PROJET AUTOBLOG


Paris-luttes.info

Site original : Paris-luttes.info

⇐ retour index

Martinique et Guadeloupe empoisonnées aux pesticides, Nous exigeons Justice et Réparations !

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Rendez-vous le mardi 6 février à partir de 10h à l'académie du climat (4e) pour une discussion autour des pesticides en Martinique et en Guadeloupe.

Depuis la fin des années 1960, nos terres, nos cours d'eau, nos eaux côtières, et nos corps sont empoisonnés aux pesticides, parmi les plus dangereux et les plus polluants, dont le chlordécone et ce, au nom du profit. Nos vies ont été sacrifiées, par les grands planteurs, sous l'égide de l'État français sur l'hôtel des monocultures coloniales que sont celles de la banane, de la canne à sucre, de l'ananas, dont les productions sont des:nées à satisfaire les besoins de la France et de l'Europe.

La dangerosité du chlordécone pour la santé humaine et pour l'environnement, du fait de son caractère persistant et rémanent était connue depuis 1968, date à laquelle la Commission d'Étude de l'Emploi des Toxiques en Agriculture s'est opposée à son usage du fait de « sa grande persistance et de sa toxicité ». Malgré les alertes plurielles formulées par la communauté scientifique, l'État a autorisé l'utilisation de cette molécule en Martinique et en Guadeloupe, de 1972 à 1993.

Les Grands planteurs ont contraint les ouvrier.e.s agricoles, dont des femmes enceintes, à manipuler une litanie de pesticides, dont le chlordécone, sans aucune protection, malgré leurs luttes et alertes répétées. Lors de la grève des 1974 dans les bananeraies, les travailleurs exigeaient la suppression des produits toxiques. Il leur a été répondu par des tirs de balles réelles.

L'enquête de terrain menée par le COAADEP auprès des ouvrier.e.s agricoles et de leurs familles, a révélé qu'ils et elles sont presque tous et toutes atteint.e.s de lourdes pathologies (cancers de la prostate, des os, de l'utérus, du sein, des poumons, de la thyroïde, généralisé, de leucémie, de cécité, de déchaussement des dents, de polyarthrite rhumatoïde, etc).

Les premières victimes du scandale, non pas seulement du chlordécone, mais des pesticides, que sont les ouvrier.e.s agricoles et leurs ayants- droit, sont les grand.e.s oublié.e.s des plans de santé publique relatifs au chlordécone. Nos populations et territoires dits « ultra-marins » ne sont perçus qu'au travers d'un prisme utilitariste et colonial tant par les gouvernements successifs que par la classe dominante dont font partie les Grands planteurs. Cette perception étant celle-la même ayant permis au scandale du chlordécone d'advenir, à ses conséquences de se poursuivre et aux grands planteurs de continuer l'usage irraisonné de pesticides.

Lors du Comité interministériel des Outre-mer, tenu en juillet 2023, l'ancienne Première Ministre déclarait que « les Outre-mer sont une chance inespérée pour la France », l'inverse n'est manifestement pas vrai. Plus de 90% des Martiniquais.es et des guadeloupéen.ne.s sont empoisonné.e.s par le chlordécone, et, en l'absence d'un grand plan de dépollution, ce triste état de fait se poursuivra pour des siècles encore selon les prévisions des scientifiques.

En l'espace de 14 ans, quatre « Plans chlordécone » ont été annoncés. Ils se sont révélés stériles et inadaptés face à l'immensité du désastre environnemental, sanitaire, social et économique que connaît notre pays. Aucune des mesures n'a sérieusement répondu aux besoins des victimes, pourtant clairement formulées par le maillage associatif, la société civile et les élus locaux.

Il y a un an, 17 ans après le dépôt d'une plainte pour crime d'empoisonnement au chlordécone, la justice française rendait une ordonnance de non-lieu, en raison d'une prétendue prescription des faits poursuivis. Nous refusons que l'État français, juge et partie dans ce dossier, s'arroge le droit de s'absoudre et d'absoudre les Grands planteurs des crimes coloniaux subis par les ouvriers et ouvrières agricoles. Il ne peut pas exister de prescription lorsque des enfants naissent avec du chlordécone dans le sang chaque jour en Martinique et en Guadeloupe, ni lorsque nos terres sont contaminés pour 700 ans.

Il incombe aux responsables politiques d'entendre la vérité des ouvriers et des ouvrières agricoles, celles qui contraint à reconnaître qu'il ne s'agit pas uniquement d'un scandale sanitaire, mais bien de crimes contre l'humanité, perpétrés à l'encontre des peuples Martiniquais et Guadeloupéen.

L'expérience nous prouve que nous ne pouvons attendre, ni du Gouvernement une volonté de « sortir, par le haut, de ce scandale », ni de la justice française qu'elle condamne les responsables à réparer leurs crimes.

Il est donc plus que jamais nécessaire de soutenir le travail initié par les parlementaires Martiniquais pour qu'une Loi Programme soit soumise au vote de la représentation nationale française afin que les politiques publiques attentistes et stériles laissent place à :

  • La réparation des préjudices physique, moral, et d'anxiété subis par l'ensemble des populations Martiniquaises et Guadeloupéennes ;
  • La reconnaissance et à l'indemnisation de TOUTES les maladies professionnelles résultant de la contamination au chlordécone et au « cocktail » de pesticides, par la population et particulièrement par les ouvrier.e.s agricoles et leurs enfants ;
  • Des financements conséquents pour assurer le fonctionnement du Centre régional de pathologies professionnelles et environnementales de Martinique.

Nous ne tolérons pas que les grands planteurs responsables de l'empoisonnement (qui ont eu l'audace de se constituer partie civile !) reçoivent des fonds publics au titre de « l'indemnisation des préjudices subis » alors que les principales victimes sont totalement laissées pour compte. Les grands planteurs de banane sont à l'origine de la fabrication, de la commercialisation du chlordécone dont ils ont imposé l'épandage aux ouvrier.e.s agricoles. Ils doivent être contraints d'assumer leur part de responsabilité.

Nous ne tolérons pas la flagrante différence de traitement existant entre les victimes des scandales sanitaires qui ont touché la France (Amiante, sang contaminé, etc.) et les victimes de l'empoisonnement en Martinique et en Guadeloupe. Cette discrimination est inacceptable !

Nous ne tolérons pas que l'empoisonnement continue, et que la contamination passée au chlordécone nous affecte pendant des siècles durant.

Comme l'a révélé le COAADEP, aujourd'hui encore, les ouvrier.e.s sont soumis aux pesticides contenus dans l'eau de lavage des bananes dans les hangars
(essentiellement dans le Nord Atlantique et dans le centre de la Martinique). Une eau prélevée directement dans les rivières qui, comme l'a révélé l'Observatoire de l'eau de Martinique en 2021, contient 44 pesticides, parfois à des taux très élevés.

Plus généralement, l'usage massif de pesticides autres que le chlordécone se poursuit parce qu'il est indissociable du modèle productiviste et de la monoculture imposés en agriculture. La réparation du crime d'empoisonnement passe par un modèle alternatif de développement et surtout par le respect non négociable de notre humanité.

Le Collectif des ouvrier.e.s agricoles et de leurs ayants-droit empoisonné.e.s par les pesticides

Nous contacter : collectifouvriersagricolesmq@gmail.com

Projection au ciné club de la Bourse du travail d'Aubervilliers : La colère dans le vent

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Le ciné-club de la Bourse du travail d'Aubervilliers vous invite à la projection du film LA COLÈRE DANS LE VENT d'Amina Weira (Documentaire, 2016, 54 min) le vendredi 2 février à 19h30. Entrée libre

« Dans ma ville d'origine Arlit, au Nord du Niger, Areva exploite l'uranium depuis 1976. Aujourd'hui, une bonne partie de cette région, balayée par les vents de sable, est contaminée. La radioactivité ne se voit pas et la population n'est pas informée des risques qu'elle encourt. Cette exploitation a complètement désorganisé la vie de la population. Une partie de l'année, de violents vents de sable enveloppent entièrement la ville. Ce vent de poussière propage des substances radioactives. Chacun cherche un abri. La ville devient calme, toutes les activités sont stoppées. Mon père, travailleur de la mine d'uranium en retraite, est au cœur de ce film. Il va dépoussiérer ses souvenirs, les 35 années de son passage à la mine. Grâce à mon père, je vais à la rencontre d'autres anciens travailleurs qui ont certainement leur mot à dire. »

La Bourse du travail d'Aubervilliers est en lutte contre son expulsion voulue par la municipalité. Face à ce projet antisocial, défendons un lieu de défense des droits, de rencontre et d'organisation collective.

Bourse du travail d'Aubervilliers
1, rue des 21 appelés
93300 Aubervilliers
Métro Aimé Césaire

Affiche :

Communiqué du 26 janvier de la Confédération Paysanne

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

La Confédération paysanne ne peut se satisfaire des annonces du gouvernement et poursuit la mobilisation.

Face aux difficultés exprimées par le monde agricole, les annonces du Premier ministre ce soir sont largement insuffisantes voire, pour certaines d'entre elles, totalement éloignées des réalités et de l'urgence d'agir sur le revenu paysan pour redonner des perspectives d'avenir à toutes les fermes. C'est pourquoi la Confédération paysanne va continuer la mobilisation ce week-end et la semaine prochaine, dont le 1er février à Bruxelles à l'appel du syndicat belge FUGEA.

Des mesures conjoncturelles, d'urgence et d'aides à la trésorerie ont été annoncées pour les agriculteurs et agricultrices impactées par la MHE, les tempêtes, les inondations et pour celles et ceux en agriculture biologique. Elles étaient indispensables, attendues depuis trop longtemps et revendiquées par la Confédération paysanne depuis le début de ces différentes crises.

Parce que nos revenus ne sont pas sécurisés par une interdiction d'achat de nos produits sous nos coûts de revient, ce sont des mesures structurelles que nous attendions avec des prix minimums garantis, de la régulation des marchés (y compris en Europe) et de la maîtrise des volumes. Au-delà du respect (enfin !) de la loi Egalim, aucune annonce aujourd'hui pour garantir des prix rémunérateurs pour nos produits agricoles, qui constituent pourtant l'enjeu principal.

Sur le Mercosur*, le gouvernement français doit agir maintenant en stoppant les négociations qui sont au bord de la conclusion. Annoncer que la France « ne signera pas le Mercosur* » ne veut rien dire ; la preuve Emmanuel Macron le répète depuis 2020, ce qui n'empêche nullement les négociations de se poursuivre en ce moment même !

Pire, le Premier ministre répond à des demandes productivistes et à court terme de la FNSEA* qui vont affaiblir les normes et accélérer la mise en concurrence entre paysan·nes. Or la préoccupation première sur le terrain est bien de vivre dignement de son métier. La surcharge administrative doit être allégée sans que cela ne remette en cause les normes protectrices pour notre santé, nos droits sociaux et notre planète.

Pour réussir la transition agroécologique nécessaire et inéluctable, ce dont nous avons besoin, c'est d'un accompagnement économique à la hauteur de nos besoins et des enjeux du changement climatique et de la biodiversité.

Nous poursuivons donc les mobilisations pour rassembler le plus largement possible et offrir enfin un avenir désirable, sécurisé et durable pour des paysannes et paysans nombreux et rémunérés, fiers de produire une alimentation de qualité.

Les JOP et la Prostitution : lutter contre la propagande

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

À l'approche des Jeux Olympiques et Paralympiques 2024, les clichés et amalgames sur le travail sexuel et les grands évènements sportifs prennent de l'ampleur dans les médias et les discours politiques. Le mythe de la hausse de la prostitution est martelé pour servir un agenda de répression des travailleuses du sexe, en allant à l'encontre de leurs droits les plus fondamentaux.

Nous tenons à rappeler que le travail sexuel n'est pas synonyme de traite des êtres humains à des fins d'exploitation dans le commerce du sexe contrairement à ce que laissent entendre les discours politiques et médiatiques en France. Par cette affirmation, nous ne remettons pas en question l'existence de réseaux de traite des êtres humains à des fins de travail forcé et d'exploitation dans le commerce du sexe, ni la nécessité de mettre en œuvre des politiques publiques adaptées afin d'identifier et protéger les personnes victimes d'exploitation. Les amalgames ne protègent ni les personnes victimes de traite, ni les travailleuses du sexe ! Les politiques de répression du travail sexuel ont un impact négatif sur les conditions d'exercice de l'activité, la lutte contre les violences mais aussi la lutte contre la traite des êtres humains à des fins de travail forcé et d'exploitation dans le commerce du sexe. Il est nécessaire de mener des politiques publiques pragmatiques, une approche par les droits sociaux plus que de mettre en œuvre un agenda sécuritaire et anti-prostitution.

À l'approche des Jeux Olympiques et Paralympiques, la plupart des interventions politiques préparant les mesures de lutte contre la prostitution se basent sur une idée reçue : les grands évènements sportifs augmenteraient drastiquement la prostitution. Cette idée est apparue pour la première fois lors de la tenue des Jeux Olympiques et Paralympiques d'Athènes en 2004. Or depuis, de nombreux cas et de nombreuses études sur le sujet permettent aujourd'hui d'affirmer qu'il n'existe en réalité aucune augmentation de la prostitution et encore moins de la traite des êtres humains à des fins d'exploitation dans le commerce du sexe en lien avec les grands événements sportifs. Le rapport what's the cost of a rumour, publié par Global Alliance Against Traffic in Women démontre que lors de la tenue de grands évènements sportifs comme les JOP ou les Coupes du Monde, il existe un écart important entre l'augmentation annoncée de la prostitution et de la traite des êtres humains à des fins d'exploitation dans le commerce du sexe et la réalité des faits. Bien au contraire, les politiques publiques mises en place pour répondre au mythe de l'augmentation de la traite des êtres humains à des fins d'exploitation dans le commerce du sexe pendant les grands évènements se traduisent principalement par une augmentation de la précarisation et de la criminalisation des travailleuses du sexe. Loin de protéger les travailleuses du sexe, les politiques publiques mises en place par l'État les mettent généralement en danger.

A titre d'exemple, au travers du plan national de lutte contre l'exploitation et la traite des êtres humains 2024-2027, la secrétaire générale de la MIPROF Roxana Maracineanu s'enorgueillit dans la presse de mobiliser une plateforme de signalement pour “risque de prostitution” dans des logements afin d'en avertir les propriétaires et que les travailleuses du sexe se retrouvent expulsées. Il s'agit d'une application disproportionnée des lois sur le proxénétisme qui risque d'entrer en conflit avec le droit inconditionnel au logement. On voit au travers de cet exemple que la volonté n'est pas de mobiliser des moyens d'identification et de protection de personnes victimes de traite des êtres humains pour les protéger mais une volonté de lutter contre le travail sexuel en favorisant leur expulsion.

Malgré son invraisemblance, le mythe de « l'augmentation de la prostitution » à l'occasion des JOP continue d'être repris un peu partout. À quoi sert-il ? Les grands événements sportifs permettent aux gouvernements d'afficher un engagement à la lutte contre la traite des êtres humains sans lever le petit doigt, voire en la favorisant notamment dans le BTP et en laissant intactes les questions politiquement chargées. La récente loi sur l'immigration témoigne de cette hypocrisie du gouvernement dans sa lutte contre la TEH : rendre difficile l'accès à l'Europe et précariser le droit au séjour va exposer des milliers de personnes à la traite. Le mythe de la « hausse de la prostitution » est aussi utile pour justifier des mesures de surveillance, de contrôle social et faire avancer des politiques de gentrification dans certains quartiers via des arrêtés anti-prostitution. Cela a déjà commencé notamment à Lyon et à Paris.

S'il n'y a pas de “hausse de la prostitution” à l'occasion des JOP, il est probable qu'il y ait un déplacement des travailleuses du sexe qui ont l'habitude d'exercer dans les villes où se déroulent les Jeux vers d'autres villes pour fuir la répression accrue de leur activité. Elles seront alors plus exposées aux violences et isolées en cas de besoin de prise en charge d'urgence car éloignées des associations de santé et de santé communautaire qui les accompagnent habituellement. Le refus du gouvernement d'associer les associations de personnes concernées aux décisions politiques qui les concernent va encore une fois exposer les TDS aux violences, aux transmissions de VIH-sida et IST et à une précarisation accrue.

À l'approche des JOP 2024, qu'est-ce qui nous semble plus judicieux à faire concernant le travail du sexe et la lutte contre la traite des êtres humains des fins d'exploitation dans le commerce du sexe ?

  • Associer des travailleuses et travailleurs du sexe dans les décisions politiques qui les concernent, y compris dans la lutte contre la traite à des fins d'exploitation dans le commerce du sexe
  • Anticiper l'itinérance des travailleuses et travailleurs du sexe pour fuir les JOP en renforçant les aller vers des associations de santé communautaire
  • Former les structures de soins et de prise en charge en cas de violence en particulier dans les villes où il n'y a pas d'associations de santé communautaire
  • Décriminaliser l'accès au logement des TDS

Signataires :
Act Up-Paris
Cabiria
Collectif des femmes de Strasbourg-Saint-Denis
Fédération Parapluie Rouge
Saccage 2024
STRASS

Agriculteurs : rejoindre la colère

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Depuis des mois, le monde agricole mène des actions pour montrer sa colère. Au début, le mouvement était totalement contrôlé par la FNSEA, détestable lobby de l'agro-industrie lié au gouvernement et largement responsable de la souffrance des petits agriculteurs. Ces derniers jours, l'explosion est générale, avec des actions paysannes dans tous les sens, parfois spontanées, et échappant à la FNSEA qui fait tout pour rattraper le train en route. Article de Contre-attaque

Rappelons trois éléments importants :

➡️ Les inégalités sont énormes dans l'agriculture avec 80% des aides captées par 20% des agriculteurs. Il n'y a pas un groupe monolithique qui serait « les agriculteurs ». Il y a une lutte des classes au sein du monde agricole, entre les petits, poussés au suicide ou à la misère, et les gros qui cumulent les terres, polluent et mangent les petits. Il y a dans ce mouvement des prolétaires et des millionnaires, c'est pour cela qu'il est si dur à comprendre.

➡️ Ce mouvement est massivement soutenu par la population. 87% des français approuvent les actions, selon un récent sondage. Tout le monde s'identifie au paysan qui galère alors qu'il trime jusqu'à épuisement. Surtout avec ce gouvernement de managers qui nous en fait baver et nous méprise, que tout le monde rêve de voir tomber. Aller à l'encontre de ce sentiment ultra-majoritaire, qui renvoie à l'imaginaire des jacqueries, profondément ancré en France, ne peut être que contre-productif.

➡️ Les agriculteurs ont les moyens matériels du rapport de force. Leur équipement, en particulier les tracteurs, ne peut pas être réprimé comme de simples manifestants à pied. Il suffit de quatre tracteurs pour bloquer une autoroute, cela change profondément la donne. On le voit à Nantes, où des tracteurs de paysans solidaires sont souvent présents dans les manifestations sociales : cela donne un sentiment de puissance et de sécurité face à la police. Le gouvernement laisse faire les agriculteurs pour le moment, pour des raisons stratégiques, mais il sait aussi que s'il lançait la répression, ce serait beaucoup plus compliqué que contre des lycéens ou des Gilets Jaunes.

Une fois ces points en tête, trois informations importantes montrent l'évolution rapide de ce mouvement de colère, et du soutien qu'il faut lui apporter :

➡️ Dans une notre rendue mercredi, les services de renseignement alertent sur « le risque de débordement » de la base des paysans : « plus les jours passent, plus les risques de dérapage s'accentuent ». Ils estiment que les « syndicats risquent d'être débordés » et remarquent que « les syndicats expriment eux-mêmes leur surprise face à l'ampleur de la mobilisation. De nombreux représentants voient des agriculteurs non encartés, et particulièrement déterminés, rallier le mouvement ». Enfin, ils notent que « dans de nombreuses actions, la part des non-syndiqués est importante », en ajoutant que ces derniers « ne sont pas tenus de répondre favorablement aux consignes » syndicales. Cela veut dire que le gros syndicat collabo qui soutient l'agro-industrie, la FNSEA, pourrait être mis hors jeu au profit d'un mouvement bien plus intéressant qui ciblerait les vrais responsables de la souffrance des agriculteurs. Et dans ce cas, il est évident qu'il faut le soutenir !

➡️ De son côté, le 25 janvier, la CGT a appelé ses militantes et militants, « partout où c'est possible, à créer les conditions permettant de faire converger les revendications des salarié·es, des travailleuses et des travailleurs agricoles et des agricultrices et des agriculteurs. Nos échanges doivent permettre d'élargir la mobilisation et de créer des convergences sur les moyens de bien vivre de son travail ». Après une défaite très douloureuse sur les retraites, le mouvement ouvrier, s'il s'alliait avec les petits paysans, pourrait prendre sa revanche sur ce gouvernement.

➡️ Enfin, la Confédération Paysanne, syndicat historiquement à gauche de la profession agricole, opposée au productivisme, « affirme sa pleine solidarité avec les mouvements d'agricultrices et d'agriculteurs en France. Le constat est partagé : la colère exprimée est légitime, tant le problème de la rémunération du travail paysan est profond. Il y a 25 ans, la Confédération Paysanne dénonçait déjà les conséquences du libéralisme, du Larzac à Seattle. » La Conf' réclame « un revenu digne pour tous les paysans et paysannes » et de « rompre avec le libre-échange » : des revendications à soutenir.

Nous étions des millions dans la rue au printemps dernier sur les retraites, cela n'a pas suffi. Nous étions des millions en jaune sur les ronds-points en 2018 et 2019, cela a fait trembler le pouvoir, mais il a tenu. Ces révoltes ont été vaincues, mais la colère n'est jamais retombée. Si tout le monde frappe au même moment, Gilets Jaunes, jeunesse, monde ouvrier et agriculteurs, tout est possible.

Article paru initialement sur Contre-attaque