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La Quadrature du Net

source: La Quadrature du Net

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FFDN et LQDN devant le Conseil d'État contre la censure administrative

mercredi 1 avril 2015 à 16:23

Paris, le 2 avril 2015 — Après le recours intenté contre le régime de surveillance instauré par la Loi de programmation militaire, les fournisseurs d'accès associatifs de la fédération FFDN et La Quadrature du Net s'associent de nouveau pour saisir le Conseil d'État du décret instituant le blocage administratif de sites Internet.

Ce décret, pris en application de la loi LOPPSI de 2011 (instaurant la censure administrative de sites à caractère pédopornographique) et de la loi sur le terrorisme de novembre 2014 (étendant cette censure aux sites faisant l'apologie du terrorisme), met gravement en danger la liberté d'expression en permettant la censure de contenus en ligne hors de tout cadre judiciaire.

« À peine les premières mesures prononcées, la polémique autour du blocage administratif des sites Internet reprend de plus belle, confirmant les craintes exprimées par un grand nombre d'acteurs. De fait, ce dispositif de censure administrative conduit inévitablement à bloquer de nombreux contenus parfaitement licites sans aucune intervention de l'autorité judiciaire, et fait peser un grave risque d'arbitraire absolument indigne d'une démocratie. Il n'est donc pas étonnant de voir que c'est maintenant l'OSCE qui sermonne la France et critique ces mesures ! Pour sauvegarder l'État de droit et respecter les standards internationaux en matière de liberté d'expression, nous espérons que le Conseil d'État annulera ce décret et irons s'il le faut jusque devant la Cour européenne des droits de l'Homme », déclare Félix Tréguer, cofondateur de La Quadrature du Net.

Le texte du recours sera publié prochainement.

Conseil d'État - Marie-Lan Nguyen - Domaine Public - Wikimedia Commons
Conseil d'État - Marie-Lan Nguyen - Domaine Public - Wikimedia Commons

Agissons contre le projet de loi de surveillance !

mercredi 1 avril 2015 à 14:18

Paris, 1er avril 2015 — Alors que le projet de loi relatif au renseignement (que l'on devrait plutôt appeler « projet de loi relatif à la surveillance généralisée ») est examiné en commission des lois de l'Assemblée nationale depuis le 1er avril, La Quadrature du Net met en ligne un nouveau site de campagne et appelle les citoyens à se mobiliser en masse pour convaincre les députés de refuser l'adoption d'une loi qui – en l'état – met en place la surveillance généralisée et légalise les pratiques des services de renseignement attentatoires aux libertés fondamentales, sans aucune garantie sérieuse contre les dérives potentielles.

Depuis sa présentation en Conseil des Ministres le 19 mars dernier, le projet de loi relatif au renseignement soulève des critiques multiples et argumentées de la société civile, des associations de défense des libertés, du monde judiciaire (jusqu'à certains magistrats antiterroristes !), des professionnels du numérique et même de l'actuel président de la Commission nationale de contrôle des interceptions de sécurité.

Légalisation générale des pratiques auparavant illégales des services de renseignement, sans contrôle ni discussion publique de leurs efficacité et finalités, mise en place d'interceptions massives des données des citoyens sur Internet, absence de garanties de contrôle en amont des interceptions, impossibilité pratique de recours du citoyen contre les potentiels abus des services : ce projet de loi, présenté comme une « grande loi d'encadrement du renseignement » est en réalité un blanc-seing donné aux services de renseignement et au pouvoir politique, autorisant des intrusions massives et inédites dans la vie privée des citoyens et élargissant le périmètre des actions des services bien au-delà de la justification anti-terroriste sous laquelle il est actuellement présenté.

Les citoyens doivent avoir leur mot à dire dans le débat politique et sociétal majeur qu'est la question de la surveillance d'une population. Les députés semblent aujourd'hui peu enclins à contester ce projet de loi : faisons leur faire entendre la voix des libertés et demandons leur de protéger les citoyens qu'ils représentent !

Agissons maintenant !

La Quadrature du Net invite les citoyens à contacter leurs députés pour leur faire part de leurs inquiétudes, leur demander de clarifier leurs positions quant à ce projet et refuser de voter une loi dangereuse pour l'équilibre démocratique de notre pays. L'ampleur de la mobilisation citoyenne est désormais le seul outil qui pourra faire évoluer les parlementaires avant l'examen du projet de loi en séance publique à partir du 13 avril prochain.

Dès aujourd'hui, contactez vos députés depuis le site sous-surveillance.fr et faites-les s'engager pour vos libertés !

[AEF] Jean-Marie Delarue (CNCIS) : « Le projet de loi renseignement n’est pas adapté aux libertés publiques »

mercredi 1 avril 2015 à 13:11

« Le projet de loi relatif au renseignement n’est pas adapté aux libertés publiques et à la sécurité du pays. Il faudra songer à amender sérieusement ce texte qui, en l’état, est extrêmement critiquable. » C’est ce qu’indique Jean-Marie Delarue, président de la CNCIS (commission nationale de contrôle des interceptions de sécurité). Le texte prévoit d’étendre les moyens techniques auxquels peuvent recourir les services de renseignement, sous le contrôle d’une commission remplaçant la CNCIS. Jean-Marie Delarue qualifie cette future structure de « colosse aux pieds d’argile ». Et d’ajouter : « Ce projet de loi ne respecte pas les conditions d’un contrôle effectif. » Le conseiller d’État s’inquiète également des technologies de recueil de données instaurées par le texte, évoquant des « techniques évidentes de pêche au chalut ». […]

AEF : Au-delà du contrôle, vous critiquez l’élargissement des cibles potentielles…

Jean-Marie Delarue : […] Parmi les motifs sur lesquels peuvent se fonder les services de renseignement, le projet de loi ajoute notamment la préservation des "intérêts essentiels de la politique étrangère et l’exécution des engagements européens et internationaux de la France". Un syndicat agricole chargé de la redistribution des subventions de la politique agricole commune pourra par exemple être écouté… On est dans le ridicule !

Enfin, Jean-Jacques Urvoas disait il y a quelques mois que la stratégie de la France en matière de recueil de données n’est pas de pratiquer la pêche au chalut mais la pêche « au harpon ». Nous avons un type de renseignement qui vise des personnes identifiées. Dans les techniques offertes par le projet de loi, il y a des techniques évidentes de pêche au chalut. La première concerne les dispositifs techniques qui permettent de recueillir toutes les données de connexion des téléphones portables situés à proximité. Par exemple, si vous placez ce dispositif à la gare du Nord pendant six mois – à savoir la durée maximale prévue par le texte — ce sont les données de plusieurs millions de personnes qui pourront être collectées et conservées pendant cinq ans. […]

http://www.aef.info/depeche/libre/498047

Extension de la censure extra-judiciaire au nom de la lutte contre la prostitution

mardi 31 mars 2015 à 11:35

Paris, 31 mars 2015 — Après être restée près d'un an en attente, la proposition de loi dite « contre le système prostitutionnel » vient d'être adoptée en première lecture au Sénat. En plus de maintenir les dispositions du texte étendant la censure privée du Net, les sénateurs y ont réintroduit celles permettant le blocage administratif des sites Internet. Alors que le texte sera prochainement examiné à l'Assemblée nationale, La Quadrature du Net appelle les députés à revenir sur ces mesures, afin de replacer le juge judiciaire au centre de ces dispositifs et ainsi protéger les droits et libertés des citoyens.

Allégorie de la censure extra-judiciaire

Le 8 juillet 2014, quelques mois après un premier examen de l'Assemblée nationale, une commission spéciale du Sénat a adopté la proposition de loi dite « contre le système prostitutionnel ». Hier soir, au terme de leur examen du texte, les sénateurs ont maintenu les dispositions confiant aux hébergeurs des missions de juge et de police et réintroduit celles permettant le blocage administratif des sites Internet – pourtant supprimées en novembre 2013 par les députés, sur demande du gouvernement. Bien que différents par nature, ces deux mécanismes permettent la censure de contenus en ligne hors de tout cadre judiciaire et de toute garantie contre des atteintes injustifiées à la liberté de communication des citoyens.

Ainsi, l'article 1er du texte adopté aujourd'hui prévoit l'extension de l'obligation faite aux hébergeurs de mettre en place un dispositif permettant à toute personne le signalement de certains contenus en ligne. Ainsi, ceux considérés comme participant au « système prostitutionnel » rejoindraient la – déjà longue – liste des contenus concernés par la loi pour la confiance dans l'économie numérique (LCEN). Or, cette dernière rend les hébergeurs pénalement responsables des contenus qu'ils hébergent dès lors qu'ils en ont connaissance. Ainsi, comme ne cesse de le dénoncer La Quadrature du Net, un tel dispositif incite fortement les hébergeurs et autres réseaux sociaux à supprimer les contenus qui leur sont signalés par des utilisateurs, afin d'éviter tout risque juridique, que ces contenus soient licites ou non. Comme l'écrivait en 2004 le Conseil Constitutionnel au terme de l'examen de la LCEN, « la caractérisation d’un message illicite peut se révéler délicate, même pour un juriste ». Alors que les dérives jurisprudentielles ont déjà conduit à la situation contre laquelle le Conseil Constitutionnel tentait justement de mettre en garde le législateur, cette situation a été confortées par des ajouts législatifs étendant l'article 6 de la LCEN des crimes considérés comme les plus graves (apologie de crime contre l'humanité, pédo-pornographie, négationnisme…) à d'autres infractions (homophobie, sexisme, handiphobie…).

Indépendamment des objectifs poursuivis par ce texte, ajouter à cette liste les contenus participant au « système prostitutionnel » – et bientôt ceux faisant « l'apologie de l'anorexie » – ne pourra qu'aggraver encore un peu plus cette dérive et provoquer la censure arbitraire de toujours plus de contenus.

Chantal Jouanno et Michelle Meunier
Chantal Jouanno (UDI – Paris) et
Michelle Meunier (SOC – Loire Atlantique)

Pire encore, alors que l'utilisation du mécanisme de blocage administratif des sites Internet « qui font l'apologie ou qui provoquent directement à la commission d'actes de terrorisme » est déjà controversée et dénoncée comme une forme inacceptable de censure, les sénateurs ont choisi de l'étendre aux sites Internet utilisés pour le « proxénétisme et la traite des êtres humains aux fins d'exploitation sexuelle ». Contre l'avis du gouvernement, le dispositif proposé – puis supprimé – par les députés a donc été réintroduit dans le texte sur proposition des sénatrices Chantal Jouanno (UDI – Paris) et Michelle Meunier (SOC – Loire Atlantique), confiant au pouvoir administratif un rôle de censeur au mépris du principe fondamental de séparation des pouvoirs, et donc des droits des citoyens.

Alors que l'extension de ces systèmes répressifs bafouant les libertés publiques semble être l'un des rares points sur lesquels nos élus parviennent à s'accorder, La Quadrature du Net ne peut qu'à nouveau regretter le vote d'hier soir et rappeler ses propositions alternatives, plus efficaces et moins dangereuses1 pour lutter contre les contenus illicites en ligne. Lors de l'examen du texte en seconde lecture à l'Assemblée nationale, les députés auront une nouvelle occasion – en plus du devoir – de revenir sur ces dispositions : contactons les sans attendre afin de les appeler à jouer pleinement leur rôle de défenseurs des droits et libertés.

« Tandis que les députés avaient fait preuve de sagesse en supprimant le blocage administratif des sites Internet de cette proposition de loi, les sénateurs viennent de la réintroduire au mépris de la séparation des pouvoirs. Cette extension des censures privée et administrative constitue un pas de plus dans la régulation extra-judiciaire du Net, laissant les hébergeurs et le gouvernement juges et maîtres pour ces contenus en lieu et place des véritables services de police et de justice. Au fil des textes de lois, Internet se transforme en une "zone de non-droit" dans laquelle les libertés des citoyens n'ont plus cours. Il est grand temps d'ouvrir un débat démocratique pour redonner tout son sens à la Constitution et à la séparation des pouvoirs, afin que seule l'autorité judiciaire soit compétente pour juger des abus de la liberté d'expression » déclare Félix Tréguer, cofondateur de La Quadrature du Net.

[LeFigaro] Les opposants à la loi Renseignement font bloc

vendredi 27 mars 2015 à 13:48

Des associations de défense des libertés ont tenu jeudi une conférence de presse pour dénoncer la mise en place d'une «surveillance de masse» par le gouvernement. […]

Faire bloc, et faire nombre. Une semaine après la présentation du projet de loi sur le renseignement en Conseil des ministres, des associations de défense des libertés et d'autres opposants au texte ont tenu jeudi une conférence de presse à Paris. Figuraient notamment des représentants de la Ligue des droits de l'Homme, d'Amnesty International, de Reporters sans frontières, du Syndicat de la magistrature et de la Quadrature du Net, hôte de l'événement. […]

Ces organisations l'admettent: l'opposition à ce texte s'annonce compliquée. Présenté trois mois après les attentats de Paris, le projet de loi bénéficie d'un large soutien politique. L'examen à l'Assemblée nationale débutera le 13 avril et devra s'achever avant l'été. Nicolas Sarkozy a annoncé que l'UMP votera en faveur du texte. « On ne se fait pas vraiment d'illusion, majorité et gouvernement font bloc, mais il est important de porter le débat sur la place publique », a dit Félix Tréguer, secrétaire de la Quadrature du Net. […]

Malgré ces contestations, les remarques de la CNIL, du Conseil national du numérique et de sociétés du Web, la marge de manœuvre pour faire évoluer le texte lors de son passage à l'Assemblée est réduite. « Le gouvernement est dans une écoute polie, mais déterminée, vis-à-vis de nous. Quoi que nous disions, il veut aboutir avec le projet tel qu'il est », remarque Pierre Tartakowsky, président de la Ligue des droits de l'Homme. « Notre travail est de donner un maximum d'éléments aux députés. On se souvient qui sont les parlementaires américains qui ont refusé de voter le Patriot Act », avance Adrienne Charmet-Alix, coordinatrice des campagnes de la Quadrature du Net. […]

http://www.lefigaro.fr/secteur/high-tech/2015/03/26/01007-20150326ARTFIG...