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PRISM : la théorie du gros zizi

vendredi 14 juin 2013 à 00:46

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La polémique autour de PRISM ne désenfle pas. Comme si le monde se relevait d’une gueule de bois qui a duré 12 ans. On voit donc de nombreux articles apparaitre sur le sujet. Si beaucoup posent des questions parfaitement légitimes, il demeure néanmoins complexe de se faire une idée technique objective et précise de ce qu’est PRISM. Et pour cause, ce n’est pas avec 5 slides powerpoint que l’on peut vulgariser les concepts du renseignement. Ils ne sont pourtant pas si complexes à comprendre mais à ces différentes disciplines se prêtent des pratiques et des dispositifs techniques particuliers.

Pourtant, si vous êtes lecteurs de Reflets, les acronymes COMINT, ou SIGINT ne vous sont probablement pas totalement étrangers. Ce que nous allons tenter de faire ici, c’est ce que peu de médias ont eu le courage de faire. Et pour cause, il est probablement plus simple et plus vendeur de faire semblant de s’indigner que de replonger son nez dans la courte histoire du renseignement d’origine électromagnétique, les pratiques des américains en la matière… et aussi les pratiques des autres nations.

Nous n’allons pas réinventer la roue et nous allons juste vous conseiller l’attentive lecture de cette page Wikipedia, particulièrement bien documentée.

Le renseignement se compose donc de 4 outils / sources majeurs :

On comprendra aisément que toute doctrine sérieuse en matière de renseignement couvrira, de fait, ces 4 disciplines.

Quand nous vous avons parlé de la Plateforme Nationale d’Interceptions Judiciaires, nous avions également pris soin d’opposer les interceptions judiciaires aux interceptions administratives. Légalement et techniquement, ça ne fonctionne pas du tout de la même manière. Si nous avions, un jour, en France, un « bidule » équivalent à PRISM, nous parlerions bien d’interception administratives à des fins de renseignement (on parle d’ « intelligence » en anglais). Mais même là, on se rend compte qu’il en manquerait un bout pour avoir une politique de « homeland security » qui ferait rougir de honte un Kim Jong Un. Nous vous l’avons déjà dit ici, nous le répétons, PRISM est un tout petit machin qui s’inscrit dans quelque chose de bien plus large… et ça encore nous aurons l’occasion d’en parler à l’issue de Pas Sage en Seine.

Show me your dick !

Chaque pays, en fonction de ses institutions et de son cadre légal privilégiera un ensemble de doctrines en matière de renseignement. Pour les américains, nous pourrions résumer la doctrine à la taille du zizi :

Historiquement les américains ont d’ailleurs toujours fait dans la taille du zizi. Ainsi, en 1975, le directeur de la NSA avouait déjà que « la NSA interceptait systématiquement les communications internationales, les appels téléphoniques comme les messages câblés », dont « des messages adressés à des citoyens américains ou émanant d’eux » … oui, en 1975 ! Et il aura fallu attendre 2013 pour que le monde s’étonne de PRISM.

Et dans ces années là, on faisait déjà du massif ! Comme le rappelle Wikipedia :

De 1945 à 1975, la National Security Agency (NSA) américaine a obtenu systématiquement des principales entreprises de télégraphie (RCA globalITT World Communications et la Western Union) l’accès aux messages circulant par câble (Project SHAMROCK). L’interception des télécommunications se faisait au départ par la collecte de copies papier detélégrammes, puis par la remise de bandes magnétiques; elle se fait aujourd’hui par la connexion directe des centres d’émission aux circuits internationaux de communications. Selon la commission Church du Sénat américain (1975), la NSA sélectionnait environ 150 000 messages par mois, sur un total de 6 millions de messages par mois, pour en faire un compte rendu (soit 1 message sur 40). Des milliers de messages étaient transférés à d’autres agences de renseignement pour analyse.

Remplacez RCA Global, ITT World Communications et Western Union par Google, Verizon, Skype, Microsoft, Facebook, Apple etc… et vous obtenez exactement la même chose, avec les mêmes pratiques, avec le même gros zizi. Les USA ont toujours été de grands fans de l’interception massive, la surveillance massive des réseaux GSM et des réseaux IP n’est que la suite logique d’années de doctrines en ce sens.

Y a t-il encore des journalistes ou des politiques, qui, après cette lecture peuvent, sans trembler des genoux nous affirmer qu’ils sont étonnés de découvrir PRISM aujourd’hui ?

De par chez nous, Amesys a le bon goût de vulgariser les concepts d’interceptions tactiques et d’interceptions de masse… faut bien refourguer du GLINT à quelques dictateurs…

Si nous vous disions dans nos précédents articles abordant PRISM que nous n’étions pas un instant surpris par les révélations d’Edward Snowden, c’est justement parce que ça fait plus de deux ans que nous passons notre temps à analyser ces technologies d’interception de masse. Et en la matière, les plaquettes d’Amesys sont de véritables mine d’or. Mieux, et c’est ce que nous allons tenter de mettre en évidence ici, nous avons sous les yeux des indications assez précises sur les pratiques des différentes agences de renseignement, écrites noir sur blanc dans de jolies plaquettes commerciales ou des présentations réalisées pour les salons ISS.

Anatomie d’un tout petit zizi

Le document que nous voulions analyser avec vous est une présentation datant de 2008, présenté au salon ISS de Pragues et intitulé :

From Lawful to Massive Interception

… que l’on pourrait traduire par :

De l’interception légale à l’interception de masse

L’interception de masse rentre parfaitement dans la case renseignement d’origine électromagnétique. On intercepte massivement sur les réseaux IP des données, on les stocke, puis l’intelligence vient ensuite.

Tout est dans le titre, on oppose donc l’interception de masse à la pratique de l’interception légale. T’inquiète coco, c’est que du marketing tout ça, Amesys vend des stylos traqueurs de pédophiles, donc c’est forcément légal.

Sur la première page du document qui nous intéresse, nous avons 8 mots clés probablement censés illustrer le métier d’Amesys dans cette activité un peu particulière qu’est l’interception de masse. Et rien que sur cette page, il y a au moins un mot qui nous saute aux yeux, le mot « Off-Shore ». Vous le savez, ça fait deux ans qu’on se gratte la tête chez Reflets à se demander si Amesys n’a pas fourni des centres d’écoute Off-Shore à la DGSE, par exemple pour opérer des interceptions en dehors de tout cadre légal. Et visiblement, depuis peu, nous ne sommes plus les seuls à nous poser cette question.

Voici un petit tableau qui vous explique parfaitement tout le bénéfice qu’il y a violer les communications d’une nation entière :

Capture d’écran 2013-06-13 à 22.28.28

Et ce qui est génialissime, c’est que le bousin fonctionne avec tout ce qui sert à communiquer en dehors des pigeons voyageurs :

Capture d’écran 2013-06-13 à 22.39.08

La problématique du traitement live

Traiter en live des dizaines de Gigabits d’informations à la seconde, c’est un challenge. Ce Challenge est généralement très vite ralenti par le nombre de règles que l’on pose sur le système pour en extraire des données particulières (ex : « Cerebro vas me chercher tous les SMS de Dominique Strauss Khan + Cerebro vas me chercher tous les emails des frères Tsarnaev et ceux de ses contacts…).

Pour traiter ces requêtes sur des flux énormes, il faut comme vous vous en doutez, une puissance de calcul en conséquence. Et c’est là qu’interviennent des acteurs dont on parle peu comme l’américain Reservoir dont nous vous parlions déjà en 2010, spécialisée dans le MPPA (Massively Parallel Processor Array). Le MPPA a évidemment des applications multiples, mais cette puissance de calcul est une bénédiction pour tout ce qui est « massif ». La France dispose d’ailleurs d’un acteur très prometteur dans ce domaine, Kalray, la startup qui levait des millions et dont personne ne parle.

Amesys explique aussi parfaitement avec de petits dessins les produits de sa gamme : l’intelligence c’est avec le SMINT et le GLINT le Lawful, c’est avec le SMAW et le GLAW, ce sont des produits très différents :

Capture d’écran 2013-06-14 à 00.00.34

Et si vous vous demandiez comment faire des économies de disques durs quand on est comptable pour la NSA, Amesys propose une solution de Voice to Text qui vous permettra de gagner pas mal d’espace disque

Capture d’écran 2013-06-14 à 00.15.26

Ce document d’Amesys que nous exhumons… il date de 2008. Donc vous vous imaginez bien que si Amesys était capable de produire ce genre de choses et d’opérer sur des dizaines de gigabits en 2008, les américains avec leur gros zizi, en 2013, ne doivent pas être en reste.

Capture d’écran 2013-06-14 à 08.41.17

Téléchargez la plaquette commerciale : 95_AMESYS-CRITICAL_SYSTEM_ARCHITECT

I’m a l33t crypt0 h4x0r

Donc le live, c’est bien, mais ça limite… et surtout, ça pose une autre problématique : on passe totalement à côté du traffic chiffré qu’on ne peut, lui, casser à la volée.

La technique dite du gros zizi pose effectivement un autre problème que l’on a peu évoqué jusque là. Stocker des données chiffrées, c’est se les mettre au chaud en attendant d’avoir la puissance de calcul nécessaire pour les casser. Ce qui prend aujourd’hui des décennies à cracker, grace aux travaux en modélisation mathématique de chercheurs et grâce à la montée en puissance de nos CPU, d’ici 5 ou 10 ans, les décennies nécessaires à certains calculs vont se réduire comme peau de chagrin …

Moralité : pensez que si votre information est peut être bien protégée aujourd’hui, elle le sera probablement bien moins demain… en clair, les secrets numériques sont tout, sauf éternels.

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Ca discute sec sur #PRISM via Twitter

mercredi 12 juin 2013 à 17:10

Ça pleut… Les commentaires… Twitter est inondé de considérations variées sur PRISM, le machin que toute la presse fait mousser et qui fait mousser tous les « experts ».

Je ne voudrais pas spoiler ma présentation de cette année à Pas Sage en Seine, mais tout de même quelques précisions…

PRISM est **un** élément d’un tout. Si vous n’avez pas compris cela, vous n’avez rien compris.

C’est sans doute ce qui justifie la circonspection de l’équipe de Reflets. Et sa position si bien exprimée par Bluetouff ici.

Bien entendu, PRISM, c’est intéressant. Oui, ça fait parler d’un sujet qui nous tient à coeur. Non, ça ne changera rien. Les écoutes continueront. Non, les Américains ne sont pas les seuls à faire ça et Fleur Pellerin peut bien jouer les vierges effarouchées, elle n’en est qu’un peu plus ridicule.

Alors oui, mais bon, de quel tout ce PRISM fait-il partie ?

bidule

Je vais tenter de vous résumer ça en quelques lignes pour ne pas planter ma présentation (c’est dans un peu plus d’une semaine. Patience©). Je fais des bullet points et je parle un français compréhensible pour que tous les journalistes experts du sujet comprennent :

Bienvenue dans le Machin.

Si vous ne saviez pas depuis 2001 qu’ils construisaient le Machin, c’est que vous ne vous intéressez pas au sujet parce que c’était tout à fait public.

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Ce que les fascismes et leurs avatars disent de nous et de notre époque

dimanche 9 juin 2013 à 21:14

guillaume-peltier

Nous avons tenté chez Reflets, de sonder les tentations fascistes d’une frange de plus en plus importante de la droite, ainsi que des courants nationalistes qui gravitent autour. Le terme néo-fascisme semble plutôt bien adapté à cette frange politique : nous sommes au XXIème siècle, et après tout, tout peut se moderniser, même les idées les plus puantes. Après le décès tragique d’un jeune homme militant de gauche (visiblement anti-fa) par des jeune nationalistes révolutionnaires, petit tour de la France très à droite…pour bien saisir où nous sommes arrivés, et de ce que pas mal de monde ne veut ni voir ni vraiment entendre.

 Il n’y a pas d’extrêmes…il y a des systèmes politiques (et des gens qui les activent)

Au centre de a préoccupation de ce qui est appelée extrême droite, il y a la nation. Mais avec cette nation, il y a l’autorité. De l’Etat, entre autres. Et puis la souveraineté. De la nation, mais du peuple aussi, bien entendu. Le bon peuple, cette espèce d’entité indéfinie et mouvante qui constitue le prétexte idéal pour commettre à peu près tout et n’importe quoi en son nom. Pratique, n’est-ce pas ?

Alors, rentrons dans le vif du sujet qui semble troubler une part importante des lecteurs-commentateurs de Reflets et peut-être bien au delà : quel est le problème causé par le décès du jeune Clément, qui s’est fait défoncer le crâne par une brute épaisse déguisée en néo-nazillon ? Celui que des groupe ultra-nationalistes se revendiquant des idées de Mussolini ou d’Hitler, adorateurs du Maréchal, existent et agissent ? Comme l’explique très bien Kitetoa, il serait quand même bien naïf de penser que ces groupes, qui ont pignon sur rue, sont une découverte pour les politiques de tous bords. Non, ce qui est problématique c’est la situation morale, idéologique, sociale du pays des 475 fromages, la France. Ce petit pays qui a au moins un membre dans chaque famille qui était résistant durant la seconde guerre mondiale, alors que les résistants étaient moins d’un 1% de la population. Si on écoute les Français, ils étaient au moins 80% à résister. La réalité historique est un peu moins reluisante.

Cette situation est donc la suivante (dans les grandes largeurs) : une population excédée par sa classe politique, population qui n’arrive plus, dans sa grande majorité, à joindre les deux bouts, même quand elle gagne correctement sa vie. Un pays qui a changé à une telle vitesse dans la dernière décennie, par la course folle vers la modernisation néo-libérale mondialisée, que ceux qui l’habitent ne retrouvent plus leurs repères. Des écrans de télévision, récepteurs de radio et site d’information qui diffusent en permanence des faits divers inquiétants et des nouvelles de chute imminente du pays vers des abîmes de malheur collectif. Le tout désormais appuyé par une certitude bien diffusé du déclin, mais aussi par la prise de conscience qu’une oligarchie s’est mise en place, oligarchie qui saigne la majorité des habitants pour financer son propre système et son propre monde : l’olympe oligarchique, cette deuxième planète uniquement fréquentée par une minuscule élite ultra-riche et apatride. Vous secouez tout ça, vous attendez un peu, vous laissez des énarques mentir impunément et gagner des élections en reniant leurs promesses, et vous avez du Marine Le Pen à 18% aux présidentielles de 2012, de la manif pour tous et du printemps français contre le mariage homo en 2013, mais de façon plus claire : plein de gens pour la défense d’une « France éternelle, bien carrée et surtout de souche ». Tout ça accompagné par ceux qui servent de service d’ordre au FN depuis des décennies, et qui se sont déclarés depuis une dizaine d’années en association ou groupes informels et jubilent de voir leurs idées ainsi propulsées sur le devant de la scène.

 Troisième voie,  jeunesses révolutionnaires nationalistes, etc…

Pas la peine de leur faire de la pub gratuite. Et justement, au delà de ces groupes, qui parfois manifestent leurs idées dans la rue, comme récemment en mai à Paris, un constat doit être fait : ceux que l’on appelle d’extrême droite sont aujourd’hui bien plus difficiles à cerner qu’avec ce seul terme légèrement dépassé. Comme pour le FN, des idées altermondialistes essaiment leurs discours : contre l’ordre libéral par exemple, la finance, la mondialisation. Ces militants sont racistes et pensent que l’immigration est l’un des grands problèmes de la France. Mais pas simplement, loin de là. Ils parlent de souveraineté nationale, beaucoup. De démocratie aussi, énormément. De la souveraineté du peuple. Ce qui est gênant, parce que chacun aimerait bien les mettre dans une case simpliste de gros fachos qui veulent instaurer une dictature. Alors que ce n’est pas le discours entretenu. Mais que veulent-ils ? Oh, si peu… Pas beaucoup plus que la Droite forte de ce cher Peltier, en fait, motion qui remporté la palme du vote de nos amis de l’UMP.

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Parce que la différence entre les crânes rasés-rangers et le jeune et beau Peltier, tient surtout à ce que les premiers sont mal habillés et sentent la sueur. Alors que le le deuxième sent la violette et porte des chemises élégante et bien repasséess. Mais au fond, ils sont tous fiers d’être Français, de leurs origines, de leur grand pays, et veulent mater à la fois les affreux gauchistes, les arabes, les noirs et les enseignants. Bref : si ils gagnent les prochaines élections, ce sera Sarkozy 2 le retour, il revient et il est très fâché.

Oui, mais le rapport avec l’époque et le néo-fascisme ?

L’histoire du fascisme a été résumée et (un peu) analysée dans un article récent sur Reflets, parce que le fascisme est mal connu et souvent caricaturé. Ce courant politique a réussi à se mettre en place démocratiquement : ses parlementaires ont été élus, leurs chefs ont donc conquis le pouvoir « normalement ». Le néo-fascisme est donc prêt à se mettre en place : Nicolas Sarkozy a commencé à le tricoter durant son premier mandat. Il reste maintenant à le formaliser et lui faire gagner des élections pour ceux qui pensent qu’il sera LA Solution à tous nos problèmes. Restauration de l’autorité. D’une justice forte qui punit très fort les délinquants, d’un Etat fort, fier et protecteur. De la sécurité, même au détriment des libertés, (puisque d’après cette théorie, la première des libertés, c’est la sécurité). D’une gestion dure et sans faiblesse des immigrés et des fraudeurs (sociaux et d’origine africaine surtout). L’exaltation du patriotisme et des origines chrétiennes du pays, le contrôle et le maintien sous surveillance de la religion musulmane par des lois laïques interdisant à tous ses pratiquants d’exprimer leur attachement à cette religion dans les espaces autres que personnels.

Bien entendu, tout un chacun, du Front national à la droite forte et autres partis nationalistes, vont s’empresser de condamner les « groupes fascistes » dont celui qui a tué le jeune étudiant de Sciences-Po. Sauf que le danger n’est pas celui de ces groupes, qui de toutes les manières continueront leurs minables parades et provocations politiques. Non, le danger est celui des néo-fascistes estampillés républicains. Que l’ambiance générale pousse à l’arrogance. Et qui donne des ailes aux nazillons. Mais ceux qui gagneront le droit de faire la loi, au final, seront les néo-fascistes. Et si en 2017, si ils gagnent les élections, ils soumettront le pays à un talon de fer. Et là, ce sera autre chose. Vraiment autre chose…

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Les blagounettes de Christine Laboulette Lagarde sont-elles révélatrices de quelque chose ?

vendredi 7 juin 2013 à 15:02

lagarde-nezrouge

C’était le bon temps. Christine Laboulette Lagarde était ministre du Budget. Elle indiquait au Journal du Dimanche que le plan de sauvetage de la Grèce ne coûterait rien au contribuable français. Et ça passait comme une lettre à la poste. Comme quand François Hollande raconte que la crise est derrière nous (attention François, elle court vite). Une fois mutée au FMI par la grâce de Nicolas Sarkozy, où elle bénéficie de la bienveillante protection du gouvernement actuel, comme l’a raconté le Canard Enchaîné il y a quelques temps, Christine Laboulette Lagarde nous a bombardés de communiqués de presse tous plus optimistes les uns que les autres. A chaque accord (de la dernière chance) de sauvetage d’un domino pays, l’ineffable Christine nous annonce un retour à la croissance, une amélioration très rapide sur le front du chômage, que sais-je. Et tout le monde rend compte de ses propos, sans les remettre en cause plus que cela.

Il y a quelques jours, le 1er juin, elle considérait encore que la Grèce était sur la bonne voie. Tout est en passe d’être réglé, les banques sont assainies, alléluia, merci mon dieu beau capitalisme et ta main invisible. Avant de faire un petit mea culpa quelques jours plus tard et d’expliquer que oui, finalement, tous ces plans n’avaient pas été aussi efficaces qu’espéré… Sans blagues ?

Les Grecs le savent, mais Christine ne doit pas loger chez l’habitant quand elle fait un saut dans le pays. D’ailleurs, le groom de son hôtel cinq étoiles lui sourit tout le temps. C’est bien la preuve qu’il est heureux et que l’on vit bien dans ce pays sauvé par la Troïka. Non ?

Mais revenons aux plans de sauvetage qui ne coûtent rien aux contribuables. Ne parlons pas du chômage, ne parlons pas de la hausse des prix, ne parlons pas du credit crunch, non, parlons de la dette du pays qui s’aggrave, et donc, des impôts à venir pour renflouer les caisses.

Reuters nous explique que si le déficit public a progressé à 66,8 milliards fin avril contre 59,9 milliards un an plus tôt, c’est parce que :

PARIS, 7 juin (Reuters) – Le déficit du budget de l’Etat français à fin avril s’est creusé à 66,8 milliards d’euros contre 59,9 milliards un an plus tôt à la même période, selon les données publiées vendredi par le ministère du Budget.

Dans un communiqué, le ministère du Budget souligne que cet écart tient à des éléments non récurrents : la perception, début 2012, de 2,6 milliards d’euros de recettes liée à l’attribution des licences de téléphonie mobile « 4G », la contribution de la France à une augmentation de capital de la Banque européenne d’investissement pour 1,6 milliard d’euros et une dotation de 3,3 milliards au Mécanisme européen de stabilité.

S’ils recevaient une baffe ou une amende à chaque connerie qu’ils racontent, peut-être que les politiques en raconteraient moins ?

 

 

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Hewlett Packard, transparency and the brand valuation bubble

vendredi 7 juin 2013 à 11:46

Paris – june 7th 2013 - Last tuesday, as part of an ongoing investigation exploring internet censorship and monitoring in Iran and in Syria, Reflets.info uncovered Hewlett Packard’s link with TCI, Iran’s state-own ISP – controling all Iranian internet traffic -, where HP technology is used to update its filtering and surveillance capabilities, paired with Chinese ZTE appliances.
The way Hewlett Packard technology was assembled and integrated on TCI’s infrastructure shows HP as a central building block of Iran’s « halalnet », its heavily filtered internet, « nationwide surveillance » enabled.

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Communication disruption ?

Those revelations could become a major disruption in HP’s day to day communication and marketing activities, and could generate significant losses in terms of sales and marketshare, especialy in a declining domestic PC market, already facing a crisis. One must note that the reasonnable first step in such crisis management sequence usualy consist in putting on hold all ongoing communication and marketing operations.

Beside a TV ad currently airing throughout the world for its flagship B2C product, the HP Envy 4 TouchSmart Ultrabook, featuring stars such as magician Dan White and DJ Robbie Wilde,, Hewlett Packard is currently ongoing a brand-oriented TV ad campaign sharing « brand values » that are totaly inconsistant with its involvment in Iran, where HP technology is used to oppress human rights.

The US embargo controls can be easily circumvented, just like local tax regulations, but by helping violating human right in Iran, Hewlett Packard is facing more than legal responsability. In the coming transparent world, HP is facing accountability. It must now account for its activities, accept responsibility for them, and disclose the results in a transparent manner.

Strong Sell (NYSE:HPQ)

Hewlett Packard is – as of today – among the world’s most valued brand on the market (see interbrand classification and valuation), and this revelation could have some serious impact on its stock value in the coming days and weeks.

For a B2C company, its brand can represent a significant part of its market valuation, and Reflets.info’ investigation, revealing HP’s key role in the Iranian censorship and surveillance infrastructure, is sure to severely affect HP’s reputation and brand.

Those of you willing to learn more about brand’s marketplace valuation should refer to Vijay Govindrajan Professor of International Business at Dartmouth College, who established in a detailled study published in sept. 2011, HP’s brand valuation at +23B$ (source). Interbrand estimates today’s HP brand value at 26B$ for a total +47B$ market valuation. The brand accounts for more than half of HP’s value.

For the very first time in its editorial life, Reflets.info is going to issue a stock market recommendation. We strongly advise NYSE:HPQ stock holders to sell. Investment funds wishing to profit from this ongoing investigation by Reflets.info should Short Sell HP’s stock.

It must be noted that as strange as it might sound, Reflets.info is also a well respected publication in the finance/trading industry. This specific editorial mix – IT investigations, hack-journalism, finance & trading that can be found on Reflets.info is due to the professional background of one of Reflets.info cofounder, french internet veteran and hacker-journalist Antoine Champagne, a.k.a. Kitetoa.

Beside being Reflets.info cofounder alongside with Bluetouff, Kitetoa has a 20 year experience as a journalist for newspapers such as the Canard Enchaîné, Le Monde, Transfert, etc. He has a strong background in financial investigation.

Reflets.info’s financial content has been focusing, beside numerous analysis concerning the EU Debt crisis, on Flash Trading technologies. (see dedicated articles on Reflets.info)

As a sidenote, those technologies are responsible for the recent flash crash that took place when the Syrian Electronic Army took control of AP’s twitter account and published a fake newsflash announcing terrorist attack on the White House.

A momentum for Brand Management in the Age of Transparency ?

Brand management has been surpassing marketing as a communication doctrine for several decades now. Its approach basicaly consist in storytelling allegedly « brand values » to influence the general public by creating an emotional state around a company and its products, in order to shape the relationship between a consumer and a brand.

Apple, ranked #2 brand by Interbrand with a 76B$ valuation, relies on company core values, that sadly do not contradict its business practices revealed by the Foxconn scandal, but Hewlett Packard is in a very different situation.

Many brands, including HP, have been built not on the company’s values, but on nice-to-have keywords, choosen in order to please the general public.

A brand exists only because of its commitment to its internal values.
Without that it is just glorified product name.

Vijay GovindrajanInterbrand HP brand valuation report – sept 2011

In its latest branding TV ad, Hewlett Packard showcases a set of values that today appears in total contradiction with its business practice. The HP brand now appears as built on a lie.
This raises serious questions concerning HP’s brand valuation, brand valuation methodology, (especialy when it comes to expected earnings, i.e. brand as a secured asset) and to brand management as a whole in the age of transparency.

Brands like HP must now make a choice between a serious update to their branding strategy in order to preserve some of its value, or applying its alleged brand values to its business practices. Moreover, now a central part of Iran’s censorship and surveillance regime, Hewlett Packard, like many other IT Brands, plays a political partition in a tensed political landscape. It can therefore be held as accountable, just like any political stakeholder, in the eyes of the general public – consumers being just a small subset of these – not to mention numerous NGOs being on the loose when it comes to the surveillance industry.

Google and Facebook already faced such situations during the Arab Spring, and are now recognized as detaining real political power. But being on the wrong side of the « Axis of Evil » is a difficult positioning strategy for Hewlett Packard, creating some value out of it is definitely a risky business.

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