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Le citoyen français est-il un produit à code-barre ?

lundi 10 mars 2014 à 10:16

Le moral de la population du pays inventeur des droits de l’homme n’est pas au plus haut. Ce constat, déjà un peu ancien, n’est pas sans conséquences : la France est en tête du nombre de suicides comme de la consommation d’anxiolytiques et autres antidépresseurs. L’économie est morose, les problèmes sociaux croissants, l’ambiance générale plutôt sombre. Mais pourquoi donc ?

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C’est quoi le projet ?

La France est capable du pire comme du meilleur. Ce pays aime s’emballer, vibrer autour de grands événements. Les Français savent qu’ils représentent quelque chose dans le monde, de par leur histoire et leur place dans le concert des nations : de la révolution de 1789 en passant par la Commune, la première et la seconde guerre mondiale, la création de l’ONU, leur rôle durant la guerre froide,  l’agriculture, le rayonnement culturel… De nombreux éléments soulignent le caractère unique de ce pays. Et de ses habitants.

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Jusqu’à la fin des années 90, les acquis français ont suffit à maintenir un ensemble social et économique cohérent, à laisser entendre à la population que le projet national continuait à se déployer. Chacun pouvait encore, même sans avoir fait de grandes études, travailler, partir en vacances, acheter un bien, faire des économies. Et rêver un avenir meilleur. Mais à cette époque, la fin des années 90, le projet national a changé de tournure, et s’est focalisé sur un mot : l’Europe. Il fallait, à cette époque pas si lointaine, participer à un mouvement de fond, celui de la mondialisation de l’économie, et empêcher la marginalisation (politique et surtout économique selon les promoteurs de cette logique) du pays. Il fallait se souder au niveau du vieux continent, se hisser à un niveau supérieur, et l’effort collectif allait permettre de faire face à ce défi.

l’Euro, mis en circulation en 2002 était la dernière pierre de ce dispositif débuté à la fin des années 50 et accepté en France par voie référendaire en 1992. Le projet européen devait donc remplacer le projet national. Pourquoi pas ? Oui, sauf que…

Quant le citoyen devient un code barre

Une fois l’euro mis en place les dirigeants politiques et économiques ont sifflé la fin de la récréation. Désormais, le projet était devenu relativement simple et sans nuances : faire des profits, à l’échelle de la planète, en utilisant tous les moyens mis à disposition pour y parvenir. Les grandes délocalisations de production, la désindustrialisation, se sont accentuées, les biens ont pu circuler en toute liberté. Quant aux citoyens, ils ont regardé passer les trains des réglementations de la Commission européenne (non élue), des lois sécuritaires boostées à la technologie devenue très bon marché. Le marché unique porte bien son nom, et le Français a bien compris qu’il en est un rouage. Le projet collectif franco-bruxellois français est trivial, vulgaire, abrutissant, monotone. Il est triste et  répétitif, basé sur l’individualisme, la compétition entre individus, il n’a comme objet qu’une seule constante, celle de l’enrichissement financier.

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Consommer, travailler (ou chercher un emploi), être surveillé : le fronton des mairies devrait être remplacé par ces mots au lieu de ceux censés représenter cette nation de philosophes, la France. Quand un pays où la respiration démocratique est normalement rythmée par des manifestations et des contestations sociales fortes, voit ses dirigeants politiques couvrir le territoire de radars et de caméras, voter des lois de surveillance numérique militaire, il est temps de se poser des questions sur sa véritable vocation. En réalité, le citoyen français est devenu un produit à code barres, et il le sait.

Bienvenus dans le grand supermarché français

Au final, le pays de mai 68, des grands intellectuels, de l’excellence industrielle, des artistes hors-normes, des poètes et des grands mouvements ouvriers, des bons-vivant, des contestataires, ce pays raffiné, fier, grognon mais humaniste, ouvert et curieux, accueillant, à la jeunesse souvent fougueuse, est devenu le pays des ronds-points et des hypermarchés. Un pays où la jeunesse court après des gadgets technologiques fabriqués en Asie, où les plus âgés tentent de copier la jeunesse, tout en se demandant quelle pourrait être l’alternative à la vie de merde qu’ils subissent, faite de pressions professionnelles doublées de difficultés financières permanentes.

Quand un pays fait le choix de recouvrir chaque parcelle de terrain constructible de grandes surfaces commerciales et de villages dortoirs lotissements , laisse à elles-mêmes des populations entières, se préoccupe plus de faire rentrer de l’argent dans les caisse de l’Etat que de faire vivre un projet collectif, décide que le citoyen est un plus grand ennemi que les rapaces de la finance internationale, nul ne sait ce qu’il peut survenir.

Pour l’heure, les Français ont choisi massivement de déprimer. Une partie est aussi prête à activer son mécontentement dans les urnes, et le reste ?

Lorsque le citoyen est traité comme un produit à code-barre tout peut arriver, mais que ceux qui ont participé à cet état de fait ne se leurrent pas : à terme, la société qu’ils fabriquent ne se contentera peut-être pas seulement de leur tendre la fesse droite pour être scannée.

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L’Astroturfing à l’Elysée, c’est maintenant™

vendredi 7 mars 2014 à 17:35

Stephen-Colbert-PopcornEn guise d’introduction, une petite histoire drôle (ou pas) sur ce que permettent les technologies et les méthodologies d’Astroturfing en politique, afin de comprendre en quoi tout cela représente un danger pour les démocraties et en quoi il y a de bonnes raisons de s’affoler de voir cela débarquer chez nous.

L’exemple Coréen

L’histoire se passe à l’autre bout du monde, dans un pays bien plus connecté que la France, la Corée (du Sud). En décembre dernier, la Corée vote pour élire son président. La candidate sortante, Park Geun-hye, doit, a quelques jours du scrutin, creuser la distance avec son adversaire Moon Jae-in. étonnamment (ou pas), à moins de dix jours du scrutin, une vaste campagne de calomnie frappera le candidat de l’opposition. Pas moins de 24 millions de tweets, des millions de commentaires et autant d’interventions dans divers médias sociaux Coréens auront raison de l’eReputation de son adversaire, accusé d’être à la solde des nord coréens (l’équivalent local de l’accusation de facho, si courante ces temps-ci en France et placardé sur tout ce qui peut déranger la majorité gouvernementale).

L’histoire ne dit pas si cette campagne de calomnie a été décisive dans la victoire de Park Geun-hye, mais la suite est croustillante : quelques semaines après l’élection présidentielle, une cellule des services secrets dirigée par Won Sei-hoon sera démasquée et désignée comme ayant orchestré, avec une petite équipe, cette gigantesque campagne de calomnie, et avec la complicité de quelques «influenceurs» locaux.

Quelques mois plus tard, une autre cellule, au sein de l’armée, sera également accusée d’avoir participé elle aussi à l’opération. (Rapport intermédiaire ici). L’instruction est en cours, avec une succession d’entraves à la justice par l’exécutif Coréen qui n’est pas sans rappeler le fonctionnement des institutions de la Ve République Française.

Les technologies d’Astroturfing utilisées lors des dernière présidentielles Coréenne ont-elles eu raison de sa démocratie ? Des manifestations monstres, dont curieusement personne ne parle en France, qui demandent l’annulation des élections, sont en train de le décider en ce moment, et l’avenir nous le dira.

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Mais la Corée n’a pas pour seul intérêt de nous dépayser et de nous fournir des smartphones à bas prix, c’est aussi le pays le plus connecté de la planète, où le débit moyen a de quoi rendre jaloux tous les geeks de la terre et le taux de pénétration d’internet au sein de la population est proprement ahurissant. C’est du coup une bonne façon de regarder la façon dont l’usage massif d’internet par le pouvoir comme par la population peut altérer le fonctionnement d’une démocratie. En l’occurrence, la tuer.

Meanwhile in France…

En France, même si nous somme l’un des champion du monde des technologies de surveillance, nous sommes loin, très loin, d’avoir une telle maîtrise au plus haut niveau du pouvoir des technologies d’Astroturfing. Ce qui laisse (peut-être) une petite chance à la population d’ouvrir les yeux avant de se retrouver dans l’impasse dans laquelle se trouve aujourd’hui la démocratie Coréenne.

A tout seigneur tout honneur, l’histoire de l’Astroturfing en France commence par le chantre de la transparence, Jean-François Copé, dont le trucage systématique des « sondages » mis en ligne par la presse lui a permis de faire apparaître sa candidature comme crédible, alors qu’elle faisait rire tout le monde au départ. L’affaire (restée fort discrète) sera ébruitée par son concurrent, François Fillon, en direct sur le plateau du Grand Journal.

Quelques temps plus tard, c’est l’entourage de Manuel Valls qui se fera prendre la main dans le sac de faux «likes» dans une opération destinée à faire croire à un engouement populaire autour d’un projet de grand stade.

Aujourd’hui, c’est de Faouzi Lamdaoui, un proche conseiller de François Hollande (que Le Monde n’hésite pas à qualifier de « Sherpa ») dont nous allons vous parler, avec pour remarque liminaire, outre qu’il semble être habitué à ce que la justice qualifie de « faux et usage de faux »  le fait qu’on pourrait y ajouter une inculpation pour « manque absolu de discrétion » et « éléphant dans un magasin de porcelaine ». Jugez plutôt. Après s’être fait pincer pour une histoire d’achat de pain au chocolat douteux voici que Faouzi Lamdaoui se fait attraper pour achat de followers en masse sur Twitter.

La progression d’un nombre de fans est habituellement quelque chose d’assez linéaire, mais chez Faouzi Lamdaoui, pas vraiment.

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Les deux montées brutales en nombre de fans correspondent très clairement à deux campagnes d’achat de fans distinctes. Comme d’habitude, on a délocalisé les fans, ceux-ci sont indonésiens, ce qui fait un peu désordre (pdf ici).

« Le numérique révolutionne la communication politique, qui doit désormais se déployer dans l’instantanéité, la réactivité, l’interactivité, et passer par l’épreuve de la critique immédiate, du commentaire à chaud, de la sanction multiforme des citoyens. »

Faouzi Lamdaoui (lien)

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Critique immédiate, donc. Le trucage, ici, ne fait pas le moindre doute quand on passe le compte à la moulinette de divers outils…

Mais c’est avant tout l’usage que Faouzi Lamdaoui fait des botnets Twitter qu’il s’est acheté qui plante le décor, et qui l’empêchera de plaider l’habituel « c’est pas nous™ » ou « on savait pas™ » utilisé de façon systématique comme joker par les communicants dans ces circonstances (ce qui pour le moment semble être sa ligne de défense, comme ici, chez Europe 1).

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[Le numérique] «doit jouer sur l’effet de surprise, sur les vitesses d’exécution, sur la maîtrise des codes internétiques pour provoquer le bon buzz et réussir son impact informatif.»

Faouzi Lamdaoui (lien)

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Car Faouzi Lamdaoui ne s’est pas contenté de s’acheter des followers, il achète également des ‘retweets’, permettant de donner un maximum de visibilité au moindre de ses tweets, et dans des proportions qui sont pour le moins déraisonnables.

Ainsi, ses derniers tweets cumulent chacun plusieurs milliers de retweets et de mise en favoris, y compris et en particulier pour les plus creux (voir ci dessus), un score qui n’a rien de crédible avec à peine plus de 40.000 followers, la proportion entre followers et retweet étant pour le moins délirante. A trop vouloir bien faire…

L’animal semble également – selon les analyses d’un célèbre blogueur politique (étiqueté Modem) acheter des statuts sponsorisés sur Facebook (voir ci contre), ce qui, pour le coup, n’est pas triché.

Par contre, l’utilisation de meatpuppet dont le seul destin est de congratuler « l’exceptionnel raisonnement » du « cher conseiller » est des plus cocasse…

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(à y regarder de près, le meatpuppet en question est aussi impliqué
dans le léchage de bottes tunisiennes, nous y reviendrons).

Plus drôle, le bug qui tue : le botnet utilisé par Faouzi Lamdaoui s’est visiblement emballé – il doit être configuré pour booster la visibilité de tout ce qui mentionne son mentor, et n’a pas du tout prévu le cas de figure où des critiques se feraient jour…

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Ce que ne manque pas de remarquer immédiatement Luc Mandret, le propriétaire du compte, faisant voler en éclats l’excuse utilisée par Faouzi Lamdaoui qui expliquait à Europe 1 n’avoir rien remarqué…

Le bug semble avoir été corrigé entre temps, mais a laissé le temps à la communauté des twittos de s’amuser un peu…

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Bref, on progresse dans l’Astroturfing à la Française, et Faouzi Lamdaoui est sans doute ce qu’il y a de plus expert à ce jour, mais même s’il n’en est pas à son coup d’essai en terme d’Astroturfing – en témoigne cette campagne de diffamation orchestrée à l’encontre de Charlie Hebdo à la suite d’un article le critiquant – il reste au Cher Conseiller encore bien des progrès à faire avant d’arriver à la cheville des Coréens.

Vous avez évoqué les nouvelles menaces d’Internet, outil merveilleux de diffusion et d’échange, mais [...] le numérique peut aussi servir de déversoir [...] à l’endoctrinement. Le numérique doit donc avoir ses règles.

François Hollande (diner du Crif, 2014)

En soi, cette opération d’astroturfing n’est pas un drame et c’est plutôt risible, mais c’est un signal faible de première importance, cela montre de façon claire qu’au sein de l’Elysée, on commence à expérimenter avec des approches et des usages de l’internet permettant de mettre en œuvre de gigantesques opérations destinées à manipuler l’opinion publique, ce qui laisse présager, tôt ou tard, d’incidents démocratiques similaires à ce qu’à connu la Corée en décembre dernier.

MISE A JOUR

Opération de diversion ? Depuis la révélation de la campagne d’astroturfing mise en place par Faouzi Lamdaoui, de nombreux politiciens ont vu leur nombre de followers exploser. Une étrange coïncidence…

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Enregistrements de l’Elysée par Patrick Buisson : le concert des pleureuses

mercredi 5 mars 2014 à 10:54

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Pauvre Henri Guaino… « C’est vraiment une trahison« , dit-il à propos des enregistrements de l’Elysée réalisés par Patrick Buisson, l’extrême droitier conseiller occulte de Nicolas Sarkozy. Il a un « sentiment d’effarement« . Pire, il vit « cet événement comme une sorte de viol« . Et il n’est pas le seul, l’auteur du fameux discours de Dakar, à être ulcéré. Après les révélations du Canard Enchaîné, l’ancien premier ministre Jean-Pierre Raffarin trouve lui aussi la route qui se dessine devant lui, longue, pentue et ardue : « Écouter quelqu’un à son insu, c’est d’une extrême violence« . On a mal pour lui.  »C’est complètement désespérant de la nature humaine« , c’est « profondément choquant« , martelle-t-il. Les pleureuses outragées n’ont pas fini de se bousculer devant les micros. On peut aisément imaginer qu’au fil des révélations à venir, ils viennent, tous nos amis politiques, expliquer combien il faut être dérangé pour écouter les gens à leur insu. Heu… Mais attentez, ne sont-ce pas les mêmes politiques qui votent depuis des années, loi après loi, des textes permettant à l’Etat de s’immiscer au plus profond de la vie privée des citoyens ?

Ne sont-ce pas les mêmes qui ne trouvent rien à redire aux agissements d’Amesys ou de Qosmos ? Qui valident leur financement par l’Etat ? Les mêmes qui ne trouvent rien à redire à l’accord Lustre permettant à l’Etat français de fournir aux services de renseignement américains des millions de méta-données sur les appels téléphoniques des Français ? Les mêmes qui installent des milliers de caméras de surveillance sur le territoire, parfois même, des caméras pouvant visionner ce qui se passe dans des domiciles privés si elles sont orientées correctement, selon le bon vouloir de policiers municipaux ? Ne sont-ce pas les mêmes qui déjà s’offusquaient lorsque l’on apprenait que la NSA écoutait le portable d’Angela Merkel, mais pas lorsque l’on apprenait que la NSA captait les échanges par webcam des internautes ?

De quoi s’offusquent-ils au fond ? Du fait que les Français puissent apprendre ce que disent les hommes politiques à qui ils ont délégué leur pouvoir ? Dans l’exercice du métier (pas de vie privée ici) que les Français leur ont permis d’exercer ? Il semble qu’ils aient à nouveau oublié le fait qu’ils ne sont que les dépositaires d’un pouvoir qui n’est pas le leur. A ce titre, ils doivent rendre des comptes sur la façon dont ils gèrent ce pays.

Et encore, hein… Ils ont de la chance que Spider Jerusalem ne soit pas sur leur dos.

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Quand Fleur Pellerin finance le [plus grand] FabLab [fantôme] de Paris

samedi 1 mars 2014 à 20:13

Arnaud Montebourg et Fleur Pellerin ont lancé un appel à projet FabLabs, fin juin 2013 intitulé « Aide au développement des ateliers de fabrication numérique «  : une très bonne idée qui a visiblement donné des ailes à de nombreux « hackers-makers en herbe », puisque 154 dossier ont été renvoyés. Cet appel à projets a débuté le 25 juin et s’est terminé le 13 septembre 2013. 14 dossiers ont finalement été retenus et se verront verser des aides pouvant aller jusqu’à 200 000 € : ce montant devant couvrir au maximum 70% des besoins d’un FabLab. Jusque là, rien à dire.

Mais, les voies de l’aide d’Etat sont impénétrables et visiblement très  particulières pour Paris et sa proche banlieue.

Si vous connaissez un tant soit peu le milieu des FabLabs, vous devez savoir qu’il existe depuis 3 ans un endroit excessivement dynamique, qui active un nombre impressionnant de projets, avec une équipe de passionnés qui se donne à fond. Ils sont à Nanterre, et se nomment l’ElectroLab.

Leur dossier n’a pas été retenu par Fleur Pellerin et ses conseillers : normal, à l’Electrolab ils font tout à la main, en mode associatif et sont juste en train de monter le plus grand FabLab d’Europe, avec des machines de plusieurs tonnes, à commandes numériques ou pas,un laser de 20 000 watts pour découper de l’acier, (et plein d’autres choses passionnantes en plus des 3D printer). Ils ont plus de 120 membres et 400 abonnés à leur mailing list. Bref, l’Electrolab mérite un article sur Reflets, ce qui surviendra sous peu. Mais ils ne méritent pas que l’Etat s’intéresse à eux. Non, vraiment pas…

Pourquoi ? Et bien…parce qu’un projet de FabLab extraordinaire, génial, (aux service payants) a été retenu en plein cœur de Paris. L’usine IO. Attention, leur site web fait rêver…ou pas, mais il est très beau. L’équipe de l’Usine IO est composé de jeunes gens formidables qui ont tout compris aux mouvements hackers, mais surtout aux opportunité que le mouvement Maker et FabLab représente, pour qui sait s’y prendre.

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Ils sont une entreprise, et Benjamin est leur patron.

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Ce jeune homme de 31 ans dirige aussi une startdown en informatique, Flipshot :

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Et comme toutes les startdowns, Flipshot a du mal à progresser depuis sa création. D’ailleurs Flipshot n’est pas bien recommandé par societe.com :

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Mais tout ça n’est pas très grave, puisque la dotation de Fleur Pellerin va grandement aider ce jeune entrepreneur et son FabLab géant qui doit ouvrir, en 2014, avec une surface de 1300 M2. Oui, bon, pour l’heure, il n’y a pas de localisation, mais on sait que ça doit être dans le centre de la capitale, et tout ça est franchement sans importance.

Le plus intéressant est de voir que la constitution de l’entreprise Usine IO date du 30 octobre 2013, soit plus d’un mois et demi après la fin de l’appel à projet. Mais pointer ce petit vice de forme est vraiment faire preuve du plus mauvais esprit. Parce que ce qui compte dans le High Tech français, c’est avant tout l’énergie, la volonté, et…des bons contacts.

Et puis quand on a comme partenaires, Alactel-Lucent et Dassault Systèmes, on ne risque pas grand chose ?

Enfin, tout dépend quand même de qui s’intéresse à votre cas…

Edit : de gentils hackers un peu fâchés me font savoir que le logo d’Usine IO est tout simplement pillé sur le site d’une grande enseigne américaine de fast-food de luxe, Liberty Burger si si : http://givemelibertyburger.com/ethos/. Comme d’ailleurs la majorité des illustrations qui proviennent de matériels de constructeurs, puisqu’Usine IO n’a aucune machine, puisque pas de locaux, pas de FabLab, mais un super site web, quand même. Et puis Agathe Fourquet est une ancienne maker/hacker émérite de chez Cap Digital, très orientée comm’… ça aide. Mais rien de tout ça ne doit nous faire imaginer que cet appel à projet est bidonné ou aiderait des petits copains. Non, non, non. Tout ça c’est bien fini, parce que le « CHANGEMENT C’EST MAINTENANT », comme dirait l’autre.

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Surveillance généralisée : connards ou menteurs ? Ou les deux ?

vendredi 28 février 2014 à 19:23

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A quoi peuvent bien servir les grandes oreilles de la NSA si elles sont celles d’un malentendant ? Tout comme la vidéo-surveillance peine à démontrer son efficacité, le vaste système d’écoute massive de la planète par les barbouzes américaines ne permet pas de contrer les actions terroristes. Premier point et non des moindres, la NSA elle-même reconnaît (devant les représentants américains) que son machin a -au mieux- permis d’éventer deux plans terroristes. Et encore… Mieux, alors que la Suède, limitrophe de la Norvège,  semble être un pays largement impliqué dans le scandale PRISM, le système n’a pas vu venir l’auteur de la tuerie d’Utøya et d’Oslo, Anders Behring Breivik, bien qu’il ait largement documenté (plus de 1500 pages) et publié son plan sur Internet.

En juin dernier, alors que le scandale des écoutes massives américaines commençait à prendre son envol, le général Keith Alexander, patron de la NSA, expliquait devant un  comité du Sénat que le système avait permis d’éviter « des dizaines » d’attentats terroristes sur le sol américain. A ce stade, il soutenait que le nombre exact était classifié. Peu après, il lâchait le morceau : 54.

Puis, quelques mois plus tard, cuisiné par un représentant américain, il revenait sur ce nombre. Ce sont en fait, 2 attentats qui ont pu être déjoué. Doit-on le croire sur parole ?

De son côté, à la même époque et avant que l’étendue du système ne soit connue, Barack Obama expliquait tout en arborant son sourire ultra-brite habituel : « personne n’écoute les communications téléphoniques des gens » et qualifiait même les premières révélations de « battage médiatique« .

Forums extrémistes suédois

De récents articles dans la presse suédoise révèle que depuis l’été 2013, L’Institut national de défense radio de la Suède (FRA, Försvarets radioanstalt), les services de renseignement locaux, ont un accès direct à l’énorme base de données issue des écoutes planétaires américaines (Xkeyscore). Et le journal de citer le manuel de la NSA à l’attention du FRA, fuité par Edwad Snowden : « Dans cet exemple, je recherche toutes les personnes qui ont visité un certain forum extrémiste sur le Web« . Voilà un outil qui aurait été très utile à la Norvège quand Anders Breivik préparait pendant des mois son double attentat d’Utøya et d’Oslo qui a fait 77 morts et 151 blessés.

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Si la Suède n’avait pas en 2011 accès à Xkeyscore (officiellement), elle était déjà un partenaire privilégié de la NSA. Et celle-ci n’a visiblement pas repéré les 1500 pages de son manifeste « 2083 – Une Déclaration d’indépendance européenne » contenant tous les mots-clefs nécessaires, ni les deux vidéos mises en ligne par le tueur d’extrême-droite. Pas plus que ses préparatifs qui ont duré deux ans. La Norvège est également présentée dans les documents Snowden comme un partenaire très privilégié de la NSA. L’un des deux principaux en Europe… Et pourtant… Dans son « manifeste » publié le jour des attentats, le tueur explique comment il a passé 200 heures pour trouver via Google, les informations nécessaires à la préparation d’explosifs. Les grandes oreilles n’ont visiblement pas « entendu » les mots-clefs comme « Nitromethane explosives« , « Mujahideen Explosives Handbook« , « Ammonium Nitrate« , « ANFO » frénétiquement tapés dans Google…

Les auteurs du rapport commandé par Barack Obama sur les dérives de la surveillance globale opérée par la NSA et publié il y a quelque temps expliquent eux-mêmes que le système est défaillant : « Notre étude suggère que l’information récoltée dans le cadre d’enquêtes sur le terrorisme par l’utilisation de l’article 215 sur les méta-données téléphoniques n’était pas indispensable à la prévention d’attaques et auraient pu facilement avoir été obtenue en temps opportun en utilisant la section classique des requêtes via l’article 215 ».

Si même les copains de Barack Obama trouvent que le système merdoie…

Et dire que des milliards de dollars sont partis en fumée pour mettre en place le « machin ». En temps de crise…

C’est essentiel pour lutter contre le terrorisme et la délinquance !

Read my lips… Comme disait Bush père. Ecoutez tous les politiques qui à l’unisson trouvent géniale la nouvelle plate forme d’écoutes judiciaires centralisée française, Jean-Jacques Urvoas en tête… C’est essentiel ce « machin ». Si, si. Cela permettra aux juges d’écouter les méchants, aux policiers de suivre à la trace un suspect, le tout en quasi temps réel.

Un vrai bonheur.

De quoi avez-vous peur ? Ce sont les écoutes judiciaires, elles sont encadrées par les juges. Bonne nouvelle.

Restent les écoutes administratives, très mal encadrées il y a peu par la Loi de programmation militaire (c’est quoi le truc militaire dans les écoutes administratives ?). Celles-ci sont décidées par le gouvernement, hors contrôle du judiciaire.

C’est mal ? Quelle différence ?

Elle est toute simple : a priori, les juges ne décident pas de mettre sur écoute une personne pour des raisons « politiques ». Leurs décisions sont encadrées par des textes très précis et très contraignants. Les politiques, en revanche, décident généralement de mettre quelqu’un sur écoute pour des raisons… politiques ou très personnelles. Cf. les fadettes des journalistes du Monde. Quant aux règles qui encadrent ces écoutes, ne nous étendons pas, elles ont été largement commentées par les défenseurs des libertés publiques et tout le monde sait que la CNCIS n’a pas le personnel nécessaire pour contrôler toutes ces écoutes.

Vous ne trouvez pas qu’avec ces deux types d’écoutes, le pouvoir est déjà un peu trop curieux ? Qu’il s’immisce un peu trop volontiers dans votre intimité, dans votre vie privée ? Vous ne vous sentez pas concernés ? Vous n’avez rien à cacher ? Envoyez-nous vos sextapes, nous les publierons volontiers pour que vous puissiez nous redire sans rire : « je m’en fiche, je n’ai rien à cacher« . Surtout si vous avez des pratiques zoophiles, tendance teckels morts.

Qu’est-ce qu’ils ne comprennent pas, nos politiques dans « vie privée » ?

Vie, ou privée ?

La troisième série d’écoutes, qui n’est encadrée par aucun texte de loi (elles sont réprimées par des textes de loi en revanche) est un tantinet plus inquiétante.

Demandez à votre député, à vos élus de tous bords : elles n’existent pas.

C’est rassurant hein ?

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Ces écoutes, ce sont par exemple celles qui ont permis à la France de livrer les métadonnées de 60 millions de communications de Français sur un seul mois à la NSA dans le cadre de l’accord Lustre. Vous savez, l’accord qui n’existe pas, dont personne ne parle, ni les politiques de gauche, de droite, du centre et de la Galaxie des klingons, ni les journalistes. Et pourtant… Soixante millions de communications sur un mois livrées aux Etats-Unis. Gratos. Comme ça, juste pour entretenir l’amitié sur le dos de nos vies privées.

Je ne vous parlerai même pas du DPI qui s’installe un peu partout sur le réseau, y compris dans notre beau pays des Droits de l’Homme…

Du coup… Ces politiques qui autorisent ce genre de chose, ils sont quoi ? Des menteurs ? Ou des connards ? Oui, je sais, le mot est un peu fort. Mais tout de même, à force de nous prendre pour des cons, ce n’est que justice de leur retourner le compliment.

#Spanous, #Spagrave

On a rien fait. C’est Barack Obama qui le disait. Enfin… Ça c’était avant que les documents Snowden se mettent à pleuvoir en mode orage tropical.

Ce n’est pas grave, on a tout fait dans le cadre de la loi et on n’a pas écouté les américains, disait-il ensuite, un peu acculé.

Vraiment ? Les documents ont continué de pleuvoir et tout le monde a compris que les Américains étaient écoutés. Pas toujours depuis les Etats-Unis, mais il est vrai que les pays amis, comme la Grande Bretagne peuvent se charger de ce genre de choses.

Et là, hier, on apprend (vous ne vous en doutiez pas ?)  que le GCHQ a écouté les échanges par webcam de millions de personnes pendant des années… Si, si… Vous savez, la sextape dont on parlait plus haut, avec les teckels morts… Elle est déjà entre les mains (si l’on peut dire) des surveillants.

Quelqu’un chez les politiques pour nous expliquer en quoi ces millions de personnes écoutées dans leur intimité la plus intime (lisez l’article du Guardian en lien ci-dessus) sont une cible utile à la lutte contre le terrorisme ?

Dans quelques semaines on va découvrir (c’est déjà fait en partie) que les services secrets siphonnent nos disques durs à la recherche de photos de nous à poil pour nous faire chanter, si besoin.

Et là franchement, à la lumière de ces deux articles, des réponses données par le patron de la NSA aux représentants américains et des conclusions des experts mandatés par Barack Obama,  je repose la question : tous ces politiques qui autorisent de telles choses, sont-ils des menteurs quand ils nous disent que ce n’est pas grave ou sont-ils des connards qui ont perdu à peu près tous les repères qui nous permettent d’analyser sereinement ce qui scelle un contrat social ? Avec bien entendu toutes les répercussions que cela suppose…

 

 

 

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