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PJL Terrorisme : Le Parlement peut encore s'opposer à la dérive sécuritaire

mercredi 29 octobre 2014 à 11:00

Paris, 29 octobre 2014 — Mardi 21 octobre 2014, la commission mixte paritaire a adopté un texte qui — si on excepte la suppression de l'article 151 — est gravement attentatoire aux libertés et au droit à une procédure équitable, comme La Quadrature du Net le dénonce depuis le lancement du projet de loi renforçant les dispositions relatives à la lutte contre le terrorisme, en juillet 2014.

Aujourd'hui mercredi 29 octobre, l'Assemblée nationale et, mardi 4 novembre, le Sénat s'exprimeront de manière définitive sur ce texte par voie d'approbation ou de rejet. Pas question donc de revenir sur les mesures liberticides dénoncées au cours des cinq derniers mois, venant de l'univers de la société civile ainsi que d'organismes consultatifs à l'instar du Conseil National du Numérique ou de la Commission Nationale Consultative des Droits de l'Homme.

Le texte issu de la commission paritaire ne fait que renforcer certaines des dispositions longuement critiquées, notamment à l'article 9 portant sur le blocage administratif des sites soi-disant terroristes. En effet, lors du passage au Sénat, le Ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, sourd aux réactions critiques portées à son projet de loi, a jugé opportun de faire passer un amendement très controversé étendant la censure administrative2. Cet amendement, introduit dans les dernières heures du débat au Sénat et à propos duquel le ministre a menti aux sénateurs, donne à l'autorité administrative le pouvoir d'obliger les moteurs de recherche à déréférencer les sites en question, sans que la décision soit soumise à l'évaluation d'un magistrat. Une énième mesure symptomatique des dérives de l'ensemble du texte, qui vise à la réalisation d'une justice expéditive peu soucieuse de l’État de Droit et des libertés de chacun, et qui sera rapidement soumise à l'approbation des deux Chambres.

Un article 1bis — introduit encore une fois en dernière minute à la demande du gouvernement — a été ajouté au projet au Sénat et conservé par la commission mixte paritaire3. Cet amendement remet en question l'une des libertés fondamentales de l'Union européenne, à savoir la libre circulation des personnes. Les motifs invoqués ne sont en rien limités au terrorisme. Le gouvernement a voulu donner à la police administrative le pouvoir d’empêcher l'entrée à « tout ressortissant étranger [qui ne] (...) réside pas habituellement en France lorsque sa présence en France constituerait une menace grave pour l’ordre public, la sécurité intérieure ou les relations internationales de la France ». Une formulation extrêmement vague qui a provoqué un véritable tollé parmi les défenseurs des Droits de l'Homme, et qui donnerait à l'autorité administrative le pouvoir de remettre en cause la liberté de circulation de chaque citoyen européen sans l'aval de la justice.

« Compte-tenu des pressions extrêmes exercées par le gouvernement et de la mise en scène tous azimuts dans les médias d'un climat sécuritaire aggravé, il est malheureusement fort probable que ce texte sera adopté par les deux chambres. La Quadrature du Net appelle chaque parlementaire à agir selon sa conscience. Chaque député, chaque sénateur qui rejettera ce texte prendra date comme étant l'un de ceux qui se seront opposés à l'instrumentalisation des risques terroristes pour porter atteinte aux droits fondamentaux et à l'État de Droit, dans des domaines qui vont très au-delà de la seule lutte anti-terroriste. », déclare Philippe Aigrain, co-fondateur de La Quadrature du Net

« Après la loi de programmation militaire l'an dernier, les débats sur ce texte ont fourni une nouvelle illustration du mépris du gouvernement et de nombreux parlementaires envers l'État de droit. Tous ceux qui y sont habilités4 s'honoreraient désormais à saisir le Conseil constitutionnel afin qu'il puisse juger avant l'entrée en application de ce projet de loi des graves menaces que ce dernier fait peser sur les libertés publiques. », conclut Félix Tréguer, co-fondateur de l'association.

Newsletter #59

lundi 27 octobre 2014 à 08:54

Bonjour à toutes et à tous !

La rentrée fut chargée avec le projet de loi « terrorisme », l'audition des candidats commissaires européens, l'annonce d'un SOPA « à la française », l'application par Google de la décision de la Cour de Justice de l'Union Européenne du 13 mai dernier sur le droit au référencement…

En France, le projet de loi « terrorisme » du ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a été adopté en procédure accélérée, sans réelle remise en question des dangereuses dispositions qu'il contient. Après une lecture dans les deux chambres sans changement substantiel, la Commission mixte paritaire a fait à chaque fois le choix du pire en ne gardant que les mesures les plus répressives. Aux côtés de de La Quadrature du Net, de nombreuses voix se sont élevées contre ce projet de loi au sein de la société civile (le syndicat de la Magistrature, Reporters Sans Frontières, La ligue des droits de l'Homme et bien d'autres). Au niveau institutionnel, le Conseil National du Numérique ainsi que la Commission Nationale Consultative des Droits de l'Homme ont tous les deux rendu des avis assassins contre ce projet de loi. Malgré cette large levée de boucliers, la version définitive de ce projet de loi sera sans aucun doute adoptée par le Parlement au cours des prochains jours, sans saisine du Conseil Constitutionnel pour en valider les dispositions.

Toujours au niveau français, la nouvelle ministre de la Culture, Fleur Pellerin, a confirmé dans une interview donnée au Monde que les missions de la Hadopi ne seraient pas transférées au CSA. Au-delà du maintien de la riposte graduée, la ministre cautionne également l'initiative lancée par la Hadopi, visant à lutter contre la « contrefaçon massivement commerciale » par le biais de mesures extra-législatives reposant sur un contournement systématique du juge. En plus du caractère non démocratique de cette démarche, ce dispositif réintroduit certains des aspects les plus contestables de la loi SOPA et de l'accord ACTA en matière de respect des libertés fondamentales et confirme l'enfermement du gouvernement dans une guerre au partage stérile, qui ne peut conduire qu'à l'escalade répressive. Aux cours des prochaines semaines, la plus grande vigilance des citoyens sera indispensable pour surveiller l'évolution de ce dossier.

Invitée à la conférence parisienne de Google sur la manière d'appliquer la décision de la Cour de Justice de l'Union Européenne du 13 mai dernier sur le droit au référencement, La Quadrature du Net a refusé d'y participer et a publié avec Reporters Sans Frontières une série de recommandations à destination des pouvoirs publics. Une fois encore, il est plus que nécessaire de rappeler que le soin de prendre des décisions remettant en question le droit à la liberté d'expression ne devraient en aucun cas être confiées à des entreprises privées, mais devraient continuer à revenir à l'autorité judiciaire.

Au niveau européen, les commissaires désignés à siéger dans la nouvelle Commission Européenne présidée par Jean-Claude Juncker ont été auditionnés au cours des dernières semaines. À cette occasion, La Quadrature du Net a envoyé une liste de questions aux députés, dont certaines ont été reprises lors de ces auditions parlementaires. Si le vice-commissaire au « Marché Numérique Unique », Andrus Ansip, s'est engagé à défendre la neutralité du Net, le logiciel libre et les droits fondamentaux, il a été criant que le commissaire au « Numérique et Social » Günther Oettinger jouera le jeu des grandes entreprises de télécommunication et n'a aucune intention de protéger la Neutralité du Net.

Enfin, La Quadrature du Net a besoin de votre soutien : l'association est encore loin de l'équilibre qui lui permettra de poursuivre et pérenniser ses actions. Il nous appartient à tous de prendre en charge la défense de nos libertés, de participer aux efforts de sensibilisation, d'argumentation et de travail auprès des législateurs, et il est aujourd'hui indispensable de multiplier le nombre de soutiens. Si vous ne l'avez pas déjà fait, nous avons besoin de vous pour diffuser le message le plus largement possible et pour soutenir les actions de La Quadrature du Net !

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Projet de loi « terrorisme » : le Sénat adopte le projet de loi liberticide

jeudi 16 octobre 2014 à 16:00

Paris, le 16 octobre 2014 — Après deux jours de discussion, le Sénat vient d'adopter le projet de loi relatif à la lutte contre le terrorisme par 317 votes pour et 28 contre, en première et unique lecture. Si certains sénateurs ont courageusement lutté contre les dispositions liberticides du projet mené par le ministre Bernard Cazeneuve, La Quadrature du Net se désole que la discussion législative n'ait pas permis de corriger substantiellement un projet de loi inadapté et dangereux. Le texte sera examiné en commission mixte paritaire dans les semaines qui viennent, où il sera probablement adopté sans réelle modification.

Jean-Jacques Hyest, co-rapporteur du Projet de loi « Terrorisme »
Jean-Jacques Hyest (UMP), co-rapporteur
du projet de loi au Sénat

Au cours de l'après-midi, le projet de loi défendu par Bernard Cazeneuve, le ministre de l'Intérieur, refusant toute évolution de sa position, et repoussant d'un revers de main toutes les alertes de la société civile, a été voté avec l'ensemble de ses dispositions dangereuses : interdiction administrative de sortie du territoire, création du délit d'entreprise individuelle terroriste, blocage administratif des sites Internet, modifications substantielles de la procédure pénale au-delà des actes de terrorisme.

Pire, le Sénat a consacré une grave atteinte au principe d'égalité devant la loi pénale en réintégrant l'article 4 relatif à l'apologie et de la provocation au terrorisme dans la loi de 1881, sauf lorsque ces faits sont commis sur Internet. Dans l'esprit du ministre et de nombreux sénateurs, Internet est un danger en soi qui mérite une telle dérogation : le vote de cet amendement introduit une inégalité flagrante entre Internet et les autres modes de communications, déjà sanctionnée par le passé par le Conseil constitutionnel1, et une confusion grave entre outil et contenu, vecteur de communication et audience réelle.

Le choix du gouvernement de discuter ce projet de loi en procédure accélérée, complètement injustifié2, lui aura permis d'évacuer du débat législatif un examen approfondi des dispositions les plus dangereuses – a fortiori en période de renouvellement de l'une des deux chambres – malgré le travail courageux de certains sénateurs. Le texte, légèrement modifié par rapport à celui adopté à l'Assemblée nationale, sera examiné et harmonisé en commission mixte paritaire au cours des prochaines semaines, où il sera probablement définitivement adopté sans modification substantielle.

« Si les sénateurs ont fait un réel effort de travail sur ce texte néfaste, celui-ci a été malheureusement voté avec l'ensemble des dispositions dangereuses que La Quadrature du Net et de nombreux autres acteurs de l'Internet ou défenseurs des libertés publiques dénoncent depuis plusieurs mois. Pourrons-nous espérer un sursaut de courage de nos parlementaires pour porter ce texte devant le Conseil Constitutionnel, afin d'en vérifier la conformité avec le texte fondateur de la Vème République ? En démocratie, les élus ne devraient pas craindre un tel examen. Nous ne pouvons accepter un tel traitement inadapté et liberticide de questions aussi graves que la lutte contre le terrorisme » déclare Adrienne Charmet, coordinatrice des campagnes de La Quadrature du Net.

Projet de loi Terrorisme : les amendements à soutenir au Sénat

mercredi 15 octobre 2014 à 14:39

Paris, le 15 octobre 2014 — Aujourd'hui à partir de 14h30, le Sénat débute l'examen du projet de loi « Terrorisme » de Bernard Cazeneuve. Après le dépôt des amendements par les parlementaires et le gouvernement, La Quadrature du Net – qui s'oppose depuis plusieurs mois à ce projet de loi – engage les sénateurs à étudier ou soutenir les amendements intéressants pour améliorer les dispositions toujours dangereuses du projet de loi.

Le projet de loi de lutte contre le terrorisme présenté par le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a été adopté à l'Assemblée nationale au mois de septembre, après des débats consternants montrant à quel point les députés font peu de cas des libertés fondamentales, n'hésitant pas à voter une loi d'affichage inefficace et liberticide dans l'espoir de répondre aux actualités dramatiques du Moyen-Orient. Le Sénat, chargé de poursuivre l'examen législatif aujourd'hui, doit absolument revenir sur les dispositions les plus dangereuses de ce projet de loi et rétablir l'équilibre fondamental entre libertés publiques et invocation sécuritaire. Les quelques amendements allant dans ce sens sont à soutenir. L'examen en procédure accélérée de ce projet de loi, avec une seule lecture par chaque Chambre, exige une prise de position forte des sénateurs.

Article 4

L'article 4 tel que proposé par l'Assemblée Nationale porte sur le transfert, du droit de la presse vers le code pénal, des infractions de provocation et apologie des actes de terrorisme.

Comme La Quadrature du Net le soulignait la semaine dernière, intégrer ces dispositions dans le code pénal affaiblirait les garanties procédurales qui protègent la liberté d'expression.

Dans son texte du 14 octobre 2014, la commission des lois siégeant au Sénat revient sur les dangers effectifs d'une telle disposition et s'oppose, par le biais de l'amendement 18, à l'idée d'extraire ces deux délits du droit de la presse.

Malheureusement, les sénateurs ne sont pas allés jusqu'au bout de leur raisonnement et ont créé une exception pour les délits de provocation et apologie commis sur Internet, ce qui remet en cause le principe d'égalité devant la loi pénale, établi au considérant 65 de la décision n° 2006-540 DC du Conseil Constitutionnel.

La suppression de l'article reste dès lors la solution la plus logique ; pour cette raison La Quadrature du Net se félicite du dépôt des amendements 43 et 61 qui vont dans le sens du rétablissement du statu quo et, par conséquent, du maintien de ces délits dans le droit de la presse.

À défaut, l'amendement 44 pourrait être soutenu ; il aurait, quant à lui, le mérite d'ajuster en partie l'objectif de la commission des lois et d'extraire du code pénal l'apologie des actes de terrorisme. L'idée est judicieuse, tout en sachant que cet amendement ne pourra pas tout seul résoudre les problèmes liés à l'introduction du délit de provocation dans le code pénal, comme La Quadrature du Net le signalait précédemment.

Article 5

L'article 5, tel que proposé par l'Assemblée, étend à la situation d'une préparation individuelle des dispositions qui aujourd'hui portent sur la participation à un groupement constitué en vue de commettre un acte de terrorisme (cf. article 421-2-1 du code pénal).

Il introduit le délit d'entreprise individuelle de terrorisme ayant vocation à criminaliser et pénaliser l'intention et non pas la commission ou la préparation elles-mêmes d'un acte de terrorisme.

Les amendements déposés en vue de l'élaboration du texte de la commission des lois n'ont fait que détailler ultérieurement les éléments matériels1 utiles à la définition d'entreprise terroriste individuelle, sans aucune prise en compte de la conformité de cette introduction au principe de légalité, inscrit à l'article 8 de la déclaration de 1789, et de présomption d'innocence inscrit à l'article 9 de la même déclaration.

La Quadrature du Net appelle ainsi au soutien de l'amendement 62 qui prend en compte les éléments y étant évoqués et propose la solution la plus adaptée à ce cadre, à savoir la suppression de l'article.

À défaut, La Quadrature du Net appelle au soutien de l'amendement 64 qui aurait le mérite de rendre les conditions pour définir une entreprise individuelle de terrorisme beaucoup plus strictes et permettrait, éventuellement, d'encadrer de manière plus claire ce délit, ce qui permettrait d'identifier plus précisément les cibles réellement concernées et non pas l'ensemble de la population.

Bien que cela ne remette guère en question la logique qui sous-tend l'article 5, ce qui est fortement regrettable, La Quadrature du Net salue l'amendement 47 qui vise à l'abolition de la consultation habituelle des sites comme constitutive de la préparation et donc d'un acte de terrorisme. L'utilisation de cet élément pourrait avoir des répercussions graves en termes de liberté d'expression et d'accès à l'information comme cela a été signalé la semaine dernière (cf. notre analyse).

L'amendement 48, présenté comme un amendement de repli, aurait pour effet de limiter les dégâts en termes de liberté d'expression, en excluant le délit d'apologie du terrorisme du cadre de la fréquentation habituelle des sites. Si aucun des amendements précédemment indiqués n'est adopté, les sénateurs sont appelés à soutenir celui-ci.

Article 9

L'article 9 a pour objectif de conférer à l'autorité administrative le pouvoir de demander aux fournisseurs d'accès Internet de bloquer les sites provoquant aux actes de terrorisme ou en faisant l'apologie.

Or, le blocage des sites se traduit souvent par une restriction grave à la liberté d'information, ce qui fait que :

En étendant une fois encore la responsabilité des hébergeurs par l'ajout de l'apologie ou de la provocation au terrorisme, dans le 7 du I de l'article 6 de la Loi pour la Confiance en l'Économie Numérique (LCEN), le législateur ne respecterait pas ces critères et il poursuivrait sa tendance néfaste à faire gérer les restrictions à la liberté d'expression par les hébergeurs, donc par des acteurs privés, et non par les autorités publiques dédiées à cette tâche (l’Office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l’information et de la communication notamment).

Le point 2 de l'article 9, en ce qu'il n'envisage pas de recours au juge judiciaire en amont de la décision de blocage, qu'il ne répond pas aux objectifs d'efficacité (le contournement des blocages est notoirement aisé), et qu'il n'offre aucune garantie de proportionnalité (les risques de surblocage sont massifs), ne peut servir l'objectif envisagé et doit donc être supprimé.

Les amendements 1 et 65, déposés en vue de supprimer l'ensemble de l'article 9 sont donc à soutenir. À défaut les amendements 51 et 8 supprimant le blocage administratif ainsi que l'amendement 52 supprimant l'extension de la responsabilité des hébergeurs doivent être soutenus. En dernier recours, La Quadrature du Net appelle au soutien des amendements qui rétablissent l'autorité du juge judiciaire ou du juge des libertés, en particulier les amendements 23, 69 et 53.

Article 10

L'article 10 a pour vocation de modifier le régime de perquisition applicable à l'ensemble des crimes et des délits flagrants. Son champs d'application dépasse donc celui de la lutte contre le terrorisme en tant que tel et il s'attaque à l'ensemble des délits régis par le code de procédure pénale. L'étendue de sa portée devrait, à elle seule, remettre en question la présence de telles dispositions dans un projet de loi qui devrait avoir vocation à porter sur les actes visés au point 11 de l'article 706-73 du code de procédure pénale, soit les crimes et les délits constituant des actes de terrorisme.

Plus précisément, cet article introduit une nouvelle modalité de perquisition depuis les services de police, ce qui laisse en suspens plus d'une question sur l'application des garanties nécessaires au maintien d'un équilibre entre efficacité des enquêtes et respect des libertés individuelles.

Dans la formulation de l'article, les mots « dans les conditions de perquisition prévues au présent code », sont probablement à considérer comme un garde-fou pour éviter toute dérive anti-démocratique ou non-respect de certains droits comme celui à la vie privée, mais ils laissent des questions ouvertes et des imprécisions sur leur application.

Or, l'amendement 24 propose la suppression de ces mots, ce qui enlèverait toute garantie possible de protection des droits dans ce cadre spécifique. Pour cette raison, La Quadrature du Net appelle fermement au rejet de cet amendement.

La Quadrature du Net appelle enfin à soutenir l'amendement 70 car l'autorisation que le juge des libertés et de la détention devra octroyer aux officiers de police judiciaire dans le cadre d'une enquête prévoyant une perquisition à distance, crée une protection très forte contre tout usage abusif des contrôles policiers.

Tableau récapitulatif

Article 4

Article 5

Article 9

Article 10

« Les sénateurs ont l'opportunité de supprimer ou d'améliorer les pires dispositions de ce projet de loi. Il est de leur devoir de s'en saisir, malgré l'inconfort d'une procédure accélérée survenant en plein renouvellement de la Chambre. Les citoyens doivent pouvoir compter sur les sénateurs pour revenir à un meilleur équilibre entre libertés fondamentales et lutte contre le terrorisme, sous peine de voir la fuite en avant du gouvernement se poursuivre encore et encore dans des lois d'affichage et de communication inefficaces et liberticides » appelle Miriam Artino, coordinatrice de l'analyse juridique et politique de La Quadrature du Net

11 octobre 2014, journée européenne d'action contre les traités des multinationales

samedi 11 octobre 2014 à 00:46

Paris, le 10 octobre 2014 — La Quadrature du Net est engagée contre les négociations des traités internationaux TAFTA, CETA et TISA comme elle l'était contre le traité ACTA, appelle à participer et à relayer la Journée européenne d'action contre les traités des multinationales organisée notamment par le Collectif Stop-TAFTA.

Les traités internationaux tels qu'ils sont actuellement négociés sont antidémocratiques et dangereux : en étant négociés dans le secret, ils outrepassent les représentations démocratiques. Leurs dispositions, extensibles à l'envi, sont beaucoup plus larges que de simples accords commerciaux et, comme cela a été vu dans ACTA, mettent en danger l'équilibre déjà fragile de nos libertés fondamentales : répression du partage culturel, protection des données, brevets, arbitrage privé pouvant invalider des lois démocratiquement adoptées : ces domaines touchent directement la vie quotidienne des citoyens. Et le contexte post-Snowden de ces négociations ne peut que faire craindre des résultats néfastes pour les européens, alors que les États-Unis sont visiblement en capacité d'espionner l'ensemble des communications des négociateurs.

ACTA a été rejeté à la suite de la mobilisation de milliers de citoyens exigeant la transparence et l'abandon de dispositions néfastes. TAFTA, CETA et les autres accords de commerce peuvent également être repris en main par les citoyens, démocratiquement. Il est indispensable de ne pas relâcher la pression sur les institutions européennes, le gouvernement français et les négociateurs.

Pour plus d'informations sur les positionnements et les documents de TAFTA voir : https://www.laquadrature.net/fr/TAFTA

STOP TAFTA, CETA & TiSA !

Samedi 11 octobre, des dizaines de milliers de citoyen.ne.s se mobiliseront pour dénoncer les accords de libre-échange négociés par l'Union Européenne au profit des multinationales et au détriment des droits des populations et de l'environnement. À l'appel de nombreux mouvements sociaux, paysans, d'associations environnementales, de collectifs citoyens, de syndicats et de partis politiques, le 11 octobre sera une journée européenne d'action contre le TAFTA*, le CETA* et le TiSA* mais aussi contre les gaz et pétrole de schiste à l’occasion de la troisième édition du « Global Frackdown ».

Plus de 350 actions, dont 60 en France, sont prévues dans 20 pays d'Europe : débats publics, déambulations festives, pétitions, Manif'actions, rassemblements populaires, flashmobs, concert de casseroles et chaînes humaines, de Brest à la Réunion.

Pour voir la carte de ces actions, cliquez sur : https://www.collectifstoptafta.org/11-octobre-stop-tafta-ceta-tisa/

Des actions se tiendront également dans presque toutes les capitales européennes, de Bucarest à Madrid, Athènes, Berlin, Londres ou Helsinki. Une Manif'action est prévue à Paris. Le rendez-vous est fixé à 14h30, place Stalingrad. Avant le départ, les participants réaliseront une fresque humaine « Stop TAFTA ». Nous marcherons ensuite jusqu'à la place de la République où nous arriverons en même temps que la manifestation « NON au salon pro-nucléaire ». Nos manifestations se retrouveront derrière un slogan commun « TAFTA CETA TiSA, gaz et pétrole de schiste, nucléaire - Contre les multinationales et leur monde ».

Pour en savoir plus : https://www.collectifstoptafta.org/11-octobre-stop-tafta-ceta-tisa/
Appel européen : http://www.stop-ttip-ceta-tisa.eu/fr/reclamons-la-democratie-2/
Lien vers les organisations signataires : http://www.stop-ttip-ceta-tisa.eu/fr/supporting-groups-2/

Contact pour plus d'informations sur les actions ailleurs en Europe : Lucile Falgueyrac, lucile.aitec@reseau-ipam.org, 0671305145, AITEC

TAFTA, CETA, TiSA ?

Ces sigles désignent des accords de libre-échange et d’investissement négociés dans le plus grand secret. S’ils sont adoptés, ils consacreront la domination des multinationales sur nos sociétés, au détriment des citoyen.ne.s et de la démocratie.

Sous couvert d’une hypothétique relance de la croissance, ces accords s’attaquent aux normes sociales, financières, sanitaires, culturelles et environnementales. Si elles s’estiment lésées, les multinationales pourront poursuivre les États devant des tribunaux privés d’arbitrage, hors de tout contrôle démocratique.

Ces accords menacent de mettre en péril ce qui rend nos sociétés encore vivables.

Le 11 octobre, mobilisons-nous pour faire échouer ces négociations ! Des actions sont prévues partout en France et à travers l’Europe.
Et n’oubliez pas de vous déclarer Hors-TAFTA !