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Comment la boue devient claire

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Mégabassines, liberté de tuer et fétichisme de la marchandise.

Si l'histoire a parfois les allures d'un bourbier, il faut en guetter les clarifications. Qu'est-ce que la théorie, sinon la vérification permanente d'un édifice logique dans l'immédiateté historique ? Ainsi lui devient-il possible de dégager les possibilités de dépassement d'une époque, par-delà la boue épaisse et sombre qui obstrue son horizon.

Les Gilets Jaunes ont été l'une de ces clarifications. Après de si longues années de résignation, ils ont démontré avec fracas qu'une révolte populaire, spontanée et déterminée était encore possible. Sans doute aura-t-il été absurde d'en douter, tant l'espérance révolutionnaire est indissociable de la société marchande. Mais au-delà de cette seule possibilité, les Gilets Jaunes ont signifié au pouvoir, comme aux désespérés de l'émancipation, que la fuite en avant néolibérale, rendue nécessaire par les limites auxquelles se heurtent aujourd'hui l'accumulation capitaliste et accélérée si ouvertement en France par Emmanuel Macron, ne se ferait pas sans opposition.

Malgré une répression dont la brutalité ne s'était plus vue depuis Mai 68, malgré les emprisonnements, les mutilations, l'État s'est bien gardé de prendre la responsabilité d'un ou de plusieurs morts parmi les émeutiers fluos. Les gouvernants actuels, qui brillent surtout pour leur connerie spectaculaire et leur inculture historique, semblent bien avoir une vague idée du nombre de révolutions qui se sont élancées au cri de « On a tiré sur le peuple ! ». Si la révolte des Gilets Jaunes a connu des situations qui aurait pu aboutir à une telle montée aux extrêmes — un flic encerclé sortant son arme de service, l'Élysée pratiquement dégarni de chiens de garde au cours d'une émeute parisienne —, elle n'a pas connu de mort dans une quelconque prise de la Bastille et aucun flic n'a tué pour empêcher la prise du Fouquet's.

Il était donc permis de se demander si l'État bourgeois, confronté à un conflit encore supérieur, assumerait à nouveau de tuer pour remplir sa tâche. Toute observation lucide de l'époque, et par suite toute théorie un tant soit peu conséquente, mène depuis quelques années au moins à ce constat : le triomphe incontesté du néolibéralisme est terminé et une nouvelle phase historique s'est ouverte, qui implique sa fuite en avant et son raidissement autoritaire. Ces points de tension extrême vont se multiplier — ils se multiplient déjà. Mais le même État a aussi bâti sa légitimité sur la pacification de la société qui, bien que toute relative, a rendu inacceptable le tir au fusil dans la foule, encore si courant au début du vingtième siècle. Que ferait-il alors au pied du mur ? Autrement dit : face à la réintensification du conflit de classe qu'implique la décomposition de la société marchande, l'État bourgeois serait-il de nouveau prêt à tuer s'il venait à être menacé, alors même qu'il mettrait ainsi en jeu l'un des piliers de sa stabilité ?

La manifestation du 24 mars 2023 à Sainte-Soline vient de donner la réponse : c'est oui.

Le pronostic vital de deux camarades blessés par la gendarmerie, qui a délibérément retardé l'arrivée des secours, a dû être engagé.

En vérité, cette réponse était déjà incluse dans la compréhension de ce qu'est l'État bourgeois. Rien de nouveau : elle n'est pas surprenante. Et pourtant, l'entendre n'a rien de plaisant. On peut être légitimement abasourdi devant le tableau grotesque de dirigeants si aveuglés par la tâche qui est la leur qu'ils y sacrifient tout le reste. Leur horizon est à ce point restreint au présent le plus immédiat qu'ils compromettent leur propre avenir : les réprimés d'aujourd'hui sont les révolutionnaires de demain. C'est l'unique sens de la posture choisie par le gouvernement actuel, composé de gestionnaires de choses incapables de connaître les individus : il ne comprend pas. Pas plus que tous les autres sujets de la société marchande, les dirigeants ne savent ce qu'ils font. Cette perte de contrôle est la condition de l'État dans la décomposition : lorsque même la fuite en avant échoue, il n'y a plus qu'à sauver les meubles.

Certes, l'État ne s'était jamais arrêté de tuer. Dans les cités ou dans le « maintien de l'ordre », il n'a jamais été gêné par quelques meurtres occasionnels pour préserver sa paix publique. Et la mémoire de ces morts résonne encore dans les cortèges. Mais contrairement à ceux de la Commune, du massacre de Fourmies ou de la répression des vignerons du Midi, l'État a pu les présenter comme des accidents ponctuels, de fait considérablement moins nombreux, des dommage collatéraux, « en marge » d'une stratégie qui n'aurait jamais accepté la possibilité de tuer, puisque ses victimes ne menaçaient pas directement le monde marchand.

La dernière manifestation à Sainte-Soline, à l'inverse, a démontré par les faits que l'État est prêt à repousser tout assaut contre les marchandises au prix potentiel de vies humaines. La forme qu'y a pris la répression n'est pas un accident mais une volonté planifiée, assurée et menée jusqu'à son terme. Voilà son importance historique. La puissance des images qui en sont issues n'est pas seulement symbolique : elles apportent également une clarification éloquente de ce qu'est réellement la société marchande.

Ici, la configuration même de l'affrontement, cet ordre de bataille relevant du siège, avec sa forteresse plantée en rase campagne, ses défenseurs et ses assaillants, a créé l'exemple le plus éclatant de ce principe au cœur de la société marchande, que le vieux Marx avait appelé fétichisme de la marchandise.

Pour trouver une analogie, nous devons nous échapper vers les zones nébuleuses du monde religieux. Dans ce monde-là, les produits du cerveau humain semblent être des figures autonomes, douées d'une vie propre, entretenant des rapports les unes avec les autres et avec les humains. Ainsi en va-t-il dans le monde marchand des produits de la main humaine. J'appelle cela le fétichisme, fétichisme qui adhère aux produits du travail dès lors qu'ils sont produits comme marchandises, et qui, partant, est inséparable de la production marchande.

Au ciel surplombant le monde matériel, dans lequel les individus plaçaient des divinités qui venaient les piétiner en retour, a succédé le monde « réellement renversé » des marchandises : si le monde matériel a gagné la primauté sur celui des esprits, la matière s'est gonflée d'esprit, et les formes spécifiques de la production marchande ont élevé leurs produits dans un nouveau ciel d'où ils peuvent encore écraser les individus. Parce qu'elles ne sont pas réellement animées, les marchandises ne dominent pas directement : elles ont besoin d'intermédiaires. La bourgeoisie est à leur service, elle est la classe qui doit répondre dans la réalité sociale à leur besoin de croissance. De là l'État bourgeois, sa police, bras armé de la marchandise, militia christi des temps modernes, comme il y a eu des ordres militaires, des moines-soldats, autant d'armées au service d'une idole.

Ainsi les mégabassines peuvent engloutir des vies. Comme au temps du fétichisme religieux, des choses inanimées continuent d'opprimer des individus vivants. Ce n'est bien sûr pas la bassine en elle-même qui est l'objet d'un culte, mais son rôle dans l'économie, celle de support d'une agriculture intensive dédiée à l'exportation. Et c'est elle qui explique un tel déploiement policier.

Cette disposition si spécifique a fourni des images d'une clarté qu'aucun discours n'aurait pu espérer atteindre : devant, une masse d'individus se battant pour une ressource vitale ; au milieu, une troupe armée prête à tuer pour leur barrer le passage ; derrière, une grosse levée de terre qui met en jeu beaucoup d'argent.

Parce qu'elles démontrent au profit de quoi il s'exerce, de telles images contribuent à la décomposition de l'illusion du pouvoir. Du simple appareil de répression qu'il était à l'origine, l'État bourgeois s'est transformé au cours de ses deux siècles d'existence, et sous la pression des luttes de classe, en un vaste édifice de législation, de redistribution, en un mot de compensation de la misère marchande, qui a permis de la réguler plus efficacement, en réduisant les confrontations directes, armes contre armes. Mais maintenant que ces confrontations se multiplient à nouveau, sous l'effet de la raréfaction des ressources et de leur accaparement, l'État tend à se délester de tout cet édifice de régulation pacifique pour revenir à sa fonction première. Il ne change pas de nature — seule tombe une illusion, qui est pourtant aussi un secours matériel dont dépendent les sociétés économiquement avancées. L'État bourgeois, dans le langage des philosophes, « réalise son concept », lui qui a pu s'en éloigner plus ou moins dans l'histoire, au gré de la lutte des classes, mais qui ne peut évidemment pas s'en détacher. Il n'y a pas de radicalisation de l'État : seulement un retour à ses fondamentaux.

Peut-être y aurait-il quelques leçons de tactique à tirer, face à des gendarmes qui, selon les commentaires admiratifs des médias bourgeois, s'étaient entraînés toute une semaine pour cette opération. Si les cortèges se sont judicieusement placés dans le sens le plus favorables du vent, qui a pu retourner le gaz à l'envoyeur, la présence d'un canon à eau au coin le plus saillant de la bassine, la formation rapide d'une double ligne de défense sur son versant attaqué, ainsi que quelques autres dispositions du même esprit, prouvent une certaine connaissance de l'art désuet de la poliorcétique [1] chez les défenseurs qui, en s'ajoutant à leur apparente liberté de mutiler et de tuer, ne laissait guère de chances aux assaillants d'atteindre leur objectif. Le plus illustre connaisseur de la guerre de siège formulait ce principe : « ne jamais faire à découvert et par la force ce que l'on peut faire par industrie ». Vauban avait ainsi proscrit l'assaut frontal pour lui préférer une approche par le creusement méthodique de tranchées. Si leur utilité aurait été ici limitées par les nombreuses armes à tir courbe à disposition des gendarmes et par le gaz lacrymogène, une ligne de circonvallation [2] aurait au moins tempéré les ardeurs de la flicaille à quads. Le nombre ne manquait pas pour la creuser, les pelles si, et peut-être aussi la volonté de retourner un champ de la sorte. L'absence de tracteurs comme engins de rupture, qui auraient pu protéger l'approche d'une colonne, s'est faite sentir autant qu'elle se comprend, tant matériellement que par le risque d'escalade. Bref, il n'y a guère de sens à soulever de telles considérations autrement que collectivement.

La plus immédiate des batailles est celle de ces deux blessés contre la mort, puis, il faut l'espérer, celle de leur convalescence. Se livrera ensuite celle des procès et des réparations, pour ces camarades comme pour tous les autres blessés ou poursuivis, et sans doute faut-il employer tous les leviers pour soutenir la défense juridique, faire condamner les flics, mettre en cause l'État. Si le sort des blessés ne tient probablement plus qu'aux soignants, davantage de personnes peuvent déjà s'engager en ce sens.

Mais il est une chose que chacune et que chacun peut d'ores et déjà faire : c'est prendre acte de ce qui vient d'être si clairement démontré. Pour protéger des marchandises, l'État est encore prêt à tuer. Il faut regarder en face le gouffre dans lequel cet État a choisi de plonger, du haut de la muraille d'une retenue d'eau dans les Deux-Sèvres. Ce gouffre n'est autre que celui où s'enfonce la société marchande en décomposition, qui nous y emporte toutes et tous avec elle.

Bien sûr, il ne faut rien épargner en colère à nos ennemis et en compassion à nos amis. Mais épargnons-nous au moins la stupeur. La haine nous ancre dans la réalité et l'espoir nous projette par-delà elle : elles sont les conditions de la révolte. La stupeur paralyse. Restons toujours aussi déterminés face à de telles formes de répression, mais n'en soyons plus surpris. Si elles doivent continuer à être exposées comme ce qu'elles sont — inacceptables dans un monde à l'endroit — afin qu'aucune force d'habitude ne fasse accepter la barbarie qui se profile, les enfants de la crise savent au fond d'eux que la décomposition de la société marchande les verra se généraliser à nouveau. Ils savent ainsi devoir s'y préparer.

Le camp révolutionnaire aujourd'hui en gestation, qui existe en France à l'état potentiel mais encore sans projet explicite ni organisation, ne peut présager de son avenir dans les troubles actuels. Mais l'État ne pourra encore moins prévoir les conséquences de son choix d'assumer de tuer — ou, pire, d'avoir effectivement causé les premiers morts de la première guerre de l'eau.


[1] « Art, technique d'assiéger les villes. » (CNTRL)

[2] « Ligne de défense matérialisée par une tranchée avec palissades ou parapets, établie par l'assiégeant d'une place pour se protéger contre les attaques extérieures et couper à la place assiégée toute communication. » (CNTRL)

Mise à jour du 28/03/2023 : au cours de la rédaction de ce texte a été annoncé que le pronostic vital du second camarade n'était plus engagé. Si celui du premier l'est encore, son état semblerait plus encourageant qu'hier. Nous leur souhaitons de sortir du coma au plus vite et sans séquelles, ainsi que le meilleur rétablissement.

La revanche du rêve

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

« Il y a signe de vitalité - donc raison d'être du rêve - dans toute lutte de rupture » L.Laugier

Peut on monter d'un cran le mouvement en cours ? Quelques idées.

La revanche du rêve.

"Il y a signe de vitalité - donc raison d'être du rêve - dans toute lutte de rupture" L.Laugier

Depuis l'usage de l'article 49.3, des centaines de rassemblements spontanés ont eu lieu en France ces derniers jours. Jeudi dernier, avec un nombre record de manifestants, un grand nombre d'entre eux sont restés dans les rues de la capitale jusqu'à minuit, voire au-delà, défiant la police et brûlant des tas d'immondices. Les syndicats cherchent à avoir la main sur le mouvement : de peur qu'il leur échappe, ils ont donné rapidement une nouvelle date, ne pas attendre plus d'une semaine. Même s'ils sont unis, on sent déjà poindre une fêlure. Berger évoque la possibilité de parler avec Macron si une pause est faite sur l'application de la réforme, Macron évoque la possibilité de parler avec les syndicalistes sur tout ce qui concerne le travail même s'il ne veut pas parler de sa réforme. Un dialogue de sourd, pour l'instant.

Une question demeure donc : comment monter d'un cran ? Car ne pas monter c'est risquer une défaite dont on peinerait à se remettre. Nous sommes à un moment crucial, sur un plateau, qui peut tantôt être l'apogée du mouvement annonçant sa chute, tantôt être une étape parmi d'autres. À court terme, le prochain chantier du gouvernement a été annoncé : ce sera une nouvelle loi travail, avec dans le viseur les plus précaires, ceci assorti d'une répression toujours plus grande. À moyen terme, ce que risque de provoquer la défaite ce n'est plus de la colère et de la révolte, mais ce ressentiment banal qui mène au fascisme. La réussite du gouvernement a de grande chance d'aboutir à celle du rassemblement national aux prochaines élections.

Les médias ont actuellement un étrange rapport à la police et aux manifestants. Disons qu'ils jouent un double jeu : ils relaient avec peu de critiques les paroles du gouvernement et participent à distinguer le bon du mauvais manifestant, mais aussi celle des syndicats et des divers groupes de gauches qui dénoncent la violence policière, sans jamais prôner officiellement sa réappropriation par les corps asservis. Chacun de ceux dont ils rapportent la parole se complaisent dans le rôle d'une victime qui n'espère qu'une reconnaissance sur l'écran social où elle pourra désormais exister pleinement. Policiers, députés, journalistes, syndicalistes, étudiants, retraités, tous victimes bataillant à l'être plus que l'autre. Chacun est à sa place, il serait bien absurde de s'en offusquer. Toutefois, au détour d'un flash info se laisse parfois entendre, dans certaines interviews hasardeuses, un refus, un désir de faire autrement, offensif, qui détonne avec le ton cloîtré des communicants.

À défaut de coordination, le nombre est la force qui rend difficile le maintien de l'ordre. Y aura-t-il plus de monde dans les prochaines manifestations ? Difficile à croire, les révoltés qui se sont rajoutés à la masse des ennuyés après l'usage du 49.3 risquent de ne pas s'accroître. Espérons être surpris. Certains partisans de l'ennui transformeront peut être leur marche en quelque chose de plus énergique. Le rapport de force établi ce week end entre manifestants et policiers à Sainte Solline peut peut-être peser dans la balance et montrer un exemple à suivre. Et, la potentielle mort d'un jeune sous les feux d'une grenade de police ce week-end sera-t-elle utilisée à des fins politiciennes ou sera-t-elle le catalyseur d'une juste colère ?

Certains veulent des lieux ; on sait ce que cela donne : les occupations sont généralement des espaces de glauquerie malgré la joyeuse effervescence qui peut s'y jouer dans les premiers jours. On souhaite rencontrer des gens, alors que nous sommes nous mêmes incapable de toutes rencontres. Normal : pas de confiance aveugle, la répression nous l'a appris. Et puis avons-nous réellement le temps de prendre le temps ? Nous n'avons pas la maîtrise de l'agenda politique, arrêtons de croire une telle fable.

D'autres veulent rester dans la rue : comment ne pas imaginer un épuisement ? Déjà au bout d'une semaine l'énergie dans les manifestations sauvages diminue (hormis un rebond jeudi dernier).

De quoi ce mouvement est-il alors le nom ? Certes, il est porté par de nombreuses manifs ou rassemblements sauvages, mais ce n'est pas tout car elles ne se contentent pas de déambuler tranquillement dans les rues : saccage de permanence de députés et menaces de mort, commissariat et portes des mairies brûlées, plein affrontement avec les forces de l'ordre. Voilà peut être la ligne de conduite à prendre. Plus que l'explosion de violence sociale qui contraste avec ces cinq années de résignation conformiste ; plus que l'insolent défi au sinistre socialisme reconditionné d'une France Insoumise et plus même que la prétention à obtenir tout tout de suite, le signe essentiel de ces actes fut la légitimation, et donc la résurrection des aspirations jusque-là refoulées au nom de la rationalité politicienne. La revanche du rêve.
Non pas la rue pour la rue, mais la rue comme une direction vers des buts précis et désormais possibles. Mairies, assemblée nationale, ministères, hôtel de police, siège social d'entreprises, de banques ou de médias, Sénat, Élysée, palais de justice… voilà des cibles évidentes, diverses, présentes aux alentours de chaque manifestations, dans chaque ville.

Ne plus accepter le chantage de l'humanisme « républicain ». Ne plus s'y reconnaître. Car nous ne le comprenons plus. Détruire les lieux d'exercice du pouvoir d'une démocratie qui masque toujours le capital. Ne plus se contenter des vitrines, mais attaquer ce qui et ceux qui protègent – avec fierté – les marchandises et qui se moquent de nos vies, les aplatissent.

Il ne s'agit donc plus de se donner poliment rendez vous sur le parvis de la mairie la plus proche, pour espérer se faire entendre, mais bien de se demander : comment cramer ce lieu sans me faire prendre, puis, le faire.

Si la démocratie a bel et bien tué le communisme, alors vengeons-le.

Coco de Colchyde

Communiqué des internationalistes du Rojava pour la libération d'Alfredo Cospito

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Nos camarades internationnalistes présentexs au Rojava envoient leur soutien au prisonnier politique Alfredo Cospito, soumis au régime inhumain 41-bis le plaçant dans un isolement total. Le camarade a débuté une grève de la faim en octobre dernier qui se poursuit à ce jour afin de dénoncer les traitements qu'il subit.

La résistance qu'il déploit contre la répression du régime Italien inspire nos camarades internationnalistes, il est un exemple de lutte militante pour elleux. Alfredo Cospito représente la lutte pour laquelle elleux se battent : une lutte pour la liberté, pour la vie libre, contre les prisons, les dominations et l'état-nation.

Vous pouvez lire le communiqué complet de nos camarades en anglais et en italien.

Fuori Alfredo dal 41-bis !
Solidarité internationnale avec les prisonnier-ère-x-s politiques !
Contre toutes les cages et le système qui les créées !

Le texte :

La résistance d'Alfredo Cospito contre l'article inhumain 41bis, le système d'isolement des prisons italiennes, font échos dans le monde entier. Nous sommes des internationalistes actuellement au Rojava - Kurdistan, réuni-es pour montrer notre solidarité et envoyer notre amour et notre force au camarade Alfredo. Sa résistance contre la répression de l'État italien nous inspire, nous la considérons comme un exemple de lutte militante et nous la voyons comme faisant partie de la lutte pour laquelle nous combattons. La lutte pour la liberté, pour une vie libre, contre les prisons, contre la domination, contre l'État-nation.

La prison incarne le vrai visage de l'État-nation, qui, même lorsqu'il se dit « démocratique », s'allie à la répression, à la punition et à l'isolement afin de perpétuer le même système d'oppression et de domination. Beaucoup de camarades ont enduré ces méthodes brutales, contraires à la vie, et continuent de résister. La non-vie du système carcéral doit être opposée par tous les moyens possible, et la grève de la faim constitue à cet égard une action désespérée pour défier le pouvoir, pour reconquérir l'autonomie dans un environnement qui cherche à imposer une soumission totale. Refuser de s'alimenter, un besoin fondamental de la vie, est une action de résistance qui envoie un message clair : « ne me soumettez pas à votre autorité. Je n'accepte pas votre brutalité et je suis prêt à sacrifier ma vie pour résister ». Les anarchistes le savent bien, et les kurdes aussi. La résistance des militants kurdes dans la prison d'Amed dans les années 80 en est un exemple. Au Rojava, nous le savons aussi, et les mots de Kemal Pir sont un magnifique exemple de cette résistance : « Nous aimons tant la vie que nous sommes prêts à sacrifier la notre pour celle-là ».

Nous sommes venus au Rojava de différentes parties du monde pour nous allier à cette révolution, pour lutter ici en solidarité avec les habitants de cette région et avec les valeurs révolutionnaires et la société que nous construisons ici. Nous reconnaissons que toutes les luttes contre l'oppression sont reliées entre elles, que nous devenons plus forts en nous reconnaissant et en nous soutenant dans nos luttes, parce que nous avons tous un but commun : la vie libre. Alfredo a combattu l'État italien, a attaqué ses institutions et défié sont autorité. Il n'a pas hésité à agir contre un système de domination qui opprime les personnes, en sachant la répression qu'aurait entraîné ses actions. Et face à cette répression il n'a pas plié. Aujourd'hui Alfredo est un exemple de résistance, et pour cela nous rendons hommage à sa détermination et à sa lutte.

En Italien :

En anglais :

Rassemblements dans toute les villes en soutien aux 2 manifestants dans le coma, aux blessé.es de Sainte-Soline et du mouvement des retraites, pour la fin des violences policières.

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Alors que nous continuons à manifester contre la réforme des retraites, alors que nous continuerons à converger pour arrêter les méga-bassines, nous appelons à nous rassembler :
jeudi à 19h devant toutes les (sous)-préfectures. En soutien aux 2 manifestants dans le coma, aux blessées de Sainte-Soline et du mouvement des retraites, pour la fin des violences policières, pour la dissolution de la brav-m et l'interdiction des grenades GM2L.

Rassemblements à 19h :

  • Paris - Hôtel de ville
  • Palaiseau (91) - Devant la sous-préfecture, avenue du général de Gaulle
  • Évry (91) - à 17h30 - Manif intersyndicale 91 (Rdv place des terrasses de l'Agora) qui ira jusqu'à la préfecture
  • Bobigny (93) - Devant la préfecture
  • Saint-Denis (93) - Devant la sous-préfecture
  • Montreuil (93) - Mairie de Montreuil
  • Créteil (94) - Devant la préfecture, 21-29 Av. du Général de Gaulle
  • Cergy (95) - Devant la préfecture
  • Nanterre (92) - Devant la préfecture
  • Antony (92) - Devant la sous-préfecture
  • Melun (77) - Devant la préfecture
  • Torcy (77 - Devant la sous-préfecture
  • Versailles (78)
  • Mantes (78) - Devant la sous-préfecture de Mantes-la-Jolie

Plus d'infos à venir

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Appel à se rassembler jeudi 30 mars à 19h devant les préfectures du pays

La brutalité concomitante de la réponse d'État à la poursuite du mouvement des retraites et à la mobilisation de Sainte-Soline est en train de marquer au fer rouge l'histoire du pays. Elle appelle aujourd'hui à faire front ensemble.

Face à l'inaction climatique du gouvernement, à son soutien intangible à des lobbys industriels écocidaires et à l'aggravation flagrante de la crise écologique, le mouvement contre les méga-bassines a, ces derniers mois, offert une prise. Si le peuple de l'eau, plus nombreux que jamais à braver les interdictions préfectorales, est allé de nouveau jusqu'au chantier de la bassine de Sainte-Soline le 25 mars ce n'était pas par goût inconsidéré du risque. Tout ce qui a été dit sur les soi-disantes motivations obscures des manifestant·es par Darmanin et consorts avant et après la mobilisation est à cet égard une profonde insulte à l'engagement des 30 000 personnes qui se sont rassemblées samedi. Si depuis un an et demi, ces foules grandissantes ne se contentent plus de défiler mais recherchent des gestes ad hoc pour freiner concrètement certains chantiers, pour empêcher le pillage de l'eau ou des terres, c'est bien parce qu'il y a une urgence vitale à agir. Et ce sentiment d'urgence ne fera qu'augmenter tant que l'on continuera à construire dans ce pays des infrastructures dont les conséquences sont telles qu'elles incarnent une violence écologique et sociale qui n'est plus aujourd'hui tolérable.

Cet élan vital, E. Macron l'a accueilli samedi avec une pluie de grenades létales, 4000 en 2h. Alors que 30 000 personnes s'approchaient d'un trou grillagé que l'État avait transformé en symbole de son autorité, 200 personnes ont été percées d'éclats dans leurs chairs, 40 gravement. L'une a perdu l'oeil, d'autres se sont faits arracher la mâchoire ou risquent de perdre le pied. Deux sont toujours aujourd'hui dans le coma, entre la vie et la mort. Comme à Malville face à la déferlante anti-nucléaire en 77 ou à Sivens en 2014 face à l'éclosion des zads en divers endroits du pays, l'État français a choisi délibérément le 25 mars de se donner sciemment la possibilité de tuer.

Ce 25 mars, le gouvernement Macron a tenté de faire taire un espoir politique par la mutilation de masse.

Il a ainsi affirmé brutalement que la montée en puissance du mouvement de défense de l'eau ne pouvait qu'être considérée comme un affront intolérable à son égard. Depuis des années, ce mouvement réitère pourtant les demandes d'ouverture d'un réel dialogue avec les habitant·es des territoires, les paysan·nes, les associations environnementales. La seule réponse gouvernementale à ces issues au conflit aura été est la terreur. Cette violence sourde face au mouvement écologiste est la même que le gouvernement Macron a déployé pour mater les gilets jaunes en 2019 et aujourd'hui contre le peuple qui persiste à refuser sa réforme injuste des retraites. C'est aujourd'hui cette réduction du champ politique à la grenade, ces cowboys en roue libre en quad ou en moto qui vont jusqu'à inquiéter les institutions internationales. A cette violence de rue, Darmanin ajoute aujourd'hui la persécution légale des mouvements organisateurs avec l'engagement d'une procédure de dissolution à l'encontre des Soulèvements de la terre.

De Sainte-Soline, ce week-end nous retenons heureusement aussi les tracteurs paysans qui déjouent les escortes de police, le camp qui surgit des champs au milieu du dispositif, les camarades des 4 continents, les animaux géants et les danses, la foule de tout âge qui serpente les champs à l'infini, son courage, sa solidarité inouïe face à l'adversité. Toute cette force est encore en nous et nous la retrouverons. Mais elle est aujourd'hui profondément entachée par les chairs mutilées, par ces vies encore en suspens. C'est pour nos blessé·es, pour leur rendre hommage, appui, pour que cela cesse qu'il y a un impératif à se retrouver de nouveau dans la rue. Non pas concentrés sur une même prairie cette fois. Mais partout dans le pays, devant les préfectures. Bien plus nombreux et nombreuses encore.

Alors que nous continuons à manifester contre la réforme des retraites, alors que nous continuerons à converger pour arrêter les méga-bassines, nous appelons à nous rassembler :
jeudi à 19h devant toutes les (sous)-préfectures. En soutien aux 2 manifestants dans le coma, aux blessées de Sainte-Soline et du mouvement des retraites, pour la fin des violences policières, pour la dissolution de la brav-m et l'interdiction des grenades GM2L.

Pour que celles et ceux qui étaient là de toute la France puissent dire et témoigner. Parce que le gouvernement est triplement coupable : d'avoir lancé des grenades létales, de l'avoir prémédité, et d'avoir ensuite obstrué l'arrivée des secours. Montrons leur massivement jeudi que nous ne les laisserons pas étouffer l'espoir à coup de grenades. Que nous sommes là. Toujours.

Confédération Paysanne - Bassines Non Merci - Les Soulèvements de la terre, les organisateurs de la mobilisation du 25 mars à Sainte-soline et toutes les organisations sociales, syndicales, et associations qui souhaiterons s'y associer. (liste complète sur le site)

https://lessoulevementsdelaterre.org/blog/appel-a-se-rassembler-jeudi-30-mars-a-19h-devant-les-prefectures-du-pays

Rage et soutien de Thessalonique

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Mardi 28 Mars 2023, à Thessalonique, 500 personnes manifestaient en soutien au mouvement social en France. Le communiqué des camarades de S., personne dans le coma suite à la répression à Sainte-Soline, a été lu en anglais et en grec. Sur notre banderole, était repris le slogan utilisé suite au meurtre raciste du jeune Kostas Fragoulis, abattu par la police en décembre dernier : le sang coule, il appelle le soulèvement !

En France comme en Grèce, la bourgeoisie utilise la violence comme mécanisme de défense. Pour y faire face, construisons nos solidarités au-delà de leurs frontières.

Nous apportons notre soutien à toutes les victimes de la répression en France.

Nous partageons votre rage. Vive la révolution !

ThessaloNiqueLaPolice