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La Quadrature du Net

source: La Quadrature du Net

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La France persiste et signe la censure administrative du Net

vendredi 6 février 2015 à 11:05

Paris, le 6 février 2015 — Après leur examen au conseil des ministres, les décrets d'application permettant le blocage administratif des sites à caractère pédo-pornographique et terroristes ont été publiés aujourd'hui au journal officiel.

Relatifs à la Loi Loppsi (15 mars 2011) ainsi qu'à la Loi « Terrorisme » (13 novembre 2014) auxquelles La Quadrature du Net s'est opposée, ces décrets permettent le blocage administratif d'accès à un site, en dehors de toute procédure judiciaire.

En 2010, alors que Michèle Alliot-Marie et Brice Hortefeux portaient la Loppsi, le Parti socialiste, dans l'opposition, s'était opposé à raison à ces mesures. Pourtant, en 2014, c'est Bernard Cazeneuve, ministre de l'Intérieur socialiste, qui renforce les dispositions liberticides et anti-démocratiques du blocage administratif grâce à la Loi Terrorisme.

« Avec ce décret instituant la censure administrative d'Internet, la France persiste dans le contournement du pouvoir judiciaire, trahissant la séparation des pouvoirs pour attenter à la première des libertés en démocratie qu'est la liberté d'expression. Le blocage est inefficace car facilement contournable. Il est aussi disproportionné, du fait du risque du surblocage de contenus parfaitement licites, d'ailleurs accru par la technique de blocage retenue par le gouvernement1. Ce dispositif ne sert qu'à donner l'illusion que l'État agit pour notre sécurité, tout en mettant un peu plus à mal la protection des droits sur Internet. Il faut désormais porter ce décret devant le Conseil d'État pour en obtenir l'annulation », déclare Félix Tréguer, membre fondateur de La Quadrature du Net.

[NextINpact] Le décret sur le blocage des sites présenté en Conseil des ministres

mercredi 4 février 2015 à 11:59

Au Conseil des ministres de ce mercredi 4 février, le ministre de l’Intérieur présentera les grandes lignes de son décret sur le blocage des sites « terroristes » et pédopornographiques. L’ultime signe d’une publication imminente. […]

Le dispositif s’appuiera « essentiellement » sur la veille citoyenne, à savoir les signalements effectués par les internautes via les intermédiaires techniques ou directement sur la plateforme Pharos. De son côté, l’OCLCTIC a lancé une politique de recrutement pour gérer des questions « techniquement complexes » du fait du principe de subsidiarité qui obligera d’abord les services à contacter éditeurs et hébergeurs avant, faute de mieux, d’exiger des mesures de suspension d’accès par les fournisseurs d’accès. […]

Ces mesures restent très critiquées (voir l’intervention de Jeremie Zimmerann [NDLQDN : partie 1 et 2]) et l’OCLCITC sait déjà qu’il y existe de nombreux moyens de contournement. « On peut contourner la difficulté, le plus simple ce n’est pas d’avoir une adresse IP française, ce n’est pas très compliqué ». Mais peu importe : « la vocation de ce texte est essentiellement prophylactique, selon la commissaire divisionnaire. On doit empêcher la population générale d’accéder à ce genre de contenus qui sont complètement pernicieux ». Pour Mme Chambon, ainsi « on doit impérativement positionner ce disposition et empêcher un nombre ignoré de personne d’y accéder ». Celle-ci considère que cette mesure permettra « de toucher 80% de la population qui n’est pas spécialement férue de nouvelle technologie ». Elle y voit ainsi « un signal fort de l’État » pour prévenir le risque de «  dérapage (…) mal maitrisé par l’environnement familial ». […]

http://www.nextinpact.com/news/92966-le-decret-sur-blocage-sites-present...

Lettre ouverte aux gouvernements après l'attaque de Charlie Hebdo

vendredi 30 janvier 2015 à 11:25

La Quadrature du Net republie ici une lettre ouverte co-signée par de nombreuses associations européennes exhortant les dirigeants du monde à respecter la liberté d'expression et la vie privée au lendemain des attaques à Paris

Paris, le 30 janvier 2015 — Après la tragédie de Charlie Hebdo, les signataires appellent les dirigeants politiques du monde entier à faire respecter les droits de l'Homme définis dans les conventions internationales. Il est plus que jamais important que nos gouvernements œuvrent à la protection des journalistes, activistes et citoyens, sans accroître la portée ou l'échelle des intrusions dans nos vies privées.

Le 11 janvier 2015, des millions de citoyens et de nombreux dirigeants politiques du monde entier se sont rassemblés à Paris pour une marche de solidarité, et pour soutenir la liberté d'expression sous la bannière « Je suis Charlie ». Il est maintenant temps pour ces dirigeants de respecter leur engagement envers les droits de l'Homme. Les droits à la liberté d'expression et au respect de la vie privée sont intimement liés, et l'un ne peut être respecté quand l'autre est menacé. Nous exhortons tous les gouvernements du monde à ne pas accroître leurs mesures de surveillance, et à ne pas violer les droits de l'Homme suite à cette tragédie.

De pareilles circonstances requièrent des réponses efficaces et réfléchies, et non pas une augmentation restrictive et imprudente des pouvoirs des gouvernements et de la police. Déjà, des gouvernements, de Canberra, en passant par Bruxelles, et jusqu'à Washington, ont commencé à étendre leurs pouvoirs de surveillance ou à ajouter de nouvelles limites à la liberté d'expression à la suite de cette tragédie.

Mais plus de surveillance n'est pas nécessairement synonyme de meilleure surveillance, et augmenter la portée et l'ampleur de l'espionnage par le gouvernement ou son interférence avec la liberté d'expression ne sont pas la réponse à tous nos problèmes de sécurité ou de société. Les responsables français ont admis qu'ils avaient en leur possession des renseignements antérieurs à cette attaque, ce qui suggère que, d'une part, une surveillance inadéquate n'a pas contribué à ces terribles attaques, et, d'autre part, qu'une surveillance augmentée n'aurait pu les empêcher.

Les récents échecs des politiques de sécurité, survenus en dépit de l'expansion importante des moyens de surveillance, montrent que l'heure n'est pas à l'élaboration de nouvelles lois sécuritaires. À la place, il est temps de défendre des mesures de sécurité efficaces qui contribuent à protéger les droits de l'Homme sans les mettre en danger. C'est pourquoi nous vous exhortons à :

Il n'existe pas de solutions faciles ou rapides. Dans des moments difficiles comme celui-là, nous devons être fermes sur les valeurs de la société dans laquelle nous voulons vivre, ou nous risquons de saper ces valeurs au nom de leur sauvegarde. Rejoignez-nous pour travailler ensemble à un monde meilleur où liberté d'expression, vie privée, et droits de l'Homme peuvent prospérer.

Sincèrement,

[FranceCulture] Domaine public : créer avec les oeuvres qui nous appartiennent

mardi 27 janvier 2015 à 14:17

Depuis le 1er janvier, en toute discrétion, les peintures de Kandinsky, Munch et Mondrian, « Carmen » par la Callas, ainsi que les œuvres de Romain Rolland ont rejoint le domaine public. Cette année, les œuvres de 31 nouveaux artistes sont désormais accessibles à tous, sans avoir à s'acquitter de droits d'auteurs. Et ça se fête ! Jusqu'au 31 janvier se tient le 1er festival du domaine public. Que faire avec ces œuvres qui nous appartiennent ? Diffusion, remix, mashup, ces termes contemporains décrivent des réalités aussi anciennes que la création. Mais avec le numérique, les possibilités de (re)créations se multiplient. Autant en profiter ! Reportage de Catherine Petillon ponctué par vos réactions et créations. […]

Cette année, ils ont vu plus grand, et imaginé le festival du domaine public, qui se tient en Ile-de-France jusqu'au 31 janvier. […]

http://www.franceculture.fr/emission-pixel-domaine-public-creer-avec-les...

2015 : le combat pour les libertés est plus que jamais notre mission !

mardi 27 janvier 2015 à 13:03

Paris, 27 janvier 2015 — À l'occasion de la journée européenne de la protection des données, l'Observatoire des Libertés Numériques (OLN) revient sur sa première année d'existence et sur l'importance plus que jamais cruciale d'une protection de la vie privée. Alors que la tentation de la surveillance généralisée revient à nouveau après les attentats de début janvier, l'OLN s'engage à continuer sa lutte contre une société de défiance et de surveillance, tournée contre la vie privée et la liberté des citoyens.

Communiqué commun de l'Observatoire des Libertés et du Numérique (OLN)1

Il y a maintenant un an, le 28 janvier 2014, était créé l’observatoire des libertés et du numérique (OLN), à l’initiative d’associations et de syndicats soucieux de remettre au cœur du débat politique la protection des libertés face aux assauts combinés d’une surveillance étatique et d’un fichage privé, présentés comme inéluctables et ainsi normalisés pour de nombreux citoyens.

L’année 2014 n’a pas dérogé à cette dérive, tant elle a été placée dès l’aube – avec le vote de la loi de programmation militaire – sous le signe de la surveillance et de l’érosion des libertés, tout particulièrement sur internet, désigné comme un fauteur de trouble, presque complice des pires atrocités. La mise au pilori de cette espace collectif de débat s’est d’ailleurs poursuivie lorsque la représentation nationale a été saisie, dans l’urgence, d’une énième loi antiterroriste. Dans un débat confisqué par la peur, où la réflexion critique a cédé face à un unanimisme répressif, l’arsenal pénal a été encore alourdi et dévoyé au service de la neutralisation préventive tandis que l’administration voyait ses pouvoirs décuplés sur le net comme à l’égard des citoyens, dans un élan de suspicion généralisée.

Les interventions des organisations de défense des libertés et de l’OLN ont pu faire la lumière sur les renoncements au parti des libertés. Dénoncer, encore et toujours, l’absence de saisine du Conseil constitutionnel sur la loi du 13 novembre 2014, l’inertie d’un gouvernement pourtant condamné par la CEDH à deux reprises pour ses fichiers de police (FAED et STIC), la passivité face aux révélations d'Edward Snowden sur le développement progressif d'une surveillance généralisée internationale et l'absence d'une action résolue pour la protection des lanceurs d'alerte.

Les évènements dramatiques du début de l’année 2015 n’entament pas la détermination de l’OLN : ils invalident assurément le dogme sécuritaire qui façonne depuis plus de 20 ans notre monde. Les hommes et les femmes mobilisés dès le soir de l’attaque contre Charlie Hebdo ne s’y sont pas trompés, criant leur refus d’un « Patriot act » en France, demandant plus de démocratie face à la terreur.

En cette journée de la protection des données personnelles, l’OLN veut encore croire qu’il est possible de faire un pas de côté dans un débat public de nouveau suspendu par l’effroi, où se multiplient les appels à plus de surveillance, cette fois-ci en renforçant les moyens juridiques des services de renseignement.

L’OLN conteste cette vision indéfiniment extensible du filet de la surveillance, qui a présidé à l’entrée en vigueur du blocage administratif des sites, inefficace contre ceux qui sont visés, qui le contourneront facilement, attentatoire aux libertés de tous. Mais aussi l’entrée en vigueur d’un fichier API-PNR de contrôle des déplacements aériens de tous les citoyens dont les garanties sont très faibles. Les annonces n’ont pas tardé, pour étendre ce fichier à l’Europe (qui le refusait en 2011 au nom des libertés civiles), et surtout, pour donner aux services de l’ombre plus de possibilités d’écoutes administratives et des pouvoirs policiers dérogatoires. Autant de mesures qui contribueront à retarder encore la judiciarisation des affaires de terrorismes, et les garanties procédurales qui vont avec.

L’OLN poursuivra donc son combat pour que la terreur ne fasse pas muter la démocratie, pour redire aux citoyens et aux décideurs que la surveillance est l’affaire de tous, et pas uniquement de ceux qui auraient « quelque chose à cacher », que l’internet est, et doit rester le lieu du libre débat que seule une procédure équitable peut limiter. Et que la protection des libertés ne s’arrête pas au premier cri pour la liberté d’expression : c’est bien contre le rétrécissement continu des droits et libertés qu’il faut militer, aujourd’hui plus encore qu’hier, afin que la lutte contre le terrorisme ne sape pas les fondements de la démocratie au motif de la défendre !

Organisations membres de l’OLN : Cecil, Creis-Terminal, la Ligue des droits de l'Homme, le Syndicat de la magistrature, le Syndicat des Avocats de France et La Quadrature du Net.