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Cadeau de fin d’année, un casier scolaire pour tous les marmots

vendredi 2 décembre 2016 à 16:01

signal-ecoleLe ministère de l’Éducation nationale (MEN) use de méthodes déloyales pour imposer un nouveau fichier scolaire aux implications plus que sensibles. Le livret scolaire unique numérique (LSUN) est le dernier maillon d’un fichage méticuleux qui remet en selle le débat ouvert il y a 10 ans lors de la sortie fracassante du gros fichier des écoliers, Base élèves 1er degré (BE1D).

Ce livret scolaire est censé s’imposer du CP à la 3ème, commun à l’école élémentaire et au collège, c’est à dire durant toute la scolarité obligatoire. Là où ça coince, c’est que les données que doit recueillir le LSUN sont exactement celles qui avaient du être expurgées de BE1D, en 2008, afin que ce dernier puisse plus facilement être accepté en masse par les parents d’élèves et les enseignants. Quelques réunions houleuses sur ce « livret numérique » ont déjà eu lieu à Paris entre des enseignants et leurs inspecteurs de circonscription, qu’on appelle dans la grande maison les IEN. En question notamment, l’absence totale d’information que doivent légalement obtenir toute personne – en l’espère, les responsables légaux des enfants concernés – dont les données personnelles sont traités dans un fichier informatisé.

Comme à son habitude, le MEN joue la carte de la « confiance », en édulcorant la portée de ce livret scolaire informatisé par l’emploi de termes trompeurs pour espérer ne pas avoir à se justifier. Il parle ainsi d’une « application », mot connu de tous les utilisateurs de smartphones, pour désigner un fichier nominatif (rien à voir avec un « logiciel », vrai synonyme d’application), et préfère user du terme « numérique » pour éviter à employer celui d' »informatisé », bien moins flou et plus consensuel. Oubliant aussi de préciser qu’il sera partagé par une foule d’intervenants qui restent encore inconnus des parents d’élèves.

Le « Livret d’ouvrier » new age

Le LSUN est en effet bien plus qu’une simple application — en septembre 2015, avec l’aide de la ministre en personne, BFM le présentait comme « le nouveau carnet de notes » (sic)…. Par exemple, il remplace totalement le LPC, « livret personnel de compétences » qui a été « testé » sous différentes formes ces dernières années. Les plus réfractaires au LPC ont parlé du « retour du livret d’ouvrier », le premier outil de contrôle social créé par Bonaparte et abrogé sous la IIIème République. Ficher les compétences acquises par l’enfant à tel moment de sa scolarité est à double tranchant, car cela répertorie aussi les difficultés que l’élève à eu à les acquérir. Ce mode d’évaluation binaire (oui ou non) est aussi très discutable en terme pédagogique. Le LPC comprend donc bien plus qu’un listing des savoirs acquis par chaque enfant, il s’inscrit dans un projet politique qui vise à mesurer l’employabilité de l’élève et de faire de l’école un lieu de compétition pour préparer l’enfant au monde du travail. « C’est d’ailleurs pour ces raisons que le MEDEF s’est réjoui de la mise en œuvre du LSUN », écrit le syndicat SUD Éducation, le plus remonté contre le LSUN depuis plusieurs mois, dans un récent communiqué.

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Répertorier les évaluations faisait donc partie de la première version du fichier Base élèves, qui a fait l’objet d’une simple déclaration à la CNIL en décembre 2004. Il était question aussi de noter l’assiduité de l’élève, son comportement en classe et une foule d’autres mentions comme la nationalité de l’enfant, mais aussi la langue et la ‘culture d’origine’ des parents (sic) ainsi que leur « date d’entrée en France »; était aussi prévue de noter les prises en charge de l’enfant dans des programmes éducatifs spécialisés (notamment les réseaux RASED pour « élèves sen difficulté »)…

Tous ces éléments ont donc été retirées de BE1D en 2008. A l’époque le ministre Xavier Darcos avait parlé de données « liberticides » (sic), et ils se retrouvent donc, peu ou prou, parmi les champs du livret scolaire version 2016. Notamment la prise en charge d’un élève dans différents programmes spécialisés de « réussite éducative », pouvant, et c’est là le problème, identifier des enfants avec des handicaps ou ceux bénéficiant de suivis médico-psychologiques, ou encore ceux, d’origine étrangère, « allophones » (classes pour non francophones)… On est loin du simple « carnet de notes numérique »!

Avec un peu de recul, expurger ces données de BE1D avait un tout autre but: favoriser l’adhésion des instituteurs et calmer les craintes des parents d’élèves. Car BE1D, en ne contenant que des données d’état civil, a pu s’installer dans le paysage. Alors qu’il a surtout servi à générer un identifiant unique – pour ne pas dire un numéro de matricule – destiné à suivre à la trace les élèves pendant leur scolarité et toute leur vie professionnelle. Cet INE – identifiant national de l’élève – est attribué à chaque enfant dès son entrée en 1ère année de maternelle, à 3 ans, avant même que l’école ne soit obligatoire. Et ces INE alimentent une autre base de données restée longtemps dissimulée par les services de l’Éducation nationale, la BNIE (base nationale des identifiants), qui a depuis fusionné dans un méga-répertoire (RNIE) qui recense tous les écoliers, collégiens, lycéens et apprentis (ici pour plus d’infos). Dernier changement loin d’être anodin dans ce RNIE, effectué distretos par un arrêté de septembre 2016, la mention du « pays de naissance pour les personnes nées à l’étranger », qui remplace celle de « naissance à l’étranger ». Ceci expliquant pourquoi la nationalité de l’enfant fut retiré de BE1D en 2008. Un peu à l’image des poupées gigognes, les fichiers scolaires s’imbriquent les uns aux autres subrepticement, diluant leur portée au gré des modifications successives.

Et la dernière poupée n’est, là aussi, pas vraiment mise en avant : le CPA, Compte personnel d’activité créé par la funeste « loi travail » qui a répandu dans l’air tant d’effluves de lacrymos dans les rues ces derniers mois. Dans un communiqué du 9 octobre, le CNRBE, le collectif de résistance à Base élèves, résumait ça très bien ici :

Le fichage commencé à la maternelle (18 compétences renseignées) s’étendra au parcours professionnel par le biais du « Compte Personnel de Formation » (CPF) créé en 2014, du « Passeport d’orientation, de formation et de compétences » inclu dans ce fichier, et, de 16 ans jusqu’au décès de la personne, du « Compte Personnel d’Activité » (CPA) créé par la loi « travail » du 8 août 2016, un immense fichier dont les données seront bientôt mises à disposition des employeurs et des financeurs de formation, en application de cette même loi.

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Comme lorsque le MEN cherchait à imposer la Base élèves en 2006-2007,  il a été plus que sportif d’obtenir les documents officiels à l’origine du livret scolaire informatisé. Seul l’arrêté ministériel, signé en pleine trêve des confiseurs, le 31/12/2015, était disponible, en cherchant bien (le voici sur Legifrance). En revanche, le formulaire de déclaration de ce fichier à la CNIL (effectué avant le décret, le 15/10/2015), n’a pas eu la même publicité. Reflets.info s’est démené et a obtenu, après plusieurs échanges disons fermes et diplomatiques avec le ministère, quatre documents complémentaires que nous mettons à disposition (lire en fin d’article).

On y apprend tout de même quelques éléments fondamentaux de ce vaste fichage scolaire. D’abord la durée de conservation des données : 3 ans (la durée d’un cycle) ajouté d’une année, soit 4 ans d’archives. Sans savoir à quel point les différentes modifications permettront d’aller plus loin dans les années à venir. Le formulaire envoyé à la CNIL évoque aussi des données relevant de la « vie personnelle (habitudes de vie, situation familiale) » comme « professionnelle (CV, scolarité, formation professionnelle, distinctions) », le tout recueillies « de manière indirecte », c’est à dire en siphonnant d’autres fichiers, le tout grâce au fameux matricule unique, l’INE. Un coup d’œil aux différents champs du fichier (cf document plus bas « Formulaire de collecte des données ») permet aussi d’y voir des fenêtres où les enseignants pourront y inscrire des mentions libres, voire subjectives, sans savoir là aussi si l’effacement d’un cycle sur l’autre sera automatique…

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L’usine à gaz du LSUN (extrait d’un document de synthèse du MEN, juillet 2016)

Qui de l’information des parents ?

Mais alors où est la « déloyauté » dont nous parlions au début? C’est la manière dont ce livret est rempli et déployé, alors qu’aucun parent d’élèves de France n’a encore été officiellement informé de son contenu, de sa finalité, de la durée de conservation et des réelles implications de ce livret new age. Le MEN joue avec la loi : certes, pour tout fichier émanant d’un « service public », il n’est plus nécessaire de recueillir « l’accord préalable de la personne » (ou de ses tuteurs), cf l’article 7 de la loi informatique et libertés. Mais tout traitement de données à caractère personnel doit faire l’objet d’une information claire et précise auprès des intéressés (article 32 de la LIL). Et contrevenir à cette formalité est une infraction pénale. Impliquant le « responsable du traitement », en l’occurrence la ministre Vallaud-Belkacem, et, par délégation, Florence Robine, directrice de l’enseignement scolaire (c’est d’ailleurs elle qui a signé la déclaration à la CNIL).

declaration-lsun-extraitPourtant, seules des réunions en conclave entre enseignant.e.s, directeurs/directrices d’école et inspecteurs (IEN), ont eu lieu à ce jour. Lorsqu’un prof ose évoquer l’absence de note d’information à l’adresse des parents, et à quel moment cela serait distribué, la réponse est restée évasive ou menaçante. De leur côté, quelques parents commencent à envoyer des courrier d’opposition furibards, mais néanmoins très argumentés (modèle-type disponible ici), et convoquent des réunions avec les parents pour faire le boulot qu’aurait du faire, depuis des mois, le ministère et ses représentants. Pourtant, cf page 6 de la déclaration CNIL [cf capture], à la rubrique 9 « Le droit d’accès des personnes fichées », « Comment informez-vous les personnes concernées par votre traitement de leur droit d’accès ? », la case « Envoi d’un courrier personnalisé » a été cochée.

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Premier bug : la réponse du DASEN de Paris (grand manitou de l’éducation nationale dans chaque académie), à la question « quid de l’information des parents? ». Voici l’extrait d’un mail reçu dans les écoles de Paris le mercredi 30 novembre (souligné par nos soins) :

Certains d’entre vous reçoivent en outre des courriers de parents dans lesquels il est fait mention d’un engagement ministériel concernant une information écrite et individuelle à destination des parents. Nous n’avons reçu aucune consigne ministérielle allant dans ce sens. En revanche, un document est en préparation au ministère relatif à la mise en place de téléservices à compter de janvier 2017. Ce document prévoit la présentation des identifiant et mot de passe aux familles.

D’autres familles expriment par ailleurs leur refus de voir le LSU renseigné pour leur propre enfant au motif que des informations confidentielles pourraient être désormais accessibles. Il appartient dans vos réponses de les rassurer en rappelant l’aval de la CNIL et les conditions d’accès à la plateforme, très contrôlées et restreintes. On peut également ajouter que la protection des données est mieux assurée par le LSU que par les versions papier des livrets, lesquels sont bien plus exposés au risque de rupture de confidentialité.

Notez avec quels termes rassurants on tente de calmer la plèbe qui gronde. Jamais la question de la pertinence des données n’est abordée, seulement la façon dont elles seront « sécurisées ». Et cela montre aussi que par « courrier personnalisé », le MEN entendait informer les parents non pas avant toute saisie, mais après coup, pour leur confier des identifiants et mots de passe avec lesquels ils pourront accéder à la base. Car c’est le dernière étage de la fusée « acceptation » : les impliquer dans le dispositif, bref les rendre complices et/ou consentants. Surtout pas avant toute saisie – ce serait trop tard alors pour s’y opposer – mais une fois que les profs auraient rempli les premières évaluations. Après la bataille.

Second bug : hier à la mi-journée, 1er décembre, on nous apprenait qu’un mail de Florence Robine, en personne, avait été envoyé à toutes les écoles de France afin d’éteindre l’incendie. Courrier qui allait contredire le DASEN zélé cité plus haut. Le sujet du courrier est plutôt vague (« Les bilans périodiques du livret scolaire »…), mais en fin de courrier la n°2 du ministère fait (enfin) référence à ses obligations légales :

Enfin, je vous rappelle aussi qu’il convient d’informer les élèves et leurs responsables légaux, quelle que soit l’application utilisée, de tout traitement informatisé de données les concernant ainsi que de leur droit d’accès et de rectification de ces données, en leur communiquant un courrier personnalisé, par exemple par l’intermédiaire du carnet de liaison. Pour le LSU, un courrier type est à votre disposition (…)
Avec toute ma confiance [sic],
Florence Robine
Directrice générale de l’enseignement scolaire
Ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche

Le « courrier type » (le voici avec le lien originalici une copie, des fois que…) rappelle les mentions les plus élémentaires concernant les mentions devant accompagner un tel fichage de masse. Mais cette tâche revient donc aux enseignants, alors qu’il incombe logiquement au « responsable du traitement ». Allez, ok, on chipote. D’ailleurs, c’est sans doute un procès d’intention : ils sont tous débordés au ministère, et il était prévu de longue date que cette information soit communiquée aux parents d’élèves. Simple question de timing? Pas de bol pour Mme Robine, l’informatique laisse des traces, et elles sont plutôt cruelles. Dans le document PDF mis en pâture hier, on peut lire qu’il a été créé avec « Microsoft® Word 2010 » (c’est du propre – mais les liens entre Windows et l’éducation nationale ne sont plus à démontrer), qu’il est titré « Données personnelles », mais surtout qu’il a été créé le… « lun. 28 nov. 2016 14:22:43 CET ». Soit bien après les premières saisies de données, et surtout après les premiers courriers de parents s’offusquant d’avoir découvert l’existence du LSUN sans en avoir été informés. Oui, plutôt cruel l’informatique pour Florence Robine.


Documents communiqués à Reflets.info par le MEN :

 

Interview exclusive : la Mondialisation réagit aux propos de Manuel Valls !

jeudi 24 novembre 2016 à 12:20

C’est un tweet du Premier ministre qui a tout déclenché. Celui-ci affirme à un journal d’extrême centre (Les Echos) que « la mondialisation doit être « humanisée »  et doit être « au service des peuples », entre autres :

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Choqués que la principale concernée, La Mondialisation n’ait pas son mot à dire, alors qu’elle est directement pointée du doigt et menacée par Manuel Valls, nous avons décidé à Reflets de la contacter afin de connaître son sentiment face à cette mise en cause. Une occasion aussi pour mieux la connaître, puisque si « tout le monde en parle », en fin de compte, personne ne sait vraiment qui est La Mondialisation, ni ce qu’elle pense.

 

— Interview de La Mondialisation. En exclusivité sur Reflets —

 

Bonjour La Mondalisation, nous sommes très heureux de pouvoir échanger avec vous, et de recueillir vos réactions après les déclarations de Manuel Valls à votre propos.

La Mondialisation : — Salut. Aucun problème. Tu peux y aller, pose tes questions.

— Bien… Je vois que vous êtes plutôt décontractée, on ne vous sent pas trop inquiète par les attaques du premier Ministre français, pourquoi ?

L.M : — Je ne vois pas trop de quoi tu parles en fait. Manuel Valls, c’est quoi ça, une marque de montres de luxe ? Une startup californienne capitalisée à hauteur du PIB d’un pays africain ? Je connais pas. Autre question ?

— Bon, avant d’aller plus loin sur le sujet actuel, nous pourrions revenir en arrière, pour mieux vous connaître ? Quel âge avez-vous ?

L.M : — J’ai 22 ans, pourquoi ?

— Ah bon, pas plus ?

L.M : — Ça dépend ce qu’on compte, mais en général on me donne 22 ans, par commodité. Parce que j’ai été conçue sur une plage et je suis née la même année, en 1994.

— C’est charmant. Vous pouvez nous parler de vos parents ?

L.M : — Oui, mais j’ai plusieurs pères, c’était une partouze.

— Ah, d’accord…

L.M : — Ma mère, La Finance internationale était très chaude, elle attendait que ça, elle chopait tout ce qui passait. Elle a croisé les meilleurs acteurs porno pour ma conception. Il y avait Ernest Gros-capital, il était surnommé « bankster », M. Jonh Doe-Trader, Bill la dérégulation, Bob FMI, et OMC, le plus membré de tous. Il paraît que je lui ressemble beaucoup.

— …

L.M : — Autre question ?

— Oui, oui… Vous êtes donc le fruit de la Finance internationale et d’un tas d’acteurs porno qui lui tournait autour, si j’ai bien compris. Vous êtes jeune, en pleine forme, vous avez passé une crise d’adolescence, comme tout le monde, et là vous en êtes où ? C’est quoi votre projet de vie ?

L.M : — M’éclater. Continuer à faire la fête, prendre des risques, l’aventure quoi ! J’en ai rien à péter de tous ces cons qui essayent de me dire qu’il faut me calmer, et tous ces trucs débiles sur le fait qu’à 22 ans il faut commencer à s’assagir. C’est de la merde tous ces discours. Moi, je continue à faire ce qui me plaît, et basta !

— Vous n’avez donc pas de vrai projet de vie, en fait ? Mais, vous ne craignez pas que ceux qui veulent vous mettre « au service des peuples », vous « réguler », comme Manuel Valls,  ne vous forcent à vous assagir ?

L.M : — Les quoi ? J’ai pas compris la question, vous pouvez répéter ?

— Les peuples.

L.M : — Je ne sais pas ce que c’est. Ça rapporte combien chaque année ?

—…

L.M : — Ok, je vois, tu veux peut-être parler des clients ou des consommateurs, c’est ça ?

— C’est ça…

L.M : — Bon, je vois pas trop où est le problème. Les consommateurs ils ont besoin de consommer, et moi, je leur donne tout ce qu’ils veulent, des choses qu’avant ils ne pouvaient pas avoir : des smartphones, des laptops, des tablettes, des écrans TV plats grand format, des poulets congelés pas chers, des OGM qui luttent contre le réchauffement climatique et les sécheresses, des crédits bancaires, des plateformes d’achats en ligne, du trading haute fréquence, des barrières douanières à moins de 8%, des…

— Ok, ok, on a compris. Vous pensez être déjà au service des peuples en gros ?

L.M : — Ben oui, je viens de te l’expliquer. Au service des consommateurs. Les »peuples » ça veut rien dire.

— Et « vous humaniser » comme dit Manuel Valls, être « régulée » ?

L.M : — Il est con ou quoi la marque de montre de luxe ? Je suis humaine. J’ai été conçue par des humains, je suis au cœur de toutes les activités humaines, il veut quoi de plus ?

— Il parle de s’humaniser…

L.M : — Et lui, il est humanisé ? Attends je regarde ma base de données. Ok, ça y est je sais qui c’est. C’est un de mes valets ce « Manuel Valls », en fait, il bosse pour moi depuis le début. Donc, il déconne complet le domestique, là.

— Ah, pourquoi ?

L.M : — Pour pouvoir plus facilement m’éclater, et faire des soirées vraiment cool comme je les kiffe, j’ai demandé si on pouvait passer des accords Europe-Canada, et Europe-Etats-Unis, des trucs en « A », CETA, TAFTA, etc : il a poussé le truc à fond le Manuel, comme je lui ai demandé. Donc là, c’est juste du flan.

— Du flan ?

L.M : — Ben oui, attends, il a toujours été pour que je m’éclate ! Manuel, quand j’ai demandé de pouvoir m’éclater en Europe avec la Constitution machin-truc en 2005, il a applaudi. Et après il a voté pour l’autre traité constitutionnel machin-bidule en 2008 qui m’a permis d’être vraiment tranquille pour faire mes soirées jet-set en Europe !

— Ah oui, je comprends. Et donc, aujourd’hui ?

L.M : — Je vois qu’il y a une élection en 2017, en France, c’est ça ?

— Oui, oui.

L.M : — Et ben voilà, c’est juste que lui et quelques autres, ils se prennent pour mes parents, et comme je me défonce pas mal ces derniers temps, ils veulent essayer de rassurer autour d’eux, parce qu’ils ont peur que s’ils continuent de me fournir de la coke, à force, on va leur reprocher. Les consommateurs…

— Je vois, je vois. Bon, et…

L.M : — Ok, c’était marrant, mais j’ai autre chose à faire là qu’à répondre à tes questions à moitié débiles. Ciao bello !

— …

 

Fin de l’interview exclusive de La Mondialisation.

Global zombification : surtout, ne changez rien !

mercredi 23 novembre 2016 à 11:05

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Après une campagne électorale américaine de haut vol, nous voilà, en France, face à la primaire de droite : un spectacle démocratique extraordinaire. Dans le même temps, l’ex banquier et ex ministre de l’économie, un homme anti-système et révolutionnaire, s’est déclaré pour la présidentielle française : Emmanuel Macron.

François Fillon, cette figure incontestée de… quoi ? François Fillon n’est rien en politique, juste un pantin qui a exécuté des ordres pendant 5 ans sous les talonnettes d’un politicien véreux qui a réussi à aspirer une partie des voix du FN pour se faire élire en 2007 ?

Reprenons tout depuis le début.
Nous sommes dans un monde habité par une majorité de zombies, décrit par des zombies, dirigé par des zombies qui ont comme objectif de « zombifier » l’ensemble de la planète. Si vous n’y croyez pas et pensez que tout ça « c’est même pas vrai » et que « les théories du complot ça commence à bien faire » — mais que vous êtes curieux quand même, alors suivez le guide. Vous allez voir, c’est très amusant… mais pas que.

Quand plus personne ne sait quoi faire, tenter n’importe quoi semble le plus approprié

L’injonction contradictoire est une méthode managériale pour se débarrasser des éléments indésirables d’une entreprise, ou à minima, pour les rendre dociles. A force de devoir faire tout et son contraire, ou tenter de suivre des ordres impossibles à accomplir, l’employé s’épuise et craque psychologiquement. On peut ainsi le tenir sous son emprise, en laisse. Ou l’épuiser pour l’évacuer et le remplacer par quelqu’un de moins cher. C’est ainsi, par exemple, que fonctionne le système hospitalier français, avec des obligations de résultats de plus en plus élevées et des moyens… de plus en plus réduits. Les salariés de l’hospitalier en viennent à se suicider, et quand ils résistent à la pression, à simplement travailler comme des zombies. Dépressifs. Se sentant coupables, mais zombifiés : sans volonté, passifs, effacés, en pilote automatique.

Cet état de fait n’est que très peu relayé par les zombies de l’information, sauf quand il y a des morts ou des débuts de manifestation un peu fortes parmi les personnels hospitaliers. Puis les zombies de l’info passent à autre chose. De plus zombie-compatible. Et c’est bien normal, puisque les zombies de l’information sont eux-mêmes pris dans un processus de zombification. Les précaires sont légions dans le monde de l’information, ce qu’on appelle « lémédia », comme dirait Lordon. Le précaire a peur : de perdre son travail, de ne pas pouvoir payer ses traites à la fin du mois, d’être remplacé par un autre plus jeune, plus passif face à la direction, moins tenté de se rebeller. A termes, il passe en mode zombie, parce que c’est le plus simple et le moins inquiétant : recopier les articles des autres en les modifiant un peu, bâtonner des dépêches AFP, écrire des articles les plus lisses et les plus neutres possibles, animer des émissions ou présenter des journaux en évitant toujours les questions qui fâchent. En suivant la pensée zombie, celle qui a recouvert le monde. Une pensée qui ne fait jamais acte de réflexion ou de contestation « d’évidences » érigées en dogme, même lorsqu’elles s’effondrent dans les faits.

Et c’est là, dans cet instant particulier qui arrive à son apogée, dans la médiocrité, l’aliénation de la pensée généralisée, qu’arrivent les chefs zombies de la dézombification déclarée. Ceux qui annoncent que « comme plus personne ne sait quoi faire, parce qu’on tourne en rond comme des zombies, il faut faire quelque chose ! » Et que proposent-ils, puisqu’ils sont eux-mêmes des zombies en chef ? N’importe quoi…

Proposer n’importe quoi n’est pas donné à tout le monde, mais y croire, si

De nombreux politiciens sur la planète ont compris que dans un monde zombifié, où la pensée critique et la réflexion de fond ont disparu, le mieux était de raconter n’importe quoi, de proposer de changer les choses avec des propositions totalement décalées au regard de ce qui était jusqu’alors « pensé ». Ce contrepied au « bon sens zombie officiel de l’ordre établi ou ses contestations même les plus pertinentes » est censé démontrer aux zombies que leur sort n’est pas scellé, que peut-être bien qu’en essayant des trucs totalement débiles et incohérents, qui n’ont aucun sens historique ou politique mais sont censés « remettre en question » les politiques zombies en cours depuis 30 ans, tout en poussant encore plus loin le pire de ces politiques, on pourrait faire émerger un autre monde. Oui, bien sûr, mais lequel ? Un monde de zombies, désormais rassurés de l’être ? Possible. Regardons de plus près quelques propositions jetées en l’air, tant chez nos cousins tueurs de bisons ainsi que chez nous, au pays des fromages qui puent et des représentants des forces de l’ordre qui obligent les conductrices à leur faire des gâteries pour faire sauter leurs PV…

Trump a expliqué que le mal absolu qui blessait son pays de zombies, c’étaient « les autres ». Mais oui ! Caramba, mais c’est bien sûr ! On n’y avait pas pensé : les autres, c’est le mal (ou l’enfer pour certains). Le président zombie américain a donc promis plein de choses pour stopper « les autres », ceux qui blessent : l’économie zombie américaine, le marché zombie de l’emploi américain, l’industrie zombie américaine, le mode vie zombie américain, la race zombie américaine, bref tout ce qui fait la grandeur zombiesque de l’Amérique. Et ça a marché plutôt bien pour le chef Zombie Trump mais qui désormais recule un peu dans l’application de sa politique, parce qu’une fois qu’on a lancé « n’importe quoi » puisqu’on ne sait « plus quoi faire », un problème survient : Le n’importe quoi est très dangereux dans ses effets. Ce qu’on appelle les « conséquences » d’une politique. Et comme de toute manière le monde de zombies dans lequel on nage — comme un parlementaire français dans les privilèges dignes de la monarchie — est très codifié et orienté dans un sens unique, et bien l’idée qui arrive très vite avec le « n’importe quoi » est celle de reculer. Oui, on ne sait jamais : le n’importe quoi pourrait se révéler un peu catastrophique et les zombies pourraient se rebeller, voire, se dézombifier… Allons savoir ? Sachant que les ténors du n’importe quoi ont participé activement à la zombicfiation actuelle, la situation ne manque pas de sel.

En France, le parc des zombies s’agite, les bras bien tendus en avant devant leurs postes

Il y a une règle dans le monde de zombies, qui s’est mise en place et qui doit perdurer pour que le parc de zombies continue à tourner : regarder la télévision. Ou en avoir une, au moins. Tout en disant « qu’on ne la regarde jamais ». Pour suivre à minima le spectacle des zombies, surtout lorsqu’il y a du « suspens déclaré ». Par exemple, François Fillon et ses propositions de zombie « qui propose n’importe quoi par ce qu’on a tout essayé » est relayé et commenté par un maximum de zombies : de droite, de gauche, de ceux dans lémédia, des artistes zombies, bref, vous avez compris.

Macron, le zombie libéral — mais quand même un peu social il paraît d’après la presse zombie — qui veut faire une « révolution » (de zombies) et appelle à se rebeller contre le « système zombie », propose lui aussi n’importe quoi parce qu’il faut faire n’importe quoi pourvu que ce ne soit pas comme les anciennes politiques zombies. Lémédia zombies sentent que ce serait mieux si c’était Macron, parce que ce zombie là serait peut-être plus de leur côté que d’autres ? Le président zombie François Hollande, dans son palais de l’Elysée plein de zombies, attend, en bon zombie. Le parc de zombies tourne en rond, attend lui aussi, mais grogne de faim, comme chez les cousins du pays « qui tue des noirs parce que c’est des autres », parce qu’on lui a dit, au parc de zombies, qu’ils avaient faim, parce qu’on leur a bien répété qu’ils étaient des zombies tout juste bons à tourner dans leur parc. A passablement s’ennuyer. Alors qu’en faisant n’importe quoi, tout ça pourrait changer… « Parce que c’est plus possible ».

Néamoins, personne n’est prêt à proposer quelque chose pour changer la société de façon humaniste, avec des analyses de fond, basées sur des constats longs et des réalités vérifiables, une vision qui voudrait entre autres que la souffrance humaine est une préoccupation centrale en politique, qu’elle devrait être amoindrie autant qu’il est possible de le faire dans une société digne de ce nom. Qu’accueillir l’autre, celui dans la difficulté en particulier, est une chance, un moyen de rester humain, de rester digne. Mais non.

Et c’est bien normal que plus personne ne s’en préoccupe. Puisque la global zombification est en cours, et que les zombies — qu’ils soient aux manettes ou non — n’ont absolument aucun souci de toutes ces préoccupations d’une autre époque, d’un autre monde. Eux, ils regardent les écrans bourrés d’autres zombies, pensent zombie, se voient zombies, ont des envies de zombies. Particulièrement celle du « n’importe quoi ». L’envie qui ne demande pas de se poser des questions ou de réfléchir, de se questionner, une envie de n’importe quoi, une envie de zombie.

Conclusion provisoire : laisser passer la marée zombiesque bien à l’abri ?

40 ans de politique globale basée sur l’annihilation de toute contingence humaniste, sociale, de destruction de la préservations des acquis universel de l’après guerre pour forcer la planète entière à « faire du commerce de zombies et des profits de zombies à tout prix » a un coût. Il se paye par une transformation plutôt désagréable des individus, observable à grande échelle aujourd’hui.

La fin des êtres humains et leur mutation en zombies est-elle inéluctable ? Zombie de gauche ou zombie de droite, quelle importance ? Zombie salarié ou entrepreneur, réactionnaire ou révolutionnaire, réformiste ou conservateur, précaire ou fonctionnaire, riche ou pauvre, éduqué ou inculte, zombies des tous les pays unissez-vous devant vos écrans et allez les bras bien tendus bourrer des urnes pour la promesse d’un n’importe quoi qui vous unira dans l’espoir d’un monde de zombies nettoyés « des autres ». Vous savez, les autres, ceux qui ont vraiment faim. Sur les routes. Couverts de poussières. Epuisés. Ces zombies que vous craignez tant, et qui ne vous ressemblent pas, dites-vous.

Ces zombies que vous voulez renvoyer chez eux.
Ces zombies qui n’en sont peut-être pas, parce qu’ils n’en ont pas les moyens.

La marée de zombies doit s’exprimer, visiblement, et mettre au pouvoir un prétendant ou une prétendante au n’importe quoi. Une zombie en chef prête à proposer encore plus de n’importe quoi ?

Dans tous les cas :
Aléa jacta est.
Et Dieu reconnaîtra les siens…

Amen.

Petit précis d’Amesys à l’usage de Bernard Cazeneuve

lundi 21 novembre 2016 à 19:57

bloodyamesys

(Note : faites clic-clic sur les liens pour bien comprendre toutes les implications de cet article)

Notre ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, est le champion du « pas de failles ». Pas de failles, ni dans la lutte anti-terroriste, ni dans la mise en place du fichier monstre TES. Andréa Fradin a révélé que la société Amesys serait l’un des acteurs de la mise en place du TES, ce qui n’a pas manqué de déclencher quelques interrogations, notamment de la sénatrice Esther Benbassa qui a posé la question au ministre. La réponse, rapportée par nos confrères de NextInpact, a de quoi laisser pantois :

« La sénatrice Esther Benbassa a repris une information révélée par notre consœur Andréa Fradin, à savoir l’implication de la société Amesys dans le périmètre de ce fichier TES. Or, Rue89 rappelle que  « depuis la mort de Mouammar Kadhafi fin 2011, de nombreuses preuves (témoignages, brochures publicitaires…) accusent l’entreprise d’avoir vendu des technologies de surveillance des télécommunications au régime de l’ancien dictateur libyen. Dont il se serait servi pour arrêter et torturer des opposants, en épiant leurs faits et gestes sur Internet ».

Suite à cette mise en cause, Bernard Cazeneuve feint de découvrir ces éléments, pour immédiatement rassurer : « Cette société a été rachetée fin 2010 par Bull, après avoir changé plusieurs fois de mains (…)  La société n’est pas celle dont vous parlez. Son capital a changé depuis ces évènements ». Mais il confirme : la fréquentable Amesys « prendra une partie de la prestation ». »

J’connaipa

Il convient de fournir quelques précisions à Bernard Cazeneuve, qui fait aussi bien semblant de ne pas connaître Amesys, que Jean-Jacques Urvoas, ou Gérard Longuet par le passé.

Amesys n’a pas été rachetée par Bull. C’est l’inverse qui s’est produit et nous l’avions détaillé dans un long article titré « L’étonnante prise de contrôle de Bull par Philippe Vannier, Dominique Lesourd et Marc Hériard-Dubreuil« .

En deux mots, une petite société de services informatiques (SSII) prenait le pouvoir sur le plan actionnarial de la vitrine française de l’informatique : le géant Bull. Une incongruité qui ne peut s’expliquer, sauf à prendre en compte le rôle d’Amesys dans la vente de systèmes d’écoutes massives dans des pays fâchés avec les droits de l’homme et ce que cela a pu apporter à la France.

Le système Eagle, mis au point par Amesys, l’a été avec l’argent du premier contrat. Ce contrat était passé avec la Libye de Kadhafi. L’interface commerciale d’Amesys était Abdallah Senoussi, beau-frère du guide, patron des services de renseignement libyens et… condamné en France par contumace pour son rôle dans l’attentat du DC-10 d’UTA qui avait fait 170 morts dont 54 Français. Voilà qui devrait parler à Bernard Cazeneuve, lui qui est si impliqué dans la lutte anti-terroriste.

La participation d’Amesys à la mise sur écoute des internautes et des utilisateurs de téléphones en Libye a eu des effets tant en Libye qu’en France. L’entreprise est en effet poursuivie pour complicité d’actes de tortures devant le pôle crimes contre l’humanité, crimes et délit de guerre du Tribunal de Grande Instance de Paris. Ce que ne peuvent ignorer ni Bernard Cazeneuve, ni Jean-Jacques Urvoas.

Amesys n’est pas une simple SSII. Il s’agit d’un pivot de longue date du complexe militaro-industriel. Ce n’est bien entendu pas Airbus, Dassault ou Thalès… Mais sa participation à toute une série de projets dans le domaine de l’armement ou des IMSI-catchers par exemple, la placent dans une situation qui lui donnent une visibilité immédiate pour les services de renseignement (et notamment la fameuse boite postale B.G.A.CG350/R) à qui elle vend plein de choses, et donc, par ricochet, pour les gouvernements français successifs.

L’installation d’un Eagle au Maroc, bien après l’affaire libyenne et sous la présidence Hollande, n’a pu être menée à bien sans que le gouvernement n’eut été, a minima, au courant, si l’on tient compte des relations très particulières qu’entretient la France avec ce pays.

Bref, vous l’aurez compris (si vous en doutiez) le gouvernement français sait très bien ce qu’est Amesys, connaît son historique et fait à nouveau appel à cette entreprise en toute connaissance de cause.

S’paeux…

Après la méthode « je ne les connais pas, vous me l’apprenez, mais vos affirmations restent à vérifier », le polyvalent exécutif embraye sur la méthode « c’est pas eux, ce ne sont plus les mêmes qu’à l’époque de la Libye ».

Attendu, mais tout aussi risible que la première tentative.

Bernard… Cher Bernard Cazeneuve… Plus les mêmes ? Attendez, on va vous rafraîchir la mémoire. En attendant, mangez urgemment du poisson, ça va phosphorer !

Premier point, il faut se remémorer comment, voyant que l’affaire libyenne pouvait un jour lui exploser à la figure, Philippe Vannier, patron d’Amesys puis de Bull, a mené son opération enfumage mains propres. Celui-là même qui retirait 3000 euros en liquide, pour couvrir les menues dépenses de son dernier voyage en Libye. Excursion qui visait à vendre un upgrade de son Eagle. Il décidait de « vendre » l’activité DPI d’Amesys. Mais attention, hein, vendre est un grand mot. Le patron de l’activité DPI serait l’acheteur, l’entreprise « choisie » serait hébergée pour les premiers mois de sa vie dans les locaux mêmes d’Amesys. Cerise sur le gâteau, Stéphane Salies, ledit patron de l’activité DPI, était actionnaire de Crescendo Technologies, la holding qui détenait Bull aux côtés de Philippe Vannier.

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Quant à l’entreprise Nexa, qui était créée pour l’occasion, elle scinderait ses activités en deux. En France le DPI pour les entreprises, aux Émirats Arabes Unis le DPI pour les systèmes « nationwide ». Un pays qui très opportunément, n’est pas membre de l’arrangement de Wassenaar qui contrôle la vente des biens à double usage comme le DPI. Désormais, Eagle s’appelle Cerebro (le marketing…), mais c’est la même chose. Notez, cher Bernard Cazeneuve, que les dirigeants de Bull, Philippe Vannier en tête, étaient tellement sûrs de leur impunité qu’ils ont nommé l’entreprise créée dans la zone franche de Dubaï : Advanced Middle East SYStems. Ce qui une fois contracté donne… On vous le donne en mille : AMESYS. Taquins, non ?

© Societe.com

© Societe.com

Comme dirait Bernard Cazeneuve, Amesys d’aujourd’hui n’est plus l’Amesys d’hier. Car depuis, Atos a racheté Bull, et donc, Amesys.

Oui, oui… Mais non.

Atos, dirigée par Thierry Breton a repris Bull. Mais Thierry Breton a gardé Philippe Vannier, qu’il a nommé Directeur Exécutif, Big Data & Sécurité, Directeur de la Technologie. Et c’est en toute connaissance de cause que Thierry Breton a pris cette décision. Ni lui ni Philippe Vannier ne semblent s’inquiéter des conséquences sur l’image d’Atos que pourrait avoir une condamnation dans le cadre de la procédure ouverte pour complicité d’actes de tortures devant le pôle crimes contre l’humanité, crimes et délit de guerre du Tribunal de Grande Instance de Paris. Comme s’il était acquis que cette procédure n’aboutirait pas.

Voilà cher Bernard Cazeneuve, si les opération de bonneteau ont bien fonctionné sur le capital d’Amesys, et ce pour le plus grand bénéfice de ses actionnaires au premier rang desquels Philippe Vannier, ou pour celui de l’Etat français mouillé jusqu’au cou dans les entourloupes de cette entreprise, ou peut-être encore de celles de Qosmos, les hommes sont toujours là. Ils font toujours la même chose, avec les mêmes interlocuteurs. Ou presque, puisque Abdallah Senoussi est en prison. La boite postale B.G.A.CG350/R, quant à elle…

Trump, ou pourquoi les outils de surveillance massive doivent être proscrits

vendredi 11 novembre 2016 à 17:01
gouv.fr

Adresses mail .gouv.fr ayant effectué des achats sur le site d’un sex-hop français

Ce n’est pas la première, ni la dernière fois que Reflets exprime cette position : la mise en place d’outils de surveillance massive, y compris par des Etats dits démocratiques, doit être proscrit. Car il est impossible de prédire l’avenir et le type de régime qui s’imposera. Observez par exemple la différence d’orientation politique entre Mustafa Kemal Atatürk et Recep Tayyip Erdoğan en Turquie. Outre-Atlantique, se pose désormais la question de savoir comment sera utilisée l’immense machine mise en place par le gouvernement américain. Donald Trump aux manettes, tout peut arriver. Bien entendu, tout n’était pas rose sous Barack Obama, l’immense augmentation des morts par drones par rapport à l’époque Bush en est un exemple. Mais cette fois, le locataire de la Maison-Blanche ne semble même pas vouloir préserver les apparences.

Quelles sont les perspectives d’un opposant à Donald Trump ? Toutes ses communications, et donc toute sa vie privée, peuvent se retourner contre lui en un instant. Un mot de travers dans un mail ? Une blague au téléphone ? Tout ce que vous avez dit, direz, avez écrit ou écrirez pourra vraiment être retenu contre vous. Il suffit de demander aux opposants de Kadhafi victimes des technologies déployées par la France et Amesys, ils savent que les réseaux peuvent donner des leviers aux services de renseignement pour parvenir à leurs fins.

Imaginons un instant un homme politique disposant de ces outils et qui voudrait s’affranchir des contre-pouvoirs démocratiques. Il lui suffit d’aller piocher un fait qui peut servir de levier contre chaque député, sénateur qui s’oppose à ses projets.

Un député dont le fils a acheté un produit interdit via Internet, un sénateur qui a une liaison extra-conjugale, un homme politique qui a accepté de l’argent contre un service, tel autre qui se plaint de ne pas être récompensé à sa juste mesure par tel ou tel poste ? Tout cela se « lit » dans les informations circulant sur les réseaux informatiques et téléphoniques.

Gouvernement, députés, sénateurs, il est encore temps…

Il est temps, gouvernement, députés, sénateurs, de prendre conscience que depuis 2006, vous avez joué aux apprentis sorciers. Vous avez installé des technologies qui permettent à un gouvernement de tirer un trait total sur toute idée de vie privée. La plupart du temps au nom de la lutte contre le terrorisme alors qu’il a été prouvé combien cela est faux, une excuse, une invention.

nyt-nsa

Mais surtout, il est temps de comprendre que vous vous êtes tirés une balle dans le pied. Ministres qui faites la promotion de ces outils, le prochain Trump français les utilisera contre vous. Députés, sénateurs, le gouvernement du prochain Trump français vous réduira au silence avec ces outils dont vous avez approuvé la mise en place. Vous vous êtes tirés une balle dans le pied.

Il n’est jamais vraiment trop tard pour reconnaître une erreur afin de la corriger, si l’on en a encore les moyens. Il est donc encore temps de mettre un terme au déploiement de ces outils de surveillance massive. Il est encore temps de les démanteler avant que vos opposants politiques les plus dingues ne mettent la main dessus et vous écrasent avec.

Si seulement l’élection de Donald Trump pouvait au moins servir à cette prise de conscience…