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Les fous de la caverne de Platon en 16/9 et #Podemos

dimanche 28 décembre 2014 à 17:32

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Ce qui différencie un individu sain d’esprit d’un autre plus ou moins affecté psychologiquement est assez simple à repérer. L’individu sain d’esprit a tendance à ne pas se contenter des apparences, à ne pas s’engouffrer dans des évidences, à toujours faire fonctionner ce que l’on appelle le « sens critique ». A l’inverse, les individus psychologiquement affectés ne cherchent pas à comprendre au delà des apparences, acceptent benoîtement ce qui leur est servi, et surtout s’emballent dans des croyances ou des convictions sans aucunes nuances. La plupart du temps, ces croyances ou convictions ne sont pas de leur fait, elles leur sont renvoyées, présentées, soufflées, répétées. Toute la difficulté survient lorsque c’est une société dans son ensemble qui se met à être affectée. Massivement. Jusqu’à ses dirigeants, ses « élites », ses « intellectuels » ou autres individus fortement médiatisés, ceux que l’on nomme les « leaders d’opinion ». Et comme nous sommes dans une démocratie d’opinion…

L’opinion commune

C’est à cause de l’Europe que ça ne va pas. Le chômage, il n’y a rien à faire, si ce n’est tout réformer. De toute façon, il y a trop d’étrangers. Si ça continue, on ne sera bientôt plus chez nous. En France, on est pas assez compétitifs, il y a trop de charges. C’est normal la surveillance, il faut quand même faire quelque chose, et puis quand on n’a rien à se reprocher… Toutes ces phrases, et bien d’autres, circulent et se répètent à l’envi. Via les réseaux sociaux, le supermarché du coin, devant les écoles ou à la sécu, autour d’un verre, et sont cautionnées de façon savante par des personnages télévisuels bien connus : l’économiste à la bouille rondouillarde, le politologue aux traits émaciés, le spécialiste des sondages vieillissant, le journaliste éditorialiste incontournable. Que faire de tous ces discours toujours identiques, qui, quand ils sont mis à l’épreuve de la réalité s’écroulent, mais continuent d’être chantonnés quotidiennement dans les media ? Et lorsqu’ils se perdent dans un nuage de contradictions et de mensonges ne sont jamais relevés comme tels ? Les défenseurs du libéralisme économique ne voyaient aucune crise en vue quelques mois avant celle des subprimes, en 2007-2008, et continuent — après s’être trompés en permanence dans leurs analyses — à venir donner le « La » dans les media sur la « crise économique » qu’ils niaient et l’atténuent en permanence avec des promesses de reprise par la croissance.

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L’opinion populaire a pris le pas sur la réflexion et l’action. Une population qui déprime devant des écrans, sans autre espoir que de nouveaux épisodes de Top Chef, The Voice, ou Secret Story, une nouvelle vidéo Youtube du comique à la quenelle, des tweets abscons ou un nouveau message Facebook, qui s’indigne en direct devant des événements qu’elles ne comprend pas — au delà des images chocs — est une population victime de son époque. Une population qui a arrêté de réfléchir. Une population qui peut s’habituer à tout, qui peut accepter tout. Même l’insupportable. Pour ceux qui continuent ou s’efforcent d’exercer leur sens critique, c’est un challenge. Lequel ? Celui de ne pas se conformer au sens commun et d’en subir les conséquences. Parce que quand tout le monde devient fou, ceux qui restent sains d’esprit sont considérés… comme anormaux.

Caverne de Platon en 16/9

Le principe de la caverne de Platon s’applique assez bien au monde actuel, celui de la surenchère d’information et de la fabrication des idées. Regarder les ombres qui circulent sur le mur et penser que c’est le monde, alors que le monde est derrière celui qui observe le mur de la caverne, bien qu’il ne le regarde pas.  Pour lui, le monde, ce sont ces ombres qui s’agitent sur le mur. Les images des journaux télé, les articles de presse, les analyses, reportages médiatiques sont les ombres projetées sur le mur de la caverne. La réalité est autre, et se décline en des milliers de nuances, se déploie dans un tissu de complexité autrement plus important que ce qui est décrit, renvoyé sur les écrans.

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Quels qu’ils soient. Les solutions à de nombreux problèmes, sociaux, économiques, par exemple, existent, sont à portée de main, ont été décrites par des chercheurs indépendants qui ont consacré leur vie professionnelle à ces domaines. Personne ne les invite dans les médias ces chercheurs, personne n’en parle. Les ombres qui s’agitent sont plus intéressantes, visiblement. Les individus qui constituent la société, dans leur grande majorité, sont dociles. Ils regardent la télévision, parce qu’il faut regarder la télévision. C’est une obligation sociale, la télévision. Qui n’a pas de télévision, ne la regarde jamais ? Quelques individus sains d’esprit fous. Et pourtant, c’est tout de même là que se situe un début d’ouverture possible, de dialogue et de changement. En arrêtant de regarder la télévision. De regarder les ombres.

En Espagne : Podemos

Il est difficile de savoir si les médias télévisuels parlent de Podemos quand on ne les regarde pas. Mais c’est difficile à croire. La presse peut rapidement aborder le mouvement politique Podemos du bout des lèvres, comme dans un article du quotidien Le Monde de jeudi dernier. Mais de là à en faire des Une ou des ouvertures de journaux, des analyses importantes dans les grands médias, il n’y a qu’un pas. Qui n’est pas franchi. Pourtant, Podemos est le parti/mouvement politique qui est aujourd’hui en tête de tous les sondages en Espagne et pourrait bien mettre en panne la fameuse alternance droite-gauche espagnole, très similaire à la nôtre. Mais ce sont les Indignados, Podemos, pas des caciques de grands partis. Des profs de science-politiques, des militants d’Attac, bref des gens qui veulent faire muter le système espagnol vers un mieux-disant social, avec du revenu de base, de la répartition des richesses, de la sortie de l’austérité et la mise en œuvre d’une démocratie populaire réelle.

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L’Espagne est en train de tenter de créer une alternative politique crédible et pleine d’espoir. La France, elle, continue à se battre la coulpe et agiter des chiffons rouges. Observer le mouvement Podemos, trouver des alliances avec lui serait une idée séduisante pour ceux qui veulent agir dans le monde, au delà du théâtre des ombres. A moins que nous ne soyons vraiment tous devenus totalement fous et ne puissions même pas entendre, voire, s’intéresser à ce que des voisins en quête de progrès social et de libertés citoyennes sont en train d’essayer de créer ?

Communication visuelle de la #Gendarmerie Nationale sur Twitter : un must

mercredi 24 décembre 2014 à 19:48

La gendarmerie nationale est une institution républicaine qui a vocation à protéger les citoyens. Entre autres. Le principe d’avoir des forces de l’ordre « proches et au service des gens » est important, parce qu’il évite de créer une sorte de défiance généralisée entre population et « gardiens de la paix ». Avec tout ce que cela peut engendrer de négatif, si ce n’est pas le cas, nul besoin de faire un dessin.

Ainsi, si vous allez sur le profil twitter de la gendarmerie nationale, vous trouverez cette illustration hallucinante :

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Sur le coup, on peut penser à un fake, une grosse blague. Mais non. Pas du tout. Ce compte twitter est bel et bien vérifié, et il est la vitrine de la Gendarmerie Nationale sur le réseau social de micro-blogging twitter. Les terminators qui pointent sur vous leurs armes de guerre sont les types payés par vos impôts pour vous recevoir en cas de plainte à la gendarmerie du coin. Ceux qui sont censés être à votre service. Ce qui est le plus drôle, c’est qu’ils sont dans un avion. La gendarmerie, son truc, c’est les avions, tout le monde le sait. Et surtout, ces types savent accueillir le public, à n’en pas douter.

Alors que la gendarmerie n’est plus gérée par la Défense mais par l’Intérieur, n’est-il pas un peu inquiétant de voir  ses représentants se mettre en scène aussi agressivement ? Enfin, disons, qu’ils semblent juste avoir envie de vous flinguer sur leur profil twitter. Parce que vous êtes un ennemi en puissance ?

Cher Manuel, soit vous êtes dans un épisode de 24H chrono, et là, mieux vaudrait changer de job, soit vous êtes sincèrement en train de nous embarquer dans quelque chose de très glauque. Ou bien, vous vous en foutez ? Au final, il serait temps quand même de se ressaisir : tout ça va très mal finir.

Edit 26/12/14 à 19h04 : Ah, ça y’est, la vilaine image des vilains robocops dans leur avion qui vous menacent avec leurs armes a été remplacée par un truc plus cool avec des avions et des une de journaux. Ouf, un instant on a cru que… C’était juste pour rire au moment de Noël et fêter le succès de la prise d’otages d’il y a 20 ans, c’est certain. Soyons rassurés. Bon cette nouvelle image est un peu lourde, ça ralentit l’affichage, mais le cœur y est. 

Marisol, devine qui vient faire le djihad ce soir ?

mardi 23 décembre 2014 à 19:03

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En France, en 2014, l’information va vite. Très vite. L’info en continu permet presque de mater en « direct live » les morts ou les blessés de n’importe quel fait divers. Enfin, au moins les flaques de sang qui subsistent après le drame. Tout ça sans même avoir à bouger de son canapé (qui commence à être bien défoncé par les heures passées à subir de façon consentie le lavage de cerveau national). C’est chouette d’être au courant d’un peu tout, avec ces chaînes d’info continue : surtout pour suivre les faits divers les plus anxiogènes, avec plein de morceaux d’infos non-vérifiées dedans. Des types qui foncent dans la foule en hurlant Allahou Akbar, un drapeau de l’Etat islamique accroché à l’intérieur du véhicule, par exemple. Ah non, en fait il gueulait, mais on ne sait pas vraiment quoi. Le drapeau ? Oui, enfin, certains pensent que, non, en fait il n’y en avait pas, mais attendez…on me dit dans l’oreillette, qu’un autre terroriste a foncé dans la foule à Nantes cette fois-ci… Oui, ok,  n’y avait pas de drapeau dans le véhicule à Dijon, et le type était en pleine décompensation psy, parce qu’en fait il fait des séjours en psychiatrie depuis des années, et… attendez, le type de Nantes aussi était un cas psychiatrique…mais bon, allez coco, l’info n’attend pas.

Le saviez-vous ?

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Pendant que super Manuel fait jouer ses mâchoires dans les médias frrrrrrançais, et est rapidement obligé de se reprendre sur le « conducteur fou » de Dijon qui n’est pas un djihadiste, mais que « quand même on n’a jamais été autant en danger avec le terrorisme en France« , il y a des milliers de personnes — plus de 70 000 en 2010 pour être précis — qui sont internées en psychiatrie chaque année. Dans leur grande majorité, ce n’est pas pour une dépression qu’elles sont internées, les personnes, bien qu’il y en ait aussi pour ça, mais très souvent pour des pathologies de type « psychose ». Bouffées délirantes, bipolarité (anciennement maniaco-dépression), schizophrénie…… Et que fait-on de ces personnes fragiles, affectées, malades, qui subissent des affres psychiques insupportables et qui ont grandement besoin d’aide ? On les bourre de cachets, on les attache dans des chambres d’isolement, on les laisse errer dans des couloirs. Et dès qu’on estime qu’elles sont « calmes », on les fout dehors, parce qu’il faut en prendre d’autres et que les places sont limitées. Les personnels soignants des HP français qui participent à ce non-soin n’ont pas franchement le choix, ne leur jetons pas la pierre — et la boucle est bouclée. Un chouette système de « santé mentale », non ? La France est restée au niveau de Vol au dessus d’un nid de coucou, sans que quiconque (ou presque) ne s’en préoccupe, et tout va bien ? Mais quel est donc le rapport avec notre terrorisme djihadiste, me direz-vous ? Il est hautement relié. Suivez le guide.

Le wahhabite est-il plus taré que le Témoin de Jéhova ?

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Le djihad, c’est d’un côté un mot fourre-tout ultra anxiogène pour les occidentaux et une permission de faire n’importe quoi pour les troupes wahhabites issues du royaume pétrolier ami de la France, l’Arabie saoudite. Dans ce royaume, la religion musulmane est un peu spéciale. Pour faire une comparaison, c’est un peu comme si on avait un pays européen dirigée par les Témoins de Jéhova. Avec la loi des Témoins de Jéhova, les coutumes des Témoins de Jéhova, la nourriture, les règles, l’éducation, bref, chacun a compris le truc. Chez les wahhabites, la croyance islamique, comparée à l’islam classique (qu’il soit chiite ou sunnite) est à peu près aussi délirante qu’entre un Témoin de Jéhova et un catholique ou un protestant. D’un côté, on croit en Dieu, on a des rituels, et voilà. De l’autre, chez les Témoins ou les wahhabites, on croit à la fin du monde, à l’imminence d’un messie, d’un combat entre les forces du bien et du mal, et de la nécessité de s’infliger et d’infliger aux autres tout un tas d’interdits plus affreux les uns que les autres pour être raccord avec le Dieu tout-puissant. Mais pour le bien, hein. Les salafistes de Syrie sont issus du wahhabisme saoudien, et leur machin religieux a été inventé au XVIIIème siècle. Une secte, en gros. Avec beaucoup de pétrodollars.

Mais revenons au djihad. Il n’y a pas un djihad, mais quatre. Oui, c’est vrai tout le monde s’en fout la plupart du temps, que ce soient des musulmans ou des non-musulmans, mais c’est tout de même intéressant d’aller regarder les fondements de cette notion religieuse, parce qu’on comprend mieux ce qu’est l’islam, enfin pas vraiment puisque le djihad est une « option » de l’islam. Pas l’islam tel qu’on voudrait qu’il soit et qui justifierait d’égorger ou de torturer ses ennemis déclarés. Que l’on soit de n’importe quel bord d’ailleurs…

Donc, pour information, sans aller très loin, djihad signifie « s’efforcer », pour des expressions comme « faire un effort dans le chemin de Dieu », ce genre de choses. Et il n’y en a pas un de djihad, mais quatre. Un djihad par le cœur, un second par la langue, un par la main et le dernier…par l’épée (le seul qui est retenu visiblement, de nos jours). Le djihad n’a même pas de statut officiel dans le sunnisme, mais qui s’en soucie ? Le Coran indique(Cor. II, La vache : 190-191) que « Le chaos (fitna) est pire que la guerre. Tant qu’eux ne vous combattront pas dans l’enceinte sacrée, ne leur livrez pas la guerre (…)».  Ce qui change pas mal la donne quand les « djihadistes » de l’EI attaquent tout ce qui n’est pas comme eux pour se créer un territoire. Dans un monde normal, il serait intéressant que les abrutis qui partent pour la Syrie en croyant faire le djihad du « vrai islam » réalisent qu’ils ne font qu’une chose : participer à une entreprise guerrière totalement condamnable par la religion qu’ils croient défendre. Dans un monde normal…

Mais que se passe-t-il vraiment ?

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Super Flanby, dit pépère, a décidé d’organiser une réunion interministérielle suite aux trois actes criminels « étranges » et concomitants qui viennent de se produire. Des actes de type « djihadiste ». Le type qui a poignardé un policier à Tours en plein commissariat en criant Allahou Akbar était-il poussé par une « idéologie islamique » et pratiquant le « terrorisme personnel » (sic) comme l’explique savamment un criminologue psychiatre sur une chaîne de radio de service public (vers 6’50, ndlr) ? Voyons-voir un peu : terrorisme personnel. Quelle est cette nouvelle définition ? Ah oui, c’est en lien avec la nouvelle loi anti-terroriste : entreprise terroriste individuelle. Je suis une bande à moi tout seul comme le chantait Renaud il y a quelques décennies. Nous rentrons donc, politiquement, dans la dernière ligne droite de la société de surveillance et de contrôle, de type « démocratie représentative paranoïaque autoritaire, tendance pédonazi djihadiste avec torture de chatons et radicalisation propagandiste sur les zinternets ».

Avec tout ça, comme n’importe qui, tout seul dans son coin, peut devenir un terroriste hyper dangereux — qui se radicalise en 30 minutes avec des idéologies islamistes diffusée sur l’internet pas civilisé — il n’y a plus qu’une seule solution : déclarer l’état d’urgence permanent avec mise sous surveillance de tous, sans préavis ni limite. On ne sait jamais…

Reviendons à la psychiatrie

Ce qui est drôle (sans l’être), c’est qu’un chef d’Etat, son premier ministre, décident de se réunir pour savoir « quoi faire », après des violences commises par des personnes malades, mais sans jamais parler de la maladie. En se questionnant, de façon publique, dans une vaste et profonde mayonnaise médiatico-politique sur la problématique des criminels isolés, de « terroristes islamistes individuels », de « concomitance troublante des actes » — tout en esquivant le fond de l’affaire, qui est celle des problèmes psychiatriques d’une partie importante de la population et des non-soins prodigués par le système de santé — que fait donc le gouvernement français ? Hum ? Personne pour répondre ? Il faut parler des islamistes qui plongent dans un délire d’ultra-violence après avoir entendu des voix, sans parler de ce qui sous-tend toute l’histoire, le fait d’entendre des voix ? Et que celui qui entend des voix il est scotché devant les chaînes d’info, comme le reste de la population ? Et qu’il voit les infos de façon concomitante ?

Le malaise général de cette population, qui craque psychologiquement sous les coups de boutoirs de la rigueur budgétaire et de la pression économique, managériale, technocratique, du vide de vie démocratique qui envahit tout l’espace, du manque de respect et de dignité des élites face aux difficultés du plus grand nombre, n’ont aucun intérêt ?

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Si des personnes se mettent à passer à l’acte, que ce soit avec des morceaux de djihad dedans ou les reptiliens, il faut juste retenir l’aspect criminel ? Le fou qui passe à l’acte n’est plus désormais un malade, il est juste un criminel, comme il y a 100 ans ? On ne soigne plus les gens, on tente juste de les contenir ? Payer des personnels des services de l’Etat pour faire de la prévention des problèmes psychiatriques, ouvrir des centres de jour au lieu de les fermer aurait un peu plus de gueule que de chercher à empêcher les « terrorismes personnels », à la mode Sarkozy-Hortefeux-Guéant, non ?. En ayant à l’esprit que les schizophrènes, en proportion, sont moins criminels que les « sains d’esprits ». Mais nous n’en sommes plus là, puisque ce sont désormais des terroristes islamistes en puissance, ou des « dérangés » qui foncent sur la foule. Le tout avec des envoyés spéciaux des chaînes d’infos continue qui commentent le néant du fait divers, le tout aspergé de rumeurs non vérifiées.

Chère Marisol Touraine, êtes-vous au courant que votre ministère est censé s’occuper aussi du secteur psychiatrique ? Savez-vous que les moyens d’accueil de ce secteur sont minables et abominables ? Qu’aucune politique de santé mentale sérieuse n’est en œuvre dans ce pays ? Allez, un effort, 70 000 personnes en souffrance psychique, c’est peut être plus intéressant qu’interdire les vapoteuses dans les lieux publics, non ?

P.S : Il faudrait aussi réfléchir aux 30% de personnes en prison qui sont des cas psychiatriques et devraient être soignées au lieu d’être enfermées. Ces gens sortent de prison encore plus fous qu’ils ne l’étaient en y entrant, et mériteraient d’être soignés. Même s’ils ont commis des délits ou des crimes, ce sont des malades, madame la Ministre. Parlez-en à votre collègue Garde des sceaux, ensemble vous pourriez réfléchir à une politique « de gauche » à ce sujet ? En dernier lieu, touchez un mot à pépère du phénomène de la « société de l’instant et du fait divers », des dangers sociaux du manque de projet politique, de la démocratie citoyenne et participative en carence et de la responsabilité politique quand un pays se met à aller massivement mal, psychologiquement parlant.

#LQDN va crever : la démocratie citoyenne peut la sauver

samedi 20 décembre 2014 à 15:43

LQDN

Reflets accueillait hier hier Jérémie Zimmermann, le co-fondateur de La Quadrature Du Net. Nous étions en radio, pour une émission consacrée au monde post-Snowden. Nous rappelions alors au micro, l’importance d’effectuer des dons à LQDN, et c’est peu dire : la Quadrature Du Net sera pliée, détruite, dissoute, écrasée, balayée début janvier si nous ne nous mobilisons pas tous pour financer l’association.

Démocratie citoyenne en marche

Il est possible de regarder passer les trains pour une grande majorité des citoyens, ou au contraire, se mobiliser. Si une majorité d’entre nous se demande comment participer à une démocratie citoyenne, pour changer la société dans un sens plus humaniste, avec en tête le partage et l’échange, le moment est venu de se dire que notre argent peut servir à ça. Entre donner ses sous à Carrefour, Leclerc, Orange, Free, Bouygues, SFR, Amazon, Apple, Microsoft, Vinci, et tous les autres, et permettre à une association citoyenne de défendre nos libertés numériques, quel choix opérer ? 10 € de don minimal : même quelqu’un qui ne gagne pas franchement beaucoup de sous peut le faire. Ce serait dommage de se rendre compte, dans 15 jours, qu’il y a en réalité seulement 4500 ou 5000 personnes en France qui sont prêtes à mettre la main à la poche pour défendre les choses suivantes :

Vraiment, ce serait très dommage. Il n’est pas certain que l’on s’en remette d’ailleurs. Ils auraient gagné, les autres, ceux qui veulent nous vendre leur Minitel 3.0. Qui coûte en moyenne entre 15 et 30€ par mois pour y accéder.

Sur ce blog, un article drôle et mordant qui explique bien mieux que celui-ci, les enjeux de ce manque de dons.

Il faut avouer qu’il y a des jours où l’on peut manquer de drôlerie face au paradoxe moderne : quand des centaines de milliers de personnes se ruent acheter le dernier smartphone à la mode [qui va les contrôler] pour des centaines d’euros, il n’y a plus qu’une poignée de personnes pour donner 10, 20, ou 50 € afin de contrer la société de surveillance et de contrôle en cours de construction.

Il faut donner à La Quadrature Du Net. Parce qu’il n’y a pas le choix, pour ceux qui veulent construire un monde… le plus libre possible. Chez Reflets, nous croisons les doigts pour que le meilleur d’Internet sauve LQDN. C’est avec des petites rivières que l’on crée des grands fleuves.

Soutien à LQDN : https://soutien.laquadrature.net/

Article « Laissons crever la Quadrature du Net » du site Affordance.info : http://affordance.typepad.com//mon_weblog/2014/12/laissons-crever-la-quadrature-du-net.html

MàJ le 22/12/2014 à 15h43 : Il semble qu’un gros sursaut ait eu lieu ce week-end, les dons ayant bondi à plus de 200 000 euros ! Près de 6000 donateurs : LQDN devrait pouvoir repartir en 2015 : merci à tous, pour…nous tous… Ce qui ne signifie pas qu’il faut s’arrêter là : le nerf de la guerre reste le financement. La liberté a un prix. Continuons de soutenir financièrement LQDN, et au passage, n’oubliez pas Reflets :-)

Piratage de Sony : pourquoi est-il très peu probable que la Corée du Nord soit à l’origine de l’attaque ?

samedi 20 décembre 2014 à 13:38
Le hacker nord coréen identifié par la NSA aurait une souris avec un gros bouton rouge, ça fiche la trouille non ?

Le hacker nord coréen identifié par la NSA aurait un ordinateur à roulettes et une souris avec un gros bouton rouge, ça fiche la trouille non ?

Sony aurait-il été une victime collatérale d’un conflit 100% asiatique ? Le piratage de l’entreprise fait pourtant son petit effet dans l’administration américaine et dans les médias. C’est forcément la culture de la plus grande puissance du monde libre qui est agressée, même si Sony est une entreprise japonaise, on apprécie d’y voir une vision fantasmée des studios hollywoodiens, ceux qui nous vendent du rêve et de la liberté, rêve et liberté que nous achetons les yeux fermés.

Quel ennemi de la liberté pourrait bien s’en prendre à la culture du monde libre sinon la Corée du Nord ? D’ailleurs ça ne peut être qu’eux, la preuve, les journaux de connexion relèvent la présence d’adresses IP nord coréennes.

Ainsi, la police fédérale a découvert plusieurs adresses IP (ndlr : le numéro d’identification d’un ordinateur connecté à internet), étant associées à des infrastructures nord-coréennes connues.

Et le truc, avec les adresses IP nord coréennes, c’est que c’est tellement pas banal qu’on les repère tout de suite. Et c’est surtout là que le doute commence à s’installer… L’Internet nord coréen, nous avons quand même un peu examiné ses tuyaux, et la tâche fut rendue assez simple, car cet Internet là, il a une particularité, celle de ne justement pas avoir de tuyau.

UPDATE : voir les données actualisées de l’excellent NKNetobserver (thx Athoune), avec un bloc de 1024 IP plus deux autres ranges.

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Question numéro 1 : Comment font les nords coréens pour mener une attaque d’envergure et très élaborée à en croire les services américains qui mènent l’enquête depuis leur propre territoire sans infrastructure ?

Quand on observe la Corée du nord de nuit depuis une imagerie satellite, on se dit que si nos hackers nords coréens ne bossent pas dans des bunkers, ils vont vite se faire gauler…

1 point blanc : 1 hacker nord coréen

1 point blanc = 1 hacker nord coréen

Séoul, mars 2013 : la Corée du Sud au bord d’un cyber apocalypse, ou presque.

Kim Jung Un en train d'inspecter les rampes de lancement de ses missiles ballistiques

Kim Jong Un en train d’inspecter les silos de lancement de ses missiles balistiques

Juste après les élections présidentielles en Corée du Sud, le pays était « cyber attaqué », mais pas trop fort quand même. Juste de gros embouteillages qui ont rendu indisponibles les plus grands médias du pays. Un bon gros déni de service distribué (DDoS), le truc qui fait des cyber bouchons, mais aucun cyber mort. Seoul s’empresse alors de dénoncer une attaque sans précédant émanant de Pyongyang… Mais quelque chose cloche. La Corée du Nord n’est pas un pays à se montrer peu fier de ses tout petits cybers attributs. La crème de la crème des hackers gouvernementaux nords coréens, officiant pour le bureau de reconnaissance du pays, sont formés en Chine, dans la prestigieuse Université Tsinghua, à Pékin, et qui regroupe à elle seule de gros laboratoires de recherche aux spécialités assez variées mais pointues.

Question Numéro 2 : La Corée du Nord n’est elle pas un ennemi commun un peu trop facilement désigné parce que ça arrange tout le monde ?

Vous avez dit manipulation politique ?

C’est la candidate Park Geun-hye du parti Saenuri, marqué à droite, qui remporte l’élection présidentielle et accède au pouvoir en février 2012. Un an après, la Corée du Sud est tellement cyber attaquée d’un coup d’un seul que c’est quand même un peu suspect. Toujours courant 2013, ce sont des banques sud coréennes qui sont victimes de DDoS, toujours pas de cyber morts, juste de gros embouteillages, une méthode un peu suspecte pour l’unité d’élite du bras armé cyber du Bureau 121.

Oui la Corée du Nord recèle surement de talentueux hackers, formés par des chinois non moins talentueux, qui n’auraient probablement pas manqué de leur apprendre les bases de l’anonymisation des connexions en vue d’une attaque au service d’un gouvernement, ou encore à se servir de rebonds depuis des pays tiers dotés d’infrastructures un peu moins en carton que celles de leur pays.

Mais Reuters n’hésite pas, dès le 5 décembre (!), à désigner le Bureau 121 comme étant à l’origine de l’attaque menée sur Sony. Il faudra 2 semaines aux autorités américaines pour appuyer ce qui n’est à ce moment là que pure spéculation mais les médias ont bien préparé le terrain, l’administration Obama n’a plus qu’à s’engouffrer dans la brèche pour balancer son plan de communication bien rôdé, avec des hackers asiatiques, du FBI, des trucs « super sophistiqués, et de la dictature avec du monde libre dedans.

Car passé la première barrière matérielle, à savoir trouver un ordinateur non monté sur roulettes et une souris sans gros nez rouge, il faut quand même un minimum de bande passante pour s’attaquer à des infrastructures importantes. Niveau Internet, le pays est tellement pauvre que la légende veut qu’il faut mettre de l’engrais au pied des poteaux téléphoniques pour pinguer son fournisseur d’accès… La poignée de privilégiés qui a accès à Internet surfent avec le débit que nous avions en 1996… le truc « un peu » léger quand on doit se farcir ne serait-ce que la phase de découverte de l’infrastructure de tous les gros médias sud coréens, étape préalable à l’attaque elle même. Le hacker nord coréen est probablement le hacker le plus patient du monde.

Un autre élément à avoir en tête, c’est que la connectivité internationale du pays est assurée par un satellite chinois… et par Sprint, une entreprise américaine. Ce petit détail n’est évidemment pas sans poser quelques petits problèmes pour mener « une attaque massive » sur le territoire américain. Pour vous rendre l’image plus simple, nous dirons que même avec un très gros zizi et après deux packs de bière, vous risquez d’avoir du mal à faire déborder un fleuve de son lit. Dernier point, une attaque massive depuis la Corée du Nord dont le flux passerait par un satellite chinois ou par les tuyaux d’une entreprise américaine qui scrute scrupuleusement le moindre paquet émis, niveau discrétion, on a déjà vu un peu plus élaboré.

Il n’y a qu’un seul opérateur en Corée du Nord, évidemment gouvernemental, il s’agit de Star Joint Venture Co, (STAR KP) et leur « infra » est très régulièrement KO. Les sites nords coréens, c’est pas non plus ce qui étouffe ou spam indexe Google. Comme le montre NKNetobserver, les autres ranges sont ceux du chinois KPTC et un range alloué par Satgate.

Pyongyang à l’assaut d’Hollywood

Kim et ses biatches

Kim et ses biatches

Quel magnifique scénario de blockbuster ! Les hackers nord coréens qui font plier une major américaine japonaise de l’entertainment. L’armée du peuple qui fait front face à l’impérialisme américain japonais pour laver l’honneur souillé, par une production hollywoodienne du dieu vivant Kim Jong Un.

La cible, Sony, est déjà connue pour ses systèmes informatiques poreux qui lui avaient valu des piratages à répétition avec des fuites massives de données. L’affront, un film nanard se voulant burlesque et bien lourdingue mettant en scène une tentative d’assassinat du leader nord coréen.

Et boum, Sony baisse son pantalon à la surprise générale devant « Les Gardiens de la Paix », un mystérieux groupe de hackers nord coréens.

Les USA volent au secours de Sony et annoncent une « réponse proportionnée » et montre les dents devant la dictature, il faut plus de lois contre les cybers attaques, plus de moyens… plus de tout. Le terrorisme numérique, c’est du lourd, même quand c’est fait par un clown avec une souris à gros nez rouge. Comme nous l’avons déjà expliqué ici, si les USA comptent répondre de manière proportionnée, il leur faudra 20 secondes pour mettre tout le pays dans le noir en frappant 4 points stratégiques et l’impact serait ridicule puisque la Corée du Nord n’a aucune infrastructure critique connectée au Net, et pire, le peuple lui même est connecté sur un gros intranet 100% nord coréen, le Kwangmyong. … mais pas à Internet.

Même le FBI est formel, il reconnaît les techniques de l’attaque des banques sud coréennes qui auraient paralysé ces dernières… la classe, des services intérieurs qui reconnaissent les flux d’attaques de banques étrangères, ils sont comme ça le FBI, c’est des cadors. Tellement des cadors qu’ils n’auront pas manqué de remarquer que les infrastructures nord coréennes sont tellement percées que n’importe qui peut trouver sans mal une ou deux ip sur place pour mener une attaque depuis là bas exploitant ce qu’il faut comme ressources en dehors du pays et grossièrement laisser traîner quelques logs qui attestent de rien du tout mais qui réveilleront quelques sentiments nationalistes en Asie comme aux USA.

Dernier point technique : un réseau depuis lequel on attaque est un réseau « vivant », mais voilà, le réseau nord coréen, lui il ne bouge pas. Pas de nouvelles routes, pas de nouveaux morceaux d’infrastructures, rien n’a bougé, tout semble figé depuis des mois. Rien qui ne pourrait donner la moindre indication sur la plausibilité d’une attaque « depuis la Corée du Nord ».

L’histoire du censeur qui partage au monde ce qu’il veut censurer, c’est un peu gros

C’est bien connu, quand vous cherchez à censurer un film, le premier truc que vous faites, c’est de le partager sur les réseaux peer to peer pour l’offrir au monde entier. Sony s’engage alors dans une action qui n’est pas sans rappeler les tentatives désespérées du gouvernement américain de censurer Wikileaks, en lançant des DDoS sur les sites qui partagent les films volés.

La farce est un peu grossière mais le FBI n’en démord pas, c’est bien Pyongyang le responsable… suspens, sueur froide, la Corée du Nord, c’est des vrais méchants, ils ont même un arsenal nucléaire… enfin non ça on n’y croit pas trop, mais c’est quand même des méchants et c’est toujours bien de montrer les dents devant une dictature après avoir joué les hippies communistes avec Cuba…

Mais alors qui pourrait bien chercher à faire accuser la Corée du Nord, en s’attaquant à des intérêts japonais, et assez fort pour faire réagir les USA ? Allo, Séoul ? Y’a un peu de friture sur la ligne…

Merci au Professeur Kavé Salamatian pour sa contribution à l’écriture de cet article