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Milipol : le marché de la peur

lundi 25 octobre 2021 à 12:31

Le salon de l'équipement des policiers, militaires et espions ne connaît pas la crise

Flingues de toutes tailles, drones, systèmes d'interception, gaz lacrymogènes, LBD, gants électriques, tout est bon pour faire face à « la menace ». Des menaces, justement, il y en a de toutes sortes et c'est bien pratique pour alimenter un marché de la peur très prospère. Surtout à l'approche des JO qui seront un prétexte à toutes sortes d'expérimentations jusque là refusées.

On se demande bien ce que Sigmund Freud percevrait dans cette image - © Reflets

Années après années, les déambulations dans les allées du salon Milipol, où viennent se fournir États, policiers, militaires, espions en tous genres, restent aussi déprimantes. On y comprend que si l'on est « contre », on va se retrouver face à des armes innovantes, des instruments de répression toujours plus inquiétants, des outils de surveillance toujours plus intrusifs.

Même si l'on voit apparaître comme « argument de vente » l'aspect non létal de certaines armes, il est aisé de percevoir que celles-ci seront utilisées beaucoup librement que celles qui sont létales. Le risque de tuer est moindre, donnons-nous en à coeur joie... Comme dans un jeu vidéo. On tire, en misant sur le fait qu'avec ces armes, la victime aura plusieurs points de vie et pourra continuer à vivre. Mais avec quelles séquelles... Nous avions largement documenté dès janvier 2019 les ravages du LBD en France pendant la crise des gilets jaunes et le choix très contesté des munitions de la société Alsetex par les autorités françaises. Dans un climat social tendu, l'exécutif est de plus en plus tenté, depuis Nuit Debout, de désigner les opposants comme des ennemis. Non plus politiques avec qui un dialogue peut s'enclencher, mais comme des ennemis à soumettre. Par la force. La traduction sur le terrain de cette vision des rapports sociaux par les politiques et les forces de l'ordre est désastreuse la plupart du temps. Surtout à Paris avec un préfet qui pense que les citoyens...

Une reprise économique en trompe l'oeil ?

lundi 18 octobre 2021 à 19:07

Inflation, chaînes d'approvisionnement bloquées, ça ne va pas très bien...

Le ministre de l'économie, Bruno Lemaire annonçait il y a quelques jours, pas peu fier, que la croissance française atteindrait 6,25% au lieu de 6% en 2021. Mais l'économie est une balance à plateaux multiples, et on constate de multiples signes inquiétants. Alors, on peut voir le verre à moitié plein ou à moitié vide...

Jacob van Ruisdael (1628-1682) - Vue depuis les dunes jusqu'à la mer - Jean-Louis Mazieres - Flickr - CC BY-NC-SA 2.0

« La croissance est forte, solide, dynamique : nous réviserons donc la prévision de croissance pour 2021 de 6 à 6,25 % », a indiqué Bruno Lemaire il y a une semaine. Pas peu fier, sans doute. A lire entre les lignes des déclaration du ministre : le gouvernement Castex est efficace, il fait renouer le pays avec une croissance très forte après la crise du Covid. Votez pour nous ! Petit bémol : l'économie n'est pas une balance normale, avec deux plateaux. Il ne suffit pas de poser un petit poids sur l'un d'entre eux pour que tout s'équilibre et que tout baigne dans l'huile de noix de coco. L'économie, qui plus est mondialisée, c'est une balance à plateaux multiples, infinis. Lorsque l'on joue sur l'un d'entre eux, un autre bouge, parfois tout près, parfois très loin. Les répercussions d'un événement ou d'une décision peuvent être immédiates ou différées. Une chose est certaine dans cet océan d'incertitude : la modestie est de mise et prudence est mère de toutes les vertus.

Depuis quelques temps, les acteurs de la chaîne d'approvisionnement s'époumonent : la situation est grave. Tout est bloqué. Il y a donc tout de même quelques quelques soucis avec cette reprise...

On peut choisir de voir la reprise qui apparaît, plutôt logique d'ailleurs après une mise à l'arrêt de l'économie mondiale pendant plusieurs mois. Mais on peut aussi observer quelques nuages noirs qui s'amoncèlent.

Le premier...

Sur Internet Éric Zemmour ne fait pas dans le souverain

samedi 16 octobre 2021 à 12:00

Mais ses équipes ont déployé une infrastructure de candidat

L'homme, pas encore officiellement candidat, déroule ses idées rances sur tous les écrans tout en criant pourtant sans cesse à la censure. Conscients que désormais, une élection ne se gagne pas uniquement via la télévision, mais aussi grâce à Internet, ses « amis » ont déployé une présence sur le réseau, digne d'un candidat. Étonnamment, les technologies déployées ne sont pas très françaises.

Son nom, il le signe à la pointe de l'épée. D'un Z qui veut dire...

Pas encore candidat, mais invité partout, objet de toutes les conjectures sur les plateaux des chaînes de télévision peuplés de toutologues, Éric Zemmour est au coeur du brouhaha médiatique. Bien que condamné pour incitation à la haine raciale, il déroule ses idées seul lorsqu'il est invité, mais elles se déploient également sans lui dans tous les journaux et toutes les chaînes de radio et de télé, qui ne manquent pas de servir de caisse de résonance à ses polémiques stériles et mortifères. On rejoue l'ascension de Trump ou d'Emmanuel Macron. Le système médiatique crée ex nihilo un homme providentiel. Sa profondeur est évidement inversement proportionnelle au bruit généré. En parallèle de cette campagne déguisée, l'entourage d'Éric Zemmour déploie sur Internet, depuis juin, les outils d'un campagne numérique semblable à celle d'un vrai candidat. Le Monde a publié un panorama de cette infrastructure.

Depuis juin, l'association « Les amis de Zemmour » a enregistré quelque 33 noms de domaines.

Il y a bien sûr les évidents ericzemmourpresident.fr, pourzemmour.fr, zemmour2022.fr ou zemmour-officiel.fr, mais il y a aussi des noms de domaines plus incongrus comme jeunes-lr-avec-zemmour.fr, fdo-aveczemmour.fr, ou gilets-jaunes-avec-zemmour.fr...

Liste des noms de domaines enregistrés par l'association Les amis d'Éric Zemmour
Liste des noms de domaines enregistrés par l'association Les amis d'Éric Zemmour

Il y a également, évidemment, des comptes Instagram, Twitter, Facebook, Telegram, liés à la galaxie de sites.

Mais...

Dérives sectaires : comment Schiappa a verrouillé la Miviludes

jeudi 14 octobre 2021 à 15:00

Extraits du livre « Le nouveau péril sectaire »

Jean-Loup Adénor, journaliste chez « Marianne », et Timothée de Rauglaudre, contributeur à « Reflets », publient ce jeudi 14 octobre « Le nouveau péril sectaire » chez Robert Laffont. « Reflets » en publie des extraits, qui montrent comment Marlène Schiappa a verrouillé la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes).

Marlène Schiappa, ministre déléguée à la Citoyenneté - Compte Twitter du ministère de l'Intérieur

Quels que soient ses moyens humains et financiers, la « nouvelle Miviludes » dévoilée par Marlène Schiappa au printemps 2021 est bien différente de celle qui était en place il y a dix ans. S’il n’a finalement pas été victime de la placardisation annoncée, l’organisme interministériel, du fait de son rattachement à un service du ministère de l’Intérieur, a considérablement perdu en autonomie politique. Georges Fenech avait pourtant voulu le « sanctuariser » dans la loi en faisant de lui une Haute Autorité, pleinement indépendante. Sans succès. Le Centre contre les manipulations mentales (CCMM), de son côté, défendait l’attribution d’un « pouvoir d’enquête » à la Miviludes, nous indique Annie Guibert. À rebours de ces propositions, qui auraient pu constituer un véritable renforcement, le poste de président a été supprimé. (...)

C’est (...) une magistrate inconnue, Hanène Romdhane, qui a en définitive pris les rênes de la Miviludes. Elle n’en est pas la présidente mais la cheffe de service. « C’est toute la différence, de mon point de vue, analyse Georges Fenech. Moi, j’étais président, ancien parlementaire. Quand je décidais d’une action, je n’allais pas demander au préfet une autorisation de le faire. Il n’y aura plus cette même autonomie, même par rapport à l’administration. Il m’arrivait de dénoncer ce qui se passait dans tel ou tel ministère. Il y avait un statut. Là, ça devient plus hiérarchisé dans les échelons administratifs. Il y a la cheffe de service de la...

Ésotérisme et copinage politique : les coulisses de l’école de Françoise Nyssen

mercredi 13 octobre 2021 à 15:00

D’anciens enseignants témoignent

En 2015, la directrice des éditions Actes Sud Françoise Nyssen, ministre de la Culture de mai 2017 à octobre 2018, a fondé une école privée inspirée de la pédagogie Steiner-Waldorf. Trois enseignants racontent l’envers du décor, entre ésotérisme et rapport discutable au handicap, à la médecine et aux règles de sécurité. Pour contourner le système, l’éditrice aurait utilisé ses réseaux politiques pour décrocher un contrat d’association avec l’État.

Françoise Nyssen avec le sociologue et philosophe Edgar Morin. - Mathieu Delmestre - CC BY-NC-ND 2.0

Octobre 2016. L’école de Françoise Nyssen, alors directrice des éditions Actes Sud, et pas encore ministre de la Culture d’Emmanuel Macron, vient d’entamer sa deuxième rentrée, et le journal Le Monde lui déroule le tapis rouge. Le storytelling joue sur l’émotion : le fils que l’éditrice a eu avec Jean-Paul Capitani, Antoine, s’est suicidé à l’âge de 18 ans, en 2012. Nyssen blâme « l’idéologie de l’école en France » :

« Antoine fut un laissé-pour-compte, raconte-t-elle. Il n’y avait pas de chemin pour lui [au sein de l’Éducation nationale]. »

Pourtant, avant son geste fatal, Antoine avait intégré durant un an l’école Steiner-Waldorf de Sorgues, près d’Avignon. C’est là que le couple Nyssen-Capitani a fait la rencontre de Henri Dahan, figure française de cette pédagogie directement inspirée de Rudolf Steiner, un occultiste autrichien qui a bâti un mouvement ésotérique, l’anthroposophie, au début du XXe siècle. Dahan deviendra le directeur pédagogique de l’école du Domaine du possible, fondée par François Nyssen et située à La Volpelière, une ferme en lisière d’Arles donnée par la famille de Jean-Paul Capitani. Une école pour « faire bouger les lignes », explique le couple d’éditeurs au Monde.

Mécènes de renom

Leur projet pédagogique rencontre rapidement un vif succès. La structure qui sert à alimenter les finances de leur école, baptisée Fonds de dotation Antoine Capitani en l’honneur de leur fils, peut compter sur le soutien de mécènes de renom comme la Fondation de...