PROJET AUTOBLOG


La Quadrature du Net

source: La Quadrature du Net

⇐ retour index

D. Dalton, rapporteur sur le règlement antiterroriste, est sur le point d’autoriser la censure de masse

lundi 28 janvier 2019 à 12:44

Daniel Dalton est député au Parlement européen (Royaume-Uni, ECR – Extrême-droite) et a été désigné rapporteur pour la Commission LIBE sur le règlement de censure antiterroriste (lire notre article sur le texte). Venant du Royaume-Uni, il ne fera plus partie du Parlement européen d’ici quelques mois, mais il compte auparavant laisser l’Union européenne sous-traiter la censure de l’Internet à Google et Facebook, détruire les autres acteurs de l’Internet et laisser à la police le pouvoir d’ordonner le retrait en une heure de contenus qu’elle juge illicite, et cela sans autorisation judiciaire.

Mercredi dernier, il a publié son projet de rapport – un texte sur lequel se basera le Parlement européen pour amender la proposition sécuritaire de la Commission européenne publiée en septembre dernier, proposition poussée par la France et l’Allemagne. Ce projet de rapport ne propose aucun vrai changement par rapport au texte initial. Peut-être que, nous laissant bientôt à notre sort, M. Dalton n’a rien à faire de ce règlement.

Ou est-ce vraiment le cas ?

Lors des derniers mois, Dalton a pourtant exprimé publiquement son opposition aux obligations de filtrage automatique qui résulteront de l’article 13 de la directive sur le droit d’auteur.

Il a ainsi clairement énoncé que « Les grands acteurs comme Google et Amazon auront la capacité de respecter les obligations qui leur seront imposées par le texte de la commission JURI sur l’article 13, c’est à dire de chercher des millions d’ayant-droits à travers le monde, de conclure avec eux des accords et mettre en place des logiciels sophistiqués de surveillance, ce que ne pourront peut-être pas faire des petites entreprises unipersonnelles à temps partiel. La mise en ligne de nombreux contenus légitimes sera automatiquement empêchée par ces logiciels de surveillance de contenu que les sites auront l’obligation d’installer. De nombreux utilisateurs ne contesteront pas ces décisions, ce qui constitue une entrave inacceptable à la liberté d’expression, ce qui serait un changement fondamental pour la nature de l’Internet tel que nous le connaissons aujourd’hui ». Alors pourquoi ferait-il aujourd’hui l’opposé ?

Il y a deux hypothèses.

Première possibilité : il n’a jamais été sincère et il travaille en réalité depuis le début pour Google. Google est contre l’article 13 ? Dalton l’est aussi. Google bénéficiera largement de ce règlement antiterroriste, car celui-ci détruira nombre de ses concurrents et le placera au centre du système de modération du Web ? Dalton défend ce texte. C’est une hypothèse très cynique et nous ne préférons pas y croire.

Seconde hypothèse : Dalton est sincère mais mal informé. Il n’a pas lu les lettres ouvertes signées par des dizaines d’acteurs de l’Internet ou les analyses que nous avons publié aux côtés de nombreuses autres organisations et associations (EDRi ou Mozilla par exemple). C’est assez crédible. Le seul changement que suggère Dalton dans son projet de rapport est d’indiquer que le règlement ne devra pas conduire à un filtrage automatisé des contenus. C’est en accord avec sa position sur la directive droit d’auteur. Mais il n’a pas encore réalisé que, malgré sa proposition, le cœur même du texte ne peut conduire qu’à une forme de censure automatisée.

Si les acteurs de l’Internet sont obligés de prévoir un point de contact disponible 24h/24 et 7 jours sur 7 pour répondre en moins d’une heure aux injonctions de retrait de la police (quelque chose toujours présent dans le projet de rapport), qu’est-ce que Dalton pense qu’il arrivera ? Très peu d’acteurs seront capables de retirer des contenus dans un tel délai. Et, de toutes façons, personne n’attendra calmement que la police les appelle. La plupart des acteurs ne pourront que déléguer la modération des contenus à d’autres entreprises. Lesquelles ? Il suffit, pour comprendre, de lire les communiqués publiés conjointement par la Commission européenne, Google et Facebook : ces entreprises prétendent être capables de détecter et de retirer des contenus soi-disant terroristes en une heure et la Commission explique que les petits acteurs devront désormais utiliser leurs outils1Dès juin 2017, la Commission européenne se félicite publiquement « avoir travaillé depuis deux ans avec les plateformes clefs du Web au sein du Forum européen de l’Internet », qui regroupe Google, Facebook, Twitter et Microsoft depuis 2015, « pour s’assurer du retrait volontaire de contenus terroristes en ligne », notamment grâce à « l’initiative menée par l’industrie de créer une « base de données d’empreintes numériques » [« database of hashes »] qui garantit qu’un contenu terroriste retiré sur une plateforme ne soit pas remis en ligne sur une autre plateforme ».
Pour la Commission, déjà, « l’objectif est que les plateformes en fassent davantage, notamment en mettant à niveau la détection automatique de contenus terroristes, en partageant les technologies et les outils concernés avec de plus petites entreprises et en utilisant pleinement la « base de données d’empreintes numériques » » (toutes ces citations sont des traductions libres de l’anglais).
<script type="text/javascript"> jQuery("#footnote_plugin_tooltip_1").tooltip({ tip: "#footnote_plugin_tooltip_text_1", tipClass: "footnote_tooltip", effect: "fade", fadeOutSpeed: 100, predelay: 400, position: "top right", relative: true, offset: [10, 10] });.

C’est plutôt simple : le but même de ce règlement est de forcer tous les acteurs de l’Internet à utiliser les outils développés par Google et Facebook depuis deux ans dans le cadre du Forum de l’UE sur l’Internet. La Commission européenne ne s’en est jamais cachée. Si Dalton est sincèrement opposé au filtrage automatisé et ne travaille pas pour Google, il devrait simplement retirer son projet de rapport et demander le rejet du règlement – ce texte n’étant d’aucun façon amendable ou améliorable.

Un premier vote sur ce projet de rapport est prévu pour le 21 mars. La Quadrature du Net rencontrera cette semaine des députés du Parlement européen et nous vous tiendrons au courant des retours du terrain.

« Les déclarations de M. Dalton ne semblent pas correspondre à ses actions. S’il est vraiment opposé au filtrage automatisé, alors pourquoi s’y oppose-t-il seulement quand il s’agit de la directive droit d’auteur et pas sur le règlement de censure antiterroriste ? Si vous êtes aussi intrigués que nous par le comportement incohérent de M. Dalton, n’hésitez pas à lui demander directement » suggère Martin Drago, chargé d’analyse juridique à La Quadrature du Net.

References   [ + ]

1. Dès juin 2017, la Commission européenne se félicite publiquement « avoir travaillé depuis deux ans avec les plateformes clefs du Web au sein du Forum européen de l’Internet », qui regroupe Google, Facebook, Twitter et Microsoft depuis 2015, « pour s’assurer du retrait volontaire de contenus terroristes en ligne », notamment grâce à « l’initiative menée par l’industrie de créer une « base de données d’empreintes numériques » [« database of hashes »] qui garantit qu’un contenu terroriste retiré sur une plateforme ne soit pas remis en ligne sur une autre plateforme ».
Pour la Commission, déjà, « l’objectif est que les plateformes en fassent davantage, notamment en mettant à niveau la détection automatique de contenus terroristes, en partageant les technologies et les outils concernés avec de plus petites entreprises et en utilisant pleinement la « base de données d’empreintes numériques » » (toutes ces citations sont des traductions libres de l’anglais).
<script type="text/javascript"> function footnote_expand_reference_container() { jQuery("#footnote_references_container").show(); jQuery("#footnote_reference_container_collapse_button").text("-"); } function footnote_collapse_reference_container() { jQuery("#footnote_references_container").hide(); jQuery("#footnote_reference_container_collapse_button").text("+"); } function footnote_expand_collapse_reference_container() { if (jQuery("#footnote_references_container").is(":hidden")) { footnote_expand_reference_container(); } else { footnote_collapse_reference_container(); } } function footnote_moveToAnchor(p_str_TargetID) { footnote_expand_reference_container(); var l_obj_Target = jQuery("#" + p_str_TargetID); if(l_obj_Target.length) { jQuery('html, body').animate({ scrollTop: l_obj_Target.offset().top - window.innerHeight/2 }, 1000); } }

[RadioCampusParis] La matinale – Quadrature du net & Les enfant.e.s du désordre

lundi 28 janvier 2019 à 11:00

Conserver un internet libre pour diversifier et démêler les vérités et des mensonges à propos des usages d’internet c’est le quotidien des activistes de La Quadrature du net. Martin Drago et Marne sont au micro de la Matinale de 19h pour réagir au projet de la Commission Européenne de censure antiterroriste sur internet. Ils nous offrent aussi un décryptage des usages et libertés sur internet.

« Pour soi-disant nous protéger du terrorisme, on impose des interdictions très restrictives à l’ensemble des acteurs d’internet que ce soit les grands réseaux, les forums et les sites. » […]

https://www.radiocampusparis.org/la-matinale-la-quadrature-du-net-les-enfant-e-s-du-desordre/

[NRLDP : Soutenons notre internet, La Quadrature a besoin de vos dons.]

Censure antiterroriste : la Commission européenne maintient la pression sur le Parlement

mercredi 23 janvier 2019 à 15:33

Après sa présentation en septembre 2018 par la Commission européenne et son adoption trois mois plus tard par les gouvernements européens, le projet de règlement sur la censure antiterroriste est en ce moment en discussion devant le Parlement européen.

Pour rappel, ce texte obligera de fait tous les acteurs du Web à se soumettre aux outils de surveillance et de censure automatisée fournis par Facebook et Google, tout en permettant à la police d’exiger le retrait en une heure des contenus qu’elle juge « terroriste », sans l’autorisation d’un juge.

Au sein du Parlement, c’est aujourd’hui la Commission LIBE (pour Libertés civiles, justice et affaires intérieures) qui a été désignée comme « compétente au fond », avec comme rapporteur Daniel Dalton (Royaume-Uni, ECR – Extrême-droite). Ce dernier sera donc chargé de rendre un rapport proposant des amendements au texte de la Commission européenne, rapport qui servira ensuite de base au Parlement européen pour examiner le texte de la Commission en séance plénière. Selon nos informations, Dalton pourrait essayer de publier un projet de rapport d’ici la fin janvier avec pour objectif de le faire adopter par la Commission LIBE dès le 21 mars 2019.

Deux autres commissions ont été désignées pour rendre à la Commission LIBE des avis sur la proposition législative : la Commission IMCO (pour Marché intérieur et protection des consommateurs – avec Julia Reda comme rapporteure – Allemagne, Groupe des Verts) et la Commission CULT (pour Culture et Éducation – avec Julie Ward comme rapporteure – Royaume-Uni, du groupe Socialistes et Démocrates).

Ces commissions ont toutes les deux récemment publié leur projet d’avis sur le texte.

Le projet d’avis de Julia Reda, publié le 13 décembre 2018, suggère la modification et même la suppression de nombreux éléments qui posaient problème dans le texte original présenté par la Commission européenne. Il y est ainsi proposé d’exclure du champ d’application les petites et moyennes entreprises ainsi que les services d’informatique en nuage, les blogs ou les services de communication interpersonnelles (c’est à dire les messageries instantanées). Elle recommande par ailleurs que seules des autorités judiciaires (et non plus la police) puissent demander à un fournisseur le retrait d’un contenu et cela, non plus dans l’heure mais seulement « rapidement, compte étant tenu de la taille et des ressources des fournisseurs des services d’hébergement ». Le fournisseur de service pourrait également contester le fondement de la demande de retrait qui lui est adressé. Enfin, parmi d’autres mesures, il est demandé la suppression de l’article 6 qui concernait la possibilité pour les autorités d’imposer des mesures de filtrage automatique aux fournisseurs de services.

Concernant la Commission CULT, Julie Ward a publié la semaine dernière un projet d’avis dans lequel elle critique à son tour les dangers de la proposition de la Commission. Elle y propose notamment, elle-aussi, de ne donner le pouvoir d’ordonner des retraits de contenus qu’aux autorités judiciaires, de ne plus parler d’un retrait en une heure mais « dans les meilleurs délais », de supprimer l’article 6 sur les mesures proactives de filtrage et de retirer la sanction minimum de 4% du chiffre d’affaires…1Notons que parmi les différences entre les deux projets d’avis, Julia Reda ne propose pas seulement de supprimer l’article 6 sur les mesures proactives mais également l’article 5 qui laissait au fournisseur de services l’opportunité de supprimer ou non un contenu signalé par les autorités – ce qui n’est pas proposé dans le projet d’avis de Julie Ward.<script type="text/javascript"> jQuery("#footnote_plugin_tooltip_2897_1").tooltip({ tip: "#footnote_plugin_tooltip_text_2897_1", tipClass: "footnote_tooltip", effect: "fade", fadeOutSpeed: 100, predelay: 400, position: "top right", relative: true, offset: [10, 10] });

Si ces deux projets d’avis contiennent des propositions de modification qui sont les bienvenues par rapport au texte original, il reste que la stratégie que paraissent poursuivre les députées, c’est-à-dire de vider le texte de sa substance (réduction du nombre d’acteurs visés, passage obligatoire par des autorités judiciaires, suppression du délai de retrait d’une heure et des filtres automatiques…) sans appeler à son rejet en entier, nous semble être un jeu bien trop dangereux, qu’il ne faut surtout pas jouer.

En effet, premièrement, rien ne dit que ce seront les avis définitifs qui seront adoptés par IMCO et CULT et, deuxièmement, il sera toujours plus facile, une fois le texte adopté, de faire sauter les exceptions pour revenir au projet d’origine de la Commission. Comme nous le soulignons depuis septembre, seul le rejet du texte en son entier permettra de sauvegarder nos libertés et de conserver un Internet libre et décentralisé.

Il reste maintenant à savoir quelle sera la teneur du rapport de Daniel Dalton pour la Commission LIBE. Ses positions habituelles n’ont rien pour nous rassurer. L’autre question tient à savoir si le Parlement européen parviendra à se prononcer en séance plénière sur ce texte avant les élections européennes à venir en mai 2019.

S’il semble que, plus le temps avance, moins cela semble certain, le commissaire européen responsable de ce texte, Julian King, paraît, de son côté, toujours y croire,  :

« Après un certain retard, le Parlement européen vient de confirmer la semaine dernière les commissions compétentes sur le texte. Nous devons donc désormais concentrer tous les efforts pour obtenir un accord avant les élections européennes.

C’est la première de nos trois priorités pour cette année, et la plus urgente à court terme»

En conclusion, si nous avions pu espérer en fin d’année dernière un ralentissement des débats sur ce sujet, ni la Commission ni les gouvernements ne semblent prêts à lâcher l’affaire et continuent d’imposer aux institutions européennes un rythme étranger à tout débat démocratique.

References   [ + ]

1. Notons que parmi les différences entre les deux projets d’avis, Julia Reda ne propose pas seulement de supprimer l’article 6 sur les mesures proactives mais également l’article 5 qui laissait au fournisseur de services l’opportunité de supprimer ou non un contenu signalé par les autorités – ce qui n’est pas proposé dans le projet d’avis de Julie Ward.
<script type="text/javascript"> function footnote_expand_reference_container() { jQuery("#footnote_references_container").show(); jQuery("#footnote_reference_container_collapse_button").text("-"); } function footnote_collapse_reference_container() { jQuery("#footnote_references_container").hide(); jQuery("#footnote_reference_container_collapse_button").text("+"); } function footnote_expand_collapse_reference_container() { if (jQuery("#footnote_references_container").is(":hidden")) { footnote_expand_reference_container(); } else { footnote_collapse_reference_container(); } } function footnote_moveToAnchor(p_str_TargetID) { footnote_expand_reference_container(); var l_obj_Target = jQuery("#" + p_str_TargetID); if(l_obj_Target.length) { jQuery('html, body').animate({ scrollTop: l_obj_Target.offset().top - window.innerHeight/2 }, 1000); } }

Première sanction contre Google suite à nos plaintes collectives

lundi 21 janvier 2019 à 17:13

Le 28 mai dernier, La Quadrature du Net déposait devant la CNIL, au nom de 12 000 personnes, cinq plaintes contre Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft. Depuis, la CNIL a décidé de traiter elle-même la plainte contre Google, alors que les autres sont parties devant les autorités irlandaise et luxembourgeoise (lire notre explication). À cela s’ajoutait une autre plainte déposée elle aussi devant la CNIL par nos amis de l’association autrichienne NOYB contre Android.

Aujourd’hui, la CNIL vient de sanctionner Google à hauteur de 50 millions d’euros, considérant que le ciblage publicitaire qu’il réalise sur son système d’exploitation Android n’est pas conforme au règlement général pour la protection des données (RGPD), la nouvelle loi européenne entrée en application le 25 mai 2018. Cependant, cette sanction n’est qu’une toute première partie de la réponse à notre plainte contre Google, qui dénonçait surtout le ciblage publicitaire imposé sur Youtube, Gmail et Google Search en violation de notre consentement.

Ainsi, la CNIL explique notamment le montant de sa sanction, très faible en comparaison du chiffre d’affaire annuel de près de 110 milliards de dollars de Google, du fait que le périmètre de son contrôle s’est limité aux « traitements couverts par la politique de confidentialité présentée à l’utilisateur lors de la création de son compte à l’occasion de la configuration de son téléphone mobile sous Android » (par. 78). Nous attendons donc de la CNIL qu’elle réponde rapidement au reste de notre plainte, au sujet de Youtube, Gmail et Google Search, en imposant cette fois-ci une sanction d’un montant proportionné à cette entreprise ainsi qu’à l’ampleur et à la durée de la violation de nos droits (le montant maximal possible, que nous espérons, est de plus de 4 milliards d’euros, 4% du chiffre d’affaire mondial).

Par ailleurs, sur le fond, la CNIL a aujourd’hui sanctionné Android sur des arguments dont l’enjeu est assez faible : elle considère, à juste titre, que les informations que nous donne Google au moment de créer un compte ne sont pas clairement accessibles et que notre consentement n’est pas recueilli de façon explicite (par un acte positif de notre part) mais notamment au moyen de cases pré-cochées, ce que le RGPD interdit explicitement.

Certes, ce dernier argument était bien un de ceux que nous avions soulevés dans nos plaintes, mais nos plaintes visaient avant tout à trancher un autre débat, bien plus fondamental : que la CNIL reconnaisse que notre consentement n’est valide que s’il est librement donné. Que la CNIL explique clairement que Google ne peut pas nous obliger à accepter son ciblage publicitaire afin de pouvoir utiliser ses services.

Contrairement aux décisions rendues récemment par la CNIL au sujet d’entreprises françaises, la CNIL est aujourd’hui parfaitement muette à ce sujet, et nous le déplorons. Nous attendons donc d’elle qu’elle aborde frontalement ce sujet dans les décisions qu’elle doit rendre prochainement au sujet de Youtube, Gmail et Google Search.

Au passage, toutefois, notons que Google, au cours de la procédure, a prétendu qu’il exigeait systématiquement notre consentement pour nous cibler à des fins publicitaires, et ne se reposait pas sur une autre base légale (tel que « l’intérêt légitime » – voir notre plainte, p.10). Ces prétentions sont intéressantes, premièrement parce qu’elles contredisent le contenu même de la politique de confidentialité de Google (qui prétend pouvoir nous cibler sans notre consentement), mais aussi parce qu’elles laissent envisager un repli stratégique de la part de Google qui, dos au mur, pourrait enfin cesser de feindre d’ignorer entièrement le droit européen.

Un risque majeur demeure toutefois : pour échapper à des sanctions, Google a récemment modifié ses conditions d’utilisation. Celles-ci prétendent, à partir du 22 janvier, établir l’entreprise comme étant située en Irlande dans l’espoir d’empêcher la CNIL française de rendre des décisions telle que celle d’aujourd’hui (l’autorité irlandaise étant en sous-effectif et débordée de plaintes, Google peut espérer y faire traîner sa procédure pendant des années). Nous attendons de la CNIL qu’elle ignore cette pirouette éhontée et décide de rester compétente pour prononcer les autres sanctions contre Youtube, Gmail et Google Search, notre plainte ayant été déposée bien avant ce changement unilatéral des conditions d’utilisation imposées par l’entreprise.

En conclusion, même si nous nous réjouissons d’une première sanction sur le fondement de nos plaintes collectives, notamment car la décision d’aujourd’hui vient couper court à la tentative de fuite en Irlande de Google, nous attendons surtout de la CNIL qu’elle prononce très prochainement la suite des décisions auxquelles notre plainte appelle. Ces décisions devront aborder frontalement la question du « consentement libre » et prévoir une sanction d’un montant proportionné à la situation, bien au delà de 50 millions d’euros.

Surtout, un grand merci au 12 000 personnes avec qui nous avons engagé ces plaintes contre les GAFAM et leur monde <3

La Quadrature du Net a encore besoin de vos dons

mercredi 19 décembre 2018 à 16:33

Nous voici à la fin de la campagne de dons annuelle de La Quadrature du Net : cinq semaines que nous avons vécues au rythme des évènements thématiques organisés et des belles rencontres qu’ils nous ont permis de faire.

Nous y avons parlé des sujets qui sont au cœur de nos actions : la lutte contre la censure et la surveillance mais aussi contre l’emprise des GAFAM et de l’économie de l’attention sur nos vies.

Nous avons aussi parlé de ce qui nous guide au jour le jour : la vision d’un Internet libre, neutre et décentralisé, vision partagée par nombre de nos ami·es, à qui nous avons essayé de donner un peu la parole dans cette campagne, à travers diverses vidéos.1Pour voir, revoir ou diffuser autour de vous ces vidéos :
« Soutenons notre Internet »
« Contre la censure, la décentralisation »
« Notre Internet, nos câbles »
« Nos données ne sont pas des marchandises »
« Résistons à la surveillance »
<script type="text/javascript"> jQuery("#footnote_plugin_tooltip_6244_1").tooltip({ tip: "#footnote_plugin_tooltip_text_6244_1", tipClass: "footnote_tooltip", effect: "fade", fadeOutSpeed: 100, predelay: 400, position: "top right", relative: true, offset: [10, 10] });

Nous avons enfin beaucoup parlé d’un sujet crucial tant il menace l’Internet que nous aimons : la censure sécuritaire au prétexte de la lutte anti-terroriste.

Si la série d’évènements que nous avons organisés s’est achevée hier avec une inspirante soirée littéraire,2Pour retrouvez les captations de plusieurs de ces soirées :
« Quel avenir juridique pour les hébergeurs ? »
« Capitalisme de surveillance »
« Soirée littéraire « le futur d’Internet »
<script type="text/javascript"> jQuery("#footnote_plugin_tooltip_6244_2").tooltip({ tip: "#footnote_plugin_tooltip_text_6244_2", tipClass: "footnote_tooltip", effect: "fade", fadeOutSpeed: 100, predelay: 400, position: "top right", relative: true, offset: [10, 10] }); les attaques contre nos libertés fondamentales se multiplient.
La lutte ne s’arrête donc pas là : ce dossier « censure sécuritaire » mais aussi les projets de « smart cities » technopolicières qui fleurissent partout dans le monde, et notamment en France, dessineront ce que seront les combats de La Quadrature du Net pour l’année à venir.

C’est pourquoi La Quadrature du Net a besoin de vous encore une fois. Notre objectif de campagne est loin d’être atteint : nous en sommes aujourd’hui à 45%, et la vie de l’association est assurée jusqu’en juin 2019. Ensuite, c’est flou. Les années précédentes, des événements d’actualité très forts, comme l’état d’urgence contre lequel nous étions très impliqués ou comme notre action collective contre les GAFAM ont relancé les dons en cours d’année, ce qui nous avait permis de boucler le budget. En 2019, nous partons en campagne contre la volonté de la France et de l’Union européenne d’augmenter la censure du Web sous prétexte de lutter contre le terrorisme. L’année sera difficile. Et sans votre aide nous ne pourrons pas mener à bien ce pour quoi nous sommes là : défendre au quotidien les libertés de chacune et chacun !

References   [ + ]

<script type="text/javascript"> function footnote_expand_reference_container() { jQuery("#footnote_references_container").show(); jQuery("#footnote_reference_container_collapse_button").text("-"); } function footnote_collapse_reference_container() { jQuery("#footnote_references_container").hide(); jQuery("#footnote_reference_container_collapse_button").text("+"); } function footnote_expand_collapse_reference_container() { if (jQuery("#footnote_references_container").is(":hidden")) { footnote_expand_reference_container(); } else { footnote_collapse_reference_container(); } } function footnote_moveToAnchor(p_str_TargetID) { footnote_expand_reference_container(); var l_obj_Target = jQuery("#" + p_str_TargetID); if(l_obj_Target.length) { jQuery('html, body').animate({ scrollTop: l_obj_Target.offset().top - window.innerHeight/2 }, 1000); } }