PROJET AUTOBLOG


Reflets.info

source: Reflets.info

⇐ retour index

Des exilés asphyxiés

mardi 14 février 2023 à 11:33

Dessous Choc #11

Dans son livre « La battue » qui vient de paraître aux éditions du Seuil, le photojournaliste Louis Witter documente et analyse la stratégie anti migrants mise en place dès le quinquennat de François Hollande, en 2016 sur la côte entre Calais et Dunkerque dite « zéro point de fixation ».

Couverture du livre La Battue de Louis Witter - Copie d'écran
Couverture du livre La Battue de Louis Witter - Copie d'écran
Derrière cette expression sibylline fièrement brandie par l'État, symptôme d’une novlangue euphémisante, se cache une triste réalité. Celle du harcèlement d'hommes et de femmes qui voient régulièrement leurs abris de fortune détruits, les empêchant de trouver un répit avant de traverser la Manche pour rejoindre l'Angleterre et reconstruire leur vie.

Cet état de survie dans lequel sont maintenues ces personnes migrantes est dénoncé par les associations de solidarité qui leur viennent en aide mais aussi par un récent rapport parlementaire qui démontre le peu d'efficacité de la stratégie de l'État.

Sans pathos inutile, ni militantisme partial, Louis Witter a fait simplement avec sérieux son travail de journaliste en racontant le quotidien des exilés de Calais, mis au ban de la société non pas pour ce qu'ils auraient fait mais en raison de ce qu'ils sont : « Aux yeux de l’État, c'est leur existence même sur le territoire qui devient l'illégalité. »

Bassines #3 : des voix d’eau qui portent

mardi 7 février 2023 à 09:23

L’interview croisée de deux figures du milieu

Ces deux hommes sont intarissables sur le sujet des bassines. Ils ont toutefois un avis aussi contraire que l’eau et le feu. Nous leur avons posé les mêmes questions pour mieux entendre leurs divergences : deux mondes, pour un seul réchauffement climatique…

A gauche Luc Servant, à droite Julien Le Guet, deux meneurs de débats - Reflets

L’un et l’autre sont des personnages connus et reconnus sur le territoire du Sud-Ouest. Lorsqu’ils apparaissent, les micros se tendent pour cueillir une phrase, un avis, un bilan. Mais ces deux voix là portent un discours qui ne s’adresse pas tout à fait au même auditoire.

Ils défendent leurs idées avec conviction et force de persuasion. Comment écouter l’un sans froisser l’autre, sinon de les faire parler par ordre alphabétique. Ce sera donc au tour de M. Le Guet d’ouvrir l’interview avant de laisser M. Servant s’exprimer ensuite. Avant d’entendre les arguments de l'un et de l'autre, une petite présentation rapide s’impose afin de mieux cerner le profil des débatteurs.

Les cartes de visite express

Luc Servant, un pro bassine très actif - Capture d'écran
Luc Servant, un pro bassine très actif - Capture d'écran

Selon les informations disponibles Luc Servant est installé en agriculture depuis 1991 à Benon (17), il est à la tête d’une exploitation de 183 hectares plantés en céréales et protéagineux. Il est adhérent à la FNSEA. Au rang de ses mandats professionnels il aura occupé les fonctions de :

  • Président de la Coopérative de Courçon
  • Président de la Chambre d’agriculture de Charente-Maritime
  • Président de la Chambre régionale d’agriculture de Poitou-Charentes
  • 1er vice-président de la Chambre régionale d’agriculture de Nouvelle-Aquitaine
  • Vice-Président, membre du Bureau et Président de la Commission Economie de l’APCA
  • Depuis 2020, il a été élu Président de la Chambre d’agriculture régional de...

Bassines #4 : une science à deux rapports ?

mardi 7 février 2023 à 09:22

Le rapport du BRGM sur l’impact des bassines questionne…

Bassines des riches et eau des pauvres…comme en médecine ? C’est un peu le sentiment qui se profile en arrière plan des révélations d’Anne-Morwenne Pastier, une scientifique qui pointe les incohérences d’une étude menée par le Bureau de Recherches Géologiques et Minières.

Un rapport favorable aux bassines mais durement contesté - capture écran

Selon les termes officiels, le BRGM est à considérer comme le service géologique national. Cet établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC) fait référence « dans les applications des sciences de la Terre pour gérer les ressources et les risques du sol et du sous-sol dans une perspective de développement durable ». Créé en 1959, il est placé sous la tutelle des ministères en charge de la Recherche, de l'Écologie et de l'Économie.

Un décret du 23 octobre 1959 relatif à l'organisation administrative et financière du Bureau stipule qu'il est habilité « à procéder à toutes opérations commerciales, industrielles et financières compatibles avec son objet. A créer des filiales et prendre des participations dans des organismes et sociétés dont l'activité est directement liée à ses propres développements et à leur accorder, le cas échéant, des aides, en particulier sous forme de prêts ou d'avances ».

Un rapport commandé par les pro-bassines - Capture d'écran
Un rapport commandé par les pro-bassines - Capture d'écran

En juillet 2022, le BRGM rend ses conclusions dans un rapport aux termes très favorables aux réserves de substitution. La Synthèse des impacts se voit ainsi présentée : « Le scénario 2021 de mise en place de retenues de substitution par la coopérative des eaux des Deux-Sèvres permettrait une amélioration globale des nappes du Jurassique supérieur et moyen, en printemps été ». Ces précisions rapportent que « d’une manière générale » le respect des futures limites de prélèvements en...

Bassines #1 : mode d’emploi

mercredi 1 février 2023 à 17:57

Un abécédaire pour mieux comprendre les maux de l’eau

Les opposants aux réserves d’eau parlent de cratères à ciel ouvert. L’image pourrait paraître excessive à qui n’a jamais approché une bassine. Mesurés de plus près, les surfaces et les volumes donnent pourtant le vertige.

Un rapport d’échelle qui donne la mesure… - capture écran

A comme agriculture

Le discours de Christophe Béchu, l’actuel ministre de la transition écologique, ne surprendra personne : « Il n’y a pas d’agriculture sans eau… ». Bien sûr, mais le bon sens paysan d’autrefois doit désormais composer avec d’autres évidences : « La question n’est plus de savoir s’il y aura des sécheresses, mais quand… ». Ce constat plus étayé émane du président du Comité national de l’eau (CNE) dont la charge consiste à alimenter la réflexion du gouvernement sur la politique de l’eau.

Panne sèche : où se trouve la station d’eau SVP ? - Capture d'écran
Panne sèche : où se trouve la station d’eau SVP ? - Capture d'écran

Du côté du Sénat on préfère se montrer rassurant : « Le tableau n’est en rien apocalyptique, la France reste un pays bien doté en eau et devrait pouvoir la gérer en bonne intelligence, mais à la condition de porter un regard lucide sur les changements qui nous attendent ». Cette commission sénatoriale s’est accompagnée d’un rapport ouvrant sur une curieuse question : « Les utilisateurs de l’eau vont-ils pouvoir apprendre à s’en passer? ». Ou comment traiter du manque en s’occupant de la gestion du manque…

Mais qui sont ces utilisateurs dont parlent les sénateurs et à qui il conviendrait d’apprendre à se passer de l’indispensable? Le rapport d’information précise « l’effort de sobriété pèsera principalement sur l’agriculture, qui représente les deux tiers de la consommation d’eau ». L’avenir et les enjeux y sont clairement exposés : « Des actions de perfectionnement technique peuvent encore être menées...

Bassines #2 : au tribunal des actes et des idées

mercredi 1 février 2023 à 17:56

Du droit, du devoir, et du pouvoir désobéir

Sept prévenus et deux procès. Deux audiences aux termes desquelles une loi sûre et écrite s’est appliquée sans trembler ni faillir. De celle qui se prononce code pénal en tête et sagesse sociétale sous le bras, Récit de quelques contrariants instants de justice…

Tribunal judiciaire de La Rochelle, le 5 janvier 2023 - © Reflets

Le premier procès s’est tenu le 5 janvier, au tribunal de La Rochelle en Charente-Maritime, le second a eu lieu le lendemain, à Niort dans les Deux-Sèvres. Deux prévenus à la barre d’un côté, cinq de l’autre, tous défendus par un même cabinet d’avocat. Les faits se sont déroulés dans un proche périmètre géographique, mais sur deux territoires juridictionnels distincts.

La justice des hommes pose des frontières, là où la nature n’en connaît pas. Le Marais poitevin, là où ont été commis les actes délictueux, se tient à cheval sur trois départements (Vendée, Charente-Maritime, Deux-Sèvres) et deux grandes régions de France (Nouvelle-Aquitaine, Pays de Loire).

La députée Clémence Guetté venue soutenir la cause des anti-bassines - Reflets
La députée Clémence Guetté venue soutenir la cause des anti-bassines - Reflets

Bien au-delà des chefs d’accusation principaux, c’est de la désobéissance citoyenne face à une nécessité écologique dont il aura été question au tribunal de La Rochelle. A chacun ses arguments, pour la partie civile : « Nous ne sommes pas là pour rentrer dans un débat politique et sociétal ».

Un argument partagé par le parquet : «L’état de nécessité ne peut pas faire litière de l’État de droit. C’est le rôle du législateur de décider de l’état de nécessité écologique ».

Du côté de la défense on souligne que « L’État ne fait pas grand-chose pour faire respecter ses propres règles ». Ses avocats rappellent que d’autres contestations plus lointaines se sont vues retoquées par les tribunaux « avant d’aboutir à l’Assemblée nationale, et parfois...