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Appel à soutien suite à une vague d'arrestations en France en lien avec le désarmement d'une usine Lafarge

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Tôt ce matin, les gendarmes et la Sous-Direction Anti-Terroriste (SDAT) ont mené une vague de perquisitions à travers toute la France. Au moins une quinzaine de personnes ont été perquisitionnées simultanément dans plus de dix communes puis placées en garde à vue.

D'après les premières informations publiées dans la presse, ces personnes seraient accusées de "destruction en bande organisée" et "association de malfaiteurs", en lien avec une action de désobéissance menée le 10 décembre 2022, contre l'usine Lafarge de Bouc-Bel-Air (13), par plusieurs centaines de personnes (lien du communiqué et vidéo que nous avions relayés a l'époque depuis les Soulèvements de la Terre). Sous ce régime de garde-à-vue, elles pourraient être détenues pendant 96h (jusqu'à vendredi matin).

Depuis les Soulèvements de la Terre, nous avions soutenu cette initiative de démantèlement salutaire à l'encontre d'une des entreprises les plus destructrices au monde. Nous appelons donc à soutenir très largement les personnes arrêtées aujourd'hui : dans les cortèges contre la réforme des retraites demain, par des rassemblements devant les sites Lafarge et les Préfectures mercredi soir et en rejoignant massivement la mobilisation contre l'extension d'une carrière Lafarge ce dimanche 11 juin au matin à Saint-Colomban.

L'opération policière de ce matin, sur laquelle le ministère n'a pour l'instant pas communiqué, s'inscrit de toute évidence dans l'escalade répressive que le gouvernement mène contre les mouvements sociaux et écologistes avec une accélération notable ces derniers mois : violences policières effroyables à Sainte-Soline, régime d'exception alimenté par le spectre de "l'éco-terrorisme" ou encore menaces de dissolution des Soulèvements de la Terre. Par cette criminalisation, c'est bien l'association de malfaiteurs qu'il constitue avec les industries mortifères que le gouvernement révèle.

Car nous le savons : c'est bien Lafarge-Holcim qui est coupable de destruction en bande organisée ! Sur les 50 sites les plus polluants de France, 17 sont des cimenteries. Le béton représente 8% des émissions de Co2 mondiales. Quant au secteur du BTP c'est 39 % des émissions de CO2 au niveau mondial et de 33% des émissions françaises. L'entreprise Lafarge-Holcim semble cumuler les scandales environnementaux dans ses carrières, centrales à béton et cimenteries. C'est bien aussi Lafarge-Holcim qui a financé Daesh en Syrie, avec l'accord tacite de la DGSE et de l'État. L'entreprise a d'ailleurs été condamnée pour financement du terrorisme par la justice américaine en octobre 2022.

Assimiler aujourd'hui à du terrorisme l'usage légitime de la pince coupante, de la masse et de la clef à molette en vue de neutraliser des infrastructures est un inacceptable retournement ! Les centrales à béton sont des armes d'artificialisation massive des terres agricoles et de destruction de la biodiversité, des bombes à retardement climatique. Il est donc plus que jamais légitime et nécessaire de les désarmer.

En France et en Suisse, cela fait trois ans que des actions toujours plus massives et déterminées visent l'industrie du béton en général et Lafarge-Holcim en particulier :

En décembre dernier un article du Parisien laissait fuiter pour la première fois la possibilité d'une dissolution des Soulèvements de la Terre et révélait l'implication de l'anti-terrorisme dans l'enquête sur l'action contre l'usine Bouc bel Air. Une tribune en réaction à cette inquiétante extension répressive avait alors été signée par plus de 3000 personnalités et publiée dans Libération. De multiples personnalités politiques, syndicales et intellectuelles y affirmaient leur soutien à ce type d'actions : "Nous savons aussi que nous n'avons pas peur de ces gens vêtus de blancs de protection ou de bleus de chauffe qu'on nous montre désormais à la télé, après des années de surdité du gouvernement face aux luttes écologistes. Nous ne pouvons d'ailleurs leur donner tort quand nous les entendons affirmer que leurs actions de « désarmement » sont un élément essentiel de toute stratégie conséquente pour freiner, enrayer, stopper les projets qui bétonnent les sols, s'accaparent les terres ou empoisonnent les rivières. Mieux que ça, nous aimerions parfois en être (...)".

Les actions de désarmement de l'industrie du béton se répandent et ce n'est probablement qu'un début. Nous appelons à les amplifier.

Nous exigeons la libération immédiate de toutes les personnes arrêtées ce jour.

Nous appelons à des gestes de solidarité avec elles dans toutes les manifs retraite de demain.

Nous appelons à des rassemblements de soutien partout en France mercredi soir (07 juin), face à des préfectures, ou des sites Lafarge-Holcim.

Nous appelons à converger massivement ce dimanche en Loire-Atlantique pour les convois Fin de carrières, et notamment contre l'extension d'un site Lafarge à Saint Colomban

Ne nous laissons pas intimider par la répression, désarmons le béton !

Une petite histoire des empreintes digitales

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Vous vous demandez d'où vient cette manie des flics et de l'administration de prendre vos empreintes digitales à tout bout de champ ? Voici une réponse donnée par l'historien Carlo Ginzburg, extrait d'un article intitulé « Traces ». Attention l'histoire est moche… On pouvait s'en douter !

Toute société ressent le besoin de distinguer ses propres composantes ; mais les manières de faire face à ce besoin varient selon les époques et les lieux [1]. Il y a, avant tout, le nom ; mais plus la société est complexe, plus le nom semble insuffisant pour circonscrire sans équivoque l'identité d'un individu. Dans l'Égypte gréco-romaine, par exemple, on enregistrait, à côté du nom de celui qui s'engageait devant un notaire à épouser une femme ou à effectuer une transaction commerciale, quelques détails physiques sommaires, accompagnés de l'indication de cicatrices (s'il en avait) ou d'autres signes particuliers. [2] Les possibilités d'erreur ou de substitution frauduleuse de personnes restaient de toute manière importantes. Par comparaison, la signature apposée au bas des contrats présentait de nombreux avantages ; à la fin du XVIIIe siècle, dans un passage de sa Storia pittorica, consacrée aux méthodes des « connaisseurs », l'abbé Lanzi affirmait que le caractère inimitable des écritures individuelles avait été voulu par la nature pour la « sécurité » de la « société civile » (bourgeoise). [3] Assurément, les signatures pouvaient elles aussi être falsifiées ; et surtout, elles excluaient du contrôle les non-alphabétisés. Mais malgré ces défauts, pendant des siècles et des siècles, les sociétés européennes ne ressentirent pas la nécessité de méthodes plus sûres et plus pratiques pour établir l'identité — pas même quand la naissance de la grande industrie, la mobilité géographique et sociale liée à celle-ci et la formation très rapide de gigantesques concentrations urbaines eurent radicalement changé les données du problème. Et pourtant, dans une société présentant ces caractéristiques, faire disparaître ses traces et réapparaître sous une nouvelle identité était un jeu d'enfant — et pas seulement dans des villes comme Londres et Paris. Mais ce n'est que dans les dernières décennies du XIXe siècle que l'on proposa, de divers côtés, en concurrence les uns avec les autres, de nouveaux systèmes d'identification. Cette nécessité écoulait de vicissitudes contemporaines de la lutte des classes : la constitution d'une association internationale des travailleurs, la répression de l'opposition ouvrière après la Commune, les modifications de la criminalité.

L'apparition des rapports de production capitalistes avait provoqué — en Angleterre à partir de 1720 environ [4], dans le reste de l'Europe presque un siècle plus tard, avec le Code Napoléon — une transformation (liée au nouveau concept bourgeois de propriété) de la législation. Celle-ci avait augmenté le nombre de délits punissables et la définition des peines. La tendance à criminaliser la lutte des classes s'accompagna de la construction d'un système pénitentiaire fondé sur la détention de longue durée [5]. Mais la prison produit des criminels. En France, le nombre de récidivistes, en augmentation continuelle à partir de 1870, atteignit vers la fin du siècle un pourcentage identique à la moitié des criminels poursuivis [6]. Le problème de l'identification des récidivistes, qui se posa au cours de ces décennies, constitua en fait la tête de pont d'un projet global, plus ou moins conscient, de contrôle généralisé et subtil de la société.

Pour identifier les récidivistes, il était nécessaire de prouver qu'un individu avait déjà été condamné, et que l'individu en question était le même qui avait déjà subi des condamnations [7]. Le premier point fut résolu par la création des registres de police. Le second posait des difficultés plus graves. Les anciennes peines qui marquaient pour toujours un condamné par un signe ou une mutilation avaient été abolies. La fleur de lys imprimée sur l'épaule de Milady avait permis à d'Artagnan de reconnaître en elle une empoisonneuse déjà punie dans le passé pour ses crimes — alors que deux évadés comme Edmond Dantès et Jean Valjean avaient pu se représenter sur la scène sociale, sous de fausses et respectables identités. Ces exemples suffiraient à montrer à quel point la figure du criminel récidiviste a pesé sur l'imagination du XIXe siècle [8]. La respectabilité bourgeoise demandait des signes de reconnaissance aussi indélébiles, mais moins sanguinaires et moins humiliants que ceux que l'on imposait sous l'Ancien Régime.

L'idée d'énormes archives photographiques criminelles fut écartée dans un premier temps. Elle posait des problèmes insolubles de classification : comment découper des éléments distinctifs dans la continuité de l'image [9] ? La voie de la quantification parut plus simple et plus rigoureuse. À partir de 1879, un employé de la préfecture de Paris, Alphonse Bertillon, élabora une méthode anthropométrique (qu'il illustra par la suite dans différents essais et mémoires [10]) basée sur de minutieuses mensurations corporelles, qui aboutissaient à une fiche personnelle. Il est clair qu'une inexactitude de quelques millimètres créait les prémisses d'une erreur judiciaire ; mais le principal défaut de la méthode anthropométrique de Bertillon était autre : il était purement négatif. Il permettait d'écarter, au moment de la reconnaissance, deux individus dissemblables, mais non d'affirmer avec certitude que deux séries identiques de données se rapportaient à un individu unique [11]. L'irréductible caractère insaisissable de l'individu, chassé par la porte par la quantification, rentrait par la fenêtre. C'est pourquoi Bertillon proposa de compléter la méthode anthropométrique par ce que l'on appelle le « portrait parlé », c'est-à-dire la description verbale des unités distinctives (nez, yeux, oreilles, etc.) dont la somme aurait dû reconstituer l'image de l'individu — et donc permettre de procéder à l'identification. Les pages d'oreilles produites par Bertillon [12] rappelaient irrésistiblement les illustrations que Morelli, dans ces mêmes années, insérait dans ses essais. Peut-être ne s'agissait-il pas d'une influence directe, même s'il est frappant de voir que Bertillon, dans son activité d'expert en graphologie, considérait comme des indices révélateurs d'une falsification les particularités ou « idiotismes » de l'original que lefaussaire ne parvenait pas à reproduire et remplaçait tout au plus par les siens [13].

On l'aura compris, la méthode de Bertillon était incroyablement compliquée. Nous avons déjà fait allusion au problème posé par les mensurations. Le « portrait parlé » aggravait encore plus les choses. Comment distinguer, au moment de la description, un nez gibbeux-arqué d'un nez arqué-gibbeux ? Comment classifier les nuances d'un œil vert-bleu ?

Mais dès son mémoire de 1888, corrigé et approfondi par la suite, Galton avait proposé une méthode d'identification beaucoup plus simple, concernant à la fois la collecte des faits et leur classification [14]. La méthode se basait, comme l'on sait, sur les empreintes digitales. Mais Galton lui-même reconnaissait avec beaucoup d'honnêteté avoir été précédé, sur un plan théorique et pratique, par d'autres.

L'analyse scientifique des empreintes digitales avait été commencée depuis 1823 par le fondateur de l'histologie, Purkyné, dans son mémoire intitulé Commentatio de examine physiologico organi visus et systematis cutanei [15]. Il distingue et décrit neuf types fondamentaux de lignes papillaires, mais affirme en même temps qu'il n'existe pas deux individus dont les empreintes digitales soient identiques. Les possibilités d'application pratique de la découverte étaient ignorées, à la différence de ses implications philosophiques qui étaient discutées dans un chapitre intitulé « De cognitione organismi individualis in genere [16]". La connaissance de l'individu, disait Purkyné, est au centre de la médecine pratique, à commencer par le diagnostic : chez des individus différents, les symptômes se présentent sous des formes différentes. C'est pourquoi certains auteurs modernes, qu'il ne nommait pas, ont défini la médecine pratique « artem individualisandi (die Kunst des Individualisirens) [17] ». Mais les fondements de cet art se trouvent dans la physiologie de l'individu. Purkyné, qui avait étudié dans sa jeunesse la philosophie à Prague, retrouve ici les thèmes les plus profonds de la pensée de Leibniz. L'individu, qui est un être totalement déterminé, ens omnimodo determinatum »), a une particularité que l'on peut retrouver jusque dans ses caractéristiques imperceptibles et infinitésimales. Ni le hasard ni les influences extérieures ne suffisent à l'expliquer. Il faut supposer l'existence d'une norme ou typus interne, qui maintient la variété des organismes dans les limites de chaque espèce : la connaissance de cette « norme » (affirmait prophétiquement Purkyné) « entrouvrirait la connaissance cachée de la nature individuelle [18] ». L'erreur de la physiognomonie a été d'affronter la diversité des individus à la lumière d'opinions préconçues et de conjectures hâtives : ainsi a-t-il été impossible jusqu'à présent de fonder une physiognomonie scientifique et descriptive. En abandonnant l'étude des lignes de la main à la « science vaine » des chiromanciens, Purkyné concentrait son attention sur un fait beaucoup moins apparent : dans les lignes imprimées sur les bouts des doigts il retrouvait la marque secrète de l'individualité.

Laissons un instant l'Europe et passons en Asie. À la différence de leurs collègues européens, de façon tout à fait indépendante, les devins chinois et japonais s'étaient intéressés eux aussi aux lignes peu apparentes qui sillonnent l'épiderme de la main. L'usage, attesté en Chine, et surtout au Bengale, consistant à imprimer sur des lettres et des documents un bout du doigt maculé de poix ou d'encre [19] avait probablement derrière lui toute une série de réflexions de caractère divinatoire. Qui était habitué à déchiffrer des écritures mystérieuses dans les veines des pierres ou du bois, dans les traces laissées par les oiseaux ou dans les dessins imprimés sur le dos des tortues [20] devait arriver sans effort à considérer comme une écriture les lignes imprimées par un doigt sale sur une surface quelconque. En 1860 Sir William Herschel, administrateur en chef du district du Hooghly au Bengale, remarqua cet usage répandu parmi les populations locales, en apprécia l'utilité et pensa s'en servir pour un meilleur fonctionnement de l'administration britannique. (Les aspects théoriques de la question ne l'intéressaient pas ; il ignorait totalement l'existence du mémoire en latin de Purkyné, qui était resté lettre morte pendant un demi-siècle). En réalité, observa rétrospectivement Galton, le besoin d'un instrument d'identification efficace se faisait grandement sentir dans les colonies britanniques, et pas seulement en Inde : les indigènes étaient analphabètes, querelleurs, rusés, menteurs et, aux
yeux des Européens, tous semblables. En 1880, Herschel annonça dans Nature qu'après dix-huit ans d'expérimentation, les empreintes digitales avaient été officiellement introduites dans le district du Hooghly où depuis trois ans elles étaient utilisées avec d'excellents résultats [21]. Les fonctionnaires impériaux s'étaient approprié le savoir indiciaire des Bengalis et l'avaient retourné contre eux.

Galton partit de l'article de Herschel pour repenser et approfondir systématiquement la question dans son intégralité. Ce qui avait rendu son enquête possible avait été la confluence de trois éléments très différents. La découverte d'un pur savant comme Purkyné ; le savoir concret, lié à la pratique quotidienne de la population du Bengale ; la sagacité politique et administrative de Sir William Herschel, fidèle fonctionnaire de Sa Majesté britannique. Galton rendit hommage au premier et au troisième. Il chercha par ailleurs à distinguer des caractéristiques raciales dans les empreintes digitales, mais sans succès ; il se promit néanmoins de poursuivre ses recherches sur certaines tribus indiennes, dans l'espoir d'y retrouver des
caractéristiques « plus proches de celles des singes » (« a more monkey-like pattern ») [22]. En plus de sa contribution décisive à l'analyse des empreintes digitales, Galton, nous l'avons dit, avait compris leurs applications pratiques. Il fallut très peu de temps pour que la nouvelle méthode soit introduite en Angleterre, et de là, peu à peu, étendue au monde entier (la France fut l'un des derniers pays à l'adopter). Ainsi, chaque être humain — observa orgueilleusement Galton, s'appliquant à lui-même l'éloge de son concurrent Bertillon qu'avait prononcé un fonctionnaire du ministère français de l'Intérieur — acquérait une identité, une individualité sur laquelle on pouvait se baser de manière certaine et durable [23].

Ce qui aux yeux des administrateurs britanniques était auparavant une foule indistincte de « trognes » bengalis (pour reprendre l'expression dédaigneuse du Filarète) devenait donc subitement une série d'individus marqués chacun d'un trait biologique spécifique. Cette prodigieuse extension de la notion d'individualité se produisait en fait à travers le rapport à l'État et à ses organes bureaucratiques et policiers. Le dernier habitant du plus misérable village d'Asie ou d'Europe devenait lui aussi, grâce à ses empreintes digitales, susceptible d'être reconnu et contrôlé.


[1] Cf. L'Identité. Séminaire interdisciplinaire dirigé par Claude Lévi-Strauss, Paris, 1977.

[2] 102. Cf. A. Caldara, L'indicazione dei connotati nei documenti papiracei dell'Egitto greco-romano, Milan, 1924.

[3] Cf. L. Lanzi, Storia pittorica dell'ltalia, M. Capucci (éd.), Florence, 1968, vol. I, p. 15.

[4] Cf. E. P. Thompson, Whigs and Hunters, the Origin of the Black Act, London, 1975.

[5] Cf. M. Foucault, Surveiller et punir. Naissance de la prison, Paris, 1975.

[6] Cf. M. Perrot, « Délinquance et système pénitentiaire en France au XIXe siècle », dans Annales ESC, 30, 1975, p. 67-91 (en particulier, p. 68).

[7] Cf. A. Bertillon, L'Identiré des récidivistes et la loi de relégation, Paris, 1883 (extrait des Annales de démographie internationale, p. 24) ; E. Locard, L'Identification des récidivistes, Paris, 1909. La loi Waldeck-Rousseau, qui décrétait la prison pour les « plurirécidivistes », et l'expulsion des individus considérés comme « irrécupérables », date de 1885. Cf. Perrot, « Délinquance », op. cit., p. 68.

[8] La marque fut abolie en France en 1832. Le Comte de Monte-Cristo date de 1844, comme Les Trois Mousquetaires, et Les Misérables, de 1869. La liste des ex-forçats qui peuplent la littérature française de cette période pourrait se prolonger : Vautrin, etc. Cf. en général L. Chevalier, Classes laborieuses et classes dangereuses à Paris pendant la première moitié du XIXe siècle, Paris, 1958.

[9] Cf. les difficultés soulevées par Bertillon, L'Identité, op. cit. P. 10.

[10] Voir à son sujet A. Lacassagne, Alphonse Bertillon. L'Homme, le savant, la pensée philosophique, Lyon, 1914 ; E. Locard, L'Œuvre d'Alphonse Bertillon, Lyon, 1914 (extrait des Archives d'anthropologie criminelle, de médecine légale et de psychologie normale et pathologique, p. 28).

[11] Cf. ibid., p. 11.

[12] Cf. A. Bertillon, Identification anthropométrique. Instruction signalétique, nouvelle édition, Melun, 1893, p. XLVlll : « Mais là où les mérites transcendants de l'oreille pour l'identification apparaissent le plus nettement, c'est quand il s'agit d'affirmer solennellement en justice que telle ancienne photographie “est bien et dûment applicable à tel sujet ici présent”… il est impossible de trouver deux oreilles semblables et… l'identité de son modelé est une condition nécessaire et suffisante pour confirmer l'identité individuelle, sauf dans le cas des jumeaux. » Cf. id., Album, Melun, 1893 (qui accompagne l'ouvrage précédent), gravure 60b. Sur l'admiration de Sherlock Holmes pour Bertillon, cf. F. Lacassin, Mythologie du roman policier, vol. I, Paris, 1974, p. 93 (qui rappelle aussi le passage sur les oreilles cité, ci-dessus, la note 9, p. 224).

[13] Cf. E. Locard, L'Œuvre, op. cit., p. 27. Sa compétence graphologique valut à Bertillon d'être consulté à l'époque de l'affaire Dreyfus sur l'authenticité du fameux bordereau. Il se prononça dans un sens clairement favorable à la culpabilité de Dreyfus, ce qui provoqua quelques dommages pour sa carrière ; c'est ce qu'ont soutenu, d'une manière polémique, ses biographes, cf. A. Lacassagne, Alphonse Bertillon, op. cit., p. 4.

[14] Cf. F. Galton, Finger Prints, Londres, 1892, avec la liste des publications antérieures.

[15] Cf. J. E. Purkynè, Opera selecta, Prague, 1948, p. 29-56.

[16] Ibid., p. 30-32.

[17] 117. Ibid., p. 31.

[18] Ibid., p. 31-32.

[19] Cf. Galton, Fingers Prints, op. cit., p. 24 sq.

[20] Cf. L Vandermeersch, « De la tortue à l'achillée », dans aa. vv., Divination, op. cit., p. 29 sq. ; J. Gernet, « Petits écarts et grands écarts », ibid., p. 52 sq.

[21] Cf. Galton, Fingers Prints, op. cit., p. 27-28 (cf. aussi le remerciement p. 4). Les p. 26-27 mentionnent un précédent qui n'eut pas de développements pratiques (un photographe de San Francisco qui avait pensé identifier les membres de la communauté chinoise au moyen de leurs empreintes digitales).

[22] Ibid., p. 17-18.

[23] Ibid., p. 169. Pour l'observation qui suit, cf. Foucault, « Microfisica », op. cit., p. 158.

Assemblée ouverte de « Kalimero » jeudi 8 juin

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Kaliméro est une caisse et une assemblée solidaire des prisonni-eres de la guerre sociale. En avril, elle aura lieu le jeudi 8 à 19h, elle se tiendra à la bibliothèque anarchiste Libertad, 19 rue Burnouf, à Paris.

La prison est un des rouages de ce système basé sur l'exploitation et la domination que nous voulons raser au sol, c'est pourquoi nous envoyons des mandats à celles et ceux accusé·e·s d'actes de révolte dont on est solidaires.

Une caisse de solidarité a besoin de continuité. Nous n'avons ni sponsor, ni mécène, aussi avons-nous convenu d'un rendez-vous par mois pour collecter des sous pour alimenter la caisse. Ces rencontres sont également l'occasion d'échanger sur nos pratiques face à la répression, d'assurer le suivi des différentes histoires et de discuter des situations qui se présentent. Elle est également un moment de discussion autour des possibles moyens d'esquive, de résistance et d'auto-organisation offensive contre la machine judiciaire et carcérale.

Dans un souci de régularité, ces rencarts ont été fixés le 2e jeudi de chaque mois à 19h. Ce mois-ci, exceptionnellement la prochaine réunion de Kaliméro aura lieu le 8 juin la bibliothèque anarchiste Libertad au 19 rue Burnouf, à Paris.

Pour envoyer de l'argent, pour demander des informations, ou pour être tenu·e·s au courant des prochains rendez-vous de la caisse et être inscrit·e·s sur la mailing-list de Kaliméro, écrivez à kalimeroparis(at)riseup.net

Vivre et instituer le communisme ? Deux propositions pour l'émancipation

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Deux propositions pour l'émancipation : conférence organisée par le Réseau Salariat et la Coopération intégrale du Haut-Berry.
Rendez-vous jeudi 15 juin de 19h à 21h à la Bourse du travail de Paris – Salle Jean Jaurès

Vivre et instituer le communisme ?
Deux propositions pour l'émancipation.

Conférence organisée par le Réseau Salariat et la Coopération intégrale du Haut-Berry.
Bourse du travail de Paris – Salle Jean Jaurès
JEUDI 15 JUIN - 19:00 -21:00h

Le travail, tel qu'il existe dans le capitalisme, maltraite et tue. Face à l'enfer de tout ce qui devient marchandise, nous cherchons, en nous et dans le monde, ce qui n'a pas de prix. Cette soirée, au sein d'une institution historique de l'auto-organisation ouvrière, vise à défendre, et surtout partager, ce qui nous est si précieux.

Plutôt que déplorer indéfiniment, nous cherchons de quoi respirer, de quoi vivre, de quoi penser et nous organiser, de quoi produire et lutter, d'une façon qui soit à la hauteur de ce que la société capitaliste nous inflige. Au-delà de la retraite à 62 ou même 60 ans, au-delà de la défense des conquis sociaux, y a-t-il des idées qui nous pousseraient à mieux identifier et dépasser la société capitaliste, patriarcale, écocide ? Pour quelles idées vaudrait-il la peine de fédérer, sans les uniformiser, nos luttes et nos expérimentations, nos collectifs et nos revendications ? Pour quels desseins communs pouvons-nous espérer faire autre chose que répéter nos divisions, nos batailles de chapelles ? Comment, cependant, éviter les projets autoritaires ou totalisants ? Comment rompre avec l'esprit de défaite qui rend si timoré le camp de l'émancipation ?

Depuis quelques années, l'idée du « communisme » devient de moins en moins taboue, débordant la propagande néolibérale qui nous fait croire qu'en-dehors de l'impasse soviétique, aucune société non-capitaliste n'est possible. Des syndicats aux collectifs autogérés de quartier, des ZAD aux réseaux communalistes, que le mot soit lâché ou non, l'idée – multiple et incontrôlable – du communisme agite les débats, les luttes et les cœurs. La conférence que nous vous proposons est une contribution modeste à cette agitation. A toutes et tous, ensuite, de la discuter, de se l'approprier ou de nourrir d'autres imaginaires encore.

Proposition 1 – Salaire à vie
En 2023, le salaire à vie et son monde sont devenus incontournables dans le débat sur les retraites (L'Obs, 7 mars). Face à l'obsession contre-réformiste du pouvoir depuis 1995, il y a urgence à défendre une autre vision, instituante, du travail et du droit à la subsistance. Le réinvestissement du récit révolutionnaire du régime général de sécurité sociale et le couple salaire à vie/démocratie radicale, théorisés par le chercheur Bernard Friot, ont posé les bases d'un projet enrichi d'année en année par des camarades tels que Christine Jakse, Maud Simonet, Frédéric Lordon, Nicolas Da Silva ou encore Thomas Coutrot et Coralie Pérez. Elles sont au cœur des activités de l'association Réseau Salariat, qui se les approprie et les porte auprès de publics variés afin d'animer une conversation continue sur le communisme que nous construisons.

Proposition 2 – Coopération intégrale et Provision Commune
Dans le Berry (Centre), une quarantaine de personnes œuvrent à se garantir mutuellement des biens, des services, des usages, en-dehors (et contre) les logiques du marché et de la concurrence. La provision commune est une forme de vie collective et une puissance matérielle, instituées pour conquérir quotidiennement les moyens et les usages d'un certain type d'espace, de temps et de relation. C'est une prise d'autonomie qui consiste en un dégagement des relations de domination qu'imposent le travail et le marché. Par ce dégagement, on se rend capables d'accroître notre temps libéré, ouvrant à d'autres techniques, d'autres relations, d'autres façons d'être.

Caisse de Solidarité aux copain.es enfermé.es en CRA

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Soirée de soutien le 9 juin à la Trotteuse (Pantin) avec prises de paroles, cantine Vegan et concerts.

Nous sommes un collectif de personnes avec et/ou sans papiers, qui habitons et/ou soutenons différents squats en Seine-Saint-Denis.

Nous nous retrouvons régulièrement confronté.es à des arrestations et mises en CRA (Centre de Rétention Administrative) de personnes de nos lieux de vie et collectifs de squatteur.euses. Faute d'argent pour payer des avocat.es compétent.es, nous sommes régulièrement privé.es de moyens de défenses juridique contre l'enfermement et les expulsions.

Face aux lois anti squat Kasbarian-Bergé et asile et immigration de Darmanin, il nous semble urgent de s'organiser contre ces politiques toujours plus répressives qui criminalisent le droit au logement.

Aujourd'hui nous souhaitons créer une caisse de solidarité à destination de nos camarades qui se retrouvent enfermé.es en CRA et pouvoir se défendre en cas d'arrestation à l'image d'autres organisations de défense juridique.

Un groupe d'avocat.es s'est donc mobilisé pour intervenir aux audiences du juge des libertés et du tribunal administratif, en s'alignant sur un tarif collectivement abordable.

Cette soirée nous permets de lancer officiellement notre cagnotte, de présenter notre projet et nos différentes actions.

TOITS ET LIBERTÉ POUR TOUSTES !

Vendredi 9 juin, 18h - 00h
À la Trotteuse, 61 Rue Charles Nodier , métro Hoche

  • Prises de paroles
  • Cantine Vegan
  • Concerts :
    • Madou Cissokho (Afro Jazz Mandingue)
    • Rhume Carabinée (Cold Wave à Facette)