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L’homme, la fourmi et le salaud

jeudi 9 janvier 2014 à 15:09

bon-brute-truand

C’est drôle. Enfin non ce n’est pas drôle. Depuis peu, autour de moi, des hommes qui tombent. Des types et des femmes qui vont, un peu stressés, à leur entretien d’évaluation, leur analyse à 360 degrés, la réunion d’attribution des primes, et hop… qui tombent. Qui rentrent le soir à la maison après avoir été remerciés. Licenciés. Lourdés. Dehors. Adieu veaux, vaches, cochons et voiture de fonction.

Après avoir joué le jeu, celui qu’on leur demandait de jouer pour le bien de l’entreprise, pour sa productivité, sa compétitivité, après avoir joué le jeu des escalades d’emails pervers et assassins, celui de l’humiliation assumée au nom du « je garde mon emploi », celui du « tu as trois ans pour passer du statut d’apprenti salaud à celui de salaud confirmé ». Tu n’es pas devenu chef salaud ? Alors, merci, au revoir, dehors, t’es pas assez dur. Tu ne veux pas partir un an au Qatar parce que ta femme est enceinte ? Tu es un faible. Premier avertissement. Et, tiens, au passage, pendant que tu seras là-bas, change de costume, tu ne présentes pas assez bien. Quoi encore ? Ta femme ? On s’en cogne, mon gars, on s’en cogne.

C’est drôle, enfin non, ce n’est pas drôle… comme ils semblent redevenir plus humains les apprentis qui ont échoué à devenir plus salauds que les autres, quand ils rentrent chez eux, le soir, les mains vides, la peur au ventre, l’incertitude du lendemain, les prochaines vacances qui s’envolent et l’Ipad mini pour le gamin… Drôle comme ils reprennent des couleurs humaines… comme ils peuvent enfin assumer, revendiquer, une certaine part de faiblesse – contenue dans le mot-même « humanité ». Celui qui, de plus en plus souvent, fait défaut aux entreprises. Compétitivité, vous comprenez… Il me semble que ce mot même justifie toutes les saloperies du travail au quotidien, toutes les bassesses, les mensonges, vilénies et compromissions professionnelles.

Pendant ce temps, pour ceux et celles qui sont en place, ça s’étripe, s’écharpe, se marche dessus pour rester dans le système, gagner, réussir, et surtout s’accrocher à sa fiche de paye, sa bagnole, sa prime… C’est normal, il faut bien manger, et puis la télé qui montre tous ces pauvres au 20 heures, ça fait peur, et en même temps, au jeu des chaises musicales, moins il y a de chaises, plus la lutte est dure. Et plutôt que de se penser comme une société, plutôt que d’être à même de prouver la supériorité de l’humain sur la fourmi de se concevoir comme un groupe, qui s’écarte pour faire un peu de place à l’autre, ou au contraire se serre un peu pour se réchauffer quand les temps sont durs, nous, les humains, les grands colonisateurs de cette planète en location, vivons, pour beaucoup, à court terme, les yeux rivés sur un emploi, un emploi à tout prix. Avec ce chiffre qui me taraude depuis que je l’ai lu récemment ! 1% des plus riches détiennent 46% du patrimoine mondial.  Un truc qui n’arriverait même pas chez ces connes de fourmis…

Bull va vous mettre la sécurité dans le … Cloud

jeudi 9 janvier 2014 à 12:19

bloodyamesys

C’est l’histoire d’une entreprise qui a vendu en 2008 un système d’écoute globale des échanges sous IP (Web, mail, réseaux sociaux, téléphones portables, satellites, etc.) à un terroriste condamné en France à perpétuité par contumace par la Cour d’Assises spéciale de Paris en 1999. Flash-back : à cette époque, Philippe Vannier, actuel patron de Bull est le patron d’une SSII d’Aix en Provence, Amesys. Il vend Eagle, un système visant à mettre sur écoute toute la population libyenne à Kadhafi. L’interface de la société s’appelle Abdallah al-Senoussi, le beau-frère du dictateur. Il supervisera les travaux d’installation. Philippe Vannier rachète dans la foulée le groupe Bull. Et en devient patron avec la bénédiction probable des autorités françaises qui ont supervisé toute l’opération. Amesys est intégrée à Bull. L’affaire est éventée grâce aux efforts de Reflets. Bull cède son bâton merdeux à … Bull. La technologie de Bull/Amesys sera par la suite étendue à plusieurs pays fâchés avec les droits de l’Homme. Une vraie petite industrie de délocalisation  possible des écoutes pour l’Etat français.

C’est donc avec la plus grande surprise (feinte) que Reflets découvre aujourd’hui le thème d’une conférence de Bull au FIC 2014 : « Cloud de confiance et économie mondialisée : comment faire face au cyber-espionnage ? »

Résumons… La société qui a mis en place les technologies d’écoute massive, ayant servi à espionner des entreprises (Tunisie) et des opposants politiques (Libye, Etats-Unis…) vient vous expliquer… comment lutter contre le cyber espionnage. Vous nous direz, il n’y a pas meilleur fabriquant d’alarmes qu’un ancien cambrioleur…

bull-dans-ton-cloudQuel argument ouvre le bal des blagues de Bull dans son annonce ? « L’affaire PRISM » qui aurait fait naître « des suspicions légitimes« . Sans blagues ?

Pour ceux qui prennent le train en marche, les technologies développées par le patron de Bull, Philippe Vannier au sein d’Amesys sont justement, exactement les mêmes que celles qui ont servi à la NSA pour mettre sur écoute la planète.

Mêmes technologies, mêmes méthodes, mêmes résultats, mêmes méthodes d’interrogation dans les bases de données… Même infrastructure (sauf que chez nous, pour les câbles, c’est avec Alcatel et Orange que l’on passe des accords).

Et avec quoi Philippe Vannier compte-t-il protéger les entreprises qui risquent de se faire espionner avec des produits Bull/Amesys ou NSA Inside ? Avec du Cloud souverain bien sûr… : « des architectures robustes intégrant des équipements de confiance« .

Dans ton cloud, la sécurité. Aie confiance…

kaa

Petits arrangements avec les principes et courte vue

mardi 7 janvier 2014 à 16:44

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Yoh les guys, on se fait un petit selfie ? Cette image qui a fait le tour de la planète est le reflet frappant d’une époque. Celle des petits arrangements avec les principes, la morale commune, celle de la courte vue. Pendant l’hommage rendu à Nelson Mandela, le président américain se fait prendre en photo avec David Cameron. La Première ministre danoise Helle Thorning-Schmidt ne voulait pas manquer ce petit « souvenir ». Il est visiblement bien plus important pour elle, d’immortaliser sa bobine avec des chefs d’Etat que de communier avec la population Sud-Africaine pleurant un homme ayant bouleversé l’Histoire. L’indécence des trois dirigeants – et pourquoi pas un petit selfie autour du cercueil tant qu’on y est ? -  saute aux yeux des vieux cons dans mon genre. Pas aux yeux de tous. Quelque chose a merdé quelque part. Les hommes ont visiblement changé.

Ce ne sont pas trois personnes anonymes dans une foule immense qui sont indécentes. Ce ne sont pas non plus Alain Soral, Dieudionné et Serge Ayoub qui s’éclatent après une bonne blague sur le péril Juif. Non, ce sont les dirigeants de grandes démocraties. Ceux dont les actes devraient être en accord avec les principes de la Démocratie, avec la morale commune, partagée par l’Humanité, ceux qui devraient voir loin et tenter, comme celui qu’ils étaient censés célébrer, de changer la marche du monde.

Ils font l’inverse. Mieux, ils ne sont pas seuls. La France a su montrer combien elle savait être indécente, elle aussi, avec deux présidents, l’ancien dont on attendait rien sur ce plan, et l’actuel dont plus personne n’attend rien, surtout pas ceux qui l’ont élu.

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Et oui, les deux compères ont visiblement des bonnes blagues à se raconter pendant l’hommage à Nelson Mandela.

Les hommes qui ont changé la marche du monde dans le bons sens, vers plus d’humanisme, sont rares. Un peu de respect n’est pas superflu. Bien sur, ces hommes sont des hommes et ils ne sont pas parfaits. Ils ont, comme nous tous, commis des erreurs. Mais que sont-elles par rapport à ce qu’ils ont façonné ? Pas grand chose.

Dans l’actualité, nous avons aussi le roi d’Espagne, Juan Carlos dont la cote de popularité s’effondre.

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Les Espagnols semblent oublier un peu vite ce qu’ils doivent à cet homme. Simplement, de les avoir sortis d’une dictature fasciste, la seule qui avait perduré après la deuxième guerre mondiale. Franco avait désigné Juan-Carlos comme son successeur. Celui-ci, au lieu de laisser le système suivre son cours, avait ouvert la voie au multipartisme, à la liberté d’expression. A la vitesse de la lumière (par rapport à d’autres pays engagés dans une transition de ce type), l’Espagne est devenue un poumon en Europe pour la liberté, la création, les excès salutaires. Aujourd’hui, les Espagnols le brûleraient volontiers.

Les petits arrangements avec les principes sont l’esprit de l’époque. On le voit lorsque les « défenseurs de la liberté d’expression » prennent le parti de Dieudonné. La liberté d’expression s’arrête pourtant là où la haine pointe le bout de son nez. Défendre la liberté, c’est faire preuve d’humanisme. Pas défendre la liberté de préconiser la haine des autres êtres humains. qu’ils soient Juifs, Arabes, Asiatiques, que sais-je. Cette tolérance pour la haine ne génère que de la haine supplémentaire. Nicolas Sarkozy et ses amis penseurs qui voulaient « décomplexer » la parole, et plus largement la France, en savent quelque chose. Souffler sur les braises en flattant la connerie de Paulo, du Bar des Amis, ça n’apporte rien de bon…

Si l’on peut valider l’idée que la réponse à donner est de poursuivre a posteriori les propos tenus lors des spectacles, plutôt que de les interdire a priori, on peut aussi comprendre, normalement, que Dieudonné n’est pas antisioniste (ce dont il se sert comme paravent) mais antisémite. Ses accointances avec Alain Soral, Robert Faurisson et quelques autres joyeux drilles de ce type le démontrent. Il y a une différence évidente entre s’opposer aux décisions du gouvernement de l’Etat d’Israël et percevoir un complot Juif mondial ou en vouloir à tous les Juifs.

 

Que l’on soit dirigeant politique faisant preuve d’indécence, que l’on fasse l’opposé de ce que Mandela prônait tout en lui rendant tranquillement un hommage appuyé, que l’on soit humoriste antisémite sans l’assumer, tout ces petits arrangements avec la réalité créent une perturbation dans la Force. Il faut faire preuve d’une bien courte vue pour ne pas comprendre quelles en seront les répercussions. Ou alors, si tout cela est fait de manière totalement lucide, c’est que le côté obscur a gagné. La prolifération des citoyens qui pensent que les hommes politiques peuvent les sauver ou qui voient dans Dieudonné une « victime du système » fait pencher, malheureusement, la balance en faveur de la seconde hypothèse…

 

 

#Fear : la #NSA veut construire un ordinateur quantique pour tous nous déchiffrer

vendredi 3 janvier 2014 à 18:15

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Et ça continue, encore et encore… La campagne de communication américaine est décidément en plein boom : voilà désormais « l’ordinateur terminator », l’arme absolue qui retire toute confidentialité aux échanges sur le réseau, dévoilé en exclusivité par le Washington Post. C’est un ordinateur quantique que la NSA fabrique en grand secret (bon, moyennement en fait, pour le secret), et ça casse tout les chiffrements. Tremblez simples mortels, achetez-vous des timbres et apprenez les signaux de fumée :

Pouvoir lire toutes les communications chiffrées, c’est le rêve de tous les espions, et donc également celui de la NSA. Et pour y arriver, l’agence américaine a démarré un projet de recherche de 79,7 millions de dollars baptisé « Penetrating Hard Targets ». Dévoilé par The Washington Post sur la base de documents d’Edward Snowden, ce programme a pour but de créer un ordinateur quantique dédié à la cryptanalyse. Une telle machine serait capable, en effet, de casser n’importe quel code de chiffrement en peu de temps, y compris ceux basés sur le célèbre et très utilisé algorithme RSA. (source 01net http://www.01net.com/editorial/611146/la-nsa-veut-creer-un-ordinateur-quantique-pour-pouvoir-tout-decrypter/)

Bientôt sur vos écrans, « NSA World Terror » : un film produit par Barak Obama, mais payé avec vos impôts…

Etat de droit et propagande : est-il possible de nier l’évidence ?

jeudi 2 janvier 2014 à 19:12

Pour conclure cette série d’articles sur les révélations de Snowden établissant une surveillance totale de la population, sans que grand monde ne vienne contredire cette théorie digne d’une conspiration tirée d’un James Bond, il semblait nécessaire de revenir sur quelques événements majeurs. Comme le coup d’Etat au Chili en 1973, l’assassinat de Kennedy et les attentats du 11 septembre 2001. Mais revenir aussi sur des concepts centraux et déjà traités sur Reflets, comme la fabrique du consentement et l’influence de masse.

TRADE CENTER CRASH

La problématique centrale des Etats de droit depuis des décennies, comme cela était stipulé dans le précédent article « Bien avant #Prism, #StellarWind : allo Houston, il y a un problème ? » reste avant toute chose le consentement des populations. Agir avec le consentement. Convaincre. Détourner l’attention « pour amener à ». Imposer une évidence.

Une nation comme les Etats-Unis a un long passé de manipulations révélées, reconnues, de ses services secrets. Il est connu désormais que l’assassinat le suicide forcé du président du Chili, Salvator Allende le 11 septembre 1973, permettant la mise en place de la dictature militaire du général Pinochet, a été soutenu et planifié par la CIA. Bien entendu, cette version n’est pas totalement validée officiellement, encore que…

Selon Peter Kornbluh, la CIA a pour mission de déstabiliser le régime chilien afin « d’alimenter un climat propice au coup d’État ». William Colby, directeur de la CIA de 1973 à 1976, affirme dans ses mémoires que sept millions de dollars ont été dépensés dans ce but par la centrale de renseignement américaine. Le mouvement de grève des camionneurs qui paralyse le pays en octobre 1972 est soutenu financièrement par les États-unis. Réagissant aux nationalisations effectuées par le gouvernement d’Allende, plusieurs firmes américaines dont ITT, ou internationales comme Nestlé, apportent leur concours à cette stratégie. Même si de sérieux doutes sont exprimés, il n’existe aucun élément permettant d’affirmer que les États-Unis ont directement participé au coup d’État du 11 septembre 1973. (source : wikipedia)

D’après une note interne de la CIA : « Le président [Nixon] a demandé à l’agence [la CIA] d’empêcher Allende d’accéder au pouvoir ou de le destituer et a débloqué à cette fin un budget allant jusqu’à 10 millions de dollars. » De plus, « selon le rapport du Sénat des États-Unis — « Covert action in Chile 1963-1973 » (1975) —, El Mercurio et d’autres médias ont reçu 1,5 million de dollars de la Central Intelligence Agency (CIA) pour déstabiliser Allende ». (source : wikipedia)

 

De nombreux autres coups d’Etats ont été appuyés par l’agence américaine, des assassinats, enlèvements, etc… Celui du président des Etats-Unis, John Fitzgerald Kennedy est le plus emblématique : tout détermine qu’Oswald, le seul suspect arrêté n’est pas l’unique tireur, et pourtant, au final, il restera le seul.

kennedy

Le complot est décrit, les preuves sont amenées, et alors que chacun pense que  Kennedy a été tué par la CIA, personne ne peut le dire ouvertement. Ces événements ne sont donc plus considérés comme des théories du complot, ni une démarche de type conspirationniste : il est établi que la CIA est une agence qui fomente des complots, participe ou organise des conspirations. C’est même sa principale activité. Regardons donc de plus près quelques éléments de théories de conspirations ou de complots américains. Théories, puisque si dans certains cas, comme dans l’assassinat d’Allende, ou de Kennedy, nombreux sont ceux enclins à admettre de façon « officielle » que la conspiration existe, dans d’autres cas, étrangement, c’est l’inverse.

Complots, conspirations et conformité normative

Un complot, une conspirations ne sont rien d’autres que des éléments de la réalité qui ont été camouflés avec la vocation d’arriver à un but de façon secrète, sans que la majorité ne le sache. Si un complot est éventé, et est officiellement reconnu comme tel, il devient un élément réel, une partie de l’histoire. Si il n’est pas reconnu officiellement comme complot par les autorités et que les médias décident de suivre la même voie, il devient théorie du complot. Une sorte de délire propre à une petite partie de la population qui refuserait d’accepter la réalité. Très rapidement dans ces cas là, une forme de campagne de dénigrement débute dans les média pour aboutir à ce que ceux qui contestent la réalité officielle et dénoncent un complot, un trucage, une conspiration, soient rapidement rabaissés au rang de personnes peu sérieuses, et donc peu crédibles. Pour autant il y a des faux complots, des théories de la conspiration qui ont été entièrement démontées, et qui étaient des fabrications délirantes, c’est un fait. Mais le problème majeur auquel nous sommes confrontés aujourd’hui réside dans un phénomène de plus en plus présent : le conformisme normatif. Pour mieux comprendre ce qu’il est, cette vidéo déjà utilisée dans un article précédent traitant de l’influence et de la propagande :

Cette démonstration de l’expérience d’Asch nous amène aujourd’hui, avec l’affaire Snowden à nous poser quelques questions de fond, qui résonnent avec une autre affaire, celle des attentats du 11 septembre. Si l’expérience d’Asch démontre à petite échelle l’effet du groupe sur l’assentiment d’un individu, le mettant en conflit avec l’évidence, la destruction des tours du World Trade Center est un chef d’œuvre de cet effet de conformité normative. Il suffit de regarder ces images d’archive, en se refusant à toute interprétation ou spéculations pour voir quelque chose d’évident : les tours sont dynamitées de l’intérieur, plastiquées. En gros, c’est une démolition. Regardons :

Mais pour autant, si durant quelques semaines cette évidence a créé un débat, il a été rapidement établi que ceux qui contesteraient la version officielle (celle d’un écroulement causé uniquement par l’explosion des avions dans les tours) seraient de sombres complotistes. Les commentaires outrés ne manqueront pas, les ricanements suivront pour expliquer que « mais bien entendu que non, les tours ne sont pas dynamitées, elle s’écroulent normalement ». Comme la barre la plus longue dans l’expérience d’Ash qui n’est pas la plus longue est pourtant déclarée comme telle par le cobaye. Alors que l’évidence se trouve devant les yeux. Mais se conformer au groupe, à la masse, à l’autorité (les experts, les analystes, etc…) devient rapidement une nécessité pour la majorité : les tours ont donc été frappées par des avions, mais leur écroulement n’est dû qu’à la chaleur. Rien n’explose de l’intérieur. Même si l’évidence démontre l’inverse. De la même manière, pour ceux qui s’agacent à propos des missions Apollo et en viennent à estimer que « ceux qui viennent contredire l’évidence de l’alunissage américain avec des hommes à son bord sont des idiots tombés bien bas« , il faut qu’ils se posent une unique question : quelle valeur accordent-ils à la réalité et aux preuves sur un événement ? Sont-ils capables d’admettre que quand une agence comme la NASA n’a rien d’autre à apporter que des photos noir et blanc prises à très grande distance de l’astre lunaire, déclare avoir perdu toutes ses archives, et que ces photographies, au final, ne montrent rien de précis, ils sont dans une démarche de croyance aveugle, plutôt qu’une démarche logique et posée ?

Que crée la propagande d’Edward Snowden ?

Personne n’oblige personne à se plier à une quelconque vérité établie sur Reflets. Ici, on réfléchit. Avec des éléments objectifs, de l’histoire, des analyses, des croisements de sources d’informations, du factuel, etc… Vous pouvez nous détester pour ça, vous avez même le droit de nous insulter en utilisant hate@reflets.info (mais pas au sein des commentaires, par pitié, c’est triste…).

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Alors, dans un absolu idéalisé, Edward Snowden est un type génial, l’équivalent d’un Assange et d’un Manning en encore plus gonflé, avec une action encore plus importante dans sa dénonciation. Un héros en quelque sorte. D’ailleurs, de nombreuses voix s’élèvent pour l’élever au rang de héros mondial, lui filer le Nobel de la paix etc… Au point que personne ne l’attaque (hormis quelques fachos). Mais que fait Snowden depuis le départ ? De la propagande. Petite définition basique de la propagande :

La propagande est un ensemble d’actions psychologiques pour influencer les pensées et les actes d’une population, afin de l’endoctriner ou l’embrigader (…) Les techniques de propagande modernes reposent sur les recherches conduites dans le domaine de la psychologie, de la psychologie sociale et dans celui de la communication. De manière schématique, elles se concentrent sur la manipulation des émotions, au détriment des facultés de raisonnement et de jugement(…) (source wikipedia)

Les techniques de propagande sont vastes, mais elles ont été définies de manière assez précise. La fiche wikipedia en donne quelques unes, et c’est assez édifiant dans le cas de Snowden :

— La fabrication de faux documents (les documents de Snowden sont des Slides, pas des preuves techniques, ils ont pu être fabriqués, personne ne le sait…)
— La peur : un public qui a peur est en situation de réceptivité passive, et admet plus facilement l’idée qu’on veut lui inculquer. (Les révélations de Snowden font peur, c’est une certitude…)

— Appel à l’autorité : l’appel à l’autorité consiste à citer des personnages importants pour soutenir une idée, un argument, ou une ligne de conduite. (C’est la NSA, une autorité…)

— Témoignage : les témoignages sont des mentions, dans ou hors du contexte, particulièrement cités pour soutenir ou rejeter une politique, une action, un programme, ou une personnalité donnée. La réputation (ou le rôle : expert, figure publique respectée, etc.) de l’individu est aussi exploitée. Les témoignages marquent du sceau de la respectabilité le message de propagande. (Oui, Snowden est un expert en informatique employé par la NSA…)

Il y en a une flopée comme ça, qui colle parfaitement avec l’action de Snowden. Comme celle-ci :

Généralités éblouissantes et mots vertueux : les généralités peuvent provoquer une émotion intense dans l’auditoire. Par exemple, faire appel à l’amour de la patrie, au désir de paix, à la liberté, à la gloire, à la justice, à l’honneur, à la pureté, etc., permet de tuer l’esprit critique de l’auditoire. Même si ces mots et ces expressions sont des concepts dont les définitions varient selon les individus, leur connotation est toujours favorable. De sorte que, par association, les concepts et les programmes du propagandiste seront perçus comme tout aussi grandioses, bons, souhaitables et vertueux.

Ce qu’a choisi de faire Snowden le 25 décembre avec, par exemple, cette phrase grandiloquente :

« Un enfant né aujourd’hui grandira sans aucune idée de ce qu’est la vie privée . Il ne saura jamais ce que cela signifie d’avoir un moment de vie privée, d’avoir une pensée qui n’est ni enregistrée ni analysée. Et c’est un problème, car la vie privée (…) nous permet de déterminer qui nous sommes et qui nous voulons être« 

Edward Snowden estime avoir « accompli sa mission » selon cet article de france-amerique.com :

« Pour moi, en termes de satisfaction personnelle, la mission est déjà accomplie« , estime-t-il dans un entretien avec le Washington Post réalisé à Moscou et publié mardi. « J’ai déjà gagné« , assure-t-il, après que ses révélations ont provoqué un tollé dans le monde et conduit les Etats-Unis à revoir leur politique sécuritaire. La semaine dernière, le président américain Barack Obama a ainsi qualifié de « nécessaire et important » un débat sur le rôle de la NSA, dont il envisage de modifier les vastes capacités d’espionnage qui ont soulevé de vives critiques sur les atteintes à la vie privée.

Alors, comme ça, les Etats-Unis vont revoir leur politique sécuritaire ? Le premier président presque noir mais ultra-brite du « i have a drone » va organiser un débat sur le rôle de la NSA et modifier ses capacités d’espionnage ? Dormez tranquille, j’ai accompli ma mission, ça y’est, ils sont démasqués ces affreux complotistes qui vous espionnent, et ça va changer. Mais quand même, sachez que la vie privée, c’est fini, nous dit Snowden.

Le double message de notre propagandiste Wistleblower est assez dérangeant pour qui essaye de suivre la politique et la géopolitique mondiale depuis quelques décennies. Pas depuis le 11 septembre ou les « révolutions arabes », mais depuis un peu plus longtemps. Oui, dérangeant. Parce que tout correspond parfaitement à une PsyOp rondement menée. Une propagande qui amène de nombreux sites spécialisés en sécurité à établir que comme la NSA a payé des millions de dollars pour avoir le code du RSA, chiffrer ses informations n’a plus aucun intérêt. Voire, l’inverse : envoyer des mails chiffrés vous fait repérer, et comme la NSA les déchiffre les doigts dans le nez, vous êtes encore plus repéré et espionné. Abandonnez l’anonymat braves gens, il n’a plus de valeur, le super Big-Brother voit tout, déchiffre tout.

Pour finir, et sans conclure définitivement le sujet, nous pouvons nous accorder à dire que l’affaire Snowden a créé dans l’esprit d’une grande partie des populations des effets clairs et qui laisseront des traces :

— Sur Internet, tout ce que vous faites est espionné et stocké par la NSA (et d’autres)

— Nous sommes dans un nouveau monde où nous sommes tous suspects

— L’anonymat n’a plus de valeur, n’existe plus

—Les Etats-Unis d’Amérique sont ceux qui nous surveillent, aidés de nos propres gouvernements

— Nous ne pouvons rien y faire, si ce n’est s’en plaindre et attendre que le super-gouvernement américain corrige le tir

— Toutes les informations sur l’ampleur de cette surveillance sont entre les mains d’un seul homme, un héros moderne caché dans l’une des plus grandes dictatures du monde, la Russie, et il distille des documents au compte-goutte aux médias du monde libre…

Cette nouvelle donne psychologique est durable. L’assentiment général est désormais que les services secrets nous espionnent, et donc nous contrôlent. Le nouveau conformisme normatif est celui que Snowden a déclaré le 25 décembre, pour ses vœux de Noël : « la vie privée, c’est fini, mettez-vous bien ça dans la tête ».

Les vœux de Noël d’Edward Snowden par lemondefr

Alors oui, il y a certainement un espionnage massif, et Reflets vous en parle depuis sa création. Mais les révélations de Snowden ne sont-elles pas l’équivalent des scénarios des résultats de l’enquête de l’assassinat de Kennedy, de l’effondrement des tours du WTC ou des pas sur la lune de Neil Armstrong ? Malgré le fait que Kennedy est bel et bien mort, que les tours sont tombées et ont fait 3000 morts, et que la NASA a bien lancé des fusées vers la Lune.

Gardons en tête qu’il y a des moyens de lutter, mais qu’ils ne sont pas obligatoirement là où nous le croyons. Et que croire aveuglément quelque chose qui ne se démontre pas concrètement est toujours dangereux. Surtout quand ce sont des dirigeants politiques qui sont les seuls à avoir les solutions. A moins que nous n’en ayons ? Oui, mais cela nous demanderait de changer de fonctionnement, et ça, c’est peut-être le plus difficile…