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Surprise, il y a des imbéciles partout, même chez Podemos

jeudi 18 juin 2015 à 11:42

ZapataA peine « arrivé au pouvoir », Podemos en fait l’expérience… La maire de Madrid, Manuela Carmena, en poste depuis cinq jours est déjà aux prises avec la réalité. D’une part, elle déclare que certaines parties de son programme sont en fait des « suggestions » -et ne seront donc pas suivies d’effet, d’autre part, la nouvelle maire est confronté à l’imbécilité d’un de ses conseillers municipaux (prévu à la culture, pourtant). Ce dernier avait fait une série de tweets en 2011 qui sont évidemment remontés à la surface.

Guillermo Zapata a un humour très particulier. Les Juifs et leurs cendres sont visiblement chez lui une fixette. Cela commence par une « blague ». Comment mettre 5 millions de juifs dans une voiture ? Facile…, dans le cendrier. Puis, cela se poursuit par une interrogation. Pourquoi l’Etat d’Israël a-t-il besoin d’autant de place alors que chaque personne occupe un monceau de poussière.

Et comme Guillermo Zapata est un vrai bout-en-train, il a aussi des blagounettes pour Irene Villa qui a perdu ses deux jambes dans un attentat de l’ETA : « ils ont du fermer le cimetière d’Alcásser pour qu’Irene Villa ne vienne pas y chercher des pièces de rechange« . C’est de l’humour, on vous dit.Noir, précise Zapata, mais de l’humour.

Les gens sont de tristes sires. Ils ont protesté contre cette forme d’humour. Guillermo Zapata renonce à son titre (la culture). Mais, et en cela, Podemos prend assez vite le train des autres partis politiques, il ne renonce pas à son poste de conseiller municipal.

Un autre conseiller de l’équipe de Manuel Carmena a de son côté eu une interrogation à propos d’un politique de droite qui démontre la finesse de ses réflexions intérieures : « Moi, je ne peux pas assurer qu’en tuant et en torturant Gallardón toute cette histoire va changer, mais en essayant, on ne perd rien ».

L’inversion du sens, tant prisée par les partis politiques, de gauche comme de droite, où que ce soit dans le monde se confirme avec Podemos dont la direction a salué le renoncement au titre de chargé de la culture par Guillermo Zapata.

« Alors que ceux qui volent et qui mentent depuis des années sont toujours en poste, Guille Zapata assume ses responsabilités. Ils n’arrêteront pas le changement« , a triomphé Pablo Iglesias. Le numéro deux Íñigo Errejón voit dans ce renoncement de Guillermo Zapata « une générosité et une responsabilité hors du commun« . Pas moins.

Reflets recommande à Podemos une petite réflexion participative et citoyenne sur l’humour avec un image, une vidéo et un son.

Enfants à Auschwitz, victimes des  "expérimentations médicales"

Enfants à Auschwitz, victimes des « expérimentations médicales »

 


Karol Pila par vanda-veronne

Karol Pila avait 12 ans lorsqu’il était à Auschwitz

 

A écouter : une émission d’Europe 1 à écouter avec Karol Pila

Terres de Gandhaäl – Livre 1 : « Fondations »

jeudi 18 juin 2015 à 11:15

Prologue

Le jardin d’Eden en proie aux ombres maléfiques avait été retiré aux hommes, et la quête pour le retrouver au gré des siècles, s’était épuisée… L’humanité parvint à dominer la matière, l’espace, le temps et certains pensèrent même qu’ils étaient des dieux, car il pouvaient créer la vie…

La nature, dominée, puis broyée par l’appétit insatiable des êtres humains devint une esclave sans saveur, fanée par les mauvais traitements. L’arrogance devint une qualité reconnue, la lutte pour le pouvoir prit une tournure indécente, et les habitants de la terre se mirent à croire qu’ils étaient les maîtres absolus de l’univers connu et inconnu… Le jour du jugement dernier, ainsi appelé par les prophètes de tous les âges, survint sans que quiconque ne sache par qui il était ordonné. Le grand éclair frappa le globe, comme beaucoup l’avaient prédit, annihilant la quasi totalité des espèces vivantes. Les particules projetées dans l’atmosphère par les terribles engins de guerre fabriqués par l’homme voilèrent le soleil et plongèrent ce qu’il restait du monde dans un hiver obscur et presque éternel. La civilisation disparut durant vingt mille ans. Ainsi en avait décidé l’espèce la plus évoluée sur terre de son propre sort…

 illustration

Chapitre I

La lueur dansante des flammes des torches faisaient saillir un peu plus qu’à l’accoutumée les os du visage squelettique de Ziäd. Ses traits contenaient la marque incontestable de l’appartenance au peuple de la nuit, le Ghöl-Amgöth. Mâchoire saillante, arcades sourcilières proéminentes, taille élevée, longs doigts crochus et épaisse chevelure anthracite encadrant un visage cireux, creusé de cernes profondes. Les drogues puissantes qu’il ingérait chaque jour avaient voilé ses yeux injectés de sang, lui conférant une sorte de regard d’aveugle, irréel. Bien qu’enfoncé de manière nonchalante dans un large fauteuil d’ossements aux allures de trône morbide, Ziäd gardait cette allure unique que seuls les individus de longue lignée noble possèdent : une autorité naturelle, sorte d’indéfinissable prestance que n’importe quel visiteur ressentait instantanément à sa vue, sans pouvoir définir d’où elle provenait particulièrement. Un visiteur était justement là. Ziäd passa une langue rouge écarlate sur ses lèvres incolores, de haut en bas, avec une lenteur extrême, sans que ses yeux ne se détachassent du ridicule petit homme tremblant et emmitouflé dans sa cape de pièces de fourrures et de velours qui se tenait devant lui. Il était là depuis un long moment ne sachant apparemment pas comment entamer le dialogue, se balançant imperceptiblement — pour qui savait observer — d’un pied sur l’autre, indécis. Il avait scruté le fauteuil composé d’un savant assemblage de crânes — qu’il avait identifié au premier coup d’œil comme humains —puis celui qui y trônait ; ne sachant peut-être pas si le protocole en vigueur impliquait qu’il prenne l’initiative de l’entretien ou la laisse au dirigeant assis en face de lui. Ziäd se délectait de la situation. Le trouble, l’angoisse que devait sûrement ressentir le visiteur debout devant lui en cet instant étaient des sensations du plus haut intérêt à observer. Il voulait essayer de comprendre à quoi elles pouvaient correspondre, pour lui qui n’était pas en mesure — de par son origine, ses mœurs et sa culture surtout — ne serait-ce que les expérimenter. Il était Golgien. Pas humain, comme cette stupide créature affublée du titre pompeux d’ambassadeur, envoyée par une minable petite nation marchande du continent sud. La question vint à l’esprit de Ziäd avec naturel, alors que son intérêt pour l’anthropologie commençait à faiblir. Comment allait-il le tuer?

L’ambassadeur d’Anglar sourit avec déférence au Kendä de Khaäl-Nezbëth, la cité des prêtres noirs. Il savait combien sa mission avait été difficile et le devenait un peu plus, en cet instant, à la limite de l’impossible. Pourtant il se trouvait au sommet de la tour des « souffrances éternelles »— c’était un titre grotesque se dit-il — gigantesque mirador de pierres volcaniques et d’ossements qui dominait la gigantesque ville golgienne. Il était au seuil de ce dont il avait rêvé au cours des vingt derniers cercles, la consécration d’un travail de tous les instants. Danda relâcha les muscles de sa mâchoire, ce qui eut pour effet immédiat d’éteindre le sourire de convenance qui s’y était figé. Le vieil homme paraissait minuscule dans cette salle aux proportions inhumaines. Le dôme de verre opaque qui recouvrait la tour effilée se perdait bien au delà des limites que la lumière mordorée des torches projetait dans l’espace circulaire. La démesure était une constante dans l’empire du Ghöl-Amgöth, et l’on tentait à chaque instant—pensa le vieux diplomate — de rappeler à tous, quels en étaient les bâtisseurs et maîtres incontestés : les Kendaïs des ténèbres; les hommes-dieux. Où hommes-démons, selon depuis quel point de vue on se situait. Puissance surhumaine, surnaturelle en tout les cas ; dont les pouvoirs à un niveau bassement matériel ne pouvaient qu’être considérés à leur juste valeur : immenses…

Danda n’était pas né de la dernière pluie. Les rides qui sillonnaient le visage parcheminé du diplomate attestaient de son âge avancé ; mais si son apparence portait à croire qu’il devait être à l’orée de sa vie, inoffensif vieillard sans défense; la réalité était toute autre. Ceux de ses ennemis qui s’étaient arrêtés à cette impression en avaient payé de leur vie. En quarante cercles de voyages et de tractations sur les terres de Gandhaäl leur nombre était imposant, mais qui pouvait le soupçonner ? Les petits yeux noirs de l’ambassadeur d’Anglar se baissèrent en une expression de concentration intense, les fins sourcils dessinés au fusain se soulevèrent formant deux accents circonflexes au dessus desquelles une mer de plis de peau apparut. Ses deux mains se rejoignirent, leurs doigts se croisèrent, et la voix chevrotante résonna faiblement dans l’immense salle circulaire.

— Je suis très honoré d’être reçu avec autant d’égards, seigneur Ziäd. Nos peuples ne se connaissent pas bien encore mais ils ont tout à y gagner, j’en suis certain…

Ziäd eut un tressaillement nerveux incontrôlé. La voix ne lui était pas inconnue, presque familière… comment cela pouvait-il être possible ? Il repoussa l’idée à peine émise qu’il mit sur le compte du bleu de Mataï-Shang, fumé quelques minutes auparavant, puis répondit d’un ton désabusé:

— Y gagner ? Un sourire carnassier vit le jour, dévoilant une rangée de dents effilées. « Je ne crois pas qu’il soit possible de comparer nos nations respectives en l’état des choses, ambassadeur. Je représente ici l’Empire sombre du Ghöl-Amgöth, le fléau des terres; le sais-tu ? Je suis le maître des prêtres noirs de Kaäl-Nezbëth, les shems ! Qu’es tu donc, toi ? Un vieillard affaibli envoyé par des tribus d’esclaves que nous dévorons lorsqu’ils se risquent trop près de nous ! Qu’as-tu donc à me proposer en échange de la clémence que nous pourrions accorder à ton peuple d’inférieurs ? Du lait de chèvre et de l’huile d’olive? »

Ziäd éclata d’un rire malsain à l’énoncée de sa propre plaisanterie. Des hurlements de douleur lui firent écho, sinistre mélopée qui s’éteignit sous le claquement sec des coups de fouet. Soudain, la flamme des torches vacilla comme sous l’effet d’un courant d’air spontané. Les ombres des bas reliefs semblèrent s’animer, des formes animales se mouvoir le long des parois du dôme. Danda ne parut pas s’en émouvoir. Les yeux plissés, aucun signe apparent de nervosité sur son visage ridé, le vieil homme ne semblait pas remarquer les changements subtils qui s’opéraient autour de lui. Il reprit la parole sans émotion particulière dans la voix.

— Votre sorcier n’est pas des plus discrets,seigneur Ziäd; mais est-ce là sa principale qualité ? J’en doute fort…

Avant que son interlocuteur n’ait pu réagir, le diplomate Anglarien reprit:

— Montrez-vous donc Theleb, votre présence nous sera sûrement d’un grand secours. Votre présence visible, j’entends.

Une silhouette se dessina lentement à la droite du trône d’ossements. Chapeau à larges bords, ample toge grise, dos voûté, longues mains appuyées sur une canne d’ivoire à la ligne incertaine et aux ciselages chaotiques. Le visage au nez rapace apparut en dernier lieu, presque aussi gris que le vêtement qui enveloppait le reste de son corps, constellé de minuscules trous et de pâles cicatrices. Immédiatement une voix de basse jaillit dans la pièce, légèrement éraillée et pourtant imposante.

— Tu as une bonne mémoire, Danda. C’est tout à ton honneur, la vieillesse ne t’a pas retiré ce don précieux, mais tu devrais prendre garde… Tu n’es pas en terrain conquis, ici. Les dieux des ténèbres et leurs représentants ne sont pas de la même teneur que les petits chefs d’Anglar ou ceux des steppes de Woorg. Tu devrais le savoir. Je suis surpris qu’un homme aussi prudent et diplomate que toi, tente de me mettre dans l’embarras. Mais rassure-toi ; il n’en est rien ; je voulais simplement vérifier que l’âge ne t’avait retiré les facultés essentielles à ton activité…

Le vieux shalwath conclu sa phrase par un sourire de biais qui déforma encore un peu plus son faciès aux allures de revenant. Il traça un cercle sur le sol de la pointe de sa canne tordue, toujours immobile, et lança à l’adresse de Ziäd :

— Ne ferions-nous pas mieux d’aller droit au but seigneur Ziäd ? Notre temps à tous est précieux…

Le Golgien se redressa du trône d’ossements, pencha la tête de côté comme sous l’effet d’un torticolis et roula des yeux. Sa langue rouge vif sortit de sa mâchoire carnassière, serpent de chair qui se redressa jusqu’à toucher la pointe du nez de son maître. Ziäd avait envie de tuer le petit homme à la peau foncée. De l’égorger à l’aide de ses dents effilées comme les stylets des spadassins de Mataï-Shang, puis d’en faire un festin arrosé des meilleurs vins de sa cave. Il était sur le point de bondir en avant pour mettre son projet à exécution lorsque la voix de son conseiller surgit dans son cerveau, coupant court à toute velléité en lui :

Non, seigneur, pas encore…! Nous avons besoin de savoir ce qu’il veut exactement. Les peuples du sud seront bientôt pour nous d’un grand secours; il y tant d’esclaves là-bas que vous ne pourriez en dévorer en une vie de mille cercles ! Laissez-moi faire, nous verrons ensuite…

Danda se racla la gorge, mais avant qu’il n’ait pu parler, Ziäd se leva théâtralement et d’un ton mielleux, lança :

— Oui ! Oui ! Mon conseiller a raison, allons à l’essentiel, diplomate, j’ai à faire, et les considérations sur ton peuple misérable ne m’intéressent plus. Alors, que veux-tu ?

C’était bien là un réaction Golgienne se dit Danda en lui-même : tempérament chaotique, feu et glace, jamais d’espace pour ce que les hommes nommaient sérénité ou bien encore raison… Il lui fallait réagir instantanément, ne pas tomber dans le piège de la déstabilisation qu’engendrait inévitablement ce genre de comportements délirants.

— Bien. Je préfère moi aussi que nous sachions tous ce qu’il en est. Votre présence, Theleb-Nüb-Süthek m’y aidera d’ailleurs, car vos fréquents voyages en Anglar pourront attester mes dires.

Aucune réaction des deux interlocuteurs debout en face de Danda.

L’incitation à aller de l’avant était évidente. Le vieux diplomate reprit la parole, un coin de son esprit toujours à prêt à rebondir vers une menace invisible.

— Comme vous ne le savez peut-être pas seigneur Ziäd, les peuples du continent du sud ont beaucoup changé ces dernières années. Evolué aussi. Ce qui n’était qu’un territoire incertain, peuplé de tribus sauvages et incultes est désormais devenu un véritable petit empire. L’empire d’Anglar, du nom du continent qui l’accueille. Des cités y ont été érigées, des navires sillonnent ses côtes et traversent la grande mer intérieure de Dîm-Azäth, des armées parcourent le continent, le commerce y est florissant. Je ne veux en aucun cas faire de comparaison malheureuse avec votre empire aux puissances occultes si terrifiantes pour nous autres, mais simplement avancer un pion sur le grand échiquier qu’est le monde de Jaagleen, que nous nommons désormais…les terres de Gandhaäl…

A l’énoncée du dernier mot le maître de Kaäl-Nezbeth eut un tressaillement nerveux qui souleva un coin de ses lèvres cireuses. Ses mains se crispèrent spontanément, un souffle de haine vint le submerger qu’il contrôla discrètement, toujours à l’écoute d’un signal du shalwath et néanmoins attentif au discours du diplomate Anglarien.

Gandhaäl ! Cet imposteur facétieux, ce suppôt des forces ennemies, insaisissable depuis deux cent cercles, un comble pour un mortel ! Je le hais, je hais ces vermisseaux qui n’ont d’autres préoccupations que leur survie ! Je hais ces terres ensoleillées, ces musiques et ces danses ridicules, ces esclaves sans cervelle !

Déjà, Danda ayant reprit son souffle, continuait sur sa lancée :

— Ce pion qu’est notre empire marchand, bien qu’insignifiant ou presque, face aux empires Kendaïs, je l’avance sereinement, en toute connaissance de cause. Dans l’intérêt d’Anglar, mais aussi bien sûr dans le vôtre. Laissez-moi vous exprimer mon point de vue. Vous serez libre ensuite de le contredire… et de m’exécuter, si cela vous chante… ce dont je doute fort lorsque vous m’aurez entendu. Ghöl-Amgöth est l’empire le plus important à nos yeux. Tant d’un point de vue militaire, religieux ou bien économique. Mais l’empire sombre est affaibli par les guerres sans fins qu’il mène contre son ennemi héréditaire, le Dorianor. Sa puissance n’est pas ce qu’elle devrait être. L’empire des conquérants de Morglang s’affirme, et ce pourrait être lui le grand gagnant de cette affaire… C’est là, que nous autres, Anglariens, voulons jouer notre pièce : nous sommes une jeune nation, humaine certes, mais dont le poids d’un point de vue bassement marchand et militaire ne va qu’aller grandissant. Nous aussi avons des esclaves, marchandise que vous chérissez et dont le besoin ne pourra que croître ; nous aussi avons des armes en acier, des navires, du blé, des élevages, du bois et des métaux précieux, des tissus, des bâtisseurs… Aucune guerre ne nous ralentit, nous passons des accords avec de lointaines nations encore plus au sud, et nos shalwaths pourraient peut-être bien rivaliser un jour prochain avec ceux de votre empire ! Les trois pères fondateurs de Ghöl-Amgöth, les hommes-dieux eux-mêmes l’ont compris et pourront vous le confirmer puisque des émissaires de la cité-mère Shaaï-Nalfesh sont déjà venus palabrer à Shaleenmär… Ne voyez-vous pas les temps changer ?

Ziäd, pétrifié de stupeur, la mâchoire pendante et les yeux ronds regardait le vieux diplomate comme un chat l’aurait fait devant une souris métamorphosée en éléphant. A ses côtés, Theleb, impassible, souriait légèrement, les doigts tenant la crosse de sa canne jouant un rythme secret et régulier sur celle-ci. Le vieux Danda releva les yeux qu’il avait rivés au sol lorsqu’il déclamait les vers de la prophétie. Son regard n’était plus le même, perçant, vif. Il en émanait une incroyable détermination, une force étrange, aussi. Cela n’avait pas échappé au conseiller du prince de Kaäl-Nezbeth qui prit la parole immédiatement, prudent.

— Tu es parfait, Danda, parfait pour nous exaspérer et nous donner l’envie à tous de mettre un terme à ton existence par trop dérangeante.

Un temps mort, le silence épais de la salle de pierre. Puis Theleb reprit :

— Il n’en sera rien, rassure-toi — ses pensées toutes tournées vers Ziäd retenaient celui-ci de se jeter sur Danda—ta démonstration était très convaincante ; mais…il y a un…mais …

— Oui ? Lequel, Theleb ? dit Danda dans un murmure.

Nous irons ensembles rencontrer le maître absolu de cette cité, afin de vérifier sa complaisance à ton égard, ainsi qu’à tes propos. Sais-tu au moins qui il est ?

Un rictus glacial conclut sa phrase.

Le diplomate d’Anglar plissa les yeux et hocha la tête à trois reprises.

— Le Kendaï Shubda, grand régent de la nuit et des démons, maître des souffrances éternelles et de la luxure… oui, je sais qui il est. J’irai le rencontrer si tel est votre désir.

Ziäd ne put retenir un ricanement sonore qui se gonfla en un rire diabolique, ses dents pointues scintillant sous l’éclat des flammes des torches. Il ouvrit les bras et annonça d’une voix vibrante, comme si une assemblée imaginaire était pendue à ses lèvres :

— Alors qu’il en soit ainsi, et allons manger !

*  *
*

Contrat social connecté (2) : de la surveillance généralisée à la régulation étatique d’Internet

mercredi 17 juin 2015 à 18:00

Un nouveau contrat social a-t-il émergé en France, de façon informelle, et sans que personne ne l’ait signé ? Les changements technologiques sont-ils au cœur de cette possibilité ? Quelles sont les conséquences de cet état de fait s’il se révélait exact ?

hacking-citoyen

2005 est une date charnière pour aborder la question du nouveau « contrat connecté » qui semble s’être mis en place. Comme 2007, 2008, 2011, 2013, et 2015. En 2005, le référendum pour le traité constitutionnel européen permet à une part très importante de la population de débattre durant des mois sur le sujet. Le « Non » l’emporte, alors que les médias dominants, dans leur ensemble, militent en faveur du « Oui ».

Stupéfaction de la classe dirigeante, des élites éditocratiques : les Français ont rejeté une Europe libérale et anti-sociale, et aspire à une « autre Europe », dans leur grande majorité. Ce n’est que deux ans plus tard que FaceBook s’installera véritablement dans l’Hexagone, que l’Iphone apparaîtra dans les boutiques des opérateurs de téléphonie. Puis le Traité européen reviendra, sera signé sans l’avis des citoyens, balayant le choix de 2005 et affirmant la domination autoritaire des « élites » sur les populations. Mais reprenons pas-à-pas l’étonnante progression de ce nouveau monde en cours de création.

Avant, les gens étaient loin de la politique

En très peu d’années, depuis le fameux « Non » au référendum sur le traité constitutionnel, la façon dont une majorité de la population s’empare de l’information, la partage, réagit, a profondément changé. Les outils numériques en ligne ont muté, se sont rendus mobiles grâce à la miniaturisation, et permettent à des masses de personnes —phénomène auparavant inimaginables — de débattre, critiquer, faire circuler , qui des rumeurs, qui des thèses politiques, qui des articles, ou autres contestations. Cette nouvelle façon de faire du lien social et de la politique, est à doubles tranchant : si elle aide à faire circuler la parole horizontalement, elle est aussi un outil de propagande et de dilution des idées sans commune mesure. Tout ça réside sur l’apparition des smartphones et des réseaux sociaux, des plateformes web dites « collaboratives » ou « participatives ».

Aujourd’hui, ils sont surinformés

Ce qui a profondément changé est la capacité de la population à s’emparer des sujets qui autrefois étaient réservés aux politiques et autres experts. Documentaires, conférences sur Youtube, sites d’informations, blogs, partages de liens, de documents sur les réseaux sociaux : une nouvelle forme de citoyens contestataires, « agitateurs surinformés », est apparue. Le Fact checking aidé de la mémoire d’Internet permet de dévoiler très vite et très facilement les reniements, mensonges, dénis des politiques. Une part importante de la population utilise quotidiennement les outils numériques connectés pour vérifier, contester, faire savoir sa rage face à un système politique en pleine crise et de plus en plus mis à nu.

L’accès à toutes les informations (ou presque) est une modification radicale de la société et du contrat social qui en découle. Des représentants politiques, tant qu’ils sont en mesure de faire croire que leurs analyses et leurs décisions sont éclairées et en accord avec le mandat que le peuple leur a donné, peuvent continuer à diriger. Mais lorsque ceux qui élisent les représentants sont conscients des mensonges de ces mêmes représentants, sont autant informés qu’eux et surtout en capacité de leur faire savoir ?

La réponse du politique

La volonté de freiner l’élan populaire contestataire, de la part du politique, est aujourd’hui évidente. Les promesses creuses de jours meilleurs ont fait long feu, il est donc devenu urgent [pour le politique] de tenter de contraindre les administrés — potentiellement en mesure de les évincer — à se calmer. La surveillance des communications afin d’assoir un système panoptique d’auto-censure est une première étape qui vient d’être franchie. La seconde sera la « régulation » d’Internet, dernier territoire que l’élite politique ne contrôle pas. Le principe a déjà été lancé par des parlementaires, et il est simple : l’internaute va se voir potentiellement puni sous le coup de lois axées sur la diffamation (propos considérés comme répréhensibles à l’encontre des élus ou des membres du gouvernement, d’entreprises), et donc mis en demeure de contrôler ses contestations en ligne. L’élargissement des fermetures administratives au delà du simple « appel à des actions terroristes » viendra rapidement, il a déjà été évoqué…

Le contrat social sans contrat… et sans société ?

Le TAFTA/TTIP négocié sans aucune concertation démocratique est là pour rappeler aux populations qu’elles ne sont pas en mesure de contester, même lorsqu’elles y sont majoritairement opposées, les décisions des élites économiques et politiques. Ces populations sont pourtant très autonomes par leur capacité à savoir, faire savoir, échanger, mais réalisent dans le même temps que ceux qui agissent sur la société dans laquelle ils vivent, les politiques, sont entièrement déconnectés des populations qu’ils administrent. Le résultat est étonnant, surréaliste, mais parvient à « fonctionner » malgré tout : les gens hurlent dans les tuyaux d’Internet, les politiques hurlent à l’Assemblée ou dans les médias, tout en agissant à l’inverse des demandes populaires, et l’ensemble avance… sans se rencontrer.

Plus les gens peuvent s’autonomiser plus les politiques tentent d’enlever de l’autonomie aux gens, plus les gens contestent, plus les politiques restent sourds aux contestations et installent des régulations anti-contestataires. Il est possible d’envisager une société future où les individus la constituant seront tellement experts et capables de faire par eux-mêmes, les politiques tellement sûrs de leur capacité à contenir l’ensemble, que l’Etat ne sera plus qu’une somme de contraintes et de normes répressives se confrontant quotidiennement à sa population. Ni plus, ni moins.

Le nouveau contrat social connecté est déjà en place. Le cirque étrange qu’il engendre peut-il continuer encore longtemps ? Là est la question.

Dans quelle mesure le nouveau contrat social [connecté] est-il supportable (1) ?

Opération « Internet propre » pour le CIC

mercredi 17 juin 2015 à 14:55

internet-propreSi le responsable du service de presse du CIC n’a pas jugé utile de répondre à nos appels, le service de nettoyage n’a pas tardé à nous envoyer un courrier comminatoire. Dans notre article d’hier, nous avons cité le nom du responsable du service de presse, un nom public et cité dans de nombreux articles ailleurs sur Internet (plus de 300 réponses chez Gogleuh). Mais aussi, évidemment, au bas de tous les communiqués de presse du CIC. Nous avions également cité celui de la directrice de l’agence du CIC qui a décidé de fermer le compte de @Sorcier_FXK (une quarantaine de résultats chez Gogleuh). La Chaîne CIC nous demande de retirer dans les meilleurs délais ces noms « or else« . Ce n’est pas une nouveauté, nous avons déjà été confrontés à des demandes de ce type, nombreuses sont les personnes qui préfèrent que certaines de leurs actions ou décisions restent loin des yeux des moteurs de recherche.

Voici le mail reçu ce matin dans plusieurs boites aux lettres de Reflets :

Bonjour,

Dans votre article intitulé « Mieux vaut être riche, bien portant et ne pas poser de questions pour être client au CIC » daté du 16 juin 2015, et indépendamment des critiques que vous formulez sur notre application mobile, vous citez les noms de deux salariés du groupe CIC , ce qui est de nature à leur causer un préjudice personnel.

Nous vous remercions, en conséquence, de bien vouloir  anonymiser votre article et donc d’en retirer les noms de Madame M. et Monsieur M. dans les meilleurs délais.

Merci de votre compréhension.

CIC

Bien entendu, et même s’il est évident qu’aucune de ces citation ne peut porter préjudice à ces personnes, nous allons nous exécuter afin d’éviter un procès inutile. Nous avons de meilleurs combats judiciaires à mener, notamment devant la CJDH…

Toujours aussi pertinent dans ses méthodes de gestion de crise, le CIC a donc décidé de se lancer dans une opération « Internet propre ». Un Internet qui n’aurait pas de mémoire et ne se souviendrait pas que monsieur F. M. et madame M. M. ont été parties prenantes la gestion de la crise buzziène et dans la fermeture du compte de @Sorcier_FXK. Il y a pourtant, en matière d’Internet, quelques axiomes qu’il convient de ne pas tenter de contredire. Ce que tout bon responsable de communication sait désormais. Même dans les entreprises « brick and mortar ». Premier point, Internet n’oublie jamais. Deuxième point, toute tentative de l’empêcher de se souvenir se solde par un effet Streisand (C’était notre formation expresse et gratuite à la gestion de crise pour le CIC – De rien, c’est cadeau).

La demande faite à Reflets a également été envoyée à un Twitos qui s’étonnait d’une erreur dans le prénom de monsieur M. Ce tweet ne permet évidemment pas de lier monsieur M. au CIC, mais l’opération « Internet propre » ne se soucie guère de ce genre de détails.

Reflets espère que cette nouvelle péripétie ne relancera pas le bad buzz déclenché par l’affaire @Sorcier_FXK car le CIC n’a vraiment pas besoin de ça ces jours-ci.

Vous nous appelez « complotistes », nous nous appelons « réalistes »

mercredi 17 juin 2015 à 13:32

illuminatiIl est toujours bon d’entendre les critiques. Les plus courantes, pour Reflets, portent sur deux points. Nous serions complotistes. Nous aurions un style d’écriture qui nous décrédibilise. Le gonzo journalisme à la mode Web 12.0 ne plaît pas à tout le monde.

Complotistes… Sommes-nous vraiment complotistes ? Pas moyen de trouver une trace sur le site d’articles évoquant les Illuminati qui gèrent le monde d’une poigne de fer invisible mais puissante. Pas plus qu’un article sur le rôle (forcément) des Juifs et des Francs-maçons dans les attentats du 11 septembre, soutenus en sous-main par le Mossad et la CIA.

Mais alors ? En quoi sommes nous complotistes. Ah, ce commentaire apporte un début de réponse. Nous nous sommes souvent interrogés sur la réalité des causes du changement climatique. Sur les plantages, les changements de discours du GIEC, les simplifications outrancières des ténors de l’organisation politique émanation de l’ONU, qui annonce la fin du monde tous les quatre matins.  Saymal.

Peut-être que quand nous nous interrogeons sur l’existence d’un « Système » qui régit nos vies et, même s’il n’agit pas de manière coordonnée, ne vise que sa propre survie, sommes-nous complotistes. Ou peut-être simplement réalistes ?

Il est toujours plus simple de nier une réalité, de ne même pas la nommer, pour éviter d’en souffrir. Etre réaliste ou un peu plus informé que la moyenne, n’apporte pas la paix de l’esprit. Cela énerve, ronge, souvent.

La guerre, c’est la paix

Prenons un exemple. La concurrence et la libéralisation bénéficient au consommateur. C’est une sorte de postulat de la pseudo-science économique moderne. Les utilisateurs des transports en commun en Grande Bretagne ne disent pas merci à M. John Major. Accidents, retards, équipements vétustes, tarifs inabordables… Résultat somme toute mitigé… Plus près de nous géographiquement et en temps, le Médiateur de l’énergie a dressé mardi un bilan « plus que mitigé » de la concurrence dans le gaz et l’électricité. L’AFP nous explique que « la facture de courant s’est envolée de 49% en moyenne depuis 2007 pour les clients aux tarifs réglementés utilisant un chauffage électrique et de 56% pour ceux utilisant un autre mode de chauffage. Côté gaz, la hausse sur la même période atteint 36% pour les clients aux tarifs réglementés se chauffant avec cette énergie, ajoute le médiateur ».

La liberté, c’est l’esclavage

Sommes-nous complotistes si nous voyons dans certains aspects de la Loi Macron des aberrations ? Par exemple, le plafonnement des indemnités accordées par les tribunaux prud’homaux. Il est censé éviter la trouille des patrons de PME au moment de l’embauche. Et donc, de favoriser l’emploi. Oui mais… L’économie n’est pas une balance à deux plateaux. C’est une balance à plateaux multiples. Quand vous tentez d’équilibrer deux plateaux, il y a en a un qui bouge ailleurs. Souvent dans le mauvais sens. Retournons la problématique : en quoi freiner les sanctions des employeurs lorsqu’ils ont recours à des licenciements sans cause réelle et sérieuse, (c’est de cela qu’il s’agit), va-t-il les inciter à ne pas licencier ? Ne serait-ce pas l’inverse ? Le seul moyen de le savoir est d’attendre environ un an pour juger sur pièce en regardant les chiffres du chômage. Rendez-vous dans un an.

Le dernier cadeau du gouvernement de droite gauche aux entreprises, le pacte de responsabilité, n’a pas tout à fait rempli les espoirs initiaux du pouvoir…

Il est souvent dur pour les hommes politiques de tirer les leçons de l’Histoire. Pourtant, lorsque Emmanuel Macron souhaite permettre aux experts-comptables d’avoir des activités de conseil, Mediapart (autres complotistes sans doute) rappelle que les leçon d’Enron n’ont pas été tirées. Quant à la libéralisation des transports par cars… Comme la privatisation des transports ferroviaires en Grande-Bretagne, elle apportera sans doute son lot de surprises, dans la mesure où les entreprises ont pour but principal de faire du profit. Et que pour ce faire, elles ont une fâcheuse tendance à économiser sur tous les postes possibles, y compris des postes sur lesquels elles ne devraient pas.

L’ignorance, c’est la force

Lorsque nous évoquons les risques liés à l’adoption de la Loi sur le Renseignement, sommes-nous complotistes ? L’Histoire a ici aussi des leçons à livrer. Les micros du Canard, les écoutes de l’Elysée… Et ceci était fait avec des techniques rudimentaires. Les possibilités offertes par les « Boites Noires » et les algorithmes sont infinies. Avec les « Boites Noires », il sera possible de faire pression sur n’importe qui, selon le bon vouloir du pouvoir. Es-ce vraiment complotiste de dire cela ou réaliste ? Nous basons nos arguments sur des expériences de bêta-test.

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S’inquiéter des tentatives gouvernementales françaises pour inscrire dans la loi la protection du secret des affaires — tout en laissant un boulevard au pouvoir exécutif pour casser la protection des sources des journalistes grâce aux nouveaux jouets des services de renseignements rendus légaux au Parlement — est-il une forme de paranoïa de notre part ou simplement un constat fort inquiétant d’un basculement de la « démocratie » vers… autre chose ?

C’est quoi cette bouteille de style, Reflets ?

L’autre reproche qui nous est fait porte sur notre style. Ça ne fait ni sérieux, ni professionnel. Trop familier, trop de lolcats, à la limite du blog. Bref, les journalistes de Reflets ne respectent pas les codes du journalisme. En relisant nos article, il apparait en effet que nous n’adoptons ni le style des Echos (c’est peut-être pour cela que le responsable du service de presse du CIC ne nous a pas répondu ?), ni celui du Monde. Pas plus que celui du Figaro, de Voici, de Elle… Et même en cherchant plus proche de nous, nous n’adoptons pas le style de Mediapart ou du Canard Enchaîné.

Notre style journalo-gonzo rend-il nos informations moins crédibles ? Pas certain. En quatre ans d’existence et après des tonnes d’articles un tantinet incisifs, nous n’avons à ce jour reçu aucun papier bleu pour un procès en diffamation. Des quotidiens nationaux nous ont cités, ainsi qu’une radio nationale publique : comme quoi, nos confrères savent venir lire Reflets et utiliser ses informations quand ils en ont besoin.

Ce style un peu décalé est aussi une sorte de marque de fabrique qui nous rend immédiatement reconnaissables. Nos lolcats sont là pour démontrer s’il le fallait que nous ne nous prenons pas au sérieux. Le style « Les Echos« , on sait faire (Kitetoa a été journaliste financier pendant 9 ans dans un canard encore plus financier que Les Echos). Délibérément, nous ne l’adoptons pas. Ce style montre également que nous ne validons pas les codes habituels. Nous n’interrogeons que très rarement les émetteurs des informations que nous contestons. Nous ne republions pas des informations sans nous interroger sur ce qu’elles ne disent pas. Nous n’avons pas confiance dans les services de presse…

Bien entendu, si nous décidions de nous plier aux codes du journalisme d’aujourd’hui (dans sa majorité), nous aurions plus de lecteurs, plus de clics, plus de brouzoufs. Mais là n’est sans doute pas notre but.

Au final, notre liberté, qu’elle soit dans le ton ou des sujets traités — ne se pliera pas à une demande de crédibilité de surface — qui, si elle permettrait de faire lire Reflets à son chef de service, ou sa vieille tante, ne ferait qu’une chose : nous soumettre à la forme, quand c’est le fond qui nous préoccupe.