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La Quadrature du Net

source: La Quadrature du Net

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Neutralité du Net: Le trilogue trahit le vote du Parlement européen

mardi 30 juin 2015 à 15:03

MISE À JOUR du 20 juillet 2015 : Nouvelle version du règlement (avec considérants)

Paris, 30 juin 2015 — Après des mois de discussions à huis-clos entre le Conseil de l'Union européenne, la Commission et le Parlement européen (trilogue), le texte très positif sur la neutralité du Net voté en avril 2014 par le Parlement européen est devenu ambigu et affaibli : la neutralité du Net a besoin de plus de garanties et La Quadrature du Net regrette un accord au rabais.

L'accord entre les négociateurs du trilogue sur le Règlement sur les télécommunications a été trouvé la nuit dernière à 2h du matin. Le texte auquel sont parvenues les trois parties prenantes, qui doit définir quelles seront les garanties concernant la neutralité du Net et les services spécialisés offerts par les opérateurs, est décevant et très peu sécurisant pour les utilisateurs. En effet, toute définition de la neutralité du Net a disparu, même si le texte débute par le rappel de la nécessité d'un Internet ouvert, non discriminatoire et traitant également l'accès au réseau. Mais alors pourquoi refuser d'inscrire nommément la neutralité du Net ?

De même, beaucoup de flou et de dispositions ambigües sur les services spécialisés, qui risquent d'être utilisés par les opérateurs et les grands services en ligne pour contourner la neutralité du Net et porter atteinte tant à la liberté de choix des consommateurs qu'à la concurrence et à l'innovation.

Une place importante est laissée aux autorités nationales de régulation laissant craindre des interprétations très différentes selon les pays. Les citoyens devront donc faire pression sur les autorités européennes et nationales afin de s'assurer que ces principes flous puissent, dans leur mise en œuvre, contribuer à lutter contre l'oligopolisation croissante d'Internet au profit des grands opérateurs et des grandes plateformes américaines.

Après des mois de campagne et de participation citoyenne sur ce dossier complexe, La Quadrature du Net regrette que le trilogue ait abouti à un texte faible et peu clair. Le texte issu du vote du Parlement européen en avril 2014 était équilibré et précis. Le lobbying forcené mené par les opérateurs télécoms aura encore une fois eu raison de l'intérêt général. Les responsables politiques, tant au sein des gouvernements nationaux que du Parlement européen, en portent la responsabilité. À l'heure où l'Union européenne prépare sa stratégie numérique, cet accord au rabais augure mal de la capacité des décideurs publics à se montrer à l'écoute des expertises citoyennes et à résister aux grandes entreprises qui veulent faire main basse sur Internet.

Le Parlement européen doit défendre la neutralité du Net contre les pressions du Conseil

lundi 29 juin 2015 à 12:21

Paris, 29 juin 2015 — Le Conseil de l'Union européenne cherche à sabrer toute référence à la neutralité du Net dans le règlement sur les télécommunications. Alors que le Conseil a toujours refusé de faire un pas vers un compromis, il cherche depuis plusieurs semaines à faire porter la responsabilité d'un échec des négociations sur le Parlement européen. C'est donc avec beaucoup de mauvaise foi que le Conseil aborde le 4ème trilogue1 aujourd'hui, avec la volonté de faire céder le Parlement européen.

La neutralité du Net occupe une grande place dans les négociations sur le règlement sur les télécommunications. En effet, le Conseil cherche à n'insérer que des dispositions susceptibles de satisfaire les puissantes entreprises de télécommunications : autorisation du Deep Packet Inspection, mise en place de discriminations tarifaires, suppression de toute référence à la neutralité du Net assurant la non-discrimination et l'égalité de traitement des données de chacun.

Depuis le début des négociations en trilogue, le Conseil n'a eu de cesse d'essayer de supprimer toutes les dispositions en faveur des droits et intérêts des citoyens européens. Il s'appuie d'une part sur la lâche indifférence, voire la malveillance, de la Commission européenne sur la neutralité du Net, mais aussi sur les divergences de vue au sein du Parlement. Ainsi, alors que les négociateurs sont divisés – avec Michel Reimon en tête des négociateurs favorables à la neutralité du Net, contre l'allégeance de la rapporteure Pilar del Castillo aux entreprises de télécommunications – le Conseil joue les fauteurs de troubles.

Cette mauvaise fois de la part du Conseil est inadmissible. Sa tentative une fois de plus de favoriser les puissantes entreprises au détriment des citoyens, et son travail insidieux pour diviser le Parlement européen est totalement irresponsable. Le gouvernement français n'est pas en reste : après avoir longtemps combattu la neutralité du Net, il essaie de redorer son blason sans jamais donner une définition claire de ce principe et en refusant que sa définition ne soit inscrite dans le droit européen.

Net Neutrality

Alors que l'auteur de la notion de neutralité du Net, le professeur Tim Wu, s'inquiète des négociations européennes sur le sujet, déclarant la semaine dernière que « l'Internet en Europe ne se remettra jamais si ces propositions [du Conseil] sont adoptées »2. En outre, de telles dispositions pourraient garantir la prédominance des plateformes américaines en Europe.

La Quadrature du Net appelle les États membres à respecter les citoyens européens en donnant des outils législatifs leur garantissant l'accès à Internet, sans discrimination aucune, et en acceptant les propositions initiales du Parlement européen, qui proposaient un équilibre entre la protection des droits et libertés des utilisateurs d'une part et l'innovation et la libre concurrence d'autre part.

Alors que l'Europe risque de voir ses institutions démocratiques fragiles s'effondrer, le Parlement européen a des responsabilités encore accrues à l'égard de tous les citoyens. La Quadrature du Net appelle le Parlement européen à rester fidèle à son vote d'avril 2014 et à rester très ferme sur les dispositions favorables à la préservation d'un Internet neutre, démocratique et innovant.

« Le Conseil ne peut continuer ainsi à bafouer les droits et libertés des citoyens. Ses tentatives de faire porter au Parlement européen la responsabilité d'un échec des négociations ne permettront pas de le dédouaner de sa propre incapacité à porter les valeurs démocratiques européennes et à défendre les droits fondamentaux des citoyens » déclare Agnès de Cornulier, coordinatrice de l'analyse juridique et politique à La Quadrature du Net.

Notre analyse sur le wiki de La Quadrature du Net

Principaux problèmes dans le document actuel

[NextINpact] Loi Renseignement : ce que dit le mémoire de la Quadrature, FDN et FFDN

jeudi 25 juin 2015 à 16:46

Alors que le projet de loi sur le renseignement a été adopté hier au Sénat et sera débattu à l’Assemblée nationale dans sa version finale, la Quadrature du Net, French Data Network et la Fédération FDN ont révélé leur mémoire visant à accompagner la saisine attendue du Conseil constitutionnel. Résumé des principaux points. [...]

Les finalités de la loi qui permettent aux services de déployer la surveillance sont estimées trop larges, parfois inintelligibles, elles seraient au surplus disproportionnées. Ainsi « La notion "d’intérêts économiques, industriels et scientifiques majeurs de la France" n’est définie par aucune disposition constitutionnelle ou légale. Dès lors, une telle finalité justifierait la surveillance de toute personne dont le comportement est simplement susceptible de nuire à la promotion des intérêts individuels d’un grand nombre d’entreprises françaises ; elle est ainsi manifestement disproportionnée au regard des atteintes faites aux droits et libertés fondamentaux de ces personnes ». Problème, ces flous augmenteraient dans le même temps les compétences du pouvoir exécutif alors que seul le législateur peut porter ainsi atteinte à la vie privée (cas « d’incompétence négative »). [...]

En effet, la loi ne définit par ces dispositions et les débats n’ont pas été bien éclairants. Ils évoquent coup sur coup des métadonnées, des données de connexion voire « d’autres documents » également. Pas simple, mais pourtant crucial : sans définition stricte, voilà l’exécutif autorisé à des atteintes encore plus profondes dans notre vie privée. Le bug est d’autant plus patent que le périmètre des personnes manipulant ces « informations et documents » n’est pas clairement dressé. Les interprétations divergent spécialement sur l’inclusion ou non des services de correspondances privées. Ce flou est pourtant embêtant puisque c’est l’ensemble des échanges de la population qui est en jeu… Dans tous les cas, les auteurs du mémoire considèrent que la gravité de l’atteinte à la vie privée est équivalente, que ce soit lorsqu’on accède aux contenus ou aux données les encapsulant. [...]

http://www.nextinpact.com/news/95538-loi-renseignement-ce-que-dit-memoir...

[Mediapart] Au parlement européen, l'art d'étouffer la politique

jeudi 25 juin 2015 à 16:21

La grande coalition entre conservateurs et sociaux-démocrates gagne à tous les coups. Et quand l'issue d'un vote est incertaine, comme c'est le cas sur le traité de libre-échange avec les États-Unis, il suffit au président du Parlement… de reporter le vote in extremis. Consternant. [...]

La raison de cette manœuvre est simple : le groupe politique auquel appartient Martin Schulz à Strasbourg, les sociaux-démocrates (dont le PS), se déchire en interne sur ce dossier emblématique du mandat. De ce fait, la majorité « classique » formée des conservateurs et des sociaux-démocrates, qui dicte – et plombe bien souvent – la vie de l'institution depuis l'été 2014, n'est plus assurée. En l'état, selon les derniers décomptes, ce texte n'aurait pas eu de majorité mercredi. [...]

Bref, la situation s'annonçait imprévisible, et la majorité menacée. Soudainement, on observait à Strasbourg ce qui manque d'habitude cruellement au Parlement européen : de l'incertitude, des rapports de force inédits, un débat qui dépasse les murs du Parlement et finit même par intéresser le grand public. Sentant la situation lui échapper, Schulz a choisi de temporiser. [...]

https://www.mediapart.fr/journal/international/100615/au-parlement-europ...

La France dans l'ère de la surveillance de masse ! Résistons !

mercredi 24 juin 2015 à 15:00

Paris, 24 juin 2015 — Triste jour pour les libertés ! Les députés viennent d'adopter définitivement la loi renseignement. En écho ironique aux révélations de WikiLeaks sur l'espionnage par la NSA des instances politiques françaises, ce vote appelle de nouvelles formes de résistance pour les citoyens.

L'Assemblée Nationale vient d'adopter à une vaste majorité la loi sur le renseignement, au terme d'une procédure rouleau-compresseur rendant quasiment impossible tout débat démocratique serein. Renonçant à leurs obligations de défense de la Constitution et des libertés des citoyens au nom de la logique de groupe, les députés entérinent la surveillance généralisée pratiquée en France.

sous-surveillance.fr

Ce vote final catastrophique pour nos libertés fait écho aux révélations conjointes de Wikileaks, Mediapart et Libération sur les écoutes par les États-Unis et leurs alliés de tout l'appareil d'État français. Surveillance stratégique et économique pour les gouvernants et, désormais, surveillance de masse pour les citoyens : c'est le principe même d'une surveillance massive et généralisée qui doit être mis en cause, au lieu de la véritable fuite en avant qu'illustre cette loi inique. Plutôt que des réactions de feinte indignation à l'espionnage ou la passivité coupable face aux remises en cause des libertés des responsables politiques, nous devons collectivement refuser cette logique d'escalade, de défiance, de suspicion et d'écoutes tous azimuts.

La Quadrature du Net continuera d'être au centre de nombreuses initiatives visant à combattre la surveillance de masse sous toutes ses formes. Nous continuerons à mettre ceux qui l'entérinent face à la responsabilité de leur trahison des idéaux démocratiques et de nos libertés :

« La surveillance de masse fait partie d'une intolérable machine oppressive et porte en elle le germe de tous les totalitarismes. Nous, citoyens, avons le devoir de nous y opposer par tous moyens car elle s'attaque aux fondements de nos sociétés ! Il y va de notre capacité individuelle et collective à nous organiser, à créer, à exercer nos libertés et donc tout simplement à exister. » déclare Jérémie Zimmermann, co-fondateur de La Quadrature du Net.