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DiY de maison bioclimatique : autonomie solaire électrique effective

mercredi 18 septembre 2013 à 13:20

Construire soi-même une maison à énergie positive est un projet de Do It Yourself comme un autre. Un peu plus long et compliqué qu’une ouverture de porte à base d’Arduino, certes, un peu plus cher aussi, mais cela reste un DiY. L’article publié il y a un peu plus d’un an présentait cette maison qui devait fournir son énergie en toute autonomie. C’est chose faite : la maison est (presque) terminée (restent le crépi extérieur, des enduits intérieurs, carrelages etc…), elle est en tout cas habitable et habitée. Cette maison  est alimentée en électricité, en 220 Volts, mais par elle-même. Sans EDF. Cela s’appelle un site isolé, puisque l’énergie créée ne sert qu’à la maison, n’est pas réinjectée dans un réseau existant et n’a aucun raccordement vers l’extérieur. Cet article à pour objet de présenter cette installation solaire, d’un point de vue technique.

Les panneaux solaires

Les panneaux solaires peuvent être installés sur le toit ou au sol. Plein sud. Il n’est pas conseillé de les placer sur le toit si vous avez suffisamment de place autour de votre habitation, et ce pour une raison simple : les rayons solaires ne parviennent pas sous notre latitude avec le même angle en fonction des saisons, et les panneaux ne sont pleinement efficaces que lorsque les rayons solaires leur arrivent dessus à 90°. En les plaçant au sol, vous pouvez les changer d’orientation au fur et à mesure que le soleil opère sa course dans le ciel, fonction des périodes de l’année.

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Le choix a été fait de créer un plateau de terre à l’arrière de la maison, d’y construire deux cadres de bois pouvant orienter les panneaux de 25° (juin) à 70° (janvier).

solaire-1-2

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Il y a différents types de panneaux solaires, le but de cet article n’est pas d’aller trop loin dans les spécifications techniques, mais de donner quelques détails importants : les panneaux polycristallins sont moins performants que les monocristallins : le choix s’est donc porté sur des panneaux monocristallins. Les panneaux d’origine chinoise sont à éviter, la maison est donc équipée de panneaux de marque Victron fabriqués aux Pays-Bas. Il y a deux voltages de panneaux : 12 volts ou 24 volts (tension électrique des panneaux). Les panneaux peuvent être couplés en série pour additionner leur tension. Par exemple, 2 panneaux de 12 volts en série injectent du 24 volts. Les panneaux ont aussi une capacité en Watts-crête, ce qui correspond à la charge maximale qu’ils peuvent produire par jour. Le Watt-crête (Wc) est une valeur moyenne que l’on multiplie par 5 heures de lumière quotidienne pour connaître approximativement la charge que les panneaux peuvent produire en watt-heure (Wh). Il a donc fallu calculer la moyenne de consommation quotidienne de la maison en Wh pour dimensionner la charge des panneaux et leur intensité. Une maison entièrement électrifié consomme en général plus de 3000 Wh/jour, et plus la consommation sur le réseau 220 volts est importante, plus il faut une « basse tension élevée ». Au delà de 3000 Wh, le 48 volts est préconisé. La production électrique des panneaux se fait donc en 48 volts, vers des batteries montées en 48 volts, régulés en 48 volts et ensuite convertie en 220 volts.

Avec une consommation moyenne autour de 4500 watt-heure à 5000 watt-heure par jour, le choix a été fait d’installer 12 panneaux photovoltaïques 24 volts d’une puissance de 180 Wc, montés en série. Ce qui donne 6 champs solaire de 48 volts (2X24 volts en série, fois 6 = 12 panneaux) pour une production de 12X180Wc, soit 2160 Wc. Les deux champs sont raccordés à des boitiers parallèles 48 volts, et les les deux + et deux – des boitiers reliés entre eux par un « sucre » : les deux fils (+ et -) en sortie du sucre partent vers le régulateur dans la maison. La production quotidienne des panneaux se situe donc entre 6000 Wh et 10 000 Wh.

Les batteries solaires

Un site isolé est entièrement dépendant de sa capacité de stockage : il n’est pas possible de convertir la production 48 volts des panneaux solaire sans passer par des batteries. Les batteries solaires ont évolué, et actuellement, les plus performantes (en termes de durée de vie, capacité de charge, résistance aux décharges profondes) sont des batteries dites « scellées », sans entretien, appelées « Batteries Gel ». Ce sont des batteries 12 volts excessivement lourdes puisqu’elles pèsent 65 kilos chacune. Elles ne nécessitent aucun entretien, ne dégagent aucune vapeur, sont entièrement étanches. Une batterie solaire a un voltage (12 volts en général) et un ampérage : l’ampérage le plus élevé est 220 Ah dans le cas des Batteries Gel. L’ampérage (Ah) est important dans le cas des batteries puisque plus il est élevé, moins la décharge de la batterie est rapide. Des calculs d’ampérage des batteries en fonction de la consommation courante permettent de déterminer l’ampérage le plus adéquat. En réalité, un ampérage élevé va permettre aux batteries de ne pas se vider trop rapidement en cas de journées pluvieuses, sans lumière. Pour additionner les ampères, il faut monter les batteries en parallèle. La nécessité de stocker du 48 volts a imposé 4 batteries montées en série, et l’intérêt d’augmenter la capacité des batteries en Ah a imposé d’installer 4 autres batteries en parallèle :

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(Installation de départ : les batteries vont être fermées à terme dans un « local technique », elle ne seront plus visibles dans la pièce).

Les batteries solaires sont donc deux blocs de 48 volts montés en parallèle avec une capacité de 440 Ah.

Le régulateur

Il est indispensable d’installer un régulateur entre les panneaux photovoltaïques et les batteries : si les batteries sont pleines et que les panneaux continuent de les alimenter, celles-ci peuvent être endommagées. De plus, le régulateur est un appareil très important pour connaître à la fois la charge des batteries et effectuer des programmes de maintenance sur les batteries. Le régulateur utilisé est un Tristar 45, programmé (par cavaliers) pour du 48 volts, et batteries GEL scellées. Il ne faut pas hésiter à mettre le prix sur cet appareil qui assurera la durée de vie des batteries et permet d’optimiser la charge solaire. Quand les batteries parviennent à 100% de charge, le régulateur coupe la charge des panneaux et régule le « système ».

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(Les fils noirs fins (6 mm2) sont les arrivées du solaire, les gros cables noirs (35 mm2) sont les sorties vers les pôles + et – des batteries. Le vert jaune, la terre, les deux petits fils de couleur bleue et verte, les sondes sur les pôles + et – des batteries)

Pour finir : le convertisseur

Le système 48 volts doit être ensuite converti en 220 volts pour électrifier l’habitation. Un convertisseur 2500 watts (pouvant monter à 3000 watts) a été installé. Il est directement couplé aux pôles  + et – du jeu de batteries. De marque Victron, c’est un appareil cher mais indispensable et central dans le dispositif.

solaire-2

Il est raccordé à un tableau électrique de répartition différentiel, duquel tous les circuits électriques de la maison partent.

solaire-3(L’installation n’est pas encore terminée, les câbles seront scellés dans les murs, sous les enduits plâtre).

Conclusion provisoire

Un frigidaire basse consommation de type A++  (210 Wh) avec congélateur 90 litres, une machine à laver A+++ (consommation difficile à établir), des ampoules à led couleur chaude (4 Wh pour un éclairage équivalent à 50 watts), un Imac 27, un Macbook pro, un moniteur à led 27 pouces (lecture de films par clef USB des backups des DVD des propriétaires :-) , un modem satellite, un switch, une mini chaine stéréo. Pour l’heure, il n’y a jamais de problème de charge, même après des machines à laver (l’appareil le plus gourmand). La semaine qui vient de passer a été particulièrement mauvaise, puisqu’il y a eu un maximum de nuages, mais surtout beaucoup de pluie et la charge des batteries, si elle s’opère plus lentement, atteint les 100% en milieu d’après-midi (au lieu de 9h ou 10 du matin en cas de journées ensoleillés, 11 heures en cas de nuages sans pluie). Les panneaux monocristalins ne demandent pas du soleil, mais de la lumière seulement, cette affirmation est vérifiée. L’autonomie de la maison en électricité est pour l’heure assurée.

(Coût de l’opération : environ 11 500€ avec une autonomie totale)

 

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Pourquoi j’emmerde le #FN, et n’écrirai plus à ce sujet

mardi 17 septembre 2013 à 21:43

Oh, un billet de blog. A la première personne. Le voici, il est court, pour ceux qui n’auraient pas totalement entravé la démarche du dernier article intitulé :

Le #FN fait les bons constats, le #FN a la côte, le #FN aime la France, le #FN…

Cet article voulait exprimer ce que pensent de plus en plus de gens. Et comment cette « parole politique » du FN de Marine Le Pen, totalement mensongère et fabriquée, a fini par prendre.

Le Front National est un parti abject, raciste, dangereux, et néo-fasciste. J’emmerde le FN.

Quand à ceux qui croient au nouveau discours du nouveau FN, ce sont des imbéciles. Et s’ils votent en masse pour ce parti de merde, ils le regretteront.

Voilà.

Bon vent.

 

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#VUPEN ou les limites de l’attaque dans le cybermonde

mardi 17 septembre 2013 à 21:06

vupenÇa devient dégoûtant, il y en a partout partout… A force d’éclabousser, les révélations d’Edward Snowden sont en train de tout salir. Y compris une belle entreprise française respectable et florissante. Oui monsieur, française ! Un contrat entre la NSA et VUPEN a fuité… Bien entendu, rien de très neuf, si ce n’est une confirmation par une preuve de ce que nous savions déjà : VUPEN vend des exploits (des vecteurs d’attaque) à tout le monde sauf aux méchants :

“We only sell to democracies. We respect international regulations, of course, and we only sell to trusted countries and trusted democracies. We do not sell to oppressive countries.”

C’est du moins ce qu’expliquait aux journalistes Chaouki Bekrar, le patron de la société basée à Montpellier.

Et jusque là, rien à dire, les Etats-Unis font partie de l’OTAN, sa « frontière » morale, ils sont une démocratie (sur le papier). Il n’y a donc pas matière à critiquer VUPEN sur ses choix de clients.

Sauf que…

Sauf que VUPEN a des relations privilégiées avec la France. Avec les militaires français.

A ce stade, citons l’article du Monde sur VUPEN qui rapporte les propos d’Eric Filiol :

Eric Filiol, ancien officier du renseignement, spécialiste de cryptologie et aujourd’hui directeur du centre de recherche de l’ESIEA, l’école d’informatique de Laval, considère Vupen comme « un fleuron technologique de la France ». Sans donner de détails, il affirme que « Chaouki Bekrar est un vrai chef d’entreprise, et un patriote, qui travaille au service de son pays ». Bien sûr, Vupen vend aussi ses outils à des puissances étrangères, « mais c’est tant mieux, ça fait rentrer des devises ».

Eric Filiol semble regretter que Vupen reste une exception car, selon lui, la France est en retard en matière de cyber-stratégie par rapport à ses voisins comme le Royaume-Uni et surtout l’Allemagne : « Les Allemands possèdent déjà des unités militaires de cyberoffensive, pas pour mener des attaques, mais comme arme de dissuasion. » Pour cela, l’Etat allemand a su faire alliance avec les hackeurs, qui, de leur côté, ont créé une communauté solide, représentée par des institutions reconnues comme le Chaos Computer Club : « Bien sûr, explique Eric Filiol, les relations entre les fonctionnaires et les hackeurs sont compliquées, sur le mode « je t’aime, moi non plus », mais, dans l’ensemble, les échanges sont stables et productifs. »

L’offensif, credo des militaires

Depuis que le cybermonde est cybermonde, les militaires rêvent d’en faire un champ de bataille. Ils nous bassinent avec les risques d’un cyber Pearl  Harbour, d’une cyber guerre qui ruineraient en quelques instants les infrastructures essentielles d’un pays.

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C’est très pratique, parce qu’avec la disparition de la menace représentée par les méchants rouges assoiffés du sang des petits enfants américains, les agences de la communauté du renseignement voyaient déjà leurs budgets fondre. Le hacker (pirate) assoiffé de bits remplace opportunément le communiste.

On commence par faire peur, avec des discours alarmistes sur la cyber guerre et le cyber terrorisme qui ne manqueront pas de se matérialiser si l’on ne fait rien. Et puis, on annonce que l’on se prépare avec une cyber armée. Attention, là on en est encore au stade de « on vous protège en cas d’attaque ». Puis quand tout le monde est bien gavé de FUD , on commence à parler de gros bouton rouge. Un gros bouton comme celui dont les Etats se sont dotés pour l’arme nucléaire. Un bouton pour « arrêter » l’internet. Et in fine, on annonce que l’on a des capacités « offensives ».

C’est le but final de tout militaire (avoué ou inconscient). Son métier est d’apporter la guerre partout où il le peut. Alors s’il y a moyen de la faire même dans le cyber monde, qui pourtant a démontré largement avec ses chats par milliers qu’il est pacifique, pourquoi pas ?

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Là où ça pêche, et les entreprises comme VUPEN se gardent bien de le dire aux militaires et aux politiques qui ne le savent pas, c’est que dans le cybermonde, cette monumentale photocopieuse, quand on balance un truc « offensif », il y a de très fortes chances pour qu’il nous reviennent en pleine poire. L’exemple le plus simple à comprendre est celui du « virus » « offensif » qui ne tardera pas à revenir s’installer sur vos machines si vous le balancez dans la cyber nature.

Mais revenons à VUPEN. Voilà donc une société dont le patron est un « patriote » qui « travaille au service de son pays« . Or elle a passé un contrat avec la NSA pour lui vendre quelques exploits. Les Américains ne sont probablement pas gênés pour les utiliser contre la France qu’elle espionne depuis toujours dans cette relation si particulière du « je t’aime moi non plus » qui celle de ces deux pays. Patriote, mais pas désintéressée VUPEN…

En termes de « gains » militaires, dans le cyber monde, il est sans doute bien plus « payant » de travailler à la défense qu’à l’attaque.

Mais c’est tellement moins vendeur…

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Bâtonnage de dépêches : Les Echos au top

mardi 17 septembre 2013 à 19:09

Aujourd’hui, Reflets vous apprend un mot du jargon journalistique avec des images. Dans la presse, on dit que l’on bâtonne des dépêches quand on remanie des articles d’agences de presse. Le top du top dans ce domaine étant de prendre une dépêche, écrite par un autre journaliste, donc, et de signer le contenu. Valeur ajoutée ? Quelques mots modifiés, une phrase de liant entre deux paragraphes. Bref : zéro valeur ajoutée.

Cette semaine, Les  Echos nous ont apporté une preuve en image de cette démarche de plus en plus courante.

Attention, démarrage du jeu des sept erreurs…

Commençons par la dépêche de Reuters :

Reuters-Les-Echos

Et maintenant, l’article des Echos sur le même sujet publié par Jean-Michel Gradt :

Les-Echos-Jean-Michel-Gradt-Reuters

Et voila… C’est un métier le journalisme quand même…

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Le #FN fait les bons constats, le #FN a la côte, le #FN aime la France, le #FN…

lundi 16 septembre 2013 à 10:20

(Il faut à tout prix arrêter de dire n’importe quoi sur le Front national : ce parti a modifié son discours de façon radicale depuis 2011 et se positionne aujourd’hui comme un parti de gouvernement potentiel. Il est donc nécessaire de comprendre ce qu’il dit, qui il séduit, pourquoi il séduit, puis tranquillement, faire les constats qui s’imposent au cas où il parviendrait à prendre le pouvoir, où tout du moins le partager avec d’autres…)

Avec les derniers sondages d’opinion qui placent les « idées du Front national » au plus haut,  un possible raz-de-marée électoral aux municipales, mais surtout aux européennes est possible. La « classe politique », comme on l’appelle, est aux abois. Et l’attitude de condamnation du FN, bien connue et largement utilisée depuis 30 ans, d’une majeure partie de cette classe politique, ne semble plus vraiment fonctionner. Pourquoi  ? Parce que le FN n’est plus considéré comme un parti d’extrême droite. Mais par qui ? Par les détenteurs de cartes électorales. Les plus nombreux, soit dit en passant, comparé aux analystes politiques et aux politiciens, qui poussent, eux, des cris d’orfraie. Comment un parti d’extrême droite peut-il ne plus être d’extrême droite et parvenir réunir autant d’opinions positives ?

Le constat du FN 2.0

Ce qu’a réussi à faire la présidente du Front national, Marine Le Pen, en deux ans et demi, est un tour de force : transformer un parti raciste, entièrement centré sur des préoccupations d’extrême droite (immigration, insécurité) en un parti de droite contestataire-conservateur-anti-mondialisation, parfaitement en phase avec les analyses d’une majorité de la population. Ce FN 2.0 s’appuie sur Internet, a un réservoir de jeunes gens emballés qui travaille sur les réseaux sociaux au succès du parti, et sait exactement où se situent les malaises de la société, mais surtout, quelle est l’analyse populaire, (du plus grand nombre, donc) de ce même malaise. Le FN dénonce le déclin français, exactement comme les grands partis de gouvernement, le PS et l’UMP. Ce déclin cause de nombreuses souffrances, d’énormes changements dans la société : près de 9 millions de personnes sont en dessous du seuil de pauvreté en France en 2013. Désindustrialisation, chômage, croissance économique en berne, perte de marchés, incapacité à se maintenir dans la compétition mondiale, pouvoir d’achat de la population au plus bas : la France a commencé à perdre son statut de grande nation industrielle. Mais là où le FN se distingue des autres partis, ce n’est pas sur ces purs constats, mais sur les raisons qui amènent ces constats. Si l’UMP estime que le problème français est avant tout celui des charges qui pèsent sur les entreprises, de compétitivité pure, d’impôts trop élevés, le PS est à peu près sur la même ligne. Ce qui les sépare ne se joue qu’à la marge, autour de sujets périphériques au déclin économique, comme la justice ou l’école. Tout réunit en réalité le PS et l’UMP, et plus spécialement une chose : la « construction » européenne. Sa commission, ses critères contraignants, sa toute puissance technocratique, son libéralisme débridé vouant les pays a n’être que de vastes supermarchés jouant à se taper dessus dans une vaste et splendide « concurrence libre et non faussée ». Cette Europe qui impose au Etats des budgets restreints et sous contrôle, basés sur des critères subjectifs, menant à une austérité éternelle.

Qui peut encore défendre la politique économique de l’Union européenne ? Le président actuel fustigeait le TSCG fin 2011 et disait en synthèse : « C’est une honte, ce traité va étouffer toute possibilité pour l’Etat de pratiquer une relance qui est nécessaire ! Une fois élu, je ne le signerai pas je le renégocierai ! ». A peine élu, le traité est signé par François Hollande moi-président, tel quel (avec le mot croissance en plus dans le titre, mais sans changer le contenu). Traité qui lui permet de justifier ses dizaines de milliards d’impôts, taxes, et autres réductions budgétaires qui étouffent à peu près tout et tout le monde. Les Français ne sont pas entièrement stupides, tout ça ils le savent. Comme ils savent ce qu’a fait le président du travailler-plus-pour-gagner-plus : 600 milliards de dette en plus en 5 ans, des contraintes légales franco-européennes sur à peu près tous les sujets, jusqu’à la façon de se comporter dans un espace public.

Et que dit le FN ? Il dit « UMPS ». En réunissant ainsi les deux partis de gouvernement, le FN établit ce constat : « ces partis vous ont mené à ne plus pouvoir partir en vacances, alors que vous n’avez jamais travaillé autant, ces partis sont identiques, se connaissent, se passent le pouvoir, et surtout ils ont vendu le pays : à la technocratie européenne, aux multinationales, à la finance internationale« .

Le discours du FN 2.0

Quand les grands partis de gouvernement de droite ou de gauche refusaient de faire de l’immigration un problème central, le FN passait pour ce qu’il était : un parti politique raciste d’extrême droite obnubilé par le fait de se jeter sur l’immigré maghrébin ou noir africain, déclaré centre de tous les maux de la société. Aujourd’hui, les quotas de reconduite à la frontière de sans-papiers est pratiqué de la même manière par un Guéant-Hortefeux qu’un Valls. L’effet de cette politique de « fermeté migratoire » sur le FN, est exactement inverse à celui recherché : au lieu de convaincre les électeurs du FN que les autres partis peuvent faire une politique « comme le FN », elle a démontré que désormais, vouloir atteindre des quotas humains d’étrangers qu’on parque dans des camps de rétentions dégueulasses en attendant d’être renvoyés dans des pays où ils peuvent se faire tuer, n’est pas être d’extrême droite. Plus besoin donc, pour la nouvelle présidente de se focaliser comme son père sur l’immigration ou la sécurité : Valls s’en charge, et ses gesticulations font sourire Marine Le pen, et ses électeurs avec elle.

La présidente du Front national a donc décidé de sortir son parti du rôle que le père Le Pen lui avait fait endosser : un parti poujadiste et raciste mais qui ne cherche pas à prendre le pouvoir, sème le bazar et joue aux grand méchant loup. Marine Le Pen a décidé de faire de son parti un parti de gouvernement. Il était donc nécessaire de le faire sortir de sa case extrême droite, et surtout de le faire parler au delà de son électorat naturel : les gros beaufs racistes nostalgiques de la gégène d’Algérie. Le discours ne peut donc plus être le même, plus du tout.

Les constats effectués plus hauts sur la prédominance d’une oligarchie financière dans le système économico-politique est le cheval de bataille de Marine LePen. Les dénonciations de cette mondialisation qui enrichit les ultra riches et met au chômage les Français désormais soumis aux décisions des conseils d’administration à la solde d’un actionnariat sans frontières qu’effectue Marine Le Pen sont identiques à celles de la gauche de la gauche et de l’extrême gauche. Avec une cerise sur le gâteau, et pas des moindres : le souverainisme-nationaliste comme réponse à cette opa euro-mondialiste sur le pays chéri du saucisson pinard et de la pétanque. Cette solution souverainiste-nationaliste est assez simple, et a une capacité de séduction très forte pour une raison principale : elle n’a jamais été appliquée par personne, et personne ne la propose. Sortir de l’Union européenne qui nous a menée là où nous sommes, dans le fossé, sortir de l’euro, cette monnaie qui nous appauvrit chaque jour un peu plus, battre de nouveau monnaie, faire le ménage entre nous, sans plus aucune contrainte extérieure. Par exemple, sur les Roms, si l’Europe peut venir rappeler à l’ordre la France et l’empêcher de « faire des trains de Roms » (comme ce fut le cas avec Sarkozy, sermonné par l’UE) avec la solution Marine de sortie de l’Europe, plus personne ne pourra nous empêcher quoi que ce soit. Cette proposition d’un retour à la France d’antan, glorieuse, est le cœur du discours lepeniste 2.0. Et vue la situation sociale, économique, politique…il emballe. De plus, l’aventure proposée est exaltante, il se passerait enfin quelque chose dans ce pays totalement éteint, c’est en tout cas ce que peuvent croire les électeurs potentiels (ou non) du Front national.

Conclusion : Le FN n’a plus rien à démontrer

Le « tous pourris » du FN arrivait à convaincre une partie des électeurs, mais à la marge. Avec des Cahuzac, des DSK ou autres Takiedine-Sarkozy-Juppé additionnés aux reniements permanents des derniers présidents élus, cette affirmation est partagée aujourd’hui par le plus grand nombre. Mais cette conviction populaire ne suffit pas, et le FN le sait bien. Il faut donc pour le parti d’extrême droite souverainiste anti-corruption/mondialisation, amener des réponses concrètes aux problèmes des « gens ». Les seuls aspects de sortie de l’union européenne, du retour au franc ne sont pas suffisants. Le FN se positionne donc comme défendeur de la laïcité, celle qui chasse les femmes voilées et que la gauche plébiscite. Le FN n’est plus contre l’IVG, comme la gauche, et comme la droite, par force. Le FN n’est plus libéral, il veut de la régulation, il croit au pouvoir de l’Etat et veut combattre les abus des « voyous en col blanc ». Le FN veut protéger les citoyens, pas seulement des délinquants, il n’a même plus besoin de le dire tellement chacun connaît sa « fermeté » sur le sujet, mais aussi socialement : les citoyens qui méritent, les bons français, une majorité lorsqu’on y réfléchit bien, puisque se définir comme « mauvais français » doit être assez rare. Le FN a des propositions économiques, parle des vrais sujets qui touchent les gens, pratique une parole politique de bon sens populaire, et prétend être en mesure d’amener des réponses concrètes aux problèmes des citoyens. Et il le fera. Surtout si les problèmes des gens sont des camps de gens du voyage, des cambriolages et autres incivilités. L’esprit Front national est partagé par le plus grand nombre, et si personne ne sait comment cet esprit se concrétisera dans les urnes, il est parvenu à s’immiscer dans la société qui, effarée par l’inconséquence des élites au pouvoir, n’en peut plus de se voir soir et matin sur les écrans de télévision ou sur son compte en banque, décrite comme une bande de losers piégés par une petite tribu d’oligarques et leurs valets en costume cravate qui se pavanent dans les ministères ou dans les chambres des représentants.

Nous sommes au seuil d’un changement de paradigme très important.

A chacun de chercher comment l’éviter…ou pas le vivre.

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