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PJL Terro : sans commentaires (ou très peu), épisode 1

mercredi 27 septembre 2017 à 16:22

Paris, le 25 septembre 2017 — Le projet de loi « renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme », dit PJL Terro, ou PJL contre les Méchants, est discuté à l'Assemblée nationale. Voici quelques extraits des propos tenus dans l'hémicycle. Et le meilleur hashtag pour suivre les débats sur Twitter : #PJLMéchant !

""Il y a une nouvelle forme de totalitarisme. C'est nous." Gérard Collomb, 25 septembre 2017."

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ARRIVE LARRIVÉ

Guillaume Larrivé (LR) :
« Nous ne devons rien céder à ces individus qui, par milliers, sur le sol national, dans tous les territoires de France, ont prêté allégeance à l’ennemi et collaborent avec lui. Nous ne devons rien céder à ces nouveaux barbares. »

« Aucun peuple, jamais, n’a gagné une guerre avec des bougies. C’est pourquoi nous plaidons pour un réarmement de la nation, dans toutes ses dimensions. »

« L’état d’urgence ne menace en rien les libertés des citoyens, mais il restreint celles de nos ennemis. L’État de droit doit être fort car, s’il est faible, il n’est plus l’État et il n’y a plus de droit. »

« Notre conviction est que, au moment où la menace djihadiste s’accélère et s’amplifie, le réarmement de la nation est assurément le premier devoir des députés. »

C'EST LA GUERRE !

Emmanuelle Ménard (FN) :
« Faut-il rappeler que nous sommes en guerre contre le terrorisme ? Or, quand on est en guerre, on ne demande pas à son ennemi l’autorisation de procéder à une fouille. »

« Les forces de l’ordre besoin de notre soutien moral, matériel, réglementaire et législatif. Si elles estiment nécessaire la fouille d’un individu, elles doivent pouvoir y procéder. Un point c’est tout. »

Elise Fajgeles (LREM) :
« Il faut à présent prendre la mesure de cette nouvelle réalité : la menace est permanente. Il est temps d’assumer des mesures administratives exceptionnelles et de sortir de l’état d’exception. »

« Cet équilibre est celui d’un arsenal sécuritaire répondant efficacement au terrorisme tout en préservant nos principes démocratiques de liberté. »

Eric Ciotti (LR) :
« Défendre la sécurité, c’est d’abord défendre nos libertés. »

« L'unité nationale aura toujours chez nous une limite : l’affaiblissement de nos dispositifs de protection. »

« Non, il n’est ni nécessaire, ni obligatoire, ni impératif – bien au contraire – de sortir de l’état d’urgence aujourd’hui. »

« Par ailleurs, les palpations de sécurité, l’inspection visuelle, la fouille des bagages et la visite des véhicules seront désormais soumises au consentement des intéressés, ce qui vide de tout sens ces dispositifs. »

Gérard Collomb (ministre de l'Intérieur) :
« Vous le savez bien, ce projet de loi est un premier texte qui vise à lutter contre le terrorisme. Mais oui, il y en aura d’autres ! »

Valérie Boyer (LR) :
« Nous sommes en guerre contre le terrorisme et vous voulez revenir à la loi commune, tandis que nous souhaitons, quant à nous, que l’état d’urgence puisse être maintenu, car nous considérons qu’étant en guerre, il nous faut mettre en place un dispositif exceptionnel et efficace. »

SORTONS DE LA SORTIE DE L'ÉTAT D'URGENCE

Gérard Collomb (LREM) :
« Je n’exclus nullement que, dans une situation donnée, nous soyons même un jour amenés – j’espère que cela ne sera jamais le cas – à rétablir l’état d’urgence. »

Guillaume Larrivé (LR) :
« Il n’est pas raisonnable aujourd’hui de désarmer la nation. »

LE CONSENTEMENT DES CITOYENS, C'EST SURFAIT

Charles de la Verpillière (LR) :
« Nous proposons de supprimer l’obligation de recueillir le consentement des personnes concernées par les fouilles. »

Valérie Boyer (LR) :
« Il est donc indispensable que les policiers ou les gendarmes puissent procéder à des fouilles alors même que les personnes concernées ne le voudraient pas. Cela me semble absolument logique ! »

« Face aux terroristes, nous devons agir vite et efficacement, avoir confiance dans nos forces de l’ordre et ne pas entraver leurs actions. C’est pourquoi le présent amendement propose que les palpations de sécurité s’effectuent sans distinction de sexe, afin de les rendre plus efficaces. »

Jean-Louis Masson (LR) :
« Tous les enquêteurs que vous avez rencontrés vous l’ont expliqué, et nous le disent quand nous leur rendons visite : le formalisme, les multiples règles substantielles, les risques de nullité qui en découlent contrarient l’efficacité des policiers et gendarmes. »

Naïma Moutchou (LREM) :
« J’ai entendu certains s’adresser à nos concitoyens en vociférant que le projet de loi porterait atteinte à leurs libertés sans aucune forme de nuance. Cette attitude n’est pas à la hauteur des enjeux. Vous êtes-vous demandé, au moins, ce que veulent les Français ? Ils veulent vivre libres, évidemment, mais pas seulement : ils veulent vivre en sécurité. »

« Les deux dispositions suivantes, à savoir les visites domiciliaires [NdT: perquistions administratives] et les mesures individuelles de surveillance [NdT: assignation à résidence], sont plus controversées, parce qu’elles apporteront effectivement une limitation à la liberté individuelle. (...) Elles occuperont une grande partie de nos débats. Il ressort de toutes nos auditions que ces mesures sont nécessaires, indispensables »

« La mesure de surveillance est une mesure restrictive de liberté. À ce titre, elle relèvera naturellement du juge administratif. Le juge des libertés et de la détention n’a pas sa place dans ce dispositif : l’y introduire conduirait à une tension inutile entre les deux ordres, administratif et judiciaire, alors que nous cherchons précisément à les coordonner. »

Marine Brenier (Constructifs) :
« Il s’agit, par exemple, de permettre le recours à la reconnaissance faciale aux seules fins de prévenir le terrorisme. Cette technique, déjà utilisée dans plusieurs pays, a largement fait la preuve de son efficacité. Il serait déraisonnable de s’en priver »

Catherine Kamowski (LREM) :

« À ceux de nos collègues qui trouveraient que ce texte va trop loin, nous rétorquerons que nous avons choisi de ne pas nous perdre dans l’angélisme. »

Ministère de l'Intérieur contre Indymedia : une censure absurde et choquante

lundi 25 septembre 2017 à 14:57

Paris, le 25 septembre 2017 — Jeudi dernier, le ministère de l'Intérieur a enjoint les sites participatifs Indymedia Nantes et Indymedia Grenoble de procéder au retrait d'un communiqué anonyme revendiquant l'incendie d'un hangar de gendarmerie à Grenoble. D'après le ministère, une telle publication serait constitutive d'un acte de provocation au terrorisme. Les deux instances d'Indymedia se sont exécutées en retirant le contenu litigieux, faute de quoi, elles auraient été ajoutées à la liste noire des sites censurés sur décision administrative et fait l'objet d'un blocage par les grands fournisseurs d'accès à Internet. Le communiqué litigieux a également été relayé sur des sites de grands médias traditionnels sans que ces derniers ne soient inquiétés.

Cette censure policière est aussi absurde que choquante. Absurde car le texte revendicatif visé reste bien évidemment largement accessible, y compris au travers de grands sites médias, et que cette censure est forcément de nature à lui donner une plus grande visibilité. Choquante parce que cette décision de censure, autorisée dans le cadre de la loi antiterroriste de novembre 2014, illustre à elle seule les dangers associés à l'arsenal de la lutte contre le terrorisme, que le gouvernement peut manier à l'envie pour cibler des groupes militants ou, comme en l'espèce, des sites participatifs. Bien que validé par le Conseil constitutionnel et le Conseil d'État,1 ce régime de censure administrative d'Internet, censé être soumis au contrôle préalable de la CNIL, laisse ici transparaître tout l'arbitraire dont il est porteur. C'est à notre connaissance la première fois que ces mesures antiterroristes extra-judiciaires, qui restent le plus souvent secrètes, sont appliquées à des sites et contenus ne relevant pas de l'extrémisme islamiste. Cette extension est d'autant plus préoccupante que le gouvernement entend, à travers un énième projet de loi de lutte contre le terrorisme, transposer dans le droit commun quantité de mesures privatives de libertés qui relevaient jusqu'alors de l'état d'urgence.

Après la censure d'un site Indymedia en Allemagne le mois dernier, après le blocage de sites indépendantistes en Catalogne la semaine passée, cette nouvelle remise en cause de la liberté d'expression sur Internet s'inscrit dans une tendance plus large qui apparaît extrêmement préoccupante.

Comme l'écrivait dès 1976 la Cour européenne des droits de l'Homme, la liberté d'expression « vaut non seulement pour les informations ou les idées accueillies avec faveur », mais également « pour celles qui heurtent, choquent ou inquiètent l'État ou une fraction quelconque de la population ». La Quadrature appelle la Commission européenne et le Conseil de l'Europe à condamner ces opérations de police qui sapent la protection due à la liberté d'expression.

Lancement de la campagne ePrivacy, agissons !

lundi 25 septembre 2017 à 11:15

Paris, le 25 septembre 2017 — Dans deux semaines, le Parlement européen prendra un vote décisif pour notre vie privée en ligne. Analyse de nos communications (email, SMS, téléphone, usage d'Internet), pistage en ligne et géolocalisation : si nous ne faisons rien, telle est la surveillance que toute entreprise pourrait mettre en place pour de simples motifs économiques et sans notre consentement. La Quadrature du Net lance une campagne de sensibilisation et de mobilisation populaire : eprivacy.laquadrature.net.

Il nous reste deux semaines pour convaincre les eurodéputés de la commission « Libertés civiles » (dite LIBE) du Parlement européen de protéger notre vie privée en ligne. Ceux-ci examineront dès le 11 octobre leur rapport sur le règlement ePrivacy : ce rapport déterminera la base sur laquelle l'ensemble du Parlement abordera ensuite ce règlement fondamental, avant de le négocier avec le Conseil de l'Union européenne (qui réunit les gouvernements de chaque État membre).

La Quadrature du Net met son PiPhone à notre disposition : il permettra à chacun et à chacune d'entre nous d'appeler gratuitement les eurodéputés de la commission LIBE pour soutenir ceux qui entendent défendre notre vie privée et faire savoir à ceux qui l'attaquent qu'ils devront en assumer les conséquences politiques. De même, La Quadrature espère fournir toutes les explications qui permettront à toutes et tous de se saisir pleinement de ce débat.

Renseignez-vous, informez votre entourage et agissez via : eprivacy.laquadrature.net

Pour une information plus détaillée, les amendements déposés devant la commission LIBE, ainsi que l'analyse qu'en fait La Quadrature, peuvent être examinés sur notre wiki. Ils permettent notamment d'identifier les députés les plus actifs pour agir en faveur des intérêts économiques de la surveillance privée et contre le respect de notre vie privée :

Par ailleurs, de nombreux autres amendements sont clairement positifs et permettraient de contrer cette offensive. La situation est donc loin d'être perdue d'avance, ne laissons pas passer cette opportunité ! Avant le 11 octobre, appelons nos députés.

Censure à l'espagnole, la Catalogne bâillonnée

vendredi 22 septembre 2017 à 16:14

Paris, le 22 septembre 2017 — La Catalogne est en train de subir une censure drastique visant à empêcher la tenue d'un référendum le 1er octobre sur l'indépendance de la région, organisé en dépit d'une interdiction judiciaire. Censure Internet, perquisition et détention de membres du gouvernement catalan, un bras de fer important a lieu entre Madrid et Barcelone.

Le gouvernement espagnol a décidé de recourir à ses outils de contrôle de la population les plus importants pour empêcher un référendum interdit. Sous couvert d'inconstitutionnalité de ce référendum, il a ainsi fermé mi-septembre le site internet principal portant sur le référendum (referendum.cat), puis perquisitionné Puntcat - la fondation catalane gestionnaire de l'extension .cat - afin de l'obliger à fermer des sites miroirs hébergés hors de l'Espagne. Cette censure par nom de domaine a été doublée par l'injonction faite aux fournisseurs d'accès à Internet d'empêcher l'accès à ces sites. L'un des dirigeants de Puntcat ainsi qu'une douzaine de membres du gouvernement catalan ont aussi été arrêtés.

Cette censure, tout à fait légale dans sa forme et faite sur la décision d'un juge, révèle parfaitement le destin qu'il faut redouter de toute nouvelle mesure répressive : créées au nom de la « préservation de la paix publique », ces mesures peuvent systématiquement conduire à la plus simple et à la plus violente lutte politique, permettant une censure massive, des perquisitions et détentions de responsables politiques et d'organisations militantes. La liberté d'expression est un droit fondamental en toute circonstance, mais l'importance de le protéger apparaît clairement lorsque cette expression dérange ou remet en cause le pouvoir en place.

La Quadrature du Net dénonce la dérive du gouvernement espagnol et réaffirme plus que jamais la nécessité de protéger la liberté d'expression. Elle s'alarme aussi que les nouveaux pouvoirs que le gouvernement français s'apprête à se donner par sa nouvelle loi sécuritaire, dont il ne tardera certainement pas à étendre la portée (tel qu'il l'a déjà largement fait en matière de renseignement), lui permettront bientôt de censurer, de perquisitionner et d'enfermer impunément ses opposants politiques, tout comme l'Espagne se le permet aujourd'hui.

25 Septembre - La dernière séance.

mercredi 13 septembre 2017 à 16:14

Paris, le 13 septembre 2017 - L'heure est grave. Le projet de loi contre les méchants1 est aujourd'hui arrivé en commission des lois et sera bientôt proposé en première et unique lecture à l'ensemble de nos chers députés.

Pop Corn

Plutôt que de rester passivement à jouer du violon pendant que l'État de droit sombre dans des eaux glacées, nous vous proposons de venir commenter, discuter, documenter le tout en profitant de l'hospitalité quadraturienne et de pop-corn.

« Nous en appelons donc aux accros du #DirectAN, aux cyniques, aux feignants, à venir en ce 25 septembre au début des débats en plénière (autour de 15h) et jusqu'à la fin de la retransmission (tard le soir donc) à nous rejoindre au Garage. Amenez vos comptes twitter, votre sens aigu du commentaire politique ou vos capacités stakhanovistes de live-tweet ainsi que de quoi boire et grignoter2 pendant la projection du film catastrophe : La fin de l'État de droit : la victoire du Bien™ sur les Méchants© », interpelle Okhin, projectionniste de LQDN.