté n’est pas sans intérêt.

L’étincelle demande de l’empathie

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Comment des être humains qui passent les trois quarts de leur temps dans un monde où la réalité physique est bannie peuvent-ils envisager de se liguer ensemble contre quelque chose qu’ils cautionnent et plébiscitent quotidiennement ? Le journaldugeek a sorti un (publi)reportage sur Amazon lors de l’ouverture d’un entrepôt de la dite entreprise aux pratiques staliniennes. Extase du rédacteur (et journaliste amateur) à la vue de l’efficacité d’Amazon, commentaires dithyrambiques des connectés, qui via leurs commentaires affirment leur envie goulue de s’emparer des objets technologiques visionnés.

Le système économique (et par ricochet, politique) en place n’a rien à craindre : l’esprit geek consumériste a envahi les esprits d’une classe moyenne  ultra connectée, prête à payer plus de la moitié d’un smic pour « penser différemment » (sic) à l’aide d’un téléphone dix à cinquante mille fois plus puissant que les ordinateurs qui ont envoyé les hommes sur la lune et permet d’afficher ses préférences. Une classe moyenne qui n’a plus d’autre objectif que d’échapper au monde réel et ne ressent, pour sa plus grande part, aucune empathie. Le monde réel serait-il si difficile qu’on veuille le fuir à ce point ?

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La gauche et la droite décomplexées sont dans un bateau…

mercredi 25 septembre 2013 à 22:11

papy-voise

C’est une sorte d’incontournable depuis 2002 : lorsqu’une élection pointe le bout de son nez, les politiques enfourchent leur cheval de bataille de circonstance, la délinquance. Comme les politiques ne font pas les choses à moitié, les dérives sont généralement bien appuyées. Souvenez-vous, en 2002, deux jours avant l’élection présidentielle, l’affaire « papy Voise ». Elle passera en boucle sur toutes les ondes. Plus près de nous, la droite « décomplexée » de Nicolas Sarkozy se lâchait. Les exemples de dérives sont légion pour cette époque-là. Des tests ADN pour le regroupement familial à la fameuse tirade de Brice Hortefeux : « Quand il y a en a un, ça va… C’est quand il y en a beaucoup qu’il y a des problèmes! » en parlant des Arabes, la liste est sans fin.


Quand Brice Hortefeux dérape par lemondefr

Le concept de « droite décomplexée » a été lancé par un groupuscule de l’UMP, « la Droite Libre » fondée notamment par Arnaud Dassier, fils de l’ancien patron de l’information des chaînes du groupe TF1. Ce courant fera office de passerelle entre la droite UMP et l’extrême droite.

Nicolas Sarkozy s’est approprié ce concept de décomplexitude : nous n’avons pas à avoir honte de ce que nous sommes. A tel point qu’il a cru pouvoir récupérer l’électorat FN en s’appropriant ses codes et ses dérives. Sans grand succès sur ce point toutefois. En revanche, il a réussi à banaliser la parole raciste, xénophobe et à enfoncer des coins massifs dans le pacte républicain qui nous unissait.

Il n’est plus « inconcevable » d’entendre un homme politique dire que Hitler n’a pas fini le travail en parlant des Roms. Ou un François Fillon, artisan de la politique de Nicolas Sarkozy, dire sans le dire qu »il pourrait voter FN, soulignant qu’un homme politique du FN pourrait être moins « sectaire » qu’un homme politique du PS…

Tout au plus assiste-t-on à une indignation de façade qui ne dure que le temps de vie médiatique de l’événement. Une fois la presse passée à autre chose (et cela va très vite), plus personne ne s’indigne.

Il n’est plus inconcevable d’entendre un ministre de l’Intérieur de gauche comme Manuel Valls dire, à propos des Roms que «ces populations ont des modes de vie extrêmement différents des nôtres et qui sont évidemment en confrontation»…

Pourquoi n’est-ce plus inconcevable ? Parce que le pacte républicain est brisé. Auparavant, si un citoyen pouvait concevoir et accepter que tout le monde ne vive pas de la même manière, et le tolérer, ce n’est plus le cas.

Prenons un exemple. Un bourgeois versaillais qui habite un bel hôtel particulier ne vit pas de la même manière qu’un prolétaire du Nord de la France. Est-ce grave ? Cela crée-t-il une « confrontation » ?

Manuel Valls, à gauche (décomplexée), n’est pas seul à désigner les Roms à la vindicte populaire. A droite (décomplexée) Nathalie Kosciusko-Morizet estime que les Roms « harcellent les parisiens« . Rejointe également par Jean-François Copé : « On ferme les yeux au gouvernement français sur ce qui est en train de se passer dans le pays, la violence que l’on constate. On le voit à travers les comportements des Roms, par exemple à Paris. C’est extrêmement grave et ça m’amène à vous dire la chose suivante: il est hors de question que la Bulgarie et la Roumanie entrent dans l’espace Schengen tant que ce problème ne sera pas résolu au niveau européen« .

Sans l’attendrissement de la viande réalisé par Nicolas Sarkozy, l’acceptation de ces sorties par une majorité de la population, c’est à dire bien au delà des frontière de l’électorat FN, n’aurait pas été possible. Continuer à élargir le cercle des racistes et xénophobes, juste après le déferlement d’homophobie que vient de connaître la France, est irresponsable et profondément coupable. Les votants FN ne voteront ni PS ni UMP sous prétexte qu’ils disent la même chose que les dirigeants du FN. En revanche, le niveau de haine monte. Dangereusement.

Il ne faut pourtant pas pas désigner de coupables. Ce ne sont ni Manuel Valls, ni Jean-François Copé ou l’ineffable Nathalie Kosciusko-Morizet qui sont coupable. Les coupables, ce sont l’ensemble des hommes politiques qui tolèrent ces dérives. Le président de la République en tête, lui qui est garant de la Constitution (La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances, par exemple). C’est aussi l’ensemble de la population qui, par paresse, par faiblesse, accepte ces propos, ne s’en offusque pas au point de descendre dans la rue ou refuser leur vote à ceux qui les profèrent.

Une Maskirovka bien utile

Les Arabes, les Roms, les aliens, tous ces « étrangers », sont un écran de fumée bien utile pour les politiques à la veille d’une élection. La droite instrumentalise les impôts pour préparer les élections ? Sortons une petite polémique qui masquera le désormais fameux « ras-le-bol fiscal » monté en épingle par la presse. Cela masquera aussi la profondeur de la crise économique et financière qui nous réserve encore tant de surprises désagréables.

Prenons les Roms qui angoissent tant nos politiques ces jours-ci. Les Roms (si tant est qu’il s’agisse d’un ensemble cohérent), ce sont 8 à 10 millions de personnes en Europe dont 2% seraient des gens du voyage, nous explique Wikipedia.

En France, où l’on ne peut théoriquement pas créer de fichiers ethniques, on estime le nombre de Roms à environ 1,2 million. Sur ce total, la France, qui fiche les gens du voyage avait délivré 160.000 titres de circulation en 2006. Les gens du voyage n’étant pas, aux yeux de la république, des citoyens comme les autres, elle leur impose de pointer dans les commissariats.

Mais affinons la définition de « Roms » dans l’esprit de nos politiques. Si l’on s’en tient au discours xénophobe de Manuel Valls, il s’agit de Roumains et de Bulgares. Des citoyens européens. Mais de seconde zone, bien entendu. Ces Roms sont estimés, toujours selon Wikipedia à 15.000 personnes.

Donc, le ministre de l’intérieur, les maires, les candidats aux élections variées, la presse, se mobilisent comme des diables pour moins de 15.000 personnes…

Rappelons à nos amis politiques et journalistes qu’il y a au bas mot trois millions de chômeurs dans ce pays. Pas sûr que 15.000 personnes, Roms ou pas, soient leur priorité. Les 1%, en revanche, se portent toujours aussi bien. Merci pour eux.

 

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La survie de l’espèce, ou pas…

mardi 24 septembre 2013 à 22:02

survie-espece

La survie de l’espèce, c’est la BD qui permet d’arrêter de faire semblant de comprendre quand on vous parle finance… Et pourtant, cette BD n’a pas été faite uniquement pour les personnes, comme moi, qui vivent dans un monde de Bisounours où les patrons cherchent notre épanouissement et les banquiers à nous faire économiser de l’argent…

La survie de l’espèce présente une vision du monde financier à la fois drôle, réaliste et satirique. Les salariés en activité sont représentés par de petits Legos tous identiques, les entreprises par des chevaux de course montés par des jockeys (les patrons) et les capitalistes par des parieurs sans foi ni loi.

Les concepts d’exploitation de l’homme par l’homme, de surplus, de spéculation et de cotation continue sont abordés de façon simple à travers l’initiation d’un petit fils de riche par son gentil papa capitaliste. Ce dernier remet largement en cause la fameuse comptine pour enfant de l’offre et de la demande en entrainant son fils dans un monde obscur et cruel où financiers et politiciens se côtoient pour gouverner et s’enrichir toujours plus…

D’autres personnages tout aussi mordants viennent compléter ce tableau, à l’instar de Monsieur X, un trader accusé d’avoir créé un produit financier des plus pourris, empaqueté dans un joli paquet cadeau et destiné à générer de l’argent sur le dos des faibles… (Chose qu’il ne prendra d’ailleurs pas la peine de nier puisque les pauvres sont nés pour être pauvre).

Super drôle et pourtant un peu déprimante, cette fiction permet de mieux comprendre les dérives qui nous ont menés vers la crise financière à laquelle nous faisons face aujourd’hui.

Comment en est-on arrivés là ? Quels sont nos responsabilités ? Peut-on encore changer les choses ? De nombreuses questions et, rassurez-vous, un peu d’espoir pour ne pas  finir complètement dépressif…

 

La survie de l’espèce

Paul Jorion & Grégory Maklès

Edition Futuropolis

 

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#MTN : l’opérateur Telecom qui finançait des groupes armés en #Syrie

lundi 23 septembre 2013 à 17:28

mtnJusque là, nous étions plus habitués à rencontrer l’univers des Telco brosser le pouvoir dans le sens du poil, le marché de la surveillance des dissident étant un marché notoirement lucratif, surtout quand il faut re-signer des contrats d’attributions de fréquences. Mais en Syrie, rien ne se passe comme partout ailleurs en ce moment. MTN est un opérateur de téléphonie mobile d’origine sud africaine, pas loin d’être leader sur les marchés iraniens et syriens depuis le rachat de la société Investcom, fondée par l’ancien président du Conseil des ministres libanais (le premier ministre), Najib Mikati.

A la tête de la puissante holding M1 Group, son fondateur, Najib Mikati était jusque là connu pour sa proximité avec le pouvoir syrien, et considéré comme un proche de Bachar al Assad. Mais voilà que sur le terrain, commencent à apparaitre des groupes armés aux couleurs de l’opérateur MTN. Ces groupes combattent le régime, comme des centaines d’autres groupes en Syrie, souvent avec des intérêts assez différents… un média grec s’est intéressé à cette petite nouveauté et ses révélations sont assez croustillantes.

Capture d’écran 2013-09-23 à 16.38.39

Ce groupe armé, tout de jaune vêtu (dont on peut contester l’efficacité en matière de camouflage) , serait en fait une unité proche de l’organisation « Brigade de l’Islam » que notre confrère grec pense savoir être l’un de ceux qui seraient équipés et financés par l’Arabie Saoudite et la CIA. Là encore on peut douter que ce soit la CIA qui ait fournit à ces hommes ces teeshirts MTN. Mais alors quel rapport ?

MTN.. MTN… votre nom me dit quelque chose…

Najib Mikati est en fait le principal propriétaire de MTN dans de nombreux pays du Moyen-Orient (Syrie, Liban, Iran, Yémen, etc.). MTN a souvent été pointée du doigt pour sa coopération en matière de surveillance qu’elle est assez fortement soupçonnée d’avoir mis à disposition de régimes qui n’ont pas franchement hésité à se payer son expertise pour mettre sous surveillance un maximum de communications. Et attention, car c’est là que ça devient intéressant…

Au Moyen Orient, la réputation de l’opérateur n’est plus à faire… du moins c’est ce qu’on croyait avant de découvrir ces photos un peu surréalistes. On retrouve par exemple MTN au coeur de projets comme le fameux projet ASFADOR qui réunissait Utimaco et Qosmos sous la bannière italienne d’AREA SPA. A l’époque, Qosmos qui niait fermement être impliquée dans des projets de surveillance sur TechToc.tv, envoyait au même moment un ingénieur en Syrie dans le cadre de l’étude de faisabilité d’un système de surveillance… et quel système. On nous expliquait toujours sur TechToc.tv que les sondes de Qosmos ne pouvaient opérer que sur quelques dizaines de gigabits, et que la surveillance massive, ce n’était pas du tout le métier de Qosmos. Mais voilà que l’on découvre il y a quelques jours grâce à Wikileaks que Qosmos s’apprêtait tout de même à déployer quelque chose de beaucoup plus conséquent et surtout très loin des activités de marketing que sont PDG tenait absolument à mettre en avant. Des documents qui ne sont qu’une confirmation supplémentaire venant s’ajouter aux accablantes déclarations d’Eric Horlait, co-fondateur de Qosmos, qui était venu expliquer aux chercheurs du LIP6 comment leurs emails avaient pu atterrir dans la proposition commerciale d’Amesys faite à la Libye de Kadhafi.

QOSMOSwholecountry

Force jaune un peu verte et red washing ?

Par delà la surprise de voir des groupes armés porter les couleurs d’un opérateur mobile sud africain sur une ligne de front d’un pays en état de guerre civile, on peut sérieusement s’interroger sur le bien fondé pour un opérateur de s’impliquer dans ce conflit en finançant des groupes armés. Le  »groupe armé jaune » de la « Brigade de l’Islam » serait-il une opération de green red washing de MTN qui chercherait à se faire pardonner ses coopérations avec des régimes autoritaristes ? Le « sponsoring » de combattants dans un pays en guerre est il un mode de communication pouvant être perçu positivement par une partie ou par l’autre ? Et surtout… qu’est-ce qui a bien pu passer par la tête de cette entreprise s’il s’agit bien là d’une opération de communication ?

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#TouchID hacked : La « sécurité » biométrique de l’ #iPhone5S d’Apple est cassée… comme prévu

lundi 23 septembre 2013 à 11:27

Capture d’écran 2013-09-23 à 10.51.37C’est pas comme si nous ne l’avions pas vu venir de loin… Et d’encore plus loin d’ailleurs. Comme ceci était dramatiquement prévisible, TouchID la sécurité par empreinte digitale de l’iPhone 5S d’apple a été casséeridiculiséehumiliée… par le Chaos Computer Club. Et devinez quoi… ça semble étonner la presse !… ah bon ?

A peine sortie déjà cassé

Dans notre précédent article sur la question, nous mettions sérieusement en doute le niveau de protection, tout biométrique soit–il, que ce gadget pouvait apporter. Du moins c’est comme ça qu’il était commercialisé. Cette fonction, annoncée pour le délockage du téléphone et pour la validation d’actes d’achats sur l’Apple Store nous paraissait un choix pour le moins curieux, attendu que nous savions déjà (depuis 2002 !), qu’en matière de sécurité, les empreintes digitales étaient loin d’être la panacée.

Logiquement, nous nous demandions si en dehors de l’aspect marketing à double tranchant (car oui osons le dire tout haut, sur ce coup Apple est parfaitement ridicule), Apple pouvait avoir d’autres motivations, comme la collecte de données biométriques en vue d’une réutilisation ultérieure… comme la validation d’actes d’achats pour des partenaires tiers.

Une spéculation ? Du FUD comme on nous l’a reproché, attendu que la donnée biométrique est stockée dans un chip CPU, au niveau hardware, le tout bien chiffré, et que ces données ne transitent pas vers les serveurs d’Apple, jure la firme de Cupertino la main sur le coeur.

Il n’aura donc au final fallu que quelques heures à Starbug, que nous avions d’ailleurs rencontré il y a quelques temps alors qu’il bidouillait aux côtés d’Harald Welte, une autre sommité du monde de la bidouille,  pour venir à bout de TouchID, nous sommes d’ailleurs prêts à parier qu’il a dû mettre plus de temps à faire la queue devant l’Apple Store pour se procurer un iPhone aussi vite qu’à contourner la « sécurité » de TouchID.

Les vieux pots et les bonnes soupes

C’est donc en utilisant une méthode connue que le CCC est parvenu sans mal à contourner le dispositif qu’Apple présentait tout de même comme l’un de ses ga(g)dgets les plus avancés au monde… Voici ce que ça donne en vidéo :

Des choix marketing ?

TouchID semblait pourtant prometteur, confort d’utilisation, sécurité, Apple ne tarissait pas d’éloges sur cette fausse innovation qui se facture à prix d’or dans le plan de communication d’Apple. Le marketing d’Apple est désormais totalement déconnecté du pôle technologique, et ça on peut y voir un signal particulièrement négatif pour les investisseurs. Le gag de TouchID était parfaitement prévisible par n’importe quel hacker ayant un peu lu sur le niveau de sécurité de ce genre de dispositif et aurait mis en garde sur le bad buzz inhérent à un tel fail et surtout sur la nécessité d’opérer une action x ou y sur base d’une authentification biométrique notoirement faillible.

 

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