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La Quadrature du Net

source: La Quadrature du Net

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Règlement terroriste : derniers jours pour s’opposer à la censure d’Internet

mercredi 3 avril 2019 à 12:21

Lundi 8 avril, le projet de règlement sur la censure antiterroriste sera voté en commission LIBE au Parlement européen. Après déjà plusieurs reports du vote, les députés, toujours sous la pression de la Commission européenne et de certains États membres, devraient cette fois adopter ce texte. Il ne reste donc que quelques jours pour les appeler et leur demander de le rejeter.

Présenté en septembre dernier par la Commission européenne, et soutenu de manière intensive par les gouvernements français et allemand, ce texte a parcouru les étapes de la procédure législative européenne à un rythme extrêmement rapide, si ce n’est expéditif : présenté en septembre par la Commission européenne, adopté par le Conseil de l’Union européenne début décembre, il est aujourd’hui dans les mains de la Commission LIBE (pour Libertés civiles) au Parlement européen, après la publication des rapports (décevants) des commissions saisis pour avis.

Un nouveau texte pour la censure automatisée

Prétendant lutter contre la « diffusion des contenus à caractère terroriste en ligne », le texte cherche à soumettre l’ensemble des acteurs de l’Internet à des obligations aussi strictes qu’absurdes. Ainsi, le règlement veut permettre à l’autorité de n’importe quel État membre de l’Union européenne (que ce soit la police ou une juridiction) de forcer un hébergeur à retirer en une heure un contenu que cette autorité aura considéré comme terroriste. Par ailleurs, le texte encourage et permet d’imposer la mise en place de mesures proactives pour lutter contre la diffusion de ces contenus, y compris des outils de filtrage automatique. Le tout sous la menace de lourdes sanctions financières.

Pour une présentation plus complète du texte, nous avons créé une page dédiée sur notre site.

Outre nos articles et appels répétés à contacter les députés sur ce texte, de nombreuses organisations et associations ont régulièrement essayé d’alerter les gouvernements sur les dangers de ce règlement (voir encore ce matin la lettre publiée par des « personnalités » de l’Internet). Cela a également été le cas (de manière plus ou moins mesurée) pour certaines institutions internationales, dont trois rapporteurs du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme, le Contrôleur européen de la protection des données, ou encore l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne. En vain.

Quelques jours à peine après l’adoption de la directive sur le droit d’auteur, qui est venue institutionnaliser le filtrage automatique pour une partie d’Internet, le Parlement européen est sur le point d’adopter (pour l’instant au niveau d’une commission) un nouveau texte liberticide, cette fois-ci à l’encontre de l’ensemble d’Internet. Cet objectif d’étendre les outils de filtrage automatisé développés par Google et Facebook à tous les acteurs n’est ici d’ailleurs pas dissimulé et est au contraire clairement apparu dès les premières discussions du texte (voir notre analyse détaillée). L’actualité récente a pourtant encore démontré l’absurdité à vouloir rendre obligatoires les outils développés par les grandes plateformes : si même ces dernières n’ont pas réussi à retirer (comme elles s’en vantaient pourtant) les contenus signalés suite à l’attentat de Christchurch en une ou vingt-quatre heures, qu’en aurait-il été, en cas d’adoption de ce texte, pour les petits acteurs de l’Internet qui n’ont pas les moyens financiers et humains de Facebook et Google ? Et cela alors qu’une partie du problème pourrait justement venir de la structure et du rôle de ces grandes plateformes dans la diffusion massive de ces contenus.

Néanmoins, l’urgence avec laquelle est poussée ce texte empêche toute réflexion de fond.

Toujours plus de pression

En effet, malgré ces nombreuses alertes, la Commission européenne et certains gouvernements continuent de mettre une pression toute sauf démocratique sur les députés. Les gouvernements français et allemand ont ainsi envoyé une lettre aux députés il y a deux semaines en énonçant :

« Il nous semble impératif de tout faire pour chercher à aboutir sur ce projet de texte dans les quelques jours devant nous avant la clôture des travaux parlementaires de l’actuelle législature du Parlement européen ».

Pour la Commission européenne, c’est encore plus étonnant : alors que le vote était encore prévu le 1er avril en Commission LIBE, Julian King, le commissaire européen en charge du dossier, souhaitait le faire voter au Parlement deux jours plus tard, le 3 avril, pour commencer les trilogues dès le 4 avril…

Soulignons que les derniers compromis en discussion au sein de la Commission LIBE sont encore loin d’être satisfaisants. Si des efforts sont faits pour que l’autorité désignée soit une autorité indépendante (mais là encore, la notion d’indépendance dépend de l’interprétation de chaque État membre), le texte mentionne toujours l’obligation (impossible pour un très grand nombre d’acteurs) de retrait des contenus en une heure. Plus précisément, les autorités auraient l’obligation d’ « essayer de prendre contact » avec l’hébergeur douze heures avant l’ordre de retrait, ce qui ne change pas grand chose… Par ailleurs, si la Commission LIBE essaie de retirer aux autorités le pouvoir d’imposer des outils de filtrage automatique, ces derniers sont encore bien présents dans le texte. Il en fait même la promotion en les affichant comme des outils essentiels dans la lutte contre le terrorisme. De toute manière, comme nous le répétons depuis plusieurs mois, l’obligation de retrait d’un contenu en une ou treize heures, couplée avec la menace d’une sanction importante, poussera une grande partie des acteurs à adopter ces outils de filtrage automatique.

Il est donc plus que jamais essentiel de ne pas baisser les bras sur ce combat. Car, à lire les communiqués d’une des associations ayant le plus œuvré pour l’adoption de ce texte, si le sujet est aujourd’hui celui de la censure automatisée, le prochain est sans aucun doute celui du chiffrement de nos conversations.

Jusqu’au 8 avril, appelons nos députés. Demandons le rejet de ce texte.

[Mediapart] Droit d’auteur: l’Europe prend un virage risqué

mercredi 3 avril 2019 à 12:00

En adoptant la directive sur le droit d’auteur mardi à Strasbourg, les députés européens transfèrent aux entreprises du Web la responsabilité de s’assurer que les utilisateurs, en l’occurrence les internautes qui publient des « contenus», respectent la législation. La voie vers une censure privée que seuls les géants américains auront les moyens d’exercer, dénoncent les opposants au texte. […]

Le 21 mars, la Quadrature du Net avait une nouvelle fois appelé au rejet d’un texte qui « ne comporte aucun élément tangible qui améliorerait la situation des créateurs ». Ce mardi, l’association a déploré que l’UE ait cédé « au lobbying intense et fallacieux des industries de la presse et de la culture, ainsi qu’à la pression de plusieurs gouvernements européens (avec la France en première ligne) ». Opposée de longue date à un texte qui ne fera que « déléguer encore plus de pouvoir » aux grandes entreprises de l’Internet, la Quadrature souligne que celles-ci « voient sûrement avec plaisir l’ouverture d’un nouveau marché très porteur, celui des filtres automatiques. Déjà leaders sur ce sujet, les géants ne seront sûrement pas mécontents de le voir institutionnalisé et consacré par l’Union européenne ».

https://www.mediapart.fr/journal/international/260319/droit-d-auteur-l-europe-prend-un-virage-risque

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[20Minutes] Grand barouf numérique: On a vu le futur de la démocratie et il y a (peut-être) un peu d’espoir

mardi 2 avril 2019 à 14:00

Reportage. On a endossé le costume de député dans une session parlementaire du futur. […]

Voter sur les réseaux sociaux ? Mauvaise idée. Les futurs électeurs voteront-ils pour leur président de la République à l’aide de leurs outils numériques ? Benjamin Bayart, co-président de La Quadrature du Net et militant de la neutralité du net, a mis en garde les députés présents dans la salle. « Ne faites jamais passer un vote sérieux par un ordinateur, vous ne savez pas ce que fait le programme, a-t-il insisté. Le vote secret est une condition non-négociable à la démocratie, or on ne peut contrôler un vote sur ordinateur que si on sait qui a voté quoi ». Et que ferait un réseau social avec cette donnée entre ses mains ? […]

https://www.20minutes.fr/arts-stars/culture/2480767-20190325-grand-barouf-numerique-vu-futur-democratie-peut-etre-peu-espoir

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[LADN] J’ai joué à la députée, taxé Facebook et sauvé des ordinateurs au Grand barouf numérique

mardi 2 avril 2019 à 12:00

Au Grand barouf numérique à Lille, j’ai passé 10 heures dans la peau d’une députée. L’idée ? Imaginer le futur de la démocratie à l’ère digitale. Une expérience qui a remis en question mes pratiques numériques et ma certitude qu’il est trop compliqué de contourner Facebook, Google and cie. […]

Aucun représentant des Big tech n’est venu se défendre. Dommage. Un boulevard s’ouvre pour les défenseurs du web libre présents sur scène. Quelques phrases m’interpellent. « Les autorités sont schizophrènes, elles veulent protéger nos données et en même temps confèrent plus de pouvoirs aux GAFA en leur demandant de contrôler et sanctionner les propos haineux. Moi je ne veux pas qu’on leur donne plus de pouvoir, je veux qu’on leur en retire », martèle Benjamin Bayart, co-fondateur de la Quadrature du Net. […]

https://www.ladn.eu/tech-a-suivre/10-heures-depute-grand-barouf/

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[Marianne] Vente de billets SNCF sur Facebook : la fausse bonne idée ?

lundi 1 avril 2019 à 14:00

La SNCF a démarré ce mercredi 20 mars un partenariat avec Facebook. Objectif : permettre aux 35 millions de Français inscrits sur le réseau social de commander leurs billets directement sur la plateforme. Séduisante de facilité, l’initiative n’est pourtant pas sans poser quelques questions. […]

Mais si l’attrait business du partenariat n’est pas à démontrer, sa mise en place soulève néanmoins plusieurs questions de fond. A la Quadrature du net, association de préservation des libertés sur Internet, on s’interroge ainsi sur la pertinence de donner au réseau social une compétence, à dimension de service public, jusque-là assurée entièrement par la SNCF : « A cause de la prédominance des grosses plateformes, même les services publics se sentent obligés de proposer leurs services par leur intermédiaire« , regrette Alexis Fitzjean Ó Cobhthaigh, avocat et membre de la Quadrature du Net. Avec ce partenariat, Facebook va en effet être amené à avoir un impact croissant sur l’activité commerciale de la SNCF : « De fait, elle est en train de se placer dans une forme de dépendance par rapport à Facebook« , poursuit-il avant d’ajouter, très sévère : « Il ne s’agit de rien de moins qu’un renforcement de l’hégémonie de Facebook… et d’un abandon de souveraineté ». […]

https://www.marianne.net/economie/oui-sncf-vente-billets-facebook

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