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Do you comment me ? Ooooh yeaaah !

mardi 2 octobre 2012 à 12:00

Salut lecteur : ça va ? Bon, tu n’es pas obligatoirement concerné par ce billet, et tu peux refermer cette page si cette première phrase te gonfle. Ouais, c’est un billet. Parce qu’il faut savoir qu’il y a des « billets » et des « articles ». Le truc est super important : d’un côté c’est considéré comme un truc fait sur un coin de table à la va vite, par des gens pas très compétents (le billet), et de l’autre, c’est du lourd, coco (l’article, un truc de journaliste). Donc là, tu lis un truc pas super sérieux, pas fabriqué par un mec très compétent, ni très bien construit.

Donc, ça c’est un billet, disais-je (remarque le « je », ça change tout). Un truc où tu te mets plus où moins en scène, et interpelles le lecteur, appelé « internaute ». L’internaute, ce mystère quantique : il est là sans y être, il est partout, mais il est…un internaute. Une sorte d’entité mal définie : c’est censé être un être humain, mais il ne se comporte pas toujours comme un être humain. Il a même des relents de « bot » parfois. Ouais, le bot. Une créature artificielle, un algorithme qui s’autonomise pour aller faire des trucs sur la toile. Parfois il tente d’être « intelligent ». C’est-à-dire de rivaliser avec les humains en termes d’échanges écrits. Ca donne des trucs bizarre. Mais de la même manière que l’internaute qui a oublié qu’il était humain peut aussi écrire des trucs bizarre. Comme des commentaires.

Qu’est-ce que fait un bot qui veut commenter un article ou un billet, via twitter par exemple ? Heu…il essaye, il récupère des mots, les fait correspondre avec des dictionnaires pour sortir des phrases types. Ca peut donner : « C’est vachement chouette ! mais on ne pourrait pas parler de Trucmuche.com ? lol ». Bon, c’est certain, ça calme. Pour l’internaute-bot, c’est plus complexe.

Première phase : il ouvre un papier, lit le titre et commence à lire très rapidement le texte, en diagonale. Il repère quelques passages clés et arrive à la fin du truc en 25 secondes iphone en main. Là il écrit son premier commentaire en tentant de prendre le contre-pied de ce qu’il croit avoir compris du billet (ou de l’article, nuance), par l’ambiance qu’il a senti qui s’en dégageait et les quelques passages clés. Les intertitres l’aident à se faire une idée. Il peut même parfois être honnête (ce que ne sait pas faire un bot) en disant : »je n’ai lu que le début, mais… ».

Donc, un commentaire par un internaute-bot, ça donne des trucs comme ça : « Tu oses prétendre que…alors que l’on voit bien que tu tentes de…et dans le même temps je te fais savoir qu’en allant sur http://gros-relou-quilit-rien.net, là je pense que tu vas commencer à avoir le début d’une idée de ce que tu prétends dire dans ce papier tellement merdique que même mon chien n’en voudrait pas dans sa gamelle après 3 jours de diette « .

Chouette. Un commentaire. Se dit l’auteur.

Enfin, ça dépend quand même. Parfois ça l’énerve. Pas qu’on attaque son papier. Non, ce qui l’énerve c’est qu’on fasse dire à son papier ce qui n’y est pas dit. Voire, que le bot-naute colle des bouts du texte en s’abstenant de mettre l’intégralité de la phrase, pour bien assoir sa pseudo-démonstration. Un montage par commentaire. Ce que le même bot-internaute ne supporte pas que des médias effectuent dans des reportages où des interlocuteurs sont coupés pour leur faire dire ce qu’ils n’ont pas dit. « Je suis convaincu qu’il n’y a pas de place pour un débat… » qui est en réalité : « Je suis convaincu qu’il n’y a pas de place pour un débat si les attaques à mon encontre persistent, et que mes détracteurs continuent à détourner mes propos ».

Tu vois la nuance, lecteur ?

Alors, ce billet est-il une plainte d’un pauvre contributeur de Reflets qui ne supporte plus de voir une partie des commentaires de bot-nautes fainénants qui ne lisent que ce qu’ils veulent et détournent l’essence des contenus écrits pour mieux asseoir leur botnetitude ?

Mais non, lecteur, c’est prétexte ! :-)

Celui de te vendre mon dernier bouquin, écrit avec une femme, un truc hyper drôle que tu vas adorer, bien noir et bien méchant, chez un éditeur de romans au format numérique only, sans DRM. C’est pas cher du tout (3,99 euros) et tu vas beaucoup rire, tout en étant captivé par un suspens haletant…

Pour t’inciter à aller voir plus loin, même si tu es un botnaute qui déteste Yovan Menkevick (ce qu’on peut comprendre, hein…), à essayer de lire un texte plus longtemps que 25 secondes (c’est vrai qu’au delà c’est fatiguant et ça peut être considéré comme une perte de temps), voici une critique effectuée sur un blog à propos « Du dernier juge de ma vie », le dit bouquin. Et en prime, des liens…(aaaaaah les liens !)

Il est pas content le botnaute ?

Critique sur le site de Jean-Basile Boutak, écriture & lecture numérique :

« Le Dernier juge de ma vie est un texte plein de curiosité. Tout d’abord, il s’agit d’un texte écrit à quatre mains, et en tant qu’auteur, je me suis toujours demandé comment on parvenait à obtenir un roman cohérent et homogène à partir de deux cerveaux bien distincts. Ensuite, c’est une histoire qui aurait pu – le temps est important – avoir sa place dans la collection SeXtasy. Enfin, c’est une fiction qui traite d’un sujet difficile à aborder : la dépendance au sexe.

Il y a quelques semaines, j’ai vu Shame de Steve McQueen, avec Michaël Fassbender. Le film traite du même sujet, mais il est d’un ennui mortel – ceux et celles qui fantasment sur Fassbender y auront peut-être trouvé un certain réconfort. Il est centré sur son sujet, et ne va finalement chercher bien loin. Ce que j’aime avec le roman noir et le polar, c’est qu’il permet d’aborder des sujets délicats en les attaquants de biais, en y venant et en s’en éloignant, en s’en rapprochant et en repartant. Il y a ça, mais il n’y a pas que ça. Un peu comme les coups de reins du personnage principal du Dernier juge de ma vie, finalement. Sensualité ignorée du polar…

Voilà pourquoi ce texte a bien sa place dans la collection « noir c’est noir ».

Et pour vous prouver qu’il est aussi bien écrit, j’aimerais partager avec vous ces quelques lignes, avant de vous inviter à en télécharger un extrait sur la plateforme de votre choix. Et plus si affinités. »

« Je n’ai donné aucune raison valable sur ma présence dans ce restaurant grec hier soir. De toute façon, j’y étais seul et personne ne pourra dire le contraire. J’avais envie de manger grec, voilà tout. Il y en a qui se ruent dans les sex-shop quand ils vont mal, moi c’est les restaurants grecs. Quelqu’un a quelque chose à redire ? Un chirurgien surmené a bien le droit de décompresser en mangeant de la moussaka et quelques feuilles de vigne de temps en temps, non ? Quant à la crise, j’ai répété dix fois que je ne savais pas ce qui m’avait pris. Se rouler par terre en chialant comme une madeleine n’est pas un crime et ne rentre pas non plus dans les psychopathologies lourdes. Qui plus est dans un restaurant grec. »

Un extrait un peu plus long : https://incipit.jux.com/520212

La librairie en ligne de l’éditeur (québécois): http://librairie.immateriel.fr/fr/ebook/9782897173296/le-dernier-juge-de-ma-vie

L’éditeur (toujours québécois) : http://comprendrelelivrenumerique.com/

Ecrire des romans, des articles, c’est un peu plus long que des commentaires. Encore plus difficile de se les faire publier. Mais comme quasiment plus personne ne lit de romans, on s’en fout, puisqu’à termes c’est le commentaire qui tiendra lieu de bibliothèque universelle des créations littéraires humaines.

En super bonus, je tiens à t’offrir, cher lecteur, ce clip musical qui résume avec un brio sans pareil tout ce qui vient d’être énoncé dans ce billet :-) . Attention, il y a du second degré…mais pas que…si ? Non ? On s’en fout…


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#Leak : Revolutionner la quête de la transparence

lundi 1 octobre 2012 à 18:37

Depuis plus de deux ans maintenant les fuites d’informations (ou « leak ») pleuvent sur la toile. Le début de ce mouvement pourrait-il être attribué à Assange et à son équipe ? Où ont-ils simplement su sentir l’air de leur temps ? Si la  fameuse plateforme a d’abord décollé doucement, c’est grâce à Bradley Manning que Wikileaks va gagner ses lettres de noblesse.

Le 25 juillet 2010, Wikileaks publie les journaux de la guerre en Afghanistan. Le 22 octobre 2010, c’est au tour des journaux de la guerre en Irak, journaux compilés par l’armée américaine entre 2004 et 2009. Enfin le 28 octobre, le site commence à publier le troisième volet de leurs « mégas-leaks » : l’ensemble des câbles diplomatiques issus des différentes ambassades américains à travers le monde. Ces trois gros coups vont propulser le site sur le devant de la scène, avec tous les désagréments qui vont avec. Bradley Manning est arrêté, emprisonné sans procès dans des conditions dignes de Guantánamo. Assange, lui, se retrouve assigné à résidence en Angleterre, traqué par les instances judiciaires de trois pays différents avec en ligne de mire un procès pour espionnage sur le territoire américain. Les états occidentaux vont s’attaquer à WikiLeaks et à ses soutiens en visant, en premier lieux, sa structure financière.

Cette chasse aux sorcièrex ne va pas arrêter le mouvement.

Dés début 2011, surfant sur la vague des révolutions arabes, le mouvement Anonymous s’étoffe et prend de l’ampleur, se posant en défenseur de la transparence. La défense de Wikileaks va être un combat important, un combat fondateur. Mais ne dit-on pas que la meilleure défense, c’est l’attaque ?  Les hackers affiliés au mouvement rentrent dans la course et la fuite d’informations critiques devient une de leurs armes de prédilection.

Dans un monde gangrené par l’impérialisme et la corruption, les fuites d’informations stratégiques seraient un outil qui nous permettrait de nous diriger avec plus d’assurance vers un monde plus juste.

L’automne arrive, l’hiver suivra. L’agitation va laisser place au travail et à la réflexion. « Reflets.info » ne compte pas rester sur le bas-coté. Permettez moi d’apporter ma pierre à l’édifice en vous proposant un petit voyage sociologique au cœur des notions de transparence, de fuites d’informations et de sonneurs d’alertes (« whistleblowers »). Cet article ne prétend pas vous apporter des réponses tout faites, mais aspire à créer de nouvelles pistes de réflexion.

Suivez le guide …

 

L’émergence d’une société de la connaissance

 Les chercheurs en sciences politiques Inglehart et Welzel replacent la notion de transparence dans un cadre plus général, celui du processus de modernisation sociale des sociétés.

Pour eux, nos sociétés sortent du processus d’industrialisation. Celui-ci est caractérisé par plusieurs notions : la rationalisation, la bureaucratisation et la sécularisation. Alors que ce type de société arrive à maturité, ayant amené à la majeure partie de leur population bien-être et sécurité physique, l’évolution prend une nouvelle direction et un nouveau paradigme se met en place: celui de la société de la connaissance. Celui-ci est caractérisé par un nouvel ensemble de changements, mettant l’accent sur l’autonomie individuelle, la libre expression et le libre choix. Le pouvoir vient de la connaissance et le citoyen moderne peut aisément exercer ce privilège.

 La société de la connaissance est plus complexe, plus interconnectée. On y observe une forte dispersion des responsabilités. Dans l’entreprise, on demande aux travailleurs de faire preuve d’initiative et d’assumer ainsi une petite part de responsabilité. La politique elle même perd de son sens. Nos nations remettent une part de leur souveraineté à des instances supérieures (Union Européenne, traités internationaux, …). L’économie, qui était pourtant considérée comme une arme essentielle des Etats, se transforme ainsi en une entité divinisée contre laquelle on ne peut rien faire (la main invisible). Chaque individu devient une pièce d’une énorme machinerie qui semble avancer toute seule. Dans ce nouveau cadre, comment influer sur la course du système, comment l’homme peut-il garder la maîtrise de son environnement ?

Car cette société de la connaissance révolutionne aussi la notion de risque. Les menaces directes à l’encontre de l’intégrité physique de l’individu ont été éliminées. Son bien-être est garanti. Paradoxalement, l’individu va alors prendre conscience d’autres types de risques, et ne va plus les tolérer. Muni de l’information, source de pouvoir, le citoyen découvre des risques plus globaux, souvent associés à la modernité « Man Made » (risques environnementaux, risques sanitaires, …).

Et contre ces nouveaux types de risques, les anciennes méthodes montrent vite leurs limites. Les anciens agents du processus d’industrialisation, agents chargés de détecter et de corriger les problèmes (surveillants, contrôleurs) deviennent aveugles devant cette irresponsabilité organisée. D’autres individus se trouvent alors mieux placés pour dénoncer et agir sur ces risques globaux. Ces individus, positionnés à différents endroits de la grande machine sociétale, peuvent par hasard, de par leurs connaissances ou leurs compétences prendre conscience, à un moment de leur vie, d’une image plus globale et ainsi repérer des dysfonctionnements structurels. Les exemples les plus symboliques de ces individus sont les scientifiques ou les sonneurs d’alertes (whistleblowers).

 

Le paradoxe des whistleblowers

 Précisons maintenant ce qu’est un whistleblower (ou « sonneur d’alerte » en français). D’après Wikipédia :

 Un lanceur d’alerte, parfois appelé dénonciateur, désigne une personne ou un groupe qui estime avoir découvert des éléments qu’il considère comme menaçants pour l’homme, la société, l’économie ou l’environnement et qui de manière désintéressée décide de les porter à la connaissance d’instances officielles, d’associations ou de médias, parfois contre l’avis de sa hiérarchie.

 Et pour compléter cette définition, rien de mieux qu’un exemple : Bradley Manning.

 Ce soldat Américain, travaillant comme analyste en Irak, est, selon les autorités américaines, l’auteur des trois « mégas-leak » qui ont fait la renommée de Wikileaks. Pour son geste, Manning a été encensé par une grande partie de la population mondiale. Et sur ce point, il n’est pas le seul dans son cas.

En 2002, éclate aux États-Unis l’affaire Enron suivie de près par l’affaire WorldCom. La corruption et les fraudes en vigueur dans les grandes compagnies américaines sont ainsi exposées aux yeux du monde. A l’origine des ces affaires, trois whistleblowers faisant partie des ces compagnies mythiques: Cyntia cooper, Sherron Watkins, Coleen Roley. Ce trio sera nommé « Person of the year 2002″ par le magazine Time, une forme de reconnaissance mondiale. Remontons plus loin avec Jeffrey Wigand. En 1995, Jeffrey dénonce les secrets les plus noirs de l’industrie du tabac, en témoignant dans un reportage sur la chaîne CBS. Un film sera tiré de son histoire : « The Insider ». Russell Crowe sera choisi pour jouer son rôle: à ce stade les whistleblowers deviennent carrément « people »…

Et pourtant … Voici ce que dit le psychanalyste Fred Alford, parlant des whistleblowers avec qui il a travaillé pendant plus de 20 ans :

 « [...] Je pense que nous ne comprendrons pas ce qui se passe dans nos sociétés tant que nous n’écouterons pas les larmes, les cris, la souffrance et l’horreur de ceux qui ont passé une limite dont ils ne connaissaient pas l’existence »

 C’est ce que nous nommons le « paradoxe des whistleblowers ».

 Si ces individus sont adulés du grand public, personne ne veut les avoir proche de soi. La plupart, après être passés à l’acte se sont retrouvés marginalisés, isolés de leurs relations sociales et semblent devoir finir leur vie dans la solitude. Dénoncer les méfaits de nos organisations: ok pour les autres, mais pas pour moi ou mes relations …

Comment expliquer cette apparente contradiction ? Tournons-nous vers un sociologue : c’est George Simmel qui s’y colle.

Simmel s’est penché sur les sociétés secrètes et sur le rôle du secret dans les relations sociales. Il affirme ainsi que, si toute relation entre les hommes nécessite un certain savoir sur l’autre, ce savoir ne doit pas être parfait. Le non-savoir, l’ambiguïté et le mensonge peuvent être moralement répréhensibles, mais ils sont socialement positifs pour l’établissement des relations humaines. Apprendre un secret de quelqu’un forge la relation de confiance et crée un lien privilégié. Il décrit:

“La possession de la pleine connaissance élimine le besoin de confiance, alors que l’absence complète de transparence rend la confiance évidemment impossible ».

Une société ne peut pas survivre sans confiance. Ce constat lui permet d’appliquer la métaphore d’Icare à la quête de la transparence.

Ceci nous éclaire mieux sur le paradoxe des whistleblowers. Ces individus ont trahi les secrets qui leur avaient été confiés. Ils ne sont donc plus dignes de confiance. Et qu’importent les motifs derrière leur trahison. Nous pouvons saluer leurs prises de positions, leur lutte pour des principes supérieurs et leurs efforts pour construire une société plus juste. Mais qu’ils se tiennent loin de nous. Traître un jour, traître toujours. Comment les considérer autrement que comme des balances (snitches en anglais).

 

La complexité de rompre le silence

 Nous avons discutés des racines sociologiques du paradoxe des whistleblowers.

 Mais ce paradoxe ne suffit pas à expliquer pourquoi tant de secrets essentiels restent enfouis pendant si longtemps. Le « destin », propre aux whistleblowers ne les frappe qu’après leur passage à l’acte, comme une punition, une sanction. Pourquoi si peu de personnes passent-elles à l’acte ? Qu’est ce qui peut donc empêcher un citoyen, témoin d’une malversation grave, de dénoncer les fautifs pour le bien-être commun ?

 Il semble que la non-action soit inhérente à la nature humaine. Les raisons rationnelles pour garder le silence sont nombreuses: peur d’être impliqué, empathie avec les fautifs, incertitude sur les conséquences (« qu’est ce que va impliquer mon geste ? »), absence de sens moral clair, ainsi que le fait de ne pas croire en la possibilité du changement. Toutes ces raisons sont compréhensibles. Mais il en existe d’autres plus subtiles, plus insidieuses. En voici trois:

L’organisation structurelle

Nous avons déjà évoqué le thème de l’organisation structurelle lorsque nous avons parlé de la société de la connaissance et de son irresponsabilité organisée. Avec le partage du travail (taylorisation) issu de la modernisation, l’individu ne devient qu’un rouage d’une immense machine: c’est le syndrome des trains d’Hitler. L’individu n’accomplit qu’une toute petite tache dans la grande mécanique de la déportation. Beaucoup de ses co-travailleurs constatent aussi bien que lui l’horreur qui se trame. Personne ne parle … alors pourquoi le ferait-il ? Et s’il décide de ne pas accomplir sa tache pour entraver la machine, quelqu’un ne viendra-t-il pas le remplacer très rapidement ?

L’organisation structurelle agit aussi sur un autre plan : l’obéissance à une autorité considérée comme légitime. C’est le sociologue Milgram qui a travaillé sur cet aspect. Dans son expérience, des faux scientifiques prétendent réaliser une expérience sur la douleur et demandent à différents sujets d’infliger des décharges électriques à leurs compatriotes. Les résultats de cette expérience sont pleins d’enseignements. Quel que soit l’ordre qui est donné, si la personne qui le donne est considérée comme légitime, alors nous avons beaucoup de mal à le contester.

La sociation

C’est Christopher Browning qui mettra en évidence l’importance de la sociation. Ce sociologue va travailler sur un bataillon SS, envoyé en plein cœur de la Pologne pendant la deuxième guerre mondiale. Ces personnes ordinaires ont commis de nombreux massacres et Browning veut comprendre pourquoi. Il tâche alors d’éliminer tous les éléments non pertinent. La propagande semble avoir peu jouée, les soldats étaient des personnes ordinaires, la menace des châtiments était presque inexistante … Il découvre alors que la sociologie du groupe a été déterminante. Ces cinquante allemands perdus en territoire ennemi se sont serrés les coudes entre eux. Une des excuse la plus employé était : « Je ne vaut pas mieux que les autres. Si eux participent alors je participerai aussi ».

En entreprise, ou dans les grandes organisations, cette tendance a une forte influence. Elle prend parfois le nom de culture d’entreprise. Les whistleblowers potentiels se sentent liés à leur organisation : économiquement, socialement. Ceci conduit à l’aveuglement moral, et à l’autocensure.

Le corbeau de mauvaise augure

Une troisième raison du silence, cruciale dans le phénomène de whistleblowing, est la présence d’une oreille attentive, prête à écouter ce que le whistleblower a à dire. La malversation qu’il s’apprête à dénoncer cadre-t-elle avec l’agenda politique ? Ou l’agenda médiatique ? Et plus généralement, sommes-nous vraiment prêts à remettre en cause certaines de nos idées sur notre société ou sur le monde. Sommes-nous prêts à bouleverser nos quotidiens pour nous adapter aux révélations qui nous sont faites ?

 

Domestiquer les dénonciateurs

Lorsque nous avons évoqué les quelques whistleblowers célèbres, nous avons donné l’impression que ces dénonciateurs étaient solitaires, partis en croisade contre un système injuste et corrompu. Si cette image à quelques accents de vérité, on constate aussi l’apparition d’un autre type de whistleblower, plus intégré au système en place, beaucoup moins révolutionnaire. Et pour comprendre comment ce wistleblower « nouveau » a émergé, il va falloir nous rendre aux États-Unis et remonter un peu dans l’histoire.

Suivez le guide.

En 1863, pendant la guerre civile, est mise en place la première législation pour favoriser  les whistleblower : l’ »US False Claims Act ».  Dans le viseur, les entreprises qui profitent de la guerre en vendant au gouvernement du matériel défectueux. Les dénonciateurs peuvent venir de l’intérieur ou de l’extérieur de la société. Et la loi prévoit qu’ils soient récompensés pour leur geste. Aujourd’hui encore, cette loi sert de cadre à certaines dénonciations: entre 1987 et 2005, l’état américain récupérera ainsi 15 milliards de dollars et les dénonciateurs seront récompensés à hauteur de 70 millions de dollars.

Durant le 20ième siècle, plusieurs lois vont venir compléter la couverture législative des dénonciateurs: d’abord le « Railway Labour Act » en 1926, puis le « Federal Railroad Safety Act » en 1970, le « Safe Drinking Water Act » (1978) et le « Clean Air Ac »t (1988). Bien que ne concernant pas directement les dénonciateurs, ces lois comprennent des dispositions pour les protéger contre les représailles, certaines prévoyant même des récompenses. On voit l’apparition des hotlines de dénonciation.

La volonté politique semble être du coté des whistleblowers. Mais dans les faits, de nombreuses approximations persistent. Des amendements législatifs sont apportés au fil du temps mais les erreurs sont fréquentes et devinez qui en paye le prix … A l’aube des années 2000, et malgré ces nombreux tâtonnements, la législation qui s’est mise en place aux États-Unis est unique au monde. Seuls les dénonciateurs agissant contre la sécurité nationale des États-Unis ne sont pas protégés. Une association milite pour leur protection : la « National Security Whistleblowers Coalition » (NSWC).

Les années 2000 vont marquer un tournant.

Les États-Unis vont d’abord décider d’accorder l’asile politique aux officiels gouvernementaux étrangers prêts à dénoncer la corruption dans leur pays, marquant ainsi une première tentative d’export du whistleblowing. Puis interviennent les attentats du 11 septembre 2001 et avec eux la guerre contre terrorisme. Les citoyens sont de plus en plus appelés à dénoncer les actes suspicieux, promouvant ainsi les comportements liés à la dénonciation. A l’opposé, les nouvelles législations de sécurité nationale vont venir menacer les acquis législatifs des whistleblowers.

Enfin, éclatent les scandales financiers de 2002. La corruption des grands groupes financiers a été dénoncée par des employés, pénalisés par les malversations de leurs dirigeants. Ces grands groupes, à l’image de Enron, vacillent. La confiance dans le marché baisse, à tel point que la bourse de New York va appeler le gouvernement à des réformes. La réponse du gouvernement américain va prendre la forme du « Sarbanes-Oxley Act » (SOX). Cette réforme introduit un ensemble de dispositions visant à la responsabilisation et à la bonne gouvernance (contrôles internes, évaluation de ces contrôles internes, hotlines anonymes). Cette réforme met au centre de ses mécanismes de contrôle les whistleblowers. Mais plus important, elle impose à toutes les entreprises cotées à la bourse de New York de se conformer à ces dispositions. C’est une nouvelle étape dans l’exportation des législations de protection des dénonciateurs. Et un défi culturel pour les Européens plus enclins à mettre en avant la protection des accusés.

Prenons maintenant un peu de recul pour analyser les différences entre ce whistleblower « nouveau » et le whistleblower « historique ».

On observe une perte du sens moral associé au whistleblowing. Les différentes législations mise en place ont un but politique et sont plus que jamais une histoire de pouvoir. Elles visent à protéger ceux dont le geste va conforter le groupe au pouvoir. Et gare à ceux qui auraient l’intention de changer le système.

Plongeons dans le cas Wikileaks, symbolique de cette nouvelle dynamique.

 

La révolution Wikileaks / Bradley Manning

D’un point de vue sociologique, le cas Wikileaks / Bradley Manning représente une résurrection du concept « historique » du whistleblower.

Avant toutes choses, la plateforme Wikileaks elle même s’appuie sur les recherches tournant autour du concept de dénonciation. Elle propose au citoyen du monde un moyen anonyme pour dénoncer les nouveaux risques de nos sociétés, lui épargnant ainsi de subir le « destin du whistleblower ». Et elle est une oreille toujours prête à écouter. Les contenus leakés ne sont pas filtrés, ou choisis par des médias en quête de scoop alléchant. Mais grâce à des partenariats avec ceux-ci, Wikileaks s’attache à organiser et à diffuser aux personnes intéressées les contenus qui lui ont été envoyés.

Wikileaks peut-il être déconnectée de Bradley Manning ?

Manning est l’archétype même du whistleblower historique. Avec Manning, nous repassons à un focus « acteur ». C’est de nouveau un citoyen avec des valeurs morales qui décide de passer à l’acte. Le message est réactif et non pro-actif : celui-ci aurait décidé de passer à l’acte en visionnant la vidéo de l’hélicoptère américain abattant des civils irakien et un cameraman de Reuters. Le message de Manning est bel est bien dirigé vers l’extérieur de sa structure: l’armée et le renseignement américain. Il s’adresse ainsi à la société mondiale dans son ensemble. Manning ne vise pas, en réalisant son geste, à améliorer l’armée américaine. Il dénonce ce qu’il voit et est prêt à en assumer les conséquences.

Qu’elle va être la réaction du pouvoir ?

Manning va subir de plein fouet les conséquences de son geste. À la fois adulé et détesté, il est emprisonné depuis plus de deux ans dans des conditions d’isolement maximum. Il attend toujours son procès. Le destin d’un whistleblower…

Depuis cette affaire, l’administration Obama a décidé de resserrer la vis et d’appliquer au champ de la sécurité nationale, une politique de tolérance zéro. Jamais une administration américaine n’avait poursuivi autant de dénonciateurs sous un mandat: six procès actuellement en cours. Les whistleblowers sont ainsi poursuivis grâce à l’ »Espionnage Act », une législation datant de 1917. Aucun sens moral n’est reconnu à ces Américains, prêts à s’élever contre les abus touchant à la sécurité nationale: ils sont considérés comme des espions et des traîtres à leur patrie. Parmi ces traîtres, citons John Kiriakou qui a dénoncé des agents de la CIA ayant pratiqué le « waterboarding », ou Thomas Drake, agent de la NSA qui a dénoncé les abus du projet TrailBlazer, un projet d’espionnage des communications…

Peut-on pour autant en conclure que l’administration Obama est allergique aux fuites d’informations ? Pas vraiment …

Durant la campagne 2012, l’équipe Obama a été accusée à de nombreuses reprises de fuites d’informations, et ce, pour renforcer son capital politique. C’est d’abord autour du programme de drones et de guerre cybernétique que surgissent les premières accusations: des sujets pourtant au cœur de la sécurité nationale. Enfin, le cas Ben Laden va faire parler de lui. Les articles de journaux, très précis sur l’opération américaine, s’avèrent être téléguidés depuis la maison blanche. Puis on apprend que le film sur la traque de Ben Laden, a bénéficié de renseignements venant des plus hauts lieux et disposant d’un accès étendu aux agences de renseignement. 

Les législations de protections des whistleblowers semblent donc bien être une problématique de pouvoir. Et l’administration Obama est parvenue sur ce sujet au comble de l’hypocrisie. Un message guidé, encadré et conçu pour améliorer le système est le bienvenu. Mais lorsque le message vient saper les fondements du pouvoir, ce message est considéré comme ennemi et traité comme tel.

 

La luttes des classes « hackers »

L’histoire ne s’arrête pas là. Elle est en train de s’écrire sous nos yeux.

Depuis 2010, les leak ne sont plus la chasse gardée des whistleblowers. D’abord partis en défense de Wikileaks, un certain nombre de hackers ont décidé de rentrer dans le jeu. Un nouvel espoir pour une transparence libre et citoyenne ?

Nous allons conclure en citant quelques passages d’un texte écrit dans le magazine « Phrack » par un contributeur anonyme.

Certaines rumeurs attribueraient ce texte à Jeremy Hammond, aka Anarchaos, affilié au mouvement Anonymous, et auteur de la leak « Stratfor ». Jeremy Hammond avait eu l’occasion de parler à la conférence Black Hat, appelant à la désobéissance civile par le piratage informatique. Il a été arrêté en 2012 pour son attaque contre la société « Stratfor » et est actuellement en prison, sans procès, depuis plus de 200 jours.

Laissons lui la parole.

« De quel bord êtes vous dans la lutte des classes Hacker »

Avec l’essor considérable des activités de hacking et des fuites d’informations, parallèlement aux bouleversements révolutionnaires dans le monde, nous entendons de plus en plus fort la rhétorique de la « cyber-war », clamée par les gouvernements qui essayent de maintenir leur légitimité et d’exercer leur pouvoir d’états policiers.

[…]

Nous faisons l’expérience de l’ouverture de la prochaine lutte des classes Hacker. Avec les nombreuses factions à la manœuvre opérant chacune avec leur propre agenda et stratégies, avec de plus en plus de hackers pénétrant dans des systèmes pour la révolution ou pour les profits du complexe industriel du renseignement militaire, la question posée est la suivante « Dans quel camp êtes vous ? »

[…]

Parce que beaucoup de ceux qui affirment représenter les hackers, finissent par travailler dans les institutions corrompues et oppressives combattues par d’autres hackers, il est temps de tracer des lignes dans le sable. Si vous travaillez pour les militaire, faisant partie ou informateur des forces du maintien de l’ordre, travaillant pour une compagnie en contrat avec le « Département de la Défense », ou pour une compagnie privée louée pour chasser les hackers ou protéger l’infrastructure que nous voulons détruire, vous n’êtes pas un de nos camarades. Nous sommes en 2011, l’année des leaks et des révolutions. Chaque jour nous entendons les échos des émeutes qui agitent le monde, ainsi que des histoires de systèmes corporatistes ou gouvernementaux « ownés » par des hackers.

[…]

Alors que les hackers continuent d’exposer et d’attaquer la corruption, les forces de l’ordre vont désespérément continuer à essayer de faire des arrestations de haut niveau, sans tenir compte de la réelle culpabilité ou association. Et plus particulièrement, alors que les politiciens continuent d’essayer de classer l’hacktivisme comme cyber-terrorisme (considéré comme un acte de guerre), le danger de la prison est réel et les gens doivent être préparés à l’avance à toutes les répercussions de leur implication.

Nous ne devons cependant pas nous laisser effrayer par la peur de la répression des gouvernements, cela ne doit pas nous empêcher de passer à l’action. À la place de cela, nous devons renforcer notre mouvement en pratiquant une meilleure culture de la sécurité et en travaillent pour soutenir les autres hackers, arrêtés alors qu’ils faisaient leur devoir.

[…]

Aujourd’hui plus que jamais nous devons nous unir et pratiquer la solidarité entre nous, et mettre de coté nos différences pour nous concentrer sur nos ennemis communs.

 

Cet article s’est appuyé sur des travaux de Master en criminologie internationale et comparative réalisé à l’université de Rotterdam par Evita Sips : 

Condem Silence. Honour the whistleblower ? The Emergence of Internal Whistleblowing Schemes Within a Quest for Transparency.

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Chercher la vérité, ça craint : s’auto-convaincre, c’est mieux #ReOpen911 #ClimateGate

lundi 1 octobre 2012 à 16:05

Notre époque est formidable ! Pas la peine de creuser les choses, ou de chercher à comprendre au delà de ce qui est déclaré par ceux qui commandent, puisque les grands prêtres de la vérité officielle sont là pour nous éclairer. Ou nous écraser de leur formidable savoir souvent confondu avec « l’expertise ». Nous expliquer que nous sommes des escrocs, des idiots inutiles, des naïfs crédules, des attardés en manque de sensations. C’est ainsi, chers lecteurs, et nous en avons déjà parlé, que des vérités apparaissent, incontestables, avérées, indiscutables. Sous peine, pour celui qui oserait émettre des doutes sur sa validité (de cette vérité, vous suivez ?) de se voir très rapidement envoyé au bûcher de l’inquisition intellectuelle. Et le bûcher est sacrément alimenté, il ne manque pas de personnel pour ramener des fagots bien secs.

Il y a deux sujets devenus étrangement sujets à « trolls », qui n’ont plus aucune raison d’être discutés parce qu’attirant les inquisiteurs de la pensée unique, et ils ne sont pourtant pas sans conséquences sur l’espace « démocratique » mondial.

Le premier, ce sont les attentats du 11/09, le deuxième ce sont les conclusions du GIEC sur le réchauffement climatique anthropique.

Dans les deux cas, une vérité est énoncée, très discutable et très discutée, particulièrement par des scientifiques. Mais dans les deux cas, le débat s’enflamme, et des camps se créent. Puis, une fois un certain travail médiatique effectué, sur plusieurs années, avec son lots de bûchers et de « débats d’experts », une version incontestable ou tout du moins impossible à contester sous peine de se voir traité de tous les noms, de malade de la conspiration, est déclarée.

C’est une vérité. Officielle. Point. Et le « débat », la recherche de compréhension des points obscurs, n’ont plus lieu. C’est une censure sans issue qui s’est installée. Plus personne n’ose élever la voie ou réouvrir le dossier. C’est fini.

Mais à quoi ça sert ?

Oui, qu’engendre cette méthode ? La possibilité de créer des politiques à l’échelle planétaires qui ne peuvent plus être stoppées. Dans le cas du 11/09 c’est le principe de guerre préventive et de guerre sans fin au terrorisme avec les USA dans la possibilité de se déployer partout ou ils le souhaitent ou presque. L’ennemi permanent pour une guerre permanente, la guerre éternelle contre le terrorisme : quoi de mieux pour une nation dirigée par des gouvernements impérialiste ?

Chacun peut visionner cette vidéo, absolument claire, sans théorie fumeuse, qui reprend des émissions de télévision, des explications de scientifiques et donne simplement à réfléchir sur cet événement du 11 septembre entre théorie officielle et… autre chose de possible :


« 5 Objets du Scandale » (11 septembre 2001) by ReOpen911

Dans le cas du GIEC, c’est la possibilité d’imposer une forme de dictature écologique, économique et technologique pour lutter contre un problème à l’échelle planétaire que seuls les puissances les plus avancées peuvent combattre ou surtout, à termes, amoindrir. Une indépendance occidentale face aux nations pétrolifères aussi. Si le réchauffement global est d’origine anthropique, donc causé par les rejets de Co2 et gaz à effets de serre humains, chacun est bien en mesure de comprendre aujourd’hui qu’il est impossible d’empêcher leur émission dans des proportions suffisantes pour empêcher le changement climatique. Mais par contre, imposer des rigueurs écologiques ou des nouveaux modèles de vie pour amoindrir les effets du Co2 est bien entendu possible, ce qui semble se dérouler en ce moment même.

La phase d’imposition aux populations de contraintes anti-co2 a déjà débuté et permet de nombreuses choses. La plus importante est la vente de nouvelles technologies hors de portée des nations les moins avancées industriellement. Les nouveaux véhicules, nouvelles centrales électriques sans rejet de Co2 mais à base de technologie atomique, entre autres, arrivent. Le contrôle des populations dans leurs déplacements, dans la consommation d’énergie, dans l’habitat sont en bonne voie de se mettre en place. Contrôle de la production d’énergie aussi. Comme l’imposition de normes de plus en plus drastiques, toujours pour lutter contre le réchauffement anthropique, normes qui engendrent des études sur des nouveaux composants, nouvelles technologies très pointues. Et encore plus de contrôle. Les soutiens au monde du « naturel » s’est vite réduit à une peau de chagrin (l’environnement ça commence à bien faire à dit un certain chef d’Etat), comme pour les énergies douces qui sont en voie d’écroulement, plus particulièrement les filières non-industrielles et pouvant être utilisées par des particuliers.

Mais tout ça n’a pas d’importance, puisque la vérité est celle du GIEC, et uniquement celle du GIEC. Même quand on découvre que des 3000 scientifiques du GIEC, il y en a à peine la moitié qui en sont véritablement, quand de nombreux scientifiques ont démissionné du GIEC, que des collectifs de chercheurs (toujours des scientifiques) ont essayé de contester cette « vérité qui dérange » parce que bourrée d’erreurs et d’approximations, la vérité établie de façon planétaire n’est pourtant plus contestable.

Théorie verrouillée contre…recherche scientifique non aboutie

Quelques vidéo pour que chacun puisse se faire une idée. Après tout, la science, c’est aussi et surtout une capacité à se remettre en question, non ? Parce que si la croyance religieuse, elle, se contente de vérités indéboulonnables et qui n’ont pas besoin d’être prouvées, la science a normalement l’humilité de dire qu’elle n’apporte des réponses qui ne sont valables uniquement que jusqu’au moment où de nouvelles découvertes viendront démonter la première théorie ? C’est ainsi que modéliser le climat planétaire n’est pas, en 2012, terminé. Parce que des données très importantes n’ont pas encore pu être incorporées. Comme l’influence océanique, solaire, ainsi que de nombreuses données très difficiles à collecter à l’échelle d’une planète. Et qu’aucun ordinateur n’est assez puissant aujourd’hui pour modéliser le climat de la planète en prenant en compte toutes les données nécessaires à cette modélisation. Le plus « amusant « reste que l’observation fine des élévations de température globales au cours du temps démontrent que c’est l’élévation de température naturelle (et qui est vérifiée sur des centaines de milliers d’années par le carottage) qui amène une augmentation du Co2 dans l’atmosphère, et non l’inverse. Mais désormais, tout le monde s’en moque puisque la vérité du Co2 réchauffeur de climat a été imposée. Documentaire canadien qui met en cause cette « vérité » incontestable (IPCC est l’acronyme de GIEC en anglais) :

Pour ceux qui n’aiment pas les VO non sous-titrés, un autre documentaire, celui-ci de la BBC, en 2007 et en VO sous-titrée (partie1/4) :


Partie 1 Arnaque du réchauffement climatique by mediawatchqc

Partie 2 :


Partie 2 Arnaque du réchauffement climatique by mediawatchqc

Partie 3 :


Partie 3 Arnaque du réchauffement climatique by mediawatchqc

Et la dernière :


Partie 4 Arnaque du réchauffement climatique by mediawatchqc

Puis quelques morceaux de Vincent Courtillot dans cette « vérité indéboulonnable », le géologue et géophysicien (qui était encore à l’époque directeur de l’Institut de physique du globe de Paris et ne l’est plus depuis janvier 2011) qui bien entendu a été diffamé et est en général assimilé à Claude Allègre. Les recherches de Courtillot sont pourtant très intéressantes à suivre. La curiosité devrait l’emporter, et regarder (entre autres) ces vidéos permet de comprendre qu’il y a, comme qui dirait, des petits problèmes au GIEC en termes de réalités scientifiques. Et d’orientation politique. Cette conférence a eu lieu en 2009. A l’époque, les scientifiques qui contestaient le GIEC avaient encore le droit de s’exprimer en public et étaient écoutés « normalement « . Ce n’est plus le cas. La « vérité officielle » les en empêche désormais.

La réponse de Courtillot a la réaction d’un élu au cours de ce débat-conférence, assez passionnante, et qui démonte complètement ce que sont les rapports du GIEC (que personne n’a lu dans leur version complète) et son escroquerie avérée :

 

Conclusion

Que retenir de tout ça ? Que la faculté de questionner certaines choses est devenue excessivement difficile quand une voie officielle s’exprime avec des enjeux très importants (économiques, politiques, géostratégiques) en aval ? Mais que continuer à chercher le « vrai » au delà des vérités imposées, même quand ce « vrai » est encore incertain est tout de même « humainement plus acceptable » que d’adhérer sous le coup de la peur ou de l’influence, même inconsciente à un corpus fabriqué ou imposé de manière directe ou indirecte ? Qu’une fois un message est asséné par tous les canaux possibles, c’est l’idéologie et le combat politique, la croyance quasi religieuse qui emportent toute raison, au détriment de la réalité, de la recherche, de l’étude scientifique ?

La recherche de la vérité est un sujet intéressant, surtout dans un monde de jeux d’influences, de manipulations et de communication hypertrophiés. Mais a-t-on encore vraiment la possibilité de le faire en toute liberté ? Pas si sûr…

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Quand le voile traverse la Méditerranée

dimanche 30 septembre 2012 à 16:31

Les filles de Tanger ont une étoile sur chaque sein. Complices de la nuit et des vents, elles habitent dans des coquillages sur un rivage de tendresse.

Tahar Ben Jelloun

La vertu de la photographie est de dévoiler des choses inavouables. Elle nous permet ainsi de remettre en question nos convictions les plus profondes afin d’interroger sans cesse nos fondations politiques, sociales et psychiques. Nous assistons ces derniers temps à un débat, qui n’en est plus vraiment un, sur ce que devraient, pourraient, voudraient faire les femmes d’autres contrées. Au travers de nos médias, nous pouvons entendre une multitude d’arguments allant de la bienséance à la lutte acharnée pour la sacro sainte liberté de la femme en passant par des idées parfois préconçues dictées par une ignorance certaine du monde musulman en général. Le but de cette chronique n’étant pas de politiser le débat de façon directe, il semble plus judicieux d’interroger le travail d’un photographe marocain qui a fait le choix de photographier les femmes de son pays et ce dans toutes leurs contradictions, leurs ambivalences et leurs désirs les plus profonds : Hassan Hajjaj. Ce dernier ayant bien voulu répondre aux questions d’un collègue journaliste, vous trouverez certains de ses propos au cours de ce billet.

Allons donc à la rencontre de ce voleur de lumières venues du pays du soleil couchant.

Quand le Maroc dévoile son intimité au travers d’un univers urbain bigarré

Hassan hajjaj est né à Larache au Nord du Maroc dans les années 60. Enfant de cette petite ville côtière de la fin de la plaine du Rif, c’est entre mer et plaine que Hassan fit ses premières armes photographiques. Très vite, il se passionne pour l’urbanisme marocain et capture des images de ces villes aux multiples couleurs et contrastes.

Faisant poser ses modèles en plein coeur de la ville, dans des décors typiquement marocains, il a recours fréquemment à un habillage de ses prises de vue faisant appel aux marques prisées de ses contemporains. Il n’est pas rare de repérer des marques nationales et internationales soulignant la modernité des cités marocaines cherchant à allier tradition et consumérisme. Jouant sur des compositions soigneusement étudiées, ce voleur de scènes urbaines joue à nous interpeller, à nous amuser, voire nous provoquer.

Rapidement reconnu au sein du Royaume d’Hassan II, il part pour Londres et en retire une véritable fascination pour un univers artistique londonien qui rapidement influence sa production très fortement. Travaillant un long moment pour l’univers de la pub, puis pour des musiciens anglais de la scène pop rock, il partage alors sa vie entre Londres, Marrakech et Casablanca et décide de braquer son appareil photo sur les femmes marocaines.

La femme marocaine dans tous ses états

La femme marocaine est complexe à approcher. Pudique en société, exubérante et reine dans l’intimité, elle a su au travers des années faire valoir ses envies de modernité, de liberté tout en amadouant des hommes en perte de repères et souvent pris au piège du chômage et de la pauvreté. La marocaine est capable de passer naturellement d’un monde très traditionnel, tentant de la capturer à un univers très libre et plein d’espérance. Porter le voile est, là-bas, souvent un choix qui peut relever de l’esthétisme, de la religion, voire même de la provocation. Il n’est pas rare de voir des jeunes filles mettre le voile dans certaines circonstances familiales pour le retirer dans l’heure qui suit pour aller danser et draguer dans des cafés de la côte océanique. C’est cette ambivalence que Hassan Hajjaj tente de capturer. Pour ceux et celles qui ont vécu au Maroc parmi des femmes marocaines et connaissent bien cette culture de l’intérieur, les quelques lignes ci-dessus prennent certainement un sens tout particulier.

Cette série prise à Marrakech est présentée comme un défilé de mode. A ce sujet, Hassan dit :

«Le Hijab fait partie de la culture marocaine, ce n’est pas quelque chose de choquant ou de très important comme c’est le cas en Europe. Le Hijab est décliné d’énormément de manière différentes, par ses couleurs, les tissus utilisés, à tel point qu’il y a une sorte de mode qui fait que les femmes doivent réfléchir avant de l’acheter, un peu comme lorsqu’on achète un sac à main.»

Le mode de prise de vue très coloré s’inspire des techniques prisées des grandes marques. Il faut percuter, flasher allant jusqu’à tourner en dérision la marque coca-cola qui se transforme en boisson rose bonbon. Les deux femmes sont voilées à la façon Arabie Saoudite et pourtant elles s’exposent à une terrasse de café avec des lunettes en forme de coeur happant ainsi le passant masculin dans une hypothétique histoire de séduction ou plus si affinités.

Il n’y a pas de prouesse technique dans cette photographie mais un souci de la composition et du message qu’elle véhicule. Hassan veut nous dire quelque chose.

«Je ne cherche pas à montrer le Hijab dans sa dimension religieuse, d’où l’utilisation des marques. Mais au final, cela reste un morceau de tissu et c’est une vision avant tout culturelle que j’essaye de développer. J’espère que ce travail ouvrira les esprits et créera un dialogue…»

Dans cette même série datant de 2008, le voleur de lumières capte la femme marocaine dans toutes ses contradictions. Quand on va au Hammam, y compris dans des petites villes reculées, il n’est pas rare de voir de jeunes femmes ôter leur caftan ou leur djellaba et d’y découvrir des habits de marques américaines de toutes sortes. Le contraste est saisissant, amusant et révélateur de cette féminité audacieuse et courageuse.

Mais ne nous y trompons pas, Hassan Hajjaj ne veut pas que provoquer, il envoie un véritable appel à l’échange interculturel espérant ainsi que les idées préconçues tombent laissant place à une compréhension qui serait bénéfique aux femmes de son pays. Au Maroc, rien n’est simple, il ne faut pas s’arrêter aux apparences et c’est ce que ces clichés tentent de nous dire.

La Femme marocaine dans sa fragilité

Il serait stupide de réduire la femme marocaine à une maîtresse femme, comme il serait aussi stupide de la réduire à une esclave soumise moderne. La réalité que tente de nous montrer Hassan est plus subtile. Il aime aussi montrer les femmes dans leur fragilité :

Le raffinement de cette composition suggère de multiples messages : la prison de la tradition (les dessins du sol), la captivité du consumérisme (le cadre fait de publicités) mais aussi et surtout la fragilité de cette femme allongée, voilée nous offrant le spectacle de sa détresse.

Au delà de la fragilité, notre voleur de lumières aime aussi saisir la femme dans son intimité, une douce tranquillité où il ne s’agit plus de séduire, ni même de nous interpeller mais tout simplement de nous inviter à sa table, autour d’un thé fumant et de converser avec elle des heures durant.

Dans ce décor typiquement berbère, autre facette et non la moindre de ce Royaume attirant, cette jeune fille semble enfin se reposer sans se soucier d’un photographe curieux qui cherche à capturer sa beauté mais aussi sa sagesse… En toute simplicité…

Hassan Hajjaj est un photographe libre et c’est cette liberté qu’il cherche à nous montrer au travers de ses séries photographiques. Véritable ode à la féminité marocaine, il nous invite dans cette contrée, de l’autre côté de la Méditerranée, et est prêt à nous accueillir si tenté que nous soyons capables de laisser de côté nos préjugés et notre faussement bonne conscience.

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Reflets : provoquer et inciter à la…réflexion

samedi 29 septembre 2012 à 17:08

(C’est à la suite des commentaires quelque peu agressifs, commentaires qui obligent à répondre agressivement (ce qui n’est jamais très bon) que ce billet est né. Son objectif est simple : exprimer le pourquoi de la démarche des derniers articles, provocateurs et cinglants, mettant en cause des fonctionnements humains, les nôtres. De Facebook à l’apiculture, en passant par la conservation des semences anciennes, le logiciel libre ou les filières alimentaires associatives, une certaine approche cohérente des choses se crée, peut-être une issue positive pour l’avenir ?. Ceci n’est donc pas un article.)

Tout part du principe d’inversion des valeurs et de la société du « concernement », qui se mélange avec celle de l’opinion : il y a des choses qui sont difficilement entendables parce qu’elle touchent à nos contradictions. A notre responsabilité, pas seulement collective, mais aussi personnelle.

L’article à propos de Facebook est intolérable (pour certains) parce qu’il dit de façon explicite que Facebook est un outil anti-démocratique, enfermant, qui empêche une partie de plus en plus conséquente des internautes de faire vivre le reste du réseau, qu’il participe à la société de la surveillance, de l’utilisation des données personnelles et de la dictature du marketing. Par conséquent, ceux qui sont sur Facebook voient bien qu’ils sont assimilés à ces phénomènes. Ce qui est vrai : participer directement à Facebook c’est collaborer au succès de Facebook, donc être complice. La provocation pure est de traiter d’abrutis les internautes qui étalent leur vie personnelle sur Facebook. Ca ne sert à rien, mais ça fait toujours du bien de le dire. Bien entendu, on peut nuancer le propos, mais pour quoi faire ? Pour mieux faire passer le message ? Mais lequel ? Que les internautes doivent partir de Facebook ? Ce serait donner beaucoup trop d’importance et de pouvoir à l’auteur que de penser qu’un article, même nuancé, pourrait influencer les internautes qui livrent leurs données  tous les jours à une société privée américaine qui en fait son beurre. Sachant que critiquer Facebook doit être est possible sans demander quoi que ce soit à quiconque…normalement.

Alors, la démarche de ce premier article, ou billet d’humeur sur Facebook était avant tout celle de pointer la contradiction des individus : se plaindre des abus de la finance, du pouvoir destructeur des multinationales et faire vivre tous les jours une société comme Facebook est problématique, surtout si l’on dénonce ces mêmes abus. Certains sont venus pointer le bouton Facebook sur les articles de Reflets, nous exprimant à leur tour une contradiction. La réponse reste la même : entre participer à l’écosystème fermé Facebook, avec un compte, des données et seulement permettre, depuis un site, à ceux qui y sont d’y communiquer (ou pas) des contenus venus de l’extérieur, il y a un fossé. Si les utilisateurs se lassent de Facebook, le bouton ne remplira plus aucune fonction. Cela ne changera rien de l’enlever ou pas. Mais le fond n’est pas là. Le fond est : « pourquoi parler des individus, de leur responsabilité et de leurs contradictions, de leur complicité, au lieu de se contenter de continuer à dénoncer les « entités supérieures » (politiques, économiques) qui ont pourtant elles aussi leur part de responsabilité ? Des contradictions, nous en avons tous. Mais jusqu’à quel point est-ce supportable, et qu’est ce que cette contradiction engendre, à quoi est-elle due ?

La société du concernement, de l’implication et de l’inversion des valeurs

Ce qui caractérise l’époque actuelle est une surcharge d’information qui incite une majorité d’individus (dont l’auteur) à rentrer dans une « spirale du concernement » : je sais des choses, je ne peux que me sentir concerné par ces choses. Mais les informations qui peuvent nous concerner sont légions, et touchent à des pans entiers de nos vies : pollution, santé, environnement, économie etc, etc… Arrive donc un moment où nous nous sentons impliqués, puisqu’au milieu des problèmes renvoyés par les canaux d’information. Impliqué veut dire « pris à l’intérieur », complice. Les problèmes écologiques sont un très bon exemple de ce phénomène : chacun devient conscient des problèmes de pollution et l’information globale renvoie que chacun peut et doit faire quelque chose pour empêcher un désastre annoncé. N’importe qui en France, s’il est interrogé sur la préservation de l’environnement répondra qu’il se sent concerné, qu’il essaye de faire quelque chose. Mais chacun de se retrouver impuissant puisqu’au delà de l’information, les solutions concrètes et viables à l’échelle de chaque citoyen ne sont pas données. Ou si des solutions sont données elles sont homéopathique et ne trompent plus grand nombre : acheter des voitures « vertes » (il faut l’argent et c’est un oxymore), économiser l’eau, moins dépenser d’énergie (il faut investir dans l’isolation), rouler moins vite, etc…

Ce qui survient assez rapidement et qui est en cours aujourd’hui, avec ce principe de surcharge informative, concernement, implication est l’émergence de comportements et d’une pensée nihilistes. Comportements  et pensée nihilistes en phase avec la société de consommation qui s’en nourrit de façon inégalée. Les comportements nihilistes sont baignés d’inversion des valeurs : il n’y a plus de bien et de mal en général dans cette approche, mais des choses qui se valent, des équilibres qui compensent des déséquilibres. Pour parler de l’article sur l’écologie, à grande échelle c’est le rachat d’émissions polluantes, à petite échelle c’est l’achat de voitures diesel vertes, d’actes responsables et durables, d’achat d’aliments labellisés « bio ». Les citoyens sont alors convaincus que leur concernement suivi de leur implication dans leur changement de consommation a un « effet positif pour la planète ». Cet exemple ne se veut pas une charge contre ces changements de comportements, ni un réquisitoire contre la prise de conscience écologique de la population française de la deuxième décennie du XXIème siècle, mais simplement une piste de réflexion sur le sens réel de ces changements en grande partie nihilistes. Pourquoi nihilistes ? Parce qu’ils inversent les valeurs de ce qu’est l’écologie et la préservation ou protection de l’environnement.

Les grands problèmes écologiques qui touchent notre territoire comme la quasi totalité de la planète sont pour la plupart dus à une sur-exploitation des ressources par l’homme et de la destruction de ressources naturelles par les rejets polluants humains. Et la conséquence centrale de ces actions des sociétés humaines est la destruction de la biodiversité. Des variétés de plantes, d’animaux, d’insectes se raréfient ou disparaissent. Plus l’industrie et l’urbanisme augmentent avec la croissance démographique, plus certains espaces naturels se raréfient eux aussi. La culture intensive, appelée aussi agro-industrie, dévore des pans entiers de territoires pour y imposer la mono-culture, donc une seule forme d’espèce, hybridée par l’homme. Ce n’est donc pas moins polluer qui est écologique mais participer à ré-enrichir la bio-diversité.

Voir l’écologie comme un « moins de pollution » est une inversion des valeurs. C’est en réalité un système nihiliste voué à nourrir un ensemble minoritaire de prédateurs économiques. Le moins de pollution est évidemment une nécessité, une obligation dans la mesure des possibilités financières des personnes et de la société dans son ensemble, mais n’a rien à voir avec l’écologie. Le moins de pollution est une régulation du système industriel et marchand face aux ravages qu’il engendre, exactement de la même manière que la finance devrait être désarmée pour stopper le chaos qu’elle engendre. Mais ce n’est pas de l’écologie.

Sortir du nihilisme et du concernement/implication

Ce que ces articles renvoient, et que l’auteur assume, se mettant en jeu lui-même dans la boucle, est d’un ordre quasi philosophique mais est pourtant crucial pour les choix de société qui vont s’effectuer. Si la situation est grave, elle l’est par l’impuissance apparente des populations et de leurs gouvernements : l’économie va mal, l’environnement va mal, la politique va mal, tout va mal. Les grandes déclarations, les discours engagés n’ont pas fait beaucoup avancer les choses, c’est le moins qu’on puisse dire. L’impuissance semble la règle. Mais il y a pourtant des avancées très intéressantes qui s’opèrent. Elles existent par l’opiniâtreté d’individus, ceux qu’on appelle « la société civile. » Cela peut-être des associations, des collectifs, ou des individus isolés. Et tous ont un point commun : ils sont passés du concernement, de l’implication à l’action concrète.

Bien entendu, personne ne parle d’eux, ils ne sont pas invités dans les commissions, ne sont pas dans les ministères, ne bénéficient pas de traitement médiatique. Et malgré ça, leurs actions concrètes ont un impact très sensible sur l’ensemble. Ainsi que pour eux-mêmes. Un article dédié à chacun de ces « agissants » serait nécessaire pour démontrer la valeur de leur travail : producteurs de semences paysannes anciennes, associations d’apiculteurs, apiculteurs amateurs ou professionnels, paysans qui innovent dans les techniques raisonnées sans chimie, planteurs d’arbres, de plantes rares, filières directes agricoles, coopératives d’agriculteurs, habitats autonomes en énergie, etc…

L’accord entre pensée et actes est très positif parce qu’il amène à l’individu un confort personnel que l’on nomme habituellement « harmonie » : faire ce que l’on dit et dire ce que l’on fait est agréable. Mais cet accord évite aussi le renversement des valeurs et peut se faire par étapes, ne nécessitant pas nécessairement d’être socialement ou économiquement élevé : il est une liberté des individus de vivre ses choix. Avec les risques que cela comporte et une garantie : celle de mieux vivre. Le misérabilisme moderne écarte rapidement cet aspect en décrivant des individus fatigués par les transports en commun et ne pouvant « pas faire autrement », en aucune manière.

C’est un grand dommage : des milliers de personnes font pourtant le choix de quitter leur environnement nihiliste et changent radicalement de mode de vie chaque année pour se mettre en accord. La prison dans laquelle nous vivons est celle que nous nous fabriquons.

A quoi bon ce billet, mais à quoi bon ?

Comme de nombreux détracteurs ont tendance à amalgamer les choses, opérer des raccourcis, faire dire ce qui n’est pas dit aux textes, il est nécessaire d’énoncer clairement les choses dans cette dernière partie : ce qui est décrit, exposé ici est une réflexion. Sur le magazine Reflets. La réflexion, le fait de réfléchir, sur Reflets. Ca doit faire sens. Ce qui signifie qu’il n’est pas dit « tout le monde devrait faire ça » ou encore « il n’y a que cette solution », ou « tout le reste est nul et non à venu ». Non. Il est simplement établi ici une piste de réflexion d’un auteur qui pense que sortir du seul concernement ou implication, ainsi que du nihilisme pur  qui en découle est un levier important pour l’équilibre des individus, et à termes, pourquoi pas, pour les sociétés. Le modèle actuel est essoufflé, il a montré ses limites. La communication a remplacé l’échange. Les discours les actes. Et les résultats sont négatifs. Pourquoi ne pas essayer de se pencher sur une autre manière d’être et de faire ? C’est en tout cas ce que pense et décrit l’auteur.

Dans tous les cas, si la contradiction est désormais une valeur que certains défendent (Facebook, écologie anti-pollution, par exemple), elle est le carburant du nihilisme et ne peut que nous pousser vers des « vivre-ensemble » de plus en plus difficiles. C’est encore une conviction. de l’auteur. Comme celle que les défenseurs du logiciel libre ont su avant tout créer, en groupe, parfois seuls, mais ont fait une chose importante : mettre en adéquation leurs convictions dans les actes. Et c’est pour cela que nous avons le GNU et la possibilité de ne pas être captifs d’un ou deux systèmes d’exploitation propriétaire.

Que se passerait-il si la même chose se produisait pour l’écologie, l’agriculture, l’alimentaire, l’habitat, les échanges marchands ?

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