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Apple et les données biométriques, Acte 2 : après la voix, vos empreintes digitales !

mardi 21 mai 2013 à 20:44

appleNous vous avions fait part de nos plus grandes réserves sur SIRI et le stockage de vos données biométriques (votre voix) sur les serveurs d’Apple. Deux ans plus tard, nos craintes étaient confirmées. Alors que l’iPhone 5S est en approche, une rumeur semble t-il confirmée par Paypal (nous allons y revenir), voudrait qu’Apple serait sur le point d’introduire sur son nouveau smartphone un lecteur d’empreintes digitales. Ca, c’est ce que vous verrez, vous trouverez ça super, parce que c’est Apple, parce que c’est pratique. Mais vous êtes vous interrogés sur ce qui va se cacher derrière ?

Fonctionnellement, comme nous l’explique Gentside, ceci apporterait un confort d’utilisation au quotidien puisque ce lecteur permettrait de remplacer de fastidieux mécanismes d’authentification :

Il pourrait donc remplacer le code PIN mais aussi tous les mots de passe nécessaires pour accéder aux applications ou aux sites internet 

Bref Apple passe à l’OFP (le One Finger Password). Outre le fait que la sécurité biométrique reposant sur les empreintes digitales est loin d’être la panacée (ça se hack depuis plus de 10 ans un peu comme avec du papier calque, plus un coup de Photoshop et un film plastique), on se demande comment va fonctionner ce processus d’authentification. Ces données biométriques seront elles traitées uniquement par le téléphone en permettant l’activation d’autres secrets stockés dans le téléphone, ou passeront-elles par les serveurs d’Apple à un moment ou à un autre ? Apple conservera t-il ces données, sous quelle forme, combien de temps… Et même dans le téléphone, comment ces empreintes digitales seront-elles stockées ? Un jailbreak ou une simple vulnérabilité dans la version mobile de Safari permettront t-ils de récupérer des informations biométriques ?

Sérieusement, réfléchissez y à deux fois avant de placer dans votre poche ce genre de gadget, Apple (tout comme Google) a plusieurs fois démontré son appétit grandissant pour vos données personnelles, même les plus intimes, et se réserve même le droit de les céder à des tiers. Vous ne manquerez pas non plus de mettre ceci en perspective avec la politique américaine tendant à la surveillance globale… et vous avez un cocktail ici assez détonnant au nom de « la sécurité des utilisateurs ».

Autre point qui devrait vous faire réfléchir, le fait que cette information soit confirmée par Paypal qui ne cache pas sa joie en se disant que la biométrie va être introduite dans le processus de paiement électronique a de quoi inquiéter. Aujourd’hui Paypal .. et après ?

Bien plus que les frigidaires et les cafetières connectées au Net, l’Union Européenne comme notre représentation nationale et la CNIL devraient suivre de près les petites expériences d’Apple et Google, sur des centaines de millions d’utilisateurs, en matières de collecte et de rétention de données personnelles biométriques.

 

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Amesys et la surveillance de masse : du fantasme à la dure réalité

samedi 18 mai 2013 à 21:48

bull-amesys-longuetSuite à une conversation sur Twitter, je me suis rendu compte que beaucoup de gens nous prenaient encore pour des illuminés quand nous évoquions les questions de surveillance globale des réseaux. Il y a plusieurs raisons à cela. Elles sont à la fois techniques, économiques et juridiques. Nous allons donc tenter d’en faire brièvement le tour, pour ensuite vous dresser un scénario fiction, que nous comparerons enfin avec des faits, eux, bien réels.

En ce qui concerne les barrières techniques à la surveillance massive, à l’échelle d’une nation, nous avons déjà abordé le sujet en long en large et en travers dans nos rubriques Saga Amesys et Saga Deep Packet Inspection sur Reflets.info. Techniquement, nous parlons d’un système capable d’agréger les interceptions réalisées en plusieurs points de centralisation du trafic :

Une fois les données interceptées, il faut ensuite les stocker et les indexer dans une sorte d’énorme base de données sur laquelle on pourra à posteriori lancer des requêtes, portant sur un internaute (ex : un nom, une adresse IP, une adresse mail, un pseudonyme…) ou un thème plus générique (ex : Al Qaida, AQMI …).

Capture d’écran 2013-05-18 à 19.54.16

Ces outils ne sont pas des outils de science fiction, c’est par exemple ce qu’Amesys a vendu au régime de Kadhafi, sur mesure, à une échelle certes plus modeste et surtout plus centralisée que la capacité et l’architecture nécessaire pour réaliser la même chose en France. Mais tout ceci n’est qu’une question de moyens. La Libye, c’est un POC (un proof of concept), vite rentabilisé par la suite par le biais d’une vente d’un système équivalent au Qatar… et à d’autres pays.

Des barrières techniques, découlent des barrières économiques. Combien ça coûterait d’écouter toute une nation ? Pour un pays comme la France, on parlerait de quelques centaines de millions d’euros, beaucoup moins qu’un sous-marin nucléaire moderne.

Ces deux points brièvement balayés vont nous amener sur le cadre légal et malheureusement… à une pratique supposée, mais plausible, de contournement. Dans cet article sur la plateforme nationale d’interceptions judiciaires, j’avais évoqué la différence entre les interceptions judiciaires (sur demande d’un juge), et les interceptions administratives, plus opaques.

Je vais donc poser aujourd’hui ouvertement la question : existe t-il un troisième niveau d’interceptions s’appuyant sur une architecture décentralisée, hors du territoire français, opérées par la direction du renseignement militaire ?

Si la France venait un jour à utiliser l’interception massive, ce serait probablement dans le but de surveiller une population autre que sa propre population (pour des raisons de sécurité intérieure, de menace terroriste, d’espionnage économique…).  Tout comme les USA espionnent de longue date les communications Européennes, mondiales, … et même nationales.

Le scénario qui tue

Encore une fois, et ce n’est là que pure fiction issue d’une réflexion datant d’ il y a bientôt deux années, thèse qui est malheureusement en train de faire son chemin… voici comment je m’y prendrais si je voulais écouter massivement, à moindre coût, et surtout discrètement.

Et maintenant, la réalité qui pue

Vous trouvez que cette petite fiction fait froid dans le dos ? C’est probablement parce que vous n’avez pas mis bout à bout les pièces du puzzle Amesys. S’il y a bien une partie de fiction dans le scénario que je vous sers ici, il se base sur des faits on ne peut plus réels. Reprenons depuis le début..

VISITE DE Claude Guéant le 22/09/2005 à Tripoli by rewriting

Homeland Security by rewriting

Amesys Bull contre les pédophiles ! from fhimt.com on Vimeo.

« Permettez-moi de vous dire que s’il y a un chef d’Etat qui, dans le monde, n’a pas frayé avec M. Kadhafi et est responsable de son départ et de ce qui lui est arrivé, je pense peut-être que c’est moi ».

Nos travaux sur Reflets, loin de nous cantonner au seul cas libyen, nous ont fait voyager dans des pays qui nous font rêver. Depuis le financement à hauteur de plus de 100 000 euros du festival mondial des Arts nègres par Amesys à la vente d’autres Eagles au Maroc, au Qatar ou Gabon… jusqu’à la revente des activités liées à Eagle à une entité crée par Amesys elle même maintenant domiciliée aux Emirats Arabes Unis, Advanced Middle East System, il faut se rendre à l’évidence, nous avons de plus en plus d’éléments qui nous indiquent que la réalité est en train de dépasser la fiction.

Ce sentiment est encore renforcé quand Laurent Fabius reprend quasi mots pour mots le communiqué de presse déjà récité dans l’hémicycle par Gérard Longuet et rédigé par sa propre fille : « circulez il n’y a rien à voir, la vente de ces systèmes, c’est du matériel informatique grand public ». L’affaire Amesys c’est la boite de Pandore que personne ne souhaite ouvrir.

Sauf que ce matériel informatique là et ces logiciels… ont fait des morts.

Nous sommes au coeur d’un scandal d’état, personne n’a intérêt à ce qu’il éclate, c’est la politique diplomatique de la France que l’on peut lire en filigrane derrière l’affaire Amesys, mais pas uniquement. C’est aussi un scandale politico-financier implicant des personnalités politiques, au plus niveau de l’état. Et vous l’aurez compris, ce scandale, contrairement à certains, il ne nous fait pas vraiment rire.

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Le Monde est-il encore un journal d’information ?

jeudi 16 mai 2013 à 21:42

General view of the offices of French daily Le Monde in Paris

Le tout premier article de mon blog traitait déjà des médias, au travers du prisme des soi-disant informations boursières.

Ce ne sont pas des informations, tout juste des données. Pour devenir des informations, il leur manque un contexte qui permette de mettre les données en perspective.

Hier, Le Monde a publié un article intitulé « Travail, capital, consommation… La France, pays à la fiscalité élevée en Europe« . Deux extraits choisis vont me permettre d’illustrer le total abandon de la moindre prétention journalistique.

1/ La France reste un pays au taux d’imposition élevé

Tout d’abord au global. Ce premier graphique présente le taux global d’imposition, en pourcentage du PIB. Avec 43,9% en 2011, la France est le 4e pays européen en matière de fiscalité, derrière le Danemark, la Suède et la Belgique. Notre pays a réduit légèrement ce taux depuis 2000, mais l’a augmenté entre 2010 et 2011.

Imaginez. Je vous annonce que, rendez-vous compte, de tout mon quartier, c’est ma voiture qui a coûté le plus cher. Et je vous fournis un graphique des coûts de toutes les voitures du quartier.

Est-ce que c’est une information ? Non.

Parce que toutes les voitures sont différentes, et que je ne vous en dis rien.
Parce que la mienne durera peut-être deux fois plus longtemps, ou consommera deux fois moins. Son coût d’achat n’est donc qu’une donnée. Elle ne peut devenir pertinente que si vous avez le reste du contexte.

Dans le cas de l’article du Monde, quels éléments de contexte sont manquants ? Oh, trois fois rien, juste la question de l’usage qui est fait de ces impôts. Ils servent (entre autres) à payer une scolarité gratuite et obligatoire jusqu’à 16 ans ? Et des universités très peu chères ? Nos voisins doivent payer bien plus ?

Aucune importance, notre taux d’imposition est le plus élevé. Avec le sous-entendu que c’est une mauvaise chose.

Second extrait.

En matière de tranche maximale de l’impôt sur le revenu, une manière de comparer les politiques fiscales européennes, la France n’est pas spécialement en décrochage. Elle se situe même légèrement en-deçà de l’Allemagne, et dans la moyenne européenne.

Tranches d’imposition : la France impose un peu moins que l’Allemagne

En matière de tranche maximale d’imposition des revenus des personnes physiques, la France avec 45% en 2013 est en dessous de l’Allemagne (47,5) et proche de la moyenne de la zone euro (43,3).

Comparer les tranches maximales d’imposition n’a aucun sens. Une rapide consultation Wikipedia, au hasard la page Fiscalité en Europe – Impôt sur le revenu, suffit à constater que la réalité de l’imposition est complexe. Les taux de 45% et de 47,5 s’appliquent après de très nombreux calculs. Je ne vais pas vous faire un cours de fiscalité, mais l’imposition réelle est forcément inférieure à ces taux. A titre indicatif, on peut très bien atteindre la tranche d’imposition à 14%, tout en ne payant que 5% d’impôt sur ses revenus.

Notez le choix des mots. Si la France avait le plus fort taux d’imposition, elle serait en situation de « décrochage ». La critique est maintenant explicite : un fort taux d’imposition est forcément une mauvaise chose. A aucun moment n’est posée la question des contreparties de cet impôt.

En conclusion, l’article du Monde incriminé n’est qu’une laborieuse reformulation d’un rapport d’Eurostat. A toutes fins utiles, je tiens à rappeler que la charte d’éthique professionnelle des journalistes dit que tout journaliste digne de ce nom « Refuse et combat, comme contraire à son éthique professionnelle, toute confusion entre journalisme et communication« .

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Ma contre-histoire de l’internet

jeudi 16 mai 2013 à 16:11

gauloisVoici, reproduit à peu près à l’identique, ma contribution au projet d’Arte.tv « la contre-histoire de l’internet », suite à la diffusion d’un documentaire de 90′ mardi 14 mai (à revoir jusqu’au 23 mai), accompagné du site contributif lesinternets.arte.tv. Désolé pour le côté ancien combattant et le ton très personnel de ce billet. Promis, ça ne se reproduira pas avant le siècle prochain. (A comprendre ainsi: « la contre-histoire d’un gars qui passait par là. »)

US Robotics Sportster 14400. C’était mon premier modem, le truc qui couinait en se connectant sur la ligne de téléphone. 1995. Merci à Stéphane Bortzmeyer, administrateur système du CNAM à l’époque, qui me fila, sur un coin de table, ma première adresse internet, @cnam.fr. Ça fait ancien combattant. Ben oui. Mon histoire de l’internet — avec un article, et en bas de casse, SVP! — commence comme ça.

Mon métier, journaliste. C’est dire que j’ai passé pas mal de temps, et j’en passe encore aujourd’hui, à me battre contre les courants médiatiques qui diabolisent, ou encensent, le « réseau des réseaux », comme on disait à l’époque. Je me reconnais donc assez dans le portrait de cette « contre-histoire ». J’ai pu croiser ou côtoyer la plupart des intervenants. Même si je n’approuve pas l’artifice du titre, qui laisse à penser que, désormais, c’est cette vision-là qui ferait figure d’étalon historique, d’année zéro de « ce qu’il faut savoir de l’internet ». Et enfin, j’ai retrouvé dans ces portraits croisés pas mal de naïveté, de non-dits pudiques, et somme toute une sorte de sacralisation un peu gênante.

En 1995, j’avais déjà sous le coude des tas d’infos que les médias tradis ne publiaient pas sur ce « phénomène cyber » des « autoroutes de l’information » (autre pensum ultra-utilisé à l’époque). C’était donc pour moi à la fois un « filon » journalistique qu’un exutoire, un dazibao numérique. Au moment où David Dufresne lançait La Rafale, un peu avant Arno* et son uZine (ancêtre de Rezo.net) et Kitetoa et son « Monde fou des Admins », de mon côté je recyclais mes infos dans un canard intemporel, le Bulletin lambda, qui débuta aux alentours du mois d’octobre 1995 (archives exhumées ici : lambda.toile-libre.org/bulletin). Ça dura environ 10 ans, je sortais chaque bulletin quand j’avais le temps, en deux langues (dans un anglais plus qu’approximatif!), avec entre cinq et une douzaine de numéros par an.

uzinelogolambda  larafaledavdufMygale

kitetoaboite

Ça tournait déjà autour des questions de libertés publiques. Je balançais mes infos dans les newsgroups et par e-mail à quelques aficionados. Le web, c’était l’antique — le premier navigateur, Mosaic, ancêtre de Netscape puis de Mozilla, était encore un prototype. A l’époque il n’y avait que des embryons d’hébergeurs indépendants (avant Mygale.org, ancêtre de Multimania — tiens, ça existe encore!). C’est une petite association de bidouilleurs du logiciel libre, Freenix, qui m’a offert mon premier asile sur son serveur (merci les gars). Bref, très vite il y eut les premières affaires scabreuses qui firent la Une de la presse, de l’AFP à France Soir ou Envoyé Spécial, autour du fameux tryptique « pirate-pédo-nazi » — avant le pédo-terroriste d’Al Qaida — , les plaintes en justice contre les « sites pédophiles », affaires Alter-C ou Francenet, le Decency Act aux USA, l’amendement Fillon qui cherchait déjà à faire de la censure privée, les plaintes contre Napster (premier logiciel de P2P criminalisé en 2000/2001), les premières restrictions à l’usage libre de la cryptographie, où il y avait beaucoup à dire — bref, tout ce dont il est question dans le docu d’Arte…

Le goût amer qui me reste au fond de la gorge, c’est que j’ai le sentiment qu’on continue à gesticuler, qu’on répète en boucle des évidences aux accents libertaires, et qu’il semble y avoir encore un non-dit faramineux qui subsiste, à savoir que la marchandisation du monde, l’exploitation de l’autre, n’ont cessé de se servir de l’internet pour gagner en puissance, sans bien sûr que l’internet, en tant que machin, gros tuyau, n’en soit intrinsèquement responsable — mais qui en devient immanquablement une des armes les plus fatales.La neutralité du Net, oui, c’est important et primordial, mais un internet neutre a plus de chances de se faire bouffer et phagocyter par les classes économiques dominantes que par de joyeux groupuscules aux idées altruistes. Une petite vidéo diffusée en boucle en marge du docu se fout de la gueule de George « W » qui a parlé « des internets », avec un « S » (les auteurs du docu en jouent car le site s’intitule « la contre-histoire des internets »). Bien sûr que ce gros blaireau de W n’a rien compris. Pas la peine de prendre ce révélateur pour savoir que ce type est une catastrophe. Mais son lapsus est révélateur: il y a déjà plusieurs « internets ». La neutralité, c’est presque terminé. Les données ne circulent pas avec la même « priorité ». Et ça va s’empirer. Tu payes, tu passes en premier. T’es actionnaire, tu choisis. T’es utilisateur, tu subis. C’est une caricature, oui bien sûr. Mais 95% de la population en sera victime. Quelques uns y échappent, tant mieux pour eux — comme la plupart des intervenants de ce documentaire. Facebook a aidé les « révolutions arabes »? Quelles « révolutions »? Qui dirige la Tunisie, l’Egypte? Et l’après Bachar aura-t-il un visage différent? Exxon ou Total? Danone ou Kraft Food?

On nous matraque avec la crainte, le « spectre » de Big Brother depuis les débuts de l’internet (et j’y ai participé à ce matraquage, salvateur sous certains aspects, c’est ce qui m’a poussé à m’investir dans les Big Brother Awards, dont le co-auteur du docu Jean-March Manach a été un compagnon d’armes). Mais on accepte. On acquiesce. Tout est fait pour nous culpabiliser de refuser cet auto-contrôle permanent. Le patron du Parti pirate suédois en a conscience, plus que beaucoup d’entre nous. Mais il exhibe son smartphone genre « ben j’ai pas le choix ». Combien de personnes peuvent réellement échapper à leur propre déchéance en utilisant ces outils mortifères (j’ai pas dit meurtriers)? Quelle est cette nouvelle élite qui sait se protéger des intrusions malveillantes avec Tor, GPG, ou d’autres parefeux techniques, mais qui ont lentement, insidieusement, accepté à ne plus remettre en question la surveillance globale dont seront victimes des centaines de millions de gogos connectés?

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Dites donc, chers représentants, vous n’avez pas honte ?

jeudi 16 mai 2013 à 12:02

bloodyamesys

Combien de fois avons-nous remis l’ouvrage sur le métier ? Des centaines de fois ? N’avons nous pas prouvé à quel point Amesys et Bull s’étaient compromis au delà de l’acceptable sur un plan moral, éthique et légal en vendant ses produits d’écoute globale des réseaux IP à des dictateurs ou des Etats policiers, sachant pertinemment qu’il seraient employés pour traquer, arrêter et torturer des opposants politiques ? N’avons-nous pas expliqué que Nicolas Sarkozy et ses amis avaient favorisé la prise de pouvoir éminemment contestable de Philippe Vannier, Dominique Lesourd et Marc Hériard-Dubreuil au sein de Bull ? N’avons-nous pas écrit qu’Amesys avait « sponsorisé » le Xeme festival mondial des arts nègres, ce qui n’entre pas tout à fait dans son activité habituelle ? N’avons-nous pas rendu compte des procédures lancées contre Amesys pour complicité d’actes de torture ? N’avons-nous pas interpelé tous les responsables politiques publiquement et démontré qu’ils ne répondaient pas, un peu gênés aux entournures, qu’ils sont ?  Tout ça pour ça ? Pour que des sénateurs invitent Philippe Vannier à parler de cyberdéfense ?

Mais que va-t-il bien pouvoir raconter ?

Le Sénat qui héberge des personnes dont on dit qu’elles nous représentent, ne se grandit pas en donnant à Philippe Vannier une tribune, légitimant ainsi, peut-être inconsciemment, toute son oeuvre pour une monde plus surveillé, surtout dans les dictatures et les Etats policiers. Bien vu messieurs les sénateurs. Après la légion d’honneur, le Sénat. Demain, Philippe Vannier ministre de l’Intérieur ou de la Défense ?

 

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