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Appel à la non prorogation de l'état d'urgence : lettre au Président de la République

mercredi 24 mai 2017 à 17:32

Paris, 24 mai 2017 — À l'issue du conseil de Défense tenu ce mercredi matin, le Président de la République a annoncé qu'il demanderait au Parlement la prolongation de l'état d'urgence jusqu'au 1er novembre 2017, ainsi que la discussion d'une nouvelle loi pour lutter contre le terrorisme.

La veille de cette réunion, nous, associations de défense des droits, avocats et universitaires, avions envoyé un courrier au Président de la République lui demandant d'avoir le courage de ne pas renouveler une fois encore l'état d'urgence, déclaré inopérant dans la lutte antiterroriste par les missions de contrôles parlementaires qui ont eu à en connaître ces derniers mois.

Nous regrettons que le Président de la République et son gouvernement aient annoncé, aussi rapidement et sans concertation avec les acteurs de la société civile qui travaillent sur le sujet, leur volonté de renouvellement de l'état d'urgence.

Leur engagement à évaluer les politiques publiques trouvait pourtant sur le sujet de l'état d'urgence un motif impérieux d'être mis en pratique immédiatement : qu'en est-il de l'évaluation de l'efficacité et de la constitutionnalité du mille-feuilles juridique sécuritaire mis en place ces 5 dernières années au fil des différentes loi antiterroriste (5 en 3 ans) ? Alors que de plus en plus souvent les mesures antiterroristes, ou liées à l'état d'urgence, sont appréhendées par les spécialistes comme relevant de la communication politique davantage que de la logique opérationnelle, quelle évaluation a été faite de leur impact sur l'état de droit, les libertés fondamentales ou la cohésion sociale ? De même, la réflexion sur une réorganisation des services de renseignement, telle qu'annoncée par le Président, au profit d'une meilleure lutte antiterroriste ne devrait-elle pas être menée à son terme avant toute proposition de nouvelle loi antiterroriste ou sécuritaire ?

Nous rendons ici public notre courrier au Président de la République qui reprend de façon synthétique la plupart des revendications que nous portons. De par nos expériences respectives, nos travaux, et le dialogue avec certaines institutions, nous avons acquis la conviction de l’inefficience de l’état d’urgence et de son caractère contre-productif.

Télécharger la lettre au Président de la République contre le renouvellement de l'état d'urgence

Monsieur le Président de la République,

Le Conseil de Défense et de Sécurité nationale que vous avez convoqué demain se réunira moins de deux jours après que le Royaume-Uni a été durement frappé par une action terroriste. Nous souhaitons d’abord exprimer notre solidarité à l’égard des victimes et de leurs proches. Ce drame ne vous dégage toutefois pas de la responsabilité que vous confie la Constitution de rétablir le fonctionnement régulier des institutions. L’état d’urgence ne favorise en rien la protection de nos concitoyens et empêche au contraire de concevoir une réponse de long terme à la menace du terrorisme international.

Nous, membres actifs de la société civile, assistons avec inquiétude à ce basculement normatif se diffusant durablement dans le droit en portant une atteinte insupportable aux libertés fondamentales, libertés pour la garantie desquelles nous nous battons et que nous ne voulons pas voir réduites sous la pression de la menace terroriste.

La menace qui pèse sur la France - comme sur d'autres pays d'Europe et du monde - reste et restera longtemps élevée. Plus de 18 mois après son déclenchement, face à une menace terroriste persistante et latente, les conditions juridiques de prorogation de l’état d’urgence - le péril imminent résultant d’atteintes graves à l’ordre public - ne sont pas réunies.

Nous pensons que la seule audition des services de renseignement ne vous suffira pas pour avoir une vision complète de la situation. L’appréciation objective de la situation actuelle commande d’entendre l’ensemble des acteurs (juristes spécialisés, universitaires, avocats spécialisés, associations qui accompagnent les personnes visées par les mesures, éducateurs, médiateurs…) qui vous éclaireront sur les effets toxiques de l’état d’urgence, pour certaines communautés comme pour l’ensemble de la société française, ainsi que sur l’efficacité de la lutte contre le terrorisme elle-même.

De par nos expériences respectives, nos travaux, et le dialogue avec les institutions, nous avons acquis la conviction de l’inefficience de l’état d’urgence et de son caractère contre-productif. Nous faisons ici écho aux bilans dressés par la commission des lois de l’Assemblée nationale chargée du contrôle parlementaire de l’état d’urgence et par des autorités indépendantes, comme le Défenseur des droits, la Commission nationale consultative des droits de l’Homme ou encore le Commissaire européen des droits de l’Homme.

La commission d’enquête parlementaire sur les moyens mis en œuvre dans la lutte contre le terrorisme a affirmé clairement que « s’il a été réel, cet effet déstabilisateur, lié à la surprise des opérations menées, semble s’être rapidement amenuisé ». En contournant la justice antiterroriste, en épuisant les forces de sécurité, l'état d'urgence s'avère même à long terme non seulement inefficace, mais aussi contre-productif.

Nous tenons par ailleurs à vous rappeler le coût, social, politique et institutionnel très élevé de l'état d'urgence qui autorise des mesures impliquant des atteintes graves aux libertés individuelles sans contrôle en amont du juge judiciaire et sans que le contrôle a posteriori du juge administratif permette de compenser cet absence de contrôle a priori. Un régime d'exception ne saurait durer si longtemps impunément pour la République et ses citoyens. Il tend à fragiliser la séparation et l’indépendance des pouvoirs, en particulier au prix d’une dé-judiciarisation s’installant durablement dans notre paysage juridique. Notre droit commun, déjà de plus en plus imprégné de dispositions dérogatoires aux principes fondamentaux de la Constitution, se retrouve de facto disqualifié par la longueur de l’état d’urgence, et cela nous inquiète pour l’avenir.

Monsieur le Président, vous avez plusieurs fois affirmé que vous souhaitiez réconcilier la France. Des vies ont été et sont encore bouleversées par des mesures disproportionnées et discriminatoires : assignations à résidence se prolongeant de manière indéfinie, fermeture prolongée et non motivée de certains lieux de culte, multiplication des contrôles au faciès stigmatisant les personnes de confession musulmane ou supposée telle, autant d’éléments dont l’efficacité dans la lutte contre le terrorisme n’a jamais été démontrée... Au fil des mois, nous avons documenté de nombreux abus commis contre des personnes en vertu des pouvoirs d’exception conférés par l’état d’urgence.
A cet égard, l’avis rendu le 18 mai 2017 par la Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme (CNCDH) sur la prévention de la radicalisation, confirme que les « signes de radicalisation », souvent faibles, donnent lieu à des mesures disproportionnées, aussi bien administratives que judiciaires, témoignant des effets contre-productifs des mesures prises. L’état d’urgence est un facteur de division interne de la société française, ne pas le renouveler serait une marque de courage et un pas en avant vers une réflexion sur la résolution à moyen et long terme de la menace terroriste dans une société multiple et apaisée.

Vous aurez noté que ni l'Allemagne ni la Belgique, également touchés par des attentats, n'ont eu recours à un régime juridique d'exception tel que l’état d’urgence. En revanche, la France s’illustre négativement, en étant l’un des seuls pays du Conseil de l’Europe qui dérogent, avec l’Ukraine et la Turquie, à l’application de la Convention européenne des droits de l’Homme.

Nous rejoignons enfin la déclaration de Monsieur le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb faite le 19 mai 2017, selon laquelle « à un moment donné, il faudra sortir de l’état d’urgence ». Nous pensons que ce moment est venu.

Nous invitons donc le gouvernement à ne pas soumettre au Parlement de projet de loi pour proroger une sixième fois l’état d’urgence.
Nous nous tenons à votre disposition pour nous entretenir de ce sujet avec vous, ou avec vos proches collaborateurs.

Veuillez agréer, Monsieur le Président, notre très haute considération

Organisations signataires :

Avocats signataires :

Copies :

Télécharger la lettre au Président de la République contre le renouvellement de l'état d'urgence

Lettre ouverte aux institutions européennes : WIFI4EU doit promouvoir la diversité, le local et les droits humains

lundi 22 mai 2017 à 16:44

Paris, le 22 mai 2017 — Alors que le Conseil de l'Union européenne et la Commission européenne entrent dans la phase obscure des trilogues pour le projet de réglement WIFI4EU, les réseaux associatifs européens ainsi que la communauté du wifi-ouvert veulent leur rappeler l'importance d'inclure tous les acteurs dans le développement de la connectivité locale.

Sujet : WIFI4EU — l'Union européenne doit promouvoir la diversité dans le secteur des télécommunications et résister à la marchandisation des réseaux financés par de l'argent public

Monsieur, Madame,

Les délégations des membres du Parlement européen sont en train de terminer les négociations pour le projet de règlement WIFI4EU. Ce règlement autorisera les collectivités locales à ouvrir des points d'accès WIFI afin de développer l'accès à Internet, particulièrement dans les communautés mal couvertes.

WIFI4EU est une initiative annoncée l'année passée par le président Juncker dans le discours sur l'état de l'Union prononcé à Strasbourg. Afin de tenir sa promesse « d'équiper chaque village européen et chaque ville d'un accès sans fil à Internet autour des centres de vie publique d'ici 2020 », l'UE va débloquer 120 millions d'euros entre 2017 et 2019 afin de déployer des points d'accès WIFI dans 6000 à 8000 collectivités locales.

Mais alors que les trilogues se terminent, il y a un grand risque de voir cette louable initiative rater l'opportunité de promouvoir la diversité dans le domaine des télécommunications et de promouvoir les droits humains. Les négociations récentes démontrent que les gouvernements des États membres veulent garder les petits fournisseurs d'accès à Internet locaux hors du champ, en favorisant les opérateurs et corporations historiques et en leur laissant le droit d'espionner les communications des utilisateurs.

Pour surmonter ces risques, nous appelons le Conseil de l'UE et la Commission européenne à soutenir la proposition constructive du Parlement européen, et demandons que les termes restent suffisamment fermes pour garantir l'intérêt public dans les politiques de télécommunication.

Faire de la place pour les PME et les coopératives à but non lucratif

Dans le considérant 4 du règlement, le Parlement européen insiste sur l'engagement d'organisations telles que « les coopératives sans but lucratif » et « les centres communautaires » en tant qu'entités pouvant offrir un accès à Internet sans fil. Dans la même veine, au considérant 9b, le Parlement européen souhaite promouvoir les PME locales et les acteurs sans but lucratif comme les bénéficiaires clés pour la fourniture et l'installation d’équipements 1. Une telle formulation garantit que les acteurs locaux et de petite taille — y compris des PME et de nombreux réseaux communautaires à but non lucratif — seront éligibles aux fonds WIFI4EU. En dirigeant ces fonds vers ces acteurs de petite taille mais compétents, WIFI4EU promouvrait l'emploi local ainsi que la diffusion des compétences techniques et de la diversité dans le secteur des télécommunications, au lieu de favoriser les acteurs déjà dominants de l'industrie. Il est déjà pour le moins choquant de constater que de nombreux réseaux communautaires sans but lucratif gèrent le type de réseaux sans fils ouverts dont WIFI4EU fait la promotion, sans ou avec peu de soutien public. En dirigeant ces fonds européens vers ces acteurs quand cela est possible, WIFI4EU a la possibilité de les aider à grandir et à étendre leurs activités au niveau local. Malheureusement, le Conseil européen essaye de retirer ces con sidérants en prétextant qu'ils ne reposent sur aucune base légale, ouvrant ainsi la voie aux acteurs dominants pour qu'ils ramassent l'essentiel des subsides de WIFI4EU.


Considérant 4

Protéger le droit à la vie privée en renonçant à l'authentification préalable

Au considérant 2, le Parlement européen et le Conseil de l'Union européenne promeuvent tous deux un système d'authentification unique qui pourrait être utilisé à travers toute l'UE. Cette solution qui favorise un système d'authentification pour réglementer l'accès aux réseaux « ouverts » ne s'appuie sur aucun raisonnement substantiel, et va à l'encontre des droits humains. Nous comprenons le but des législateurs de rendre l'accès à ces réseaux publics aussi facile que possible pour les gens voyageant à travers l'UE, mais la manière la plus simple d'arriver à cela, c'est de garantir que ces réseaux soient en effet des réseaux ouverts sans authentification. Si l'objectif du système d'authentification est d'empêcher les activités illégales, il faut rappeler aux législateurs que l'Avocat Général de la CJUE a récemment expliqué dans l'affaire C‑484/14 (McFadden) qu'imposer aux opérateurs de réseaux sans fil une obligation « d'identifier les utilisateurs et de conserver leurs données » serait « clairement disproportionnée » car elle ne serait pas en elle-même efficace (…) à empêcher des violations particulières ». Dans sa décision, la Cour a convenu qu'une telle obligation ne devrait être seulement imposée qu'après qu'un opérateur WIFI aura reçu une injonction ciblée spécifique à le faire. Pour minimiser le risque d'atteinte à la vie privée associé à la rétention de données et favoriser la facilité d'utilisation, WIFI4EU ne devrait pas promouvoir les systèmes d'authentification dans ce qui est censé être des points d'accès ouverts et gratuits.


Considérant 2

Garder la publicité et la surveillance commerciale hors des réseaux sans fils publics

WIFI4EU ne doit pas transformer en valeur marchande les services financés par de l'argent public en autorisant des modèles publicitaires rendus possible par la surveillance commerciale. Malheureusement, le Conseil essaie de saper la protection proposée par le Parlement dans le considérant 2 qui exclu l'utilisation des données de trafic pour des raisons publicitaires ou d'autres utilisations commerciales. Le Parlement et le Conseil doivent garder la version du Parlement afin d'être entièrement alignés avec le cadre de protection des données personnelles ainsi que la Charte des Droits Fondamentaux de l'Union européenne. De plus, l'utilisation commerciale de données ne peut se justifier dans le cadre de services publics, particulièrement si ces services sont financés par de l'argent public.

Offrir un accès gratuit, ouvert et neutre à ceux qui en ont le plus besoin

La première priorité de WIFI4EU est de mettre en place un réseau d'accès sans fil ouvert et gratuit qui développera un accès à Internet dans les localités non ou mal desservies. La proposition du Conseil d'effacer l'objectif législatif de « ne pas laisser les localités éloignées et les zones rurales à la traîne » et de faire de ces réseaux financés par de l'argent public « exempts de charges et exempt de restrictions » est dangereuse. Elle suggère que les réseaux de WIFI4EU pourraient ne pas être gratuits, ni ouverts ni même respecter la neutralité du Net, principe gravé dans la réglementation européenne lors de la première régulation sur les télécommunications. La formulation du Parlement européen doit être confirmée.


Considérant 4a


Considérant 2§2c

Nous comptons sur vous afin d'assurer que les propositions du Parlement européen, qui servent l'intérêt général ainsi que les objectifs spécifiques de l'UE concernant la législation sur la bande passante, soient conservées dans la version finale du texte.


Consulter le document entier ici (pdf)

Signataires :

  • Aquilenet (France)
  • BlueLink Civic Action Network (Bulgarie)
  • CAFAI (France)
  • Colectivo Helianto (Navarre)
  • Common Grounds (Allemagne)
  • Chaos Computer Club Lëtzebuerg (Luxembourg)
  • exo.cat (Espagne)
  • FDN (France)
  • FFDN (France)
  • Frënn vun der Ënn (Luxembourg)
  • Guifi Foundation (Espagne)
  • IGWAN.NET (France)
  • Ilico (France)
  • La Quadrature du Net (France)
  • LibreMesh (Global)
  • wlan slovenija, open wireless network (Slovenie)
  • netCommons (EU)
  • NetHood (Suisse)
  • Open Technologies Alliance - GFOSS (Grèce)
  • Progetto Neco (Italie)
  • Sarantaporo.gr Non Profit Organization (Grèce)
  • SCANI (France)
  • Tetaneutral.net (France)
  • Viviers Fibre (France)
  • Wireless België (Belgique)
  • Xnet (Espagne)
  • WirelessPT.net (Portugal)

Présidentielles 2017 : changer de méthode pour changer de cap

jeudi 20 avril 2017 à 17:47

Paris, 21 avril 2017 — La campagne électorale française donne peu de satisfaction depuis des mois. Entre affaires, discours sécuritaire et coups bas, la politique au sens noble du terme a peu de place, les propositions positives sont quasiment absentes. Dans sa volonté d'action positive et de long terme, La Quadrature du Net s'associe avec d'autres organisations couvrant une large part du champ social pour remettre au coeur du débat public les idées de transformation sociale et politique que nous portons depuis des années. Avec Aides, Greenpeace, la Cimade et la Ligue des droits de l'Homme, nous refusons la résignation actuelle et redisons avec force qu'il faut avancer vers l'universalité, l'effectivité et l'égalité des droits, la dignité des personnes et la solidarité.

Logo Virage Citoyen />

Cette campagne est décidément bien étrange. C’est la confirmation, s’il en fallait encore une, qu’un changement radical de méthode et de cap est nécessaire. Voilà maintenant plusieurs mois que la surenchère sécuritaire et les « affaires » polluent l’espace public. Ce climat délétère empêche l’émergence de tout débat de fond sur des sujets pourtant vitaux pour notre avenir commun. Bref disons-le clairement : cette campagne électorale n’est pas à la hauteur. Elle ne répond pas aux grands défis actuels, elle ne s’attaque pas aux racines des problèmes qui minent notre société et elle ouvre un boulevard toujours plus large aux forces populistes et rétrogrades.

Pour nous, acteurs-trices du changement et de la transformation sociale, la résignation n’est pas une option. Convaincus-es qu’un sursaut citoyen pourra nous sortir de l’impasse, nous parlons aujourd’hui d’une seule voix pour réaffirmer les valeurs qui nous lient et proposer une autre vision du monde. Il est temps de reconstruire ensemble un idéal commun et de faire prendre à notre société un nouveau virage. Un virage vers le progrès social. Vers une société où tous et toutes ont les mêmes droits, des droits effectifs qui reposent sur la solidarité. Un virage résolument citoyen.

Chaque jour sur le terrain nos organisations agissent en se confrontant au réel. Nous mobilisons des milliers de personnes pour défendre pied à pied notre bien commun le plus élémentaire : les droits fondamentaux. Le droit de chacun-e à vivre dignement, à être soigné-e correctement, à se déplacer, s’informer et s’exprimer librement, à être reconnu-e socialement, à vivre dans un environnement sain et à bénéficier du respect total de sa vie privée. Ensemble, nous défendons la solidarité, ici et ailleurs, aujourd’hui et demain. Nous agissons avec les personnes en situation de pauvreté, confrontées à la maladie, discriminées, menacées par les multiples risques sanitaires et écologiques.

Nous savons à quel point ces défis sont immenses et nous voulons peser en imposant la légitimité de ces sujets. Nous n’acceptons pas que le débat public soit pollué par celles et ceux qui proposent pour seul programme le repli identitaire et l’exclusion des plus vulnérables.

Il est temps que notre société apporte des solutions conformes au bien commun et à un avenir partagé, seul moyen de répondre aux enjeux considérables que sont la lutte contre la pauvreté et les inégalités, la transparence et l’exemplarité de la vie politique, la transition écologique, l’accès inconditionnel à la santé et à un logement décent, le devoir d’hospitalité, le respect des droits fondamentaux dans la transformation numérique, la promotion de la justice sociale et environnementale, la sécurisation des libertés publiques dans le contexte de risque terroriste.

Ces sujets méritent davantage qu’un addendum en fin de programme. Ils doivent être au cœur du débat. Mieux, les réponses politiques qu’ils exigent doivent se construire collectivement et s’appuyer sur l’expertise des citoyens-nes, des personnes concernées, des organisations et de la société civile.

Le monde associatif et militant, les millions de citoyens-nes qui agissent au quotidien montrent partout qu’une autre voie est possible.

Nous savons qu’il faudra du temps pour changer durablement de cap. Nous savons que le sursaut citoyen que nous appelons de nos vœux ne se produira pas en un claquement de doigts. Mais il n’est plus temps d’attendre Nous sommes prêts, ensemble, plus déterminés que jamais. Pour citer Elizabeth Plum, activiste américaine et opposante féroce à la politique de Donald Trump : « notre lutte ne sera pas un sprint, mais un marathon. ».

Les propositions de nos associations sur le site viragecitoyen.org

AIDES est une association française de lutte contre le VIH/sida et les hépatites, qui, dans une approche globale en santé, entend transformer la société toute entière. AIDES s’attaque à tous les facteurs de vulnérabilité qui entravent l’accès aux soins et à la prévention tels que les discriminations, la précarité sociale, financière et affective, les politiques répressives, les inégalités de santé et d’accès aux droits, les stigmatisations, etc. En luttant pour les droits des personnes vivant avec le VIH ou une hépatite et de toutes les populations les plus exposées au risque de contamination, en bousculant les représentations, en faisant évoluer le contexte politique, social, thérapeutique, AIDES milite pour une société plus égalitaire, plus juste, plus protectrice, plus inclusive et plus émancipatrice.

Greenpeace est une organisation internationale qui agit selon les principes de non-violence pour protéger l’environnement, la biodiversité et promouvoir la paix. Elle s’appuie sur un mouvement de citoyennes et citoyens engagé-e-s pour construire un monde durable et équitable. Nous sommes convaincus que chacun peut apporter sa pierre à l’édifice, qu’ensemble et avec nos alliés, nous pouvons changer un système qui repose trop souvent sur l’oppression, les inégalités et la cupidité d’un petit nombre. Nous voulons agir sur les causes des atteintes à l’environnement, des inégalités et des conflits.

La Cimade a pour but de manifester une solidarité active avec les personnes opprimées et exploitées. Elle défend la dignité et les droits des personnes réfugiées et migrantes.
La Cimade inscrit son engagement dans la perspective d’un monde plus juste. Forte d’une action de terrain auprès des personnes étrangères à toutes les étapes de leurs parcours (accueil dans des permanences sur l’ensemble du territoire, y compris Outre-mer, hébergement de demandeurs d’asile à Béziers et de réfugiés à Massy, présence dans huit centres de rétention administrative et 75 établissements pénitentiaires, défense des droits des personnes migrantes dans les pays d’origine, de transit et d’accueil avec des associations partenaires dans les pays du Sud), La Cimade intervient auprès des décideurs par des actions de plaidoyer, informe et sensibilise l’opinion publique sur les réalités migratoires et construit des propositions pour changer les politiques migratoires.

La Ligue des droits de l’Homme met au centre de ses actions la défense des libertés publiques, de la démocratie et de la capacité à faire société. Face à l’idée fausse que sécurité et liberté ne peuvent plus aller ensemble, elle s’oppose à un État d’urgence perpétuellement prolongé .alors que notre pays dispose d’un vaste dispositif législatif pour lutter cotre le terrorisme. Elle est aussi conduite à devoir combattre le détournement de la laïcité en moyen d’exclusion dirigé, en particulier, contre l’islam Notre société a au contraire besoin que la laïcité assure la neutralité de l’État et des collectivités territoriales tout en protégeant la liberté de conscience et la liberté de manifester son appartenance religieuse dans la sphère publique (loi de 1905). Contre toutes les constructions d’exclusions qui passent par des affirmations prétendument identitaires, il s’agit de mettre en pratique les valeurs permettant de « faire société ».

La Quadrature du Net défend les droits et libertés à l’ère du numérique. Elle promeut une législation et des politiques numériques fidèles aux valeurs qui ont présidé au développement d’Internet, notamment sur les questions de liberté d’expression, de respect de la vie privée, de droit d’auteur et de régulation du secteur des télécommunications. La Quadrature du Net agit en défense des droits fondamentaux contre la censure, la surveillance, les atteintes à la vie privée, le non-respect de la neutralité du Net, et en défense des Communs.

Youtube : invisibilisation au profit de la publicité

mercredi 5 avril 2017 à 14:51

La Quadrature du Net publie ici une tribune de Okhin.

Paris, 5 avril 2017 — Les plateformes de vidéos en ligne (Youtube et Facebook en tête) supplantent maintenant la télévision en nombre d'audiences, rendant ces médias extrêmement importants dans la représentation de la société qu'ils fournissent. Elles constituent un espace public d'expression, régi par des sociétés privées, et permettant à de nombreuses personnes, cultures, sous-cultures, groupes sociaux d'exister, d'échanger et d'être vus. Il existe bien entendu des initiatives et des alternatives libres, mais aucune d'entre elles ne peut prétendre à atteindre le niveau de présence de ces plateformes.

La représentativité des minorités dans les médias de divertissements de masse (télé, séries, films, jeux vidéos, etc …) est — au mieux —  problématique. Internet permettant à toute personne y ayant accès de créer et d’accéder à du contenu permet d'attaquer ce problème, en facilitant la prise de parole, le partage d'expérience et de connaissance, et c'est une des principales raisons du succès des plateformes de médias et de contenus créés par les utilisateurs.

YouTube, Facebook et les autres plateformes numériques massives sont donc devenues essentielles pour la représentation des minorités dans l'espace public, devenant de fait un élément majeur pour la visibilité de ces personnes, de leurs luttes, de leurs discussions, ou simplement comme moyen de lutte contre l'isolement, de confrontation de points de vue et de situations ou d'entraide.

Mi-mars, Youtube (propriété de Google-Alphabet) a mis à jour son mode restreint, optionnel, qui a pour but de « filtrer les contenus susceptibles de choquer et que vous ne souhaitez pas voir vous-même, ou que vous ne voulez pas que vos proches voient lorsqu'ils sont sur YouTube ».

YouTube présente ce mode comme un contrôle parental, sur lequel les parents n'ont pas leur mot à dire et abandonnent à YouTube le choix de décider ce que leurs enfants peuvent voir ; ou pour une utilisation sur des postes en consultation publique, comme dans les bibliothèques ou les écoles. Le but étant de garantir que personne n'utilisant ces postes ne tombe sur du contenu qui pourrait potentiellement les choquer.

La conséquence la plus visible de cette mise à jour fut de rendre inaccessible aux personnes utilisant ce mode restreint la plupart des contenus produit par des auteur⋅rice⋅s LGBT, ou parlant de problématiques LGBT, même de manière distante — il suffit par exemple qu'il y ait « gay » dans le titre d'une vidéo de chat. Cette mise à jour a généré une forte colère au sein de cette communauté, forçant YouTube à s'excuser dans un communiqué, puis à finalement admettre que leur filtrage ne fonctionne pas.

Dans un communiqué envoyé à la presse spécialisée, YouTube a précisé, que les sujets pouvant amener à une classification restreinte du contenu incluent la santé, la politique ou la sexualité. Cette définition permet, de facto, à YouTube de cibler quasiment n'importe quel contenu, et de le marquer comme restreint. Dans ce même communiqué, YouTube ajoute que les signalements par leur communauté, mais aussi le fait qu'une personne ait déjà mis en ligne du contenu restreint, étaient également des critères permettant de cibler le contenu. Plus on est ciblé par le mode restreint, plus on a de chances de l'être de nouveau.

Cette régulation d'un espace public par des intérêts privés doit être comprise non via le prisme de la morale, mais bien via celui du modèle économique de ces plateformes. Plateformes, dont le but n'est ni d'afficher le contenu demandé par l'utilisateur, ni de permettre aux créateurs de mettre en ligne leur contenu, mais bien d'afficher la bonne publicité, à côté du bon contenu, en face de la bonne personne, afin de satisfaire aux exigences de leurs clients publicitaires. Havas et Procter & Gamble ont récemment menacé de cesser tous leurs partenariats avec Google face à l'incapacité de celui-ci de correctement cataloguer et étiqueter son contenu. Ces entreprises veulent pouvoir garantir à leurs clients qu'aucune publicité ne sera mise à côté d'un contenu pouvant porter atteinte à leur marque1.

Cette problématique est aussi vieille que l'existence de la publicité sur Internet. La publicité par pop-up a été créée dans ce but dans les années 1990 (et il a fallu presque 10 ans pour endiguer ce fléau). À l'époque, la plainte des afficheurs de publicité était qu'ils ne voulaient pas que leur publicité, et donc leur marque, soit associées à des choses qu'ils réprouvent — l'exemple de la pornographie était largement cité à l'époque.

Au delà du simple cas de YouTube, il faut rappeler qu'il ne s'agit malheureusement que d'un cas très médiatisé parmi de nombreuses autres atteintes à la liberté d'expression au profit des afficheurs publicitaires. La nudité féminine est bannie de différents réseaux sociaux ou des plateformes logicielles privatives par exemple. Ce qui a touché récemment les personnes et communautés queer, pourrait parfaitement toucher prochainement les vidéos défendant des idées politiques — qu'il s'agisse de candidat⋅e⋅s aux élections ou de simple militants et potentiellement n'importe quelle personne tenant des propos ne plaisant pas à un afficheur de publicité.

Le scandale du mode restreint de YouTube tel qu'il a éclaté il y a quelques jours, ressemble donc bien à une réaction de cette entreprise face aux menaces de ses clients. Il s'agit d'une tentative de créer un espace public entièrement dédié à la présentation de message publicitaire, dépouillé de contenu pouvant potentiellement déplaire à une marque, réalisant le rêve de Patrick Le Lay de maximiser la profitabilité du « temps de cerveau disponible ».

Car si la pression des annonceurs amène YouTube à se plier à leurs exigences, le mode restreint sera probablement activé par défaut. Si ce mode restreint restait optionnel mais qu'il était activé par les lycées et collèges, comment serait-il alors possible d'effectuer des recherches en ligne si ces plateformes ne fournissent aucun contenu pouvant potentiellement être politisé ? Ou parlant de sexualité ? Comment permettre l'accès — déjà compliqué — à une information sur l'IVG si celle-ci n'est plus disponible ?

Des tentatives de médias décentralisés, dont le modèle économique ne dépend pas du placement publicitaire, existent déjà, mais sans arriver à contester l'oligopole que forment ces plateformes centralisatrices. Or, l'une des forces d'Internet réside dans sa décentralisation, la possibilité offerte à quiconque de mettre en ligne son contenu. Mais la mise en silo et la concentration de ce contenu par quelques entreprises privées, contrôlant désormais toute la chaîne de la production à la diffusion en passant par l'éventuelle gestion des revenus, pose la question du respect des droits de communautés perçues comme une menace pour leur modèle économique.

Il devient de plus en plus critique, si l'on veut vivre dans une société offrant une diversité d'opinions, de culture, d'idées, nécessaire à une démocratie inclusive de toutes et de tous, de réduire notre dépendance à ces plateformes. Le rêve d'un Internet neutre, libre et décentralisé est toujours vivace et de nombreux collectifs y travaillent (de Framasoft à Yunohost en passant par riseup.net ou à une grande partie des hackerspaces) mais de nombreux efforts restent à faire. L'accessibilité de ces outils, leur utilisation pour et par tous et toutes nécessite plus que de simplement ouvrir le code. Si l'on veut réellement sortir ces outils de nos « garages », l'effort initié par ces collectifs doit s'étendre activement vers les milieux militants.

État d'urgence : lettre à Bernard Cazeneuve pour une transparence des données

vendredi 31 mars 2017 à 15:02

Paris, 31 mars 2017 — L'état d'urgence est instauré en France depuis le 14 novembre 2015, soit 503 jours. Mais ses effets ne sont pas connus du public, notamment parce que les promesses de transparence qui avaient été faites il y a un an et demi n'ont pas été respectées. Le Parlement a certes effectué un suivi statistique mais bien trop faible pour être utilisable concrètement. Plusieurs associations et organisations de défense des droits humains demandent donc aujourd'hui à Bernard Cazeneuve et au gouvernement français de publier une série de statistiques et de chiffres précis, afin de pouvoir mesurer l'impact de l'état d'urgence sur la société française. L'exercice des droits fondamentaux passe par un contrôle effectif des mesures de restriction des libertés. Puisque le gouvernement lui-même n'a pas été transparent depuis le 14 novembre sur ses actions, il est temps de demander publiquement l'ouverture des données de l'état d'urgence.

Monsieur le Premier ministre,

Peu après la proclamation de l’état d’urgence par le décret n°2015-1475 du 14 novembre 2015, le Gouvernement et le Parlement ont, de concert, fortement insisté sur les efforts de transparence nécessaire pour rendre compte des mesures prises au titre de la loi du 3 avril 1955 relative à l’état d’urgence.

À cet égard, le rapport n°3784 de la commission des lois de l’Assemblée nationale en date du 25 mai 2016 insiste sur le fait que « le contrôle parlementaire s’est vite imposé comme un élément de la légitimité de cette période d’exception », avec pour objectif de « mettre à la disposition de chacun des données complètes qui permettent de saisir l’état d’urgence et de substituer une évaluation aussi complète que possible aux angoisses et aux fantasmes ».

Dans cette perspective, la loi du 20 novembre 2015 a institué, à l’initiative de M. Jean-Jacques Urvoas, à l’époque président de la commission des lois de l’Assemblé nationale, un dispositif de contrôle et d’évaluation parlementaire des mesures relevant de l’état d’urgence.

Le site de l'Assemblée nationale précise qu'une « veille continue [...] pour un contrôle effectif et permanent de la mise en œuvre de l’état d’urgence » doit s'appuyer sur « des indicateurs actualisés chaque semaine pour recenser les mesures exceptionnelles permises par l’état d’urgence telles que, par exemple, les assignations à résidence, perquisitions, remises d’armes, interdictions de circuler, dissolutions d’associations, fermetures d’établissement ou interdictions de sites internet. Les suites administratives et judiciaires de ces mesures ainsi que les recours formés à leur encontre seront également recensés. »

Il s’avère que les données publiées dans ce cadre sont lacunaires et/ou insuffisamment précises pour atteindre l’objectif affiché de permettre un contrôle objectif des effets de l’état d’urgence et assurer un possible contrôle par la société civile. Nous notons que les suites données, sur le plan judiciaire ou contentieux, aux actions conduites dans le cadre de l’état d’urgence sont très peu explicitées. Il en va ainsi en particulier du fondement des poursuites, du sort judiciaire réservé aux intéressés en termes de statut procédural, de mesures de contrainte ou des condamnations prononcées.

Or, comme le rappelait le rapport annuel de la Commission des lois présenté en décembre 2016 par les deux rapporteurs, messieurs les députés Raimbourg et Poisson : « publié sur le site internet de l’Assemblée nationale, le recensement statistique des mesures administratives et des suites judiciaires auxquelles elles donnent lieu est encore aujourd’hui le seul pôle de diffusion régulière de données accessible au public. »

Nous déplorons donc la granularité insuffisante (dans le temps et dans l’espace) des chiffres communiqués, dans un format non conforme aux standards des données ouvertes, ne correspondant pas à l’ambition initiale formulée par la Commission des Lois de l’Assemblée Nationale. Ne sont
notamment par rendues publiques les données pour chaque type de mesures par département, voire par commune, alors même que les différents rapports « Raimbourg-Poisson » du contrôle parlementaire contiennent des cartes détaillant géographiquement les mesures (par exemple les
contrôles d’identité sur réquisition du préfet).

Par ailleurs, les données disponibles ne sont pas agrégées dans un document unique qui réunirait l'ensemble des données à disposition du public sur la totalité d'application de l'état d'urgence depuis novembre 2015. Les associations signataires rappellent que la France a accueilli en décembre 2016 le sommet mondial du Partenariat pour un gouvernement ouvert (Open Government Partnership). À cette occasion, le Président de la République a souligné que « l’ouverture des données publiques est devenue un principe, elle concerne tous les secteurs de l’action gouvernementale. » En la matière, qu’il s’agisse d’évaluer, d’analyser, de comprendre ou – c’est aussi le rôle de la société civile - de
demander des comptes, la mise à disposition des données concernant l'état d'urgence nous semble indispensable.

Enfin, les associations signataires rappellent ici qu’aux termes des dispositions de l’article 10 de la Convention européenne des droits de l’homme (CEDH), une obligation positive pèse sur les autorités internes de collecte et de diffusion d’informations lorsque l’accès à l’information est déterminant pour l’exercice du droit à la liberté d’expression, en particulier la liberté de recevoir et de communiquer des informations. Dans le cas présent, les droits en jeu sont primordiaux du point de vue de la CEDH. La démarche d’information dans la perspective de laquelle la présente demande est effectuée concerne d’évidence un sujet d’intérêt public légitime, ainsi qu’il résulte des termes mêmes des déclarations gouvernementales et parlementaires concernant la transparence devant entourer la mise en œuvre de l’état d’urgence. En conséquence, le refus de faire droit à leur demande entraverait leur contribution à un débat public sur une question d’intérêt général, et constituerait une ingérence injustifiée au droit qu’elles tiennent de l’article 10 de la CEDH.

Les associations vous demandent donc de leur communiquer, dans les plus brefs délais et sous un format clair et réutilisable, les données statistiques complètes (couvrant la période 2015-2017) telles que précisées en annexe à ce courrier. Il est du devoir du gouvernement de terminer son mandat en laissant au peuple un bilan précis et chiffré de la mise en œuvre de l'état d'urgence, afin que puisse s'exercer le contrôle démocratique effectif et éclairé ambitionné par les pouvoirs publics français.

Convaincus que vous mesurerez pleinement l’importance de notre démarche au regard du fonctionnement démocratique de nos institutions, nous vous prions, Monsieur le Premier ministre, d’agréer l’expression notre haute considération.

Lettre à Bernard Cazeneuve, contenant la liste précise des données dont nous demandons la publication

Organisations signataires :